Faustine journal 1485

-LA BONTE DE DIEU

Miséricorde de Dieu cachée dans le Très Saint Sacrement,
Voix du Seigneur qui nous dit du trône de la Miséricorde : « Venez à Moi ! »


Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme pécheresse.

Jésus : « Ne redoute pas ton sauveur, âme pécheresse. C’est Moi qui fais les premiers pas, car Je sais que tu n’es pas capable par toi-même, d’arriver jusqu’à Moi. Enfant, ne fuis pas ton Père; veuille entrer en conversation, seule à Seul, avec ton Dieu de Miséricorde, qui veut Lui-même te donner une parole de pardon et te combler de Ses Grâces. Ô combien ton âme m’est chère ! Je t’ai inscrite sur Mes mains et tu es gravée en Mon Coeur d’une profonde blessure. »

L’âme : « Seigneur, j’entends Votre voix qui m’appelle afin que je m’écarte de la mauvaise route, mais je n’en ai ni le courage ni la force ! »

Jésus : « Je suis, Moi, ta force, Je te donnerai le pouvoir de lutter ! »

L’âme : « Seigneur, je connais Votre sainteté et je Vous redoute ! »

Jésus : « Pourquoi redoutes-tu, Mon enfant, le Dieu de Miséricorde ? Ma Sainteté ne M’empêche pas d’être miséricordieux. Regarde, âme, c’est pour toi que j’ai institué le Trône de la Miséricorde sur terre. Ce trône c’est le Tabernacle. Et de ce trône de Miséricorde, Je désire descendre en ton coeur. Regarde, aucune suite ne m’entoure, aucun garde. Tu as accès à Moi à tout moment, à chaque heure du jour. Je désire parler avec toi et t’accorder des Grâces. »

L’âme : Seigneur, je redoute que Vous ne me pardonniez pas un si grand nombre de péchés, l’épouvante s’empare de ma misère. »

Jésus : « Ma miséricorde est plus grande que ta misère et celle du monde entier. Qui a pris la mesure de Ma Bonté ? C’est pour toi que je suis descendu du ciel sur la terre. C’est pour toi que je me suis laissé clouer à la Croix. Pour toi J’ai permis que Mon Très Saint Coeur soit percé d’un coup de lance, afin de t'ouvrir la source de ma miséricorde. Viens et puise les grâces de cette source ! Puise-les avec l’instrument de la Miséricorde qui s’appelle la confiance ! Je ne rejette jamais un coeur humble. Ta misère s'est perdue dans l’abîme de Ma Miséricorde. Pourquoi devrais-tu discuter avec Moi de ta misère? Fais-Moi plaisir, abandonne-Moi toute ta détresse et ta misère, et moi, Je te comblerai des trésors de mes Grâces ! »

L’âme : « Vous avez vaincu mon coeur de pierre, ô Seigneur, par Votre bonté, et voici qu’avec confiance et humilité je m’approche du tribunal de Votre Miséricorde, absolvez-moi Vous-même, par la main de Votre représentant. Ô Seigneur, je sens comme la grâce et la paix ont pénétré dans ma pauvre âme ! Je sens que Votre Miséricorde, Seigneur m’a envahie de part en part. Vous m’avez plus pardonné que je n’aurais osé l’espérer ou même que je n’étais capable de l’imaginer. Votre bonté a surpassé tous mes désirs. Et maintenant je Vous invite en mon coeur, pénétrée de reconnaissance pour tant de grâces. Je m’étais égarée comme l’enfant prodigue quittant le droit chemin, mais Vous n’avez cessé d’être un Père pour moi. Versez à profusion Votre Miséricorde en moi, car Vous voyez combien je suis faible ! »

Jésus : « Enfant, ne parle plus de ta misère, car je l’ai déjà oubliée ! Ecoute mon enfant ce que je vais te dire : blottis-toi contre Mes Plaies et viens puiser à la source de vie tout ce que ton coeur désire ! Bois à longs traits à la source de vie et tu ne t’arrêteras pas en chemin ! Contemple l’éclat de Ma Miséricorde et ne redoute pas les ennemis de ton salut ! Glorifie Ma Miséricorde ! »


1486

Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme désespérée.

Jésus : « Ame plongée dans les ténèbres, ne désespère pas, tout n’est pas encore perdu, entre en conversation avec ton Dieu qui est tout Amour et Miséricorde.» Mais malheureusement l’âme demeure sourde à l’appel de Dieu et se plonge dans des ténèbres plus grandes encore. Jésus l’appelle à nouveau : « Ame, entend la voix de ton Père miséricordieux.»

Une réponse s’éveille en l’âme : « Il n’y a plus pour moi de Miséricorde.» Et elle tombe plus bas encore, dans une sorte de désespoir qui lui donne comme un avant-goût de l’enfer et la rends complètement incapable de se rapprocher de Dieu. Pour la troisième fois, Jésus s’adresse à l’âme mais l’âme est sourde et aveugle et elle s’endurcit peu à peu dans le désespoir. Alors des profondeurs de la Miséricorde divine un dernier effort est tenté et sans aucune coopération de l’âme, Dieu lui donne Sa dernière grâce. Si elle la dédaigne, Dieu la laisse alors dans l’état où elle-même veut être pour les siècles. Cette Grâce provient du Coeur Miséricordieux de Jésus, elle touche l’âme de sa lumière et l’âme commence à comprendre l’effort de Dieu ; mais la conversion dépend d’elle. Elle sait que cette grâce est la dernière pour elle. Et si elle montre le moindre frémissement de bonne volonté aussi petit qu’il soit, la Miséricorde divine accomplit le reste.

Jésus : « C’est ici qu’agit la Toute-Puissance de Ma Miséricorde ! Heureuse l’âme qui profite de cette grâce !

Quelle immense joie emplit Mon Coeur lorsque tu reviens vers Moi ! Je te vois si faible, c’est pourquoi Je te prends dans Mes bras et Je te porte à la Maison de Mon Père. »

L’âme, comme tirée de sa torpeur demande pleine d’effroi : « Est-il possible qu’il y ait encore Miséricorde pour moi ? ».

Jésus : « C’est justement toi, Mon enfant, qui as un droit particulier à Ma Miséricorde. Permets-lui d’agir sur toi, dans ta pauvre âme. Permets aux rayons de la Grâce d’entrer dans ton âme, ils apportent avec eux la lumière, la chaleur et la vie. »

L’âme : « Pourtant la crainte m’envahit au seul souvenir de mes péchés et cette terrible frayeur me pousse à douter de Votre bonté. »

Jésus : « Âme, sache bien que tous tes péchés ne m’ont pas blessés aussi douloureusement le Coeur, que ne le fait ta méfiance actuelle. Comment après tant de preuves de Mon Amour et de ma Miséricorde peux-tu demeurer incrédule devant ma bonté ? »

L’âme : « Ô Seigneur, sauvez-moi tout Seul, car je vais périr. Soyez pour moi le Sauveur. Ô Seigneur, je ne suis pas en état d’exprimer le reste, mon pauvre coeur est déchiré, mais Vous, Seigneur !… »

Jésus ne laissa pas l’âme terminer ces mots, mais l’enleva de terre, de cet abîme de misère et en un moment, la conduisit en la demeure de Son propre Coeur où tous ses péchés disparurent en un clin d’oeil. Le feu de l’Amour les détruisit.

Jésus : « Voici, âme tous les trésors de Mon Coeur, viens puiser tout ce dont tu as besoin ! »

L’âme : « Ô Seigneur, je me sens comblée de Votre Grâce, je sens comme une nouvelle vie qui me pénètre. Et par-dessus tout, je sens Votre Amour en mon coeur et cela me suffit, ô Seigneur. Durant toute l’éternité, je glorifierai la Toute Puissance de Votre Miséricorde. Enhardie par Votre bonté, je vais Vous dire tout ce qui fait la douleur de mon coeur. »

Jésus : « Dis tout, Mon enfant, sans aucune restriction, car c’est un coeur aimant qui t’écoute, le Coeur du meilleur des amis. »

« Ô Seigneur, je découvre maintenant toute mon ingratitude et Votre bonté. Vous me poursuiviez de Votre Grâce et moi, je tendais inutile tous Vos efforts. Je vois que j’aurais mérité le fond même de l’enfer pour avoir gaspillé Vos Grâces. »

Jésus interrompt l’entretien de l’âme et dit : Ne t’enfonce pas dans ta misère, tu es trop faible pour parler. Regarde plutôt Mon Coeur plein de bonté. Imprègne-toi de Ma façon de sentir et efforce-toi au calme et à l’humilité. Sois miséricordieuse envers les autres, tout comme je le suis envers toi. Et quand tu sentiras que tes forces faiblissent, viens à la Source de la Miséricorde et fortifie ton âme ! Et ainsi tu ne faibliras pas en chemin ! »

L’âme : « Je comprends maintenant Votre Miséricorde qui me couvre d’un nuage lumineux et me conduit à la demeure de mon Père, me protégeant du terrible enfer, que j’ai mérité non pas une, mais mille fois. Ô Seigneur, je n’aurai pas assez de gratitude pour glorifier dignement Votre insondable Miséricorde, Votre pitié envers moi ! »



1487

Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme souffrante

Jésus : « Ame, Je vois que tu souffres tant que tu n’as même pas la force de parler avec moi ! Je vais donc, Moi seul, te parler. Même si Tes souffrances sont extrêmes, ne perds pas la paix de l'âme et ne t’abandonne pas non plus au découragement. Pourtant dis-Moi, Mon enfant, qui a eu l’audace de blesser ton coeur ? Dis-Moi tout, absolument tout, sois sincère envers Moi. Dévoile-Moi toutes les blessures de ton coeur. Je les guérirai, et ta souffrance deviendra la source de ta sanctification. »

L’âme : « Seigneur, mes souffrances sont si grandes et si diverses ! Devant la longueur de leur durée, le découragement s’empare de moi ! »

Jésus : « Mon enfant, il ne faut pas te décourager. Je sais que tu connais Ma bonté et Ma Miséricorde, parlons donc peut-être en détail de ce qui te pèse le plus sur le coeur. »

L’âme : « J’ai tant de choses que je ne sais de quoi parler en premier, ni comment exprimer tout cela. »

Jésus : « Parle-Moi sans détour, comme un ami parle à son ami. Alors dis-Moi, Mon enfant, ce qui te retient sur le chemin de la Sainteté ? »

L’âme : « Le manque de santé. Je ne peux accomplir ma tâche; je suis une sorte de souffre-douleur. Je ne peux pas me mortifier ni jeûner sévèrement comme le firent les Saints. D’autre part, on ne croit pas que je sois malade si bien qu’aux souffrances physiques s’ajoutent les souffrances morales qui me causent bien des humiliations. Vous voyez, Jésus comment est-il possible, dans ces conditions, de devenir Sainte ? »

Jésus : « Enfant, cela est vrai, tout cela est souffrance ; mais il n’y a pas d’autre chemin pour aller au Ciel que le chemin de la Croix ! Je l’ai emprunté Moi-même le premier. Tu sais bien que c’est là le plus court et le plus sûr. »

L’âme : Seigneur, voici un nouvel obstacle sur le chemin de la Sainteté : On me persécute parce que je vous suis fidèle. J’endure bien des souffrances pour cette raison. »

Jésus : « Tu sais bien que parce que tu n’es pas de ce monde, le monde t’a prise en haine. Ils M’ont persécuté le premier. Cette persécution est le signe que tu marches fidèlement sur Mes traces. »

L’âme: Seigneur, le fait que ni mes Supérieures ni mon confesseur ne comprennent mes souffrances intimes est un nouveau sujet de découragement pour moi. Les ténèbres ont obscurci mon esprit, comment pourrai-je aller de l’avant ? C’est ainsi que tout me décourage; et je pense que les hauteurs de la Sainteté ne sont pas pour moi. »

Jésus : « Cette fois-ci, Mon enfant tu M’as fait de véritables confidences. Je sais que c’est une bien grande souffrance d’être incomprise et, qui plus est, par ceux que l’on aime et devant lesquels notre franchise est grande. Qu’il te suffise que Je te comprenne dans toute ta pauvreté et ta misère. La foi profonde que tu mets malgré tout en mes représentants Me plaît, mais tu dois savoir que les hommes sont incapables de comprendre complètement l’âme, car cela est au-dessus de leurs possibilités. C’est pourquoi je suis restée Moi-même sur terre, afin de consoler ton coeur douloureux et de fortifier ton âme pour que tu ne faiblisses pas en chemin. Tu dis que de grandes ténèbres obscurcissent ton esprit, pourquoi donc ne viens-tu pas dans ces moments-là vers Moi, qui suis toute lumière. En un instant Je peux verser en ton âme autant de lumière et de compréhension de la Sainteté que tu ne saurais en retirer d’aucun livre, ni en recevoir d’aucun confesseur. Tu dois savoir que même ces ténèbres dont tu te plains, je les ai d’abord traversées pour toi au Jardin des Oliviers. Mon âme fut saisie d’une tristesse mortelle ; et je te donne en partage une parcelle de ces souffrances en raison de l’Amour particulier que J’ai envers toi et du haut degré de sainteté que je te destine dans le ciel. L’âme souffrante est la plus proche de Mon Coeur. »

L’âme : « Encore une chose, Seigneur ! Que faire si je suis repoussée et rejetée par les gens, par les gens, particulièrement par ceux sur lesquels j’ai le droit de compter, et cela au moment où j’en ai le plus besoin ? »

Jésus : « Mon enfant, prends la résolution de ne jamais t’appuyer sur les gens. Tu feras de grandes choses si tu t’abandonnes entièrement à Ma volonté en disant : « Qu’il en soit non point comme je le veux, mais selon Votre volonté, ô Dieu. » Sache que ces paroles prononcées du fond du coeur transportent l’âme, en un instant, au sommet de la Sainteté. J’ai une prédilection particulière pour l’âme qui agit ainsi. Elle me rend grande gloire, elle emplit le ciel du parfum de sa vertu. Mais sache que c’est la communion fréquente qui te donnera cette force en toi pour supporter la souffrance. Viens souvent à cette source de Miséricorde et puises-y avec confiance tout ce qui t’est nécessaire ! »

L’âme : « Merci, Seigneur, de Votre inconcevable bonté. Merci d’avoir daigné rester avec nous dans cet exil et de demeurer parmi nous comme le Dieu de Miséricorde. Votre pitié et Votre Bonté rayonnent autour de Vous, et à la lumière de Votre Miséricorde, je reconnais combien Vous m’aimez. »



1488

Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme aspirant à la perfection

Jésus : « Tes efforts Me sont agréables, âme qui aspire à la perfection. Mais pourquoi te vois-Je si souvent triste et abattue ? Dis-moi, Mon enfant, ce que signifie cette tristesse et quelle en est la cause ? »

L’âme : « Seigneur, la raison de ma tristesse est que, malgré mes sincères résolutions, je retombe sans cesse dans les mêmes erreurs. Je prends une résolution, le matin, mais je vois, le soir, combien je m’en suis éloignée. »

Jésus : « Tu vois, Mon enfant, ce que tu es par toi-même ; la cause de tes échecs, c’est que tu comptes trop sur toi et que tu t’appuies trop peu sur Moi. Mais que cela ne t’attriste pas outre mesure. Je suis le Dieu de Miséricorde. Ta misère ne saurait épuiser mon amour puisque Je n’ai pas limité le nombre de Mes pardons. »

L’âme : « Oui, je sais tout cela. Mais je suis assaillie par de grandes tentations, des doutes divers se font jour en moi. Alors, tout m’irrite et tout me décourage. »

Jésus : « Sache, Mon enfant, que les plus grands obstacles à la Sainteté sont le découragement et l’inquiétude. Ils t’enlèvent la possibilité de t’exercer à la vertu. Toutes les tentations réunies ne devraient pas, même un instant, troubler ta tranquillité intérieure. Quant à l’irritabilité et au découragement, ce sont là les fruits de ton amour-propre. Il ne faut pas te décourager, mais t’efforcer de faire régner l’amour de Ton Dieu à la place de ton amour-propre. Confiance donc, Mon enfant, tu ne dois pas te décourager. Viens Me demander pardon puisque Je suis toujours prêt à te l’accorder. A chaque fois que tu Me le demandes, tu célèbres Ma Miséricorde. »

L’âme : Je sais reconnaître la voie de la perfection ainsi que ce qui Vous plaît le plus, mas j’ai de si grandes difficultés à accomplir ce que j’ai compris. »

Jésus : « Mon enfant, la vie sur terre est une lutte, une bien grande lutte pour pénétrer en

« Mon royaume, mais ne crains rien, car tu n’es pas seule. Je te soutiens toujours, appuie-toi donc sur Mon épaule et lutte sans aucune crainte. Avec confiance, puise à la source de vie, non seulement pour toi, mais aussi pour d’autres âmes, et particulièrement pour celles qui ne croient pas en Ma bonté

L’âme : Ô Seigneur, je sens que mon coeur s’emplit de Votre Amour, que le rayonnement de Votre Miséricorde et de Votre Amour pénètre mon âme. Et voici que je réponds à Votre appel, Seigneur, je pars à la conquête des âmes. Soutenue par Votre grâce, je suis prête à Vous suivre, Seigneur, non seulement au Thabor, mais aussi au Calvaire.

Je désire amener les âmes à la source de Votre Miséricorde afin qu’elles soient éclairées par les rayons de Votre Miséricorde, pour que la maison de Notre Père soit comble. Et lorsque l’ennemi à lancer des traits contre moi, alors à ce moment je me protégerai de Votre Miséricorde, comme d’un bouclier.»



1489

Conversation entre le Dieu de Miséricorde et l’âme parfaite

L’âme: Mon Seigneur et mon Maître, je désire converser avec Vous. »

Jésus : « Parle, car je suis toujours à ton écoute, Mon enfant chérie. Je t’attends toujours. De quoi désires-tu me parler ? »

L’âme, « Seigneur, avant tout, je répands mon coeur à Vos pieds, comme un parfum de gratitude pour tant de grâces et de bienfaits, dont vous me comblez sans cesse et que, même si je le voulais, je ne serais pas en état de dénombrer. Je me souviens seulement qu’il n’y a pas eu de moment dans ma vie, où je n’ai bénéficié de Votre protection et de Votre bonté. »

Jésus : « Ta conversation M’est agréable et l’action de grâces t’ouvre de nouveaux trésors de grâces. Mais, Mon enfant peut-être ne devrions-nous parler de façon aussi générale, mais en détail de ce qui te pèse le plus sur le coeur. Parlons en confidence, franchement, coeur à coeur. »

L’âme : « Ô Mon Seigneur de Miséricorde, il y a des secrets en mon coeur dont personne à part Vous ne sait et ne saura rien. Car voudrais-je les formuler, que personne ne les comprendrait. Votre remplaçant est quelque peu au courant, puisque je me confesse à lui ; mais autant seulement que je suis capable de lui dévoiler ces secrets, le reste demeure entre nous, pour l’éternité.


Ô mon Seigneur, Vous m’avez abrité du manteau de Votre miséricorde, me pardonnant toujours mes péchés. Pas une fois Vous ne m’avez refusé Votre pardon. Mais, me prenant en pitié, Vous m’avez accordé la vie, la nouvelle vie de la grâce afin que je n’aie de doutes sur rien. Vous m’avez placée sous la maternelle protection de Votre Eglise, cette mère pleine de tendresse, qui m’assure, en Votre nom, de la vérité de la foi et veille à ce que je ne m’égare jamais. Et c’est tout particulièrement au tribunal de Votre Miséricorde, que mon âme est baignée dans l’océan de Votre clémence. Aux Anges déchus, Vous n’avez pas donné le temps de la pénitence. Vous n’avez pas prolongé, pour eux, le temps de la Miséricorde. Ô mon Seigneur, Vous avez mis sur le chemin de ma vie de saints prêtres qui me montrent le bon chemin. Jésus, il est encore un secret en ma vie, le plus profond, mais le plus cher à mon coeur: c'est-à-dire Vous-même, sous la forme du pain, lorsque Vous venez dans mon coeur. Là est tout le secret de ma sainteté. Là mon coeur uni au Vôtre ne fait plus qu’un avec Lui. Là n’existe plus aucun secret. Car tout ce qui est Vôtre, est mien, et tout ce qui est mien, est Vôtre.


Voilà la puissance et le miracle de Votre Miséricorde ! Mettrait-on ensemble toutes les langues des hommes et des Anges qu’elles n’auraient pas assez de mots pour glorifier le mystère de Votre Amour et de Votre insondable Miséricorde. Lorsque je le considère, mon coeur connaît une nouvelle extase d’Amour. Mais je Vous dis tout cela, Seigneur, dans le calme et le silence, car le langage de l’Amour ne possède pas de paroles. Bien que Vous Vous abaissiez grandement. Votre grandeur s’est accrue en mon âme, ô Seigneur, unique objet de mon amour, car la vie de l’amour et de l’union se manifeste à l’extérieur. Et c’est pourquoi un plus grand amour envers Vous s’est éveillé en mon âme, ainsi qu’une parfaite pureté, une profonde humilité, une paix sereine et un grand zèle pour le salut des âmes. Ô mon Très doux Seigneur, Vous veillez sur moi à tout moment et Vous m’inspirez sur la façon de me comporter dans telle et telle circonstance, alors que mon coeur hésite entre deux façons d’agir. Vous êtes plus d’une fois intervenu Vous-même pour résoudre une affaire.


D’innombrables fois, Vous m’avez fait connaître en un éclair ce qui avait Votre préférence. Combien de pardons secrets m’avez-Vous donnés ! Combien de fois avez-Vous versé en mon âme force et réconfort afin que j’aille de l’avent ? Vous avez vous-même écarté les difficultés de mon chemin, intervenant directement dans les agissements des hommes. Ô Jésus, tout ce que je Vous dis là, n’est qu’une faible image de la réalité qui est en mon coeur. Ô mon Jésus, combien je désire la conversion des pécheurs. Vous savez bien ce que je fais pour eux, afin de Vous les gagner. Chaque offense qui Vous est faite m’est excessivement douloureuse.

Vous voyez que je n’épargne ni ma force ni ma santé ni même ma vie pour la défense de Votre Royaume. Quoique sur terre mes efforts ne soient pas visibles, ils ont néanmoins une valeur à vos yeux. Ô Jésus, je désire amener les âmes à la source de Votre Miséricorde, afin qu’elles y puisent avec confiance l’eau vivifiante de la vie éternelle.

Plus l’âme est désireuse de bénéficier pour elle-même d’une très grande Miséricorde divine, plus elle doit se rapprocher de Dieu avec une confiance accrue. Et si sa confiance en Dieu est sans limites, alors la Miséricorde de Dieu sera également sans limites pour elle.

Ô mon Seigneur à qui mon coeur appartient, Vous savez combien je désire ardemment que tous les coeurs ne battent que pour Vous, afin que tout homme glorifie la grandeur de Votre Miséricorde.»

Jésus : « Mon enfant bien-aimée, joie de Mon Coeur, ta conversation M’est plus chère et plus agréable que le chant des Anges. Pour toi sont ouverts tous les trésors de Mon Coeur. Puises-y tout ce dont tu as besoin pour toi et pour le monde entier. Par amour pour toi, Je lève le juste châtiment que le genre humain a mérité. Un seul acte de pur amour envers Moi m’est plus agréable qu’un millier d’hymnes venant d’âmes imparfaites. Un seul de tes soupirs d’amour Me récompense de bien des offenses comme celles dont M’abreuvent les impies. La moindre bonne action, c’est-à-dire : acte de vertu, possède à Mes yeux une valeur infinie. Et cela à cause du grand Amour que tu nourris envers Moi. Je règne comme au Ciel, dans une âme comme la tienne, qui vit exclusivement de Mon amour. Nuit et jour, Mon regard veille sur elle; il trouve en elle l’objet de sa prédilection.

Je tends l’oreille à sa prière et au murmure de son coeur, et souvent même Je devance sa prière. Ô Mon enfant chérie, particulièrement chérie, pupille de Mes yeux, repose un instant près de Mon Coeur et goûte à cet Amour dont tu vas te délecter pour l’éternité. Mon enfant, tu n’es pas encore dans la Patrie. Va donc ton chemin, fortifié par Ma Grâce, et lutte pour l’établissement de Mon royaume dans les âmes des hommes. Mais lutte comme un enfant de Roi. Souviens-toi que les jours d’exil passent vite et avec eux la possibilité de mériter le Ciel. J’attends de toi, Mon enfant, un très grand nombre d’âmes qui glorifiant Ma Miséricorde, durant toute l’éternité. Et afin que tu répondes dignement à Mon appel, reçois-Moi chaque jour dans la Sainte Communion, elle te donnera la force… »


Jésus, ne me laissez pas seule dans la souffrance. Vous savez, Vous, Seigneur, combien je suis faible… Je suis un abîme de misère, le néant même. Qu’y aurait-il donc d’étrange à ce que, laissée seule, je succombe ? Je suis un petit enfant, Seigneur, je ne sais pas me tirer d’affaire, cependant malgré tous les abandons je Vous fais confiance. En dépit de mon sentiment, en dépit de ce que je ressens plus d’une fois, je me transforme toute en confiance, et je garderai confiance. Ne diminuez en rien mon supplice, donnez-moi seulement la force de le supporter. Faites de moi ce qu’il Vous plaît, Seigneur. Donnez-moi seulement la Grâce de savoir Vous aimer en chaque difficulté, en toute circonstance. Ne diminuez pas, Seigneur, l’amertume du calice, donnez-moi seulement la force de pouvoir le vider.

Ô Seigneur, Vous me donnez souvent une grande clairvoyance, puis Vous me replongez dans une nuit noire et dans le gouffre de mon néant : mon âme se sent comme seule au milieu d’un grand désert !… Cependant, par-dessus tout, j’ai confiance en Vous Jésus, car, Vous êtes immuable. Mon humeur est changeante. Mais Vous êtes, Vous, toujours Le même, plein de Miséricorde !

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Jésus, source de vie, sanctifiez-moi ! Ô ma Force, fortifiez-moi. Mon Chef suprême, combattez pour moi ! Unique lumière de mon âme, éclairez-moi ! Conduisez-moi, mon Maître, je m’en remets à Vous, comme un petit enfant, s’en remet à l’amour de sa mère ! Et même si tout devait se liguer contre moi, même si la terre devait s’effondrer sous mes pas, près de Votre Coeur, je serai bien tranquille. Vous êtes toujours pour moi, la Mère la plus tendre, surpassant toutes les mères. C’est dans le silence que je clamerai ma douleur, et Vous me comprendrez au-delà de toute expression…




1490 Aujourd’hui le Seigneur m’a visitée et m’a dit : « Ma fille, ne t’effraie pas de ce qui va t’arriver. Je ne te donnerai rien au-dessus de tes forces ; tu connais la puissance de Ma Grâce ? Elle te suffira. » Après ces mots le Seigneur m’a donné une plus grande compréhension de l’action de Sa Grâce.




1491 Avant la Sainte communion, Jésus m’a demandé de n’accorder absolument aucune attention aux dires de l’une des Soeurs, car sa malice et sa ruse ne lui plaisent pas. « Ma fille, ne parle pas à cette personne de tes pensées, ni de tes sentiments ! » J’ai demandé pardon au Seigneur pour ce qui Lui a déplu dans cette âme. Et je l’ai imploré de me fortifier de Sa Grâce au moment où elle viendra à nouveau converser avec moi. Elle m’a déjà posé tant de questions auxquelles j’ai répondu avec tout mon amour fraternel ! Et la preuve que je lui ai parlé de tout coeur, est que je lui ai dit certaines choses, fruits de ma propre expérience. Mais cette âme avait une toute autre intention que celle que proférait sa bouche.



1492 Ô mon Jésus, depuis le moment où je me suis entièrement donnée à Vous, je ne pense absolument plus à moi-même. Vous pouvez faire de moi ce que Vous voulez. Je ne pense qu’à ce qui Vous plaît le plus et à ce qui peut Vous faire plaisir, ô Seigneur. Je tends l’oreille et je guette chaque occasion. Peu importe, alors, que je sois mal jugée au dehors…



1493 15 janvier 1938. Quand aujourd’hui cette même Soeur, à propos de laquelle le Seigneur m’avait mise en garde, est venue me rendre visite, je me suis, en mon âme, armée pour la lutte. Bien que cela m’ait vraiment coûté, je ne me suis pas écartée d’un cheveu de Ses recommandations. Mais lorsque l’heure fut écoulée, et que ladite Soeur ne pensait pas à se retirer, j’ai appelé intérieurement Jésus à l’aide. J’entendis à l’instant en mon âme : « Ne crains rien, Je regarde à l’instant et je vais t’aider ! Je vais t’envoyer de suite deux Soeurs qui vont venir te rendre visite, il te sera alors facile de continuer la conversation. » Au même moment, deux Soeurs sont entrées et la conversation devint alors très facile, mais elle dura cependant encore une demi-heure


1494 Comme il est bon, durant une conversation, d’appeler Jésus à l’aide. Comme il est bon, dans un moment de calme, d’implorer pour soi des grâces de secours. Je redoute beaucoup ces sortes de conversations, soi-disant confidentielles. Il faut avoir une grande lumière surnaturelle afin de parler avec profit, à ce moment là, tant pour l’autre personne que pour soi-même. Dieu nous vient en aide sans doute mais il convient de le Lui demander et de ne pas trop se fier à soi-même.



1495 17 janvier 1938. Aujourd’hui, depuis ce matin, mon âme est dans les ténèbres. Je ne peux m’élever jusqu’à Jésus et je me sens comme abandonnée de Lui. Ce n’est pas vers les créatures que je vais me tourner, pour avoir la lumière, car je sais qu’elles ne m’éclairent pas si Jésus désire me garder dans les ténèbres. Je m’abandonne à Sa sainte volonté, mais je souffre et la lutte devient plus âpre. Pendant les Vêpres, j’ai voulu me joindre aux Soeurs par la prière. Or lorsque je me suis transportée par la pensée à la Chapelle, mon esprit s’est trouvé plongé dans des ténèbres encore plus grandes.



1496 Le découragement m’est venu de tous les côtés. J’entendis alors la voix de Satan : « Regarde, comme tout ce que te propose Jésus est contradictoire : Il t’ordonne de fonder un couvent et il t’envoie la maladie. Il t’ordonne de t’efforcer d’obtenir cette fête de la Miséricorde qui cependant n’est pas du tout désirée du monde. Pourquoi pries-tu pour cette fête ? Elle est tellement inopportune ! » - Mon âme est restée silencieuse et par un acte de volonté se mit à prier, ne voulant pas entrer en discussion avec l’esprit des ténèbres. Cependant un étrange dégoût de la vie m’a envahie, et j’ai dû faire un grand effort de volonté, afin de consentir à vivre…

Et j’entendis à nouveau les paroles du tentateur : « Demande la mort pour toi demain, après la Sainte Communion ! Dieu t’écoutera, puisqu’Il t’a tant de fois exaucée ! »

Faisant silence, par un acte de volonté, je me mis à prier, ou plutôt je m’en suis remise à Dieu, Lui demandant intérieurement de ne pas m’abandonner en ce moment. Il est déjà onze heures du soir. Partout c’est le silence. Toutes les Soeurs dorment déjà dans les cellules. Seule mon âme lutte, et cela avec un grand effort. Le tentateur me dit ensuite : « Que t’importe les autres âmes ? Tu ne devrais prier que pour toi. Les pécheurs se convertiront sans tes prières. Je vois que tu souffres beaucoup en ce moment. Je vais te donner un conseil dont dépendra ton bonheur : ne parles jamais de la Miséricorde divine, et en particulier n’incite pas les pécheurs à avoir confiance en elle car ils méritent un juste châtiment. Deuxième chose et c’est la plus importante : ne dis pas à tes confesseurs et particulièrement à ce Père extraordinaire, ni à ce prêtre de Wilno ce qui se passe en ton âme. Je les connais, je sais qui ils sont.

Je veux donc te mettre en garde contre eux. Vois-tu, pour être une bonne religieuse, il suffit de vivre comme toutes les autres. Pourquoi t’exposer à tant de difficultés ? »



1497 Gardant toujours le silence, par un acte de volonté, je réussis dans l’ensemble, à me maintenir en Dieu. Mais un gémissement s’échappa de mon coeur. Enfin le tentateur s’éloigna et moi, épuisée, je m’endormis immédiatement. Au matin, après avoir reçu la Sainte Communion, je suis rentrée dans ma cellule, et tombant à genoux, j’ai renouvelé l’acte par lequel je m’abandonne à toutes les plus saintes volontés de Dieu. « Je Vous en prie Jésus, donnez-moi la force de lutter. Que tout se fasse pour moi selon Votre Très Sainte Volonté. Mon âme est passionnée d’amour pour Votre Très Sainte Volonté. »



1498 A ce moment j’ai vu Jésus qui m’a dit : « Je suis content de ce que tu fais ! Continue à être en paix si tu fais toujours tout ce qui est en ton pouvoir, en cette oeuvre de Miséricorde ! Que ta franchise envers ton confesseur soit la plus grande possible. Satan n’a rien gagné à te tenter, parce que tu n’es pas entrée en conversation avec lui ! Continue à agir de même ! Tu m’as rendu grand hommage aujourd’hui en luttant aussi fidèlement. Que la pensée que Je suis toujours avec toi, se grave et s’affirme en ton coeur, même si tu ne Me sens pas au moment du combat ! »



1499 Aujourd’hui, l’Amour de Dieu me transporte dans l’autre monde. Je suis plongée dans l’amour, j’aime et je sens que je suis aimée. Et je vis cela en pleine conscience. Mon âme sombre dans le Seigneur en prenant connaissance de la grande majesté de Dieu et de ma petitesse. Mais cette connaissance amplifie mon bonheur… Cette conscience est si vivante en l’âme, si puissante, et en même temps si douce !



1500 Lorsque maintenant je ne peux dormir la nuit, car la souffrance ne me le permet pas, je visite toutes les églises et toutes les chapelles et au moins quelques instants, j’y fais une adoration du Très Saint Sacrement. Lorsque je reviens à notre chapelle, je prie alors pour certains prêtres qui annoncent et proclament la miséricorde de Dieu ? Je prie également à l’intention du Saint Père, et aussi afin d’implorer la miséricorde de Dieu pour les pécheurs – ce sont là mes nuits.



1501

20 janvier 1938.

Jamais je ne rampe devant quelqu’un. Je ne supporte pas la flatterie, et l’humilité n’est que vérité, il n’y a plus de vile flatterie dans la véritable humilité, bien que je me sente la plus petite de tout le couvent, d’un autre côté, je jouis du titre de bien-aimée de Jésus… Mais peu importe que je rencontre parfois l’opinion comme quoi je suis orgueilleuse, je sais bien que le jugement des hommes ne discerne pas le mobile des agissements.




Faustine journal 1485