I pars (Drioux 1852) Qu.9 a.2


QUESTION X. : DE L'ÉTERNITÉ DE DIEU,


Nous avons maintenant à traiter de l'éternité de Dieu. — A ce sujet six questions se présentent : 1° Qu'est-ce que l'éternité? — 2" Dieu est-il éternel? — 3° L'éternité est-elle le propre de Dieu ? — 4° L'éternité diffère-t-elle du temps et de la durée (tempus et aevum). — 5° Quelle différence y a-t-il entre le temps et la durée ? — 6° N'y a-t-il qu'une seule durée, comme il n'y a qu'un seul temps et qu'une seule éternité ?


ARTICLE I.  — peut-on   définir.  l'éternité,   la   possession entière, simultanée et parfaite d'une vie qui n'a pas de fin (1)?


Objections: 1.. Il semble qu'il n'est pas convenable de définir l'éternité comme le fait Boëce dans son livre de la Consolation (De cons. lib. iii, pros. 2), quand il dit que l'éternité est la possession entière et parfaite d'une vie qui n'a pas de fin. Car, ce mot qui n'a pas de fin est une expression négative. Or, la négation ne convient qu'aux choses qui pèchent par défaut de quelque manière, ce qui ne convient pas à l'éternité. Donc dans la définition de l'éternité on ne doit pas mettre le mot (interminabile).

2.. L'éternité signifie une durée quelconque. Or, la durée se rapporte à l'être plutôt qu'à la vie. Donc on n'aurait pas dû employer dans la définition de l'éternité le mot vie, mais plutôt le mot être.

3.. On appelle tout ce quiades parties. Or,l'éternité n'apas départies puisqu'elle est simple. Donc on ne doit pas se servir du mot (tota) entière pour le définir.

4.. Plusieurs jours ne peuvent exister simultanéme nt, ni plusieurs temps. Or, dans l'éternité il y a plusieurs jours et plusieurs temps; car il est dit (Mich. v, 2) : Sa génération est dès le commencement, dès le jour de l'éternité, et dans l'Épitre aux Romains (Rom. xvi, 25), saint Paul parle des temps éternels. Donc l'éternité n'existe pas tout entière en même temps.

5.. Le mot tout et le mot parfait signifient la même chose. En supposantque la possession soit entière, il était superflu d'ajouter qu'elle est parfaite.

6.. Le mot possession ne se rapporte point à la durée. Or, l'éternité est cependant une sorte de durée. Donc ce n'est pas une possession.


DÉFINITION. — L'éternité est la possession entière, simultanée et parfaite d'une vie qui n'a pas de fin.

(1) Cette définition est celle de Boëce, qui a été généralement admise. Scot, qui a pris à tâche de contredire saint Thomas presque sur tous les points , donne une autre définition, qui |est celle-ci : Duratio totius simul, carens principio et fine. Ce qui distingue l'une de l'autre ces deux définitions , c'est que saint Thomas admet l'éternité simultanée, et les scotistes veulent qu'elle soit successive. Mais la métaphysique de saint Thomas parait bien plus rationnelle, et son sentiment semble d'ailleurs plus en rapport avec ces paroles de l'Ecriture (II. Pet. m) : Unum hoc vos non lateat, charissimi, quia unus dies apud de ' minum, sicut mille anni, et mille anni sicut dies unus.


CONCLUSION: Il faut répondre que, comme il faut que nous nous servions des êtres composés pour nous élever à la connaissance des êtres simples, de même, pour arriver à la connaissance de l'éternité, il faut partir du temps, qui n'est rien autre chose que le nombre mû de manière qu'il y ait un avant et un après. Comme dans tout mouvement il y a succession, et qu'une partie vient après une autre, par là même que nous comptons un premier et un dernier parmi les choses qui sont en mouvement, nous avons l'idée du temps qui n'est rien autre chose que le nombre premier et dernier appliqué à ce qui se meut. Mais dans ce qui n'a pas de mouvement et qui est absolument invariable, il n'y a pas lieu d'admettre un premier et un dernier. C'est pourquoi, comme la nature du temps consiste dans l'énumération des parties successives qui constituent le mouvement, de même l'éternité consiste dans quelque chose d'invariable et d'uniforme qui est absolument en dehors de tout mouvement. De même, on dit que le temps est la mesure de ce qui a.un commencement et une fin, et cela, comme le dit Aristote (Phys. iv, text. 70), parce que dans tout ce qui se meut il faut admettre un commencement et une fin. Mais ce qui est absolument immuable ne peut avoir ni commencement ni fin, puisqu'il n'y a en lui aucune succession. L'éternité se distingue donc à ces deux caractères : 1° Ce qui est éternel n'a pas de terme, c'est-à-dire n'a ni commencement ni fin, car un terme suppose ce double rapport. 2° Par là même que l'éternité n'admet pas de succession, elle existe simultanément tout entière.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que les choses simples sont ordinairement définies négativement ; ainsi on définit le point ce qui n'a pas de parties. Ceci ne provient pas de ce que leur essence est négative. Mais il en est ainsi parce que notre intelligence qui saisit primitivement ce qui est composé ne peut arriver à la connaissance des choses simples qu'en écartant toute idée de composition.

2. Il faut répondre au second, que ce qui est véritablement éternel, n'existe pas seulement, mais qu'il est encore vivant. La vie suppose une certaine action, tandis qu'il n'en est pas de même de l'être. Or, la prolongation de durée semble plus en rapport avec l'action qu'avec l'être. C'est ce qui fait dire que le temps est le nombre appliqué au mouvement.

3. Il faut répondre au troisième, qu'on dit que l'éternité est entière, non pas dans le sens qu'elle ait des parties, mais parce que rien ne lui manque.

4. Il faut répondre au quatrième, que comme Dieu est métaphoriquement désigné dans l'Ecriture sous des noms de choses corporelles, bien qu'il soit spirituel, de même l'éternité est exprimée par des périodes successives de temps, bien qu'elle existe simultanément tout entière.

5. Il faut répondre au cinquième, que dans le temps il y a deux choses à considérer, le temps lui-même qui est successif, et le mêment présent qui est imparfait. On dit que l'éternité est tout entière simultanément pour écarter d'elle l'idée de temps, et on ajoute qu'elle est parfaite pour faire comprendre qu'elle est autre que le mêment dont nous jouissons actuellement et qui nous échappe ensuite.

6. Il faut répondre au sixième, que la possession est quelque chose de stable et de tranquille. C'est pourquoi on s'est servi de ce mot pour désigner l'immutabilité et l'indéfectibilité de l'éternité.


ARTICLE II. — DIEU EST-IL ÉTERNEL (1)?


Objections: 1.. Il semble que Dieu ne soit pas éternel. Car on ne peut affirmer de Dieu ce qui a été fait. Or, l'éternité a été faite. Car Boëce dit (De cons. lib. v, pros. ult.) : Ce qui passe maintenant fait le temps et ce qui reste fait l'éternité, et saint Augustin dit (In lib. 83, qq. q. 23) que Dieu est l'auteur de l'éternité. Donc Dieu n'est pas éternel.

(I) Ce dogme est exprimé dans l'Ecriture en une foale d'endroits. Ego sum qui sum (Joan.


2.. Ce qui est avant et après l'éternité, n'a pas l'éternité pour mesure. Or, Dieu est avant l'éternité, comme on le dit dans le livre Des Causes (prop. 2), et il est après, puisqu'il est dit dans l'Exode (Ex. xv, 18) : Le Seigneur régnera dans l'éternité et au delà.

3.. L'éternité est une mesure. Or, Dieu ne peut être mesuré. Donc l'éternité répugne à sa nature.

4.. Dans l'éternité il n'y a ni présent, ni passé, ni futur, puisqu'elle existe simultanément tout entière, comme nous l'avons dit (art. 1). Or, dans les Ecritures on applique à Dieu le présent, le passé et le futur. Donc Dieu n'est pas éternel.


Mais c'est le contraire. Car saint Athanase dit (In Symbol.) : Le Père est éternel, le Fils éternel et le Saint-Esprit éternel (1).

CONCLUSION. — Dieu étant immuable, non-seulement il est éternel, mais il est encore son éternité.

II faut répondre que l'éternité est essentiellement la conséquence de l'immutabilité, comme le temps est essentiellement la conséquence du changement, ainsi qu'on le voit d'après ce que nous avons dit (art. préc). D'où il suit que Dieu étant souverainement immuable doit être souverainement é ternel. Mais il n'est pas seulement éternel, il est lui-même son éternité, bien qu'il n'y ait aucune autre chose qui soit à elle-même sa durée, parce qu'il n'y en a point qui soit à elle-même son être. Or, Dieu est son être permanent et uniforme ; par conséquent, comme il est son essence, il est son éternité.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que si nous disons que ce qui reste fait l'éternité, nous parlons ainsi d'après notre manière de comprendre. Car, comme nous avons l'idée du temps d'après le mouvement des choses qui passent, nous concevons l'éternité d'après la stabilité de celles qui restent. Et quand saint Augustin dit que Dieu est l'auteur de l'éternité, il entend parler de cette sorte d'éternité à laquelle participent les créatures. Car Dieu communique à quelques-unes d'entre elles son éternité de la même manière que son immutabilité.

2. La réponse au second argument est par là même évidente. Car s'il est dit que Dieu existe avant l'éternité, il faut l'entendre de l'éternité telle qu'elle est communiquée aux substances immatérielles. Quant à ce qui est dit dans l'Exode : Le Seigneur régnera dans l'éternité et au delà, il faut remarquer que l'éternité est prise ici pour le mot siècle, comme le porte une autre version. Ainsi, on dit donc que le Seigneur régnera au delà de l'éternité, parce que son règne s'étend au delà de tous les siècles, c'est-à-dire au delà de toute durée déterminée. Car un siècle n'est qu'une période quelconque employée pour mesurer l'existence de tous les êtres contingents, comme le dit Aristote (De caelo, lib. i, text. 100). Ou bien encore on dit que le Seigneur règne au delà de l'éternité, parce que s'il y avait quelque chose qui existât toujours, comme le mouvement du ciel, au sentiment de quelques philosophes (2), Dieu régnerait cependant au delà, dans le sens que son règne n'est pas successif, mais qu'il est simultané.

cap. u). In principio erat Verbum, etc. (Ibid.) Deus autem rex noster ante saecula. Et ailleurs: Dominus regnabit in aetérnum et ultra.

(1) Ce symbolo n'estpas de saint Athanase; mais l'Eglise l'a reconnu et placé dans ses offices. Le concile de Florence l'appelle : compendiosa fidei regula.

(2) L'éternité, du mouvement était admise par les platoniciens ; cette erreur est une conséquence de l'éternité du monde qu'ils admettaient.


3. Il faut répondre au troisième, que l'éternité n'est rien autre chose que Dieu même. C'est pourquoi on ne dit pas que Dieu est éternel comme s'il pouvait être mesuré de quelque manière. Mais on se sert des mots avant, pendant, après, pour s'accommoder à la faiblesse de notre intelligence.

4. Il faut répondre au quatrième, qu'on applique à Dieu les mots qui désignent le passé, le présent et l'avenir, parce que son éternité renferme tous les temps, mais non pas parce qu'il change pendant le passé, le présent et l'avenir.



ARTICLE III. — est-ce le propre de dieu d'être éternel (I)?


Objections: 1.. Il semble que ce ne soit pas le propre de Dieu d'être éternel. Car il est dit dans Daniel que ceux qui enseigneront la justice à une foule d'autres, brilleront comme des étoiles dans de perpétuelles éternités (Dan. xii, 3). Or, il n'y aurait pas plusieurs éternités, s'il n'y avait que Dieu qui fût éternel. Donc il n'y a pas que lui qui le soit.

2.. II est dit dans saint Matthieu : Allez, maudits, au feu éternel (Matth, xxv, 41). Dieu n'est donc pas seul éternel.

3.. Tout ce qui est nécessaire est éternel. Or, il y a beaucoup de choses nécessaires; tels sont tous les principes de démonstration et toutes les propositions démonstratives. Donc il n'y a pas que Dieu qui soit éternel.


Mais c'est le contraire. Car saint Augustin [Lib. de fide ad Petrum, cap. 6) et saint Jérôme (ad Damasum, epist, lvii) disent qu'il n'y a que Dieu qui n'ait pas de commencement. Or, tout ce qui a eu un commencement n'est pas éternel. Donc Dieu seul est éternel.

CONCLUSION. — Dieu seul étant véritablement et à proprement parler immuable, il est seul éternel ; les autres êtres ne sont éternels qu'autant qu'ils participent de quelque manière à son immutabilité.

Il faut répondre qu'à Dieu seul appartient véritablement et à proprement parler l'éternité ; puisque l'éternité, comme nous l'avons dit (art. préc), est une conséquence de l'immutabilité, et que, comme nous l'avons démontré (quest. ix, art. 1 et 2), il n'y a que Dieu qui soit absolument immuable. Cependant il y a des créatures qui participent à son éternité en raison du don qu'il leur a fait de son immutabilité. Ainsi il y en a qui ont reçu de Dieu l'immutabilité au point de ne plus cesser d'être. C'est dans ce sens qu'il est dit clans l'Ecclésiaste (cap. I), que la terre subsiste éternellement. L'éternité peut être également attribuée aux anges dont le Psalmiste a dit : Fous êtes descendu, Seigneur, éclatant de merveilles du haut de vos montagnes éternelles (Ps. lxxv, 5). Dans quelques endroits l'Ecriture appelle éternelles des choses qui, quoique corruptibles, sont d'une longue durée. C'est ainsi que dans les Psaumes on parle de montagnes, et dans le Deutéronome (cap. xxxiii, 15) de collines éternelles. Il y a des créatures qui participent encore davantage à l'éternité de Dieu. Ce sont celles qui sont absolument incorruptibles dans leur substance ou qui sont immuables dans leurs opérations, comme les anges et les bienheureux qui jouissent de la vision du Verbe. Car, comme le dit saint Augustin (Trin. lib. xv, cap. 16), les pensées de ceux qui voient tout en Dieu ne vont pas d'un objet à un autre, mais ils comprennent tout dans une même lumière. C'est pourquoi on dit que ceux qui voient Dieu ont la vie éternelle, d'après ces paroles de saint Jean : La vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable (Joan, xvii, 3).


(1) Cet article est une réfutation des arnaudis-tes, des manichéens, d'Origènc, d'Aristote et de tous les philosophes anciens qui ont enseigné que le monde était éternel, que la matière des éléments n'avait pas été créée, et qu'elle était co-éternelle avec Dieu ; que le mouvement, le ciel, le temps, la génération et la conception, n'avaient pas eu de commencement. C'est aussi par là même une réponse à tous ceux qui nient la création, et c'est par conséquent une réfutation indirecte du panthéisme.

(2) On peut voir sur le nécessaire ce qu'en dit Aristote, à l'occasion des propositions modales (Ilermencia, cap. xiii).


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que l'Ecriture parle de plusieurs éternités parce qu'il y a beaucoup d'élus qui participent à l'éternité de Dieu en jouissant de sa vue.

2. Il faut répondre au second, que le feu de l'enfer est dit éternel parce qu'il ne doit pas avoir de fin. Cependant, il y a dans les peines des damnés un changement, d'après ce mot de Job : Ils passeront d'un froid excessif à une chaleur extrême (Job, xxiv, 19). D'où l'on voit que la durée de l'enfer n'est pas une véritable éternité, mais plutôt un temps infini, selon ce mot du Psalmiste: Leur temps s'étendra dans tous les siècles (Ps. lxxx, 16).

3. Il faut répondre au troisième, que le nécessaire exprime une certaine manière d'être du vrai. Or, d'après Aristote (Met. lib. vi, text. 8), le vrai est dans l'intellect. Ainsi les choses qui sont vraies et nécessaires ne sont éternelles qu'autant qu'elles existent dans une intelligence éternelle, et cette intelligence ne peut être que l'intelligence divine. Il ne suit donc pas de là qu'en dehors de Dieu il y ait quelque chose d'éternel.


ARTICLE IV. — l'éternité diffère-t-elle du temps (1)?


Objections: 1.. Il semble que l'éternité ne diffère pas du temps. Car il est impossible que deux mesures de la durée existent simultanément, à moins que l'une ne soit une partie de l'autre. Ainsi, deux jours ou deux heures ne peuvent exister en même temps ; mais le jour et l'heure existent simultanément, parce que l'heure est une partie du jour. Or, l'éternité et le temps existent simultanément, et ils sont l'un et l'autre une mesure de la durée. L'éternité n'étant pas une partie du temps, puisqu'elle le dépasse et le renferme, il semble que le temps soit une partie de l'éternité et que par conséquent il n'en diffère pas.

2.. D'après Aristote (Phys. lib. iv, text. 104 et 121), l'instant du temps (2) subsiste pendant le temps tout entier. Or, ce qui semble constituer la nature de l'éternité, c'est qu'elle reste indivisiblement la même pendant tout le cours du temps. Donc l'éternité est l'instant du temps, et comme l'instant ne diffère pas du temps substantiellement, ils'en suit que l'éternité n'en diffère pas non plus substantiellement.

3.. Comme la mesure du premier mouvement est la mesure de tous les mouvements, selon l'expression d'Aristote (Phys. lib. iv, text. 133), de même il semble que la mesure du premier être soit la mesure de tous les êtres. Or, l'éternité est la mesure du premier être, qui est l'être divin. Donc elle est la mesure de tous les êtres, et par là même que les choses corruptibles ont pour mesure le temps, il s'ensuit que le temps est l'éternité, ou quelque chose qui en fait partie.


Mais c'est le contraire. L'éternité est toute simultanée, tandis que le temps est successif (3), ce qui ne permet pas de les confondre.

CONCLUSION: DIFFÉRENCE. — L'éternité diffère du temps en ce qu'elle existe à la fois tout entière, tandis que le temps est successif; mais elle n'en diffère pas en ce sens qu'eile n'a ni commencement ni fin, tandis que le temps a un commencement et une fin, à moins qu'on ne considère le commencement et la fin comme existant en puissance; sous ce rapport if y aurait à constater une différence, mais elle rentrerait dans la première.

11 faut répondre qu'il est évident que le temps et l'éternité ne sont pas une seule et même chose. Il y a des philosophes qui ont fondé cette différence sur ce que l'éternité n'a ni commencement (1) ni fin, tandis que le temps a l'un et l'autre. Mais cette différence n'est qu'un accident, et n'a rien d'absolu. Car, supposé que le temps ait toujours été et qu'il doive toujours être, selon le sentiment de ceux qui supposent le mouvement du ciel éternel, il faudrait encore admettre une différence entre le temps et l'éternité, comme le dit Boëce dans son livre De la consolation (liv. v, pros. 4). Cette différence proviendrait, d'une part, de ce que l'éternité existe simultanément tout entière, ce qui ne convient pas au temps ; de l'autre, de ce qu'elle est la mesure de l'être permanent et immuable, et le temps la mesure du mouvement. — Si l'on considère cette différence non plus par rapport aux mesures que l'on applique à la durée, mais par rapport aux objets dont on veut apprécier l'existence, elle se présente encore sous un autre aspect. Car le temps ne peut servir qu'à mesurer ce qui a un commencement et une fin, comme le dit Aristote [Phys. iv, text. 120). Par conséquent, si le mouvement du ciel durait toujours, le temps ne le mesurerait pas dans toute l'étendue de durée, puisque ce qui est infini est incommensurable. Il ne mesurerait qu'une certaine partie de son cours, laquelle aurait un commencement et une fin, — D'ailleurs, si on considérait le commencement et la fin en puissance, on pourrait aussi établir une différence entre le temps et l'éternité pris pour mesures. Car, dans la supposition que le temps fût une durée infinie, rien n'empêcherait d'y trouver un commencement et une fin. Il suffirait pour cela de prendre une de ses portions, le jour et l'année, par exemple, qui ont un commencement et une fin. C'est ce qu'on ne peut faire dans l'éternité. Mais toutes ces différences rentrent dans la première, la seule qui soit essentielle, c'est que l'éternité existe simultanément tout entière, et que le temps est successif.

(1) Cette discussion est une affaire de pure opinion; les scotistes l'ont soulevée en mettant toute leur dialectique subtile au service de l'éternité successive, contrairement au sentiment de saint Thomas.

(2) Nunc temporis, porte le texte ; nous n'avons pas trouvé d'expression plus convenable pour rendre ces deux termes.

(3) Ou plus littéralement : l'éternité existe simultanément tout entière, tandis que dans le temps, il y a un avant et un après. Mais j'ai voulu conserver les mots simultanée et successive, parce que ce sont ces deux termes que la discussion a consacrés.


Solutions: 1. Il faut répondre supremier argument, que cette raison aurait de la valeur si le temps et l'éternité étaient des mesures du même genre, ce qui est évidemment faux, puisque nous venons de démontrer que ces mesures ne s'appliquent pas aux mêmes êtres.

2. Il faut répondre au second, que le mêment présent est subjectivement le même en tout temps, mais qu'il n'est pas le même rationnellement : parce que comme le temps répond au mouvement, de même le mêment présent répond au mobile. Or, le mobile est subjectivement le même pendant tout le cours de sa durée, mais il n'est pas le même rationnellement dans le sens qu'il est ici et là, et c'est cette variation qui constitue le mouvement. Cette succession de mêments, telle que la raison la conçoit, forme le temps. Mais l'éternité reste absolument la même rationnellement et subjectivement. Donc elle n'est pas la même chose que le mêment présent qui fait partie du temps.

3. Il faut répondre au troisième, que comme l'éternité est la mesure propre de l'être immuable et permanent, de même le temps est la mesure propre du mouvement. Par conséquent, plus un être s'éloigne de ce qui est immuable et se rapproche de ce qui change, plus il tient au temps et devient étranger à l'éternité. Ainsi, l'existence des choses corruptibles, par là même qu'elle est changeante, a pour mesure le temps, non l'éternité. Car le temps mesure non-seulement ce qui change en acte, mais encore ce qui est muable (1). C'est pourquoi il mesure non-seulement le mouvement, mais encore le repos, qui est l'état des êtres qui ne sontpas en mouvement, mais qui sont susceptibles d'être mus.

(I) C'est l'opinion que les scotistes ont reprise : on voit qu'elle n'était pas nouvelle.


ARTICLE V.—DE LA DIFFÉRENCE Qu'lL Y A ENTRE LE TEMPS ET l'ÉVITERNITÉ (2).


Objections: 1.. Il semble que l'éviternité ne diffère pas du temps. Car saint Augustin dit (Sup. Gen. ad litt. lib. viii, cap. 20 et seq.) que Dieu meut dans le temps les créatures spirituelles. Or, l'éviternité est la mesure de l'existence des êtres spirituels. Donc le temps ne diffère pas de l'éternité.

2.. Il est de la nature du temps d'avoir un avant et un après, et il est de la nature de l'éternité d'exister simultanément tout entière, comme nous venons de lè dire (art. 1). Or, l'éviternité n'est pas l'éternité, puisqu'il est dit : (Eccl. i) que la sagesse éternelle est avant l'éviternité. Donc elle n'existe pas simultanément tout entière, par conséquent elle a un avant et un après comme le temps.

3.. Si dans l'éviternité il n'y a ni avant ni après, il s'ensuit que pour les substances éviternelles il n'y a pas de différence entre être, avoir été et devoir être. S'il n'y a pas de différence, il s'ensuit que comme il est impossible qu'elles n'aient pas existé il est également impossible qu'elles n'existent pas •, ce qui est faux, puisque Dieu peut les réduire au néant.

4.. La durée des êtres spirituels étant infinie (3), si l'éviternité existe tout entière simultanément, il s'ensuit qu'ilyades créatures qui sont infinies en acte, ce qui est impossible. Donc il n'y a pas de différence entre le temps et l'éviternité.


Mais c'est le contraire. Car Boëce a dit : C'est vous, Seigneur, qui ordonnez au temps de partir de l'éviternité (De Cons. lib. m. met. 9.)

CONCLUSION. — L'éviternité est un milieu entre le temps et l'éternité et participe de l'un et de l'autre.

Il faut donc répondre que l'éviternité diffère du temps et de l'éternité comme tenant le milieu entre les deux. — Quelques docteurs expliquent cette différence en disant que l'éternité n'a ni commencement ni fin, que l'éviternité a un commencement, mais pas de fin, et que le temps n'a ni l'un ni l'autre. Mais cette différence, comme nous l'avons dit (art. préc), n'est qu'accidentelle. Car si les êtres éviternels eussent toujours été, s'ils devaient toujours être, comme il y en a qui le pensent, ou quand même Dieu les détruirait, ce qui lui est possible, il faudrait encore trouver des moyens de distinction entre l'éviternité, le temps et l'éternité. —D'autres philosophes ont ainsi distingué ces trois choses. L'éternité, dans leur sentiment, n'a ni avant, ni après; le temps a l'un et l'autre, avec une jeunesse et une vieillesse-, l'éviternité les a également, mais sans jeunesse ni vieillesse. Cette dernière opinion implique contradiction dans les termes. — C'est évident pour le cas où la jeunesse et la vieillesse se rapporteraient à la mesure. Car la partie antérieure et la partie postérieure de la durée ne peuvent être simultanées. Si l'éviternité a un avant et un après, il faudra que, la portion antérieure de cet âge étant écoulée, la portion postérieure succède ; et il y aura conséquemment innovation ou jeunesse dans l'éviternité aussi bien que dans le temps. Si on applique la jeunesse et la vieillesse aux choses mesurées, le même inconvénient se présente. En effet, une créature vieillit dans le temps parce que son être est changeant, et c'est ce qui fait qu'il y a en elle un avant et un après, comme on le voit (Phys. iv). Par conséquent, si la créature évUernelle n'est sujette ni à vieillir ni à rajeunir, cela provient de ce qu'elle n'est pas passagère, et sa mesure ne comporte alors ni avant, ni après. — Voici donc ce qu'il faut dire : c'est que l'éternité étant la mesure de l'être permanent, moins un être est permanent, moins il est éternel. Or, il est des choses tellement changeantes, qu'elles consistent clans le changement même ; tels sont le mouvement et tous les êtres corruptibles qui ont le temps pour mesure. Il y en a d'autres dont le caractère est plus permanent. Leur être ne consiste pas dans le changement, et n'y est pas absolument soumis. Cependant il faut reconnaître en elles une certaine variation soit en acte, soit en puissance. Tels sont les corps célestes dont la substance est immuable et dont l'être ne change que par rapport au lieu. Il en est de même des anges dont l'être est immuable quoiqu'ils soient changeants relativement à l'usage qu'ils font de leur liberté, aussi bien que sous le rapport des idées, des affections et des lieux. Or, l'être, dont l'éternité est la mesure, ne change pas, et n'est susceptible d'aucun changement. Par conséquent, le temps a un avant et un après ; l'éviternité n'a en soi ni avant, ni après, mais elle est susceptible d'en avoir ; l'éternité n'a ni avant, ni après, elle est incompatible avec l'un et l'autre.


(1) C'est-à-dire ce qui est susceptible de changer.

(2) Le mot aevum, que nous traduisons ici par celui oVèvitemilè, était employé par les théologiens pour exprimer la mesure de la vie angélique et bienheureuse, et le mot temps (tempus) était réservé pour désigner l'âge des hommes sur la terre. On a indiqué le fondement de celte distinction dans ce passage de l'Ecriture (Eccl. i) • Omnis sapientia à Domino Deo est, et cum illo fuit super, et est ante aevum, où le mot est indique l'éternité, lemot/:»i(, le temps, et le mot aevum, Vèviternité.

(ô) Etant infinie, ex parte post, dit le texte; ce qui indique l'immortalité.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que les créatures spirituelles ont le temps pour mesure, par rapport à leurs intelligences et à leurs affections dans lesquelles il y a succession. C'est pourquoi saint Augustin dit, dans ce même endroit, qu'être mû dans le temps c'est être mù par les affections. Par rapport à leur existence naturelle, l'éviternité est leur mesure. Mais elles participent à l'éternité relativement à la vision de la gloire.

2. Il faut répondre au second, que l'éviternité est simultanée sans se confond dre avec l'éternité, parce que cette prérogative ne lui est pas tellement essentielle qu'elle ne puisse admettre ni un avant, ni un après: une essence qui ne change pas ; mais il y a en eux quelque chose de changeant, qui provient de leur liberté et de leur intelligence.

3. Il faut répondre au troisième, que dans un ange, par rapport à l'existence absolument considérée, il n'y a pas de différence entre le passé et l'avenir, mais qu'il n'y en a que par rapport aux changements qui s'opèrent en lui. Quand nous disons qu'un ange existe, ou qu'il a existé, ou qu'il doit exister, notre intelligence donne à ces expressions des sens divers, parce que nous ne concevons l'existence des anges qu'autant que nous la comparons aux diverses parties du temps. Et quand on dit qu'un ange existe ou qu'il a existé, on affirme un fait tel que Dieu lui-même ne pourrait pas faire l'opposé. Mais, si l'on ajoute qu'il doit toujours exister, on n'affirme plus un fait de la même nature. Car, com»ie l'existence des anges dépend, absolument parlant, de la puissance divine, Dieu peut faire que l'ange qui existe n'existe plus, mais il ne peut faire qu'il ne soit pas pendant qu'il existe, ni qu'il n'ait pas été après avoir existé (1).

4. Il faut répondre au quatrième, que la durée de l'éviternité est infinie, parce qu'elle n'est pas limitée par le temps. Or, rien n'empêche d'admettre qu'une créature soit infinie parce qu'elle n'est pas limitée par une autre (2).

(t) C'est-à-dire que les anses ont, par nature,        (2) Le livre Des causes renfermait l'opinion contraire à celle que soutient saint Thomas dans cet article ; c'est pour ce motif qu'il y attache tant d'importance.


Article VI. — n'y a-t-il qu'une seule éviternité (1)?


Objections: 1.. Il semble qu'il n'y ait pas qu'une seule éviternité. Dans les livres apocryphes d'Esdras, on lit : La majesté et la puissance des éviternités sont en vous, Seigneur.

2.. Pour des genres différents il faut des mesures différentes. Or, il y ades créatures éviternelles parmi les substances corporelles ; tels sont les corps célestes (2)-, il y en a qui sont des substances spirituelles, tels que les anges. Donc il n'y a pas qu'une seule éviternité.

3.. L'éviternité n'étant que l'expression de la durée, s'il n'y a pour les créatures éviternelles qu'une seule éviternité, il n'y a qu'une seule et même durée. Or, tous les êtres éviternels n'ont pas la même durée. Car il y en a qui reçoivent l'existence après les autres, comme il est tout particulièrement manifeste pour les âmes humaines. Donc il n'y a pas qu'une seule éviternité.

4.. Les êtres qui ne dépendent pas les uns des autres ne paraissent pas avoir une mesure unique pour leur durée. Pour toutes les choses passagères le temps semble être l'unique mesure, parce qu'il y a un premier mouvement qui est en quelque sorte la cause de tous les autres. Or, les créatures éviternelles ne dépendent pas ainsi les unes des autres, parce qu'un ange n'est pas la cause d'un autre. Donc il n'y a pas qu'une seule éviternité.


Mais c'est le contraire. L'éviternité est plus simple que le temps et se rapproche davantage de l'éternité. Or, le temps est un. Donc à plus forte raison l'éternité est une.

CONCLUSION. ¦— Par là même qu'il y a plusieurs choses éviternelles, il y a aussi plusieurs éviternités; cependant il n'y en a qu'une absolument, c'est celle qui est la mesure du premier être éviternel, qui estl'ètrele plussimple.

Il faut répondre qu'il y a deux opinions à ce sujet. Les uns disent qu'il n'y a qu'une seule éviternité, les autres qu'il y en a plusieurs. Pour découvrir quelle est la plus vraie de ces deux opinions, il faut considérer la cause de l'unité du temps ; car c'est par la connaissance des choses corporelles que nous arrivons à celle des choses spirituelles. Or, quelques philosophes disent qu'il y a unité de temps pour toutes les choses temporelles, parce qu'il y a unité de nombre pour toutes les choses comptées -, le temps étant lui-même un nombre, d'après Aristote (Phys. lib. iv, text. lui). Mais cette raison a peu de valeur. Car le temps n'est plus un simple nombre quand on l'abstrait des êtres numériques qui existent en lui. En effet, s'il n'était qu'un nombre, il ne serait pas continu. Dix aunes de drap ne sont pas continues en tant que nombre, mais en tant qu'étoffe mesurée. D'ailleurs le nombre n'est pas le même pour tous les objets numériques, mais il varie avec la variété des êtres. — C'est pourquoi il y a des philosophes qui voient la cause de l'unité du temps dans l'unité de l'éternité qui est le principe de toute durée. D'après ce sentiment toutes les durées se réduisent à l'unité si on considère leur principe ; mais elles sont multiples si on regarde à. la multiplicité des objets qui y sont soumis. — D'autres voientlacause de l'unité

de temps dans la matière première, qui est le premier sujet du mouvement dont le temps est la mesure. — Mais aucune de ces opinions ne nous semble concluante. En effet, les choses qui sont unes dans leur principe ou dans leur sujet, ou même dans quelque chose de plus élevé, ne le sont pas absolument, mais seulement sous un rapport. La vraie raison de l'unité du temps est donc l'unité du mouvement premier (1), qui, par là même qu'il est le plus simple, sert de mesure à tous les autres, comme le dit Aristote (Met. lib. x, text. 3). Les rapports du temps à ce mouvement ne sont donc pas seulement ceux qui existent entre la mesure et l'objet mesuré, mais bien ceux de l'accident au sujet, et c'est ainsi que le temps reçoit de ce mouvement son unité. A l'égard des autres mouvements les rapports du temps ne sont pas autres que ceux de la mesure à l'objet mesuré. C'est ce qui fait qu'il n'a pas besoin de se multiplier en raison de leur multiplicité, puisque la même mesure peut servir à mesurer une foule d'objets distincts. — Ceci établi, il faut savoir qu'à l'égard des substances spirituelles on a formulé deux opinions. Les uns ont dit avec Origène (Periarch. lib. i, cap. 8), que toutes ces substances procédaient de Dieu dans une certaine égalité, ou du moins, comme l'ont supposé quelques-uns, que telle était l'origine du plus grand nombre d'entre elles. D'autres ont prétendu qu'elles procédaient de Dieu, mais d'après un certain rang, une certaine hiérarchie. Saint Denis parait être de ce sentiment lorsqu'il dit que dans le même ordre des anges, les uns sont au premier rang, les autres au dernier, d'autres tiennent le milieu. — Selon la première de ces opinions, il faudrait dire qu'il y a plusieurs éviternités, puisque l'on suppose qu'il y a plusieurs substances éviternelles premières et égales. D'après la seconde on doit dire qu'il n'y a qu'une seule éviternité. Car tout être ayant pour mesure l'être le plus simple de son genre, comme le dit Aristote (Met. lib. x, text. 4), l'être de toutes les substances éviternelles doit avoir pour mesure l'être de la première substance de cette nature, laquelle est la plus simple puisqu'elle est la plus élevée. Cette seconde opinion étant la mieux fondée, comme nous le démontrerons (quest. xlvii, art. 2), nous admettons pour le mêment qu'il n'y a qu'une seule éviternité.

(1) Cette question est purement philosophique; cependant elle se rattache par un côté à ce que saint Thomas doit nous apprendre sur l'état des anges et des bienheureux.

(2) On croyait les corps célestes immuables, quant h la substance; c'est ce qui faisait croire qu'ils étaient éternels, c'est-à-dire qu'ils ne devaient pas avoir de lin. D'ailleurs on croyait néanmoins qu'il y aurait en eux transformation , d'après ces paroles de l'Ecriture : creabo caelos novos cl novam terram. Si on remarque, au reste, que rien dans la nature ne s'anéantit, cette opinion ne paraîtra pas si étrange, et il faudra bien admettre aussi que les substances corporelles sont éviternelles.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que le mot aevum est pris quelquefois pour le mot siècle (saeculum), qui désigne une période de durée applicable à un objet, et c'est dans ce sens que ce mot est employé au pluriel (aevo) comme celui de siècle (saecula).

2. Il faut répondre au second, que bien que les corps célestes et les substances spirituelles diffèrent sous le rapport de leur nature, cependant ils ont ceci de commun qu'ils ne changent pas, et c'est pour cela que l'éviternité est leur commune mesure.

3. Il faut répondre au troisième, que toutes les choses temporelles ne commencent pas en même temps, et que cependant on reconnaît l'unité de temps en raison du mouvement premier dont il est la mesure. De même toutes les substances éviternelles, bien que leur existence ne commence pas en même temps, ont néanmoins pour mesure une seule éviternité, celle qui s'applique à la substance éviternelle qui est la première et la plus simple.

4. Il faut répondre au quatrième, que pour que plusieurs objets aient pour mesure la même chose il n'est pas nécessaire que cette chose soit la cause de tous ces objets, mais il suffit qu'elle soit plus.simple (1).


1) Ce mouvement premier <!tait, dans l'esprit des philosophes anciens, celui de la matière première. Averroës établit l'unité du temps sur l'unité de mouvement du premier mobile et l'unité de l'éviternité sur l'unité de l'être le plus simple des êtreséviternels, qui est lepremier ange. Saint Thomas est ici de sou avis.



I pars (Drioux 1852) Qu.9 a.2