Faustine journal 1393

26 novembre 1937. Retraite mensuelle d’un jour.

Au cours de cette retraite, le Seigneur m’a donné la lumière d’une plus profonde connaissance de Sa volonté, celle de m’abandonner entièrement à la Sainte volonté de Dieu. Cette lumière m’a confirmée en ma profonde tranquillité, me faisant comprendre que je ne dois rien craindre, en dehors du péché. J’accepte tout ce que Dieu permettra pour moi, m’abandonnant entièrement à Sa Sainte volonté. Peu importe où Il me mettra. Je m’efforcerai fidèlement d’accomplir Sa Sainte volonté ainsi que tous ses désirs autant que cela sera en mon pouvoir. Je m’y efforcerai, cette volonté de Dieu, serait-t-elle pour moi aussi dure et difficile que la volonté du Père des Cieux envers son fils en prière au Jardin des Oliviers. Ainsi me suis-je aperçue que si la volonté du Père des Cieux s’accomplit de cette façon, en Son Fils Bien-Aimé, c’est justement aussi de cette façon qu’elle s’accomplira en nous : souffrances, persécutions, affronts, honte, c’est par tout cela que mon âme deviendra semblable à celle de Jésus. Et plus les souffrances seront grandes, plus je me rends compte que je deviendrai semblable à Jésus. C’est la route la plus sûre. Si une autre route était meilleure, Jésus me l’aurait montrée.



Les souffrances ne m’enlèvent nullement mon calme ; mais d’un autre côté, bien que je jouisse d’un calme profond, celui-ci n’efface pas en moi l’impression de souffrance. Bien que j’aie plus d’une fois le visage penché vers la terre et que mes larmes coulent abondamment, cependant à ce même moment, mon âme est imprégnée de profonde paix et de bonheur…




1394 Je désire me cacher en Votre Coeur très Miséricordieux, telle la goutte de rosée dans le calice de la fleur pour me protéger du gel de ce monde. Personne ne peut concevoir mon bonheur, comme mon coeur se délecte en secret, seul à seul avec Dieu.




1395 J’ai entendu aujourd’hui une voix en mon âme : « Oh ! Si les pécheurs connaissaient Ma Miséricorde, il n’en périrait pas un si grand nombre ! Dis aux âmes des pécheurs qu’elles ne craignent pas de s’approcher de Moi ! Parle-leur de ma grande Miséricorde ! »




1396 Le Seigneur m’a dit : « La perte de chacune des âmes me plonge en une mortelle tristesse. Tu me consoles toujours lorsque tu pries pour les pécheurs. La prière qui M’est la plus agréable est cette prière pour la conversion des âmes pécheresses. Sache, Ma fille, que cette prière est toujours exaucée ! »




1397 L’Avent approche. Je désire préparer mon coeur à la venue de Notre Seigneur Jésus par la douceur et le recueillement de l’âme. Je m’unis ainsi à la Très Sainte Mère et imite fidèlement Sa vertu de douceur par laquelle Elle fut agréable aux yeux de Dieu Lui-même. J’ai foi en ce qu’à Ses côtés, je persisterai dans cette résolution.




1398 Le soir, lorsque je suis entrée un moment à la Chapelle, j’ai ressenti une terrible épine dans la tête. Cela dura peu de temps, mais cette piqûre fut si douloureuse qu’en un instant je suis tombée, tête en avant sur la balustrade. Il me semblait que cette épine s’était enfoncée dans mon cerveau. Mais ce n’est rien, tout est pour les âmes, afin d’implorer pour elles la Miséricorde de Dieu.




1399 Je vis d’heure en heure. Je ne suis pas en état de me conduire autrement. Je désire profiter au mieux du moment présent, accomplissant fidèlement tout ce qu’Il me donne. En tout, je m’abandonne à Dieu avec une inébranlable confiance.




1400 J’ai reçu hier une lettre de Monsieur l’Abbé Sopocko. J’ai appris que l’affaire de Dieu progresse, quoique lentement. Je m’en réjouis immensément, et j’ai redoublé mes prières pour toute cette oeuvre. Je sais qu’actuellement en ce qui concerne cette oeuvre, Dieu exige de moi prières et sacrifices. Mon action pourrait en effet, contrecarrer les projets de Dieu, comme me l’a écrit dans sa lettre d’hier, Monsieur l’Abbé Sopocko. Ô mon Jésus, accordez-moi la grâce d’être dans Votre main un instrument patient ! J’ai constaté dans cette lettre combien la lumière que Dieu accorde à ce prêtre est grande. Cela me confirme dans la conviction que Dieu Lui-même mène cette oeuvre malgré les obstacles qui s’accumulent. Je sais bien que, plus grande et plus belle est l’oeuvre, plus terribles seront les orages qui se déchaîneront contre elle.




1401 Bien souvent Dieu, en Ses jugements impénétrables, permet que ceux qui prirent le plus de peine à l’accomplissement d’une oeuvre ne puissent jouir sur cette terre, des fruits de cette oeuvre, Dieu leur en conservant toute la joie pour l’éternité. Mais malgré tout, parfois Dieu leur fait savoir combien leurs efforts Lui sont agréables.

Et ces moments les fortifient pour de nouvelles luttes et épreuves. Ce sont là les âmes les plus semblables au Sauveur qui n’a goûté qu’amertume dans l’Oeuvre qu’Il fonda sur terre.






1402 Ô mon Jésus, soyez béni pour tout, je me réjouis que s’accomplisse Votre très Sainte volonté, cela suffit entièrement à mon bonheur !




1403 Jésus caché, en Vous repose toute ma force ! Depuis ma plus tendre enfance, Notre Seigneur Jésus présent dans le Saint Sacrement m’a attirée vers Lui. J’avais sept ans lorsque, étant à Vêpres et Notre Seigneur Jésus exposé dans l’ostensoir, pour la première fois l’amour de Dieu se communiqua à moi, et emplit mon coeur. Et le Seigneur me donna la compréhension des choses divines. Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui mon amour pour Dieu caché s’est accru jusqu'à la plus étroite intimité. Toute la force de mon âme provient du Très Saint Sacrement. Je passe chaque moment de liberté en conversation avec Lui. Il est mon Maître.




1404 30 novembre 1937. Alors que je montais les escaliers le soir, tout à coup, un étrange dégoût de ce qui est divin m’a envahie. Sur ce j’entendis Satan qui m’a dit : « Ne pense donc pas à cette oeuvre, Dieu n’est pas aussi Miséricordieux que tu le dis. Ne prie pas pour les pécheurs car ils seront de toute façon damnés. Par cette oeuvre de Miséricorde tu t’exposes toi-même à la damnation. Ne parle jamais de cette Miséricorde de Dieu à ton confesseur, particulièrement à l’Abbé Sopocko ni au Père Andrasz. » Cette voix prit l’apparence de celle d’un Ange gardien. A ce moment j’ai répondu : « Je sais qui tu es, le père du mensonge. » J’ai fait le signe de la Croix et le prétendu Ange disparut avec fracas et furie.




1405 Aujourd’hui le Seigneur m’a fait connaître intérieurement qu’Il ne m’abandonne pas. Il m’a fait voir Sa Majesté, Sa Sainteté, en même temps que Son Amour et Sa Miséricorde envers moi. Il m’a aussi fait connaître plus profondément ma misère. Cependant cette grande misère qui est mienne, ne m’enlevait pas la confiance, tout au contraire. Dans la mesure où je connaissais ma misère, ma confiance en la Miséricorde de Dieu se fortifiait. J’ai compris que tout cela dépend du Seigneur. Je sais que personne ne touchera un seul de mes cheveux, sans Sa volonté.




1406 Aujourd’hui, alors que je recevais la Sainte Communion, j’ai remarqué dans le Calice une Hostie vivante qui me fut donnée par le prêtre. Quand je revins à ma place j’ai demandé au seigneur : « Pourquoi l’une est-elle vivante ? Puisque Vous êtes vivant de même en toutes ? » Le Seigneur m’a répondu : « C’est exact, dans toutes les hosties Je suis le même. Mais toutes les âmes ne Me reçoivent pas avec une foi aussi vivante que la tienne, Ma fille, et c’est pourquoi Je ne peux agir en leur âme, comme en la tienne. »




1407 A la Sainte Messe que célébrait Monsieur l’Abbé Sopocko j’étais présente et pendant cette Messe j’ai vu le Petit Jésus qui, touchant du doigt le front de ce prêtre m’a dit : « Sa pensée est étroitement unie à la Mienne, sois donc sans crainte pour ce qui est de Mon OEuvre. Je ne laisserai pas se tromper. Et toi, n’agis pas sans son autorisation. » - Ceci emplit mon âme d’une grande tranquillité pour l’ensemble de cette oeuvre.




1408 Aujourd’hui Notre Seigneur Jésus me fit prendre conscience de Lui-même, ainsi que de Son plus tendre Amour et de Sa protection, dans une profonde assurance que tout dépend de Sa volonté. De même, Il permet certaines difficultés uniquement pour notre mérite, afin que se manifeste clairement notre fidélité, et qu’ainsi, la force de la souffrance et de l’abnégation se communique à nous.




1409 Aujourd’hui, veille de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie, pendant le repas de midi, à un moment donné, Dieu me fit connaître la grandeur de ma destinée qui est : la proximité de Dieu. Il me révéla que cette proximité m’avait été accordée pour les siècles. Il le fit avec une telle acuité et si distinctement que durant un long moment je suis restée profondément abîmée en Sa vivante Présence, m’humiliant devant Sa Grandeur.



1410
J.M.J.



Ô Esprit de Dieu, Esprit de vérité et de lumière,

Demeure constamment en mon âme par Ta grâce divine !

Que Ton souffle dissipe les ténèbres

Et que dans ta lumière les bonnes actions se multiplient !



Ô Esprit de Dieu, Esprit d’Amour et de Miséricorde

Qui verse en mon coeur le baume de la confiance,

Ta grâce confirme mon âme dans le bien,

Lui donne une force invincible : la constance !



Ô Esprit de Dieu, Esprit de paix et de joie,

Qui réconforte mon coeur altéré,

Verse en lui la vivante source de l’Amour divin

Et rends le intrépide dans la lutte !



Ô Esprit de Dieu, hôte très aimable de mon âme,

Je désire de mon côté Te garder fidélité,

Tant aux jours de joie qu’aux heures de souffrances,

Je désire, Esprit de Dieu, vivre toujours en Ta présence !



Ô Esprit de Dieu, qui imprègne mon être

Et me fait connaître Ta vie divine et Trinitaire

Et m’initie à Ton Etre divin,

Ainsi unie à Toi ma vie est déjà éternelle !




1411 C’est avec un grand zèle que je me suis préparée à célébrer la Fête de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. J’ai veillé davantage au recueillement de mon âme et j’ai approfondi Son privilège exclusif. Aussi mon coeur s’est épris d’Elle, et j’ai remercié Dieu d’avoir accordé à Marie ce grand privilège.




1412 Je me suis non seulement préparée par la neuvaine dite en commun, à laquelle toute la Congrégation participait, mais encore je me suis efforcée personnellement de la saluer mille fois par jour en récitant à Sa gloire mille « Je vous salue Marie » par jour, durant neuf jours.

Voici déjà trois fois que j’adresse une telle neuvaine à la Sainte Vierge, c’est-à-dire une neuvaine se composant de mille Ave par jour. Ce sont donc neuf mille Ave qui forment l’ensemble de cette neuvaine. J’ai déjà pratiqué cette neuvaine trois fois au cours de ma vie, dont deux durant mes travaux quotidiens. Et cependant, je n’ai manqué à aucun de mes devoirs, les remplissant avec grande exactitude. Je la fais en dehors des exercices, c’est-à-dire que, ni durant la sainte Messe ni au cours de la Bénédiction, je n’ai récité ces Ave ; et j’ai fait une neuvaine semblable une troisième fois alors que j’étais hospitalisée.

Pour celui qui veut, rien n’est difficile. En dehors des récréations, je priais et travaillais. Ces jours-là, je n’ai prononcé aucun mot qui ne soit absolument nécessaire. Je dois cependant avouer que cette affaire nécessite une assez grande attention ainsi qu’un effort, mais pour glorifier l’Immaculée, rien n’est de trop.




1413 Fête de l’Immaculée Conception. Avant la Sainte Communion, j’ai vu la Très Sainte Mère d’une incomparable beauté. S’adressant à moi avec un sourire, Elle me dit : « Ma fille, sur la recommandation de Dieu, je dois être tout particulièrement une véritable mère pour toi. Mais je désire que, Ma très aimable fille, tu sois tout particulièrement Mon enfant.




1414 Je désire que tu t’exerces à trois vertus qui me sont chères entre toutes et qui sont le plus agréable à Dieu :

la première, c’est l’humilité, l’humilité et encore l’humilité ;

La deuxième : la chasteté ;

La troisième : l’amour envers Dieu.

Tu es Ma fille, et comme telle, tu dois particulièrement briller par ces vertus.» A la fin de l’entretien Elle me serra sur Son Coeur et disparut.

Lorsque je suis revenue à moi, mon coeur est demeuré étrangement attiré par ces vertus auxquelles je m’exerce fidèlement ; elles sont comme gravées en mon coeur.




1415 Ce fut un grand jour pour moi. J’étais plongée en une incessante contemplation, car seul le souvenir de cette grâce m’entraînait à une nouvelle contemplation. Et durant tout le jour j’ai persévéré dans une action de grâce que je n’ai pu terminer. Car le souvenir de cette grâce poussait mon âme à se plonger à nouveau en Dieu…




1416 Ô Seigneur, mon âme est pourtant la plus misérable qui soit, et Vous Vous abaissez vers elle avec tant de bienveillance. Je vois clairement et Votre grandeur et ma petitesse. C’est pourquoi je me réjouis de Votre Toute-Puissance et de Votre Immensité, et aussi de ma toute petitesse.




1417 Christ souffrant, je vais à Votre rencontre et en tant que Votre bien-aimée, je dois Vous ressembler. Votre manteau d’infamie doit également me recouvrir. Ô Christ, Vous savez combien je désire vivement Vous ressembler ! Faites-moi partager toute Votre Passion.

Que toute Votre douleur se déverse en mon coeur. J’ai confiance que pour cela, Vous comblerez mes déficiences.




1418 Aujourd’hui adoration de nuit. Je n’ai pu y prendre part, à cause de la faiblesse de ma santé ; cependant avant de m’endormir je me suis unie aux Soeurs adoratrices. Entre quatre et cinq heures, tout à coup, j’entendis une voix m’invitant à me joindre aux personnes qui faisaient l’adoration à ce moment-là. J’ai su que parmi ces personnes, une âme priait pour moi.

Et lorsque je me suis plongée dans la prière, je me suis trouvée transportée en esprit à la Chapelle. Et j’ai vu Notre Seigneur exposé dans l’ostensoir. A la place de l’ostensoir, j’ai vu la face glorieuse du Seigneur. Et Jésus m’a dit : « Ce que tu vois en réalité, ces âmes le voient par la foi. Oh ! Combien leur grande foi m’est agréable ! Bien qu’en apparence il n’y ait en Moi aucune trace de vie, cependant, chaque hostie contient réellement Ma vie toute entière. Mais l’âme doit avoir la foi, afin que je puisse agir sur elle. »




1420 Oh ! Que la foi vivante m’est agréable ! Cet acte d’adoration était accompli par la Mère Supérieure et quelques autres Soeurs. Cependant j’ai su que par sa prière, la Mère Supérieure avait touché le ciel, et je me suis réjouie qu’il existe des âmes aussi agréables à Dieu.




1421 Lorsque le jour suivant durant la récréation, j’ai demandé quelles Soeurs avaient participé à l’adoration entre quatre et cinq heures, l’une d’elles s’écria : « Pourquoi le demandez-vous, ma Soeur ? Vous avez sûrement eu une vision ? » - Je me suis tue et je n’ai plus rien dit bien que j’ai été questionnée par la Mère Supérieure. Je ne pouvais répondre car le moment n’était pas favorable.




1422 Une fois, l’une des Soeurs me confia quelle avait l’intention de choisir tel prêtre, comme directeur de conscience. Elle se confia donc à moi, toute joyeuse et me demanda de prier à cette intention, ce que je fis. Pendant que je priais, j’ai su que cette âme n’en retirerait aucun avantage. Et voilà que nous rencontrant de nouveau, cette personne me parla de sa joie d’avoir choisi ce directeur de conscience. Moi, j’ai partagé sa joie, cependant, après son départ je fus sévèrement rappelée à l’ordre. Jésus m’a dit de lui répondre ainsi qu’Il me l’a fait savoir au cours de la prière. Et je l’ai d’ailleurs fait à la première occasion, bien que cela m’ait vraiment coûté.




1424 Aujourd’hui j’ai ressenti la souffrance de la couronne d’épines pendant un temps relativement court. J’étais alors en train de prier pour une certaine âme devant le Saint Sacrement. A un moment, j’ai ressenti une douleur si violente que ma tête heurta la balustrade, et bien que ce moment ait été court, ce fut très douloureux




1425 Christ, donnez-moi des âmes ! Permettez tout ce que bon Vous semblera pour moi, mais en échange, donnez-moi les âmes ! Je désire leur salut. Je désire qu’elles connaissent Votre Miséricorde. Je n’ai rien pour moi-même, car j’ai tout distribué aux âmes. En sorte que quand je comparaîtrai devant Vous au jour du Jugement dernier, ayant tout donné, Vous n’aurez donc rien sur quoi me juger. Et nous nous rencontreront ce jour-là : l’Amour avec la Miséricorde…



1426
J.M.J.



Jésus caché, vie de mon âme,

Objet de mon ardent désir,

Rien ne saurait étouffer en mon coeur l’amour que j’ai pour Toi.

Telle est l’assurance que me donne la force de l’amour partagé !



Jésus caché, gage glorieux de ma résurrection,

En Toi se concentre toute ma vie !.

C’est Toi, Eucharistie, qui me rend capable d’aimer éternellement,

Et je sais que Tu m’aimeras en retour comme

Ton petit enfant !



Jésus caché, mon amour le plus pur,

Ma vie avec Toi commence déjà ici-bas,

Elle se montrera pleinement dans l’éternité future,

Car notre mutuel amour ne changera jamais !



Jésus caché, Toi l’unique que mon âme désire,

Tu m’es, à Toi seul, plus que la jouissance du Ciel

Plus que tous les dons, plus que toutes les grâces

C’est Toi seul que mon âme attend,

Toi qui viens à moi sous la forme du pain !



Jésus caché, prends enfin mon coeur altéré de Toi

Qui brûle pour Toi du même feu que les Séraphins.

Je ne suis qu’une faible femme

Mais sur Tes traces, invincible,

Je vais par la vie, le front haut, tel un chevalier !




1427 Je me sens plus mal depuis un mois, et à chaque quinte de toux, je ressens la décomposition de mes poumons. Et il m’est arrivé plus d’une fois de sentir la complète décomposition de mon propre corps. Il est difficile d’exprimer quelle grande souffrance est là. Et malgré l’accord total de ma volonté c’est là une grande souffrance pour ma nature, plus grande que de porter le cilice ou que la flagellation jusqu’au sang. Je la sentais surtout lorsque j’allais au réfectoire; je faisais de grands efforts pour manger tant soit peu alors que la nourriture me donnait la nausée. C’est à cette époque que commencèrent des douleurs intestinales. Toute nourriture quelque peu relevée provoquait en moi d’atroces souffrances. Je me suis tordue dans de terribles douleurs et dans les larmes pour le salut des pécheurs.




1428 Cependant j’ai demandé à mon confesseur ce qu’il fallait faire : continuer à supporter cela pour les pécheurs ou demander à la Supérieure de faire une exception en me donnant une nourriture plus douce. Le confesseur a décidé que je devais demander à la Supérieure une nourriture plus douce ; ainsi ai-je agi, suivant ses indications, voyant que cette humiliation était plus agréable à Dieu.




1429 Un jour je me suis demandé si vraiment je pouvais sentir cette décomposition de mon organisme et en même temps, continuer à marcher et à travailler : était-ce une illusion ? D’un autre côté, ce ne pouvait être une illusion puisque cela m’occasionnait de si grandes douleurs.



Pendant que j’étais en train de penser à cela, l’une des Soeurs vint parler un moment avec moi. Au bout de quelques minutes, elle fit une horrible grimace et me dit : « Ma Soeur, je sens ici l’odeur d’un cadavre en décomposition. Oh ! C’est affreux.

Je lui ai répondu : « Ne vous effrayez pas, ma Soeur, cette odeur de cadavre vient de moi ! » Elle s’en est grandement étonnée, mais a dit qu’elle ne pourrait pas résister plus longtemps.

Lorsqu’elle fut partie, j’ai compris que Dieu avait fait sentir ceci à cette Soeur afin que je n’aie plus de doutes ; mais qu’Il cache cette souffrance à toute la Communauté de façon tout simplement miraculeuse. Ô mon Jésus, Vous seul savez toute la profondeur de ce sacrifice !




1430 Cependant, il fallut encore supporter au réfectoire plus d’un soupçon comme quoi je faisais des manières ; alors comme toujours en pareil cas je m’empresse d’aller vers le Tabernacle, je m’incline devant le Ciboire et j’y puise la force de rester en accord avec la volonté de Dieu.

Et je suis loin d’avoir tout écrit.




1431 Aujourd’hui, pendant la confession, rompant en esprit le pain azyme avec moi, mon confesseur m’a adressé les voeux suivants : « Soyez le plus possible fidèle à la grâce divine ! Deuxièmement : Implorez la Miséricorde pour vous-même et pour le monde entier, car tous, nous avons besoin de la miséricorde divine ! »




1432 Deux jours avant les Fêtes, on a lu au réfectoire les mots suivants : « Demain, naissance de Jésus-Christ selon la chair.» - Ces mots firent jaillir en moi la lumière l’Amour de Dieu : j’ai mieux compris le secret de l’Incarnation. Que la Miséricorde de Dieu contenue dans le secret de l’Incarnation du fils de Dieu est grande !




1433 Aujourd’hui Dieu m’a révélé Sa colère contre l’humanité qui mériterait, par ses péchés, que ses jours soient raccourcis. Mais il m’a été révélé que l’existence du monde était soutenue par les âmes choisies, c'est-à-dire par les Ordres religieux. Que le monde serait à plaindre si les monastères venaient à manquer !



J.M.J.




1434 J’accomplis chaque action ayant la mort présente devant mes yeux,
Je l’accomplis maintenant comme je voudrais la voir à ma dernière heure.
Quoique la vie passe aussi vite qu’une bourrasque,
Aucune action entreprise pour Dieu ne se perd.

Je sens la complète décomposition de mon organisme,
Quoique je vive et travaille encore.
La mort ne me fait aucune impression tragique
Car je la pressens depuis longtemps.

Bien qu’il soit très pénible à la nature
De sentir sans cesse son propre cadavre,
Cela peut cependant être supportable lorsque la lumière de Dieu a pénétré l’âme,
Car en elle s’élève la foi, l’espoir l’amour et le repentir.

Je fais chaque jour de grands efforts
Afin de prendre part à la vie commune,
Et implorer ainsi des grâces pour le salut des âmes,
Les préservant par mon sacrifice du feu de l’enfer.

Car ne serait-ce que pour le salut d’une seule âme
Cela vaut la peine de se sacrifier toute la vie durant,
Et de supporter les plus grands sacrifices et les plus grands tourments,
Voyant quelle immense gloire Dieu en retire.

1435 Seigneur, quoique Vous me fassiez souvent connaître les foudres de Votre mécontentement, cependant Votre colère devant les âmes humbles. Bien que Vous soyez grand, Seigneur, Vous Vous laissez vaincre par les âmes humbles et pleines d’humilité. Si peu d’âmes te possèdent, ô humilité, la plus précieuse des vertus ! Je n’en vois partout que l’apparence, mais cette vertu elle-même, je ne la vois pas. Ô Seigneur, réduisez-moi à néant à mes propres yeux, afin que je puisse trouver grâce aux Vôtres !

1436

Veille de Noël 1937.

Après la Sainte Communion, Notre Dame m’a fait connaître le souci qu’Elle avait au Coeur, concernant le fils de Dieu. Cependant ce souci était empreint d’un tel abandon à la volonté de Dieu que je parlerai de sujet de joie, plutôt que de sujet d’inquiétude. Elle m’a fait comprendre que mon âme devait accueillir toute volonté de Dieu, quelle qu’elle soit. Dommage que je ne sache écrire cela comme je l’ai discerné. Mon âme fut plongée tout le jour en un profond recueillement ; rien ne put m’en tirer, ni les rapports que j’eus avec des personnes laïques.

1437 Avant le réveillon de Noël, je suis entrée pour un moment à la Chapelle afin de rompre en pensée le pain azyme avec les personnes aimées et chères à mon coeur, éloignées par la distance plongée dans une profonde prière et j’ai demandé au Seigneur de leur accorder des grâces à toutes et ensuite à chacune en particulier. Jésus me fit savoir combien cela Lui plaisait ; et mon âme s’emplit d’une joie encore plus grande à la pensée que Dieu aime particulièrement ceux que nous aimons.

1438 Lorsque je suis entrée au réfectoire, au cours de la lecture, tout mon être s’est trouvé plongé en Dieu. Je voyais intérieurement le regard de Dieu posé sur nous avec une grande prédilection. Je demeurai seule à Seul avec le Père des Cieux. A ce moment là, j’ai approfondi ma connaissance des Trois Personnes Divines que nous contemplerons durant toute l’éternité. Et après des millions d’années, nous comprendrons que nous avons seulement commencé notre contemplation. Oh ! Que cette Miséricorde de Dieu est grande, qui permet à l’homme de prendre une si grande part à son Divin Bonheur. Mais en même temps quelle douleur aigue transperce mon coeur à la pensée que de nombreuses âmes dédaignent ce bonheur.

1439 Lorsque nous avons commencé à partager le pain azyme, un mutuel et sincère amour se mit à régner entre nous. La Révérende Mère me fit ce souhait : « Ma Soeur, les oeuvres de Dieu avancent lentement, donc ne vous pressez point.» Toutes les Soeurs dans l’ensemble me souhaitèrent sincèrement le grand Amour Divin, ce que je désirais le plus. J’ai vu que ces souhaits venaient vraiment du coeur, sauf en ce qui concerne une Soeur, qui avait dissimulé une méchanceté sous ces souhaits. Bien que cela ne me fasse guère de mal, tant mon âme était enivrée de Dieu, cela m’éclaira. J’ai compris que Dieu se communique si peu à cette âme parce qu’elle se recherche toujours elle-même, y compris dans les choses saintes. Oh ! Que le Seigneur est bon de ne pas permettre que je m’égare ! Je sais qu’Il me gardera jalousement, aussi longtemps que je resterai toute petite : car c’est avec de telles âmes que Lui, grand Seigneur aime à avoir commerce…quant aux âmes, Il les observe de loin et S’oppose à elles.

1440 Bien que j’eusse désiré veiller un peu avant la Messe de minuit, cela ne me fut pas possible: je me suis endormie immédiatement. Et je me suis quand même sentie très faible lorsque sonna la Messe de minuit ; je fus sur pied bien que je me sois habillée avec grande difficulté car je me trouvais mal à tout instant.

1442 Dès que je suis arrivée à la Chapelle, tout au début de la Messe de Minuit, je me suis plongée dans un profond recueillement. J'ai vu la Crèche de Bethléem, remplie d’une grande clarté. La Très Sainte Vierge enveloppait Jésus dans un lange toute pénétrée d’un grand amour ! Saint Joseph cependant dormait encore ; ce n’est que lorsque La Sainte Vierge eût déposé Jésus dans la Crèche, qu’à ce moment la clarté de Dieu éveilla Joseph qui se mit aussi à prier. Un moment plus tard, cependant, je suis restée seule à Seul avec le petit Jésus qui m'a tendu Ses petits bras, et j'ai compris que c’était pour que je Le prenne dans les miens. Jésus a blotti Sa tête contre mon coeur et m'a fait comprendre par Son regard profond qu’Il se sentait bien contre mon coeur. A ce moment Jésus disparut à mes yeux ; c’était la sonnette pour la Sainte Communion, mon âme défaillit de joie.

1443 Cependant vers la fin de la Sainte Messe, je me suis sentie si faible que je dus sortir de la Chapelle et me rendre dans ma cellule car je ne me sentais déjà plus capable de prendre part au thé en commun. Cependant ma grande joie dura pendant toute la Fête, car mon âme était sans cesse unie au Seigneur. J’ai appris que toute âme aspire aux joies divines, mais la plupart ne veulent à aucun prix renoncer aux joies humaines, et cependant ces deux choses ne peuvent s’accorder.

1444 J’ai ressenti durant cette période de fête que certaines âmes priaient pour moi. Je me réjouis qu’il existe déjà ici, sur terre, de semblables connexions et une telle connaissance spirituelle. Hommage vous soit rendu, ô mon Jésus pour tout cela !

1445 Parmi les plus grands supplices spirituels, je compte ma continuelle solitude. Mais non, puisque je suis avec Vous, Jésus. Mais c’est des gens que je veux parler. Aucun d’eux ne comprend mon coeur et cela ne m’étonne plus maintenant, si cela m’a autrefois étonné, alors que mes intentions étaient blâmées et mal interprétées ; mais maintenant je ne m’en étonne plus du tout. Les gens ne savent plus percevoir l’âme, ils voient le corps et ils jugent d’après les apparences ; mais comme le ciel est au-dessus de la terre, de même les pensées de Dieu sont au-dessus de nos pensées. J’ai fait l’expérience que bien souvent cela se passe ainsi.

1446 Le Seigneur m’a dit : « La façon dont les autres se comportent ne te regarde pas. Tu dois te comporter comme Je te l’ordonne. Par l’Amour et la Miséricorde tu dois être Mon vivant reflet.» J’ai répondu : « Seigneur, c’est que bien souvent on abuse de ma bonté ! » - « Cela ne fait rien, Ma fille, cela ne te concerne pas ; Tu dois toujours être miséricordieuse envers tous et particulièrement envers les pécheurs.

1447 Ah, combien il m’est douloureux que les âmes s’unissent si peu à Moi au cours de la Sainte Communion. J’attends les âmes mais elles sont indifférentes envers Moi. Je les aime si tendrement, si sincèrement, et elles n’ont pas la foi en Moi. Je veux les combler de grâces, elles ne veulent pas les accueillir. Elles Me traitent comme quelque chose de mort et pourtant, J’ai le Coeur débordant d’Amour et de Miséricorde. Afin que tu connaisses, ne serais-ce qu’un peu, Ma douleur, imagine et considère la douleur de la plus tendre des mères chérissant ses enfants, mais dont les enfants méprisent l’amour. Personne ne peut la consoler. Ce n’est là qu’une bien pâle image de Mon Amour.

1448 Écrit et parle de Ma Miséricorde. Dis aux âmes qu’elles doivent chercher consolation au Tribunal de la Miséricorde. C’est là que se réalisent et se renouvellent sans cesse les plus grands miracles. Point n’est besoin, pour obtenir ce miracle de faire de lointains pèlerinages, ni de faire étalage d’un quelconque cérémonial ; il suffit de s'agenouiller avec foi aux pieds de celui qui tient ma place et de lui dire sa misère. C'est alors que le miracle de la Miséricorde divine se manifestera dans toute sa plénitude. Même si l'âme est comme un cadavre en décomposition; même si humainement parlant, il semble qu'aucun retour à la vie n'es possible et que tout est perdu, il n’en est pas ainsi pour Dieu. Le miracle de la Miséricorde Divine redonne vie à l'âme dans toute sa plénitude. » Ô malheureux, qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la Miséricorde divine, en vain vous appellerez, il sera trop tard !



J.M.J.



ANNEE 1938

Premier Janvier

1449 Bienvenue à toi, nouvelle année au cours de laquelle va se parachever mon perfectionnement ! Je vous remercie à l’avance, ô Seigneur, de tout ce que m’enverra Votre bonté. Je Vous remercie pour le Calice de souffrance que chaque jour je boirai ! N’en diminuez pas l’amertume, ô Seigneur, mais fortifiez mes lèvres, afin qu’en le buvant, elles sachent être souriantes pour l’amour de Vous, mon Maître ! Je Vous remercie pour toutes les joies et toutes les grâces, que je suis incapable de compter et qui affluent tous les jours vers moi, telle la rosée matinale, silencieusement inaperçues, qu’aucun oeil curieux ne saurait déceler et qui ne sont connues que de Vous et de moi, Seigneur ! Pour cela je Vous adresse dès aujourd’hui, mes remerciements ; car il se pourrait que mon coeur n’en soit plus capable au moment où Vous me tendrez le Calice.

#1449
Aujourd’hui, toute consentante, je m’abandonne entièrement à Votre Sainte Volonté, ô Seigneur, ainsi qu’a Votre très sage jugement, tous deux étant toujours pour moi, la clémence et la miséricorde mêmes, bien que plus d’une fois je ne puisse ni les comprendre ni les bien saisir ! Voici que je Vous abandonne entièrement, mon Maître, le gouvernail de mon âme. Conduisez-la Vous-même, selon Vos divins désirs ! Je m’enferme en Votre Coeur Très Miséricordieux, qui est un océan d’insondable Miséricorde.

1450 Je termine l’année qui vient de s’écouler par des souffrances et je commence la nouvelle également par des souffrances. J’ai dû m’aliter deux jours avant le nouvel an. Je me sentais très mal. Une forte toux m’affaiblissait, et avec cela d’incessantes douleurs intestinales ainsi que des vomissements m’épuisaient énormément. Bien que ne pouvant me rendre aux offices en commun, je m’unissais cependant par la pensée à toute la Communauté. Lorsque les Soeurs se sont levées la nuit à onze heures, afin de veiller et de saluer l’an nouveau, moi, je me tordais de douleur, depuis le crépuscule, et cela dura jusqu’à minuit. J’ai joint ma souffrance aux prières des Soeurs qui veillaient à la chapelle et réparaient les offenses commises envers Dieu par les pécheurs.




1451 Lorsque sonna minuit, mon âme se plongea en un profond recueillement et j’entendis une voix en mon âme : « Ne crains rien, ma petite enfant, tu n’es pas seule. Lutte bravement car Mon épaule te soutient ; lutte pour le salut des âmes, les exhortant à faire confiance à Ma Miséricorde, car c’est là ton travail en cette vie et dans la vie future. » Ces paroles m’ont communiqué une plus profonde compréhension de la Miséricorde divine. Seule l’âme qui le désirera sera damnée, car Dieu ne condamne personne.




1452 C’est aujourd’hui la Fête du Nouvel An. Je me suis sentie si mal ce matin qu’à peine ai-je pu me rendre dans la cellule voisine pour la Sainte Communion. Je n’ai pu aller à la Sainte Messe un malaise m’ayant prise, aussi est-ce dans mon lit que j’ai rendu grâces. Je désirais tant aller à la Sainte Messe, et après la Messe aller me confesser au Père Andrasz. Cependant je me suis sentie si mal que je n’ai pu aller ni à la Sainte Messe ni à la confession, et de ceci, mon âme a beaucoup souffert.



Après le petit déjeuner, vint la Soeur infirmière qui demanda: « Pourquoi n’êtes vous pas venue, ma Soeur, à la Sainte Messe ? » J’ai répondu que je ne l’avais pu. Elle branla la tête en signe de désaveu et me dit « Une si grande fête et vous n’allez pas à la Messe, ma Soeur ? ». Et elle sortit de ma cellule. Je suis restée deux jours alitée, me tordant de douleurs. Elle ne me rendit pas visite et lorsqu’elle vint le troisième jour, elle ne demanda même pas si je pouvais me lever, mais immédiatement d’une voix irritée pourquoi je ne m’étais pas levée pour aller à la Messe ? Restée seule, j’ai essayé de me lever, cependant je fus prise à nouveau de tels malaises que je suis restée au lit, la conscience tranquille. Cependant, mon coeur avait tant à offrir au Seigneur qu’il s’unissait en esprit à Lui au cours de la deuxième Messe. Après la deuxième Messe la Soeur infirmière revint vers moi : mais cette fois en tant qu’infirmière et avec un thermomètre. Cependant je n’avais pas de fièvre ; et pourtant je suis gravement malade et ne peux me soulever. Ce fut alors un nouveau sermon pour me dire que je ne devrais pas capituler devant la maladie. Je lui ai répondu que je savais que l’on ne considérait chez nous quelqu’un comme gravement malade que lorsqu’il était à l’agonie. Cependant, voyant qu’elle allait me faire la morale, j’ai répondu que je n’avais pas présentement, besoin d’être incitée au zèle, et je suis demeurée à nouveau seule dans ma cellule.

La douleur m’a étreint le coeur, l’amertume a envahi mon âme et j’ai répété ces paroles : « Sois la bienvenue, année nouvelle, sois le bienvenu, calice d’amertume. » Mon Jésus, mon coeur brûle d’envie d’aller vers Vous et voici que la gravité de la maladie ne me permet pas de prendre physiquement part à l’office divin et que je suis soupçonnée de paresse. Les souffrances augmentèrent. La Mère Supérieure vint me voir un instant après avoir déjeuné, mais elle partit très vite. J’avais eu l’intention de demander que l’on fasse venir le Père Andrasz dans ma cellule afin que je puisse me confesser. Cependant je me suis abstenue de formuler cette demande pour deux raisons : la première, afin de ne pas donner lieu à des récriminations comme cela avait eu lieu auparavant avec la Sainte Messe ; la deuxième, c’est que je n’aurais même pas pu me confesser car je sentais que j’aurais fondu en larmes comme un petit enfant. Peu après arriva l’une des Soeurs et voilà qu’à nouveau elle me fait la remarque qu’il y a du lait au beurre dans le four du poêle de la cuisine : « Pourquoi, ma Soeur ne le buvez-vous pas ? » J’ai répondu qu’il n’y avait personne pour me l’apporter.




1453 Lorsque la nuit tomba, les souffrances physiques augmentèrent et les souffrances morales s’y ajoutèrent. Nuit et souffrances. Le silence solennel de la nuit me donnait la possibilité de souffrir librement. Mon corps s’est étiré sur le bois de la Croix, je me suis tordue dans d’atroces douleurs jusqu'à onze heures. Je me suis transportée en pensée jusqu’au Tabernacle, j’ai découvert le Ciboire, j’ai appuyé ma tête sur le bord du Calice, et toutes mes larmes coulèrent doucement vers le Coeur de Celui qui est seul à comprendre ce que sont la douleur et la souffrance. J’ai éprouvé de la douceur en cette souffrance et mon âme se mit à désirer cette douce agonie que je n’échangerais contre aucun trésor au monde. Le Seigneur m’a accordé la force d’âme et l’amour envers ceux par qui me viennent les souffrances. Voici donc ce que fut le premier jour de l’année.




1454 Ce jour encore, j’ai ressenti les prières de la belle âme qui priait pour moi, me communiquant en esprit sa bénédiction sacerdotale ; j’ai répondu par une ardente prière.




1455 Seigneur de toute bonté, comme il est miséricordieux de Votre part de juger chacun selon sa conscience et son discernement et non pas selon les racontars des gens. Mon âme se grise et se nourrit de plus en plus de Votre sagesse, dont j’ai de plus en plus profondément connaissance. Et voilà que se dévoile à moi encore plus clairement l’immensité de Votre Miséricorde. Ô mon Jésus, toute cette connaissance a pour conséquence que je me transforme en un feu d’amour pour Vous, ô mon Dieu !




1456 2 janvier 1938. Aujourd’hui pendant que je me préparais à la Sainte Communion, Jésus a exigé que j’écrive bien plus, non seulement sur les grâces qu’Il m’accorde, mais aussi sur les choses extérieures et ceci pour la consolation de bien des âmes.




1457 Lorsque le prêtre est entré avec Notre Seigneur Jésus dans ma cellule, après cette nuit de souffrances, une telle ardeur envahit tout mon être que j’ai senti que, si le prêtre avait prolongé quelque peu ce moment, Jésus Lui-même se serait arraché de ses mains et serait venu à moi.




1458 Après la Sainte Communion, le Seigneur m’a dit : « Si le prêtre ne M’avait pas apporté à toi, Je serais venu Moi-même sous cette même forme. Ma fille, les souffrances de cette nuit ont obtenu la grâce de la Miséricorde pour un grand nombre d’âmes ! »




1459 « Ma fille, Je dois te dire quelque chose !» « Parlez, Jésus, car j’ai soif de Vos paroles ! » - « Cela me déplaît que tu te laisses ainsi influencer et parce que les Soeurs auraient murmuré que tu ne te sois pas confessée au Père Andrasz dans la cellule ; tu sais bien que tu leur as donné par là encore plus de raison de murmurer. »

J’ai demandé très humblement pardon au Seigneur. Ô mon Maître, réprimandez-moi, ne me passez rien et ne me permettez pas de commettre une faute !




1460 Ô mon Jésus, lorsque je suis incomprise et que mon âme est tourmentée, je désire demeurer un moment seule à Seul, avec Vous. Le langage des mortels ne me réconforte pas. Ne m’adressez pas, ô Seigneur de tels messagers qui ne me parlent que pour leur propre compte de ce que leur dicte leur propre nature ! De tels consolateurs me fatiguent beaucoup !




1461 6 janvier 1938. Lorsque Monsieur le Chapelain a apporté Notre Seigneur Jésus, une lumière jaillie de l’hostie, toucha mon coeur de son rayon, m’emplissant d’un grand feu d’amour. C’est Jésus qui me laissa entendre que je devais répondre avec une plus grande fidélité à l’inspiration de la Grâce et que ma vigilance devrait être plus subtile.

Le Seigneur m’a fait savoir également que quantité d’évêques réfléchissaient à cette fête, ainsi qu’un laïc. Les uns enthousiasmés de l’oeuvre de Dieu, les autres incrédules ; mais malgré tout l’oeuvre de Dieu fut jugée glorieuse. Mère Irène et Mère Marie Josèphe firent une sorte de rapport devant ces dignitaires mais on leur posa moins de questions sur l’Oeuvre que sur moi-même. Quant à cette OEuvre, il n’y avait déjà plus de doute, puisque la gloire de Dieu s’était déjà manifestée.




1463 Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui et me réjouissait de pouvoir consacrer plus de temps à la méditation pendant l’Heure Sainte. Soudain j’entendis une voix : « Tu ne seras pas en bonne santé, ne remet pas à plus tard le sacrement de la Confession, car cela ne me plaît pas. Ne fais pas attention aux murmures de ton entourage. » Cela m’a étonnée, puisque je me sentais mieux aujourd’hui, mais je n’ai pas réfléchi plus longuement à ceci. Lorsque la Soeur éteignait la lumière, j’ai entamé l’Heure Sainte, mais au bout d’un moment j’ai commencé à me sentir le coeur malade. J’ai souffert en silence jusqu’à onze heures ; cependant plus tard je me suis sentie si mal que j’ai éveillé Soeur N. qui cohabite avec moi et elle m’a donné des gouttes qui m’ont soulagée suffisamment pour me permettre de me coucher. Je comprends maintenant l’avertissement de Seigneur. J’ai décidé de faire appeler le lendemain un prêtre quel qu’il soit, et de lui dévoiler les secrets de mon âme.

Mais ce n’est pas tout, car alors que je priais pour les pécheurs, et que j’offrais toutes mes souffrances, l’esprit du mal ne put supporter cela. Et un spectre me dit : « Ne prie pas pour les pécheurs mais pour toi-même, car tu seras damnée.» Sans tenir aucunement compte de Satan, j’ai prié avec une ferveur accrue pour les pécheurs. Le mauvais esprit hurla de colère : « Oh ! Si j’avais pouvoir sur toi ! « et disparut. J’ai su que ma souffrance et ma prière gênaient Satan parce que j’ai arraché bien des âmes à son emprise.




1465 Jésus aimant le salut des hommes, attire toutes les âmes à la vie divine. Que soit glorifiée la grandeur de Votre Miséricorde ici bas et dans l’éternité. Ô grand amoureux des âmes, en Votre pitié inépuisable Vous avez offert le salut, source de Miséricorde, afin que les âmes faibles se fortifient à la source de la Miséricorde durant le pèlerinage qu’est cette vie. Votre miséricorde, passe à travers toute notre vie, tel un fil d’or. Dans tous les domaines, c’est elle qui maintient le contact entre notre existence et Dieu. Puisque rien ne manque à mon bonheur, c’est donc que tout est uniquement Son OEuvre de Miséricorde. C’est avec joie que je perds l’usage de mes sens lorsque Dieu me révèle Son insondable Miséricorde.




1466 7 janvier 1938. Premier vendredi du mois. Ce matin j’ai vu au cours de la Sainte Messe le Sauveur en train de souffrir. Ce qui m’a frappée, c’est que Jésus restait calme au milieu de grandes souffrances. J’ai compris que c’était là une leçon pour moi, destinée à me montrer comment je dois me conduire extérieurement lorsque je suis plongée dans diverses souffrances.




1467 Durant un long moment, j’ai ressenti des douleurs aux mains, aux pieds et au côté. Soudain j’ai vu un pécheur qui bénéficiait de mes souffrances, et il se rapprocha du Seigneur. Tout cela c’est pour les âmes affamées afin qu’elles ne meurent pas de faim.




1468 Je me suis confessée aujourd’hui à Monsieur le Chapelain et Jésus m’a consolée par son intermédiaire. Ô Ma Mère, Eglise de Dieu, Vous êtes une véritable mère qui comprend ses enfants…




1469 Oh ! Comme Jésus à raison de vouloir nous juger selon notre conscience et non selon les bavardages et l’opinion des gens ! Ô beauté inconcevable, je Vous vois remplie de bonté, même dans l’exercice de Votre jugement !




1470 Bien que je me sente faible, je ressens l’inspiration de la Grâce qui me pousse à me dominer et à écrire pour la consolation des âmes que j’aime tant et avec lesquelles je partagerai l’éternité entière. Et pour elles je désire si vivement la vie éternelle, que je profite de chaque moment de liberté, si petit soit-il afin d’écrire comme le souhaite Jésus.




1471 8 janvier. J’ai eu durant la Sainte Messe la connaissance passagère de la très grande gloire résultant pour Dieu des efforts communs de Monsieur l’Abbé S. et de moi-même, car quoique nous soyons éloignés, nous nous rencontrons souvent, puisque un même objectif nous unit.




1472 Ô mon Jésus, mon unique désir, bien que j’ai désiré aujourd’hui Vous recevoir en mon coeur avec une plus grande ardeur que de coutume, cependant mon âme est plus aride qu’à l’accoutumée. Ma foi croît en puissance ; le fruit de Votre venue sera donc, Seigneur, abondant. Quoique bien souvent Vous veniez, sans affecter mes sens et que Vous régniez dans les seules sphères supérieures de mon être, les sens aussi se réjouissent de Votre venue.




1473 Souvent, je prie Notre Seigneur de me donner une raison éclairée par la foi. J’exprime cela au Seigneur par ces mots : « Donnez-moi, Jésus l’intelligence et la science afin de Vous mieux connaître car plus je Vous connais, plus je Vous aime ardemment. Jésus, je vous prie de me donner une puissante compréhension des choses divines et spirituelles. Donnez-moi, Jésus la grande compréhension par laquelle je pourrais connaître Votre Etre Divin ainsi que Votre vie intérieure de Trinité. Dotez mon esprit de capacités et d’aptitudes par Votre grâce particulière. Quoique je sache qu’il existe une dotation par la Grâce, telle que me la donne l’Eglise ; il existe cependant un trésor de grâces importantes que Vous nous accordez, Seigneur, à notre demande. Mais si ma prière ne Vous agrée pas, Seigneur, je Vous prie de ne pas me donner d’inclinations pour de telles prières ! »




1474 Je m’efforce à la plus grande perfection afin d’être utile à l’Eglise. Ma liaison avec l’Eglise augmente. Chaque âme prise séparément, qu’elle soit une âme Sainte ou une âme déchue, influence toute l’Eglise. En m’observant et en observant ceux qui me sont proches, j’ai vu quelle grande influence j’exerce sur les autres âmes non par quelque action héroïque, car celles-ci sont frappantes en elles-mêmes, mais par de très petites actions, comme de bouger les mains, de regarder, et une quantité d’autres choses que je ne saurais énumérer et qui pourtant agissent et retentissent sur les autres âmes ce que j’ai observé par moi-même.




1475 Oh ! Comme il est sage que notre règle recommande le silence absolu au dortoir et ne permette pas d’y demeurer sans nécessité. J’ai actuellement une petite chambre où nous dormons à deux ; mais au moment où je me suis sentie affaiblie et où j’ai dû m’aliter, j’ai expérimenté combien cela est pénible si quelqu’un reste toujours au dortoir. Soeur N. avait certain travail manuel à exécuter, et elle a dû demeurer presque tout le temps au dortoir et une autre Soeur venait lui enseigner ce travail. Comme elles m’ont fatiguée, il m’est difficile de le décrire, surtout lorsque l’on est faible et que l’on a passé la nuit dans les souffrances, chaque mot se répercute quelque part dans le cerveau juste au moment où les yeux commencent à se fermer. Ô Règle, en toi, combien d’amour !

1476 Lorsque pendant les Vêpres, on a chanté ces paroles du Magnificat : « Il a déployé la force de Son bras, » mon âme fut envahie d’un profond recueillement : j’ai connu et compris que le Seigneur accomplira sous peu Son oeuvre en mon âme. Et je ne m’étonne plus maintenant que le Seigneur ne m’ait pas d’abord tout dévoilé.

1477 Pourquoi êtes-Vous triste aujourd’hui Jésus ? Dites-moi qui est la cause de Votre tristesse ? Et Jésus me répondit : « Les âmes choisies qui n’ont pas Mon Esprit, qui s’en tiennent à la lettre, qui la place au-dessus de Mon Esprit, au-dessus de l’esprit d’Amour.

J’ai fondé Ma loi sur l’Amour et cependant même dans les ordres religieux, je ne vois point cet Amour. C’est pourquoi la tristesse emplit Mon Coeur.»

+ J.M.J.

1478 Ô mon Jésus, au sein de terribles amertumes et douleurs,
Je sens cependant que Ton divin Coeur me chérit.
Telle une bonne mère Tu me presses contre Ton Coeur
Et Tu me fais pressentir maintenant déjà ce que cache le voile !

Ô mon Jésus, environné par l’effroi d’un désert,
Mon coeur cependant sent le regard de Tes yeux
Qu’aucun orage ne saurait me cacher
Et Tu me donnes l’intime certitude de Ton immense amour, ô Dieu !

Ô mon Jésus, parmi les si grandes misères de cette vie,
Tu luis pour moi, Jésus, comme l’étoile et Tu me protèges du naufrage.
Et bien que les misères soient grandes,
J’ai cependant grande confiance en la puissance de ta Miséricorde.

Ô Jésus caché, parmi bien des luttes la dernière heure venue,
Que la Toute-Puissance de Tes grâces se déversent sur mon âme,
Afin que je puisse Te voir tout de suite après mon agonie
Face à face, ainsi que les élus du Ciel !

Ô mon Jésus, parmi bien des dangers alentour,
Je vais par la vie lançant un cri de joie et je porte fièrement le front haut,
Car devant Ton Coeur plein d’Amour, ô Jésus,
Se brisent tous les ennemis et se dissipent les ténèbres.

1479 Ô Jésus, cachez-moi dans Votre Miséricorde, et voilez avant toute chose ce qui pourrait effrayer mon âme ! Que la confiance que j’ai mise en Votre Miséricorde ne soit pas déçue ! Abritez-moi de Votre Toute-puissance et jugez-moi avec bienveillance !

1480 Aujourd’hui pendant la Sainte Messe j’ai vu près de mon prie-Dieu l’Enfant Jésus. Il semblait avoir un an et Il m’a demandé de Le prendre dans mes bras. Lorsque je l’eus pris dans mes bras, Il se blottit contre mon coeur et dit : « Je me sens bien près de ton coeur. » - « Bien que tu sois si petit, je sais pourtant que Tu es Dieu. Pourquoi prends-tu l’apparence d’un tout petit pour venir me voir ? » - « Parce que Je veux t’apprendre l’enfance de l’âme. Je veux que tu sois très petite, car lorsque tu es toute petite, Je te porte sur Mon Coeur, tout comme tu Me tiens en ce moment sur le tien. » -A ce moment je suis restée seule, mais personne ne peut concevoir l’émotion de mon âme. J’étais toute plongée en Dieu comme l’éponge jetée dans la mer…

1481 Ô mon Jésus, Vous savez à combien de désagréments je me suis exposée pour avoir dit la vérité. Ô vérité, plus d’une fois opprimée, tu portes presque toujours une couronne d’épines. Ô Vérité éternelle, soutiens-moi afin que j’aie le courage, même si je devais le payer de ma vie. Jésus, comme il est difficile de croire en cela, si l’on entend d’autres enseignements et si l’on voit d’autres conduites dans la vie !

1482 C’est pourquoi durant la retraite, après avoir longuement analysé la vie, j’ai décidé de fixer fermement mon regard sur Vous, Jésus, modèle absolument parfait. Ô Eternité, qui découvrira tant de secrets et dévoilera la vérité ! …

1483 Ô vivante Hostie, soutenez-moi dans cet exil, afin que je puisse marcher fidèlement sur les traces du Sauveur ! Je ne Vous demande pas, Seigneur, de me descendre de la Croix, mais je Vous supplie de me donner la force de tenir bon sur elle. Je désire être écartelée tout comme Vous, Jésus, sur la Croix. Je désire toutes les tortures et toutes les douleurs que Vous avez supportées. Je désire boire le calice d’amertume jusqu’à la lie.

1485

-LA BONTE DE DIEU


Faustine journal 1393