Faustine journal 94

94 Ô mon Seigneur, enflammez mon coeur d’amour pour Vous, pour que mon esprit ne se lasse pas parmi les orages, les souffrances et les épreuves ! Vous voyez comme je suis faible. L’amour peut tout.




95 La connaissance plus profonde de Dieu peut effrayer l’âme. Au commencement, Dieu se révèle comme Sainteté, Justice, Bonté, c’est-à-dire Miséricorde. L’âme ne connaît pas tout à la fois, mais par étapes ou lueurs successives, qui la rapprochent, chaque fois de Dieu. Ces lueurs sont de courte durée, car l’âme ne pourrait supporter l’intensité de cette lumière. C’est pendant l’oraison que l’âme reçoit les éclairs de cette lumière, qui rendent impossible son ancienne manière de faire oraison. L’âme peut faire les efforts qu’elle voudra pour revenir à l’ancienne oraison, ce sera en vain ; il lui devient complètement impossible de continuer à prier de la même façon qu’avant d’avoir reçu cette lumière. La lumière qui a touché l’âme brille en elle, sans que rien puisse l’étouffer, ni l’obscurcir. Cette lueur de la connaissance de Dieu attire l’âme et allume son amour pour Lui. Mais cette vive clarté révèle en même temps à l’âme son état particulier ; elle se voit intérieurement toute entière dans la lumière d’en haut, et elle se lève effrayée et alarmée. Mais elle ne reste pas sous l’effet de cette frayeur et commence à se purifier, à s’humilier et à s’abaisser devant le Seigneur. Et ces lumières deviennent plus fortes et plus fréquentes. Plus l’âme s’épure et plus ces lumières sont pénétrantes. Dieu comble de Ses consolations et Se donne de manière sensible à l’âme qui répond fidèlement et courageusement à ces premières grâces. Elle entre par instants dans une sorte d’intimité avec Dieu et en éprouve une grande joie. Elle croit déjà avoir atteint le degré de perfection qui lui était destiné; ses imperfections et ses défauts sommeillent toujours en elle, mais elle croit les avoir perdus. Rien ne lui semble difficile, elle est prête à tout. Elle commence à se plonger en Dieu et à en goûter les délices. Portée par la grâce, elle ne se rend pas du tout compte que le temps de l’épreuve peut venir. Et en effet, cet état ne dure pas longtemps. Voici venir des moments d’une autre nature. Mais je dois souligner que l’âme répond plus fidèlement à la grâce divine, si elle a un confesseur éclairé à qui elle confie tout.




96

Les épreuves de Dieu dans une âme particulièrement aimée de Lui. Tentations et ténèbres, Satan.

L’amour de Dieu, en cette âme, n’est pas encore tel que Dieu l’exige. Elle perd tout à coup le sentiment de la présence de Dieu, toutes sortes de fautes et de défauts, qu’elle doit combattre avec acharnement, se lèvent en elle. Toutes ses propres imperfections réapparaissent, mais sa vigilance est grande. Au lieu de sentir la présence de Dieu, elle connaît la sécheresse spirituelle. Elle ne se sent plus aucun goût pour les exercices spirituels. Elle ne peut plus prier, ni comme autrefois, ni comme elle priait désormais. Elle s’élance de tous cotés et ne trouve nulle part de satisfaction.

Dieu s’est caché d’elle et elle ne trouvera de consolation en rien ni en personne. L’âme désire passionnément Dieu, mais elle voit sa propre misère et commence à ressentir la justice divine. Elle croit avoir perdu tous les dons de Dieu, sa raison en est comme affaiblie. Les ténèbres l’envahissent toute entière. C’est le commencement de tourments inconcevables. Elle tente d’exposer son état intérieur à son confesseur qui ne la comprend pas. Son trouble augmente encore. Satan commence son oeuvre.




97 La foi de l’âme commence à chanceler, c’est une lutte acharnée. L’âme fait des efforts ; par un acte de volonté, elle reste auprès de Dieu.

Satan, avec la permission de Dieu, avance encore plus loin : l’espérance et l’amour sont mis à l’épreuve. Ces tentations sont terribles. Secrètement, sans qu’elle le sache, Dieu soutient l’âme ; autrement il lui serait impossible de se maintenir, et Dieu sait combien il peut permettre à l’âme de souffrir. L’âme est tentée par l’infidélité envers les vérités révélées, par le manque de franchise envers son confesseur. Satan lui dit : « Vois, personne ne te comprend, à quoi bon parler de tout cela ? »

Des paroles effrayantes sonnent à ses oreilles, et il lui semble qu’elle les prononce contre Dieu. Elle voit ce qu’elle ne voudrait ne pas voir. Elle entend ce qu’elle voudrait ne pas entendre ; et il est terrible en de tels moments, de ne pas avoir de confesseur expérimenté.

Elle porte seule tout le fardeau ; cependant, autant qu’il est en son pouvoir, elle doit s’efforcer de trouver un confesseur éclairé, car elle risque de succomber sous le poids, ce qui la mènerait au bord du précipice.

Toutes ces épreuves sont dures et pénibles ; et Dieu ne les envoie pas à une âme qui n’aurait pas d’abord été admise à une profonde intimité avec Lui, et qui n’aurait pas goûté aux délices divins. Il a aussi, dans tout cela, Ses desseins, qui nous sont impénétrables. Souvent, Dieu prépare de cette manière les âmes à de futurs desseins et à de grandes oeuvres. Il veut les éprouver comme l’or pur, mais ce n’est pas encore la fin.

Il reste l’épreuve suprême : le complet délaissement de l’âme par Dieu.




98

L’épreuve suprême, le délaissement complet. Le désespoir.

L’âme sort victorieuse des batailles précédentes, même si elle a trébuché, elle se bat vaillamment ; elle appelle Dieu en toute humilité : « Sauvez-moi, je péris ! » Elle est encore capable de combattre.

Maintenant de terribles ténèbres enveloppent l’âme. Elle ne voit en elle que péché. Elle souffle cruellement. Elle se voit complètement abandonnée de Dieu, elle a le sentiment d’être pour Lui un objet de haine ; elle est au bord du désespoir. Elle se défend de son mieux, elle tâche d’éveiller la confiance. Mais l’oraison n’est pour elle qu’une plus grande peine ; il lui semble qu’elle attise la colère de Dieu. Elle se tient sur un sommet qui se perd dans les nuées, mais qui surplombe un gouffre.

L’âme brûle du désir d’être près de Dieu, mais elle se sent repoussée. Tous les supplices du monde ne sont rien, comparés au sentiment dont elle est la proie : l’abandon de Dieu.



Personne ne peut la soulager. Elle voit qu’elle est toute seule, qu’elle n’a personne pour la défendre. Elle lève les yeux au ciel, mais elle sait qu’elle n’a rien à en attendre ; pour elle, tout est perdu. Elle tombe dans des ténèbres de plus en plus épaisses ; Il lui semble qu’elle a perdu Dieu pour toujours, ce Dieu qu’elle a tant aimé. Cette pensée lui cause un tourment indescriptible. Mais elle n’y consent pas. Elle tente de regarder vers le ciel, en vain : et cela redouble son tourment.

Personne n’éclairera cette âme si Dieu veut la maintenir dans les ténèbres. Elle a le sentiment aigu et terrifiant d’être rejetée de Dieu. Des élans douloureux jaillissent de son coeur si douloureux, qu’aucun prêtre ne les comprendra, à moins qu’il ne soit lui-même passé par ces épreuves. Et en tout cela, Satan ajoute encore aux souffrances de l’âme par ses moqueries : « Tu vois bien ! Resteras-tu encore fidèle ? Voilà ton sort, tu es en notre pouvoir ! » Mais Satan n’a pas plus d’influence sur cette âme que Dieu ne le permet, et Dieu sait combien nous pouvons supporter. –« A quoi cela t’a-t-il servi de te mortifier ? D’être fidèle à la règle ? A quoi bon tous ces efforts ? Tu es rejetée de Dieu ! » dit Satan.

-Ce mot « rejetée » devient un feu qui brûle chaque nerf ; il transperce tout l’être jusqu’à la moelle des os. Le moment le plus important de cette épreuve arrive. L’âme ne cherche plus d’aide nulle part : elle se plonge en elle-même, perd tout le reste de vue. C’est comme si elle acceptait ce supplice du délaissement. C’est un moment que je ne saurais décrire. C’est l’agonie de l’âme




99 La première fois que j’eus à vivre un tel moment, j’en fus arrachée en vertu de la Sainte Obéissance. La Mère Maîtresse, effrayée à ma vue, m’envoya me confesser ; mais le confesseur ne me comprit pas, je ne sentis pas l’ombre d’un soulagement. Ô Jésus, donnez-nous des prêtres expérimentés ! Quand je lui dis que mon âme traversait les tourments de l’enfer, il me répondit qu’il était tranquille quant à l’état de mon âme, car il y voyait une grande grâce de Dieu. Mais je ne comprenais rien à tout cela, et pas un rayon de lumière ne pénétra dans mon âme.




100 Puis les forces physiques commencèrent à me manquer ; je n’étais plus en état de remplir mes devoirs. Je ne pouvais plus dissimuler mes souffrances, bien que n’en disant rien à personne, car la douleur que reflétait mon visage, me trahissait. La Supérieure me dit que les Soeurs venaient lui dire qu’elles étaient prises de pitié lorsqu’elles me voyaient à la chapelle, tant ma mine était effrayante. Malgré ses efforts, l’âme n’est plus en état de dissimuler cette souffrance.


101 Jésus, vous seul savez comment l’âme, enveloppée de ténèbres, gémit dans ces supplices et que, malgré cela, elle a faim et soif de Dieu comme une bouche brûlée a soif d’eau. Elle meurt et se dessèche, elle meurt d’une mort sans mort, c'est-à-dire qu’elle ne peut pas mourir. Ses efforts sont inutiles, une main puissante est posée sur elle.



Désormais elle est au pouvoir du Juste. Toutes les tentations extérieures cessent, tout ce

Qui l’entoure se tait. Comme l’agonisant, l’âme perd de vue tout ce qui est extérieur :

Elle est toute entière recueillie sous la puissance du Dieu Juste et Trois fois Saint.

« Rejetée pour l’éternité » : c’est le moment suprême, et Dieu seul peut éprouver l’âme de cette façon, car lui seul sait qu’elle est capable de le supporter. Quand l’âme a été entièrement consumée par ce feu infernal, elle est prise de désespoir.



Mon âme a vécu ce moment, alors que j’étais seule dans ma cellule. Quand elle commença à s’enfoncer dans le désespoir, j’entrais en agonie ; je saisis ma petite croix et la serrait convulsivement dans la main. Je sentis qu’en moi, le corps se détachait de l’âme, si bien que, désirant aller voir mes Supérieures, je n’en avais plus la force. J’ai alors prononcé les derniers mots : « Miséricorde de Dieu, j’ai confiance en vous ! » et il m’a semblé que j’avais augmenté la colère de Dieu.



Je sombrais dans le désespoir et seul, de temps en temps, un gémissement douloureux, un gémissement inexprimable s’exhalait de mon âme, à l’agonie. Il me semblait que je resterais dans cet état, car je me sentais incapable d’en sortir par mes propres forces. Chaque souvenir de Dieu me plonge dans un océan d’indicibles souffrances ; et malgré cela, il y a quelque chose dans l’âme qui est attiré vers Lui, mais il lui semble que ce n’est que pour qu’elle souffre davantage. Le souvenir de l’amour dont Dieu l’entourait autrefois lui est un surcroît de tourment. Son regard la transperce, et sous ce regard, tout est brûlé dans l’âme.




102 Après un certain temps, une des Soeurs entra dans la cellule et me trouva presque morte. Effrayée, elle alla trouver la Mère Maîtresse, qui, en vertu de l’obéissance, m’ordonna de me lever. Aussitôt, je sentis des forces me revenir et je me relevai de terre, toute tremblante. La Maîtresse identifia d’emblée mon état, elle me parla de l’inconcevable miséricorde divine : « Ne vous affligez de rien, ma soeur, je vous l’ordonne en vertu de l’obéissance. » Elle ajouta : « Maintenant je sais que Dieu vous appelle à une haute sainteté, le Seigneur veut vous avoir bien près de Lui, puisque Il permet de telles choses si tôt. Soyez fidèle à Dieu, ma Soeur, car c’est le signe qu’Il veut vous avoir haut dans le ciel. » Mais je ne comprenais rien à ces paroles.



Quand je suis entrée à la chapelle, je sentis comme si tout se détachait de mon âme, comme si je venais de sortir de la Main de Dieu. Je sentis l’inviolabilité de mon âme. Je sentis que j »étais un tout petit enfant.




103 Soudain je vis intérieurement le Seigneur qui me dit : « N’aie pas peur, ma fille, Je suis avec toi. » A ce moment tous les tourments et les ténèbres prirent fin, mes sens furent pénétrés d’une joie indicible et les puissances de mon âme inondées de lumière.




104 Je veux encore mentionner que, bien que mon âme fût déjà sous les rayons de Son amour, les traces du tourment passé restèrent sur mon corps : pendant deux jours j’eus la figure mortellement pâle et les yeux injectés de sang. Jésus seul sait ce que j’ai souffert.



Ce que j’ai écrit est bien faible en comparaison de la réalité. Je ne sais comment l’exprimer, il me semble que je suis revenue de l’au-delà. Je sens un dégoût pour ce qui est crée. Je me blottis contre le Coeur de Dieu comme un nourrisson contre la poitrine de sa mère. Je vois tout avec un autre regard. Je suis consciente de ce que le Seigneur a achevé, d’un mot, en mon âme : je vis de cela. Au souvenir du supplice passé, un frisson me saisit. Je n’aurais pas cru qu’on pût tant souffrir si je n’étais pas moi-même passée par là. C’est une souffrance purement spirituelle.




105 Cependant au milieu de toutes ces souffrances et ces combats, je n’ai jamais omis la Sainte Communion. Quand il me semblait que je ne devais pas communier, j’allais avant la Messe chez la Maîtresse pour lui dire que je ne pouvais communier, car il me semblait que je ne le devais pas. Mais elle ne me permettait pas d’y manquer et je reconnais que l’obéissance seule m’a sauvée.

La Maîtresse me confia plus tard que ces épreuves avaient rapidement pris fin, parce que: « Vous étiez obéissante, ma Soeur. C’est par la force de l’obéissance que vous avez passé ceci, avec tant de courage. » C’est vrai, que, Seul le Seigneur fait sortir de ce tourment. Mais la fidélité à l’obéissance Lui plaît.


106 Bien que ce soit là des supplices affreux, l’âme ne doit pas s’en effrayer ; car Dieu n’éprouve pas au-delà de ce que nous pouvons supporter. D’un autre côté, Il pourrait ne jamais nous donner de telles souffrances.

J’écris ceci, car s’il plait au Seigneur de faire passer une âme par de pareils tourments, qu’elle n’ait pas peur ; mais qu’elle soit, autant que cela dépend d’elle, fidèle à Dieu qui ne lui fera pas de tort. Car il est tout amour. Il l’a créée en vertu de cet amour inconcevable. Quand j’étais ainsi tourmentée, je ne comprenais pas.

107 O mon Dieu, je reconnais que je ne suis pas de cette terre :le Seigneur a fortement imprégné mon âme de ce sentiment. Je me trouve davantage en contact avec le Ciel qu’avec la terre, mais je ne néglige rien de mes devoirs.

108 A ce moment-là, je n’avais pas de directeur spirituel et je ne recevais aucune direction. Je demandai un directeur au Seigneur, mais il ne m’en donnait pas. C’est Jésus, Lui-même, qui est mon maître depuis l’enfance jusqu'à maintenant. Il m’a menée à travers tous les déserts et tous les dangers ; et je vois clairement que seul Dieu pouvait me faire traverser de tels dangers, sans qu’il n’en résultat aucun dégât, ni aucun dommage pour mon âme qui resta intacte. Je remportais la victoire sur toutes les difficultés, qui étaient inconcevables, et j’en sortais… Le Seigneur ne me donna un directeur que plus tard.




109 Après ces souffrances, l’âme connaît une grande pureté spirituelle et se trouve très proche de Dieu ; je dois cependant remarquer qu’au milieu de ces tourments spirituels,, elle est proche de Dieu, mais elle est aveugle. Le regard de l’âme est plongé dans les ténèbres ; Dieu est tout proche de l’âme qui souffre, seulement tout le secret est qu’elle n’en sait rien. Elle affirme que non seulement Dieu l’a délaissée, mais qu’elle l’objet de Sa haine. Quelle grave maladie que cet aveuglement de l’âme ! Frappée de la lumière divine, l’âme affirme que cette lumière n’existe pas, alors que justement elle est si forte qu’elle l’aveugle. Malgré tout, j’ai reconnu plus tard que Dieu est plus proche de l’âme dans ces moments qu’à d’autres, car elle ne pourrait pas endurer ces épreuves à l’aide d’une simple grâce. La toute –puissance de Dieu agit ici à l’aide d’une grâce extraordinaire, car autrement l’âme succomberait au premier choc.




110 O Divin Maître, Vous seul êtes à l’oeuvre dans mon âme. O Seigneur, Vous ne craignez pas de placer une âme au bord d’un précipice où elle ressent peur et angoisse, et de nouveau vous la rappelez vers Vous. Voilà Vos inconcevables mystères.




111 Lorsque pendant ces tourments de l’âme, je tâchais de m’accuser dans la confession de toutes les plus petites choses, le prêtre s’étonnait que je ne commette pas de faute plus grave et il me dit « Si vous êtes aussi fidèle à Dieu pendant ces tourments, ceci, seul, est la preuve que Dieu vous soutient, ma Soeur, d’une grâce particulière ; et c’est aussi bien que vous ne le compreniez pas. » Mais c’est chose étonnante que dans cette matière, les confesseurs n’aies pu me comprendre, ni m’apaiser, jusqu’à ce que je rencontre le père Andrasz Sopocko.




112 Quelques mots sur la confession et les confesseurs. C’est seulement le souvenir de ce que j’ai éprouvé dans mon âme. Il y a trois choses qui empêchent l’âme de tirer profit de la confession dans ces moments exceptionnels :

a) Quand le confesseur connaît peu les voies extraordinaires et qu’il manifeste de l’étonnement lorsque l’âme lui dévoile les grands mystères que Dieu opère en elle. Cet étonnement effraye une âme sensible. Elle se rend compte que le confesseur hésite à donner son avis, elle ne s’apaise pas. Et elle éprouvera encore plus de doutes après la confession qu’avant, car elle sent que le confesseur s’efforce de la tranquilliser sans conviction.



Ou bien, ce qui m’arriva, le confesseur, ne pouvant pénétrer quelques uns des secrets de l’âme, refuse d’entendre sa confession et manifeste une certaine peur quand cette personne s’approche du confessionnal. Comment peut-on, dans ces conditions, puiser de l’apaisement au confessionnal ?



A mon avis dans ces moments d’épreuves divines peu ordinaires pour l’âme, il devrait lui indiquer un confesseur expérimenté et instruit, ou bien chercher lui-même la lumière pour donner à l’âme ce dont elle a besoin, mais non pas lui refuser la confession. Car en agissant ainsi, il expose le pénitent à u grand danger et plus d’une âme peut s’écarter de la voie où Dieu voulait la voir s’engager. C’est une chose très grave, je l’ai moi-même expérimentée. Je commençais déjà à vaciller malgré les dons tout particuliers de Dieu ; et bien que Dieu, Seul, m’apaisât, j’ai toujours désiré y ajouter le sceau de l’Eglise.



b) Quand le confesseur ne permet pas de s’exprimer en toute sincérité et qu’il montre son impatience. Alors l’âme se tait et ne dit pas tout. Et elle retirera moins encore si le confesseur commence à éprouver cette âme, sans la connaître ; car alors au lieu de l’aider, il lui fait du tort. Car elle sait que le confesseur ne la connaît pas, puisqu’il ne lui à pas permis de dévoiler complètement ses grâces et sa misère. L’épreuve n’est donc pas conforme. J’ai subi quelques épreuves qui m’ont fait rire.



J’exprimerai mieux ceci par une comparaison : le confesseur est le médecin de l’âme. Mais comment le médecin peut-il donner le remède qui convient s’il ne connaît pas la maladie ? Ou bien, le remède ne produit pas l’effet désirable, ou bien le remède sera trop fort et augmentera encore la maladie, ou provoquera même, parfois, la mort. Je dis cela, car j’ai éprouvé qu’en certain cas, le Seigneur, Seul, me soutenait directement.



c) Le troisième cas. Il arrive aussi que le confesseur méprise parfois les petites choses. Or, il n’y a rien de petit dans la vie spirituelle. Parfois un détail, en apparence insignifiant, permettra de découvrir une chose plus grave, et sera pour le confesseur le faisceau lumineux qui lui permettra de connaître l’âme. Les choses infimes recèlent beaucoup de nuances spirituelles. Si nous rejetons les petites briques, le magnifique édifice ne s’élèvera jamais. Si Dieu exige de telle âme une grande pureté,il lui donnera une connaissance plus profonde de sa misère. Et éclairée par la lumière d’en haut, elle découvrira mieux ce qui plait à Dieu et ce qui lui déplait. Le péché est selon la connaissance et la lumière de l’âme, le même mal que les imperfections, bien qu’elle sache que le péché est strictement la matière du sacrement.



Mais pour l’âme qui tend à la sainteté, ces petites choses sont d’une grande importance, et le confesseur ne peut les mépriser. La patience et la douceur du confesseur ouvrent la voie aux plus profonds secrets de l’âme. Elle dévoile à son insu, ce qui est au plus profond d’elle-même, et elle se sent plus forte et plus résistante. Elle combat plus courageusement, elle tâche de mieux faire, car elle sait qu’elle doit en rendre compte.

Je mentionnerai encore une chose, à propos du confesseur. Il doit mettre l’âme à l’épreuve, la sonder, l’exercer pour savoir s’il a affaire à de la paille, à de fer ou à de l’or pur. Ces trois catégories d’âmes ont besoin d’exercices différents. Il doit – et ceci absolument – se former un jugement clair sur chacune d’elles pour savoir ce qu’elles peuvent supporter dans de tels moments, telles circonstances, tel cas. Quant à moi, plus tard, après beaucoup d’épreuves, lorsque je voyais que je n’étais pas comprise, je ne dévoilais plus mon âme et je ne troublais plus sa paix. Mais je ne le fis qu’à partir du moment où toutes ces grâces étaient soumises au jugement d’un confesseur sage, instruit et expérimenté. Maintenant je sais comment je dois me conduire dans certains cas.




113 Et à nouveau je voudrais ajouter quelques mots pour les âmes qui désirent tendre à la sainteté et porter du fruit grâce à la confession.

Premièrement : entière sincérité, franchise absolue. Le plus saint et le plus sage des confesseurs ne peut faire violence à l’âme pour y infuser de force ce qu’il veut pour elle, si celle-ci n’est ni sincère ni franche. L’âme qui n’est pas sincère et qui dissimule, s’expose à de grands dangers dans sa vie spirituelle. Et Jésus, Lui-même ne se donnera pas d’une manière plus profonde à cette âme, car Il sait qu’elle ne profitera pas de ces grâces particulières.

Deuxièmement : humilité. L’âme ne profite pas comme il faut du sacrement de la confession, si elle n’est pas humble. L’orgueil la tient dans l’obscurité. Elle ne sait pas et ne veut pas rentrer avec précision au fond de sa misère. Elle se masque et évite tout ce qui pourrait la guérir.

Troisièmement : obéissance. L’âme désobéissante ne remportera aucune victoire, même si Jésus Lui-même la confesserait directement. Le plus expérimenté des confesseurs n’aidera en rien cette âme. L’âme désobéissante s’expose à de grands dangers. Elle ne progressera pas dans la perfection. Dieu comble très généreusement l’âme de Ses grâces, mais seulement l’âme obéissante.




114 Oh ! Qu’ils sont beaux les hymnes que chante une âme souffrante. Elle enchante le ciel entier quand elle se répand en en lancinantes élégies, surtout quand Dieu l’éprouve. Sa beauté est grande, car elle vient de Dieu. Cette âme passe par le désert de la vie, blessée par l’amour divin. Elle ne touche pas terre, elle l’effleure.




115 Quand l’âme est sortie de ces tourments, elle est profondément humble. Sa pureté est grande. Sans réfléchir, elle sent mieux ce qu’elle doit faire à tel moment et ce à quoi elle doit renoncer. Elle ressent la plus légère touche de la grâce et elle est très fidèle à Dieu. Elle reconnaît Dieu de loin et se réjouit continuellement en Lui. Elle découvre très rapidement Sa Présence dans les âmes des autres, et en général dans son entourage. Elle est purifiée par Dieu seul. Dieu étant pur esprit, introduit l’âme dans une vie purement spirituelle. Dieu, Seul, l’a tout d’abord préparée et purifiée, c’est-à-dire, qu’Il l’a rendue capable d’une étroite intimité avec Lui. Reposant dans l’amour, d’une manière toute spirituelle, elle demeure avec le Seigneur. Elle parle à Dieu, sans s’exprimer avec les sens. Dieu remplit l’âme de Sa lumière. Son intelligence voit clairement et distingue les degrés de la vie spirituelle. Elle voit qu’elle était unie à Dieu de façon imparfaite : ses sens prenaient part à cette union, et le spirituel se trouvait mêlé au sensoriel d’une manière déjà supérieure et particulière, il est vrai, mais encore imparfaite. Il existe une union à Dieu plus haute et plus parfaite : c’est l’union spirituelle. L’âme y est davantage à l’abri des illusions. Sa spiritualité est plus profonde et plus pure. Dans la vie,où les sens jouent un rôle, on est plus exposé aux illusions. La prudence de l’âme elle-même, et des confesseurs, devrait être plus grande. Il y a des moments où Dieu introduit l’âme dans un état purement spirituel. Les sens s’éteignent et sont quasi morts. L’âme est unie à Dieu de la façon la plus étroite : elle est plongée dans la Divinité. Sa connaissance est complète et parfaite, non plus sporadique – comme auparavant, mais totale et entière. Elle en éprouve de la joie.



Mais je veux encore parler des moments d’épreuves : il faut alors que les confesseurs soient patients envers l’âme. Mais l’âme doit aussi avoir la plus grande patience avec elle-même.




116 Mon Jésus, vous savez ce que ressent mon âme au souvenir de ces souffrances. Plus d’une fois je m’étonnais que les anges et les Saints puissent se taire devant de telles souffrances de l’âme. Mais ils nous aiment particulièrement dans ces moments là. A maintes reprises, mon âme a crié vers Dieu, comme un petit enfant, quand sa mère se voile le visage et qu’il ne peut la reconnaître ; il crie alors de toutes ses forces. O mon Jésus, honneur et gloire Vous soient rendus pour ces épreuves d’amour. Votre miséricorde est grande et inconcevable. Toutes vos intentions envers mon âme sont imprégnées de votre miséricorde.




117 Je noterai ici que l’entourage ne devrait pas ajouter aux souffrances extérieures, car vraiment, lorsque le calice de l’âme est plein jusqu’au bord, c’est parfois justement cette petite goutte que nous ajoutons qui sera de trop, et la coupe d’amertume débordera. Et qui en sera responsable ?

Prenons garde de ne pas ajouter aux souffrances des autres, car cela ne plait pas au Seigneur. Si les Soeurs ou les Supérieures savaient ou soupçonnaient seulement qu’une âme est soumise à de telles épreuves, et lui ajoutaient des souffrances supplémentaires, elles pécheraient gravement et Dieu Lui-même revendiquerait Ses droits. Je ne parle pas des cas qui de par leur nature sont péché ; je parle de ce qui ne l’est pas d’habitude. Gardons-nous d’avoir de telles âmes sur la conscience. C’est grande faute dans la vie religieuse, d’ajouter des souffrances à une âme souffrante. Je ne parle pas pour tous, mais cela arrive. Ne nous permettons pas d’émettre des jugements de toutes sortes et de parler quand il vaudrait mieux se taire.




118 La langue n’est qu’un petit membre, mais elle fait de grandes choses. Une religieuse, qui n’est pas silencieuse n’arrivera jamais à la sainteté, c’est-à-dire qu’elle ne deviendra jamais sainte. Qu’elle ne s’illusionne pas. A moins que ce soit l’Esprit Divin qui parle par sa bouche ; il lui est alors défendu de se taire. Cependant pour entendre la voix divine, il faut garder le silence intérieur, et être silencieuse, non d’un silence morne, mais d’un silence de l’âme qui est recueillement en Dieu. On peut beaucoup parler sans rompre le silence, et par contre, parler peu et toujours rompre le silence.

Oh ! Quel dommage irréparable cause le manque de silence ! On fait beaucoup de tort au prochain, mais plus encore à soi-même. A mon avis, et d’après mon expérience la règle concernant le silence devrait figurer à la première place. Dieu ne se donne pas à une âme bavarde qui bourdonne comme un faux-bourdon dans la ruche, mais n fait pas de miel : l’âme bavarde est vide à l’intérieur. Il n’y a en elle ni vertu fondamentale, ni intimité avec Dieu. Il n’est pas question pour elle, d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure le Seigneur. Celui qui n’a jamais goûté à la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet qui trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui étaient dans les gouffres de l’enfer pour n’avoir pas su garder le silence. Elles me l’ont dit elle mêmes, lorsque je les questionnais pour savoir ce qui avait causé leur perte. C’était des âmes religieuses. Mon Dieu, quelle douleur de penser qu’elles pourraient non seulement être au Ciel, mais même être Saintes.




119 O Jésus-Miséricorde, je tremble à la pensée de devoir rendre compte de ma langue. Elle peut engendrer la vie, mais aussi causer la mort et nous tuons plus d’une fois avec notre langue. Nous commettons de véritables meurtres. Et cela aussi nous devrions le considérer comme choses de peu d’importance ? Vraiment je ne comprends pas ceux qui ont la conscience ainsi faite. J’ai connu une personne, qui ayant appris d’une autre qu’on avait dit telle et telle chose sur son compte,…tomba gravement malade. Elle perdit beaucoup de sang, versa beaucoup de larmes et ainsi jusqu’au dénouement fatal… qui fut ainsi l’effet, non du glaive, mais de la langue.

O mon Jésus silencieux, miséricorde pour nous !




120 Je me surprends à parler du silence et ce n’est pas de cela que je voulais parler, mais de la vie de l’âme avec Dieu et comment elle répond à la grâce. Quand l’âme est purifiée, que le Seigneur à établi avec elle une relation d’intimité, elle commence à tendre vers Dieu de toute sa force. Mais elle ne peut rien par elle-même. Dieu seul fait tout, l’âme le sait et elle en a conscience. Elle vit encore en exil et elle sait bien qu’il peut y avoir encore des jours gris et pluvieux ; mais elle le voit d’une autre manière. Loin de s’endormir dans une fausse paix, elle tend au combat. Elle sait qu’elle appartient à une génération chevaleresque. Elle se rend mieux compte de tout maintenant. Elle sait qu’elle est de race royale et que tout ce qui est grand et saint la concerne.




121 De nombreuses grâces que Dieu accorde à l’âme après cette épreuve du feu, lui permettent de jouir d’une étroite union avec Dieu. Elle a un grand nombre de visions sensibles et spirituelles. Elle entend un grand nombre de paroles surnaturelles et plus d’une fois des ordres précis ; mais malgré ces grâces, elle ne se suffit pas à elle-même. D’autant que, comme Dieu la visite de Ses grâces, elle s’expose à toutes sortes de dangers et peut facilement tomber dans l’illusion. Elle devrait prier pour avoir un guide spirituel ; car il faut s’efforcer d’en trouver un qui s’y connaisse, tel un chef dont le devoir est de connaître les chemins par lesquels il doit mener ses troupes au combat. Il faut préparer l’âme unie à Dieu à soutenir de grandes batailles, des combats acharnés.

Après ces purifications et ces épreuves, Dieu demeure dans l’âme d’une façon singulière ; mais l’âme ne collabore pas toujours avec ces grâces. Non qu’elle se refuse d’elle-même oeuvrer, mais elle rencontre de si grandes difficultés extérieures et intérieures que vraiment il faut un miracle pour qu’elle se maintienne sur ces hauteurs. Ici, elle a absolument besoin d’un directeur averti.


Souvent, on emplissait mon âme de doute, quand ce n’était pas moi qui m’alarmais moi-même, en me disant qu’après tout, je n’étais qu’une ignorante, qui connaissait si peu, et en particulier aux choses spirituelles. Cependant, quand les doutes augmentaient, j’allais chercher de la lumière auprès de mon confesseur ou des Supérieures. Mais je n’obtenais pas ce que j’aurais désiré.




122 Quand j’ai dévoilé mon âme aux Supérieures, l’une d’elles reconnut mon âme et la voie où Dieu voulait me conduire. En mettant en pratique ses indications, j’ai commencé à progresser sur la voie de la perfection. Mais cela n’a pas duré longtemps. Quand je lui ai dévoilé mon âme plus à fond, je n’ai pas reçu ce que je désirais. Ces grâces semblaient invraisemblables à la Supérieure, je ne pouvais donc plus trouver aucune aide auprès d’elle. Elle me disait qu’il était impossible que Dieu ait de tels rapports avec une créature. « J’ai peur pour vous, ma Soeur, n’est-ce pas une illusion ? Consultez un prêtre. » Mais le confesseur, lui non plus ne m’a pas comprise, il me dit : « Il vaudrait mieux, ma Soeur, parler de ces choses avec vos Supérieures. » Et je passais ainsi des Supérieures au confesseur et du confesseur aux Supérieures, sans trouver aucun apaisement.

Les grâces divines devinrent, pour moi, de grandes souffrances. Plus d’une fois il m’arriva de dire carrément au Seigneur : « Jésus, j’ai peur de Vous. N’êtes-Vous pas quelque fantôme ?» Il me tranquillisait toujours mais je restais incrédule. Chose étonnante : plus j’étais, plus Jésus me donnait de preuves qu’il était l’auteur de ces choses.




123 Quand je me rendis compte que je ne recevais aucun apaisement de la part des Supérieures, je pris la résolution de ne plus leur parler de ces choses purement intérieures. A l’extérieur je tâchais, comme doit le faire une bonne religieuse, de tout dire aux Supérieures ; mais je ne parlais qu’au confessionnal des besoins de mon âme. Je reconnus pour maintes raisons très justes, que la femme n’avait pas été appelée à discerner de tels mystères. Je m’étais exposée à beaucoup de souffrances inutiles.

Pendant longtemps, je fus considérée comme une possédée du démon et on me regardait avec pitié. La Supérieure pris certaines précautions à mon égard. Il m’arrivait d’entendre que les Soeurs aussi me considéraient comme telle. Et l’horizon s’assombrit autour de moi. Je tentais d’éviter ces grâces divines, mais ce n’était pas en mon pouvoir. Soudain, un tel recueillement s’empara de moi que, contre ma volonté, je me plongeai en Dieu et le Seigneur me garda auprès de Lui.




124 Mon âme toujours un peu alarmée au début, connut ensuite une paix ineffable et une force envahissante.




125 Tout était encore à supporter car, lorsque le Seigneur exigea que je peigne ce tableau, on se mit à parler de moi et à me regarder vraiment comme une hystérique, une illuminée, et on commença à en parler un peu ouvertement. Une Soeur vint me parler coeur à coeur. Elle commença à s’apitoyer sur moi : « J’entends dire de vous, ma Soeur, que vous êtes illuminée, que vous avez des visions. Ma pauvre Soeur, défendez-vous de cela. » Elle était sincère et me rapportait fidèlement qu’elle avait entendu. Mais c’est chaque jour que je devais écouter de semblables choses : Dieu seul sait combien cela me fatiguait.


126 Je résolus, malgré tout, de tout supporter en silence et de ne pas m’expliquer quand on me questionnait. Les uns étaient irrités de mon silence, surtout les plus curieux ; d’autres, qui réfléchissaient plus profondément disaient : « Pourtant Soeur Faustine doit être très près de Dieu puisqu’elle a la force de tant souffrir. » Et je voyais devant moi comme deux groupes de juges. Je tâchais d’être silencieuse intérieurement et extérieurement. Je ne parlais pas de ce qui concernait ma personne, malgré les questions directes de certaines Soeurs. Ma bouche devint muette. Je souffrais sans me plaindre comme une colombe. Mais certaines Soeurs trouvaient, semble-t-il, du plaisir à me vexer d’une manière ou d’une autre. Ma patience les irritait, mais Dieu me donnait tant de force intérieure que je supportais cela paisiblement.




127 J’ai compris qu’en de tels moments, personne ne m’aiderait, et j’ai commencé à prier et à demander au Seigneur de me donner un confesseur. Je désirai qu’un prêtre me dise seulement : « Soyez tranquille, vous êtes en bonne voie » ; ou bien : « Rejetez tout ceci, car cela ne vient pas de Dieu. » Mais je ne trouvais aucun prêtre aussi résolu, qui m’aurait ainsi parlé clairement au nom du Seigneur. L’incertitude se prolongeait donc. O Jésus, si c’est Votre volonté que je vive dans une telle incertitude, que Votre nom soit béni. Je Vous prie, Seigneur, dirigez Vous-même mon âme et soyez avec moi, car de moi-même, je ne suis rien.




128 Voilà que je suis jugée de tous côtés. Il n’y a plus rien en moi, qui n’ait échappé aux jugements de mes Soeurs. Mais bientôt tout se tassa en quelque sorte, et on commença à me laisser en paix. Mon âme exténuée se reposa un peu. Mais j’ai reconnu que le Seigneur était plus proche de moi au temps de ces persécutions. Cela ne dura pas longtemps. Un violent orage éclata à nouveau. Les soupçons d’autrefois étaient devenus désormais une sorte de certitude. Et il me fallut, à nouveau, écouter les mêmes chansons. C’est ainsi qu’il plut au Seigneur. Mais, chose singulière, même à l’extérieur je rencontrais des insuccès.



Cela me causa beaucoup de souffrances de toutes sortes, connues de Dieu seul. Je faisais tout mon possible pour tout faire avec la plus grande pureté d’intention. Je voyais désormais que j’étais partout surveillée, comme un voleur, comme un voleur : à la chapelle, pendant mon travail, dans ma cellule. Je sais que maintenant, outre la présence de Dieu, une présence humaine était sans cesse près de moi. Cette présence humaine me fatiguait beaucoup. A certains moments je me demandai si je devais oui ou nom me déshabiller pour me laver. Mon pauvre lit était décidément souvent contrôlé. Le rire me prit quand je vis qu’on ne laissait même pas mon lit en paix. Une Soeur me dit elle-même, que chaque soir, elle venait voir dans ma cellule comment je me comportais.

Mais malgré tout, les Supérieures sont toujours des Supérieures, et en dépit des humiliations personnelles que j’en reçus plus d’une fois et des doutes de toutes sortes dont elles me remplirent, elles me permettaient toujours ce que le Seigneur exigeait de moi, Non comme je le demandais, mais d’une autre façon, elles satisfaisaient les exigences du Seigneur, et me donnaient la permission de ces pénitences et de ces rigueurs



Un jour, une de ces Mères se fâcha si fort contre moi, et m’humilia tellement que je crus que je ne pourrais pas le supporter. Elle me dit : « Extravagante, hystérique, visionnaire allez-vous-en de cette chambre, que je ne vous voie plus. » Elle déversa sur moi tout ce qui lui passait par la tête. Arrivée dans ma cellule, je suis tombée devant la croix et je regardais Jésus, ne pouvant plus prononcer un mot. Pourtant je gardai ceci secret devant les autres et je fis comme si rien ne s’était passé entre nous.




129 Satan profite toujours de tels moments; des pensées de découragement commencèrent à me venir à l’esprit ; « Voila la récompense de ta fidélité et de ta sincérité. Comment peut-on être sincère lorsqu’on est si incomprise ? » Jésus, Jésus, je n’en puis plus. Et je tombais de nouveau à terre sous le poids de ce fardeau. La sueur commença à m’inonder, et je fus saisie de frayeur. Je n’avais personne sur qui m’appuyer intérieurement. Tout à coup, j’entendis une voix dans mon âme : « N’aie pas peur, Je suis avec toi ». Une singulière lumière éclaira mon esprit et je compris que je ne devais pas me laisser aller à une telle tristesse. Une force me remplit et je sortis de la cellule avec un nouveau courage pour souffrir.




130 Cependant j’ai commencé à me négliger un peu. Je ne prêtais plus attention à ces inspirations intérieures et m’appliquais à me dissiper. Mais malgré le bruit et la dissipation, je voyais ce qui se passait en mon âme. La parole de Dieu est éloquente et rien ne peut l’assourdir. J’ai commencé à éviter les rencontres du Seigneur dans mon âme, car je ne voulais pas être victime d’illusions. Mais Lui me poursuivait pour ainsi dire de Ses dons. Et vraiment je ressentais tour à tour tourments et joie. Je ne mentionne pas ici les diverses visions et grâces que Dieu m’accorda dans ces moments, j’en ai parlé ailleurs.

131 Je noterai seulement ici que ces souffrances, ayant déjà atteint un sommet, je pris la résolution d’en finir avec mes doutes avant mes voeux perpétuels.

Pendant tout ce temps d’épreuve, je priais pour que Dieu éclaire le prêtre auquel je devais dévoiler mon âme à fond. Je demandais à Dieu, de m’aider Lui-même et de me donner la grâce de pouvoir exprimer les choses les plus cachées qui ont lieu entre le Seigneur et moi, et de me disposer à accepter toutes les décisions de ce prêtre comme venant de Jésus Seul. Sa décision m’importait peu. Je ne désire que la vérité, et une réponse décisive, à certaines questions. Je m’en remets complètement à Dieu, et mon âme désire la vérité. Je ne puis rester plus longtemps dans le doute, tout en ayant dans mon âme une si grande certitude que ces choses proviennent de Dieu, que je donnerai ma vie pour cela. J’ai cependant placé l’avis du confesseur au-dessus de tout. Et j’ai décidé de faire ce qu’i déciderait, et d’agir d’après les indications qu’il me donnera. Je regarde ce moment comme étant décisif pour le progrès de toute ma vie. Je sais que de cela dépendra tout. Peu importe, si ce qu’il me dira, sera en accord avec mes inspirations, ou tout à fait contraire, cela ne me trouble pas. Je désire connaître la vérité et la suivre.

« Jésus, vous pouvez m’aider ! » Et depuis ce moment j’ai pris une nouvelle voie. Gardant secrètes toutes les grâces reçues, j’attends ce que le Seigneur m’enverra. Ne doutant de rien, dans mon coeur, je priais le Seigneur qu’il daigne m’aider dans ces moments, et un certain courage entra dans mon âme.

132 Je dois encore mentionner que certains confesseurs aident l’âme et sont comme des pères spirituels quand tout va bien. Mais quand l’âme se trouve dans de plus grands besoins, alors ils sont perplexes et ne peuvent ou ne veulent pas comprendre l’âme. Ils tâchent de se débarrasser d’elle au plus vite ; mais si l’âme est humble, elle peut en retirer au moins un peu de profit. Dieu seul jettera parfois un faisceau de lumière au fond de cette âme, à cause de son humilité et de sa foi. Quelquefois le confesseur dit des choses qu’il n’avait pas du tout l’intention de dire, sans s’en rendre compte lui-même. Oh ! Que l’âme croie bien que ce sont les paroles mêmes du Seigneur. Certes nous devons croire que chaque mot entendu dans le confessionnal a un caractère divin, mais les paroles dont je viens de parler proviennent, elles, directement de Dieu. Et l’âme sent que le prêtre ne parle pas de lui-même, il dit des choses qu’il n’avait pas l’intention de dire. Voilà comment Dieu récompense la foi.



J’ai éprouvé cela moi-même à maintes reprises. Il y avait un prêtre très savant et fort estimé – il m’arrivait parfois d’aller me confesser à lui – qui était toujours très sévère. Et il s’opposait à ces choses. Mais une fois il me répondit « Sachez, ma Soeur que si Dieu exige que vous acheviez ceci, il ne faut pas vous y opposer. Dieu veut parfois être loué justement de cette façon. Soyez tranquille, ce que Dieu a commencé, Dieu le finira. Mais je vous le dis : fidélité envers Dieu et humilité. Une fois encore : humilité. Rappelez-vous bien ce que je vous ai dit aujourd’hui. » Je me suis réjouie et j’ai pensé que peut-être, ce prêtre m’avais comprise. Mais les circonstances changèrent de telle sorte que je ne me suis plus jamais confessée à lui.


133 Une fois, une des Mères plus âgées m’appela et ce fut sur ma tête comme un coup de foudre dans un ciel qui semblait serein, à tel point que je ne savais pas ce dont il s’agissait. Je compris assez vite que c’était pour des choses qui ne dépendaient pas de moi. Elle me dit : « Ôtez-vous de la tête, ma Soeur, que Jésus soit si intime avec vous. Une telle misère, une telle imperfection ! Rappelez-vous que Jésus n’est en rapport si intime qu’avec les Saints. » J’ai avoué qu’elle avait raison, que j’étais misérable, mais néanmoins confiante en la Miséricorde divine. Quand j’ai rencontré le Seigneur, je me suis humiliée et j’ai dit : « Jésus Vous n’êtes pas, à ce qu’il parait, en rapport intime avec des misérables comme moi ? »-« Sois tranquille, ma fille, c’est justement par une telle misère, que je veux montrer la puissance de Ma Miséricorde. » J’ai compris que cette Mère voulait seulement m’humilier.

134 O mon Jésus, Vous m’avez bien éprouvée pendant cette courte vie, j’ai compris beaucoup de choses, tellement même que cela m’étonne maintenant. Oh ! Comme il est bon de se livrer totalement à Dieu et de lui permettre d’agir pleinement dans l’âme !

135 Pendant la troisième probation, le Seigneur me fit comprendre que je devais me sacrifier pour Lui, afin qu’il puisse faire de moi tout ce qu’il Lui plairait. Je dois me placer devant Lui en attitude d’oblation. Au premier moment, j’étais toute effrayée, sentant que j’étais un abîme de misère, moi qui me connaissais bien. J’ai répondu encore une fois au Seigneur : « Je suis la misère même, comment puis-je être un otage ? » -« Tu ne le comprendra pas aujourd’hui. Demain, pendant ton adoration, je te le ferai connaître. » Mon coeur frémit autant que mon âme. Ces mots s’enfoncèrent profondément dans mon âme. La parole de Dieu est vivante.

Lorsque je suis venue pour l’adoration, j’ai senti intérieurement que j’étais entrée dans le temple du Dieu vivant dont la Majesté est grande et inconcevable. Et Il me fit connaître ce que sont vis-à-vis de Lui les esprits les plus purs. Bien que ne voyant rien, la présence divine me pénétra jusqu’au fond de moi-même. Dans le moment même, mon esprit fut singulièrement éclairé. Devant les yeux de mon âme passa une vision, comme la vision de Jésus au Jardin des Oliviers. D’abord les souffrances physiques et toutes les circonstances qui augmenteront, puis les souffrances spirituelles dans toute leur étendue et celles aussi dont personne ne saura jamais rien. Tout entra dans cette vision : les soupçons injustes, la perte de la bonne renommée. Je l’ai écrit en résumé, mais cette connaissance était déjà si nette, que tout ce par quoi je suis passée plus tard, n’a rien changé au moment où je l’ai connu. Mon nom doit être : »sacrifice ».

Quand la vision fut finie, une sueur froide baignait mon front. Jésus me fit savoir que même si je n’y consentais pas, je pouvais me sauver. Il ne me donnerait pas moins de grâces, et Il continuerait à avoir avec moi les mêmes rapports intimes. Donc, même si je ne consentais pas à ce sacrifice, la largesse de Dieu ne diminuerait pas en ma faveur.

136 Et le Seigneur me fit savoir que tout le mystère dépendait de moi, de mon consentement volontaire au sacrifice avec la pleine connaissance de mon esprit. C’est cet acte volontaire et conscient qui fait toute sa puissance et sa valeur aux yeux de Sa Majesté. Même si rien de ces choses pour lesquelles je me suis offerte n’arrivait, tout était déjà comme consommé pour le Seigneur.

A ce moment je connus que j’entrais directement en communication avec la Majesté inconcevable. Je sentis que Dieu attendait ma réponse, mon consentement. Alors mon esprit se plongea dans le Seigneur et je dis : « Faites ce qu’il Vous plaira de moi, Seigneur. Je me livre à Votre volonté qui sera désormais ma nourriture. Je serai fidèle à Vos exigences, avec l’aide de Votre grâce. Faites de moi ce qu’il Vous plaira. Mais je vous en supplie, Seigneur, soyez avec moi à chaque instant de ma vie. »

137 Au moment où j’ai consenti au sacrifice avec ma volonté et mon coeur, la Présence divine me pénétra. Mon âme fut plongée en Dieu et inondée d’un tel bonheur, que je ne puis le décrire, même en partie. Je sentais que la Majesté divine m’entourait. J’étais singulièrement unie à Dieu. Je voyais à quel point je plaisais à Dieu et réciproquement, mon esprit s’abîmait en Lui. Consciente de cette union avec Dieu, je sens que je suis particulièrement aimée, et, en retour, je L’aime de toute la force de mon âme. Un grand mystère eut lieu pendant cette adoration. Un mystère entre le Seigneur et moi. Il me semblait en voyant l’amour dans Son regard que j’allais expirer. J’eu une longue causerie avec le Seigneur, sans prononcer un mot. Et il me dit : « Tu es le délice de mon Coeur. A partir d’aujourd’hui, le moindre de tes actes, est un plaisir à Mes yeux, quoi que tu fasses. » De ce moment je me sentis consacrée. L’enveloppe du corps reste la même, mais l’âme est autre. Dieu demeure en elle et se complait en elle. Ce n’est pas un sentiment, mais une réalité consciente que rien ne peut assombrir. Un grand mystère s’est accompli entre Dieu et moi. Mon âme en fut affermie et fortifiée.




138 L’adoration finie, je sortis, regardant paisiblement en face tout ce dont j’avais tellement peur avant. Quand j’arrivai dans le corridor, une grande souffrance et une humiliation m’attendaient infligées par une certaine personne. Je les acceptais en soumission à une volonté plus haute et je me suis fortement serrée contre le Sacré-Coeur de Jésus montrant, de cette façon, que je suis prête à ce à quoi je me suis offerte. La souffrance semblait surgir sous mes pas, même Mère Marguerite Gimbutt en fut étonnée. Beaucoup de choses échappaient aux autres, car vraiment il n’y avait pas de quoi y faire attention. Mais à moi rien n’échappait, chaque mot était analysé, chaque pas observé.



Une Soeur me dit : « Préparez-vous, ma Soeur à recevoir une petite croix, que vous réserve la Mère Supérieure, j’ai pitié de vous, ma Soeur. » Et mon âme se réjouit, car j’y étais prête depuis longtemps ; quand elle perçut mon courage elle fut étonnée. Je vois maintenant que l’âme seule ne peut grand-chose par elle-même, mais avec Dieu elle peut tout. Telle est la puissance de la grâce de Dieu. Peu d’âmes restent toujours attentives aux inspirations de Dieu; et encore moins, suivent ces inspirations divines.




139 Cependant l’âme fidèle à Dieu ne peut pas décider seule de ses inspirations, elle doit les soumettre au contrôle d’un prêtre prudent et avisé et tant qu’elle n’a pas acquit la certitude, il faut qu’elle reste incrédule. Quelle ne se fie pas, seule, à ces inspirations et à toutes ces grâces reçues d’en haut ; car elle peut s’exposes à de grands désastres.

Bien que l’âme discerne les fausses inspirations de celles de Dieu, qu’elle soit cependant prudente. Car il y a beaucoup de choses incertaines. Dieu aime et apprécie quand l’âme ne croit pas en Lui, par amour pour Lui, quand elle demeure prudente, qu’elle demande et cherche de l’aide pour se prouver à elle-même que c’est vraiment Dieu, qui agit en elle. Et si un confesseur éclairé le lui affirme, quelle soit tranquille et se rende à Dieu suivant les indications du confesseur.




140 L’amour pur est capable de grandes actions et ni les difficultés ni les contrariétés ne peuvent le briser. Quand l’amour surmonte de grandes difficultés, il est aussi persévérant dans la vie monotone et ennuyeuse de chaque jour. Il sait qu’une seule chose plaît à Dieu : tout faire, même les moindres choses avec un grand amour – l’amour et l’amour seul.



L’amour pur ne s’égare pas et ne fait rien qui pourrait déplaire à Dieu. Il est ingénieux pour faire ce qui est le plus agréable à Dieu et personne ne l’égalera ; son bonheur est de s’anéantir et de brûler comme une offrande pure. Plus il se donne, plus il est heureux. De plus, personne ne sait deviner les dangers d’aussi loin que lui. Il sait démasquer et il sait aussi à qui il a affaire.




141 Mais mes tourments arrivaient à leur fin. Le Seigneur me donna l’aide promise. Je la vis en la personne de deux prêtres : le Père Andrasz et l’abbé Sopocko. Pendant la retraite, avant mes voeux perpétuels, je fus, pour la première fois, tranquillisée à fond. Et plus tard, je fus guidée dans la même direction par l’Abbé Sopocko. Ainsi s’accompli la promesse du Seigneur.




142 Lorsque je fus tranquillisée et instruite de la façon dont je devais avancer dans les voies divines, mon esprit s’est réjoui dans le Seigneur, et il me semblait que je ne marchais pas, mais que je courrais. Les ailes déployées pour le vol, j’ai commencé à planer en plein soleil, et je ne descendrai pas jusqu’à ce que je repose en Celui en qui mon âme s’est perdue pour l’éternité. Et je me suis totalement soumise à l’influence de la grâce ; les abaissements de Dieu envers mon âme sont bien grands. Je ne m’écarte ni ne me refuse; mais je me noie en lui, comme mon seul trésor. Je suis un avec le Seigneur. Le gouffre qui nous sépare : le Créateur et sa créature, semble avoir disparu.



Pendant quelques jours, mon âme vécut comme en une incessante extase. La présence de Dieu ne me quittait pas un instant. Et je restais en continuelle union amoureuse avec le Seigneur. Cependant cela ne m’empêchait pas d’accomplir mes devoirs. Je sentais que j’étais transformée en amour, je brûlais toute mais sans me consumer. Je m’anéantissais continuellement en Dieu. Dieu m’attirait à Lui avec une telle force et une telle puissance que par moment je ne me rendais plus compte que j’étais sur terre.

Si longtemps j’avais gêné et craint la grâce ! Et maintenant Dieu, par l’intermédiaire du Père Andrasz éloignait toutes les difficultés. Mon esprit fut tourné vers le soleil et s’épanouit dans sa lumière pour Lui seul, je ne comprends plus…(ici la phrase s’interrompt et Soeur Faustine commence une toute autre pensée à la ligne suivante




143 J’ai gaspillé bien des grâces divines, car j’avais toujours peur d’être dans l’illusion. Dieu m’attirait à Lui avec une telle puissance que souvent il n’était pas en mon pouvoir de résister à Sa grâce lorsque j’étais soudain plongée en Lui. Dans ces moments, Il me remplissait d’une telle paix que, même quand je voulais, par la suite, m’inquiéter, je ne le pouvais pas.. Et, un jour, j’entendis dans mon âme ces paroles : « Pour que tu sois assurée que c’est Moi qui suis l’auteur de toutes ces exigences, Je t’accorderai une paix si profonde que, même si tu voulais t’inquiéter et t’effrayer, aujourd’hui ce ne sera pas en ton pouvoir ; l’amour va inonder ton âme jusqu’à l’oubli de toi. »




144 Plus tard, Jésus me donna un autre prêtre, devant lequel il m’ordonna de dévoiler mon âme. Je le fis au premier moment avec un peu d’hésitation ce qui me valut une sévère réprimande de Jésus, à la suite de laquelle mon âme fut envahie par une profonde humilité. Sous sa direction cependant, mon âme progressait rapidement dans l’amour de Dieu, et de nombreuses demandes du Seigneur furent extérieurement accomplies. Plus d’une fois, son courage et sa profonde humilité retinrent mon attention




145 Oh ! Que mon âme est misérable, elle a gaspillé’tant de grâces ! Je fuyais Dieu et il me poursuivait de Ses grâces. Le plus souvent je recevais des faveurs de Dieu lorsque je ne m’y attendais pas. Depuis que le Seigneur m’a donné un directeur, je suis plus fidèle à la grâce. C’est avec ce directeur, et en vertu de sa vigilance pour mon âme que j’ai expérimenté ce qu’est la direction spirituelle, et comment Jésus la conçoit. Jésus m’avertissait de la plus petite faute. Il insistait sur le fait que c’est Lui qui décide dans toutes les affaires que je soumettais à mon directeur et que tous les manquements envers celui-ci L’atteignaient Lui-même.

Quand mon âme commença à goûter un profond recueillement et la paix, sous cette direction, j’entendis souvent ces mots, plus d’une fois répétés : « Fortifie-toi pour le combat. »

Jésus m’a souvent révélé que ce qui lui déplait en moi, et plus d’une fois, Il m’a réprimandée pour des choses minimes en apparence, mais qui, à vrai dire, avaient une grande signification. Il m’avertissait et m’exerçait comme un Maître. Pendant de nombreuses années c’est Lui-même qui m’a élevée, jusqu’au moment où Il me donna un directeur de conscience. Auparavant, il m’expliquait Lui-même ce que je ne comprenais pas ; maintenant il m’ordonne de questionner en toutes choses mon confesseur. Il m’a souvent dit : « Je te répondrai par sa bouche, sois tranquille. »

Il ne m’est jamais arrivé de recevoir une réponse contraire à ce que le Seigneur exigeait de moi, dans le cadre de ce que j’avais soumis à mon directeur. Parfois Jésus me recommandait certaines choses, ignorées de tous, et quand je m’adressais à mon confesseur, celui-ci me recommandait la même chose. Cela n’arrivait pas souvent.

Lorsqu’une âme a longtemps reçu lumière et inspiration en abondance et que ses confesseurs ont confirmé sa paix et la provenance divine de ces inspirations, si son amour est grand, Jésus lui indique qu’il est temps d’utiliser ce qu’elle a reçu et de passer à l’action. L’âme réalise que le Seigneur compte sur elle et cette connaissance augmente ses forces. Elle sait que, pour rester fidèle, elle devra, plus d’une fois s’exposer à des difficultés, mais elle a confiance en Dieu et, grâce à cette confiance, elle arrive là où Dieu l’appelle. Les difficultés ne l’effrayent pas, elles sont pour elle comme le pain quotidien. Elles ne l’effrayent ni ne l’épouvantent, de même que le fracas des canons ne terrifie pas le chevalier qui est constamment au coeur du combat. Loin d’avoir peur elle écoute, afin de remporter la victoire, de quel côté l’ennemi attaque. Elle ne fait rien aveuglément, mais elle scrute, elle réfléchit profondément et, ne comptant pas sur elle-même, elle prie avec ferveur et consulte des chevaliers expérimentés et sages. Lorsqu’elle agit de la sorte, elle remporte presque toujours la victoire

Il y a des attaques où l’âme n’a le temps ni de réfléchir ni de consulter, alors il faut combattre à la vie, à la mort Il est bon parfois de se réfugier dans la Blessure du Coeur de Jésus, sans répondre un seul mot, par cela même l’ennemi est déjà vaincu.

En temps de paix l’âme doit aussi s’imposer des efforts comme au moment du combat, Elle doit s’exercer et bien s’exercer, sinon elle n’a aucune chance de victoire. J’estime le temps de paix comme un temps de préparation à la victoire. Elle doit veiller sans cesse ; vigilance et encore vigilance. L’âme qui réfléchit reçoit beaucoup de lumière. L’âme dissipée s’expose à la chute ; qu’elle ne s’étonne pas si elle tombe. O Esprit divin, Directeur de l’âme, sage est celui que vous avez exercé. Mais pour que l’Esprit divin puisse agir dans une âme, la paix et le recueillement sont nécessaires.

146 L’oraison : Par l’oraison, l’âme s’arme pour le combat ; en quelque état qu’elle soit, elle doit prier. L’âme pure et belle doit prier, sous peine de perdre sa beauté. L’âme qui tend vers cette pureté, sinon elle n’y arriverait pas. L’âme qui vient de se convertir doit prier, pour persévérer. L’âme pécheresse, plongée dans le péché, doit prier pour pouvoir se relever. Ainsi il n’y a pas d’âme qui ne soit obligée de prier, car s’est par la prière que la grâce descend sur elle.

147 Je me rappelle que j’ai reçu beaucoup de lumière pendant les adorations que je faisais pendant une demi-heure chaque jour, pendant le Carême, prosternée devant le Saint-Sacrement. C’est alors que j’approfondis la connaissance que j’avais de moi-même, ainsi que celle de Dieu. Bien qu’ayant la permission des Supérieures, j’eus beaucoup de difficulté à faire ainsi oraison. Que l’âme sache que pour prier et persévérer dans l’oraison, il faut s’armer de patience et surmonter courageusement toutes les difficultés intérieures t extérieures. Les difficultés intérieures : les découragements, les sécheresses, les lourdeurs, les tentations. Les difficultés extérieures: c’est l’opinion humaine. Il faut savoir sauvegarder les moments destinés à l’oraison. J’en ai fait moi-même l’expérience, car si je ne faisais pas mon oraison au moment fixé, je la négligeais parce que, plus tard, mes devoirs m’en empêchaient ; et m^me si j’avais la chance de la faire, c’était à grande peine, car ma pensée fuyais vers mes devoirs.

J’avais aussi une autre difficulté: quand l’âme a bien fait son oraison, elle reste ensuite profondément recueillie intérieurement; et si d’autres personnes contrarient, alors, son recueillement, elle doit être patiente pour persévérer dans l’union à Dieu. Plus d’une fois il m’est arrivé que lorsque mon âme était très profondément abîmée en Dieu elle retirât un plus grand profit de l’oraison. Et Dieu m’accompagnait de sa présence durant la journée Et; je restais recueillie pendant mon travail et je réalisais avec plus de soins et de précision. Et c’est justement alors qu’il m’est arrivé de recevoir le plus de reproches : sur mon manque de fidélité à mon devoir, sur mon indifférence à tout. Car les âmes moins recueillies veulent que les autres, qui sont pour elles un remord incessant, leur ressemblent.

148 L’âme noble et sensible qui peut même être très simple, mais qui a des sentiments délicats, voit Dieu en tout et Le rencontre partout, elle sait trouver Dieu même dans les choses les plus secrètes. Tout a de l’importance pour elle. Elle apprécie tout, elle remercie Dieu pour tout, elle tire un profit spirituel de tout, et tout lui est une occasion de louer Dieu. Elle a confiance en Lui et ne de trouble pas quand vient le temps des épreuves. Elle sait que Dieu est toujours le meilleur des Pères,et elle fait peu de cas de l’opinion humaine. Attentive au moindre souffle de l’Esprit Saint elle jouit de cet hôte spirituel et se tient près de Lui comme un enfant près de sa mère.

Là, où d’autres âmes s’arrêtent et ont peur, elle passe sans crainte et sans difficulté.

149 Quand le Seigneur veut être Seul près de l’âme et la conduire, Il éloignera d’elle tout ce qui est extérieur. Lorsque je tombai malade et qu’on me transporta à l’infirmerie, cela me causa des ennuis. Nous étions deux malades à l’infirmerie. Les Soeurs venaient voir Soeur N., personne ne venait me voir. Il est vrai que c’est une infirmerie, mais chacune a sa cellule.

Soeur N., personne ne venait me voir. Il est vrai que c’est une infirmerie, mais chacune a sa cellule. Les soirées d’hiver étaient longues, Soeur N. avait de la lumière, un récepteur de radio, moi je ne pouvais même pas préparer ma méditation, faute de lumière.

Près de deux semaines plus tard, un soir, je me plaignis au Seigneur de beaucoup souffrir et de ne même pas pouvoir préparer ma méditation, faute de lumière. Et le Seigneur me répondit que chaque soir Il viendrait et m’indiquerait les points à méditer le lendemain.. Ces points concernaient toujours Sa douloureuse Passion. Il me disait : « Considère Ma Passion devant Pilate ». – Et ainsi, pendant toute la semaine, je considérais, un par un, les différents moments de Sa douloureuse Passion. A partir de ce moment, une grande joie pénétra dans mon âme, et je ne désirais plus ni visites ni lumière : Jésus me suffisait en tout. La sollicitude des Supérieures pour les malades était bien grande, pourtant le Seigneur en avait disposé ainsi : je me sentais délaissée. Pour pouvoir agir Seul, ce Maître incomparable éloigne tout ce qui est crée.

Parfois j’éprouvais de telles persécutions et souffrances que, même Mère Marguerite me dit : sur votre voie, ma Soeur, les souffrances surgissent comme d’elles-mêmes sous vos pas. Je vous vois, ma Soeur, comme une crucifiée. Cependant j’ai remarqué que Jésus y est pour quelque chose. Soyez fidèle au Seigneur.

150 Je désire noter un rêve que j’ai eu : j’ai rêvé de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. J’étais encore novice et j’avais certaines difficultés que je ne pouvais surmonter. Ces difficultés étaient intérieures et des difficultés extérieures s’y mêlaient. Je faisais des neuvaines à divers Saints. Mais l’épreuve devenait de plus en plus lourde. Mes souffrances étaient si grandes que je ne savais plus comment vivre et soudain l’idée me vint de prier Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. J’ai commencé une neuvaine à cette Sainte. Avant mon entrée au couvent, j’avais une grande dévotion envers elle. Je l’avais un peu négligée depuis. Mais dans la nécessité où je me trouvais, j’ai recommencé à la prier avec une grande ferveur.

Le cinquième jour de la neuvaine, Sainte Thérèse m’apparut en rêve, mais elle me semblait être encore sur la terre. Elle m’avait caché qu’elle était Sainte et elle me consolait, disant que je ne devais pas tellement m’attrister de cette affaire, mais être plus confiante envers Dieu. Elle me disait « Moi aussi, j’ai beaucoup souffert ». Je ne croyais pas trop qu’elle avait tant souffert, et je lui dis : « Il me semble que vous ne souffrez pas du tout. » Cependant Sainte Thérèse me répondit d’une manière convaincante. Elle: ajouta, « Sachez ma Soeur que dans trois jours cette affaire arrivera à bonne fin. » Comme je ne voulais pas trop la croire, elle me révéla qu’elle était Sainte. A ce moment une grande joie emplit mon âme et je lui dis : « Vous êtes Sainte ? » Elle me répondit : « Oui, je suis Sainte. Ayez confiance, cette affaire sera réglée en trois jours. » Et je lui dit : « Sainte Thérèse, dites-moi, est ce que j’irai au ciel ? » Elle répondit: « Oui, vous irai au Ciel, ma Soeur. » « Et serais-je Sainte ? » - « Oui, vous serez sainte » répondit-elle. – « Mais, Thérèse, serais-je sainte comme Vous, sur les autels ? » Et elle répondit : « Oui, vous serez Sainte comme moi.. Mais vous devez avoir une grande confiance en Jésus. »

Et je lui demandai alors si mon père et ma mère iraient au Ciel, si…( ici Soeur Faustine a interrompu la phrase). Elle me répondit qu’ils iraient au Ciel. – « Et mes frères et mes soeurs iront-ils au Ciel ? » Elle ne me donna pas une réponse sûre, mais elle me dit que je devais beaucoup prier pour eux. Je compris qu’ils avaient besoin de beaucoup de prières.

C’était comme un rêve et, comme dit le proverbe : « Dieu est foi, songe est mensonge. Cependant le troisième jour, je réglai cette difficulté très facilement. Tout s’accomplit exactement comme elle me l’avait dit. C’est un rêve, mais il avait sa signification.

151 Une fois, alors que j’étais à la cuisine avec Soeur N., elle s’est un peu fâchée contre moi ; et comme pénitence elle me fit asseoir sur la table. Elle-même s’activait, elle nettoyait, frottait ; et moi je restais assise sur la table. Les soeurs venaient et s’étonnaient de me voir ainsi. Chacune disait son mot ; - Elle est désoeuvrée… - Quelle extravagante ! – Quelle Soeur fera-t-elle ? (Je n’étais alors que postulante).

Néanmoins, au nom de l’obéissance, je ne pouvais descendre, puisque la soeur m’avait ordonné, au nom de l’obéissance de rester assise jusqu’à ce qu’elle me dise de descendre. Vraiment, Dieu sait combien d’actes d’abnégations je fis alors. Il me semblait brûler de honte. Plus d’une fois, Dieu m’éprouva de la sorte pour me tremper intérieurement, mais il me récompensa de cette humiliation par une grande consolation. Pendant la Bénédiction, je le vis très beau. Jésus me regarda avec bienveillance et dit : « Ma fille, n’aie pas peur des souffrances, Je suis avec toi. »

152 Une autre fois j’étais de service pendant la nuit, et la peinture de ce tableau me faisait beaucoup souffrir. Je ne savais plus à quoi m’en tenir tant on m’avait persuadé que c’était une illusion. Par ailleurs, un prêtre m’avait dit que peut-être justement, Dieu voulait être honoré par ce tableau et qu’il fallait donc tâcher de le faire peindre. Cependant mon âme était très fatiguée. Quand je suis entrée dans la petite chapelle, j’ai approché ma tête du tabernacle, j’ai frappé à la porte et j’ai dit : « Jésus, voyez quelles grandes difficultés me cause ce tableau. » J’entendis alors une voix venant du Tabernacle : « Ma fille, tes souffrances ne vont plus durer longtemps. »

153 Un jour je vis deux routes : l’une large, sablonneuse et semée de fleurs, pleine de joie, de musique et de toutes sortes de plaisirs. Les hommes passaient sur cette route dansant et s’amusant. Ils arrivaient au terme sans s’en apercevoir. Or à la fin de cette route il y avait un horrible gouffre, l’abîme infernal. Les âmes y tombaient aveuglément et en si grand nombre qu’on ne pouvait les compter ;

La deuxième était plutôt un sentier, car elle était étroite, semée de ronces et de pierres. Et ceux qui avançaient sur cette route étaient en larmes, la souffrance était leur part. Les uns tombaient sur les pierres, mais ils se relevaient aussitôt et continuaient à avancer. Au bout de la route, il y avait un magnifique jardin rempli de toutes sortes de bonheurs. Toutes les âmes y entraient et dès qu’elles en avaient franchi le seuil, elles en oubliaient leurs souffrances.

154 Une fois il y avait l’adoration chez les Soeurs de la Sainte Famille, j’y suis allée le soir, avec une de nos Soeurs. Dès que je suis entrée dans la petite chapelle, la présence de Dieu envahit mon âme. Je priais comme en de tels moments, sans prononcer de paroles. Soudain je vis le Seigneur qui me dit : « Sache que si tu néglige la peinture de ce tableau et toute l’oeuvre de la miséricorde, tu devras rendre compte au Jour du Jugement, d’un grand nombre d’âmes. » A ces paroles du Seigneur, la frayeur s’empara de moi. Je n’arrivais pas à me tranquilliser. Ces mots sonnaient à mes oreilles. Ainsi je ne devrai pas répondre seulement pour moi-même au Jour du Jugement de Dieu, mais aussi pour d’autres. Ces mots se gravèrent profondément dans mon coeur.



Rentrée à ma maison je suis allée chez le Petit Jésus, je me suis prosternée devant le Saint Sacrement et j’ai dit au Seigneur : « Je ferai tout mon possible, mais je Vous en supplie, soyez toujours avec moi et donnez-moi la force d’accomplir votre Sainte Volonté. Car Vous pouvez tout, et moi je ne peux rien de moi-même. »




155 Il m’arrive depuis quelque temps que mon âme sente aussitôt quand quelqu’un prie pour moi ; et de même si une âme désire (même sans me le dire) que je prie pour elle, je le ressens aussi dans mon âme, au point que j’éprouve une certaine inquiétude, comme si quelqu’un m’appelait. Et, quand je prie, je recouvre la paix.




156 A un certain moment je désirais beaucoup communier. Mais j’avais un doute, et je ne suis pas allé à la Sainte Table. J’en souffrais terriblement. Tandis que j’étais occupée à mon travail ; il me semblait que mon coeur éclatait de douleur. Tandis que j’étais occupée à mon travail, le coeur plein d’amertume, Jésus se trouva soudain près de moi et me dit : « Ma fille, n’omets pas la Sainte Communion, à moins que tu sache que tu es tombée gravement. De plus qu’aucun doute ne t’arrête pour t’unir à Moi dans Mon mystère d’amour. Tes menues fautes disparaîtront dans mon amour, comme un brin de paille jeté dans une grande fournaise. Sache que tu M’attristes beaucoup quand tu Me délaisses dans la Sainte Communion. »




157 Le soir, quand je suis entrée dans la petite chapelle, j’entendis : « Ma fille, médite ces paroles : Étant tombé en agonie, Il priait plus instamment. » - Lorsque j’ai commencé à réfléchir plus profondément, mon âme fut envahie par une grande lumière. J’ai reconnu qu’il nous faut beaucoup de persévérance dans l’oraison et que notre salut dépend souvent d’une prière bien difficile.




158 J’étais à Kiekrz pour peu de temps, pour remplacer une de mes Soeurs. Or un après midi, passant par le jardin, je me suis arrêtée au bord du lac. Pendant un long moment je restais là, pensive. Soudain, je vis Jésus près de moi. Il me dit avec bonté : « J’ai crée tout ceci pour toi, Mon épouse. Mais sache que toutes ces beautés ne sont rien comparées à ce que Je t’ai préparé dans l’éternité. » Mon âme fut inondée d’une si grande consolation que je restai là jusqu'au soir. Et il me sembla que ce n’était qu’un moment bien court. C’était mon jour libre destiné à la retraite d’un jour, j’avais donc liberté complète de tester en oraison. Oh ! Que la bonté de Dieu est infinie ! Il nous poursuit de Sa bonté. Il arrive le plus souvent que le Seigneur me donne les plus grandes grâces alors que je m’y attends le moins.


159 O Sainte Eucharistie ! Pour loi,

Vous êtes enfermé dans le ciboire d’or,

Pour que, dans le grand désert de l’exil je puisse passer immaculée, intacte

Par la puissance de Votre amour.



O Sainte Eucharistie ! Pour moi,

Vous êtes enfermé dans le ciboire d’or,

Pour que, dans le grand désert de l’exil, je puisse passer immaculée, intacte,

Par la puissance de votre amour.



O Sainte Eucharistie ! Hôte de mon âme,

Le plus pur amour de mon coeur,

Que votre clarté dissipe les ténèbres.

Vous ne refusez pas vos faveurs au coeur plein d’humilité

.O Sainte Eucharistie ! Enchantement du ciel,

Bien que vous cachiez Votre beauté,

Et que Vous Vous présentiez à moi dans une parcelle de pain,

La force de la foi déchire ce voile.


160 Le jour de la croisade, qui est le cinquième jour du mois, tombait le premier vendredi du mois. Aujourd’hui c’est mon jour pour monter la garde d’honneur devant Jésus. Mon devoir était de réparer tous les outrages et les manques de respect envers le Seigneur, de prier qu’en ce jour aucun sacrilège ne soit commis. Mon esprit était ce jour là d’un singulier amour pour l’Eucharistie. Il me semblait être changée en brasier. Quand je m’approchai de la Sainte Communion et que le prêtre me donna Jésus, une seconde hostie s’accrocha à sa manche et je ne savais pas laquelle des deux je devais recevoir. Alors que je réfléchissais un instant, le prêtre impatient me fit de la main le signe de recevoir l’hostie qu’il me présentait. Dès que je l’eus reçue, l’autre tomba sur mes mains. Le prêtre continua à donner la Sainte Communion jusqu’au bout de la table de Communion, cependant que moi je tenais Jésus sur mes mains pendant tout ce temps. Quand le prêtre revint, je lui présentai l’hostie pour qu’il la remette dans le ciboire. Car, après avoir reçu Jésus, je ne pouvais, avant de L’avoir consommé, dire que l’autre hostie était tombée…

Mais pendant tout le temps où j’ai eu l’hostie en main, je ressentais une telle puissance d’amour que, de toute la journée, je ne pus ni manger ni reprendre connaissance. J’ai entendu ces paroles venant de l’hostie : « Je désirais reposer sur tes mains et pas seulement dans ton coeur. » Et soudain, au même instant, je vis Jésus. Mais quand le prêtre s’approcha, je ne vis plus que l’hostie à nouveau.




161 O Marie, Vierge Immaculée,

Pur cristal pour mon coeur,

Vous êtes ma force, ô ancre puissante.

Vous êtes le boulier et la défense du coeur pauvre.



O Marie, vous êtes pure, incomparable,

Vierge et Mère en même temps,

Vous êtes belle comme le soleil, sans tache.

Incomparable est votre âme !



Votre beauté a charmé le regard du Trois fois Saint,

Quittant le Trône éternel, Il descendit du Ciel,

Et Il a reçu Son Corps et Son Sang de Votre Coeur,

Pendant neuf mois se cachant dans le coeur d’une Vierge.



O Vierge Mère, personne ne concevra ceci :

Dieu infini devint homme.

Par Son amour et Son insondable Miséricorde.

Par vous, Mère, Il nous est donné de vivre éternellement avec Lui.



O Marie, Vierge, Mère et Porte du Ciel

Par vous le salut nous est venu.

De vos mains jaillit chaque grâce pour nous,

Une fidèle imitation de vous peut seule me sanctifier.



O Vierge Marie, le plus beau des Lys,

Votre Coeur était pour Jésus le premier tabernacle sur terre.

C’est parce que votre humilité était la plus profonde

Que vous êtes élevée au dessus des Choeurs angéliques et des Saints.



O Marie, ma douce mère,

Je vous rends mon âme, mon corps et mon pauvre coeur,

Soyez gardienne de ma vie,

Et particulièrement à l’heure de la mort, dans le combat suprême.




162 J.M.J. 1er janvier 1937



Jésus, j’ai confiance en vous.

La carte du contrôle intérieur de l’âme. L’examen particulier.

S’unir au Christ Miséricordieux.

Pratique : le silence intérieur, garder strictement le silence.




Faustine journal 94