Faustine journal 694

19 septembre 1936.

Quand nous sommes sorties de chez le médecin et que nous sommes entrées dans la petite chapelle de ce sanatorium, j’entendis ces paroles : « Mon enfant, encore quelques gouttes dans le calice. »

La joie inonda mon âme, voici le premier appel de mon Epoux et Maître. Mon coeur s’attendrit et il y eut un moment où mon âme plongea toute dans l’océan de la miséricorde divine. J’ai ressentit que ma mission commençait en plénitude. La mort ne détruit rien de ce qui est bon. Je prie surtout pour les âmes qui ressentent des souffrances intérieures.

695 A un certain moment, je reçus une lumière au sujet de deux Soeurs. J’ai compris qu’on ne peut pas agir avec tout le monde de la même façon. C’est étrange comme il y a des personnes qui savent entrer en amitié. Et sous prétexte d’aide, en tant qu’amies, elles vous font parler. Et par la suite elles emploieront vos propres paroles pour vous causer du désagrément. Mon Jésus, que la faiblesse humaine est étrange ! Votre amour, Jésus, donne à l’âme cette grande prudence dans ses rapports avec les autres.

696

24 septembre 1936. PROMESSE CONCERNANT LA FETE DE LA DIVINE MISERICORDE

La Mère Supérieure m’a recommandé de ne méditer qu’un seul mystère du rosaire à la place de tous les autres exercices et d’aller tout de suite me coucher. Quand je me suis couchée, je m’endormis tout de suite car j’étais très fatiguée. Cependant, après un instant, la souffrance me réveilla. C’était une si grande souffrance qu’elle ne me permettait pas de faire le moindre mouvement, ni même d’avaler ma salive. Cela dura trois heures environ. Je pensais éveiller la Soeur novice avec laquelle j’habite, mais je réfléchis qu’elle ne m’apporterait aucune aide. Il valait donc mieux qu’elle dorme, c’était dommage de l’éveiller. Je me suis complètement abandonnée à la volonté de Dieu et je pensais que déjà venait pour moi le jour de la mort, ce jour que le désire. J’avais la possibilité de m’unir à Jésus souffrant sur la Croix, à part cela, je ne pouvais prier.

Quand la souffrance s’éloigna, je me suis mise à transpirer, cependant je ne pouvais faire aucun mouvement comme auparavant. Le matin je me sentis très fatiguée, mai je ne souffrais plus physiquement. Cependant je ne pus me lever pour la Messe. Je pensais que, si après de telles souffrances la mort ne venait pas, combien les souffrances mortelles devaient être grandes.

697 Jésus, vous savez que j’aime la souffrance et que je désire boire le calice des souffrances jusqu’à la dernière goutte ; cependant ma nature éprouve un léger frisson et une certaine peur. Mais tout de suite ma confiance dans l’infinie miséricorde divine se réveilla dans toute sa force. Et tout du céder devant elle, comme l’ombre se la nuit devant les rayons du soleil. O Jésus, que votre bonté est grande, cette infinie bonté que je connais bien, qui me permet de regarder hardiment en face la elle-même ! Je sais que rien ne m’arrivera sans la permission de Dieu. Je désire louer Votre infinie miséricorde durant ma vie, à l’heure de ma mort, à la Résurrection et dans l’éternité.

Mon Jésus, ma force, ma paix et mon repos, mon âme baigne chaque jour dans les rayons de Votre miséricorde. Je ne connais pas de moment dans ma vie, dans lequel je n’ai pas éprouvé Votre miséricorde. O Dieu, je ne compte sur rien dans toute ma vie, seulement sur Votre infinie miséricorde, Seigneur. Elle dirige ma vie, mon âme est pleine de la miséricorde de Dieu.

698 O comme Jésus est blessé par l’ingratitude de l’âme choisie ! Son indicible miséricorde en subit le martyre. Dieu nous aime de tout Son Etre infini, et voici qu’une misérable poussière dédaigne Son amour. Mon coeur se fend de douleur quand j’en arrive à penser à cette ingratitude.

699 A un certain moment, j’entendis ces paroles : « Ma fille, parle au monde entier de Mon inconcevable miséricorde. Je désire que la fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge de toutes les âmes, et particulièrement de celles des pauvres pécheurs. Ce jour-là les écluses de Ma miséricorde sont ouvertes. Je déverse tout un océan de grâces sur les âmes, qui s’approcheront de la source de Ma miséricorde. Toute âme qui s’approchera de la confession et de la Sainte Communion recevra le pardon complet de ses fautes et la rémission de sa peine. En ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoule la grâce. Qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de Moi, même si ses péchés sont comme l'écarlate. Ma miséricorde est si grande que, pendant toute l’éternité, aucun esprit, ni humain ni angélique ne saurait approfondir tout ce qui est sorti des profondeurs de Ma miséricorde. Chaque âme en relation avec Moi, méditera Mon amour et Ma miséricorde durant toute l’éternité. La fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles.

Je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques (
Jn 19,26). Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de Ma Miséricorde. »

#699
Une fois j’étais très fatiguée et souffrante. J’ai été le dire à la Mère Supérieure, et je reçus la réponse que je devais me familiariser avec la souffrance. J’ai écouté tout ce que la Mère me disait, et après un instant je suis sortie. Notre Mère Supérieure a tant d’amour du prochain, surtout envers les Soeurs qui sont malades que tous le savent. C’est donc étrange que le Seigneur Jésus ait permis qu’elle ne me comprenne pas et qu’elle m’ait beaucoup éprouvée sous ce rapport.


700 Ce jour-là, quand je me sentis si mal et que je suis allée au travail, à tout moment je me sentais mal et la chaleur était si grande que même sans travailler, on se sentait mal à l’aise. Que dire quand on travaille et que l’on est souffrant. Aussi, avant midi, je me suis arrêtée de travailler, j’ai regardé le ciel avec grande confiance et j’ai dit au Seigneur : « Jésus, couvrez le soleil, car je ne peux supporter plus longtemps cette chaleur ! » Chose étrange, à ce moment un petit nuage blanc couvrit le soleil et dès lors il n’y eut plus de si grande chaleur. Après un moment, je me fis des reproches de ne pouvoir supporter la chaleur et d’avoir demandé un répit, mais Jésus Lui-même me tranquillisa.


701

13 août 1936.

Ce soir, je suis pénétrée de la présence de Dieu. En un instant je reconnais Sa grande sainteté. Oh ! Comme je suis écrasée par la grande sainteté de Dieu ! Alors je reconnais tout l’abîme de ma nullité. C’est une grande souffrance, car la connaissance est suivie de l’amour. L’âme s’élance violemment vers Dieu et les deux amours se trouvent face à face : le Créateur et la créature, une goutte d’eau face à l’océan. Au premier moment, la goutte d’eau voudrait enfermer en soi tout cet océan inconcevable. Mais à ce même moment elle reconnaît qu’elle n’est qu’une goutte d’eau et alors, elle est vaincue et passe entièrement en Dieu comme une goutte d’eau dans l’océan… Ce moment au début est une souffrance, mais tellement douce que l’âme en l’éprouvant est heureuse.


702 Maintenant je fais l’examen détaillé de mon union avec le Christ Miséricordieux. Cet exercice me donne une force singulière. Mon coeur est toujours uni à Celui qu’il désire, et ses actes sont réglés par la miséricorde qui découle de l’amour.


703 Je passe chaque moment libre aux pieds de Dieu caché. Il est mon Maître. Je Lui demande tout. Je Lui parle de tout. En Lui je puise force et lumière. Au pied du tabernacle, j’apprends tout. Ici me viennent des lumières sur la façon d’agir avec le prochain. Depuis que j’ai quitté le noviciat, je me suis enfermée dans le tabernacle avec Jésus, mon Maître. Lui-même m’a attirée dans ce foyer de l’amour vivant autour duquel tout se rassemble.



704

25.IX.

J’éprouve de grandes souffrances aux mains, aux pieds, dans le côté, là où Jésus a été transpercé. J’éprouve ces souffrances surtout quand je rencontre une âme qui n’est pas en état de grâce. Alors je prie ardemment pour que la miséricorde de Dieu s’empare de cette âme.


705

29.IX. Fête de Saint Michel Archange.

Je vis ce chef près de moi qui me dit ces paroles : « Le Seigneur m’a recommandé d’avoir particulièrement soin de toi. Sache que tu es haïe du Mal, mais n’aie pas peur. Qui est comme Dieu ? » et il disparut. Cependant je sens sa présence et son aide.


706

2.X. 1936. Premier vendredi du mois.

Après la Sainte Communion, soudain je vis le Seigneur Jésus qui me dit ces paroles : « Maintenant je sais que tu ne M’aimes ni pour la grâce, ni pour les dons. Mais Ma volonté t’est plus précieuse que la vie. C’est pourquoi Je m’unis à toi plus étroitement qu’avec aucune autre créature. »

707 A ce moment Jésus disparut. Mon âme fut inondée de la présence de Dieu. Je sais que je suis sous le regard de ce puissant Souverain. Je me plongeais toute dans la joie, qui vient de Dieu. Toute la journée, je vécus abîmée en Dieu sans interruption. Le soir je suis entrée pour ainsi dire dans une étrange agonie. Mon amour désire égaler l’amour de ce puissant Souverain. Il est si violemment attiré vers Lui que sans une grâce spéciale de Dieu, il est impossible de supporter cette quantité de grâces. Mais je vois clairement que Jésus Lui-même, me soutient, me fortifie et me rend capable de me maintenir en Sa présence. L’âme est particulièrement active en tout cela.

708 3.X.1936. Aujourd’hui, durant le rosaire, je vis soudain un ciboire avec le Saint Sacrement. Le ciboire était découvert et plein d’hosties. Du ciboire sortit une voix : « Ces hosties ont été consommées par des âmes converties par ta prière et tes souffrances. » Ici je sentis la présence de Dieu à la façon d’un enfant – je me sentais étrangement enfant..

709 Un jour je sentis que je ne serais pas en état de sortir jusqu’à neuf heures. J’ai prié Soeur N. de me donner un peu à manger, car je devais me coucher plus tôt. Soeur N. me répondit : « Ma Soeur vous n’êtes pas malade, seulement on voulait se donner du repos et on a prétexté une maladie. » Ô mon Jésus, la maladie est tellement avancée que le médecin m’a isolée des Soeurs, pour quelle ne se communique pas aux autres. Et malgré cela on est jugé de cette façon ! Mais c’est bien, c’est tout pour Vous, mon Jésus. Je ne veux pas beaucoup écrire sur les événements extérieurs, car ce n’est pas mon intention. Je veux spécialement noter les grâces, que le Seigneur m’accorde, car elles ne sont pas pour moi seulement mais aussi pour beaucoup d’âmes.

710 5.X. 1936. Aujourd’hui j’ai reçu une lettre de l’Abbé Sopocko, par laquelle j’appris qu’il avait l’intention de publier une petite image du Christ Miséricordieux. Et il me demandait de lui envoyer une prière qu’il voudrait imprimer au verso, si l’Archevêque l’y autorise. Quelle grande joie emplit mon coeur, Dieu m’a permis de voir cette oeuvre de Sa Miséricorde ! Qu’elle est grande cette oeuvre de Dieu ! Je suis seulement Son instrument. Et combien je désire ardemment voir instaurer cette solennité de la Miséricorde Divine, que Dieu exige par mon intermédiaire ! Même si la volonté de Dieu est qu’elle ne soit fêtée solennellement qu’après ma mort, dès maintenant je m’en réjouis et intérieurement avec la permission de mon confesseur je la fête déjà.

711 Aujourd’hui j’ai vu le Père Andrasz agenouillé plongé en prière. Et soudain Jésus se trouva à côté de lui et étendant les deux mains au-dessus de sa tête, Il me dit : « Il te mènera à bonne fin, n’aie pas peur. »

712 11 octobre. Ce soir, tandis que j’écrivais sur cette grande Miséricorde Divine et sur sa grande utilité pour les âmes, Satan fit irruption dans ma cellule et avec une grande fureur il a saisi le paravent qu’il a commencé à casser. Au premier instant, je me suis un peu effrayée, mais tout de suite je fis le signe de la croix avec une petite croix et le monstre s’est immédiatement calmé et a disparu. Aujourd’hui je n’ai pas vu cette monstrueuse figure, mais seulement sa colère. La colère de Satan est terrible. Cependant ce paravent n’était pas cassé et je continuai à écrire en toute tranquillité. Je sais bien que sans la permission de Dieu, ce misérable ne me touchera pas, mais que ne fait-il ? Il commence à m’attaquer ouvertement et cela avec une grande colère et une grande haine. Mais il n’ébranle pas ma paix un seul instant et mon équilibre le met en rage.

713 Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : « Va chez la Supérieure et dis-lui que Je désire que toutes les Soeurs et tous les enfants récitent ce chapelet que Je t’ai enseigné. Elles doivent le dire durant neuf jours dans la chapelle, dans le but de fléchir par cette prière Mon Père, et de supplier la Miséricorde Divine pour la Pologne. » J’ai répondu au Seigneur que j’en parlerai. Mais je dois auparavant en parler au Père Andrasz. Et j’ai résolu, dès que le Père arrivera, de lui en parler. Quand le Père arriva, les circonstances firent que je ne pus le voir, cependant j’aurais dû passer outre et aller chez le Père pour arranger cette affaire.

714 J’ai pensé que ce serait pour une autre fois… quand le Père reviendrait. Cela n’a pas plu du tout au Seigneur. En un moment la présence de Dieu m’a quittée, cette présence qui, d’une façon même sensible, est sans cesse en moi. De ce moment, elle m’a complètement quittée. Certaines ténèbres ont dominé dans mon âme, à un tel degré, que je ne sais pas si je suis en état de grâce ou non. Par conséquent je ne suis pas allée communier pendant quatre jours. Après quoi j’ai vu le Père et je lui ai tout dit. Le Père m’a consolée disant, que je n’avais pas perdu la grâce. Mais en même temps il m’a dit de Lui être fidèle. Au moment où j’ai quitté le confessionnal, la présence de Dieu m’a de nouveau enveloppée comme auparavant. J’ai compris qu’il faut accepter la grâce de Dieu, telle qu’Il l’envoie, comme Il le veut et sous la forme qu’Il désire.

715 Ô mon Jésus, Je prends en cet instant une ferme résolution de fidélité à Vos moindres grâces.

716 Toute la nuit, je me préparai à la réception de la Sainte Communion, car je ne pouvais pas dormir à cause des souffrances physiques. Mon âme était pleine d’amour et de repentir.

717 Après la Sainte Communion, j’entendis ces paroles : « Vois ce que tu es par toi-même, mais ne t’en effraie pas ! Si Je te découvrais toute ta misère, tu mourrais de peur. Mais sache que, parce que tu es tellement misérable, J’ai découvert devant toi tout l’océan de Ma miséricorde. Je cherche et désire des âmes comme la tienne, mais il y en a peu. Ta grande confiance envers Moi, me force à t’accorder continuellement des grâces. Tu as de grands droits sur Mon Coeur, car tu as pleine confiance. Tu ne supporterais pas l’immensité de Mon amour si ici, sur la terre, Je te le découvrais dans toute sa plénitude. Souvent Je soulève pour toi un petit coin de voile, mais sache que c’est de Ma part une grâce exceptionnelle. Mon Amour et Ma miséricorde ne connaissent pas de bornes. »

718 Aujourd’hui j’ai entendu ces paroles : « Sache Mon enfant, qu’à cause de toi, J’accorde des grâces à tous ces environs. Mais tu dois me remercier pour eux car Je ne reçois pas de remerciements pour les bienfaits que Je leur accorde. A cause de ta gratitude, Je vais continuer à les bénir. »

719 Ô mon Jésus, Vous savez comme la vie en commun est dure, combien il y a de malentendus et d’incompréhensions, même avec la meilleure volonté de part et d’autre ! Mais c’est Votre mystère, Ô Seigneur, nous le connaîtrons dans l’éternité ! En attendant, nos jugements doivent toujours être bienveillants.

720 C’est une grande grâce de Dieu que d’avoir un directeur spirituel, je sens que maintenant je ne saurais plus progresser dans la vie spirituelle sans son aide. La force d’un prêtre est grande. Je remercie sans cesse Dieu de m’avoir donné un directeur spirituel.

722 Aujourd’hui j’ai entendu ces paroles : « Tu vois comme tu es faible. Quand pourrais-Je compter sur toi ? » J’ai répondu : « Jésus, soyez toujours avec moi, car je suis Votre enfant. Jésus, Vous savez comment sont les enfants ! »

723 Aujourd’hui, j’ai entendu ces paroles : « Les grâces que Je t’accorde ne sont pas seulement pour toi, mais pour un grand nombre d’âmes… et ton coeur est Ma demeure ! Malgré ta misère, Je m’unis à toi. Je prends ta misère et Je te donne Ma miséricorde. J’accomplis l’oeuvre de Ma miséricorde en chaque âme, et plus le pécheur est grand, plus il a droit à Ma miséricorde. Sur chaque oeuvre de Mes mains est gravée Ma miséricorde. Qui a confiance en elle ne périra pas, car ses affaires sont les miennes, et ses ennemis se briseront aux pieds de mon trône. »

724 La veille de la retraite, j’ai commencé à prier pour que Jésus me donne un peu de santé afin que je puisse prendre part à cette retraite. Car je me sens si mal que peut-être elle sera pour moi la dernière. Cependant, quand j’ai commencé à prier, j’ai senti tout de suite une sorte d’étrange mécontentement. J’ai donc interrompu ma prière de supplication et je me suis mise à remercier Dieu pour tout ce qu’il m’envoie, me soumettant tout à fait à Sa Sainte volonté, et tout à coup j’ai senti une paix profonde dans mon âme. La fidèle soumission à la volonté divine toujours et partout, dans tous les cas et circonstances de la vie rend une grande gloire à Dieu. Une telle soumission à la volonté de Dieu, a une plus grande valeur à Ses yeux que de longs jeûnes et que les plus sévères mortifications. Oh ! Que la récompense d’un seul acte de soumission à la volonté de Dieu est grande. En écrivant ceci, mon âme est ravie à la pensée que Dieu l’aime tant et que l’âme jouit déjà de la paix dès ici-bas.

#724
J.M.J. Cracovie 1936

Ô Volonté de Dieu, soit mon amour !



20. X.1936. Retraite de 8 jours.

Ô mon Jésus, je vais aujourd’hui au désert pour m’entretenir avec Vous, mon Maître et Seigneur ! Que la terre fasse silence et Vous Seul, Jésus, parlez-moi ! Vous savez que je ne comprends pas d’autre voix que la Vôtre, bon Pasteur. Il y a un désert dans mon coeur, où aucune créature n’a accès, Vous Seul y êtes Roi !


725 Quand je suis rentrée à la chapelle pour cinq minutes d’adoration, j’ai demandé au Seigneur Jésus comment je devais faire cette retraite. Alors j’ai entendu cette voix dans mon âme : « Je désire que tu te transformes toute entière en amour et que tu brûles d’ardeur comme une pure victime d’amour… »




726 Vérité éternelle, donnez-moi un rayon de Votre lumière pour que je Vous connaisse, Seigneur, et pour que je loue dignement Votre infinie miséricorde ! Et en même temps, accordez-moi de connaître moi-même tout le gouffre de misère que je suis.




727 J’ai choisi comme patrons de cette retraite, Saint Claude de la Colombière et Sainte Gertrude. Qu’ils intercèdent sans cesse pour moi auprès de la Mère de Dieu, et du Sauveur miséricordieux !




728 Pendant la méditation sur la créature, mon âme s’est unie avec son Créateur et Seigneur. Alors j’ai découvert mon but et ma destinée. Mon but c’est de m’unir intimement à Dieu par l’amour. Et ma destinée est d’adorer et de glorifier la miséricorde divine. Le Seigneur me l’a fait connaître clairement et m’a permis de le vivre d’une façon même physiquement sensible. Je n’en reviens pas, quand je reconnais et que j’éprouve cet inconcevable amour de Dieu, avec lequel Dieu m’aime. Qui est Dieu et qui suis-je moi ? Je ne peux méditer plus longtemps. L’amour seul comprend cette rencontre et cette union de deux esprits : c’est Dieu-Esprit, et l’âme-créature. Plus je Le connais, plus je me plonge en Lui de toute la force de mon être.




729 « Tout au long de cette retraite, Je vais te tenir près de Mon coeur pour que tu connaisses mieux la miséricorde que J’éprouve envers les hommes, et surtout envers les pauvres pécheurs. »




730 Le premier jour de la retraite, une des Soeurs qui est venue ici pour des voeux perpétuels vint chez moi et confessa qu’elle n’avait aucune confiance en Dieu et qu’un rien la décourageait. Je lui ai répondu : « C’est bien de m’avoir dit cela, je vais prier pour vous. » Et je lui ai dit combien le Seigneur souffre du manque de confiance, surtout de la part d’une âme choisie. Elle m’a dit qu’à partir de ses voeux perpétuels, elle allait s’exercer à la confiance. Je sais maintenant que même les âmes élues et avancées dans la vie religieuse ou sacerdotales, n’ont pas le courage de s’abandonner complètement à Dieu. Et c’est parce que peu d’âmes connaissent la grande, l’inépuisable miséricorde de ce Dieu.




731 La grande majesté de Dieu qui aujourd’hui me pénétrait et me pénètre encore, a éveillé en moi une grande peur. Mais une peur pleine de respect, et non pas une peur d’esclave, très différente de la peur de respect. La peur de respect, naissait aujourd’hui dans mon coeur de l’amour et de la connaissance de la grandeur de Dieu. Et c’est une grande joie pour l’âme. L’âme tremble devant la moindre offense faite à Dieu, mais cela ne la trouble pas et n’assombrit pas son bonheur. Car où l’amour préside, là, tout est bien.




732 Il m’arrive parfois en écoutant la méditation qu’un mot m’introduise dans une union plus étroite avec Dieu et alors je ne sais plus ce que dit le Père. Je sais que je suis auprès du Coeur miséricordieux de Jésus, mon esprit plonge tout entier en Lui. Et j’apprends plus en un moment que par de longues heures de recherches savantes et de méditations. Ce sont des lueurs soudaines, qui permettent de connaître les choses comme Dieu les voit, tant dans le domaine intérieur, que dans le domaine extérieur.




733 Je vois que Jésus seul agit dans mon âme pendant cette retraite. Et moi je m’efforce seulement d’être fidèle à Sa grâce. J’ai soumis mon âme entière à l’influence divine, ce puissant Souverain céleste en a pris complètement possession. Je sens que je suis élevée au-dessus de la terre et du ciel dans la vie intime de




734 Je m’enfermerai dans le calice du Christ pour le consoler continuellement. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver les âmes. Je le ferai par la prière et la souffrance. Je tâche toujours d’être pour Jésus une Béthanie pour qu’il puisse s’y reposer après toutes Ses fatigues. Au moment de la Sainte Communion, mon union avec Jésus est tellement étroite et inconcevable, que je ne puis la décrire, les paroles me manquent.




735 Le soir, j’ai vu le Seigneur Jésus comme pendant Sa Passion. Il avait les yeux levés vers Son Père et priait pour nous.




736 Quoique je sois malade, j’ai décidé aujourd’hui de faire les méditations de l’Heure Sainte comme toujours. Durant cette heure j’ai vu le Seigneur flagellé, près du poteau. Pendant ce terrible supplice Jésus priait. Puis Il me dit : « Il y a peu d’âmes qui méditent avec une véritable compassion. J’accorde de grandes grâces aux âmes, qui méditent pieusement Ma Passion. »




737 « Tu n’es même pas capable d’accepter Mes grâces sans Mon aide particulière. Tu sais ce que tu es. » Aujourd’hui, après la Sainte Communion, j’ai beaucoup parlé au Seigneur Jésus des personnes qui me tiennent à coeur. Tout à coup, j’entendis ces paroles : « Ma fille, ne te mets pas en peine ! J’aime aussi particulièrement ceux que tu aimes particulièrement. Et par égard pour toi, Je déverse aussi ma grâce sur eux. Il M’est agréable que tu M’en parles, mais ne le fais pas avec tant d’efforts ! »

739 Ô Sauveur du monde, je m’unis à Votre miséricorde ! Mon Jésus, je joins toutes mes souffrances aux Vôtres et je les dépose dans le trésor de l’Eglise pour le profit des âmes !

740 Aujourd’hui, j’ai été introduite par un Ange dans les gouffres de l’Enfer. C’est un lieu de grands supplices. Et son étendue est terriblement grande. Genres de souffrances que j’ai vues :

- La première souffrance qui fait l’enfer est la perte de Dieu.
- La seconde : les perpétuels remords de conscience.
- La troisième : le sort des damnés ne changera jamais.
- La quatrième : c’est le feu qui va pénétrer l’âme sans la détruire. C’est une terrible souffrance, car c’est un feu purement spirituel, allumé par la colère de Dieu.
- La cinquième souffrance, ce sont les ténèbres continuelles, une odeur terrible, étouffante. Et malgré les ténèbres, les démons et les âmes damnées se voient mutuellement et voient tout le mal des autres et le leur.
- La sixième souffrance, c’est la continuelle compagnie de Satan.
- La septième souffrance : un désespoir terrible, la haine de Dieu, les malédictions, les blasphèmes.

Ce sont des souffrances que tous les damnés souffrent ensemble, mais ce n’est pas la fin des souffrances. Il y a des souffrances, qui sont destinées aux âmes en particulier : ce sont les souffrances des sens. Chaque âme est tourmentée d’une façon terrible selon ses péchés. Il y a de terribles caveaux, des gouffres de tortures où chaque supplice diffère de l’autre. Je serais morte à la vue de ces terribles souffrances, si la Toute-Puissance de Dieu ne m’avait soutenue !

Que chaque pécheur sache qu’il sera torturé durant toute l’éternité par les sens qu’il a employés pour pécher !

J’écris cela sur ordre de Dieu pour qu’aucune âme ne puisse s’excuser disant qu’il n’y a pas d’enfer, ou, que personne n’y a été et ne sait comment c’est. Moi, Soeur Faustine, par ordre de Dieu, j’ai pénétré dans les abîmes de l’enfer, pour en parler aux âmes et témoigner que l’enfer existe. Je ne peux pas en parler maintenant. J’ai l’ordre de Dieu de le laisser par écrit. Les démons ressentaient une grande haine envers moi. Mais l’ordre de Dieu les obligeait à m’être obéissants. Ce que j’ai écrit est un faible reflet des choses que j’ai vues. Une chose que j’ai remarquée c’est qu’il y avait là beaucoup d’âmes qui doutaient que l’enfer existât. Quand je suis revenue à moi, je ne pouvais pas apaiser ma terreur de ce que les âmes y souffrent si terriblement. Aussi je prie encore plus ardemment pour le salut des pécheurs. Sans cesse j’appelle la miséricorde divine sur eux. Ô mon Jésus, je préfère agoniser jusqu'à la fin du monde dans les plus grands supplices que de Vous offenser par le moindre péché !

742 J.M.J. « Ma fille, si par toi, J’exige des gens le culte de Ma miséricorde, toi la première, tu dois te distinguer par cette confiance en Ma miséricorde. J’exige de toi des actes de miséricorde qui doivent découler de ton amour pour Moi. Tu dois témoigner de la miséricorde à ton prochain, toujours et partout. Tu ne peux pas te dérober, ni te récuser, ni te justifier. Je te donne trois moyens de témoigner de la miséricorde à ton prochain :

- Le premier c’est l’action.
- Le second, c'est la Parole.
- Le troisième, c'est la prière.

Ces trois degrés renferment la plénitude de la miséricorde. Voilà la preuve irréfutable de l’amour envers Moi. De cette manière, l’âme glorifie et honore Ma miséricorde. Oui, le premier dimanche après Pâques, est la fête de la Miséricorde
Jn 19,26, mais il doit y avoir aussi l’action. Et j’exige le culte de Ma miséricorde en célébrant solennellement cette fête, et en honorant l’image que J’ai fait peindre. Par cette image, Je donnerai beaucoup de grâces aux âmes, et on doit leur rappeler les exigences de Ma miséricorde. Car la foi la plus solide ne sera rien sans l’action. » Ô mon Jésus, Vous seul pouvez m’aider en tout, car Vous voyez combien je suis petite ! Je compte uniquement sur Votre bonté, mon Dieu !

Examen particulier : L’union avec le Christ miséricordieux. J’embrasse dans mon coeur le monde entier et surtout les pays sauvages et les pays où sévissent les persécutions. Pour eux je demande la miséricorde.


Deux résolutions générales.

743 Premièrement : m’efforcer de garder le silence intérieur et observer strictement la règle du silence. Deuxièmement : la fidélité intérieure aux inspirations. Les mettre en pratique dans la vie et passer à l’action selon l’avis du directeur spirituel. Pendant cette maladie, je désire adorer la volonté Divine autant que cela me sera possible, tâcher de prendre part à tous les exercices communs. Pour chaque ennui, chaque souffrance je remercierai vivement le Seigneur Dieu.

#743
Souvent je sens que, en dehors de Jésus, je n’ai aucune aide de nulle part, quoique, plus d’une fois, j’ai eu grand besoin d’éclaircissements sur les désirs du Seigneur. Ce soir, soudainement j’ai reçu la lumière divine quant à une certaine affaire. Durant douze ans j’y avais réfléchi et je ne pouvais rien comprendre. Aujourd’hui Jésus M’a fait savoir que cela Lui a beaucoup plu.

25.X.1936. La fête du Christ-Roi.

744 Pendant la Sainte Messe, j’ai été animée d’une telle ferveur d’amour de Dieu et du désir du salut des âmes, que je ne saurais l’expliquer. Je sens, que je suis toute entière un feu. Je vais lutter contre le mal avec les armes de la miséricorde. Je suis consumée du désir de sauver les âmes. Parcourant le monde entier en long et en large, je vais jusqu’aux lieux les plus sauvages pour sauver les âmes. Je le fais par la prière et le sacrifice. Je désire que chaque âme glorifie la miséricorde divine, car chacun en éprouve les bienfaits. Les saints au ciel adorent cette miséricorde du Seigneur. Je veux l’adorer déjà ici sur terre et répandre Sa gloire, comme Dieu l’exige de moi.

745 J’ai compris qu’à certains moments, je serai seule, délaissée de tous et que je dois traverser tous les orages et lutter de toute mon âme même contre ceux dont je m’attendais à recevoir de l’aide. Mais je ne suis pas seule, car Jésus est avec moi. Avec Lui je n’ai peur de rien. Je me rends bien compte de tout et je sais ce que Dieu exige de moi. La souffrance, le dédain, la risée, la persécution, l’humiliation seront continuellement ma part, je ne connais pas d’autre chemin. L’amour sincère recevra l’ingratitude en retour. Tel est le chemin que l’on doit fouler sur les traces de Jésus. Mon Jésus, ma force et mon unique espoir, en Vous seul est tout mon espoir, et ma confiance ne sera pas déçue !

Le jour du renouvellement des voeux.

746 La présence de Dieu pénétra mon âme d’une façon spirituelle et même physique.

2 novembre 1936.

747 Le soir après les vêpres je suis allée au cimetière. Après une brève prière, soudain je vis une de nos Soeurs qui me dit : « Nous sommes à la chapelle. » J’ai compris que je devais aller à la chapelle pour y prier, et gagner des indulgences. Le lendemain, après la Sainte Messe, je vis comme trois colombes blanches, qui s’élevèrent de l’autel vers le ciel. Je compris que, non seulement ces trois âmes que j’avais vues étaient montées au ciel, mais encore beaucoup d’autres ayant expiré en dehors de notre maison. Oh ! Comme le Seigneur est bon et adorable !




748 Conversation avec le Père Andrasz à la fin de la retraite. J’ai été fort étonnée d’une chose que j’ai remarquée pendant chaque conversation, durant laquelle je cherchais conseils et indices auprès du père. Et c’est ceci : j’ai remarqué qu’à toutes les questions que je lui présentais, (que le Seigneur exige que je lui soumette), le Père Andrasz me répondait avec une telle clarté et une telle décision qu’il semblait avoir passé tout cela. Ô mon Jésus, s’il y avait plus de directeurs spirituels de cette qualité, les âmes sous une telle direction atteindraient rapidement les sommets de la sainteté et ne gâcheraient pas de si grandes grâces ! Je remercie Dieu à chaque instant pour cette si grande grâce : qu’Il ait daigné dans Sa grande bonté, mettre sur le chemin de ma vie spirituelle ces colonnes lumineuses, qui éclairent mon chemin, pour que je n’erre pas sur de fausses routes, ni ne me retarde dans la poursuite d’une étroite union avec le Seigneur. J’ai un grand amour pour l’Eglise qui fait notre éducation et mène les âmes vers Dieu.




749 31.X.1936. Conversation avec la Mère Générale. Quand je parlais avec la Mère Générale à propos de ma sortie, j’ai reçu cette réponse : « Si le Seigneur Jésus exige que vous quittiez cette Congrégation, qu’Il me donne un signe de Sa Volonté ! Priez pour cela, ma Soeur, car j’ai peur que vous ne tombiez dans quelque illusion, quoique d’autre part, je ne veuille pas m’opposer à la Volonté de Dieu ! Car moi aussi je veux faire la Volonté de Dieu. » Nous avons donc décidé que je reste comme je suis, jusqu’au moment où le Seigneur fera connaître à la Mère Générale qu’Il exige que je quitte la Congrégation. Donc l’affaire a été encore remise à plus tard.

750 Vous voyez Jésus, c’est de Vous que tout dépend ! Je suis tout à fait tranquille, malgré de grandes pressions. Moi, pour ma part, j’ai tout fait. Maintenant c’est Votre tour, mon Jésus, et de cette façon il sera évident que cette cause est Vôtre. Je suis tout à fait d’accord avec Votre volonté. Faites de moi ce que Vous voulez, Seigneur ! Accordez-moi seulement la grâce de Vous aimer de plus en plus ardemment ! Je ne veux rien d’autre que Vous, Amour Eternel. Peu importe que les chemins par lesquels Vous me mènerez, soient douloureux ou joyeux ! Je désire vous aimer à chaque moment de ma vie. Jésus, si Vous m’ordonnez, d’aller accomplir Votre volonté : j’irai ! Si vous m’ordonnez de rester, je resterai. Peu importe, ce que je souffrirai dans l’un ou l’autre cas. Ô mon Jésus, je sais ce que j’aurai à endurer et à supporter. En toute connaissance de cause, j’y consens et par un acte de volonté, d’avance, j’ai tout accepté. Qu’importe ce qui est contenu dans ce calice pour moi ! Il me suffit qu’il me soit servi par la main aimante de Dieu. Et si vous m’ordonnez de rester, je reste malgré toutes les pressions intérieures. De même, si Vous les entretenez encore, toujours, dans mon âme et me laissez dans cette agonie intérieure, même jusqu’à la fin de ma vie, je l’accepte en toute connaissance de cause, et avec une soumission pleine d’amour, ô mon Dieu ! Si je reste, je me cacherai dans Votre miséricorde, mon Dieu, si profondément qu’aucun oeil ne me verra. Je désire être dans ma vie comme un encensoir où de la braise cachée s’élève la fumée vers Vous, Vivante Hostie ! Qu’elle Vous soit d’agréable odeur ! Je sens dans mon propre coeur que chaque sacrifice provoque une flambée de mon amour pour Vous, quoique d’une façon si tranquille et si cachée, que personne ne le remarquera.

751 Quand j’ai dit à la Mère Générale que le Seigneur exigeait que la Congrégation dise le chapelet pour fléchir la colère Divine, elle me répondit qu’elle ne pouvait introduire de nouvelles prières non approuvées. Mais je lui donne ce chapelet, peut-être qu’à l’occasion d’une adoration on pourrait le dire, « nous verrons ». Ce serait bien si l’abbé docteur Sopocko pouvait éditer une brochure avec ce chapelet. Alors ce serait mieux et plus facile de le réciter en communauté, car comme cela c’est un peu difficile.

752 La miséricorde du Seigneur est glorifiée au ciel, par les âmes, qui ont éprouvées en elles-mêmes l’infinie miséricorde. Ces âmes font au ciel, je le commencerai déjà sur terre. Je vais glorifier Dieu pour son infinie bonté et je vais tâcher de faire connaître à d’autres âmes cette inexprimable et inconcevable miséricorde Divine, et de la leur faire adorer.

753 La Promesse du Seigneur : « Ma Miséricorde enveloppera les âmes, qui réciteront ce chapelet pendant leur vie et surtout à l’heure de la mort. »

754 Ô Jésus, apprenez-moi à découvrir les profondeurs de la miséricorde et de l’amour à chacun de ceux qui me le demandent. Jésus, mon Chef que toutes mes prières et toutes mes actions portent le sceau de Votre miséricorde !




755 18.XI. 1936. Ce soir, je tâchais de faire tous mes exercices jusqu’à la bénédiction, car je me sentais plus malade qu’à l’ordinaire. Tout de suite après la bénédiction je suis allée me coucher. Mais suis entrée dans ma chambre, soudain, j’ai senti intérieurement qu’il fallait que j’aille dans la cellule de Soeur N. car elle avait besoin d’aide. Je suis tout de suite entrée dans sa cellule, et Soeur N. me dit : « Oh ! Comme c’est bien, ma Soeur, que Dieu vous ait amenée ! » Et elle parlait d’une voix si basse que j’ai pu à peine l’entendre. Elle me dit : « Ma Soeur, veuillez, s’il vous plait, m’apporter un peu de thé avec du citron, car j’ai tellement soif et je ne peux bouger, car je souffre beaucoup ! » Et vraiment elle souffrait beaucoup et elle avait beaucoup de fièvre. Je l’ai placée plus commodément et avec un peu de thé elle a apaisé sa soif. Quand je suis entrée dans ma cellule, mon âme a été pénétrée d’un grand amour de Dieu et j’ai compris qu’il faut faire très attention aux inspirations intérieures et les suivre fidèlement. Et la fidélité à une grâce en amène d’autres.




756 19.XI.1936. Aujourd’hui, durant la Sainte Messe, je vis le Seigneur Jésus, qui me dit : « Sois tranquille, Ma fille, Je vois tes efforts ! Ils Me sont très agréables. » Et le Seigneur disparut. C’était le moment d’aller communier. Après avoir reçu la Sainte communion, tout à coup je vis le Cénacle dans lequel se tenaient le Seigneur Jésus et les Apôtres. J’ai vu l’institution de l’Eucharistie. Jésus me permit de pénétrer et de comprendre de l’intérieur Sa grande Majesté et en même temps Sa grande humiliation. Cette étrange lumière qui me permit de connaître Sa Majesté m’a découvert en même temps ce qui est dans mon âme.




757 Jésus me fit connaître la profondeur de Sa douceur et de Son humilité. Il me fit comprendre qu’Il exigeait expressément de moi ces deux qualités. Je sentis Son regard dans mon âme ce qui me remplit d’un indicible amour. Mais je compris que le Seigneur voyait avec amour mes vertus et mes efforts héroïques. Et je reconnus que c’est ce qui attire Dieu dans mon coeur. C’est là que j’ai compris qu’il ne me suffit pas de pratiquer les verts ordinaires, mais que je dois m’exercer aux vertus héroïques. A l’extérieur, cela restera une chose tout à fait ordinaire, mais seul, l’oeil de Dieu verra que la manière est différente. Ô mon Dieu ce que j’ai écrit n’est qu’un pâle reflet de ce que je comprends dans mon âme ! Il s’agit de choses purement spirituelles. Mais pour décrire ce que Dieu me permet de connaître, je dois employer des mots dont je suis tout à fait mécontente car ils ne rendent pas la réalité.




758 La première fois j’expérimentai cette souffrance ainsi : après les voeux annuels un certain jour, pendant la prière, je vis une grande lumière. De cette lumière, sortirent des rayons qui m’enveloppèrent de toutes parts. Et soudain, je sentis une terrible douleur dans les mains, les pieds et je sentis les épines de la couronne d’épines. Je sentais ces douleurs, pendant la Sainte Messe le vendredi, mais durant un très court moment. Cela revint pendant plusieurs vendredis. Et ensuite je n’éprouvais plus aucune souffrance jusqu’au moment présent, c'est-à-dire la fin du mois de septembre de cette année. Pendant cette maladie, durant la Sainte Messe, le vendredi, j’ai senti que les mêmes souffrances me transperçaient. Et ceci se répète chaque vendredi, et parfois aussi au contact d’une âme qui n’est pas en état de grâce, quoique cela soit rare. Cette souffrance dure très peu de temps, cependant elle est terrible et sans une grâce spéciale de Dieu, je ne la supporterais pas. Et à l’extérieur, je n’ai aucun signe de ces souffrances. Ce qui viendra encore, je ne le sais. Mais tout cela est pour les âmes…




759 21.XI.1936. Jésus, Vous savez que je ne suis ni gravement malade, ni bien portante. Vous remplissez mon âme d’enthousiasme pour l’action et je n’ai pas de force. Le feu de Votre amour me dévore. Mais je compenserai par l’amour ce que je ne pourrai réaliser à cause de mon manque de forces physiques.




760 Jésus mon esprit est plein de nostalgie et je désire beaucoup m’unir à Vous. Mais Vos oeuvres me retiennent. Et aussi le nombre des âmes que je dois Vous amener n’est pas encore atteint. Je désire les fatigues, les souffrances, tout ce que Vous avez proposé avant les siècles. Ô Mon créateur et Seigneur ! Je ne comprends que Votre parole ! Elle seule me donne la force. Votre Esprit, ô Seigneur, est l’esprit de paix et rien n’en trouble la profondeur en moi car Vous y habitez, Seigneur !



Je sais que je vis sous Votre regard attentif, ô Seigneur ! Je n’analyse pas avec crainte Vos plans à mon égard. Ma tâche est d’accepter tout de Votre main. Je n’ai peur de rien, quoique la tempête fasse rage et que la foudre frappe avec violence autour de moi et que je me sente alors si seule ! Cependant mon coeur Vous sent, et ma confiance grandit et je vois que Votre toute puissance me soutient. Avec Vous, Jésus, je vais par la vie, parmi les arcs-en-ciel et les orages, criant de joie et chantant le chant de Votre miséricorde. Je n’interromprai mon chant d’amour que lorsque le coeur des anges le continuera. Aucune force ne peut me retenir dans mon élan vers Dieu. Je vois que même mes Supérieures ne comprennent pas toujours le chemin par lequel Dieu me mène et je n’en suis pas surprise.




761 À un certain moment je vis l’abbé Sopocko qui priait tout en méditant ces choses. Je vis comme tout à coup un cercle lumineux se dessina autour de sa tête. Quoique l’espace nous sépare, je le vois souvent, surtout quand il travaille à son bureau, malgré sa fatigue.




762 22.XI.1936. Aujourd’hui pendant la sainte confession, le Seigneur Jésus me parla par la bouche d’un certain prêtre. Ce prêtre ne connaissait pas mon âme et moi je m’accusais seulement de mes péchés. Cependant il me dit ces paroles : « Accomplissez fidèlement tout ce que Jésus réclame de vous, malgré les difficultés ! Sachez, que même si les gens se fâcheraient contre vous, Jésus ne se fâchera pas et qu’il ne se fâchera jamais ! Ne faites pas attention à l’estime des gens ! » Cette leçon m’étonna d’abord. Mais j’ai compris que Jésus parlait par sa bouche sans qu’il ne s’en rende compte. Ô saint mystère, quels grands trésors tu contiens ! Ô sainte foi, tu m’indiques la route !




763 24.II.1936. Aujourd’hui j’ai reçu une lettre de l’abbé Sopocko. Cette lettre m’a révélé que Dieu seul conduit toute cette affaire. Et de même que le Seigneur l’a commencée, de même Il la mènera à bonne fin. Et plus les difficultés que je vois sont grandes, plus je suis tranquille. Oh ! S’il ne s’agissait pas d’une grande gloire pour Dieu, et de son utilité pour le bien des âmes, dans toute cette affaire. Satan ne s’y opposerait pas tant. Il sent qu’il y perdra. Maintenant je reconnais que Satan ne hait rien autant que la miséricorde. C’est elle qui lui cause la plus grande souffrance. Cependant, la parole de Dieu ne passera pas, elle est vivante. Les difficultés ne tueront pas les oeuvres divines, mais démontreront qu’elles viennent de Dieu…




764 À un certain moment je vis le couvent de cette nouvelle congrégation. Je m’y promenais et visitait tout, quand soudain je vis un groupe d’enfants, qui avaient de cinq à onze ans. Quand ils me virent, ils m’entourèrent et se mirent à crier très fort : « Défendez-nous du mal ! » et ils m’introduisirent dans la chapelle qui se trouvait dans ce couvent. Quand je suis entrée dans cette chapelle, j’y vis Jésus supplicié. Jésus me regarda gracieusement et me dit que les enfants L’offensaient profondément : « Toi, défends-les du mal ! » Depuis ce moment, je prie pour ces enfants, mais je sens que la prière ne suffit pas.




765 Ô mon Jésus, Vous savez quels efforts il faut faire pour vivre des relations simples et sincères avec les personnes qui nous sont antipathiques, ou avec celles qui, consciemment ou non, nous ont infligé des souffrances. Humainement parlant c’est impossible. A ces moments-là, je tâche plus encore qu’à d’autres de découvrir le Seigneur Jésus dans la personne en question. Et pour ce même Jésus, je fais tout pour ces personnes-là. De telles actions, sont inspirées par l’amour pur, et de tels exercices sur la pratique de l’amour trempent et fortifient l’âme. Je ne m’attends à rien de la part des créatures, donc je n’ai aucune désillusion. Je sais que la créature est pauvre en elle-même. Qu’attendrais-je donc de sa part ? Dieu est tout pour moi et je veux tout juger selon Dieu.




766 Mon commerce avec le Seigneur est maintenant purement spirituel. Mon âme est touchée par Dieu et se plonge entièrement en Lui jusqu’à l’oubli d’elle-même, tant elle est pénétrée à fond par Dieu, noyée par Sa beauté, perdue toute entière en Lui. Je ne sais le décrire, car en écrivant j’emploie les sens. Et dans cette union les sens n’agissent pas. Il y a fusion entre Dieu et l’âme, qui est admise à une vie en Dieu tellement grande, que cela ne peut s’exprimer par la parole. Quand ‘âme reprend sa vie habituelle, elle voit que cette vie est un crépuscule, un brouillard, un désordre, l’emmaillotement d’un petit enfant. Dans de tels moments, l’âme reçoit uniquement de Dieu, car d’elle-même elle ne fait rien. Elle ne fait pas le moindre effort, Dieu fait tout en elle.



Cependant, quand l’âme revient à son état ordinaire, elle voit qu’elle n’aurait pas la force de supporter plus longtemps cette union. Ces moments sont courts, les autres durables. L’âme ne peut pas rester longtemps dans cet état, car forcément, elle se délivrerait des liens du corps pour toujours, bien qu’elle soit soutenue par Dieu à l’aide d’un miracle. Dieu fait clairement connaître à l’âme, qu’Il aime, comme si elle seule était l’objet de Sa prédilection. L’âme le perçoit de façon nette et évidente. Elle s’élance de toute sa force vers Dieu, mais elle se sent enfant. Elle sait que ce n’est pas dans ses possibilités. Dieu s’abaisse alors vers elle, et s’unit à elle d’une manière… ici je dois me taire, car ce que l’âme éprouve, je ne sais le décrire.




767 C’est une chose étrange, que l’âme puisse éprouver cette union avec Dieu et ne sache pas en donner une définition. Cependant quand elle rencontre une autre âme ayant vécu les mêmes expériences, elles se comprennent mutuellement dans ces choses, sans beaucoup se parler. L’âme unie de cette manière à Dieu, reconnaît facilement une âme vivant cette même union, quoique celle-ci ne lui découvre pas tout son cheminement intérieur, mais cause tout simplement avec elle. C’est comme une parenté spirituelle. Les âmes unies de telle façon à Dieu ne sont pas nombreuses. Il y en a beaucoup moins qu’on ne pense.




768 J’ai remarqué que Dieu accorde cette grâce aux âmes lorsqu’elles ont quelque grande oeuvre à accomplir, dans deux buts. Le premier c’est pour aider l’âme à remplir cette oeuvre qui normalement dépasse absolument ses forces. Dans le second cas, j’ai remarqué que Dieu l’accorde pour conduire et tranquilliser ces âmes. Quoique le Seigneur puisse accorder cette grâce, comme Il Lui plait et à qui Il Lui plaît. Cependant j’ai remarqué cette grâce chez trois prêtres. L’un d’eux est un prêtre séculier, les deux autres des prêtres réguliers et deux religieuses, mais pas au même degré.


769 Quant à moi, j’ai reçu cette grâce pour la première fois et pendant un moment très court à l’âge de dix-huit ans durant l’octave de la Fête-Dieu, pendant les vêpres, quand je fis au Seigneur Jésus le voeu de chasteté perpétuelle. Je vivais encore dans le monde mais je devais bientôt entrer au couvent. Cette grâce dura un moment très court, mais la force de cette grâce est grande.



Après cela il y eut un long intervalle. Je recevais, il est vrai, durant cet intervalle beaucoup de grâces, mais elles étaient d’un autre ordre. C’était une période d’épreuves et de purification. Ces épreuves étaient si douloureuses que mon âme ressentit un complet délaissement de la part de Dieu et fut plongée dans de grandes ténèbres. Je remarquai et je compris que personne ne saurait me conduire hors de cette tourmente, ni me comprendre. Il y eut deux moments, où mon âme fut plongée dans le désespoir, une fois durant une demi-heure, l’autre trois quarts d’heure. Quant aux grâces reçues, je ne puis en décrire exactement la grandeur. En ce qui concerne les épreuves divines, je ne sais quelles paroles employer car tout n’en serait qu’un pâle reflet. Cependant, de même que le Seigneur m’a plongée dans les tourments, ainsi m’en a-t-Il fait sortir. Seulement cela a duré plusieurs années.



Et à nouveau j’ai reçu cette exceptionnelle grâce d’union qui dure jusqu’à présent. Dans cette seconde union, il y eut quelques courtes interruptions. Mais maintenant, depuis un certain temps, je n’éprouve plus aucune interruption, mais je me plonge de plus en pus profondément en Dieu. La grande lumière, dont est illuminée l’intelligence, permet de connaître la grandeur de Dieu. Non que je reconnaisse un par un Ses attributs comme autrefois, non ici c’est différent. En un moment je reconnais l’essence même de Dieu.




770 L’âme, à ce moment, est toute entière noyée en Lui et éprouve un bonheur aussi grand que celui des élus dans les cieux. Quoique ceux-ci regardent Dieu face à face et soient complètement heureux, cependant leur connaissance de Dieu n’est pas égale, Dieu me l’a fait savoir. Une plus profonde connaissance commence ici sur terre dans la mesure de la grâce, mais celle-ci dépend en grande partie de notre fidélité à cette grâce. Cependant l’âme qui éprouve cette grâce inouïe de l’union, ne peut pas dire qu’elle voit Dieu face à face, car il reste ici le voile ténu de la foi, mais tellement ténu que l’âme peut dire qu’elle voit Dieu et qu’elle s’entretient avec Lui. Elle est « déifiée ». Dieu laisse voir à l’âme à quel point Il l’aime. Et l’âme constate que des âmes meilleures et plus saintes qu’elles n’ont pas bénéficié de cette grâce. Et à cause de cela un saint étonnement s’empare d’elle et l’entretient dans une profonde humilité, la plongeant dans sa nullité et dans une sainte stupéfaction. Et plus elle s’abaisse et plus étroitement Dieu S’unit à elle, et S’abaisse vers elle. L’âme à ce moment-là est, pour ainsi dire, cachée, ses sens n’agissent pas. A un moment donné, elle reconnaît Dieu et est noyée en Lui. Elle reconnût toute la profondeur de l’Inconcevable. Et plus cette connaissance est profonde plus l’âme Le désire ardemment.




771 La réciprocité de l’âme avec Dieu est grande. Quand l’âme sort de sa cacherie, ses sens goûtent les délices qu’elle éprouvait. Cependant, ceci aussi est une grande grâce de Dieu, mais elle n’est pas purement spirituelle. Les sens n’y ont pas une part de premier rang. Chaque grâce, donne à l’âme, force et vigueur pour l’action, et courage pour endurer la souffrance. L’âme sait bien ce que Dieu veut d’elle et elle remplit Sa sainte volonté, malgré les contrariétés.




772 Cependant, l’âme ne peut pas agir seule en ces choses, elle doit chercher le conseil d’un confesseur éclairé, car autrement elle peut errer ou bien n’en retirer aucun profit.




773 Je comprends bien, ô mon Jésus, que comme la maladie se mesure à l’aide d’un thermomètre et qu’une forte fièvre nous indique la gravité de la maladie, ainsi dans la vie spirituelle, la souffrance est le thermomètre qui mesure l’amour Divin dans l’âme.




774 Dieu est mon but… et mon bonheur est d’accomplir la volonté Divine et rien au monde ne peut troubler ce bonheur, aucune puissance, aucune force.




775 Aujourd’hui le Seigneur vint chez moi, dans ma cellule et me dit : «Ma fille, Je ne te laisserai plus longtemps dans cette congrégation. Je te le dis pour que tu profites avec plus de diligence des grâces que je t’accorde. »




776 27.XI.1936. Aujourd’hui j’étais en esprit au Ciel, et j’ai vu des beautés inimaginables et le bonheur qui nous attendent après la mort. J’ai vu comme toutes les créatures rendent perpétuellement honneur et gloire à Dieu. J’ai contemplé l’immensité du bonheur en Dieu qui s’écoule sur toutes les créatures, les rend heureuses, et revient à sa source. Et toute gloire et honneur provenant du bonheur reçu, sont rendus à Dieu et entrent dans les profondeurs divines. J’ai vu toutes les créatures contempler la vie intérieure de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, que jamais elles ne comprendront ni n’approfondiront. Cette source de bonheur est invariable dans son essence, et cependant toujours nouvelle, jaillissant pour le bonheur de toute créature. Je comprends maintenant Saint Paul qui a dit : « Ce que l’oeil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme, tout ce que Dieu à préparé pour ceux qui L’aiment. »




777 Et Dieu m’a laissé comprendre l’unique chose, qui ait à Ses yeux une valeur infinie : c’est l’amour, l’amour de Dieu, l’amour. L’amour et encore une fois l’amour, et rien ne peut être comparé à l’acte de pur amour de Dieu. Oh ! Quels inconcevables égards Dieu a envers l’âme qui l’aime sincèrement ! Oh ! Que l’âme qui déjà sur terre jouit de Ses égards particuliers est heureuse ! Et c’est l’âme petite et humble.




778 J’ai compris plus profondément cette grande Majesté Divine qu’adorent les esprits célestes selon leur degré de grâce et leur hiérarchie. Mon âme n’a éprouvé ni frayeur ni terreur, non absolument aucune, à la vue de cette puissance et de cette grandeur de Dieu. Mon âme a été remplie de paix et d’amour. Et plus je connais la grandeur de Dieu, plus je me réjouis qu’il soit Tel. Et sa grandeur me comble de bonheur. Et je me réjouis de ce que je sois si petite car, puisque je suis si petite, Il me tient dans Sa main et près de Son Coeur.




779 Ô mon Dieu, comme j’ai pitié des gens qui ne croient pas à la vie éternelle ! Comme je prie pour eux pour qu’un rayon de miséricorde les saisisse et que Dieu les presse sur Son Coeur Paternel !




780 Ô amour, ô roi ! L’amour ne connaît pas la peur, il passe par tous les choeurs des anges, qui montent la garde devant le trône de Dieu. Il n’aura peur de personne, il atteint Dieu et se plonge en Lui comme dans son unique trésor. Le Chérubin avec l’épée de feu, qui garde le Paradis, n’a pas de force contre l’amour. Ô pur amour de Dieu, comme tu es grand et incomparable ! Oh ! Si les âmes connaissaient ta force !




781 Aujourd’hui je me sens très faible, je ne peux même pas faire ma méditation à la chapelle et je dois me coucher. Ô mon Jésus, je vous aime et je désire vous adorer par ma faiblesse en me soumettant complètement à votre Sainte volonté !




782 Je dois beaucoup veiller sur moi, aujourd’hui surtout, car une excessive sensibilité vis-à-vis de tout s’empare de moi. Des choses, qu’en bonne santé je n’aurais même pas remarquées, me choquent aujourd’hui. Ô mon Jésus, mon bouclier et ma force, accordez-moi la grâce de sortir victorieuse de ces combats ! Ô mon Jésus, changez-moi en Vous-même par la force de votre amour, pour que je sois un instrument digne de proclamer Votre miséricorde !




783 Je remercie Dieu pour cette maladie et pour cette faiblesse physique, car j’ai du temps pour causer avec le Seigneur Jésus. Ma joie est de passer de longs moments aux pieds du Dieu caché. Et les heures passent comme des minutes. Je sens qu’un feu brûle en moi et je ne comprends d’autre vie que celle du sacrifice, qui provient directement du pur amour.




784 29.XI.1936. Notre Dame m’a enseigné comment me préparer à la fête de Noël. Je l’ai vue aujourd’hui sans l’Enfant-Jésus. Elle me dit : « Ma fille, applique-toi à être douce et humble pour que Jésus qui habite constamment dans ton coeur, puisse S’y reposer ! Adore-Le dans ton coeur, n’en sors pas ! J’obtiendrai pour toi, ma fille la grâce d’une vie intérieure, telle que tout en restant à l’intérieur de toi-même, tu puisses accomplir à l’extérieur tous tes devoirs avec une précision encore plus grande. Sois continuellement avec Lui, dans ton propre coeur ! Il sera ta force. Avec toutes les créatures aie seulement les contacts que réclament le devoir et la nécessité !

Tu es un logis agréable au Dieu vivant, dans lequel Il séjourne constamment avec amour et plaisir. Et la vivante présence Divine que tu ressens de façon réelle et distincte te confirmera, Ma fille, dans ce que Je t’ai dit. Tâche d’agir ainsi jusqu’au jour de Noël et ensuite Lui-même te fera connaître de quelle manière tu dois agir et t’unir à Lui ! »




785 30. XI. 1936. Aujourd’hui pendant les vêpres, une douleur me pénétra l’âme. Je vois qu’à tous points de vue cette oeuvre dépasse mes forces. Je suis comme un petit enfant devant l’immensité de cette tâche, et c’est seulement sur un ordre divin formel que je procède à son accomplissement. Et d’autre part, même ces grandes grâces me sont un fardeau, que j’ai peine à porter. Je vois l’incrédulité de la part de mes Supérieures et la méfiance et les doutes de toutes sortes avec lesquelles elles me traitent pour cette raison. Mon Jésus, je vois que même de si grandes grâces peuvent être une souffrance et cependant c’est ainsi !



Non seulement, elles peuvent être une cause de souffrance, mais elles doivent l’être comme signe de l’action Divine. Je comprends bien que si Dieu ne fortifiait pas mon âme dans ces différentes épreuves, elle n’en viendrait pas à bout d’elle-même. Donc Dieu Lui-même est son bouclier. Quand par la suite, je méditais durant les vêpres sur cette sorte de mélange de souffrances et de grâces, j’entendis la voix de la Très Sainte Vierge : « Sache, ma fille, que quoique j’ai été élevée à la dignité de Mère de Dieu, sept glaives de douleur ont transpercé mon coeur ! Ne fait rien pour te défendre ! Supporte tout avec humilité ! Dieu Seul te défendra. »



1. XII. 1936. Retraite d’un jour.



Aujourd’hui pendant les méditations matinales le Seigneur me fit connaître et comprendre nettement l’irrévocabilité de Ses désirs. Et je vois clairement que personne ne peut me dispenser de ce devoir d’accomplir la volonté Divine que j’ai appris à connaître. Un manque évident de santé et de forces physiques n’est pas une raison suffisante et ne me libère pas de cette oeuvre que Dieu lui-même réalise. Je dois être seulement un instrument dans Sa main. Eh bien ! Alors Seigneur me voici pour accomplir Votre volonté. Ordonnez-moi selon Vos éternelles intentions et prédilections ! Donnez-moi seulement la grâce pour que je sois toujours fidèle !




787 Alors que je causais avec Dieu caché, Il m’a fait connaître et comprendre que je ne dois pas trop réfléchir, ni avoir peur des difficultés qui peuvent se trouver sur mon chemin. « Sache, que Je suis avec toi ! Je provoque les difficultés et Je les renverse. Et les dispositions malveillantes peuvent en un instant tourner en faveur de cette cause. » Le Seigneur m’éclaire en beaucoup de choses durant la conversation d’aujourd’hui, mais je n’écris pas tout.




788 Céder toujours le pas aux autres en toutes circonstances, surtout durant la récréation. Ecouter tranquillement sans interrompre, même si l’on vous raconte dix fois la même chose. Je ne poserai jamais de questions sur une chose qui m’intéresse beaucoup.




789 Résolution, toujours la même : m’unir au Christ miséricordieux.

Résolution générale : calme intérieur, silence.




790 Cachez-moi, Jésus, dans les profondeurs de Votre miséricorde et alors le prochain peut me juger comme il lui plaît !




791 Ne jamais parler de mes propres épreuves. Dans la souffrance, chercher le soulagement. Dans la prière, dans les doutes, même les plus petits, chercher conseil seulement auprès de mon confesseur. Avoir le coeur toujours accueillant pour accepter les souffrances d’autrui et noyer mes propres souffrances dans le Coeur Divin pour qu’à l’extérieur, autant que possible, on ne s’en aperçoive pas.

Toujours travailler à maintenir l’équilibre, même si les circonstances sont contraires. Ne pas permettre que soient troublés le calme et le silence intérieur. Rien ne peut être comparé à la paix de l’âme. Si l’on me reproche quelque chose injustement, ne pas m’excuser.

Si la Supérieure veut savoir la vérité, si j’ai raison ou non, qu’elle le sache plutôt par d’autres que par moi. Ma part est de tout accepter en toute humilité.

792 Je passe un moment avec la Très Sainte Vierge. J’attends avec grand désir la venue du Seigneur. Mes désirs sont Grands. Je souhaite que tous les peuples connaissent le Seigneur. Je voudrais préparer toutes les nations à la venue du Verbe Incarné. Ô Jésus, faites que la source de Votre miséricorde jaillisse avec plus d’abondance, car l’humanité est très malade et plus que jamais elle a besoin de Votre Pitié. Vous êtes une mer sans fond de miséricorde envers nous, les pécheurs. Et plus notre misère est grande, plus nous avons droit à Votre miséricorde. Vous êtes la source du bonheur pour toutes les créatures par Votre infinie miséricorde.

793 Aujourd’hui je pars faire une cure à Pradnik, situé un peu en dehors de Cracovie. Je dois y rester trois mois. La grande sollicitude des Supérieures en a décidé ainsi, et surtout notre chère Mère Générale qui se soucie tant des Soeurs malades.

794 J’ai accepté la faveur de cette cure, car j’accepte complètement la volonté Divine. Que Dieu fasse de moi ce qui Lui plaît ! Je ne désire rien d’autre qu’accomplir Sa sainte volonté. Avec la Vierge Marie, je quitte Nazareth pour aller à Bethléem. Là, je passerai la fête de Noël, parmi des étrangers, mais avec Jésus, Marie et Joseph, car telle est la volonté de Dieu. Je tâche d’accomplir en tout la volonté de Dieu. Je ne désire pas plus le retour à la santé que la mort. Comme un petit enfant, je me confie entièrement à Son infinie miséricorde, et je vis dans la plus grande paix. Je m’efforce seulement de rendre mon amour pour Lui, de plus en plus profond et pur, afin qu’il soit un délice pour Son divin regard.

796 Le Seigneur m’a dit de réciter ce chapelet pendant neuf jours, avant la fête de la Miséricorde. La neuvaine doit commencer le Vendredi Saint. Pendant ce temps j’obtiendrai aux âmes beaucoup de grâces.

#796
A la pensée que j’allais rester si longtemps seule, en dehors de la Communauté, la peur s’empara de moi. Jésus me dit : « Tu ne seras pas seule, car je suis avec toi toujours et partout. Auprès de Mon Coeur n’aie peur de rien ! C’est Moi, qui ai provoqué ton départ. Sache que Mon regard suit avec grande attention tous les mouvements de ton coeur ! Je te sépare des autres pour pouvoir Moi-même former ton coeur en vue de Mes projets. De quoi as-tu peur ? Si tu es avec Moi, qui oserait te toucher ? Cependant je Me réjouis beaucoup que tu Me confies tes inquiétudes. Ma fille, parle-Moi de tout simplement, tu Me fais un grand plaisir. Je te comprends, car Je suis Homme-Dieu. Cette simple conversation de ton coeur M’est plus agréable que des hymnes composés en Mon honneur. Sache, Ma fille que plus tes paroles sont simples, plus tu m’attires vers toi ! Et maintenant sois en paix ! Et maintenant sois en paix près de Mon Coeur ! Mets de côté ta plume, et prépare-toi au départ ! »




797 Je suis partie ce matin pour Pradnik. Soeur Chryzostome m’a conduite. J’ai une chambre séparée, je ressemble à une Carmélite. Quand Soeur Chryzostome est partie et que je suis restée seule, je me suis plongée en prière, me mettant sous la protection spéciale de la Très Sainte Vierge. Elle seule est toujours avec moi. Comme une bonne Mère elle surveille mes épreuves et mes efforts.




798 Soudain je vis le Seigneur Jésus, qui me dit : « Sois tranquille, Mon enfant, tu vois que tu n’es pas seule ! Mon Coeur veille sur toi. » Jésus me remplit de force à l’égard d’une certaine personne, je le sens bien dans mon âme.




799 Principe moral.



Quand on ne sait pas ce qu’il y a de meilleur, il faut réfléchir, considérer et prendre conseil, car on n’a pas le droit d’agir dans l’incertitude de la conscience. Dans l’incertitude de la conscience. Dans l’incertitude il faut se dire : quoi que je fasse, ce sera bien pourvu que j’aie l’intention de bien faire. Ce que nous considérons comme bon, Dieu l’accepte et le considère comme bon. Ne pas se chagriner, si après un certain temps l’on voit que ces choses ne sont pas bonnes. Dieu regarde l’intention avec laquelle nous commençons et Il accordera la récompense selon cette intention. C’est un principe que nous devons suivre.




800 Encore aujourd’hui, je suis allée faire une courte visite au Seigneur avant de me coucher. Mon esprit s’est abîmé en Lui, mon seul Trésor. Mon coeur a reposé un instant près du Coeur de mon époux. J’ai reçu la lumière sur la manière de me comporter à l’égard de mon entourage et je suis revenue dans ma solitude. Le médecin s’est occupé de moi et je me sens entourée de coeurs bienveillants.




801 10. XII. Aujourd’hui je me suis levée plus tôt et j’ai fait ma méditation avant la Messe. La Sainte Messe est célébrée à six heures. Après la Sainte Communion, mon âme fut noyée dans le Seigneur, unique objet de mon amour. Je me sentis absorbée par Sa Toute-Puissance. Quand je suis revenue dans ma solitude, je me sentis mal et je dus me coucher. La Soeur m’a apporté des gouttes, mais toute la journée je me suis sentie mal. Le soir, j’ai tenté de faire les méditations de l’Heure Sainte. Cependant je n’y suis pas arrivée, je m’unissais seulement au Christ souffrant.




802 Ma chambre est voisine de la chambre des hommes. Je ne savais pas que les hommes étaient de tels bavards. Dès le matin, jusque tard dans la nuit, conversation sur différents sujets. C’est beaucoup plus tranquille dans la salle des femmes. On fait toujours aux femmes ce reproche d’être bavardes, cependant j’eus l’occasion de me convaincre du contraire. Il m’est difficile de me concentrer sur ma prière à cause des rires et de ces plaisanteries. Ils ne me gênent pas quand la grâce de Dieu me prend totalement, car alors je ne sais pas ce qui se passe autour de moi.




803 Mon Jésus comme ces gens parlent peu de Vous. Ils parlent de tout, mais pas de Vous, Jésus. Et s’ils en parlent peu c’est, que probablement, ils n’y pensent pas du tout. Le monde entier les intéresse, mais sur Vous, le Créateur : silence. Que c’est triste Jésus, de voir cette indifférence et cette ingratitude des êtres créés ! Ô mon Jésus, je désire vous aimer à leur place et Vous dédommager par mon amour !


804

L’immaculée Conception de la Mère de Dieu.


Faustine journal 694