Gaudete in Domino FR




9 mai



LA JOIE CHRÉTIENNE





Vénérables Frères et chers Fils, Salut et Bénédiction Apostolique



Réjouissez-vous dans le Seigneur, car il est proche de tous ceux qui l’invoquent en vérité ! (Cf. Ph 4,4-5 Ps 145,18)

Chers Frères et Fils dans le Christ, à plusieurs reprises déjà au cours de cette Année Sainte, Nous avons exhorté le Peuple de Dieu à correspondre avec un joyeux empressement à la grâce du Jubilé. Notre invitation appelle essentiellement, vous le savez, au renouvellement intérieur et à la réconciliation dans le Christ. Il y va du salut des hommes, il y va de leur bonheur plénier. Au moment où, dans tout l’univers, les croyants s’apprêtent à célébrer la venue de l’Esprit Saint, Nous vous invitons à implorer de Lui ce don de la joie.

Certes, pour Nous-même, le ministère de la réconciliation s’exerce parmi nombre de contradictions et de difficultés (Cf. Exhortation apostolique Paterna cum benevolentia, AAS 67, 1975, PP 5-23), mais il est suscité et accompagné en Nous par la joie de l’Esprit Saint. Aussi bien, est-ce en toute vérité que Nous pouvons reprendre à notre compte, à l’intention de l’Eglise universelle, la confidence de l’Apôtre Paul à sa communauté de Corinthe : « Vous êtes dans nos coeurs à la vie et à la mort. J’ai grande confiance en vous... Je suis tout rempli de consolation ; je surabonde de joie dans toutes nos tribulations » (2Co 7,3-4). Oui, c’est pour Nous également une exigence d’amour que de vous inviter à partager cette joie surabondante qui est un don de l’Esprit Saint (Ga 5,22).

Nous avons donc ressenti comme une bienheureuse nécessité intérieure de vous adresser, au cours de cette Année de grâce, et très opportunément à l’occasion de la Pentecôte, une Exhortation apostolique dont le thème serait, précisément, la joie chrétienne, la joie dans l’Esprit Saint. C’est une sorte d’hymne à la joie divine que Nous voudrions entonner afin qu’il éveille un écho dans le monde entier, et d’abord dans l’Eglise : que la joie soit répandue dans les coeurs avec l’amour dont elle est le fruit, par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Cf. Rm 5,5). Aussi souhaitons-Nous que votre voix se joigne à la nôtre, pour la consolation spirituelle de l’Eglise de Dieu, et de tous ceux d’entre les hommes qui voudront bien se rendre cordialement attentifs à cette célébration.



I. Le besoin de joie au coeur de tous les hommes


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Ce ne serait pas exalter comme il convient la joie chrétienne que de demeurer insensible au témoignage extérieur que le Dieu créateur se rend à lui-même au sein de sa création : « Et Dieu vit que cela était bon » (
Gn 1,10 Gn 1,12 Gn 1,18 Gn 1,21 Gn 1,25 Gn 1,31). Suscitant l’homme au-dedans d’un univers qui est oeuvre de puissance, de sagesse, d’amour, Dieu, avant même de se manifester personnellement selon le mode de la révélation, dispose l’intelligence et le coeur de sa créature pour la rencontre de la joie, en même temps que de la vérité. Il faut donc être attentif à l’appel qui monte du coeur de l’homme, depuis l’âge de l’enfance émerveillée jusqu’à celui de la sereine vieillesse comme un pressentiment du mystère divin.

En s’éveillant au monde, l’homme n’éprouve-t-il pas, avec le désir naturel de le comprendre et d’en prendre possession celui d’y trouver son accomplissement et son bonheur ? Il y a, comme chacun sait, plusieurs degrés dans ce « bonheur ». Son expression la plus noble est la joie ou « bonheur » au sens strict, lorsque l’homme, au niveau de ses facultés supérieures, trouve sa satisfaction dans la possession d’un bien connu et aimé (Cf. St thomas, Summa Theologica, I-II 31,3.). Ainsi l’homme éprouve la joie lorsqu’il se trouve en harmonie avec la nature, et surtout dans la rencontre, le partage, la communion avec autrui. A plus forte raison connaît-il la joie ou le bonheur spirituel lorsque son esprit entre en possession de Dieu, connu et aimé comme le bien suprême et immuable (Cf. st thomas, ibid., II-II 28,1 II-II 28,4.). Poètes, artistes, penseurs, mais aussi hommes et femmes simplement disponibles à une certaine lumière intérieure, ont pu et peuvent encore, soit dans les temps d’avant le Christ, soit en notre temps et parmi nous, expérimenter quelque chose de la joie de Dieu.

Mais comment ne pas voir aussi que la joie est toujours imparfaite, fragile, menacée ? Par un étrange paradoxe, la conscience même de ce qui constituerait, au-delà de tous les plaisirs transitoires, le véritable bonheur, inclut aussi la certitude qu’il n’y a pas de bonheur parfait. L’expérience de la finitude, que chaque génération refait pour son propre compte, oblige à constater et à sonder l’écart immense qui subsiste toujours entre la réalité et le désir d’infini.

Ce paradoxe et cette difficulté d’atteindre la joie Nous semblent particulièrement aigus aujourd’hui. C’est la raison de notre message. La société technique a pu multiplier les occasions de plaisirs, mais elle a bien du mal à sécréter la joie. Car la joie vient d’ailleurs. Elle est spirituelle. L’argent, le confort, l’hygiène, la sécurité matérielle ne manquent souvent pas ; et pourtant l’ennui, la morosité, la tristesse demeurent malheureusement le lot de beaucoup. Cela va parfois jusqu’à l’angoisse et au désespoir, que l’insouciance apparente, la frénésie du bonheur présent et les paradis artificiels ne parviennent pas à évacuer. Peut-être se sent-on impuissant à dominer le progrès industriel, à planifier la société de façon humaine ? Peut-être l’avenir apparaît-il trop incertain, la vie humaine trop menacée ? Ou ne s’agit-il pas surtout de solitude, d’une soif d’amour et de présence non satisfaite, d’un vide mal défini ? Par contre, dans beaucoup de régions et parfois au milieu de nous, la somme de souffrances physiques et morales se fait lourde : tant d’affamés, tant de victimes de combats stériles, tant de déracinés. Ces misères ne sont peut-être pas plus profondes que celles du passé ; mais elles prennent une dimension planétaire ; elles sont mieux connue, illustrées par les mass média, au moins autant que les expériences de bonheur ; elles accablent les consciences sans qu’apparaisse bien souvent une solution humaine à leur mesure.

Cette situation ne saurait cependant Nous interdire de parler de la joie, d’espérer la joie. C’est au coeur de leurs détresses que nos contemporains ont besoin de connaître la joie, d’entendre son chant. Nous compatissons profondément à la peine de ceux sur qui la misère et les souffrances de toutes sortes jettent un voile de tristesse. Nous pensons tout particulièrement à ceux qui se trouvent sans ressources, sans secours, sans amitié, qui voient leurs espoirs humains anéantis. Ils sont plus que jamais présents à notre prière, à notre affection. Nous ne voulons certes accabler personne. Nous cherchons au contraire les remèdes capables d’apporter la lumière. A nos yeux, ils sont de trois ordres.

Les hommes doivent évidemment unir leurs efforts pour procurer au moins le minimum de soulagement, de bien-être de sécurité, de justice nécessaire au bonheur, aux nombreuses populations qui en sont dépourvues. Une telle action solidaire est déjà l’oeuvre de Dieu ; elle correspond au commandement du Christ. Déjà elle procure la paix, elle redonne espoir, elle fortifie la communion, elle ouvre à la joie, pour celui qui donne comme pour celui qui reçoit, car il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Cf. Ac 20,35). Que de fois Nous vous convions, Frères et Fils très chers, à préparer avec ardeur une terre plus habitable et plus fraternelle, à réaliser sans tarder la justice et la charité pour un développement intégral de tous ! La Constitution conciliaire Gaudium et Spes et de nombreux documents pontificaux ont bien insisté sur ce point. Même si ce n’est pas directement le thème que Nous abordons ici, que l’on se garde bien d’oublier ce devoir primordial d’amour du prochain, sans lequel il serait malséant de parler de joie.

Il faudrait aussi un patient effort d’éducation pour apprendre ou réapprendre à goûter simplement les multiples joies humaines que le Créateur met déjà sur nos chemins : joie exaltante de l’existence et de la vie; joie de l’amour chaste et sanctifié ; joie pacifiante de la nature et du silence ; joie parfois austère du travail soigné ; joie et satisfaction du devoir accompli ; joie transparente de la pureté, du service, du partage ; joie exigeante du sacrifice. Le chrétien pourra les purifier, les compléter, les sublimer : il ne saurait les dédaigner. La joie chrétienne suppose un homme capable de joies naturelles. C’est bien souvent à partir de celles-ci que le Christ a annoncé le Royaume de Dieu.

Mais le thème de la présente Exhortation se situe encore au-delà. Car le problème Nous apparaît surtout d’ordre spirituel. C’est l’homme, en son âme, qui se trouve démuni pour assumer les souffrances et les misères de notre temps. Elles l’accablent d’autant plus que le sens de la vie lui échappe, qu’il n’est plus sûr de lui-même, de sa vocation et de sa destinée transcendantes. Il a désacralisé l’univers et maintenant l’humanité ; il a parfois coupé le lien vital qui le rattachait à Dieu. La valeur des êtres, l’espérance ne sont plus suffisamment assurées. Dieu lui semble abstrait, inutile : sans qu’il sache l’exprimer, le silence de Dieu lui pèse. Oui, le froid et les ténèbres sont d’abord dans le coeur de l’homme qui connaît la tristesse. On peut parler ici de la tristesse des non croyants, lorsque l’esprit humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et donc orienté instinctivement vers lui comme vers son bien suprême, unique, reste sans le connaître clairement, sans l’aimer, et par conséquent sans éprouver la joie qu’apportent la connaissance de Dieu, même imparfaite, et la certitude d’avoir avec lui un lien que la mort même ne saurait rompre. Qui ne se souvient de la parole de Saint Augustin : « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre coeur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi »? (St Augustin, Confessions I, c. 1: PL 32, 661). C’est donc en devenant davantage présent à Dieu, en se détournant du péché, que l’homme peut vraiment entrer dans la joie spirituelle. Sans doute, « la chair et le sang » en sont-ils incapables (Cf. Mt 16,17). Mais la Révélation peut ouvrir cette perspective et la grâce opérer ce retournement. Notre propos est précisément de vous inviter aux sources de la joie chrétienne. Comment le pourrions-nous, sans nous mettre nous-mêmes en face du dessein de Dieu, à l’écoute de la Bonne Nouvelle de son Amour ?



II. Annonce de la joie chrétienne dans l’Ancien Testament


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Par essence, la joie chrétienne est participation spirituelle à la joie insondable, conjointement divine et humaine, qui est au coeur de Jésus-Christ glorifié. Aussitôt que Dieu le Père commence à manifester dans l’histoire le dessein bienveillant qu’il avait formé en Jésus-Christ, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis (Cf.
Ep 1,9-10), cette joie s’annonce mystérieusement au sein du Peuple de Dieu, encore que son identité ne soit pas dévoilée.

Ainsi Abraham, notre père, mis a part en vue de l’accomplissement futur de la Promesse, et espérant contre toute espérance, reçoit, lors de la naissance de son fils Isaac, les prémices prophétiques de cette joie (Cf. Gn 21,1-7 Rm 4,18). Celle-ci se trouve comme transfigurée à travers une épreuve de mort, quand ce fils unique lui est rendu vivant, préfiguration de la résurrection de Celui qui doit venir : le Fils unique de Dieu promis au sacrifice rédempteur. Abraham exulta à la pensée de voir le Jour du Christ, le Jour du salut : Il « l’a vu et fut dans la joie » (Jn 8,56).

La joie du salut s’amplifie et se communique ensuite tout au long de l’histoire prophétique de l’ancien Israël. Elle se maintient et renaît indéfectiblement à travers de tragiques épreuves dues aux infidélités coupables du peuple élu et aux persécutions extérieures qui voudraient le détacher de son Dieu. Cette joie, toujours menacée et rejaillissante, est propre au peuple né d’Abraham.

Il s’agit toujours d’une expérience exaltante de libération et de restauration — au moins annoncées — ayant pour origine l’amour miséricordieux de Dieu pour son peuple bien-aimé, en faveur de qui il accomplit, par pure grâce et puissance miraculeuse, les promesses de l’Alliance. Telle est la joie de la Pâque mosaïque, laquelle survint comme figure de la libération eschatologique qui serait réalisée par Jésus-Christ dans le contexte pascal de la nouvelle et éternelle Alliance. Il s’agit aussi de la joie bien actuelle chantée à tant de reprises par les psaumes, celle de vivre avec Dieu et pour Dieu. Il s’agit enfin et surtout de la joie glorieuse et surnaturelle, prophétisée en faveur de la Jérusalem nouvelle rachetée de l’exil et aimée par Dieu lui-même d’un amour mystique.

Le sens ultime de ce débordement inouï de l’amour rédempteur ne pourra apparaître qu’à l’heure de la nouvelle Pâque et du nouvel Exode. Alors le Peuple de Dieu sera conduit, dans la mort et la résurrection du Serviteur souffrant, de ce monde au Père, de la Jérusalem figurative d’ici-bas à la Jérusalem d’en-haut : « Alors que tu étais abandonnée, haïe et délaissée, je ferai de toi un objet d’éternelle fierté, un motif de joie d’âge en âge... Comme un jeune homme épouse une vierge, ton auteur t’épousera, et comme le mari se réjouit de son épouse, ton Dieu se réjouira de toi » (Is 60,15 Is 62,5 cf. Ga 4,27 Ap 21,1-4).



III. La joie selon le Nouveau Testament


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Ces promesses merveilleuses ont soutenu, des siècles durant et dans les plus terribles épreuves, l’espérance mystique de l’ancien Israël. Et c’est lui qui les a transmises à l’Eglise de Jésus-Christ, en sorte que nous lui sommes redevables de quelques-uns des plus purs accents « « consolation » (Cf.
Is 40,1 Is 66,13) est liée à la venue et à la présence du Christ.

De la joie apportée par le Seigneur, nul n’est exclu. La grande joie annoncée par l’Ange, la nuit de Noël, est en vérité pour tout le peuple (Cf. Lc Lc 2,10), pour celui d’Israël attendant alors anxieusement un Sauveur, comme pour le peuple innombrable de tous ceux qui, dans la suite des temps, en accueilleront le message et s’efforceront d’en vivre. La première, la Vierge Marie, en avait reçu l’annonce de l’ange Gabriel et son Magnificat était déjà l’hymne d’exultation de tous les humbles. Les mystères joyeux nous remettent ainsi, chaque fois que nous récitons le Rosaire devant l’événement ineffable qui est le centre et le sommet de l’histoire : la venue sur terre de l’Emmanuel, Dieu avec nous. Jean-Baptiste qui a pour mission de le désigner à l’attente d’Israël, avait lui-même tressailli d’allégresse, en sa présence, dès le sein de sa mère (Cf. Lc Lc 1,44). Lorsque Jésus commence son ministère, Jean est « ravi de joie à la voix de l’Epoux » (Jn 3,29).

Arrêtons-nous maintenant à contempler la personne de Jésus, au cours de sa vie terrestre. En son humanité, il a fait l’expérience de nos joies. Il a manifestement connu, apprécié, célébré toute une gamme de joies humaines, de ces joies simples et quotidiennes, à la portée de tous. La profondeur de sa vie intérieure n’a pas émoussé le concret de son regard, ni sa sensibilité. Il admire les oiseaux du ciel et les lys des champs. Il rejoint d’emblée le regard de Dieu sur la création à l’aube de l’histoire. Il exalte volontiers la joie du semeur et du moissonneur, celle de l’homme qui trouve un trésor caché, celle du berger qui récupère sa brebis ou de la femme qui retrouve la pièce perdue, la joie des invités au festin, la joie des noces, celle du père qui accueille son fils au retour d’une vie de prodigue et celle de la femme qui vient de mettre au monde son enfant... Ces joies humaines ont tant de consistance pour Jésus qu’elles sont pour lui les signes des joies spirituelles du Royaume de Dieu : joie des hommes qui entrent dans ce Royaume, y reviennent ou y travaillent, joie du Père qui les accueille. Et pour sa part, Jésus lui-même manifeste sa satisfaction et sa tendresse lorsqu’il rencontre des enfants qui désirent l’approcher, un jeune homme riche, fidèle et soucieux de faire davantage, des amis qui lui ouvrent leur maison comme Marthe, Marie, Lazare. Son bonheur est surtout de voir la Parole accueillie, les possédés délivrés, une femme pécheresse ou un publicain comme Zachée se convertir, une veuve prendre sur son indigence pour donner. Il tressaille même de joie lorsqu’il constate que les tout petits ont la révélation du Royaume qui reste caché aux sages et aux habiles (Cf. Lc 10,21). Oui, parce que le Christ « a vécu notre condition d’homme en toute chose, excepté le péché » (Prière eucharistique n. IV ; cf. He 4,15), il a accueilli et éprouvé les joies affectives et spirituelles, comme un don de Dieu. Et il n’a eu de cesse qu’il n’eût « annoncé aux pauvres la Bonne Nouvelle, aux affligés la joie » (Ibid. ; Lc 4,18). L’Evangile de Saint Luc témoigne particulièrement de cette semence d’allégresse. Les miracles de Jésus, les paroles de pardon sont autant de signes de la bonté divine : la foule se réjouit de toutes les merveilles qu’il accomplit (Cf. Lc 13,17) et rend gloire à Dieu. Pour le chrétien, comme pour Jésus, il s’agit de vivre dans l’action de grâces au Père les joies humaines que le Créateur lui donne.

Mais il importe ici de bien saisir le secret de la joie insondable qui habite Jésus, et qui lui est propre. C’est surtout l’Evangile de Saint Jean qui en soulève le voile, en nous livrant les paroles intimes du Fils de Dieu fait homme. Si Jésus rayonne une telle paix, une telle assurance, une telle allégresse, une telle disponibilité, c’est à cause de l’amour ineffable dont il se sait aimé de son Père. Lors de son baptême sur les bords du Jourdain, cet amour, présent dès le premier instant de son Incarnation, est manifesté : « Tu es mon Fils bien-aimé ; tu as toute ma faveur » (Lc 3,22). Cette certitude est inséparable de la conscience de Jésus. C’est une Présence qui ne le laisse jamais seul (Cf. Jn 16,32). C’est une connaissance intime qui le comble : « Le Père me connaît et je connais le Père » (Jn 10,15). C’est un échange incessant et total : «Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi » (Jn 17,10). Le Père a remis au Fils le pouvoir de juger, celui de disposer de la vie. C’est une habitation réciproque : « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14,10). En retour, le Fils rend au Père un amour sans mesure : « J’aime le Père et j’agis comme le Père me l'a ordonné » (Jn 14,31). Il fait toujours ce qui plaît au Père : c’est sa « nourriture » (Cf. Jn 8,29 Jn 4,54). Sa disponibilité va jusqu’au don de sa vie humaine, sa confiance jusqu’à la certitude de la reprendre : « Si le Père m’aime, c’est que je donne ma vie pour la reprendre » (Jn 10,17). En ce sens, il se réjouit d’aller au Père. Il ne s’agit pas pour Jésus d’une prise de conscience éphémère : c’est le retentissement, dans sa conscience d’homme, de l’amour qu’il connaît depuis toujours comme Dieu au sein du Père : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jn 17,24). Il y a là une relation incommunicable d’amour, qui se confond avec son existence de Fils et qui est le secret de la vie trinitaire : le Père y apparaît comme celui qui se donne au Fils, sans réserve et sans intermittence, dans un élan de générosité joyeuse, et le Fils, celui qui se donne de la même façon au Père, avec un élan de gratitude joyeuse, dans l’Esprit Saint.

Et voilà que les disciples, et tous ceux qui croient dans le Christ, sont appelés à participer à cette joie. Jésus veut qu’ils aient en eux-mêmes sa joie en plénitude (Cf. Jn 17,13) : « Je leur ai révélé ton nom et le leur révélerai, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi aussi en eux » (Jn 17,26).

Cette joie de demeurer dans l’amour de Dieu commence dès ici-bas. C’est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et dans le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante; ne s’ouvre-t-il pas par les béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume des Cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez » (Lc 6,20-21).

Mystérieusement, le Christ lui-même, pour déraciner du coeur de l’homme le péché de suffisance et manifester au Père une obéissance filiale sans partage, accepte de mourir de la main des impies (Cf. Ac 2,23), de mourir sur une croix. Mais le Père n’a pas permis que la mort le retint en son pouvoir. La résurrection de Jésus est le sceau apposé par le Père sur la valeur du sacrifice de son Fils ; c’est la preuve de la fidélité du Père, selon le voeu formulé par Jésus avant d’entrer dans sa passion : « Père, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie » (Jn 17,1). Désormais, Jésus est pour toujours vivant dans la gloire du Père, et c’est pourquoi les disciples furent établis dans une joie indéracinable en voyant le Seigneur, le soir de Pâques.

Il reste que, ici-bas, la joie du Royaume réalisé ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C’est le paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l’épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C’est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l’existence commune, n’est pas cependant réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l’annonçait en effet le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie » (Is 9,1-2). L’Exultet pascal chante un mystère réalisé au-delà des espérances prophétiques : dans l’annonce joyeuse de la résurrection, la peine même de l’homme se trouve transfigurée, tandis que la plénitude de la joie surgit de la victoire du Crucifié, de son Coeur transpercé, de son Corps glorifié, et éclaire les ténèbres des âmes : « Et nox illuminatio mea in deliciis meis » (Praeconium paschale).

La joie pascale n’est pas seulement celle d’une transfiguration possible : elle est celle de la nouvelle Présence du Christ ressuscité dispensant aux siens l’Esprit Saint pour qu’il demeure avec eux. Ainsi l’Esprit Paraclet est donné à l’Eglise comme principe inépuisable de sa joie d’épouse du Christ glorifié. Il lui remet en mémoire, moyennant le ministère de grâce et de vérité exercé par les successeurs des Apôtres, l’enseignement même du Seigneur. Il suscite en elle la vie divine et l’apostolat. Et le chrétien sait que cet Esprit ne sera jamais éteint au cours de l’histoire. La source d’espérance manifestée à la Pentecôte ne tarira pas.

L’Esprit qui procède du Père et du Fils, dont il est le vivant amour mutuel, est donc communiqué désormais au Peuple de l’Alliance nouvelle, et à chaque âme disponible à son action intime. Il fait de nous sa demeure : dulcis hospes animae (Prose de la solennité de la Pentecôte). Avec lui, le coeur de l’homme est habité par le Père et le Fils (Cf. Jn 14,23). L’Esprit Saint y suscite une prière filiale qui jaillit du tréfonds de l’âme et s’exprime dans la louange, l’action de grâces, la réparation et la supplication. Alors nous pouvons goûter la joie proprement spirituelle, qui est un fruit de l’Esprit Saint (Cf Rm 14,17 Ga 5,22) : elle consiste en ce que l’esprit humain trouve le repos et une intime satisfaction dans la possession du Dieu trinitaire, connu par la foi et aimé avec la charité qui vient de lui. Une telle joie caractérise dès lors toutes les vertus chrétiennes. Les humbles joies humaines, qui sont dans nos vies comme les semences d’une réalité plus haute, sont transfigurées. La joie spirituelle, ici-bas, inclura toujours en quelque mesure la douloureuse épreuve de la femme en travail d’enfantement, et un certain abandon apparent, semblable à celui de l’orphelin : pleurs et lamentations, tandis que le monde fera étalage d’une satisfaction mauvaise. Mais la tristesse des disciples, qui est selon Dieu et non selon le monde, sera promptement changée en une joie spirituelle que personne ne pourra leur enlever » (Cf. Jn 16,20-22 2Co 1,4 2Co 7,4-6).

Tel est le statut de l’existence chrétienne, et très particulièrement de la vie apostolique. Celle-ci, parce qu’elle est animée par un amour pressant du Seigneur et des frères, se déploie nécessairement sous le signe du sacrifice pascal, allant par amour à la mort, et par la mort à la vie et à l’amour. D’où la condition du chrétien, et en premier lieu de l’apôtre, qui doit devenir le « modèle du troupeau » (1P 5,3) et s’associer librement à la passion du Rédempteur. Elle correspond dans l’Evangile comme la loi de la béatitude chrétienne, en continuité avec le destin des prophètes : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes vos devanciers » (Mt 5,11-12).

Nous ne manquons malheureusement pas d’occasions de vérifier en notre siècle si menacé par l’illusion du faux bonheur, l’incapacité de l’homme « psychique » à accueillir « ce qui est de l’Esprit de Dieu : c’est folie pour lui, et il ne peut le connaître, car s’est spirituellement qu’on en juge » (1Co 2,14). Le monde — celui qui est inapte à recevoir l’Esprit de Vérité, qu’il ne voit ni ne connaît — n’aperçoit qu’une face des choses. Il considère seulement l’affliction et la pauvreté du disciple, alors que ce dernier demeure toujours au plus profond de lui-même dans la joie, parce qu’il est en communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.



IV. La joie au coeur des Saints


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Telle est, Frères et Fils bien-aimés, la joyeuse espérance puisée aux sources mêmes de la Parole de Dieu. Depuis vingt siècles, cette source de joie n’a cessé de jaillir dans l’Eglise, et spécialement au coeur des Saints. Il Nous faut maintenant suggérer quelques échos de cette expérience spirituelle : elle illustre, selon la diversité des charismes et des vocations particulières, le mystère de la joie chrétienne.

Au premier rang vient la Vierge Marie, pleine de grâces, la Mère du Sauveur. Accueillante à l’annonce d’en-haut, servante du Seigneur, épouse de l’Esprit Saint, mère du Fils éternel, elle laisse éclater sa joie devant sa cousine Elisabeth qui célèbre sa foi : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur... Désormais, toutes les générations me diront bienheureuse » (
Lc 1,46-48). Elle a saisi, mieux que toutes les autres créatures, que Dieu fait des merveilles : son Nom est saint, il montre sa miséricorde, il élève les humbles, il est fidèle à ses promesses. Non point que le déroulement apparent de sa vie sorte de la trame ordinaire, mais elle médite les moindres signes de Dieu, les repassant dans son coeur. Non point que les souffrances lui soient épargnées : elle est debout au pied de la croix, associée éminemment au sacrifice du Serviteur innocent, mère des douleurs. Mais elle est aussi ouverte sans mesure à la joie de la Résurrection ; elle est aussi élevée, corps et âme, dans la gloire du ciel. Première rachetée, immaculée dès le moment de sa conception, incomparable demeure de l’Esprit, très pur habitacle du Rédempteur des hommes, elle est en même temps la Fille bien-aimée de Dieu et, dans le Christ, la Mère universelle. Elle est le type parfait de l’Eglise terrestre et glorifiée. Quelle résonance merveilleuse acquièrent en son existence singulière de Vierge d’Israël les paroles prophétiques concernant la nouvelle Jérusalem : « J’exulte de joie dans le Seigneur, mon âme jubile en mon Dieu, car Il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a drapé dans le manteau de la justice, comme un jeune époux se met un diadème, comme une mariée se pare de ses bijoux » (Is 61,10). Près du Christ elle récapitule toutes les joies, elle vit la joie parfaite promise à l’Eglise : « Mater plena sanctae laetitiae » et c’est à bon droit que ses fils de la terre, se tournant vers celle qui est mère de l’espérance et mère de la grâce, l’invoquent comme la cause de leur joie : « Causa nostrae laetitiae ».

Après Marie, Nous rencontrons l’expression de la joie la plus pure, la plus brûlante, là où la Croix de Jésus est embrassée avec le plus fidèle amour, chez les martyrs, à qui l’Esprit Saint inspire, au coeur de l’épreuve, une attente passionnée de la venue de l’Epoux. Saint Etienne, mourant en voyant le ciel ouvert, n’est que le premier de ces innombrables témoins du Christ. Combien sont-ils, de nos jours encore et dans maints pays, qui, en risquant tout pour le Christ, pourraient affirmer comme le martyr Saint Ignace d’Antioche : « C’est bien vivant que je vous écris, désirant de mourir. Mon désir terrestre a été crucifié, et il n’y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais en moi une eau vive qui murmure et qui dit au-dedans de moi : ‘Viens au Père !’ » (Lettre aux Rom 7,2a éd. « Sources chrétiennes », 10, pp. 102-105; Jn 4,10 Jn 7,38 Jn 14,12).

Aussi bien, la force de l’Eglise, la certitude de sa victoire, son allégresse lors de la célébration du combat des martyrs, viennent de ce qu’elle contemple en eux la glorieuse fécondité de la Croix. C’est pourquoi notre prédécesseur Saint Léon le Grand, exaltant de ce Siège romain, le martyre des saints Apôtres Pierre et Paul, s’écrie : « Précieuse est au regard de Dieu la mort de ses Saints, et aucune espèce de cruauté ne peut détruire une religion fondée dans le mystère de la Croix du Christ. L’Eglise n’est pas amoindrie, mais agrandie par les persécutions ; et le champ du Seigneur se revêt sans cesse d’une plus riche moisson lorsque les grains, tombés seuls, renaissent multipliés » (Sermon 82, en l’anniversaire des Apôtres Pierre et Paul, 6. Cf. Jn 12,24).

Il existe cependant de nombreuses demeures dans la maison du Père et, pour ceux dont l’Esprit Saint consume le coeur, plusieurs manières de mourir à eux-mêmes et d’accéder à la sainte joie de la résurrection. L’effusion du sang n’est pas la voie unique. Toutefois le combat pour le Royaume inclut nécessairement la traversée d’une passion d’amour, dont les maîtres spirituels ont su parler excellemment. Et ici leurs expériences intérieures se rencontrent, à travers la diversité même des traditions mystiques, en Orient comme en Occident. Elles attestent le même cheminement de l’âme, per crucem ad lucem, et de ce monde au Père, dans le souffle vivifiant de l’Esprit.

Chacun de ces maîtres spirituels nous a laissé un message sur la joie. Les Pères Orientaux abondent en témoignages de cette joie dans l’Esprit Saint. Origène par exemple a souvent décrit la joie de celui qui entre dans la connaissance intime de Jésus : son âme est alors inondée d’allégresse comme celle du vieillard Siméon. Dans le temple qui est l’Eglise, il serre Jésus dans ses bras. Il jouit de la plénitude du salut en tenant celui en qui Dieu se réconcilie le monde (Cf. In Lucam 15 ; éd. « Sources chrétiennes », n. 87, PP 233-237. Cf. Dictionnaire de Spiritualité, tome VIII, COL 1245, Beauchesne 1974). Au Moyen Age, entre beaucoup d’autres, un maître spirituel de l’Orient, Nicolas Cabasilas, s’attache à montrer comment l’amour de Dieu pour lui-même procure le maximum de joie (Cf. « La vie dans le Christ », VII, 5). En Occident, qu’il suffise de citer quelques noms parmi ceux qui ont fait école sur le chemin de la sainteté et de la joie : Saint Augustin, Saint Bernard, Saint Dominique, Saint Ignace de Loyola, Saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse d’Avila, Saint François de Sales, Saint Jean Bosco.

Nous voulons évoquer plus spécialement trois figures, très attachantes aujourd’hui encore pour l’ensemble du peuple chrétien. Et d’abord le petit pauvre d’Assise, dont nombre de pèlerins de l’Année Sainte s’efforcent de suivre la trace. Ayant tout quitté pour le Seigneur, il retrouve grâce à la sainte pauvreté quelque chose pour ainsi dire de la béatitude originelle, lorsque le monde sortit intact des mains du Créateur. Dans le dénuement le plus extrême, à demi aveugle, il put chanter l’inoubliable Cantique des créatures, la louange de notre frère le Soleil, de la nature entière, devenue pour lui comme transparente et pur miroir de la gloire divine, et même de la joie devant la venue de « notre soeur la mort corporelle » : « Heureux ceux qui se seront conformés à vos très saintes volontés... ».

En des temps plus proches de nous, Sainte Thérèse de Lisieux nous indique la voie courageuse de l’abandon entre les mains de Dieu à qui elle confie sa petitesse. Ce n’est pourtant pas qu’elle ignore le sentiment de l’absence de Dieu, dont notre siècle fait à sa manière la dure expérience : « Parfois il semble au petit oiseau (auquel elle se compare) ne pas croire qu’il existe autre chose que les nuages qui l’enveloppent... C’est le moment de la joie parfaite pour le pauvre petit être faible... Quel bonheur pour lui de rester là quand même, de fixer l’invisible lumière qui se dérobe à sa foi » (Lettre 175. Cf. Manuscrits autobiographiques, Lisieux 1956, MSB 5r).

Comment enfin ne pas rappeler, image lumineuse pour notre génération, l’exemple du bienheureux Maximilien Kolbe, pur disciple de Saint François ? Dans les épreuves les plus tragiques qui ensanglantèrent notre époque, il s’offrit volontairement à la mort pour sauver un frère inconnu, et les témoins nous rapportent que, du lieu de souffrances qui était habituellement comme une image de l’enfer, sa paix intérieure, sa sérénité et sa joie firent en quelque sorte, pour ses malheureux compagnons comme pour lui-même, l’antichambre de la vie éternelle.

Dans la vie des fils de l’Eglise, cette participation à la joie du Seigneur n’est pas dissociable de la célébration du mystère eucharistique, où ils sont nourris et abreuvés de son Corps et de son Sang. Car soutenus ainsi, comme des voyageurs, sur la route de l’éternité, ils reçoivent déjà sacramentellement les prémices de la joie eschatologique.

Située en une telle perspective, la joie vaste et profonde répandue dès ici-bas dans le coeur des vraies fidèles ne peut apparaître que comme « diffusive de soi », tout comme la vie et l’amour dont elle est un heureux symptôme. Elle résulte d’une communion humano-divine, et aspire à une communion toujours plus universelle. Elle ne saurait en aucune manière inciter celui qui la goûte à quelque attitude de repli sur soi. Elle donne au coeur une ouverture catholique sur le monde des hommes, en même temps qu’elle le blesse de la nostalgie des biens éternels. Elle approfondit chez les fervents la conscience de leur condition d’exil, mais les garde de la tentation de déserter le lieu de leur combat pour l’avènement du Royaume. Elle les fait se hâter activement vers la consommation céleste des Noces de l’Agneau. Elle est paisiblement tendue entre l’instant du labeur terrestre et la paix de la Demeure éternelle, conformément à la loi de gravitation de l’Esprit : « Si donc, dès à présent, pour avoir reçu ces arrhes (de l’Esprit filial), nous crions : ‘Abba, Père !’, que sera-ce lorsque, ressuscités, nous le verrons face à face ? Lorsque tous les membres, à flots débordants, feront jaillir un hymne d’exultation, glorifiant Celui qui les aura ressuscités d’entre les morts et gratifiés de l’éternelle vie ? Car, si déjà de simples arrhes, en enveloppant l’homme de toutes parts en elles-mêmes, le font s’écrier : ‘Abba, Père !’, que ne fera pas la grâce entière de l’Esprit, une fois donnée aux hommes par Dieu ? Elle nous rendra semblables à lui et accomplira la volonté du Père, car elle fera l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu » (St iIrenée, Adversus haereses, V, 8, 1 ; éd. « Sources chrétiennes», n. 153, PP 94-97). Dès ici-bas, les saints nous donnent un avant-goût de cette ressemblance.




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