Faustine journal 419

Dimanche, 28.IV.1935.

419 Dimanche de Quasimodo (Jn 19,26) ou Fête de la Miséricorde du Seigneur, et clôture du Jubilé de la rédemption. Nous sommes allées assister à ces cérémonies et mon coeur battait de joie, parce que ces deux fêtes sont si étroitement unies. J’ai prié Dieu d’être miséricordieux pour les âmes des pécheurs. A la fin de la cérémonie, le prêtre prit le Saint Sacrement pour donner la bénédiction, alors je vis Jésus exactement comme il est représenté sur l’image. Le Seigneur accorda Sa bénédiction, et les rayons se répandirent sur le monde entier.

Soudain je vis une clarté inexprimable, qui avait la forme d’une demeure en cristal, tissée de vagues, une clarté inaccessible à toute créature, à tout esprit. Trois portes y mènent. A ce moment Jésus tel qu’il est sur l’image, entra dans cette clarté par la seconde porte. Il entra dans l’intérieur de l’unité. C’est une unité triple, qui est inconcevable, c’est l’infini. J’entendis une voix : « Cette Fête est issue des entrailles de Ma Miséricorde et elle est confirmée dans les profondeurs de Mon amour infini, toute âme qui croit et à confiance en Ma Miséricorde, l’obtiendra. » Je me duis profondément réjouie de la bonté et de la grandeur de mon Dieu.


420 29.IV.35. Le jour précédant l’exposition de cette image, je suis allée avec notre Mère Supérieure chez notre confesseur. Quand on parla de l’image, il demanda qu’une des Soeurs vienne l’aider à tresser des couronnes de verdure. La Mère Supérieure répondit que je l’aiderais. Ce qui me causa beaucoup de joie. Lorsque nous rentrâmes à la maison, je me suis tout de suite occupée à préparer la verdure ; avec une des élèves, nous l’avons transportée. Une personne qui est employée à l’église nous a aussi aidées. A sept heures du soir, tout était prêt et l’image était exposée. Cependant certaines dames avaient observé que je rôdais là-bas, car je dérangeais plutôt que je n’aidais.

Le lendemain donc, elles ont demandé aux Soeurs quelle était cette belle image et ce qu’elle signifiait. « Les Soeurs doivent le savoir, car, hier, l’une d’elles ornait l’image. » Les Soeurs en furent fort étonnées, car elles n’en savaient rien. Chacune voulait voir l’image et tout de suite elles m’ont soupçonnée. Elles disaient : « Soeur Faustine le sait bien, naturellement. » Quand on a commencé à me questionner, je gardai le silence, car je ne pouvais dire la vérité. Mais mon silence augmenta leur curiosité et je redoublais de vigilance pour ne pas mentir tout en taisant la vérité, car je n’en avais pas la permission. Alors on commença à me témoigner du mécontentement. On me reprochait ouvertement le fait que des personnes étrangères étaient au courant et pas la Communauté On commença à porter sur moi divers jugements. J’ai beaucoup souffert pendant trois jours, mais une singulière force m’animait. Je me suis réjouie de pouvoir souffrir pour Dieu, et pour les âmes, qui ont obtenu Sa miséricorde ces jours-ci. En voyant que tant d’âmes avaient obtenu la miséricorde divine ces jours-ci, je considère comme rien, les peines et les souffrances les plus grandes que j’ai éprouvées, même si elles durer jusqu’à la fin du monde, car elles ont une fin tandis que des âmes ont été à des maux sans fin. Ce fut une grande joie pour moi de voir des personnes revenant à la source du bonheur, au sein de la miséricorde divine.


421 En voyant le dévouement et les fatigues de l’abbé Sopocko dans cette oeuvre, j’admirais sa patience et son humilité. Tout cela à coûté non seulement beaucoup de peines et de contrariétés diverses, mais aussi beaucoup d’argent et l’abbé Sopocko subvenait à toutes les dépenses. Je vois que la providence l’a préparé à accomplir cette oeuvre de miséricorde avant que je n’aie prié Dieu pour cela. Oh ! que Vos Voies sont surprenantes mon Dieu heureuses les âmes qui suivent l’appel de la grâce divine..


422 Mon âme glorifie le Seigneur pour tout et loue Sa bonté infinie. Tout passera, mais Sa miséricorde n’a ni bornes, ni limites. La méchanceté atteindra sa mesure, la Miséricorde est sans mesure

O mon Dieu, je vois l’abîme de Votre miséricorde même dans les punitions, dont Vous affectez la terre. Car en nous punissant ici, sur terre, Vous nous délivrez des peines éternelles.. Réjouis-toi, créature, car tu es plus proche de Dieu, dans son infinie Miséricorde, que le bébé du coeur de sa mère. O Dieu, Vous êtes la pitié même, pour les plus grands pécheurs repentants. Plus le pécheur est grand, plus il a droit à la miséricorde divine.


424 Le 12.V.1935. Une fois, le soir, dès que je fus dans mon lit, je me suis immédiatement endormie. Mais je fus réveillée encore plus vite. Un petit enfant est venu et m’a réveillée. C’était un enfant d’un an peut-être, et je m’étonnais qu’Il parle si bien, car à cet âge, les enfants ne parlent pas ou indistinctement. Il était indiciblement beau et ressemblait à l’Enfant Jésus. Il me dit ces mots : « Regarde le ciel. » Lorsque j’ai regardé le ciel, j’ai aperçu les étoiles et la lune qui brillaient. Alors l’enfant m’a demandé : « Vois-tu cette lune et ces étoiles ? » J’ai répondu «oui. » - « Ces étoiles, reprit-Il, sont les âmes des fidèles chrétiens et la lune et la lune ce sont les âmes religieuses. Tu vois la grande différence de lumière entre la lune et les étoiles. Telle est au ciel la différence entre l’âme religieuse et l’âme d’un fidèle chrétien. » Et Il me dit que la véritable grandeur réside dans l’amour de Dieu et dans l’humilité.


#424
Puis je vis une âme, qui se séparait du corps dans de terribles supplices. O Jésus, lorsque je dois écrire ceci, je frémis à la vue de ces atrocités, qui témoigne contre lui… Je voyais des âmes de petits enfants et de plus grands, vers les neuf ans, qui sortaient d’une sorte de gouffre boueux. Ces âmes étaient répugnantes et dégoûtantes, semblables aux plus horribles monstres et à des cadavres décharnés. Mais ces cadavres étaient vivants et rendaient hautement témoignage contre cette âme agonisante. Et l’âme que je voyais en agonie était une âme qui avait reçu de grands honneurs et des applaudissements mondains, et qui finissait dans le vide et le péché. Enfin une femme est sortie elle tenait des larmes, comme dans un tablier, et elle témoignait avec force contre lui.


425 Oh ! L’heure terrible où il faut voir toutes ses actions dans leur nudité et leur misère ! Aucune d’elles ne périra. Elles vont nous accompagner fidèlement jusqu’au jugement de Dieu. Je n’ai pas de mots ni de comparaisons pour exprimer des choses aussi terribles. Et bien que je croie que cette âme n’est pas damnée, cependant ses supplices ne diffèrent en rien des supplices de l’enfer, il y a seulement cette différence qu’ils finiront un jour.


426 Après un moment, j’aperçus à nouveau ce même Enfant qui m’avait réveillée. Il était d’une délicieuse beauté. Il m’a répété : « La véritable grandeur de l’âme réside dans l’amour de Dieu et dans l’humilité. » Je Lui demandai « D’où sais-tu que la véritable grandeur de l’âme réside dans l’amour de Dieu et dans l’humilité ? Les théologiens seuls peuvent savoir ces choses et toi, tu n’as même pas encore appris le catéchisme. Comment le sais-tu ? » Il me répondit : « Je le sais. Je sais tout. »- Et au même moment il disparut.


427 Cependant je ne pus me rendormir. Mon esprit était fatigué, parce que j’avais commencé à réfléchir à ce que j’avais vu. O âmes humaines, comme vous reconnaissez tard la vérité. O immensité de la miséricorde de Dieu, déversez-vous au plus vite sur le monde entier, comme vous-même me l’avez dit.


428 V.1935. Lorsque j’ai compris les grands desseins de Dieu sur moi, je fus effrayée de leur grandeur.. Et me sentant tout à fait incapable de les accomplir, j’ai commencé à éviter intérieurement les conversations avec Dieu et je remplaçais ce temps par des prières vocales. Je le faisais par humilité, mais je m’aperçus bientôt, que ce n’était pas la véritable humilité, mais une grande tentation du démon.

Quand, un jour au lieu de l’oraison, je pris un livre de lecture spirituelle, j’ai entendu distinctement et fortement ces paroles : « Tu prépareras le monde à Ma venue dernière. »

Ces paroles m’ont profondément impressionnée et quoique faisant semblant de ne pas les avoir entendues, je les comprenais bien et je n’avais aucun doute. Un autre jour, fatiguée de ce combat entre mon amour pour Dieu et mon refus continuel, à cause de mon incapacité à accomplir cette oeuvre, je voulus quitter la chapelle, mais une singulière puissance m’en empêcha. Je me sentais impuissante, et j’entendis soudain ces paroles : « Tu veux sortir de la chapelle, mais tu ne t’éloigneras pas de Moi, car je suis partout. Par toi-même, tu ne feras rien. Mais avec Moi tu peux tout. »


429 Quand au cours de la semaine, le suis allée chez mon confesseur, je lui ai dévoilé l’état de mon âme, et en particulier le fait que j’évitais la conversation intérieure avec Dieu. Il me répondit qu’il ne m’était pas permis d’éviter la conversation intérieure avec Dieu, mais que je devais au contraire bien écouter les paroles qu’Il me dit. J’ai agi d’après les indications du confesseur et à la première rencontre avec le Seigneur je suis tombée à Ses pieds et, le coeur brisé, je Lui ai demandé pardon pour tout.


430 Alors Jésus me souleva de terre, me fit asseoir près de Lui et Il me permit de poser ma tête sur Sa poitrine, pour que je puisse comprendre et mieux ressentir les désirs de Son Très Doux Coeur. Alors Jésus me dit : « Ma fille, n’aies peur de rien. Je suis toujours avec toi. Tous tes adversaires ne te nuiront que dans la mesure où Je le leur permettrai. Tu es Ma demeure et Mon continuel repos. Pour toi Je vais arrêter la main qui punit. Pour toi Je bénis la terre. »


431 Au même moment j’ai senti comme un feu dans mon coeur, mes sens dépérissaient, je ne savais plus ce qui se passait autour de moi. Je sentais le regard u Seigneur qui me transperçait. Je reconnus bien Sa grandeur et ma misère. Une singulière douleur envahit mon âme et une telle joie, que je ne puis comparer la comparer à quoi que ce soit. Je me sens impuissante dans les bras de Dieu. Je sens que je suis en Lui et que Je me fonds en Lui, comme une goutte d’eau dans l’océan. Je ne sais pas exprimer ce qui se passe en moi. Après une telle oraison intérieure, je sens en moi la force et la puissance de pratiquer les vertus les plus difficiles, ainsi qu’une aversion pour toutes les vanités que le monde a en estime. De toute mon âme, je désire la solitude et le silence.


432 V.1935. Pendant l’Office des quarante heures, j’ai vu la face de Jésus dans la Sainte Hostie exposée dans l’ostensoir. Jésus regardait tout le monde avec bienveillance.


433 Je vois souvent l’Enfant Jésus pendant la Sainte Messe. Il est extrêmement beau et paraît avoir à peu près un an. Un jour dans notre chapelle, quand je vis ce même Enfant pendant la Sainte Messe, un désir fou et une envie irrésistible me prirent de m’approcher de l’autel et de Le prendre dans mes bras. Or à ce moment, l’Enfant Jésus vint près de moi, près de mon prie-Dieu. Il appuya des deux petites Mains sur mon épaule, gracieux et joyeux, le regard profond et pénétrant. Cependant, quand le prêtre rompit l’Hostie, Jésus revint sur l’autel et Il fut rompu et consommé par ce prêtre.

Après la Sainte Communion, j’ai vu ce même Jésus dans mon coeur, et pendant toute la journée je Le sentais physiquement vraiment dans mon coeur. Un très profond recueillement m’enveloppa à mon insu, et je ne parlai à personne. J’évitais autant que possible, la présence des gens. Je répondais toujours aux questions concernant mon travail, en dehors de cela,, pas un mot.


434 9.VI.1935. La Pentecôte.

Le soir, passant par le jardin, j’ai entendu ces paroles : « Avec tes compagnes tu vas tâcher par la prière d’obtenir la miséricorde pour toi-même et pour le monde. » J’ai compris que je ne resterai pas dans la Congrégation où je suis maintenant. Je vois clairement qu’il a pour moi un autre projet divin. Cependant je m’excuse sans cesse devant Dieu, Lui disant que je suis incapable d’accomplir cette oeuvre. Jésus, Vous savez bien ce que je suis, puis j’ai commencé à énumérer mes faiblesses devant le Seigneur. Je me cachais derrière elles pour qu’Il reconnaisse que mon refus était fondé, et que je suis incapable d’accomplir Ses desseins. Alors j’entendis ces paroles : « N’aies pas peur. Moi-même Je compléterai tout ce qui te manque. » Ces mots me pénétrèrent entièrement et je compris mieux encore ma misère. Je compris que la parole du Seigneur est vivante et qu’elle pénètre jusqu’à l’âme. J’ai compris que Dieu exigeait de moi un genre de vie plus parfait. Cependant, je continuai à m’excuser à cause de mon incapacité.


43529.VI.1935.Lorsque je fis part à mon directeur spirituel des divers points que le Seigneur exigeait de moi, je pensais qu’il me répondrait que j’étais incapable d’accomplir ces choses, que Jésus n’emploie pas des âmes aussi misérables, que je ne convenais pour aucune des oeuvres. Pourtant j’ai entendu que Dieu choisit justement le plus souvent ces âmes là pour réaliser Ses desseins. Ce prêtre, guidé par l’Esprit de Dieu, a pénétré les secrets de mon âme, les secrets les plus cachés qui existaient entre Dieu et Moi dont je ne lui avais encore jamais parlé. Et je n’en avais pas parlé, car je ne les connaissais pas moi-même, et que le Seigneur ne m’avait pas donné formellement l’ordre d’en parler.


436 Voilà ce secret : Dieu exige qu’il y ait une Congrégation qui annoncera sa Miséricorde au monde et qui par ses prières l’obtiendra pour le monde. Quand le prêtre me demanda si je n’avais pas de telles inspirations, j’ai répondu que je n’avais pas d’ordres précis. Cependant en un instant, une lumière pénétra mon âme et je compris que le Seigneur parlait par sa bouche. Je me défendis en vain disant que je n’avais pas d’ordre formel. Vers la fin de la conversation, j’aperçus Jésus sur le seuil ainsi qu’Il est peint sur l’image. « Je désire qu’une telle congrégation existe », me dit-Il. Cela n’a duré qu’un instant.

Pourtant, je n’en ai pas parlé tout de suite, mais j’étais pressée de rentrer à la maison et j répétais constamment au Seigneur : « Je ne suis pas capable d’accomplir Vos desseins, Ô mon Dieu ! » Cependant, chose curieuse, Jésus ne faisait pas attention à mes appels, mais il me fit comprendre combien j’aurais de difficultés à surmonter. Et moi, Sa pauvre créature, je ne savais rien dire d’autre que : « Je suis incapable, ô mon Dieu ! »


437

30.VI.1935.

Le lendemain pendant la sainte Messe, tout au commencement, j’ai aperçu Jésus indescriptiblement beau. Il me dit qu’Il exigeait qu’une telle Congrégation soit fondée au plus tôt : « Tu vas y vivre avec tes compagnes. Mon esprit sera la règle de votre vie, qui doit Me prendre pour modèle, depuis la crèche jusqu’à l’agonie sur la Croix. Pénètre Mes mystères et tu découvriras l’abîme de Ma Miséricorde envers les créatures et Mon insondable bonté et tu les feras connaître au monde. Par tes prières, tu vas être l’intermédiaire entre la terre et le Ciel. » Alors vint le moment de communier Jésus disparut.

J’ai vu une grande clarté. Soudain j’ai entendu ces paroles :


438 « Nous te donnons Notre bénédiction. » A cet instant, un rayon lumineux sortit de cette clarté et transperça mon coeur. Un feu singulier s’alluma dans mon âme. Je pensais que j’allais mourir de joie et de bonheur. Je sentais que mon âme se détachait de mon corps, je sentais que j’étais complètement plongée en Dieu, et que le Tout-Puissant m’emportait comme un grain de poussière dans des espaces inconnus. Frémissante de bonheur dans les bras du Créateur, je sentais qu’Il me soutenait Lui-même pour que je puisse supporter l’immensité de ce bonheur et contempler Sa Majesté.

Je savais maintenant que s’Il ne m’avait pas fortifiée d’avance par Sa grâce, mon âme n’aurait pu supporter ce bonheur et que la mort aurait suivi un instant après. La Sainte Messe finit je ne sais quand, car il n’était pas en mon pouvoir de faire attention à ce qui se passait dans la chapelle. Cependant, quand je repris mes sens, je sentis que j’avais la force et le courage d’accomplir la volonté divine. Rien ne me semblait difficile et, tandis qu’auparavant je m’excusais devant le Seigneur, maintenant, ressentant en moi le courage et la force du Seigneur qui vit en moi, je lui ai dit, je suis prête, quel qu soit le signe de Votre Volonté! » Intérieurement j’avais déjà vécu tout ce que l’avenir me réservais.


439 O mon Créateur et mon Seigneur, voilà tout mon être ! Disposez de moi selon Votre divin plaisir, d’après Vos éternels desseins et Votre insondable Miséricorde. Que toute âme sache comme est bon le Seigneur. Que personne n’ait peur de vivre dans Son intimité ni ne s’excuse de son indignité ni ne remette jamais à plus tard les invitations divines, car cela ne plait pas au Seigneur. Il n’y à pas d’âme plus misérable que la mienne. Je me connais véritablement et je m’étonne que la Majesté Divine ne soit ainsi abaissée. O éternité, il me semble que tu seras trop courte pour exprimer l’infinie miséricorde du Seigneur.


440 Une fois, pendant la procession de la Fête-Dieu, cette image était exposée sur l’autel. Quand le prêtre y déposa le Saint Sacrement et que le choeur commença à chanter, les rayons de l’image traversèrent la Sainte Hostie et se répandirent dans le monde entier. Alors j’entendis ces paroles : « Ces rayons te traverseront, comme ils ont traversé cette Hostie et ils passeront dans le monde entier. » A ces mots, une grande joie envahit mon âme.


441 Une autre fois, alors que mon confesseur disait la Sainte Messe, je vis comme toujours, l’Enfant Jésus sur l’Autel, à partir de l’offertoire. Puis, un moment avant l’élévation, le prêtre disparut à mes yeux et seul Jésus resta. Quand le moment de l’élévation approcha, Jésus prit dans Ses petites mains l’Hostie et le calice, et Il les souleva ensemble, en regardant le ciel. Peu après, je vis de nouveau mon confesseur. J’ai demandé à l’enfant Jésus où était le prêtre quand je ne le voyais pas. Il me répondit : « Dans mon Coeur. »


442 Une autre fois, j’ai entendu ces mots : « Je désire que tu vive de Ma volonté dans les plus secrètes profondeurs de ton âme. » - Je réfléchissais à ces mots qui m’allaient droit au coeur. C’était un jour de confession de la Communauté. Or pendant ma confession, lorsque je me suis accusée de mes péchés, le prêtre me répéta mot pour mot ce que Jésus m’avait dit avant lui.

Puis il me dit ces paroles profondes :


443 « Il y a trois degrés dans l’accomplissement de la volonté divine :

Le premier, quand l’âme accomplit tout ce qui est contenu extérieurement dans les ordres et les statuts.

Le second, quand l’âme suit les inspirations intérieures et y est fidèle.

Le troisième, quand l’âme abandonnée à la volonté de Dieu, Lui laisse la liberté de disposer d’elle et que Dieu fait d’elle ce qui Lui plaît : elle est un instrument docile dans Sa main. »

Le prêtre me dit que j’en étais au deuxième degré de l’accomplissement de la volonté divine, que je n’avais pas encore atteint le troisième. Mais que je devais cependant m’efforcer d’y arriver. Ces paroles pénétrèrent jusqu’au fond de mon âme. Je vois clairement que Dieu donne à ce prêtre la connaissance de ce qui se passe au fond de mon âme. Cela ne m’étonne pas. Je remercie Dieu qu’Il ait de tels élus










444 Jeudi. L’adoration nocturne.

Quand je suis venue pour adorer, un recueillement intérieur me saisit immédiatement. J’ai aperçu Jésus attaché à une colonne, dépouillé de ses vêtements et tout de suite la flagellation commença. J’ai vu quatre hommes qui, tour à tour, frappaient le Seigneur avec des fouets. Le coeur me manquait en regardant ce supplice. Le Seigneur me dit : « Je souffre une plus grande douleur que celle que tu vois. » Et Jésus me fit connaître pour quels péchés Il se soumit à la flagellation ; ce sont les péchés d’impureté. Oh ! Que les souffrances morales de Jésus furent cruelles, quand Il se soumit à la flagellation ! Il me dit alors : « Regarde et vois le genre humain dans son état actuel ! »

Et au même instant, je vis des choses horribles : les bourreaux abandonnèrent Jésus et d’autres personnes procédèrent à la flagellation. Elles saisirent des fouets, et frappèrent le Seigneur sans miséricorde. C’était des prêtres, des religieux, des religieuses et de hauts dignitaires de l’Eglise, ce qui m’a bien étonnée. Il y avait aussi des laïcs d’âges divers et de divers états. Ils exerçaient toute leur méchanceté sur l’innocent Jésus. Mon coeur était dans une sorte d’agonie. Quand les bourreaux Le frappaient, Jésus se taisait et regardait au loin. Mais quand ces âmes dont j’ai parlé plus haut se mirent à Le flageller, Jésus ferma les yeux et un gémissement sourd, mais terriblement douloureux, s’exhala de Son Coeur. Il me fit voir en détail et connaître la gravité de la méchanceté et de l’ingratitude de ces âmes : « Vois-tu, c’est là un supplice plus douloureux pour Moi que la Mort. »

Alors mes lèvres se turent, et sans mot dire, j’ai commencé à ressentir l’agonie. Je sentais que personne ne pourrait me consoler, ni m’arracher à cet état, sinon Celui qui m’y avait mise. Et le Seigneur me dit : « Je vois la douleur sincère de ton coeur, qui a apporté un immense soulagement à Mon Coeur. Regarde et console-toi »


445 Alors j’ai aperçu Jésus cloué à la Croix. Il était suspendu à la Croix depuis un moment, quand je vis toute une légion d’âmes crucifiées comme Lui. Et je vis une deuxième légion q’âmes et une troisième légion d’âmes. La deuxième légion n’était pas clouée à la croix, mais les âmes tenaient fermement la croix en main. La troisième légion n’était ni crucifiée, ni en ferme possession de la croix ; ces âmes traînaient leur croix derrière elles, d’un air mécontent. Alors Jésus me dit : « Vois-tu ces âmes qui Me ressemblent dans les souffrances et dans les mépris Me ressemblent aussi dans la gloire. Et celles qui sont le moins semblables à Moi dans les souffrances et les mépris, seront aussi le moins semblables à Moi dans la gloire. »

Parmi les âmes crucifiées, le plus grand nombre étaient des âmes d’ecclésiastiques. J’ai reconnu aussi, en croix des âmes que je connaissais, ce qui m’a causé une grande joie. Alors Jésus me dit : « Dans ta méditation de demain tu vas réfléchir à ce que tu as vu aujourd’hui. » - Et aussitôt Jésus disparut.


446 Vendredi. J’étais malade et je ne pouvais pas assister à la Sainte Messe. A sept heures du matin, j’ai vu mon confesseur en train de célébrer la Sainte Messe, au cours de laquelle j’ai vu l’Enfant Jésus. A la fin de la Sainte Messe, la vision disparut et je me suis retrouvée dans ma cellule, comme auparavant. Une joie indicible s’empara de moi parce que, ne pouvant être présente à la Sainte Messe dans notre chapelle, j’avais assisté à la Sainte Messe dans une église bien éloignée. Jésus peut remédier à tout.


447 30 juillet 1935. Fête de Saint Ignace.

J’ai ardemment prié ce Saint. Je lui faisais des reproches : comment pouvait-il me regarder sans me venir en aide dans des questions si importantes, sans m’aider à accomplir la volonté de Dieu ? Je lui dis : « O notre saint Patron, vous qui brûliez du feu de l’amour et du zèle de la gloire de Dieu, je vous prie humblement, aidez-moi dans l’accomplissement des desseins de Dieu. » C’était pendant la Sainte Messe. Alors j’ai vu Saint Ignace du côté gauche de l’autel, un grand livre à la main, qui me dit : « Ma fille, je ne suis pas indifférent à ton affaire : cette règle peu s’adapter dans cette Congrégation ». Montrant de la main le grand livre, il disparut. J’ai été infiniment heureuse de ce que les saints pensent à nous et que notre union avec eux soit si étroite. O Bonté divine, comme le monde intérieur est beau, dès ici bas nous pouvons vivre en communion avec les saints. J’ai ressenti pendant toute la journée la proximité de ce cher Patron.

449 5 août 1935. Fête de Notre-Dame de la Miséricorde.

Je me suis préparée à cette fête avec plus de ferveur que les années précédentes. Le matin, j’ai ressenti un combat intérieur, à la pensée que je devais quitter cette congrégation, qui jouit de la protection particulière de Marie. La méditation passa dans ce combat et la première Messe aussi. Pendant la seconde Messe, j’ai prié la Sainte Mère e lui disant qu’il m’était difficile de me séparer de cette Congrégation placée sous sa particulière protection.

Alors j'ai vu la Sainte Vierge, rayonnante d'une ineffable bonté. Elle est venue de l'autel vers mon prie-Dieu, elle s'est approchée de moi, m'a serrée contre Elle et m'a dit : « Je suis votre Mère par la miséricorde insondable de Dieu. L’âme qui m’est la plus agréable est celle qui accomplit fidèlement la volonté de Dieu » Elle m’a fait comprendre que je réalisais tous les souhaits de Dieu et que pour cette raison j’avais trouvé grâce à Ses yeux. « Sois courageuse, n’aies pas peur des obstacles illusoires, mais fixe tes regards sur la Passion de Mon Fils. De cette manière tu remporteras la victoire. »

450 Adoration nocturne.

Je me sentais bien souffrante, et il me semblait que je ne pourrais pas faire mon adoration. Cependant, j’ai rassemblé toutes les forces de ma volonté et, bien que je sois tombée à terre dans ma cellule, je n’accordais aucune attention à ce qui me faisait mal, ayant la Passion de Jésus devant les yeux. Lorsque je suis arrivée à la chapelle, j’ai compris intérieurement quelle grande récompense Dieu nous prépare, non seulement pour les bonnes actions, mais aussi pour le sincère désir de les remplir. Qu’elle est grande cette grâce de Dieu ! Oh !comme il est doux de se donner beaucoup de mal pour Dieu et pour les âmes ! Je ne veux point de repos dans ce combat, je vais lutter jusqu’au dernier souffle de ma vie pour la gloire de mon Roi et Seigneur. Je ne poserai pas le glaive jusqu’à ce qu’il m’appelle devant son trône. Je n’ai pas peur des coups, car Dieu est mon bouclier. C’est l’ennemi qui devrait avoir peur de nous, et non nous de lui. Satan ne remporte de victoire que sur les orgueilleux et les poltrons, car les humbles sont forts. Rien ne confondra ni n’effrayera une âme humble. Elle a dirigé son vol droit sur le brasier du soleil et rien ne pourra l’arrêter. L’amour ne se laisse pas emprisonner, il est libre comme un roi. L’amour atteint Dieu.


451 Un jour après la Sainte Communion, j’ai entendu ces mots : « Tu es Notre demeure. » - A ce moment j’ai ressenti dans mon âme la présence de la Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit. Je sentais que j’étais le temple de Dieu. Je sens que je suis l’enfant du Père. Je ne puis expliquer tout cela, mais mon esprit le comprend bien. O Bonté infinie, comme Vous Vous abaissez vers Votre misérable créature !

452 Si les âmes voulaient se recueillir, Dieu leur parlerait tout de suite. Car c’est la dispersion qui assourdit la parole du Seigneur.

453 Une fois le Seigneur me dit : « Pourquoi as-tu peur et pourquoi frémis-tu quand tu es unie à Moi ? Cela ne me plaît pas que l’âme se laisse aller à de vaines peurs. Qui oserait te toucher, lorsque tu es avec Moi ? L’âme est Ma bien aimée quand elle croit à Ma bonté et qu’elle se fie complètement à Moi. Je la comble de Ma confiance et Je lui donne tout ce qu’elle demande. »

454 Et une autre fois : « Ma fille, prends les grâces que dédaignent les autres. Prends-en autant que tu peux en porter. »- A cet instant mon âme fut inondée de l’amour divin. Je sens que je suis unie au Seigneur si étroitement que je ne trouve pas de mot pour bien définir cette union. Et soudain je sens que tout ce que Dieu possède, tous les biens et tous les trésors sont à moi. Je ne m’en préoccupe cependant pas beaucoup, car Il me suffi, Lui Seul, l’Unique. En Lui je vois tout, et rien sans Lui. Je ne cherche pas de bonheur en dehors de mon être intérieur où demeure Dieu. Je me réjouis de Dieu à l’intérieur de moi-même. J’y vis sans cesse avec Lui : c’est là ma plus grande intimité avec Lui. J’y demeure, sûre de Lui, à l’abri des regards humains. La Sainte Vierge m’encourage à me comporter de la sorte avec Dieu.

455 Quand survient une souffrance, elle ne me cause aucune amertume. Les grandes consolations ne m’enorgueillissent pas. En moi règnent la paix et l’égalité d’âme qui découle de la connaissance de la vérité.

Vivre entourée de coeurs mal disposés ne peut me nuire puisque mon âme connaît la plénitude du bonheur. La bienveillance des autres ne m’aidera pas si Dieu n’est pas dans mon propre coeur.

+


456

J.M.J. Wilno, 12.VIII.1935 - Retraite de trois jours.

La veille de la retraite, au soir, en écoutant les points de la méditation, j’ai entendu ces paroles : « Pendant cette retraite, je te parlerai par la bouche de ce prêtre, pour t’assurer de l’authenticité des paroles que je t’adresse au fond de l’âme. Bien que ce soit une retraite pour toutes les Soeurs, Je te prends spécialement en considération pour te fortifier et te rendre intrépide dans toutes les contrariétés qui t’attendent. Aussi écoute soigneusement les paroles du prêtre et médite-les dans les profondeurs de ton âme.

457 Quel ne fut pas mon étonnement en constatant que tout ce que le Père disait de l’union avec Dieu et des obstacles à cette étroite union, je l’avais littéralement vécu dans mon âme. Jésus, qui se communique à moi au fond de l’âme, m’en avait déjà parlé. La perfection consiste en cette étroite union à Dieu.

458 Pendant la méditation de neuf heures, le Père parlait de la miséricorde divine et de la bonté de Dieu envers nous. Il disait que lorsque nous repassons l’histoire de l’humanité, à chaque pas nous voyons cette grande bonté de Dieu. Tous les attributs de Dieu, comme Sa Toute-Puissance, s’efforcent de nous dévoiler ce suprême attribut de Dieu, Sa bonté. Mais beaucoup d’âmes qui tendent à la perfection ne connaissent pas cette grande bonté de Dieu. Tout se que le Père disait pendant cette méditation sur la bonté de Dieu, est exactement ce que Jésus m’a confié à propos de la Fête de la Miséricorde.

Tout est clair maintenant au sujet de ce que le Seigneur m’a promis. Je n’éprouve plus aucun doute. La parole de Dieu est claire et nette.

459 Pendant toute cette méditation, je voyais Jésus sur l’autel en tunique blanche. Il tenait en main le cahier dans lequel j’écris ceci. Pendant toute la méditation, Jésus feuilletais les pages du cahier et se taisait. Cependant mon coeur ne pouvait plus supporter le feu qui brûlait mon âme. Malgré l’effort de ma volonté pour me maîtriser et ne pas faire voir à mon entourage ce qui se passait en mon âme, vers la fin de la méditation, je sentis que je ne dépendais plus de moi-même. Alors Jésus me dit : « Tu n’as pas tout écrit dans ce cahier sur Ma bonté envers les hommes. Je désire que Tu n’omettes rien et que ton coeur soit affermi dans une paix complète. »

460 O Jésus, mon coeur cesse de battre quand je considère tout ce que Vous avez fait pour moi ! Je Vous admire, Seigneur, de Vous abaisser à ce point vers mon âme misérable. Quels moyens inconcevables Vous employez pour me persuader !

461 C’est la première fois de ma vie que je fais une telle retraite. Je comprends d’une manière particulière et claire chaque mot du Père, ayant déjà vécu tout cela en mon âme. Je vois maintenant que Jésus ne laissera pas dans l’incertitude une âme qui l’aime sincèrement. Jésus désire que l’âme soit en étroit rapport avec Lui, et remplie de paix malgré les souffrances et les contrariétés.

462 Je comprends bien maintenant ce qui unit le plus étroitement l’âme à Dieu, c’est le renoncement à soi, c’est-à-dire l’union de notre âme à la volonté de Dieu. Cela rends l’âme vraiment libre, l’aide à avoir un profond recueillement de l’esprit, lui rend légères toutes les peines de la vie, et la mort douce.

463 Jésus m’a dit que si j’avais quelque incertitude en ce qui concerne cette Fête, ou la fondation de cette Congrégation, ou sur tout autre point don Il m’a parlé au fond de l’âme, Il me répondrait immédiatement par la bouche de ce prêtre.

464 Pendant une méditation sur l’humilité, une vieille inquiétude me revint à l’esprit : une âme aussi misérable que la mienne ne peut accomplir la tâche que le Seigneur exige. A cet instant, alors que j’examinais ce doute, le prêtre qui prêchait la retraite interrompit le fil de son discours et parla de ce dont je doutais. C’est-à-dire que Dieu choisit, la plupart du temps, les âmes les plus faibles et les plus simples comme instruments, pour réaliser Ses plus grandes oeuvres. Et c’est une vérité incontestable, car c’est ainsi qu’Il a choisi les Apôtres. Et voyons dans l’Histoire de l’Eglise, quelles grandes oeuvres ont été accomplies par des âmes qui en étaient le moins capables ! Car justement de cette manière, les oeuvres de Dieu nous montrent qu’elles sont vraiment de Dieu. Quand mon incertitude eût tout à fait disparu, le prêtre revint au thème de l’humilité.

Jésus, comme pendant chaque méditation, se tenait debout sur l’autel. Il ne me disait rien, mais son regard bienveillant pénétrait ma pauvre âme, qui n’avait plus aucune excuse.

465 O Jésus, ma vie, je sens bien que Vous me changez en Vous-même, dans le secret de l’âme, où les sens n’atteignent guère. O mon sauveur, cachez-moi dans le fond de Votre Coeur, et couvrez-moi de Vos rayons devant tout ce qui n’est pas Vous. Je Vous en prie, Jésus, que ces deux rayons sortis de Votre Coeur très Miséricordieux fortifient sans cesse mon âme.

466 Le moment de la confession.

Mon confesseur m’a demandé si à cet instant Jésus était là, et si je Le voyais. –« Oui, Il est là et je Le vois. » Alors il m’a demandé de le questionner sur certaines personnes. Jésus ne m’a rien répondu, mais il l’a regardé. Quand après la confession j’ai récité ma pénitence, Jésus m’a dit : « Va et console-le de ma part. » - Ne comprenant pas la signification de ces mots, je lui ai tout de suite répété ce que Jésus venait de me dire.

467 Pendant tout le temps de la retraite, sans interruption, j’étais en rapport avec Jésus et je me suis familiarisée avec Lui de toute la force de mon coeur.

468 Jour de la rénovation des voeux. Au commencement de la Sainte Messe, comme d’habitude, comme d’habitude j’ai vu Jésus. Il nous bénissait, puis Il est entré dans le tabernacle. Soudain je vis la <sainte Vierge en robe blanche et manteau bleu, tête nue. Elle vint de l’autel, s’approcha de moi, me toucha de ses mains et me couvrit de son manteau. Elle me dit : « Offre ces voeux pour la Pologne. Prie pour Elle. »

469 15.VIII. Le soir de ce même jour, j’ai éprouvé une grande nostalgie de Dieu. Je ne Le voyais pas en ce moment avec mes yeux de chair, comme auparavant, mais je Le sens, de façon indéfinissable. Cela me cause cette nostalgie et un supplice indescriptible. Je meurs de soif de Le posséder, pour me noyer en Lui pour l’éternité. Mon esprit est tendu vers Lui, et rien au monde ne pourrait me consoler. O amour éternel, je comprends maintenant combien mon coeur vivait en étroite intimité avec Vous. Car qu’est-ce qui pourra me contenter au Ciel ou sur la terre, en dehors de Vous, ô mon Dieu en qui s’est abîmée mon âme ?

470 Un soir, de ma cellule, je regardais le Ciel, et j’ai vu ce beau firmament semé d’étoiles, et la lune.. Soudain un feu d’amour inconcevable jaillit de mon âme vers mon Créateur. Ne sachant supporter la nostalgie qui montait en mon âme vers Lui, je me suis prosternée, m’humiliant dans la poussière. Je Le louais pour toutes Ses créatures. Et lorsque mon coeur n’eut plus la force de supporter ce qui se passait en lui, j’ai éclaté en sanglots. Alors mon Ange Gardien m’a touchée et m’a dit : « Le Seigneur te fait dire de te relever. » J’obéis immédiatement, mais je n’étais pas consolée. La nostalgie de Dieu m’envahit plus encore.

#470
Un jour où j’étais en adoration, mon esprit était comme en agonie et je ne pouvais pas retenir mes larmes ; alors j’ai vu un esprit d’une grande beauté qui me dit : « Le Seigneur dit : ne pleure pas. » Après un moment, j’ai demandé : « Qui es tu ? » Il me dit : « Je suis l’un des sept esprits, qui se tiennent nuit et jour devant le trône de Dieu et Le louent sans cesse. » Cependant cet esprit, n’a pas apaisé ma nostalgie de Dieu, il n’a fait que l’accroître. La beauté de cet esprit provient de son étroite union à Dieu. Il ne me quitte pas un seul instant, il m’accompagne partout.

Le lendemain, pendant la Sainte Messe, avant l’Elévation, il commença à chanter ces mots : « Saint ! Saint ! Saint ! » Sa voix résonnait comme les voix de milliers de personnes, cela m’est impossible à décrire. Tout d’un coup, mon esprit fut uni à Dieu. A ce moment-là, j’ai vu la grandeur et la sainteté inconcevables de Dieu et en même temps j’ai eu connaissance de mon néant.

Les Trois Personnes Divines : le Père, le Fils et le Saint-Esprit m’ont été révélées plus distinctement qu’autrefois. Cependant Leur existence, Leur égalité et Leur majesté sont une.

471 Mon âme est en relation avec les Trois. Je ne puis l’exprimer par des mots, mais mon âme le comprend bien. Quiconque est uni à l’Une des Trois personnes est par là même uni à la Sainte Trinité, car Son unité est indivisible. Cette vision, cette connaissance plutôt, inonda mon âme d’un bonheur inconcevable : Dieu est si grand ! Je n’ai pas vu de mes yeux, comme autrefois, ce que je viens d’écrire, mais d’une manière purement intérieure, spirituelle et indépendante des sens. Cela dura jusqu’à la fin de la Sainte Messe.

Maintenant cela m’arrive souvent, non seulement à la chapelle, mais aussi pendant le travail et dans les moments où je m’y attends le moins.

472 Quand mon confesseur partit, je me confessais à l’Archevêque. Après lui avoir dévoilé mon âme, je reçus cette réponse : « Ma fille, armez-vous d’une grande patience.. Si ces choses viennent de Dieu, tôt ou tard elles se réaliseront. Je vous en prie, soyez tout à fait tranquille. Je vous comprends très bien et quand à votre désir de quitter la Congrégation pour penser à une autre, je vous le demande, n’admettez pas cela, même en pensée. Car ce serait une grave tentation intérieure. »

Après cette confession, j’ai dit à Jésus : « Pourquoi me demandez-Vous de faire ces choses et ne me donnez-Vous pas la possibilité de les réaliser ? » Alors j’ai vu Jésus après la Sainte Communion dans la même petite chapelle où je m’étais confessée, sous le même aspect qu’il avait sur l’image. Le Seigneur m’a dit : « Ne sois pas triste. Je lui ferai comprendre ce que j’exige de toi. » Au moment où nous sortions, l’Archevêque était très occupé, mais il nous fit retourner et attendre un instant. Lorsque nous sommes rentrées dans la petite chapelle, j’entendis ces paroles dans mon âme : « Dis-lui ce que tu as vu dans cette chapelle. » A cet instant, l’Archevêque entra et nous demanda si nous n’avions rien à lui dire. Cependant, bien qu’ayant l’ordre de parler, je ne le pouvais pas, car j’étais accompagnée par un Soeur.

Encore un mot de la Sainte Confession : « Obtenir par la prière la miséricorde pour le monde ; c’est une grande et belle idée. Priez beaucoup la Miséricorde pour le monde ; c’est une grande et belle idée. Priez beaucoup la Miséricorde divine pour les pécheurs, ma Soeur, mais faites-le dans votre propre couvent. »


474

LE CHAPELET A LA MISERICORDE DIVINE - Le lendemain, vendredi 13.IX.35.


Faustine journal 419