Faustine journal 804

L’immaculée Conception de la Mère de Dieu.

Dès le matin, j’ai ressenti la proximité de la Très Sainte Vierge pendant la Sainte Messe. Je La vis si belle que les mots me manquent pour décrire cette beauté, même en partie. Elle était toute blanche, ceinte d’une écharpe bleue, le manteau bleu aussi, une couronne sur la tête. De toute sa personne rayonnait une lumière inconcevable. « Je suis la Reine du ciel et de la terre, mais surtout votre mère. » Elle me serra contre Son Coeur et dit : « J’ai compassion de toi. » Je sentis la force de Son Coeur immaculé se communiquer à mon âme. Maintenant, je comprends pourquoi depuis deux mois je me préparais et j’attendais cette fête avec impatience. Depuis aujourd’hui, je tâche d’avoir l’âme aussi pure que possible pour que les rayons de la grâce Divine s’y reflètent dans toute leur lumière. Je désire être un cristal pour Lui plaire.

805 Ce jour-là, je vis un certain prêtre éclatant de sa lumière à Elle. Sûrement cette âme aime l’Immaculée.

806 Une étrange langueur s’empara de mon âme, je m’étonne qu’elle ne sépare pas l’âme du corps. Je désire Dieu, je désire me noyer en Lui. Je comprends que je suis dans un terrible exil. De toute sa force, mon âme s’élance vers Dieu. Ô habitants de ma patrie, souvenez-vous de l’exilée ! Quand les voiles tomberont-ils pour moi aussi ? Quoique je voie et que je sente approximativement quand, cependant un voile très fin me sépare encore du Seigneur. Je désire Le regarder face à face, mais que tout se fasse selon Votre volonté !


807

11. XII.1936. LA PROMESSE DE GRÂCE DE MISÉRICORDE POUR LES AGONISANTS (1)

Aujourd’hui, je ne pus assister à la Sainte Messe toute entière. J’assistai seulement aux parties les plus importantes et, après avoir reçu la Sainte Communion, je me retirai tout de suite dans ma solitude. Soudain je fus envahie par la présence Divine. Et à ce moment je sentis la Passion du Seigneur pendant un très court moment. Alors je connus plus profondément l’oeuvre de la miséricorde.

808 Dans la nuit, je fus soudainement éveillée et je compris qu’une âme avait grand besoin de prières. En peu de mots, mais de toute mon âme, je priai le Seigneur de lui accorder la grâce.

809 Le lendemain après-midi en entrant dans la salle, je vis une personne mourante et j’ai appris que l’agonie avait commencé pendant la nuit. J’ai constaté que c’était au moment où l’on me demandait des prières. Tout à coup, j’entendis dans mon âme une voix : « Dis ce chapelet que Je t’ai enseigné ! » Je courus chercher mon rosaire. Et je m’agenouillai près de l’agonisante et je commençai avec toute l’ardeur de mon âme à dire ce chapelet. Soudain la moribonde ouvrit les yeux. Elle me regarda et je n’eus pas le temps d’achever le chapelet qu’elle était morte dans une étrange paix. Je priais ardemment le Seigneur de tenir la promesse qu’Il m’avait faite pour la récitation de ce chapelet. Le Seigneur me fit connaître que cette âme avait reçu la grâce que le Seigneur m’avait promise. Cette âme était la première qui ait obtenu la promesse du Seigneur. Je sentais la force de la miséricorde qui entourait cette âme.

811 En rentrant dans ma solitude, j’entendis ces mots : « Je défends chaque âme à l’heure de la mort comme Ma propre gloire. Que l’on récite ce chapelet soi-même, ou bien que d’autres le récitent pour l’agonisant, l’indulgence est la même. Quand on le récite auprès de l’agonisant, la colère divine s’apaise, la miséricorde insondable s’empare de son âme et les profondeurs de Ma miséricorde sont émues par la douloureuse Passion de Mon Fils. »

Oh ! Si l’on pouvait comprendre combien est grande la miséricorde du Seigneur et que nous en avons tous besoin, surtout à cette heure décisive !

#811
Aujourd’hui j’ai lutté contre les esprits des ténèbres à propos d’une âme. Comme Satan hait terriblement la miséricorde divine, je vois qu’il s’oppose à toute cette oeuvre.

812 Ô Jésus miséricordieux, étendu sur la croix, souvenez-vous de l’heure de notre mort ! Ô Coeur très miséricordieux de Jésus, ouvert par la lance, cachez-moi à l’heure dernière de ma mort ! Ô Sang et Eau qui avez jailli du Coeur de Jésus, soyez pour moi des sources de miséricorde insondable à l’heure de ma mort ! Jésus mourant, otage de miséricorde, apaisez la colère de Dieu à l’heure de ma mort !


813

12. XII. 1936.

Aujourd’hui j’ai seulement reçu la Sainte Communion et j’assisterai quelques instants à la Sainte Messe. Toute ma force est en Vous, Pain vivant ! Il me serait difficile de vivre un jour, si je n’allais pas communier. Vous êtes mon bouclier. Sans Vous, Jésus je ne saurais vivre !

814 Jésus, mon Amour, m’a fait comprendre aujourd’hui qu’il m’aime beaucoup, quoiqu’il y ait un si grand abîme entre nous : le Créateur et la créature. Et cependant il y a une sorte d’égalité : l’amour qui comble cet abîme, Lui-même se penche vers moi et me rend capable d’être en union avec Lui. Je suis noyée en Lui, comme si je me perdais complètement. Et cependant, sous Son regard miséricordieux mon âme prend de la vigueur et de la force. Elle prend conscience qu’elle aime et est particulièrement aimée. Elle sait que le Tout-Puissant la défend. Une telle prière, quoique courte apporte cependant beaucoup à l’âme. Et des heures entières de prière ordinaire ne lui donnent pas autant de lumière qu’un court moment de prière intense.

815 L’après-midi j’étais pour la première fois dans la véranda. Et aujourd’hui Soeur Félicie vint me voir, m’apporta quelques menus objets de première nécessité, quelques belles pommes et les amitiés de la chère Mère Supérieure et des chères Soeurs.

816 13. XII. 1936. Confession devant Jésus

Quand j’ai constaté que voilà trois semaines que je ne me suis pas confessée, je me suis mise à pleurer en voyant les péchés et certaines difficultés de mon âme. Je ne me suis pas confessée car les circonstances m’en empêchèrent. Quand il y avait la confession, j’étais alitée justement ce jour-là. La semaine suivante, la confession était fixée pour l’après-midi et j’étais partie pour l’hôpital le matin. Aujourd’hui, dans l’après-midi, le Père Andrasz est entré dans ma chambre et s’assit pour que je me confesse. Auparavant nous n’avons pas échangé un seul mot. Ce qui me réjouit extrêmement car je désirais beaucoup me confesser. Comme toujours, j’ai découvert mon âme et le Père me donna une réponse à chaque menu détail.

Je me sentais très heureuse

817 16. XII. 36. J’offre ce jour pour la Russie. J’offre pour ce pauvre pays toutes mes souffrances et mes prières. Après la Sainte Communion Jésus me dit : « Je ne peux plus tolérer ce pays. Ne me lie pas les mains, ma fille ! »

Je compris que, si ce n’étaient les prières des âmes agréables à Dieu, toute cette nation serait déjà anéantie. Oh ! Comme je souffre pour ce pays qui a chassé Dieu de ses frontières !

818 Ô Source inaltérable de miséricorde divine qui coulez sur nous il n’y a pas de frontière pour Votre bonté ! Fixez, ô Seigneur, la force de Votre Miséricorde à la mesure du gouffre de ma misère, car Votre pitié n’a pas de limites ! Votre miséricorde qui étonne les esprits humains et angéliques est étrange et inaccessible.

819 Mon Ange Gardien me recommanda de prier pour une âme et le matin j’appris que c’était un homme, qui justement était entré en agonie. Jésus me fait connaître d’une façon étrange quand quelqu’un a besoin de ma prière. Je reconnais en particulier quand c’est une âme qui entre en agonie. Maintenant cela m’arrive plus souvent qu’autrefois.

820 Jésus me fit connaître qu’une âme, qui vit pour la volonté Divine, Lui est très agréable et Lui rend ainsi une très grande gloire.

821 Aujourd’hui je compris que, même si je ne parvenais pas à accomplir ce que Dieu exigeait, je sais que je serai récompensée comme si j’avais tout accompli. Car Il voit l’intention avec laquelle je commence. Et même s’Il me reprenait aujourd’hui, Son oeuvre ne pourrait en souffrir, car Lui seul est le Souverain Maître de l’oeuvre et de celui qui agit. Il dépend de moi de L’aimer à la folie. Toutes les épreuves ne sont un rien devant Lui. L’amour a une grande force, une signification et un mérite. Il a ouvert dans mon âme de grands horizons. L’amour comble les abîmes.

822 17. XII. 1936. J’ai offert ce jour pour les prêtres, j’ai souffert plus que jamais intérieurement et extérieurement. Je ne savais pas qu’on pouvait tant souffrir en un jour. Je tâchais de faire l’Heure Sainte, pendant laquelle mon esprit goûta l’amertume du Jardin des Oliviers. Je lutte toute seule, soutenue par Son bras contre toutes les difficultés qui se dressent comme des murs infranchissables devant moi. Cependant j’ai confiance dans la force de Son Nom et je n’ai peur de rien.

823 Dans cet isolement Jésus est mon Maître. C’est Lui qui m’élève et m’enseigne. Je sens que je suis l’objet de Son action particulière. Pour Ses intentions incompréhensibles et Ses verdicts insondables Il m’unit à Lui d’une façon spéciale et me permet de pénétrer dans ses mystères inconcevables. Il y a un Mystère, qui m’unit au Seigneur, que personne ne peut savoir, même pas les anges. Même si je voulais le formuler, je ne saurais comment le dire. Cependant je vis de cela et je vais le vivre dans les siècles. Ce mystère me distingue des autres âmes ici, sur terre, et dans l’Eternité.

824 Ô jour magnifique où se réaliseront tous mes souhaits ! Ô jour vivement désiré, qui sera le dernier de ma vie ! Je me réjouis du trait que le divin Artiste posera sur mon âme, qui lui donnera une beauté particulière et qui me distinguera de la beauté des autres âmes. Ô grand jour, dans lequel se fixera l’amour divin en moi. En ce jour, pour la première fois, je chanterai devant le ciel et la terre le chant de l’insondable miséricorde divine. C’est mon oeuvre et la mission que Dieu m’a destinée depuis la fondation de la terre. Pour que le chant de mon âme soit agréable à la Sainte Trinité, dirigez et formez mon âme Vous-même, ô Esprit Divin ! Je m’arme de patience et j’attends Votre venue, Jésus miséricordieux, dans les terribles douleurs et les affres de l’agonie ! A ce moment, plus que jamais j’ai confiance dans le gouffre de Votre miséricorde et je vous rappelle, Christ miséricordieux, doux Sauveur, toutes les promesses que Vous m’avez faites.

825 Ce matin, j’ai eu une mésaventure : ma montre s’était arrêtée et je ne savais pas quand me lever. C’eût été dommage d’omettre la Sainte Communion. Il faisait nuit et je ne pouvais pas savoir quand il faudrait me lever. Je m’habillai, je fis la méditation et je suis allée à la chapelle, mais tout était fermé et le silence régnait partout. Je me mis à prier surtout pour les malades. Maintenant je sais combien les malades ont besoin de prières. Enfin la chapelle fut ouverte, la prière me venait avec peine, car je me sentais exténuée. Et après la Sainte Communion, je revins tout de suite dans ma solitude. Alors je vis le Seigneur qui me dit : « Sache, Ma fille, que l’ardeur de ton coeur M’est agréable. Comme tu désires ardemment t’unir avec Moi dans la Sainte Communion, Moi aussi Je désire Me donner complètement à toi. Et comme récompense pour ton ardeur repose-toi près de Mon Coeur ! » A cet instant mon âme se noya dans Son Etre, comme une goutte d’eau dans un océan sans fond. Je me noie en Lui comme dans mon unique trésor. J’ai reconnu ainsi que le Seigneur permet certaines difficultés pour Sa plus grande gloire.

826 18. XII. 1936. Aujourd’hui j’ai ressenti quelque peine, car il y a une semaine que personne n’est venu me voir. Comme je m’en plaignais au Seigneur, Il me répondit : « Est-ce que cela ne te suffit pas que Je te visite chaque jour ? » J’ai demandé pardon au Seigneur et ma peine a disparu. Ô mon Dieu, ma force, Vous me suffisez !

827 Le soir, j’ai perçu qu’une âme avait besoin de ma prière. Je fis une ardente prière, mais je sentais que c’était trop peu, donc je suis restée plus longtemps en prière. Le lendemain, j’appris qu’à ce moment-là justement, commença l’agonie d’une personne qui dura jusqu'au matin.

Je reconnus par quelles dures luttes elle était passée ! D’une façon étrange, le Seigneur Jésus me fait connaître qu’une âme agonisante a besoin de ma prière. Je sens cet esprit qui me demande la prière vivement et distinctement. Je ne savais pas qu’il y avait une telle union entre les âmes. Et souvent aussi mon Ange Gardien me parle.

828 Le petit Enfant-Jésus pendant la Sainte Messe fait la joie de mon âme. Souvent, la distance n’existe pas, je vois un prêtre qui Le fait venir. J’attends Noël avec grande impatience, je partage cette attente avec la Très Sainte Vierge.

829 Ô Lumière éternelle, qui venez sur cette terre, illuminez mon esprit et fortifiez ma volonté pour que je ne succombe pas dans les moments de dure épreuve ! Que la lumière disperse toutes les ombres du doute ! Que Votre Toute-Puissance agisse par moi ! J’ai confiance en Vous, ô Lumière qui n’avez pas été créée ! Ô Enfant-Jésus, Vous m’êtes un modèle, pour accomplir la volonté de Votre Père ! Vous qui avez dit : « Je viens pour accomplir fidèlement Votre Volonté, » faites que moi aussi je sache accomplir la volonté divine en toutes choses. Ô Divin Enfant, donnez-moi cette grâce !

830 Ô mon Jésus, mon âme languissait vers les jours d’épreuves ! Dans le trouble de mon âme ne me laissez pas seule mais tenez-moi fortement près de vous ! Postez une sentinelle auprès de ma bouche ! Que le parfum de mes souffrances soit connu de Vous seul et qu’il Vous soit agréable !

831 Ô Jésus miséricordieux avec quel désir Vous Vous hâtiez vers le Cénacle pour consacrer l’hostie que je vais recevoir dans ma vie ! Vous désirez, Jésus, demeurer dans mon coeur et que Votre Sang vivant s’unisse au mien ! Qui comprendra cette étroite union ? Mon coeur renferme le Tout-Puissant, l’Infini. Ô Jésus, donnez-moi Votre vie divine ! Que Votre Sang pur et noble palpite de toute sa force dans mon coeur ! Je Vous donne tout mon être. Changez-moi en Vous-même et rendez-moi capable d’accomplir en tout Votre sainte volonté et de Vous aimer ! Ô mon doux époux, Vous savez que mon coeur ne connaît personne d’autre que Vous ! Vous avez ouvert dans mon coeur une profondeur inassouvie d’amour envers Vous. Dès le premier moment où je Vous ai connu, mon coeur Vous a aimé et s’est noyé en Vous comme dans son objet. Que Votre amour pur et tout-puissant me pousse aux actes. Qui concevra et comprendra cette profondeur de miséricorde qui a jailli de Votre Coeur ?

832 J’ai éprouvé combien il y a de jalousie, même dans la vie spirituelle. Je reconnais qu’il y a peu d’âmes vraiment assez grandes, pour piétiner tout ce qui n’est pas Dieu. Ô âme, en dehors de Dieu, tu ne trouveras pas de beauté ! Oh ! Combien est fragile la base chez les âmes pour qu’elles se haussent en écrasant les autres ! Quelle perte !

833 19. XII. 1936. Ce soir, je sentis dans mon âme qu’une personne avait besoin de ma prière. J’ai tout de suite commencé à prier. Soudain, je reconnus intérieurement et je sentis l’esprit qui me le demandait. Je priai jusqu’au moment ou je me tranquillisai. Ce chapelet est une aide puissante pour les mourants. Souvent je prie pour une intention intérieurement précisée. Je prie toujours jusqu’au moment où je sens dans mon, âme que ma prière a été efficace.

834 Surtout ici, depuis que je suis dans cet hôpital, j’éprouve un lien avec les agonisants qui, en entrant en agonie, me demandent de prier. Dieu me donne une étrange correspondance avec les mourants. Quand cela arrive, le plus souvent, j’ai même la possibilité de vérifier l’heure.

Aujourd’hui, à onze heures du soir, je fus soudain éveillée et je sentis distinctement qu’il y avait auprès de moi, un esprit qui demandait ma prière ; une force me contraint tout simplement à la prière. Ma vision est purement spirituelle, par une soudaine lumière qu’en cet instant Dieu m’accorde. Je prie jusqu’au moment où je sens la paix en mon âme. La durée n’est pas toujours la même. Il arrive parfois qu’avec un seul Ave Maria je sois tranquillisée, et alors je dis le « De profondis ». Parfois il arrive que je dise le chapelet tout entier, et seulement alors j’éprouve un apaisement.

Et ici aussi j’ai constaté que, si je suis forcée à la prière pendant un temps plus long, c'est-à-dire si j’éprouve une inquiétude intérieure, c’est que l’âme soutient une plus grande lutte et a une plus lourde agonie. C’est ainsi que j’ai vérifié l’heure : j’ai une montre et je regarde l’heure. Le lendemain, quand on me parle de la mort de telle personne, je demande l’heure, qui s’accorde toujours en ce qui concerne l’agonie. On me dit : « telle personne a lutté très fort », d’autres fois on me dit : « Aujourd’hui telle personne est morte. Mais elle s’est endormie vite et tranquillement. » Il arrive que la personne mourante soit dans la seconde ou la troisième baraque, mais pour l’esprit la distance n’existe pas. Il arrive que j’aie cette même connaissance à quelques centaines de kilomètres. C’est arrivé plusieurs fois, à l’égard de ma famille et de personnes apparentées, mais aussi à l’égard de mes Soeurs en religion et même pour des âmes que je n’ai pas connues durant ma vie.

Ô Dieu, plein d’insondable miséricorde, qui me permettez par une prière indigne de porter apaisement et aide aux mourants, soyez béni autant de fois qu’il y a de milliers d’étoiles dans le ciel et de gouttes d’eau dans l’océan ! Que Votre miséricorde s’étende à tout le globe terrestre. Que le culte de cette miséricorde monte jusqu’au pied de Votre trône, louant le plus grand de Vos attributs, c’est-à-dire Votre inconcevable miséricorde ! Ô Dieu, cette miséricorde insondable introduit les âmes saintes et tous les esprits célestes dans un nouveau ravissement. Tous les purs esprits se plongent dans un profond étonnement, adorant cette inconcevable miséricorde Divine qui les introduit dans un nouveau ravissement. Leur adoration est parfaite. Ô Dieu Eternel, comme je désire ardemment adorer Votre plus grand attribut, c’est-à-dire Votre infinie miséricorde ! Je vois toute ma petitesse. Et je ne peux pas m’égaler avec les habitants du Ciel qui dans une sainte admiration glorifient la miséricorde du Seigneur. Mais moi aussi, j’ai trouvé une manière d’adorer cette inconcevable et parfaite miséricorde Divine.

835 Ô très doux Jésus, Vous avez daigné m’admettre, moi misérable, à la connaissance de cette insondable miséricorde ! Ô très doux Jésus, qui avez gracieusement exigé de moi que je parle de Votre inconcevable miséricorde au monde entier, voici qu’aujourd’hui, je prends en mains ces deux rayons, qui ont jailli de Votre Coeur miséricordieux : le Sang et l’Eau, et je les répands sur tout le globe terrestre, pour que toute âme éprouve Votre miséricorde, et l’ayant éprouvée, Vous adore pendant l’éternité. Ô Très Saint Jésus, qui avez daigné dans Votre inconcevable bienveillance unir mon coeur misérable à Votre Coeur très miséricordieux, c’est par Votre propre Coeur que j’adore Dieu, notre Père, d’une façon telle qu’aucune âme ne l’a encore adoré.

836 21. XII. 1936. La radio joue tout l’après-midi, donc je ressens le manque de silence. Jusqu’à midi, de continuelles conversations et du bruit. Mon Dieu, je me réjouissais d’être en silence, de parler seulement avec le Seigneur et ici c’est tout le contraire. Mais maintenant rien ne me trouble, ni les conversations, ni la radio. En un mot, rien. La grâce de Dieu a fait que, quand je prie, je ne sais même pas où je suis. Je sais seulement que mon âme est unie au Seigneur et ainsi se passent mes journées à l’hôpital.

837 J’admire toutes les humiliations, et toutes les souffrances que ce prêtre accepte pour cette cause. Je le vois à certains moments, et je le soutiens par mon indigne prière. C’est seulement Dieu, qui peut donner un tel courage, car autrement l’âme se lasserait. Mais je vois avec joie que toutes ces contrariétés, contribuent à augmenter la gloire Divine. Le Seigneur n’a pas beaucoup d’âmes de cette trempe à Son service.

Ô éternité infinie, tu révéleras les efforts des âmes héroïques. Pour ces efforts la terre ne paye que par l’ingratitude et la haine. Car de telles âmes n’ont pas d’amis, elles sont solitaires. Et dans cette solitude, elles deviennent plus fortes. Elles puisent leur force seulement en Dieu. Et avec humilité, mais aussi avec courage, elles s’opposent à tous les orages qui les frappent. Comme des chênes élevés, elles ne se laissent pas troubler. Et à cela il n’y a qu’un secret : elles puisent en Dieu cette force et tout ce dont elles ont besoin, pour elles et pour les autres. Elles portent leur fardeau, mais elles savent et sont capables de prendre sur elles les fardeaux des autres. Ce sont des colonnes de lumière sur les chemins divins, qui vivent dans la lumière et illuminent les autres. Elles vivent elles-mêmes sur les hauteurs et savent les indiquer aux autres et les aider à les atteindre.




838 Mon Jésus, Vous voyez, que non seulement je ne sais pas écrire, mais en plus, je n’ai même pas une bonne plume ! Et souvent j’écris si mal, et parfois c’est si difficile, que je dois écrire lettre après lettre pour former les phrases. Et encore ce n’est pas tout. Car j’ai cette difficulté que je note certaines choses en secret, devant les Soeurs. Et souvent à chaque instant je dois fermer le cahier et écouter patiemment le récit de l’une d’elles. Et ainsi passe le temps qui était destiné à écrire. Et le cahier à force d’être fermé en hâte, devient gribouillé. J’écris avec la permission de la Supérieure et sur ordre de mon confesseur. C’est une chose étrange que j’écrive parfois passablement et parfois, vraiment, j’ai de la peine à me relire moi-même.




839 23.XII. 1936. Je passe le temps avec la Divine Mère et me prépare pour le moment solennel de la venue du Seigneur Jésus. La Sainte Vierge m’apprend cette vie intérieure de l’âme avec Jésus, surtout dans la Sainte Communion. Quel grand mystère la Sainte Communion accomplit en nous ! Nous le saurons seulement dans l’éternité. Ô moments les plus précieux de la vie !




840 Ô mon Créateur, je languis après Vous ! Vous me comprenez, ô mon Seigneur ! Tout ce qui est sur terre me paraît un pâle reflet. Je Vous désire et Vous exige, quoique Vous fassiez incompréhensiblement beaucoup pour moi. Car Vous me visitez Vous-même, d’une façon particulière. Cependant ces visites n’apaisent pas les blessures de mon coeur, mais m’excitent à une plus grande langueur pour Vous, Seigneur ! Oh ! Prenez-moi avec Vous, si telle est Votre volonté ! Vous savez que je meurs et je meurs de langueur pour Vous et je ne puis mourir. Mort, où es-tu ? Vous m’attirez dans l’abîme de Votre Divinité et Vous Vous couvrez de ténèbres. Tout mon être est plongé en Vous et cependant je désire Vous voir face. Quand cela arrivera-t-il pour moi ?




841 Aujourd’hui Soeur Chrysostome est venue me voir et m’a apporté des citrons, des pommes et un tout petit arbre de Noël, ce qui m’a fait le plus grand plaisir. Par Soeur Chrysostome, la Mère Supérieure a demandé au médecin qu’il me permette de retourner à la maison pour les fêtes, ce qu’il a volontiers permis. Je m’en suis réjouie et me suis mise à pleurer comme un petit enfant. Soeur Chrysostome s’est étonnée que j’ai si mauvaise mine et que je sois tellement changée. Et elle a dit : « Savez-vous Faustinette, vous allez sûrement mourir ! Vous devez, ma Soeur, être très souffrante ! » J’ai répondu qu’aujourd’hui je souffre plus que les autres jours, mais ce n’est rien. Pour sauver les âmes, ce n’est pas trop. Ô Jésus Miséricordieux, donnez-moi les âmes des pécheurs !




842 24. XII. 1936. Aujourd’hui pendant la Sainte Messe je me suis particulièrement unie à Dieu et à Sa Mère Immaculée. L’humilité et l’amour pour la Vierge Immaculée ont pénétré mon âme. Plus j’imite la Mère de Dieu, plus j’apprends à connaître Dieu profondément. Oh ! Quelle incompréhensible langueur s’empare de mon âme ! Jésus, comment pouvez-Vous encore me laisser dans cet exil ? Je meurs du désir de Vous. Chaque fois que Vous touchez mon âme, cela me blesse énormément. L’amour et la souffrance vont de pair. Cependant je n’échangerais cette souffrance causée par Vous pour aucun trésor, car c’est la douleur d’indicibles délices et ces blessures me sont infligées par une Main aimante.




843 Soeur K. est arrivée cet après-midi, et m’a emmenée pour les fêtes à la maison, afin que je les passe avec la Communauté. En passant par la ville je m’imaginais que c’était Bethléem. Je regardais tous les gens qui se dépêchaient. Je pensais : qui médite aujourd’hui ce mystère inconcevable dans le calme et le silence ? Ô Vierge pure, Vous voyagez aujourd’hui et moi je suis en route ! Je sens que ce voyage d’aujourd’hui a sa signification. Ô Vierge rayonnante, pure comme le cristal, toute plongée en Dieu, je vous confie ma vie intérieure ! Arrangez tout pour que cela soit agréable à Votre doux fils ! Ô ma Mère, je désire si ardemment que Vous me donniez le Petit Jésus pendant la Messe de Minuit. Et je sentis dans la profondeur de mon âme, une si vive présence de Dieu que par la force de ma volonté je contins ma joie, pour ne pas laisser voir extérieurement ce qui se passait dans mon âme.




844 Avant le souper, je suis entrée à la chapelle pour partager spirituellement le pain azyme avec les personnes qui sont chères à mon coeur. Je les présentai toutes par leur nom au Seigneur Jésus en sollicitant Ses grâces pour chacune. Mais ce n’est pas tout. Je confiai aussi au Seigneur les persécutés, les souffrants et ceux qui ne connaissent pas Son Nom, surtout les pauvres pécheurs. Ô Petit Jésus, je Vous en prie ardemment, accueillez-les tous dans l’immensité de Votre infinie miséricorde ! Ô doux Petit Jésus, mon coeur est à Vous : qu’il Vous soit un petit logement agréable et utile ! Ô Majesté sans bornes, comme vous vous êtes approché de nous avec douceur ! Ici ce n’est pas la terreur des foudres du grand Yahvé. Ici il y a le doux Petit-Jésus. Ici aucune âme n’a peur, quoique Votre Majesté n’ait pas diminué, elle s’est seulement cachée. Après le souper je me sentis très fatiguée et souffrante. J’ai dû me coucher, mais je veillais avec la Très Sainte Mère, attendant l’arrivée du Petit-Enfant.




845 25. XII.1936. La Messe de Minuit. Pendant la Sainte Messe la présence de Dieu m’était perceptible. Un moment avant l’Elévation, je vis la Vierge, le Petit-Jésus et le bon Joseph. La Très Sainte Mère me dit ces paroles : « Ma fille, Faustine, prends mon trésor le plus cher ! » Et Elle me tendit son tout-petit Jésus. Quand je pris Jésus dans mes mains, mon âme éprouva une joie tellement indicible que je ne suis pas en état de la décrire. Mais, chose étrange, après un moment Jésus devint terrible, affreux à voir, grand et douloureux, et la vision disparut. Bientôt il fallut aller à la Sainte Communion. Quand je reçus le Seigneur Jésus dans la Sainte Communion, toute mon âme se mit à trembler sous l’influence de la présence de Dieu.



Le lendemain j’ai vu le Divin Enfant un court moment durant l’Elévation.

Le second jour de fête, le Père Andrasz est venu chez nous dire la Sainte Messe, pendant laquelle j’ai aussi vu le Petit-Jésus.




846 L’après-midi je suis allée me confesser. A certaines questions concernant cette oeuvre, le Père ne m’a pas donné de réponse, il a dit : « Quand vous serez bien portante, alors nous pourrons parler concrètement. Maintenant tâchez de tirer une bonne santé. Quant au reste, vous savez comment vous diriger et à quoi vous en tenir dans ces choses. » Comme pénitence il m’a dit de dire le chapelet que Jésus m’avait enseigné.




847 Soudain en disant ce chapelet, j’entendis une voix : « Oh ! Quelles grandes grâces j’accorderai aux âmes qui diront ce chapelet. Les profondeurs de Ma miséricorde sont émues, pour ceux qui disent ce chapelet. Inscris ces mots, Ma fille. Parle au monde de Ma miséricorde ! Que l’humanité entière apprenne à connaître Mon insondable miséricorde ! C’est un signe pour les derniers temps. Après viendra le jour de la Justice. Tant qu’il en est temps, que les hommes aient recours à la source de Ma miséricorde, qu’ils profitent du Sang et de l’Eau qui ont jailli pour eux ! » Ô âmes humaines, où chercherez-vous refuge au jour de la colère de Dieu ? Fuyez maintenant vers les sources de la miséricorde Divine ! Oh quel grand nombre d’âmes je vois ! Elles ont adoré la Miséricorde Divine et elles vont chanter l’hymne de gloire dans l’éternité.




848 27.XII. Aujourd’hui, me voici revenue dans mon lieu de solitude. J’ai fait un voyage agréable en compagnie d’une certaine personne, qui portait un enfant au baptême. Nous l’avons accompagnée jusqu'à la porte de l’église de Podgorze. Pour pouvoir sortir de la voiture, elle a mis l’enfant dans mes bras. Quand je pris l’enfant, je l’offris à Dieu pour qu’un jour il Lui procure une gloire spéciale. Je sentis dans mon âme que le Seigneur regarda tout spécialement cette petite âme. A notre arrivée à Pradnik, Soeur N. m’aida à porter mon paquet quand nous sommes entrées dans ma chambre particulière, nous vîmes un très joli ange, fait en papier avec l’inscription : Gloria in … J’ai l’impression que c’est de la part de cette Soeur malade à qui j’avais envoyé l’arbre de Noël. Voilà que les fêtes sont finies !




849 Rien ne peut calmer ma langueur. Je languis après Vous, mon Créateur et Dieu éternel. Ni les solennités, ni les beaux chants ne calment mon âme, mais ils l’excitent à un désir encore plus grand. A la seule mention de Votre Nom, mon esprit s’élance vers Vous, Seigneur !




850 28. XII. 1936. Aujourd’hui, j’ai commencé la neuvaine à la Miséricorde Divine. C’est-à-dire que je me transporte en esprit devant ce tableau, je récite le chapelet que le Seigneur m’a enseigné. Le second jour de la neuvaine, je vis ce tableau comme vivant, avec d’innombrables ex-voto accrochés autour de lui et je voyais de grandes multitudes de gens venir ici. Beaucoup de gens rayonnaient de bonheur. Ô Jésus, de quelle joie a battu mon coeur ! Je faisais la neuvaine à l’intention de deux personnes, notre archevêque et l’abbé Sopoko. Je prie ardemment Dieu d’inspirer notre archevêque, afin qu’il daigne approuver ce petit chapelet si agréable à Dieu, et ce tableau, et qu’il ne retarde pas cette oeuvre.




851 Aujourd’hui, tout d’un coup le regard du Seigneur m’a transpercé comme un éclair. Alors j’ai vu les petits grains de poussière dans mon âme. Voyant ma nullité toute entière, je tombai à genoux et je demandai pardon au Seigneur. Et avec une grande confiance, je me plongeai dans Son infinie miséricorde. Une telle connaissance ne me déprime pas, ni ne m’éloigne du Seigneur, mis elle éveille plutôt dans mon âme, un plus grand amour et une confiance sans bornes. Le repentir de mon coeur est uni à l’amour. Ces singulières lumières divines forment mon âme. Ô doux rayons Divins, éclairez-moi jusque dans les plus secrètes profondeurs, car je désire parvenir à une plus grande pureté de coeur et d’âme !




852 Le soir une grande langueur s’est emparée de mon âme. Je pris la brochure avec l’image de Jésus miséricordieux. Je la serrais sur mon coeur et de mon âme jaillirent ces paroles : « Jésus, Amour éternel, pour Vous je vis, pour Vous je meurs ! C’est à Vous que je désire m’unir. » Soudain je vis le Seigneur d’une beauté indicible, qui me regarda gracieusement et dit : « Ma fille, Moi aussi par amour pour toi je suis descendu du Ciel ! Pour toi j’ai vécu, pour toi Je suis mort et pour toi j’ai créé les cieux. » Il m’a serrée contre Son Coeur et m’a dit : « Bientôt déjà, sois tranquille, Ma fille ! » Quand je suis restée seule, mon âme fut enflammée du désir de la souffrance jusqu’au moment où le Seigneur dira : « Assez ». Et même si je devais vivre des milliers d’années, je vois à l’aide de la lumière Divine que c’est seulement un moment. L’âme… (Pensée inachevée.)




853 29. XI.1936. Aujourd’hui, après la Sainte Communion, j’entendis dans mon âme une voix : « Ma fille, veille, car Je viendrai sans qu’on Me remarque. » Jésus, vous ne voulez pas me dire l’heure que j’attends avec tant de langueur ? – « Ma fille tu l’apprendras pour ton bien, mais pas maintenant. Veille ! » Ô Jésus, faites de moi ce qu’il Vous plaira ! Je sais que Vous êtes le Sauveur miséricordieux et je sais que Vous ne changerai pas pour moi l’heure de ma mort. Si dès maintenant, Vous me témoignez un amour si particulier et Vous daignez si gracieusement et confidentiellement Vous unir à moi, je m’attends à beaucoup plus à l’heure de ma mort. Vous, le Seigneur, mon Dieu, Vous ne pouvez changer ! Vous êtes toujours le même. Les cieux peuvent changer, ainsi que tout ce qui a été créé, mais Vous, Seigneur, Vous êtes toujours le Même. Vous êtes dans les siècles. Donc venez, comme Vous voulez et quand Vous voulez ! Père infiniment miséricordieux, moi, Votre enfant, j’attends avec nostalgie Votre venue.



Ô Jésus, Vous avez dit dans le Saint Evangile: Vous serez jugés sur vos paroles. Jésus, je parle toujours de Votre indicible miséricorde, donc j’ai confiance que Vous allez me juger selon Votre insondable miséricorde.




854 30.XII. 1936. l’année finit. Je prends la journée d’aujourd’hui pour ma retraite mensuelle. Mon esprit a approfondi les bienfaits que Vous avez répandus sur moi durant toute l’année. Mon âme a tremblé à la vue de l’immensité des grâces du Seigneur. De mon âme a jailli vers Dieu un hymne d’action de grâces. Toute une heure durant je me suis plongée dans l’adoration et dans l’action de grâces, méditant un à un, les bienfaits de Dieu et aussi mes petits manquements. Tout ce que cette année renfermait s’est engouffré dans l’éternité. Rien ne se perd. Je me réjouis que rien ne se perde.




855 30. XII. 1936. Retraite d’un jour.



Pendant la méditation du matin, j’ai ressenti une aversion et une répugnance pour tout ce qui est créé. Tout me paraît si pâle, mon esprit est détaché de tout. Je ne désire que Dieu seul, et cependant je dois vivre. C’est un martyre que je ne peux décrire. Dieu se donne à l’âme avec amour et l’entraîne dans les inconcevables profondeurs de la Divinité. Mais en même temps Il la laisse sur cette terre dans le seul but de souffrir et d’agoniser en languissant après Lui. Et ce puissant amour est si pur que Dieu, Lui-même y trouve Son délice. L’amour-propre n’a pas de part à ses actions, car ici tout est parsemé d’amertume, donc tout est très pur. La vie est une perpétuelle mort, douloureuse et terrible. Mais en même temps elle est la base de la vraie vie, du bonheur inconcevable, de la force de l’âme. Et par là même, l’âme est capable de grandes actions pour Dieu.




856 Le soir, j’ai prié pendant quelques heures, d’abord pour mes parents et ma famille, pour la Mère Générale et toute la Congrégation, pour nos élèves, pour trois prêtres à qui je dois beaucoup. J’ai parcouru le monde entier en long et en large et j’ai rendu grâce à l’insondable miséricorde de Dieu pour toutes les grâces données aux hommes. Et je Lui ai demandé pardon pour tout ce qui L’a offensé.




857 Pendant les vêpres, j’ai aperçu Jésus qui a regardé doucement et profondément mon âme. « Prends patience, ma fille, ce ne sera plus long. » Ce regard profond et ces paroles, ont donné à mon âme force, puissance et courage, ainsi qu’une étrange confiance que j’accomplirai tout ce qu’Il exige de moi, malgré tant d’énormes difficultés. Elles introduisirent aussi dans mon âme l’étrange conviction que le Seigneur est avec moi et qu’avec Lui je peux tout. Toutes les puissances du monde et de l’enfer entier ne me sont rien, tout doit s’écrouler de par la puissance de Son Nom. Je remets tout entre Vos mains, ô mon Seigneur et mon Dieu. Unique Chef de mon âme, dirigez-moi d’après Vos désirs éternels !




858 Cracovie, Pradnik I. I. 1937 Jésus, j’ai confiance en Vous !



Aujourd’hui, j’ai dit adieu à l’année 1936 et j’ai salué l’année 1937. C’est avec tremblement et appréhension qu’en cette première heure de l’année j’ai regardé bien en face ce laps de temps. Jésus miséricordieux, j’irai courageusement et bravement dans le combat et les batailles. En Votre Nom, j’accomplirai tout et je vaincrai tout. Mon Dieu, bonté infinie, je Vous en prie que Votre infinie miséricorde m’accompagne toujours et partout !

En entrant dans cette nouvelle année, la peur me prend face à la vie. Mais Jésus éloigne de moi cette peur en me faisant connaître quelle grande gloire Lui procurera cette oeuvre de la miséricorde.




859 Il y a des moments dans la vie où l’âme ne trouve d’apaisement que dans une profonde prière. Que les âmes sachent persévérer dans l’oraison ! En de tels moments, c’est une chose bien importante.




860 J. M. J. Jésus, j’ai confiance en Vous !

Résolutions pour l’année 1937, 1er jour du 1er mois.

Résolutions détaillées, toujours les mêmes :

- m’unir au Christ miséricordieux.

- comment aurait fait le Christ dans telle ou telle occasion ?

- embrasser par l’esprit le monde entier, surtout la Russie et l’Espagne.



Résolutions générales.

I. Stricte observance du silence. Calme intérieur.

II. Voir en chaque Soeur l’image de Dieu, de ce motif doit dériver tout l’amour du prochain.

III. A chaque moment de la vie, accomplir fidèlement la volonté de Dieu et en vivre.

IV. Rendre fidèlement compte de tout à mon directeur de conscience et ne rien entreprendre d’important sans m’être entendue avec lui. Je vais tâcher de lui dévoiler clairement les plus secrètes profondeurs de mon âme en me souvenant que c’est à Dieu seul que j’ai affaire, et que ce n’est qu’un homme qui Le remplace. Prier Dieu chaque jour qu’Il lui donne la lumière nécessaire.

V. A l’examen du soir, me poser cette question : « S’Il m’appelait aujourd’hui ? »

VI. Ne pas chercher Dieu au loin, mais demeurer avec Lui en tête-à-tête dans mon coeur.

VII. Dans les épreuves et les contrariétés, recourir au tabernacle et me taire.

VIII. Unir toutes mes souffrances, prières, travaux et mortifications aux mérites de Jésus dans le but d’obtenir miséricorde pour le monde.

IX. Profiter des moments libres, mêmes les plus petits pour prier à l’intention des agonisants.

X. Qu’il n’y ait pas un jour dans ma vie où je ne sollicite Votre grâce pour les oeuvres de notre congrégation.

XI. N’avoir jamais aucun égard pour l’opinion humaine. N’être sur pied de familiarité avec personne. Envers nos élèves : avoir une douce fermeté, une patience sans bornes. Les punir sévèrement, mais avec des punitions de ce genre : prière et sacrifice de soi-même. La force contenue dans l’anéantissement de soi est pour elles un constant remords de conscience et cela fléchit leur coeur rebelle.

XII. La présence de Dieu est le fondement de toutes mes actions, mes paroles et mes pensées.

XIII. Profiter de chaque aide spirituelle. Remettre toujours l’amour-propre à sa place, c’est-à-dire la dernière. Faire mes exercices spirituels comme si je les faisais pour la dernière fois de ma vie, et accomplir tous mes devoirs de même.




861 2. I. 1937. Ô Jésus, qu’il est grand Votre Nom Seigneur ! Il est la puissance de mon âme ! Lorsque les forces m’abandonnent et que les ténèbres envahissent mon âme, Votre Nom devient alors comme un soleil dont les rayons éclairent et réchauffent l’âme. Et sous leur ardeur l’âme embellit et rayonne de l’éclat de Votre Nom. Au doux Nom de Jésus mon coeur bat plus fort. Il y a des moments où en entendant le Nom de Jésus je tombe en défaillance. Mon esprit s’élance vers Vous.




862 Ce jour est pour moi tout particulièrement un grand jour. Ce jour-là, je suis allée pour la première fois m’occuper de la peinture de cette image. Ce jour-là, la Miséricorde divine a été pour la première fois particulièrement honorée au dehors, bien qu’elle soit connue depuis longtemps, mais cette fois-ci sous la forme que le Seigneur souhaitait. Ce jour de Fête du doux Nom de Jésus me rappelle bien des grâces particulières.




863 Aujourd’hui la Mère Supérieure de la Congrégation, qui assure le service de l’hôpital, est venue me voir avec une de ses Soeurs. Nous avons longuement parlé de choses spirituelles. J’ai reconnu en elle une grande ascète. C’est pour cela que notre conversation a été agréable à Dieu.



Aujourd’hui une jeune fille est venue chez moi. J’ai reconnu qu’elle était souffrante, pas tant de corps que d’âme. Je la consolais autant que je pouvais, mais mes paroles de consolation ne suffisaient pas. C’était une pauvre orpheline, son âme était plongée dans l’amertume de la douleur. Elle me dévoila son âme et elle me raconta tout. J’ai compris que de simples mots de consolation ne suffiraient pas ici. J’ai imploré le Seigneur pour cette âme et j’ai offert à Dieu ma joie pour la lui donner à elle, et qu’il m’ôte tout sentiment de joie. Le Seigneur a exaucé ma prière. Pour moi resta la consolation qu’elle avait été consolée.




864 Adoration. Le premier dimanche du mois, pendant l’adoration, je me suis sentie si pressée d’agir que je me suis mise à pleurer. Et j’ai dit au Seigneur : « Jésus, ne me pressez pas, mais donnez l’inspiration à ceux qui, Vous le savez, retardent cette oeuvre. » Et j’ai entendu ces mots : « Ma fille sois tranquille, ce ne sera plus long ! »




865 Pendant les vêpres, j’ai entendu ces paroles : « Ma fille, Je désire Me reposer en ton coeur, car beaucoup d’âmes M’ont aujourd’hui rejeté de leur coeur. » J’en ai éprouvé une tristesse mortelle. J’ai taché de consoler le Seigneur, en Lui faisant mille fois l’offrande de mon amour. J’ai ressenti en mon âme une grande aversion pour le péché.




866 Mon coeur est constamment abreuvé d’amertume, car je désire aller chez Vous, Seigneur, dans la plénitude de la vie. Ô Jésus, comme cette vie me semble un terrible désert. Il n’y a de nourriture ni pour mon coeur, ni pour mon âme sur cette terre. Je souffre et me languis de Vous, Seigneur. Vous m’avez laissé, ô Seigneur, la Sainte Eucharistie. Mais elle attise davantage encore la nostalgie de mon âme envers Vous, Dieu éternel, mon Créateur. Jésus, je désire m’unir à Vous, daignez entendre les soupirs de Votre bien-aimée. Oh ! Comme je souffre de ne pouvoir encore m’unir à Vous ! Mais qu’il en soit selon Vos désirs !




867 5. I. 1937. Ce soir, j’ai vu un prêtre qui avait besoin de prières, pour une certaine affaire. J’ai prié ardemment, car cette affaire me tient aussi à coeur. Merci, Jésus pour cette bonté.




868 Ô Jésus miséricordieux, enveloppez le monde entier, et pressez-moi contre Votre Coeur !…. Permettez, Seigneur que mon âme repose dans l’océan de Votre insondable miséricorde !




869 6. I. 1937. Aujourd’hui, pendant la Sainte Messe, je me suis inconsciemment plongée dans l’infinie Majesté de Dieu. Toute l’immensité de l’amour divin, inondait mon âme, en ce moment précis. J’ai compris combien Dieu s’est abaissé pour moi – ce Seigneur au-dessus de tous les Seigneurs – et que suis-je moi, misérable pour que Vous ayez de telles relations avec moi ? La stupéfaction qui m’a saisie après cette grâce particulière se prolongea avec vivacité pendant toute la journée. Profitant de l’intimité à laquelle le Seigneur m’admet, je L’ai supplié pour le monde entier. Dans de tels moments, il me semble que le monde entier dépend de moi.




870 Mon Maître, disposez ainsi mon coeur : que je n’attende l’aide de personne, mais qu’au contraire je tâche toujours d’aider les autres, de les consoler et de les soulager en tout. J’ai le coeur toujours ouvert aux souffrances d’autrui. Je ne le ferme pas aux souffrances des autres. C’est pour cela que l’on m’appelle, avec une allusion malicieuse, la pelle à poussière. C'est-à-dire, que chacun jette sa douleur dans mon coeur. J’ai répondu, que chacun a sa place en mon coeur. Et moi, en compensation, j’ai ma place dans le Coeur de Jésus. Ces allusions au droit d’amour ne rétrécissent pas mon coeur. Mon âme est toujours sensible sur ce point, et Jésus seul est le mobile de mon amour du prochain.




871 7. I. 1937. Pendant l’Heure Sainte, le Seigneur me permit de goûter Sa Passion. J’ai partagé l’amertume dont était remplie Son âme durant la Passion. Jésus m’a fait comprendre combien l’âme doit être fidèle à l’oraison malgré les tourments, la sécheresse et les tentations. Car, pour la plupart, c’est d’une telle oraison que dépend la réalisation des desseins de Dieu qui sont parfois bien grands. Si nous ne persévérons pas dans cette oraison, nous déjouons que Dieu voulait accomplir par nous, ou en nous. Que chacun se rappelle ces paroles : « En proie à la détresse, Il priait de façon plus instante. » Je prolonge toujours semblable oraison autant qu’il est en mon pouvoir et en accord avec mes devoirs.




872 8. 1. 1937. Vendredi matin, lorsque j’allais à la chapelle pour la Sainte Messe, soudain j’ai aperçu sur le trottoir un grand buisson de genévrier dans lequel se trouvait un terrible chat qui me barrait le passage vers la chapelle, me regardant méchamment. Un soupir au Nom de Jésus dispersa tout. J’ai offert toute cette journée pour les pécheurs agonisants. Pendant la Sainte Messe j’ai ressenti d’une manière particulière la proximité du Seigneur. Après la Sainte Communion j’ai regardé le Seigneur avec confiance et je Lui dis : « Jésus, je désire tant Vous dire quelque chose. » Et le Seigneur me regarda avec amour et me dit : « Que désires-tu Me dire ? »- « Jésus, je Vous supplie par l’inconcevable puissance de Votre miséricorde, que toutes les âmes, qui agoniseront aujourd’hui échappent au feu de l’enfer, seraient-ce les âmes des plus grands pécheurs ? C’est aujourd’hui vendredi, commémoration de votre amère agonie sur la Croix et parce que Votre miséricorde est inconcevable, les Anges ne s’en étonneront pas. » Jésus me serra contre Son Coeur et dit : « Ma fille bien-aimée, tu as bien reconnu l’immensité de Ma miséricorde. Je ferai comme tu m’en as prié. Mais unis-toi constamment à Mon Coeur agonisant et donne satisfaction à Ma justice ! Sache que tu M’as priée pour une grande chose. Je vois que cela t’a été dicté par le pur amour que tu as pour Moi. C’est pourquoi Je vais satisfaire tes exigences. »




873 Marie, Vierge Immaculée, prenez-moi sous Votre protection particulière ! Gardez la pureté de mon âme, de mon coeur et de mon corps ! Vous êtes le modèle et l’étoile de ma vie.




874 J’ai éprouvé aujourd’hui une grande souffrance au moment de la visite de nos Soeurs. J’ai appris une chose, qui a profondément blessé mon coeur, cependant je me suis maîtrisée de telle façon que les Soeurs n’ont rien remarqué. Pendant un long moment la douleur déchira mon coeur. Mais tout cela c’est pour les pauvres pécheurs… Ô Jésus pour les pauvres pécheurs… Jésus, ma force, soyez près de moi, secourez-moi !…




875 10. I. 1937. J’ai prié aujourd’hui le Seigneur de m’accorder des forces pour que je puisse aller communier. « Mon Maître, je Vous prie de tout mon coeur languissant de me donner, si cela est conforme à Votre Sainte Volonté, toutes les souffrances et les faiblesses qu’Il Vous plaît. Je désire souffrir durant la journée et la nuit entière. Mais je Vous en supplie, fortifiez-moi au moment où je dois communier. Vous voyez bien, Jésus, qu’on n’apporte pas la Sainte Communion aux malades. Alors si Vous ne me fortifiez pas pour ce moment-là afin que je puisse descendre à la chapelle, comment puis-je Vous recevoir dans le mystère de l’Amour ? Et Vous savez combien mon coeur languit de Vous. Ô mon doux époux, à quoi bon tant de plaintes ? Vous savez que je vous désire ardemment. Si Vous le voulez, Vous pouvez faire cela pour moi. » Le lendemain matin je me suis sentie tout à fait bien portante : défaillances et faiblesses avaient disparues. Cependant quand je suis revenue de la chapelle, toutes ces souffrances et ces faiblesses me sont immédiatement revenues comme si elles m’attendaient. Mais je n’avais plus du tout peur d’elles, car je m’étais nourrie du Pain des Forts. Je regarde tout bravement droit dans les yeux, même la mort.




876 Ô Jésus caché dans l’hostie, mon doux Maître et fidèle Ami, mon âme est heureuse d’avoir un tel ami, qui me tient toujours compagnie ! Je ne me sens pas seule, bien que je sois dans l’isolement. Jésus Eucharistie, nous nous connaissons, cela me suffit.




877, 12. I. 1937. Aujourd’hui, lorsque le médecin est venu pour visiter les malades, je ne lui ai guère plu. J’étais naturellement plus souffrante et ma température était sensiblement plus élevée. Il va sans dire qu’il a décidé que je ne devais plus descendre pour la Sainte Communion jusqu’à ce que la température ait complètement baissé. J’ai répondu : « Bien, » quoique la douleur ait serré mon coeur. Mais j’ai dit que, si je n’avais pas de fièvre je descendrai. Il consent à cela.



Quand le médecin fut sorti, j’ai dit au Seigneur : « Jésus, maintenant cela dépend de Vous que j’y aille ou non. » Et je n’y ai plus pensé quoique à chaque instant l’idée me venait : « Je ne vais pas pouvoir recevoir Jésus – non, c’est impossible – et non seulement une fois, mais plusieurs fois, jusqu’à ce que la température baisse. » Mais le soir j’ai dit au Seigneur : « Jésus, si mes Saintes Communions Vous sont agréables, je Vous prie humblement de n’avoir pas un seul degré de température demain matin. » Le matin je prends ma température et pense en moi-même : Si j’ai, ne serais-ce qu’un seul degré, alors je ne me lèverai pas, car ce serait contraire à l’obéissance. » Cependant je retire le thermomètre et il n’y avait pas un seul degré de température. J’ai sauté tout de suite au bas de mon lit et je suis allée communier.



Lorsque le médecin est venu et que je lui ai dit que, n’ayant pas un seul degré de température, j’étais allée communier, il en fut étonné. Je l’ai prié de ne pas me faire de difficultés pour aller communier, car cela ne peut avoir une influence défavorable sur ma cure. Il a répondu : « Afin d’avoir la conscience tranquille, et en même temps afin de ne pas vous déranger, ma Soeur, arrangeons-nous de telle sorte qu s’il fait beau temps, s’il ne pleut pas, et que vous vous sentiez bien, alors vous pouvez aller communier. Mais en conscience soyez prudente ! Je me suis réjouie que le médecin ait tant d’égards pour moi. Voyez-Vous, Jésus, ce que je devais faire, je l’ai déjà fait. Maintenant je compte sur Vous et je suis toute à fait tranquille.




878 J’ai vu aujourd’hui le Père Andrasz célébrer la Sainte Messe. Avant l’Elévation, j’ai aperçu le Petit Jésus qui, les petites mains tendues, était très joyeux. Puis, un moment après je ne vis plus rien. J’étais dans ma chambre séparée, continuant à faire mon action de grâces.. Cependant plus tard, j’ai pensé en moi-même : pourquoi l’Enfant Jésus était-Il si gai ? Car Il n’est pas toujours aussi gai, à ce que je vois. Soudain, j’entendis ces mots en mon âme : « Car Je me sens bien dans son coeur. » Et cela ne m’a pas du tout étonnée, car je sais que le Père aime beaucoup Jésus.




879 Mon union avec les agonisants continue d’être très étroite. Oh ! Que la miséricorde divine est inconcevable ! Dieu me permet par mon indigne prière, de venir en aide aux agonisants ! J’essaye, autant qu’il m’est possible, de me trouver auprès de chaque agonisant. Ayez confiance en Dieu car Il est bon et inconcevable. Sa miséricorde dépasse notre compréhension.




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14. I. 1937.


Faustine journal 804