Faustine journal 1572

- PROMESSE CONCERNANT L'HEURE DE LA MISERICORDE (2)

Je te rappelle, ma fille, que chaque fois que tu entendras l’horloge sonner trois heures, immerge-toi tout entière dans ma miséricorde en l’adorant et en la glorifiant ; fais appel à sa toute-puissance pour le monde entier et particulièrement pour les pauvres pécheurs, car à ce moment elle est grande ouverte à toutes les âmes. A cette heure-là, tu peux tout obtenir pour toi et pour les autres ; à cette heure, la grâce été donnée au monde entier- la miséricorde l’emporta sur la justice. Ma fille, essaie à cette heure-là de faire le chemin de croix autant que tes occupations te le permettent ; mais si tu ne peux pas faire le chemin de croix, entre au moins à la chapelle et célèbre mon coeur qui est plein de miséricorde dans le Saint Sacrement ; et si tu ne peux entrer à la chapelle, plonge-toi dans la prière là où tu te trouves, ne serait-ce que pour un tout petit moment. J’exige de toute créature de vénérer ma miséricorde, mais de toi d’abord, car je t’ai fait connaître le plus profondément ce mystère.

1573 Ô mon Dieu, quelle nostalgie de Toi m’a envahie aujourd’hui ! Oh ! Plus rien n’occupe mon coeur, la terre n’a plus rien à me donner ! Ô Jésus, combien je ressens cet exil, combien il se prolonge pour moi !Ô mort, messagère de Dieu, quand viendra l’annonce de ce moment tout désiré où je pourrai m’unir pour les siècles à mon Dieu ?

1574 Ô mon Jésus, que les derniers jours d’exil soient entièrement selon Ta très sainte volonté ! Je joins mes souffrances, mes amertumes et même mon agonie à Ta sainte passion et je les offre pour le monde entier, afin d’implorer l’abondance de la miséricorde divine pour les âmes et particulièrement pour celles qui sont dans nos maisons. Je Te fais totalement confiance et m’abandonne entièrement à Ta sainte volonté qui est la miséricorde même. Ta miséricorde me tiendra lieu de tout en cette heure dernière – ainsi que Tu me l’as Toi-même promis…

1575 Je Te salue, Amour éternel, mon doux Jésus qui a daigné habiter en mon coeur ! Je Te salue, ô glorieuse Divinité qui as daigné T’abaisser pour moi, et par amour pour moi T’anéantir jusqu’à prendre l’apparence du pain ! Je te salue Jésus, fleur incorruptible de l’humanité, Toi, Tu es unique pour mon âme ! Ton Amour est plus pur que le lys et Ta présence m’est plus agréable que l’odeur de la jacinthe. Ton amitié plus tendre et plus délicate que le parfum de la rose et cependant plus forte que la mort. Ô Jésus, inconcevable beauté, c’est avec les âmes pures que Tu T’entends le mieux, car elles seules sont capables d’héroïsme et de sacrifice. Ô doux sang de Jésus, ennoblis mon sang et change-le en Ton propre sang, que cela m’advienne selon Ta prédilection.

1576 Sache, ma fille, qu’entre moi et toi, il y a l’abîme infini qui sépare le Créateur de la créature, mais ma miséricorde comble cet abîme. Je t’élève jusqu’à moi, non par besoin de toi, mais je te fais don de la grâce de l’union avec moi uniquement par miséricorde.

1577 Dis aux âmes qu’elles ne fassent pas obstacle en leur propre coeur à ma miséricorde, qui désire tant agir en elles. Ma miséricorde est à l’oeuvre dans tous les coeurs qui lui ouvrent la porte ; le pécheur comme le juste ont besoin de ma miséricorde. La conversion comme la persévérance est une grâce de ma miséricorde.

1578 Que les âmes qui tendent à la perfection adorent particulièrement ma miséricorde, car l’abondance des grâces que je leur accorde découle de ma miséricorde. Je désire que ces âmes se distinguent par une confiance illimitée en ma miséricorde. Je m’occupe moi-même de la sanctification de ces âmes, je leur procure tout ce qui peut être nécessaire à leur sainteté. Il y a un seul moyen de puiser des grâces de ma miséricorde: c’est la confiance. Plus sa confiance est grande, plus l’âme reçoit. Les âmes d’une confiance sans borne me font une grande joie, car je verse en elles le trésor entier de mes grâces. Je me réjouis qu’elles demandent beaucoup, car mon désir est de donner beaucoup et de donner abondamment. Par contre, je m’attriste si les âmes demandent peu, si elles resserrent leur coeur.

1579 Ce qui me fait le plus souffrir, c’est quand je rencontre l’hypocrisie. Je comprends maintenant, mon Sauveur, que Tu aies si sévèrement reproché aux Pharisiens leur hypocrisie. Avec les pécheurs endurcis Tu T’es comporté avec plus de bienveillance lorsqu’ils revenaient vers Toi tout contrits.

1580 Mon Jésus, voici que je vois que je suis passée par toutes les étapes de la vie en te suivant : enfance, jeunesse, vocation, travaux apostoliques, Thabor, Jardin des Oliviers, et me voici maintenant déjà avec Toi au Calvaire. Je me suis laissée crucifier de mon plein gré et je suis déjà crucifiée, bien que je marche encore un peu, mais je suis écartelée sur la croix et je sens nettement que de Ta croix me vient la force, que Toi seul es ma persévérance. Plus d’une fois j’ai entendu la voix de la Tentation me criant – descends de la croix, cependant la force de Dieu me fortifie ; l’abandon, l’obscurité et diverses souffrances frappent mon coeur, pourtant la grâce mystérieuse de Dieu me soutient et me fortifie. Je désire boire le calice jusqu’à la dernière goutte. Je crois fermement que si Ta grâce m’a soutenue au Jardin des Oliviers, elle me viendra en aide maintenant que je suis au Calvaire.

1581 Ô mon Jésus, Maître, j’unis mes désirs aux désirs que Tu as eus sur la croix : je désire accomplir Ta sainte volonté ; je désire la conversion des âmes ; je désire que Ta miséricorde soit glorifiée ; je désire que soit hâté le triomphe de l’Eglise ; je désire que la fête de la miséricorde soit vénérée dans le monde entier ; je désire la sainteté pour les prêtres ; je désire qu’existe une sainte dans notre congrégation ; je désire qu’existe dans toute notre congrégation un esprit de grand zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ; je désire que les âmes qui sont en nos maisons n’offensent pas Dieu, mais qu’elles persistent dans le bien ; je désire la bénédiction de Dieu pour mes parents et toute ma famille ; je désire que Dieu accorde une lumière particulière à mes guides spirituels et particulièrement au Père Andrasz et à l’abbé Sopocko ; je désire une bénédiction particulière pour les supérieurs sous la direction desquelles j’ai été, et tout particulièrement pour la mère générale, Mère Irène, et la maîtresse Mère Marie-Josèphe.

1582 Ô mon Jésus, maintenant j’embrasse le monde entier et j’implore pour lui Ta miséricorde. Lorsque Tu me diras, ô Dieu, que cela suffit, que Ta sainte volonté est entièrement accomplie, à ce moment en union avec Toi, mon Sauveur, je remettrai mon âme entre les mains du Père céleste, pleine de confiance en Ton infinie miséricorde, et le premier hymne que je chanterai lorsque je me tiendrai au pied de ton trône, sera pour Ta miséricorde. Je ne t’oublierai pas, pauvre terre – bien que je sente que toute entière je sombrerai immédiatement en Dieu, comme en un océan de bonheur ; mais cela ne me sera pas un empêchement pour revenir sur terre et donner du courage aux âmes et les inciter à la confiance en la miséricorde divine. Bien sûr cette immersion en Dieu me donnera une possibilité d’action illimitée.

1583 En écrivant ceci, j’entends les grincements de dents de Satan qui ne peut supporter la miséricorde divine et fait du fracas avec les objets de ma cellule ; mais j’éprouve en moi-même la force de Dieu, si grande qu’il m’est indifférent que l’ennemi de notre salut se mette en colère, et je continue tranquillement à écrire.

#1583
Ô inconcevable bonté de Dieu qui nous protège à chaque pas, qu’un honneur sans fin soit rendu à Ta miséricorde, pour avoir fraternisé non pas avec les anges, mais avec les hommes – c’est là un miracle du mystère insondable de Ta miséricorde. Notre entière confiance est en Toi, Jésus-Christ, notre Frère aîné, Dieu véritable et Homme véritable ! Mon coeur frémit de joie en voyant combien Dieu est bon pour nous, si misérables et ingrats, et comme preuve de son amour, Il nous a fait un don inconcevable, c’est-à-dire Lui-même, en la Personne de son Fils. Nous ne saurons, durant toute l’éternité, épuiser le mystère de cet amour. Ô humanité, pourquoi penses-tu si peu que Dieu est véritablement parmi nous ? Ô Agneau de Dieu, je ne sais ce qu’il faut admirer le plus en Toi : Ta douceur, Ta vie cachée et Ton anéantissement pour l’homme, ou bien cet incessant miracle de la miséricorde qui transforme les âmes et les ressuscite à la vie éternelle. Bien que Tu sois ainsi caché, Ta toute-puissance se révèle ici plus que dans la création de l’homme ; bien que la toute-puissance de Ta miséricorde agisse pour la justification du pécheur, Ton action reste silencieuse et cachée.

1584 Vision de la Mère de Dieu. Dans une grande clarté, j’ai aperçu la Mère de Dieu en robe blanche, avec une ceinture d’or, de petites étoiles,, également d’or, se trouvaient sur tout Son manteau et les manches bordées de triangles d’or. Son manteau était bleu saphir, légèrement jeté sur les épaules, sur Sa tête un voile transparent légèrement posé, les cheveux libres, très joliment arrangés, et une couronne d’or qui se terminait par des croix. Elle tenait l’Enfant Jésus sur le bras gauche. Je n’avait encore jamais vu la Mère de Dieu ainsi. Alors elle me regarda avec bienveillance et dit : « Je suis Notre Dame des prêtres. Sur ce, Elle déposa Jésus à terre et levant le bras droit, Elle dit : « Ô Dieu, bénis la Pologne, bénis les prêtres ! » Et Elle me dit à nouveau : « Dis aux prêtres ce que tu as vu ! » J’ai décidé qu’à la première occasion je le dirai au père, mais moi-même, je ne comprends rien à cette vision.

1585 Ô mon Jésus, Tu vois quelle immense gratitude j’ai pour l’abbé Sopocko qui a mené Ton oeuvre si loin. Cette âme si humble a su supporter tous les orages, et elle ne s’est pas laissée décourager par les contrariétés, mais elle a fidèlement répondu à l’appel de Dieu.

1586 Quand une des soeurs reçut la tâche du service des malades – et elle était si négligente dans ce service, il fallait vraiment nous mortifier – un jour je décidai de le dire aux supérieures ; cependant j’entendis une voix en mon âme : Supporte cela patiemment, quelqu’un d’autre le dira. Ce service-là dura tout le mois. Lorsque je pus descendre au réfectoire et à la récréation, j’entendis alors ces mots en mon âme : « Maintenant d’autres soeurs parleront de la négligence du service de cette soeur, quant à toi, tais-toi et ne donne pas ton opinion en cette affaire. » A ce moment commença une assez vive critique de cette soeur qui ne put rien trouver pour sa défense et toutes les soeurs dirent en choeur : « Corrigez-vous ma soeur et faîtes mieux le service des malades. »J’ai appris que parfois le Seigneur Jésus ne désire pas que nous disions quelque chose nous-mêmes ; Il a ses moyens et sait prendre la parole.

1588 Aujourd’hui, j’ai entendu ces paroles : Dans l’Ancien Testament j’ai envoyé à mon peuple des prophètes et avec eux la foudre. Aujourd’hui, je t’envoie vers toute l’humanité avec ma miséricorde. Je ne veux pas punir l’humanité endolorie, mais je désire la guérir en l’étreignant sur mon coeur miséricordieux. Je n’applique le châtiment que lorsqu’ils m’y forcent eux-mêmes ; ma main ne prend volontiers le glaive de la justice ; avant le jour de la justice, j’envoie le jour de la miséricorde. J’ai répondu : Ô mon Jésus parle Toi-même aux âmes, car mes paroles sont sans importance !

+JMJ


#1588

L’âme dans l’attente de la venue du Seigneur.

Je ne sais, ô Seigneur, à quelle heure Tu viendras,
Je veille donc sans cesse et je tends l’oreille,
Moi Ta bien-aimée que Tu as choisis,
Car je sais que Tu aimes venir inaperçu,
Cependant le coeur pur, Seigneur, Te pressent de loin !


Je T’attends, Seigneur, dans le calme et le silence,
Avec une grande nostalgie en mon coeur
Et un désir inassouvi
Je sens que mon amour pour Toi se change en brasier
Et comme une flamme s’élèvera dans le ciel, à la fin de mes jours,
Alors tous mes voeux se réaliseront !


Viens donc enfin – mon très doux Seigneur
Et emporte mon coeur assoiffé
Là-bas chez Toi, dans les hautes contrées des cieux
Où règne éternellement Ta vie !


Car la vie sur terre n’est qu’une agonie,
Car mon coeur sent qu’il est créé pour les hauteurs
Et rien ne l’intéresse des plaines de cette vie
Car ma patrie, c’est le ciel. Je crois en cela invinciblement.


(Fin du cinquième cahier.)



JMJ


1589 Loue ô mon âme, l’inconcevable miséricorde divine, tout pour Sa gloire !…

Cracovie, le 10 février 1938 - Sixième petit cahier



Soeur Faustine du Très Saint Sacrement
de la Congrégation des Soeurs de Notre Dame de la Miséricorde

1590 Mon coeur m’attire là où mon Dieu est caché,
Où Il demeure nuit et jour avec nous
Sous l’apparence de la blanche Hostie,
Il dirige le monde entier, et est en relation avec les âmes.


Mon coeur m’attire là où mon Seigneur se cache,
Où est son Amour anéanti,
Mais mon coeur sent que là est l’eau vive,
C’est mon Dieu vivant, bien qu’un voile Le cache.


1591

10 février 1938.

Pendant la méditation, le Seigneur m’a fait connaître la joie du ciel et des saints qui se réjouissent de notre arrivée. Ils aiment Dieu, comme unique objet de leur amour, mais ils nous aiment aussi tendrement et sincèrement ; mais cette joie venant de la face divine se déverse sur tous, car nous Le voyons face à face. Cette face est si douce que l’âme tombe en un nouveau ravissement.

1592 Le Seigneur Lui-même me pousse à écrire des prières et des hymnes sur Sa miséricorde, et ces adorations se pressent sur mes lèvres. Je me suis aperçue qu’entrent dans mon esprit des paroles toutes prêtes à la gloire de la miséricorde divine, aussi ai-je résolu de les mettre sur le papier, autant que cela sera en mon pouvoir, je m’y sens poussée par Dieu.

1593 Une soeur est entrée chez moi un moment et après une courte conversation au sujet de l’obéissance, elle me dit : « Oh ! Je comprends maintenant comment agissaient les saints. Merci ma soeur, une grande lumière est entrée dans mon âme, j’en ai bien profité. »

1594 Ô mon Jésus, c’est Ton oeuvre, c’est Toi qui as parlé à cette âme, car cette soeur est entrée au moment où j’étais complètement plongée en Dieu ; c’est juste à cet instant que ce grand recueillement m’a abandonnée ! Ô mon Jésus, je sais que pour être une âme utile, il faut s’efforcer à être le plus étroitement unie à Toi, Amour éternel ! Un mot prononcé par une âme unie à Dieu, procure plus de bien aux âmes que les discours éloquents et les sermons d’une âme imparfaite.




1595 J’ai remarqué l’étonnement du Père Andrasz à cause de ma conduite, mais tout pour la gloire de Dieu. Ô grande est Ta grâce, Seigneur, qui élève l’âme vers les hauteurs ! Grande et ma reconnaissance envers Dieu pour m’avoir donné un prêtre éclairé – Tu aurais pu continuer à me laisser dans mes incertitudes et mes hésitations, mais Ta bonté y a remédié. Ô mon Jésus, il m’est impossible de compter Tes bienfaits !...




1596 Ma fille, le combat durera jusqu’à la mort, il ne sera terminé qu’au dernier soupir ; tu remporteras la victoire par le silence.




159716 février 1938. J’ai vu comme Jésus dans la sainte Communion entrait à contrecoeur dans certaines âmes. Il m’a répété ces mots : J’entre dans certains coeurs comme pour une seconde passion.




1598 Pendant que je tâchais de faire l’heure sainte, j’ai aperçu Jésus souffrant qui m’a dit ces paroles : Ma fille, n’accorde pas tant d’attention à l’instrument par lequel vient la grâce, mais plus à la grâce elle-même que je te donne, car l’instrument ne te plaît pas toujours, et les grâces laissent aussi à désirer alors ! Je veux te préserver de cela et je désire que tu ne fasses jamais attention à l’instrument par lequel je t’envoie ma grâce, toute l’attention de ton âme doit tendre à répondre le plus fidèlement possible à ma grâce.




1599 Ô mon Jésus, si Toi-même Tu n’apaises pas la nostalgie de mon âme, personne ne le consolera ni ne l’apaisera ! Chacune de Tes approches ouvre mon âme à un nouveau ravissement d’amour, mais aussi à une nouvelle agonie ; car malgré Tes si exceptionnels rapprochements de mon âme, je continue à T’aimer à distance et mon coeur agonise en extase d’amour, parce que ce n’est pas encore l’union éternelle et complète, même si Tu es souvent en relation avec moi sans aucun voile. Tu ouvres cependant par cela en mon âme et mon coeur un abîme d’amour et de désir envers Toi mon Dieu, et cet abîme insondable – désirer Dieu en plénitude - ne peut être totalement comblé sur cette terre.




1600 Le Seigneur m’a fait connaître comme il désire ardemment la perfection des âmes choisies.

Les âmes choisies sont des lumières dans ma main, que je jette dans l’obscurité du monde et je l’éclaire. Comme les étoiles éclairent la nuit, ainsi les âmes choisies éclairent la terre, et plus l’âme est parfaite, plus la lumière qu’elle répand autour d’elle est grande et va loin ; elle peut être cachée et inconnue même aux plus proches, mais sa sainteté se reflète dans les âmes jusqu’aux plus lointaines extrémités du monde.




1601 Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : Ma fille, quand tu t’approches de la sainte confession, de cette source de ma miséricorde, le sang et l’eau qui sont sortis de mon coeur se déversent sur ton âme et l’ennoblissent. Chaque fois que tu te confesses, plonge-toi entièrement dans ma miséricorde avec grande confiance, pour que je puisse déverser en ton âme toutes les largesses de ma grâce. Quand tu vas te confesser, sache que c’est moi-même qui t’attends dans le confessionnal, je me dissimule seulement derrière le prêtre, mais c’est moi seul qui agis dans l’âme. Ici la misère de l’âme rencontre le Dieu de miséricorde. Dis aux âmes, qu’à cette source de miséricorde, les âmes ne puisent qu’avec le vase de la confiance. Lorsque leur confiance sera grande, il n’y aura pas de bornes à mes largesses. Les torrents de ma grâce inondent les âmes humbles. Les orgueilleux sont toujours dans la misère et la pauvreté car ma grâce se détourne d’eux pour aller vers les âmes humbles.




1602

14 février 1938.

Pendant l’adoration, j’ai entendu ces paroles : Prie pour une des élèves qui a grand besoin de ma grâce. J’ai reconnu l’âme de N. j’ai beaucoup prié et la miséricorde divine a enveloppé cette âme.




1603 Pendant l’adoration, alors que je récitais plusieurs fois Dieu Saint, une vive présence de Dieu m’enveloppa et je fus enlevée en esprit devant la majesté divine. Et j’ai vu comment les anges et les saints du Seigneur rendent gloire à Dieu. Cette gloire d Dieu est si grande que je ne veux même pas tenter de la décrire, car je n’y arriverai pas, et pour qu’à cause de cela les âmes ne croient pas que tout se borne à ce que j’ai écrit. Saint Paul, je te comprends maintenant, tu ne voulais pas décrire le ciel, tu as seulement dit l’oeil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu et le coeur de l’homme n’a jamais conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment. - Oui, c’est ainsi, et comme elle est misérable ! Ce n’est qu’une goutte en comparaison de la perfection de la gloire céleste. Oh ! Que tu es bon, mon Dieu, d’accepter mon adoration, de tourner avec bienveillance Ta face vers moi, et de me faire connaître que notre prière T’es agréable !




1604 Ecris sur ma bonté, ce qui te viendra à l’esprit.- J’ai répondu : Comment Seigneur, et si j’écris trop ? – Et le Seigneur me répondit : « Ma fille, même si tu parlais à la fois toutes les langues humaines et angéliques, tu ne pourrais en dire trop, mais alors tu ne glorifierais qu’une infime partie de ma bonté – de mon insondable miséricorde. »

Ô mon Jésus, mets Toi-même les paroles dans ma bouche, pour que je puisse Te glorifier dignement.

Ma fille, sois tranquille, fais ce que je t’ordonne ! Ta pensée est unie à ma pensée, écris donc ce qui te viendra à l’esprit. Tu es la secrétaire de ma miséricorde, je t’ai choisie pour cette fonction dans cette vie et dans la vie future. Je le veux ainsi, malgré tous les obstacles que l’on dressera contre toi ; sache que ma prédilection ne changera pas.

Au même instant, je me suis plongée avec grande humilité devant la majesté divine. Et plus je m’humiliais, plus la présence de Dieu me pénétrait…




1605 Ô Jésus, ma seule consolation ! Oh ! Comme l’exil est terrible. Oh ! Quel désert dois-je encore traverser ! Mon âme se fraie un passage dans un terrible roncier de difficultés de toutes sortes. Si Tu ne me soutenais pas, Seigneur, il me serait impossible d’avancer.




1606

16 février 1938.

Alors je priais à l’intention d’un prêtre le Coeur vivant de Jésus qui est dans le Très Saint Sacrement, Jésus m ‘a tout de suite fait connaître Sa bonté et m’a dit : Je ne lui donnerai rien au dessus de ses forces.




1607 Quand j’ai appris les souffrances et les difficultés qu’une certaine personne éprouvait dans toute cette oeuvre divine, j’ai demandé au Seigneur Jésus avant la Sainte Communion qu’il me fasse connaître si je n’étais pas à l’origine de ses souffrances. – Mon doux Jésus, je T’en supplie par Ton infinie bonté et Ta miséricorde, fais moi connaître si quelque chose ne Te plaît pas dans cette affaire ou il y a quelque faute de ma part ; s’il en était ainsi, je T’en prie, lorsque Tu viendras dans mon coeur, remplis-le d’inquiétude et fais-moi connaître ton mécontentement. Et si je ne suis pas coupable, affermis-moi dans la paix. Lorsque j’ai communié, mon âme fut remplie d’une grande paix et le Seigneur me fit connaître que l’oeuvre est touchée par l’épreuve, mais qu’elle n’en est pas moins agréable à Dieu. Je n’en suis profondément réjouie et j’ai redoublé mes prières, pour que cette oeuvre puisse sortir renforcée du feu de l’épreuve.



1608 Ô mon Jésus, comme il est bon d’être sur la croix, mais avec Toi. Avec Toi, mon Amour, mon âme est constamment étendue sur la croix et abreuvée d’amertume. Le vinaigre et le fiel touchent mes lèvres, mais c’est bien, c’est bien qu’il en soit ainsi, car Ton divin Coeur fut abreuvé d’amertume pendant toute Ta vie, et en réponse à Ton amour Tu as reçu l’ingratitude. Tu avais si mal qu’une plainte de douleur s’échappa de Tes lèvres : Tu cherchais qui pourrait Te consoler, et Tu n’as pas trouvé.




1609 Lorsque je demandai au Seigneur de porter les yeux sur une âme qui lutte seule contre beaucoup de contrariétés, le Seigneur me fit connaître en un instant que tous sont comme de la poussière sous Ses pieds. « Et donc ne te tourmentes pas, tu vois que d’eux-mêmes ils ne peuvent rien, et si je leur permets de paraître triompher, c’est en raison de mes impénétrables décrets ! » J’ai ressenti un grand apaisement en voyant comme tout dépend du Seigneur.




1610 Quand l’aumônier vient avec le Seigneur Jésus, il y a des moments où une si vive présence de Dieu m’envahit, et le Seigneur me fait connaître Sa sainteté, et je vois alors la plus infinie poussière de mon âme et je voudrais la purifier avant chaque Communion. J’ai questionné mon confesseur, il a répondu qu’il n’était pas nécessaire de se confesser avant chaque sainte Communion. Je n’ai pas continué à expliquer l’état de mon âme, car ce n’était pas mon directeur mais mon confesseur. Cependant cette connaissance ne me prend pas de temps, car elle est plus rapide que l’éclair, elle allume en moi l’amour, me laissant la connaissance de moi-même




1611

20 février 1938

- Aujourd’hui, le Seigneur m’a répondu : J’ai besoin de tes souffrances pour sauver les âmes.

Ô mon Jésus, fais de moi ce qu’il Te plaît. Je n’ai pas eu le courage de demander au Seigneur Jésus de plus grandes souffrances, car j’ai tellement souffert la nuit précédente, que je n’aurais pu endurer une goutte de plus que ce que le Seigneur Jésus lui-même m’a donné.




1612 Presque toute la nuit j’ai éprouvé de si violentes douleurs, qu’il me semblait avoir toutes les entrailles réduites en lambeaux. J’ai rendu avec des vomissements le médicament que j’avais pris. Puis, alors que je me penchais en avant, j’ai perdu connaissance et ainsi, la tête appuyée contre le sol, je suis restée ainsi un moment. Quand j’ai repris connaissance, je m’aperçus que j’avais appuyé du poids de tout mon corps sur mon visage et ma tête ; inondée de vomissements, j’ai pensé que ce serait déjà la fin. La chère mère supérieure et Soeur Tarcise me secoururent comme elles le pouvaient. Jésus me demandait de souffrir et non de mourir. Ô mon Jésus, fais de moi ce qu’il Te plaît ! Donne-moi seulement la force de souffrir ! Je supporterai tout quand Ta force me soutiendra. Ô âmes, comme je vous aime !




1613 Aujourd’hui une soeur est venue me voir et m’a dit : « Ma soeur, je sens de façon étrange, comme si quelque chose me disait de venir chez vous et de vous recommander certaines de mes affaires avant que vous ne mourriez, que par vos prières vous pouvez me l’obtenir, ma soeur, et l’arranger auprès du Seigneur Jésus ; quelque chose me dit tout le temps que vous pouvez me l’obtenir, ma soeur. » Je lui ai répondu franchement – « oui je le sens dans mon âme, qu’après ma mort je pourrais plus obtenir auprès de Jésus que maintenant. Je me souviendrai de vous, ma soeur, devant Son trône. »




1614 Quand je suis entrée un moment dans le dortoir voisin pour visiter les soeurs malades, l’une d’elles me dit : « Ma soeur, je n’aurai pas du tout peur de vous, quand vous mourrez ; venez me voir après votre mort, car j’ai un secret à vous confier, pour que l’arrangiez auprès de Jésus ; je sais que vous pouvez me l’obtenir auprès du Seigneur Jésus par vos prières. » Comme elle le disait publiquement, je lui ai répondu de cette façon : « Le Seigneur Jésus est très discret, et donc les secrets qu’il a avec une âme, Il ne les révèle à personne. »




1615 Ô mon Seigneur, je Te remercie de me rendre semblable à Toi par l’anéantissement ! Je vois que mon enveloppe terrestre commence à s’effriter ; je m’en réjouis car bientôt, je me trouverai dans la maison de mon Père.




1616 27 février 1938. Aujourd’hui je me suis confessée au Père A., j’ai agi comme Jésus le désirait. Après la confession, une lumière intense inonda mon âme. Soudain j’entendis une voix : « Parce que tu es une enfant, tu resteras près de mon coeur ; ta simplicité m’est plus agréable que les mortifications. »




1617 Paroles du Père Andrasz : « Vis davantage de foi ; prie pour que la miséricorde divine se propage encore plus et pour que cette oeuvre soit prise en bonnes mains, qu’elle soit bien dirigée ! Tâche toi-même d’être là une bonne religieuse même si cela pourrait être comme c’est maintenant, mais tâche d’être là une bonne religieuse ! Et maintenant, si tu ressens ces attraits divins et que tu reconnais que c’est le Seigneur, suis-les ! Consacre à l’oraison tout le temps qui y est destiné, et les notes prends-les après la prière ! »




1618 Les deux derniers jours du carnaval. Mes souffrances physiques ont augmenté. Je me suis unie plus étroitement au Sauveur souffrant, Lui demandant d’avoir miséricorde pour le monde entier, qui dans sa méchanceté fait des folies. Pendant toute la journée, j’ai senti les douleurs de la couronne d’épines. Lorsque je me suis couchée, je ne pouvais pas poser ma tête sur l’oreiller ; cependant à dix heures les douleurs cessèrent et je m’endormis, mais le lendemain je ressentais une grande faiblesse.




1619 Jésus-Hostie, si Tu ne me soutenais pas Toi-même, je ne saurais persévérer sur la croix, je ne pourrais supporter tant de souffrances, mais la force de Ta grâce me maintient à un niveau plus haut et rend méritoires mes souffrances. Tu me donnes la force d’aller toujours de l’avant et de conquérir le ciel par la force et d’avoir en mon coeur de l’amour pour ceux qui nous ont fait subir contrariétés et mépris. Avec Ta grâce on peut tout !




1620

1er mars 1938. Retraite d’un jour.

J’ai compris dans la méditation, qu’il faut se cacher le plus profondément possible dans le Coeur de Jésus, méditer Sa douloureuse passion et pénétrer les sentiments de Son divin Coeur rempli de miséricorde pour les pécheurs ; pour leur obtenir cette miséricorde, je vais m’anéantir à chaque moment, vivant de la volonté de Dieu.

1621 Pendant tout ce Carême, je suis une hostie dans Ta main, Jésus ! Sers-Toi de moi, pour que Tu puisses entrer Toi-même chez les pécheurs ! Exige ce qui Te plaît ; aucun sacrifice ne me semblera trop grand lorsqu’il s’agit des âmes !

1622 Tout ce mois-ci, sainte messe et sainte Communion à l’intention du Père Andrasz pour que Dieu lui fasse connaître plus profondément encore, Son amour et Sa miséricorde.

1623 Ce mois-ci, j’exercerai les trois vertus que la Mère de Dieu m’a recommandées : l’humilité, la pureté et l’amour de Dieu, acceptant, avec une profonde soumission à la volonté de Dieu, Tout ce qu’Il m’enverra.

1624 J’ai commencé le Saint Carême comme Jésus le désirait, m’en remettant complètement à Sa sainte volonté et acceptant avec amour tout ce qu’il me donnera. Je ne peux pas pratiquer de plus grandes mortifications, car je suis très faible. Ma longue maladie a complètement détruit les forces. Je m’unis à Jésus par la souffrance. Lorsque je médite Sa douloureuse Passion, mes douleurs physiques diminuent.

1625 Le Seigneur m’a dit : « Je te prends à mon école pour tout le Carême, je veux t’apprendre à souffrir. » J’ai répondu : « Avec Toi Seigneur, je suis prête à tout », et j’ai entendu cette voix : « Il t’est permis de boire au calice que je bois ; je te donne aujourd’hui cet honneur exclusif. »

1626 J’ai ressenti aujourd’hui la Passion de Jésus dans tout mon corps et le Seigneur m’a fait connaître la conversion de certaines âmes.

1628 Pendant la sainte messe, j’ai aperçu Jésus étendu sur la croix – Il m’a dit : « Ma disciple, aie un grand amour pour ceux qui te font souffrir. Fais du bien à ceux qui te haïssent. » J’ai répondu : « Ô mon maître Tu vois bien que je n’ai pas de sentiment d’amour pour eux, et cela me peine ! » Jésus m’a répondu : « Le sentiment ne dépend pas toujours de toi. Tu reconnaîtras que tu as de l’amour si, après avoir subi des désagréments et des épreuves, tu ne perds pas la paix, mais que tu pries pour ceux qui t’ont fait souffrir, et tu désires leur bien. » Quand je suis revenue…

1629
JMJ

Je suis une hostie dans Ta main,
Ô Jésus, mon Créateur et mon Seigneur,
Paisible, cachée, sans beauté ni charme,
Car toute la beauté de mon âme a été imprimée au-dedans !

Je suis une hostie dans Ta main, ô Divin Prêtre,
Fais de moi ce qu’il Te plaît !
Je suis toute livrée à Ta volonté, Seigneur,
Car elle est le délice et la parure de mon âme !

Je suis en Ta main, ô mon Dieu, comme une blanche hostie,
Je T’en supplie, transforme-moi Toi-même en Toi,
Que je sois toute cachée en Toi,
Enfermée dans Ton Coeur miséricordieux, comme dans le ciel !

Je suis dans Ta main comme une hostie, ô Prêtre éternel,
Que l’hostie de mon corps me cache à l’oeil humain !
Que seul Ton oeil mesure mon amour et mon dévouement,
Que mon coeur soit toujours uni à Ton divin Coeur !

Je suis dans Ta main, ô divin Médiateur, comme une hostie expiatoire,
Et je brûle sur l’autel de l’holocauste,
Moulue et broyée par la souffrance, comme les grains de froment,
Et cela pour Ta gloire, pour le salut des âmes !

Je suis une hostie, qui demeure dans le tabernacle de Ton coeur,
Je marche à travers la vie, noyée dans Ton amour,
Et je n’ai peur de rien au monde,
Car Toi seul, Tu es pour moi – bouclier, force, défense !.

Je suis une hostie déposée sur l’autel de Ton Coeur,
Pour brûler du feu de l’amour dans tous les siècles,
Car je sais que Tu m’as élevée uniquement par Ta seule miséricorde,
Et je change donc tous les dons et les grâces pour Ta gloire.

Je suis une hostie dans Ta main, ô Juge et Sauveur,
Dans la dernière heure de ma vie,
Que la toute puissance de Ta grâce m’amène au but,
Qu’éclate Ta pitié envers le vase de miséricorde !

1630 Mon Jésus, affermis les forces de mon âme, pour que l’ennemi ne gagne rien. Sans Toi, je ne suis que faiblesse, sans Ta grâce, que suis-je sinon un abîme de misère. La misère est ma propriété.

1631 Ô plaie de la miséricorde, Coeur de Jésus, cache-moi dans Ta profondeur comme une goutte de Ton propre sang et ne m’en laisse pas sortir pour l’éternité ! Enferme-moi dans Tes profondeurs et enseigne-moi Toi-même comment T’aimer ! Amour éternel, façonne Toi-même mon âme pour qu’elle soit capable d’un amour réciproque pour Toi. Ô Amour vivant, rends-moi capable de T’aimer toujours ! Je veux éternellement répondre à Ton amour par la réciprocité. Ô Christ, un seul de Tes regards m’est plus cher que des milliers de monde, que le ciel entier ! Tu peux, Seigneur, rendre mon âme telle qu’elle puisse te comprendre dans toute Ta plénitude, tel que tu es. Je sais et je crois que Tu peux tout, puisque Tu as daigné Te donner à moi si généreusement, je sais que Tu peux être plus généreux encore ; fais-moi entrer dans Ton intimité aussi loin que peut l’être la nature humaine !…

1632 JMJ

Les désirs de mon coeur sont si inconcevables et si grands,
Que rien ne peut combler l’abîme de mon coeur.
Même toutes les plus belles existences du monde entier,
Ne sauraient Te remplacer pour moi, pas même pour un instant, ô mon Dieu !

D’un seul regard, j’ai embrassé le monde entier,
Et je n’ai pas trouvé d’amour semblable à celui de mon coeur,
C’est pourquoi j’ai tourné mon regard sur le monde éternel, Car celui-ci m’est trop petit
Mon coeur a désiré l’amour de l’Immortel !

Mon coeur a senti que je suis un enfant royal,
Que je me suis trouvée en exil, en terre étrangère,
J’ai compris que ma maison est le palais céleste.
C’est là seulement que je me sentirai comme dans ma propre patrie.

C’est Toi-même, qui as attiré vers Toi mon âme, Seigneur,
Ô Seigneur éternel, Toi-même, Tu T’es abaissé vers moi,
Donnant à mon âme une plus profonde connaissance de Toi !
Voilà le secret de l’amour pour lequel Tu m’as créée !

L’amour pur m’a rendue forte et courageuse,
Je n’ai peur ni des Séraphins, ni du Chérubin debout avec le glaive
Et je passe sans contrainte là où d’autres tremblent,
Car il n’y a pas de quoi craindre là où l’amour est guide !

Et soudain le regard de mon âme s’arrête sur Toi,
Ô Seigneur Jésus-Christ, étendu sur la croix,
C’est mon amour, avec lequel je reposerai dans mon tombeau,
C’est mon bien-aimé, mon Seigneur et mon Dieu inconcevable !

(Ici il y a une longue pause)

1633

10 mars 1938


Faustine journal 1572