Discours 1982 - Samedi, 9 octobre 1982


Angelus - Appel à prier pour la Pologne - 10 octobre


La récitation de l'Angélus a suivi immédiatement la messe de canonisation de Saint Maximilien Kolbe. Après cette prière mariale, le Pape a invité en ces termes à prier pour la Pologne :

On connaît les événements de ces derniers jours en Pologne, liés à la suppression du droit à l'activité légale du syndicat « Solidarnosc ».

Ces événements ont suscité, de divers côtés, des réserves et des protestations fermes dans l'opinion internationale.

On constate la violation des droits fondamentaux de l'homme et de la société.

Le Siège apostolique et l'Église en Pologne ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour qu'une telle violation ne se produise pas.

Dans l'avenir, nous continuerons à défendre les droits des hommes du travail.

En ce jour solennel de la canonisation de saint Maximilien Kolbe, je demande à tous les hommes de bonne volonté dans le monde de prier pour la nation polonaise.


Le souvenir de l'holocauste et l'attentat de Rome
Toujours après la récitation de l'Angélus, Jean-Paul II a évoqué l'extermination des juifs par les nazis, et l'attentat commis la veille, samedi 9 octobre, contre la synagogue de Rome, tuant un enfant de deux ans (2) :

La canonisation d'aujourd'hui nous invite à nous souvenir aussi de tant de vies humaines offertes en sacrifice pendant la Seconde Guerre mondiale dans un généreux service du prochain, offertes surtout pour l'homme humilié, pour le frère souffrant et en détresse. Parmi celles-ci ressort la figure de Janusz Korczak, pédagogue polonais d'origine juive, qui accepta consciemment la mort dans un camp d'extermination en août 1942, avec un groupe d'enfants juifs orphelins dont il s'occupait dans le ghetto de Varsovie.

Le sort tragique de tant de juifs supprimés sans pitié dans les camps de concentration a déjà suscité la condamnation, ferme et irrévocable, de la conscience de l'humanité. Mais malheureusement de notre temps encore, se répètent des phénomènes criminels de haine antisémite. Le coeur profondément affligé, je pense à l'enfant juif qui a perdu la vie hier à Rome, et aux autres personnes blessées dans l'horrible attentat contre la synagogue.

En renouvelant ma vive déploration pour un acte terroriste aussi révoltant, je confie au Dieu miséricordieux cette victime innocente, priant pour le réconfort de ses parents et de sa famille, pour la guérison des blessés, en exprimant une solidarité émue à la communauté juive de Rome.

(2) Des évêques et des prêtres polonais anciens déportés, venus à Rome pour la canonisation du P. Kolbe, sont allés visiter les blessés. Mgr Majdanski, évêque de Szczecin, déporté à Dachau de 1939 à 1945, Mgr Dabrowski, secrétaire de l'épiscopat, et un prêtre, également anciens déportés, ont rendu visite à la famille du petit Stefano Tache, tué par les terroristes. Voir page 1080 l'échange de messages entre Mgr Vilnet et le grand rabbin Sirat au sujet de cet attentat.



Le 20e anniversaire de Vatican II

Le jour de la canonisation du P. Kolbe, après la récitation de l'Angélus, le Pape a évoqué en ces termes le 20e anniversaire de Vatican II (1) :

(1) Texte italien dans l'Osservatore Romano des 11-12 octobre. Traduction de la DC.


Demain, 11 octobre, c'est le 20e anniversaire de l'ouverture du Concile oecuménique Vatican II. Je vous invite à remercier avec moi le Seigneur pour avoir fait don à l'Église d'une extraordinaire effusion de son Esprit, au moment où elle était appelée à se mesurer avec des problèmes nouveaux et gigantesques. Comment ne pas repenser à cet événement historique, tellement vital pour l'Église de notre temps ? Comment ne pas se souvenir du Pape Jean XXIII, qui, avec son grand coeur, le voulut et le mit en route, et au Pape Paul Vl qui en fut le réalisateur courageux et convaincu ?

J'irai donc demain dans les grottes vaticanes, près de la tombe de ces deux Papes, pour exprimer, avec les membres de la Curie romaine, la vive reconnaissance au Seigneur qui, par le Concile, a vraiment « visité son peuple » (cf Lc 1,68). Et pour implorer en même temps de sa bonté toute-puissante l'aide nécessaire pour continuer l'oeuvre entreprise par mes prédécesseurs.




Discours aux pèlerins polonais - 11 octobre


Le 11 octobre, en fin de matinée, Jean-Paul II a reçu dans la salle Paul-VI plus de 10 000 pèlerins polonais venus à Rome pour assister à la canonisation du P. Maximilien Kolbe. Aux premiers rangs avait pris place la délégation officielle du gouvernement de Varsovie. Après avoir écouté l'allocution du cardinal Macharski, archevêque de Cracovie, le Pape a adressé aux pèlerins le discours ci-après dans lequel, après avoir rappelé le caractère à la fois polonais et universel de la canonisation de Maximilien Kolbe, il a rappelé son souhait d'effectuer un deuxième voyage en Pologne, considérant qu'il s'agit là d'un « devoir sacro- saint » et d'un « droit en tant qu'Évêque de Rome et en tant que Polonais » ([28]).

[28] Texte polonais dans l'Osservatore Romano du 11-12 octobre 1982. Traduction, titre, sous titres et notes de la DC.


Je salue cordialement et avec une grande joie mes compatriotes réunis dans cette salle, venus de la patrie ou de l'émi- gration. En vous, chers frères et soeurs, je salue aussi la Pologne, celle qui est située le long de la Vistule et celle qui est répandue à travers le monde entier. C'est un grand événement, une grande circonstance qui nous a réunis ici. Hier nous avons participé ensemble, aux côtés d'une grande foule composée des habitants de la Ville éternelle et des pèlerins venus de divers pays d'Europe et du monde, à la canonisation du P. Maximilien, martyr d'Oswiecim. Je voudrais aujourd'hui, dans la communauté familiale que nous formons, méditer, ne serait-ce que brièvement, sur la signification que revêt pour nous tous la canonisation de notre compatriote.

Je dis « tous », en ayant présents à l'esprit non seulement ceux qui sont ici en ce moment, mais aussi en même temps, ces millions qui se trouvent en Pologne, qui vivent de manière particulière l'importance de l'événement accompli hier place Saint-Pierre et, en un certain sens, s'identifient à lui tout spécialement.


La signification historique de la canonisation

1. La canonisation des fils et des filles de la terre polonaise a toujours eu une portée historique, non seulement à Rome, mais aussi, et surtout, en Pologne.

Nous savons quel événement représenta, dans le cadre de la Pologne des Piast au XIIIe siècle, la canonisation de saint Stanislas. Et, assurément, il y a encore parmi vous bien des personnes qui, comme moi, se souviennent de la dernière canonisation « polonaise », celle de saint André Bobola, en 1938. À cet enchaînement millénaire vient s'ajouter aujourd'hui une nouvelle figure, exceptionnelle, une figure à la mesure du siècle et de l'époque.

C'est pourquoi je salue et adresse la bienvenue à tous ceux auxquels il a été donné de s'unir à la canonisation de saint Maximilien Kolbe. Je salue tout particulièrement mes frères dans l'Épiscopat.

Je salue le cardinal John Krol, archevêque de Philadelphie aux États-Unis d'Amérique ; le cardinal Ladislas Rubin, préfet de la S. Congrégation pour les Églises orientales ; le cardinal Franciszek Macharski, archevêque métropolite de Cracovie ; l'archevêque Luigi Poggi, nonce apostolique avec mission spéciale ; l'archevêque André Deskur, président de la Commission pontificale pour les communications sociales. J'adresse un salut de bienvenue aux archevêques métropolites de Wroclaw et de Poznan, ainsi qu'à l'archevêque secrétaire de la Conférence épiscopale polonaise, de même qu'à tous les évêques polonais venus de la « Polonia ». Je salue les frères prêtres et les familles religieuses d'hommes et de femmes. Je salue tout particulièrement la famille et les confrères de saint Maximilien, ainsi que tous les fils et toutes les filles spirituels de saint François. Je salue et adresse la bienvenue aux délégations des Facultés catholiques de Pologne et aux délégations diocésaines et religieuses.

Je salue la délégation gouvernementale de la République populaire de Pologne. Je la remercie pour sa présence à la canonisation de Maximilien Kolbe.

Je salue cordialement tous nos hôtes.

Nous sommes tous profondément touchés par la gravité du fait que l'archevêque Joseph Glemp, primat de Pologne, n'ait pu venir assister à la canonisation. Avec lui, nous vivons profondement le problème qui l'a obligé à rester à Varsovie, guidé par le sens des devoirs pastoraux et de sa responsabilité de primat. Nous ne cachons pas que ce même problème, symptomatique de la situation actuelle dans la patrie, nous touche et nous impressionne tous profondément. Il s'agit (et ici je reprends encore une fois les paroles du métropolite de Cracovie) « qu'on ne perde rien de ce qui est grand et juste, de ce qui est né au cours des deux dernières années, et grâce à quoi nous nous sentons plus que jamais maîtres de cette terre ». (Discours à l'occasion du couronnement de l'image de la Mère de Dieu de Ploki, 12 septembre 1982.)


Maximilien Kolbe, fils de la terre polonaise

2. Saint Maximilien Kolbe est le fils de cette terre de la terre polonaise. Nous pouvons tout particulièrement penser à lui comme à « notre » saint. Il est né dans le vaste contexte du travail polonais, il est entré dans l'ordre des Franciscains sur la terre polonaise ; c'est de cette terre qu'il est parti pour les missions au Japon, et c'est vers cette terre qu'il est retourné, vers son Niepokolanow, à l'approche de la Seconde Guerre mondiale ; c'est sur cette terre qu'il a partagé le sort de tant de compatriotes au cours des horribles années 1939-1945.

Quand, en tant que métropolite de Cracovie, j'ai voulu offrir aux évêques participants du Synode de 1971 — année où Paul VI a élevé au rang de bienheureux le P. Maximilien Kolbe — quelques-unes de ses reliques, je n'ai pu donner qu'un grain de la terre polonaise pris à Oswiecim, terre des martyrs. Tout le reste avait été dévoré par le feu des fours crématoires.

En grandissant à partir de la terre polonaise, le P. Maximilien plongeait en même temps ses racines dans la société, dans la nation, dont il vivait le patrimoine spirituel, dont il parlait la langue, dont il représentait de toute sa personne l'expérience historique. Le nouveau saint est profondément inscrit dans l'histoire polonaise du XXe siècle, dans l'histoire de la nation et de l'Église.

Sa sainteté croît en même temps que cette histoire c'est d'elle, en un certain sens, qu'il a tiré sa « matière » particulière. En diverses étapes, mais particulièrement dans cette étape décisive qui s'est déroulée pendant les mois d'occupation de 1941, au camp de concentration d'Oswiecim, et surtout à partir des derniers jours de juillet jusqu'au 14 août de cette année. La « matière » définitive de la sainteté du martyr se trouve là, liée pour toujours à cette période de l'histoire, à cette terrible épreuve des hommes. De ces hommes, certains vivent encore et sont parmi nous, et je leur adresse un salut particulier, de même qu'aux prisonniers du camp de concentration d'Oswiecim et des autres camps. Parmi eux, je salue M. Franciszek Gajowniczek, personne étroitement liée au P. Maximilien.

Peut-on donc dire que la sainteté du P. Maximilien soit une sainteté construite à partir d'une matière spécifiquement polonaise ? Je pense que l'on peut et que l'on doit le dire. La terre polonaise devait recueillir ce fruit, qu'elle a rendu mûr au ciel. Tel est le fruit particulier de « son temps », que regardent les siècles passés et qui, en même temps, ouvre l'avenir. Dans ce fruit, nous reconnaissons l'histoire des générations, le témoignage qu'elles ont laissé à leurs petits-enfants et arrière-petits-enfants. Si l'histoire des nations s'explique aussi par la contribution des saints qu'elles ont produits, l'histoire de la Pologne au XXe siècle ne pourra se comprendre sans la figure du P. Maximilien, martyr d'Oswiecim.


Une figure universelle

3. Pourtant, grâce à cette figure, s'ouvrent en même temps devant nous des horizons universels. Non seulement parce que l'Église, qui proclame la sainteté de Maximilien Kolbe, est « catholique », c'est-à-dire « universelle », mais aussi parce que cela constitue la « matière » de sa sainteté. J'ai déjà dit que cette « matière » est polonaise, et maintenant je dois constater qu'elle est en même temps profondément « humaine ». Elle est tirée de l'histoire de l'homme et de l'humanité de notre siècle. Elle est liée à l'expérience de diverses nations, avant tout sur le continent européen.

On peut facilement le constater, en entrant dans le camp d'Oswiecim, près du grand monument élevé en l'honneur des victimes. En combien de langues sont les inscriptions, qui parlent de ceux qui ont souffert là de terribles tourments et ont finalement subi la mort ? De fait, la sainteté de Maximilien Kolbe a été construite en définitive de la même « matière ». Ainsi donc, à la base de cette sainteté, se trouve la grande cause humaine, si profondément douloureuse. On peut dire que, du coeur même de cette cause, le Dieu immortel et Seigneur de l'histoire humaine tire des témoignages éternels, afin qu'ils restent dans l'histoire de l'humanité également comme « signes des temps ».

Ainsi, la figure de Maximilien reste un témoignage de l'époque et appartient aux « signes des temps ». Cette difficile et tragique époque, marquée par un horrible avilissement de la dignité humaine, a fait naître à Oswiecim son signe salvi- fique. L'amour s'est montré plus fort que la mort, plus fort que le système anti-humain. L'amour de l'homme a remporté sa victoire là où semblaient triompher la haine et le mépris de l'homme. Dans cette victoire de l'amour à Oswiecim, la victoire du Golgotha a été rendue présente de manière particulière. Les hommes ont vécu la mort de leur compagnon de prison, non pas comme un autre échec de l'homme, mais comme un signe salvifique : signe de notre temps, de notre siècle.


La signification des saints

4. L'Église relit la signification de ces signes. C'est en cela que consiste son lien avec l'histoire de l'humanité : des hommes et des nations. Hier, elle a relu, jusqu'à la fin, la signification du signe d'Oswiecim, que Maximilien a constitué par sa mort de martyr. L'Église a relu ce signe avec une profonde vénération et une profonde émotion, en proclamant la sainteté du martyr d'Oswiecim. Les saints sont là dans l'histoire pour constituer les points permanents de référence, sur l'arrière-plan du devenir de l'homme et du monde. Ce qui se manifeste en eux est durable, insurpassable. Témoignage d'éternité. Dans ce témoignage, l'homme puise, toujours à nouveau, la conscience de sa vocation et l'assurance du destin. C'est dans cette direction que les guident l'Église et l'humanité. À ces guides spirituels s'ajoute aujourd'hui saint Maximilien, notre compatriote, dans lequel l'homme contemporain découvre une admirable « synthèse » des souffrances et des espérances de notre époque.

Il y a dans cette synthèse, formée par la vie et par la mort du martyr, un appel évangélique d'une grande limpidité et d'une grande puissance : voyez de quoi est capable l'homme, qui s'est confié de manière absolue au Christ par l'Immaculée ! Mais, dans cette synthèse, il y a aussi un avertissement prophétique. C'est un cri adressé à l'homme, à la société, à l'humanité, aux systèmes responsables de la vie de l'homme et des sociétés : ce saint d'aujourd'hui est sorti du centre même de l'humiliation de l'homme par l'homme, de l'humiliation de sa dignité, de la cruauté et de l'extermination. Ce saint crie donc, de toute la synthèse de son martyre, en faveur du respect cohérent des droits de l'homme et aussi des nations, car il a été le fils d'une nation dont les droits ont été terriblement violés.

L'éloquence de la canonisation d'hier est multiple. Lorsque vous serez de retour dans la patrie ou dans les autres pays où vous vivez, je vous souhaite, vénérés et chers frères, d'emporter avec vous cette éloquence, d'y pénétrer par la pensée et par le coeur. C'est le voeu que je formule pour vous.

Je souhaite aussi à ma patrie, je souhaite à l'Église en Pologne que saint Maximilien Kolbe, chevalier de l'Immaculée, martyr d'Oswiecim, devienne pour nous tous un médiateur devant Celui qui est le Seigneur du siècle à venir ; qu'il devienne aussi le témoignage quotidien de ce qui est grand et juste, grâce à quoi la vie humaine sur la terre est digne de l'homme et devient par le moyen de la grâce salvatrice, digne de Dieu lui-même.


Appel aux autorités polonaises

Permettez-moi d'ajouter encore quelques mots : ce sont des réflexions qui me sont venues à l'esprit dans cette salle. Elles n'entrent pas dans le contexte du discours, et pourtant elles doivent être prononcées. Tout d'abord, en traversant cette salle qui porte le nom de Paul VI, j'ai pensé à une autre occasion : dans cette même salle, au milieu des pèlerins polonais venus de la patrie et de l'émigration réunis en 1971, Paul VI est passé, accompagné des cardinaux polonais d'alors : le cardinal Stefan Wyszynski, primat de Pologne, le cardinal John Krol de Philadelphie, présent ici aujourd'hui, et enfin celui qui vous parle. Quand je traverse cette salle, au cours des audiences générales, j'ai l'habitude d'entrer en contact avec les personnes qui se trouvent le long de la barrière et de saluer au moins celles-là personnellement.

Aujourd'hui, j'ai entendu tant de choses. Avant tout, l'assurance que l'on priera pour moi et, de cette prière, je voudrais remercier cordialement tous et chacun de vous. J'ai entendu aussi tant de prières pour que je bénisse les familles, les personnes, les paroisses. J'ai conscience de n'avoir pu répondre personnellement qu'à une petite partie de ces prières, car il y a des centaines et des milliers de personnes plus ou moins éloignées de la barrière de sécurité.

Je voudrais répondre, chers frères et soeurs, à toutes les prières et intentions que chacun de vous a apportées ici, et je voudrais vous dire que je les prends toutes à coeur et que j'en fais l'objet de ma prière devant Dieu.

Enfin, en passant ainsi au milieu de cette salle, j'ai remarqué tant de larmes. Il n'est pas bon que des compatriotes viennent à la canonisation de l'un des leurs avec des larmes aux yeux. Car ce n'étaient pas des larmes de joie. Non, ce n'étaient pas des larmes de joie. À ces larmes venaient parfois s'ajouter des paroles, des appels. Des appels venus non seulement de cette salle, mais de loin. Et c'est pourquoi je désire répondre à ces appels par votre intermédiaire, à vous qui êtes ici présents. Je veux répondre à ceux qui ne sont pas ici et surtout à ceux qui se trouvent dans les camps d'internement, dans les prisons. Je veux répondre à tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, souffrent sur la terre polonaise, et m'adresser de ce lieu aux autorités de la République populaire de Pologne en leur demandant qu'il n'y ait plus de telles larmes. La société polonaise, mon peuple, ne mérite pas qu'on lui arrache des larmes de désespoir, elle mérite au contraire qu'on lui construise un avenir meilleur.

Je désire enfin répondre aux paroles du cardinal métropolite de Cracovie concernant le point qu'il a rappelé : mon pèlerinage dans la patrie pour le jubilé de Jasna Gora (1). Je désire encore une fois affirmer que je considère ce pèlerinage comme un devoir sacrosaint pour moi et que je le considère, en dépit de tout, comme mon droit en tant qu'Évêque de Rome et en tant que Polonais. Et c'est pourquoi je continue d'exprimer l'espoir que seront créées les conditions pour ce pèlerinage, conformément à la grande dignité de notre nation millénaire.


(1) Le cardinal Macharski avait dit : « Précisément à la fin de ces cinq années, le Saint Père annonçait le VIe Centenaire à Jasna Gora de l'image de la Mère de Dieu de Czestochowa et, ainsi, un temps de grâce à la mesure des temps d'épreuve, pour le peuple et pour l'Église, et un temps de laborieuse attente du second pèlerinage du Saint- Père à Jasna Gora. »





Discours aux évêques polonais en visite « ad limina » - 11 octobre


Le 11 octobre, dans la matinée, le Pape a reçu en audience les évêques polonais en visite ad limina, que guidait le cardinal Macharski, archevêque de Cracovie, en l'absence de Mgr Joseph Glemp, primat de Pologne, qui n'avait pu être présent à la canonisation du P. Maximilien Kolbe en raison de la situation polonaise. Jean-Paul II a réaffirmé que l'Église reste, aujourd'hui comme hier, garante des espoirs de la nation ; il a encouragé l'oeuvre de solidarité envers ceux qui sont atteints par les événements actuels et a évoqué la signification de la présence de l'image de la Vierge à Jasna Gora. Il a enfin parlé de la restructuration des diocèses polonais, des vocations sacerdotales et religieuses, et de la mission propre des laïcs ([29]).

[29] Texte polonais dans l'Osservatore Romano du 11-12 octobre 1982. Traduction, titre, sous-titres et notes de la DC.


Monsieur le cardinal archevêque métropolite de Cracovie, bien-aimés frères métropolites, archevêques et évêques de Pologne,

1. « Que la grâce, la miséricorde et la paix soient avec nous de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ, Fils du Père, dans la vérité et l'amour. » (1Jn 3 cf. 1Tm 1,2 et 2Tm 1,2) C'est par ce salut tiré des lettres des apôtres Jean et Paul que je vous souhaite la bienvenue sur le seuil de cette Maison apostolique, qui est la maison commune de la famille de Dieu tout entière, constituée par l'Église du Christ.

Je voudrais avant tout exprimer ma joie, et aussi ma profonde émotion, devant cette visite ad limina apostolorum. En regardant le groupe si nombreux des évêques polonais, je ne puis résister au souvenir d'il y a cinq ans : la dernière visite ad limina qui a eu lieu auprès de Paul VI, en novembre 1977, à laquelle je participais en tant que l'un des évêques polonais. Nous étions guidés alors par le regretté cardinal Wyszynski, Primat de Pologne.

Son successeur ne se trouve pas aujourd'hui avec vous. Les événements de ces derniers jours ont fait qu'il n'a pu assister à la canonisation de saint Maximilien. Le sens de sa responsabilité de Primat l'a obligé à rester ces jours-ci au pays.

Trois années se sont déjà écoulées depuis la mémorable rencontre avec l'épiscopat tout entier réuni en Conférence plénière le 5 juin 1979 à Jasna Gora, au cours de ma visite en Pologne. Je la conserve vivante dans mon souvenir. Permettez-moi, en cette occasion d'aujourd'hui, de faire mémoire des membres de l'épiscopat que le Père céleste a rappelés à lui depuis le moment de cette rencontre. Ils vivent en Dieu et dans le souvenir reconnaissant de l'Église : le grand Primat du millénaire le cardinal Stefan ; Bernard, évêque de Chelmno ; Piotr, évêque de Sandomir ; Jan, évêque de Kielce ; Nikolay, évêque de Lomza, ainsi que les évêques auxiliaires Edmund et Aleksander. Pendant le même temps, ont été cooptés dans la communauté apostolique seize nouveaux prélats ; je les accueille de grand coeur dans cette maison pontificale.

Je désire vivement que notre rencontre d'aujourd'hui soit le témoignage d'un profond lien fraternel et d'une commune sollicitude pour le Peuple de Dieu qui est dans notre Patrie. Que cela soit l'expression de cette participation à la sainte charge épiscopale, dont la tâche principale est le souci de chacune et de toutes les Églises.


L'Église garante des espoirs de la nation

2. Le prêtre est « pris d'entre les hommes et établi en faveur des hommes » (cf. He He 5,1). Et l'évêque particulièrement. C'est pourquoi sa responsabilité concerne non seulement le destin de l'Église, mais aussi celui de la nation, avec laquelle l'Église a toujours été unie dans les joies et les peines.

De même, la société polonaise a toujours regardé l'Église comme le garant de ses espoirs. L'Église en effet a défendu les légitimes droits nationaux et civils. Au nom de son amour pour la mère patrie, l'Église s'est dressée pour défendre la liberté et la dignité de la Pologne, sa souveraineté et son indépendance, la légalité et l'ordre. L'Église a tenu en haute estime le sacrifice de la vie donnée pour le service de la patrie et de la nation.

L'Église a tenu tête aux excès du pouvoir, elle a sauvegardé de manière consciente les traditions nationales et gardé jalousement l'héritage de la culture chrétienne. Elle a protégé les âmes et les intelligences contre l'oppression, elle les a défendues contre la contrainte des consciences, elle a assuré le sens de la liberté de l'esprit, de cette liberté intérieure qui est en tout temps, pour l'homme et pour le chrétien, la chose la plus importante.

Je vous souhaite à vous-même, chers frères, ainsi qu'au troupeau qui vous est confié de ne jamais perdre cette liberté de l'esprit, dont le Christ a fait don à tous les enfants de Dieu.

Cela vaut aussi pour le temps présent. Les dernières années ont suscité un mouvement de renaissance sociale et morale, fondé sur la légitime aspiration à consolider la dignité de l'homme et du travail humain ; un mouvement de renouveau auquel des millions de Polonais ont lié et lient encore l'espoir d'un avenir meilleur et plus serein pour la Pologne. Il est d'une capitale importance que le contenu et les valeurs essentielles de ce renouveau ne soient pas effacés de la réalité polonaise.

« Avec vous et avec tant d'autres, je vis moi-même la situation actuelle en Pologne. » : c'est ce que je disais à un groupe international de dirigeants de confédérations syndicales au cours d'une audience spéciale le 9 février de cette année. « Avec vous, je partage la conviction que la restitution du respect total des droits des hommes du travail, et spécialement de leur droit à un syndicat, déjà créé et légalisé, constitue la seule voie pour sortir de cette situation difficile. Le travail doit être reconnu comme la clé de la vie en société, le travail librement assumé et non imposé par la force, le travail avec sa fatigue, mais aussi avec sa capacité de rendre l'homme libre et d'en faire le vrai constructeur de la société. » (L'Osservatore Romano, 10 février 1982.) (1)


La solidarité dans les épreuves actuelles

3. C'est un motif de grande joie que nos frères et nos soeurs de Pologne, qui se trouvent aujourd'hui dans le creuset des épreuves personnelles et dans la douleur des difficultés matérielles, se sentent plus proches, prêts à apporter leur aide, extrêmement sensibles aux besoins d'autrui. Cette continuelle manifestation de la bienveillance et de la solidarité humaines revêt une importance sociale et morale. Ainsi se crée et se resserrre en effet un nouveau lien spirituel, en unissant les fils de la nation elle-même. C'est avec une espérance pleine de confiance que nous devons regarder l'avenir, au moment où la société se montre toujours plus décidée à défendre les opprimés qui souffrent et sont humiliés. Et ici remontent à ma mémoire les paroles du Christ : « Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. » (Mt 25,40)

Au nom de ces frères du Christ, au nom de tous les Polonais internés et emprisonnés et de leurs familles angoissées, au nom des familles nombreuses, écrasées de multiples difficultés, je vous adresse un cordial « Bog Zaplac » (Dieu vous le rende) pour la sollicitude pastorale, aussi bien morale que matérielle, dont vous faites preuve à l'égard des nécessiteux de vos communautés. Merci aussi pour les gestes de bienfaisance et l'aide humanitaire en provenance d'autres pays et d'autres nations. J'adresse d'ici un remerciement particulier au président et aux membres de la Commission caritative de l'épiscopat, ainsi qu'à tous les Comités, apportant leur aide aux personnes privées de liberté et à leurs familles, pour leurs multiples activités caritati- ves, que ce soit au niveau central, diocésain et paroissial.

Au nom du Christ, je vous demande à vous-mêmes et à tout le Peuple de Dieu de ne pas ménager vos forces pour courir au secours de tous ces frères qui sont les miens et qui, en raison de l'état de guerre, doivent vivre séparés de leurs familles ou de leurs conjoints, arrachés à leurs emplois et à leurs devoirs. Ils appartiennent à la grande communauté nationale, et l'Église a le devoir de prendre soin d'eux, quelle que soit la nécessité où ils se trouvent. Nous en avons un exemple concret dans la personne de notre compatriote — hier proclamé saint — Maximilien-Marie Kolbe.


La présence de la Vierge de Jasna Gora

4. Dans un humble et profond sentiment d'adoration, je remercie avec vous le Dieu Un et Trine d'avoir permis que le jubilé — préparé depuis longtemps — du sixième centenaire de la présence de l'image miraculeuse de la Très Sainte Vierge de Jasna Gora à Czestochowa, soit devenu la fête nationale de la gratitude pour l'aide et la protection pluriséculaire de notre Mère et Reine, une action de grâces générale de la part de la nation pour les mystères de la grâce divine, que la nation ne cesse de ressentir dans le sanctuaire de la « Montagne claire », ou au cours de la « peregrinatio » royale à travers notre pays de la reproduction de l'image de Jasna Gora.

Cette image réunit en elle le passé, le présent et l'avenir, dans une seule dimension pour ainsi dire ultra-temporelle, dépassant en même temps l'hommage filial et patriotique que nous lui rendons. Avant tout, c'est un mystère de la Présence. Présence de l'Homme-Dieu dans la vie de la famille humaine tout entière et, directement, dans la vie de notre nation. Nous sentons cette présence maternelle, en nous serrant autour de l'image de Jasna Gora avec vénération et amour. Devant elle, nous retrouvons depuis des générations notre identité nationale et notre vitalité chrétienne. Devant elle, l'Église et la nation retrouvent leur unité spirituelle et leur solidarité.

Je rends grâces au Seigneur notre Dieu pour ces grands mystères de foi, d'espérance et de charité, dont notre patrie fait l'expérience pendant le jubilé de Jasna Gora. Je rends grâces pour les pieuses fatigues de milliers et de milliers de pèlerins qui parcourent parfois la distance de centaines de kilomètres en plusieurs jours, bien souvent pieds nus, dans la chaleur et la poussière, en portant des enfants dans les bras et même de grandes croix sur les épaules.

Je rends grâce au Seigneur pour tous les sanctuaires mariaux et pour les temples débordant de fidèles, pour la grande retraite nationale à l'occasion de la « visitatio » dans les diocèses de la reproduction de l'image miraculeuse, pour la manifestation publique des sentiments religieux et pour tous les signes extérieurs de vénération envers la Mère de Dieu, pour les conversions et la réconciliation avec Dieu de la part de ceux qui étaient loin de lui. Un particulier sentiment de gratitude pour la devise des pèlerins : « Par la fatigue jubilaire, nous aidons le Saint-Père et l'Église. »

J'ai tant besoin de cette aide.


Dix ans après l'érection de nouveaux diocèses

5. Et maintenant quelques considérations pratiques.

Le Concile Vatican II ne pouvait manquer de souligner que, dans la vie de l'Église particulière, l'extension territoriale et le nombre de fidèles jouent un rôle important. Il est évident que le territoire de chaque diocèse doit être compact dans son extension. Le nombre de ses habitants doit être en général tel que l'évêque puisse accomplir toutes les actions liées au triple ministère pastoral et connaître tous les prêtres, religieux et laïcs qui font partie de l'administration du diocèse.

Je le dis en me référant avant tout à une question déjà abordée lors des précédentes rencontres. En effet, il ne s'est pas encore éteint l'écho des célébrations diocésaines de cette année à Slupsk, à Koszalin, à Kolobrzeg, à Szszecin, à Gorzow et à Opole, liées à d'importantes décisions adoptées par Paul VI. Il y a dix ans, en vertu de la Bulle Episcoporum Poloniae coetus du 28 juin 1972, ont été érigés dans les territoires septentrionaux et occidentaux les nouveaux diocèses d'Opole, Gorzow, Szczecin-Kamien et Koszalin-Kolobrzeg. En même temps, à travers l'inclusion ou la séparation de ces nouveaux diocèses, ont été réorganisées les métropoles de Wroclaw, de Gniezno et aussi de Varsovie, puisque le diocèse de Warmia y a été inclus comme suffragant (2).

Ce dixième anniversaire de l'érection, ou plutôt de la restauration, dans certains cas, des diocèses des antiques territoires des Piast (3), ranime en un certain sens et accroît notre sollicitude pastorale pour le bien du Peuple de Dieu dans toute la Pologne, dont le nombre d'habitants s'est accru ces dernières années de plusieurs millions. Les changements sociaux et économiques progressifs, le développement des villes et des agglomérations, la formation de nouveaux centres industriels, culturels et scientifiques — tout cela fait naître des problèmes pastoraux toujours nouveaux auxquels l'Église s'efforce de répondre. Pour cette raison, par la suite, est né le besoin d'ériger des paroisses, des centres catéchétiques et de construire des églises. Je sais que ces problèmes font l'objet de toutes vos sollicitudes.


Les vocations sacerdotales et religieuses

6. Les structures d'organisation de l'Église locale sont certes importantes, mais bien plus important encore est l'homme vivant, racheté par le sang du Christ, membre du Peuple de Dieu : laïc et religieux.

a) Permettez-moi de manifester devant vous des sentiments de joie et de gratitude pour votre sollicitude en faveur des vocations sacerdotales et religieuses. L'Église en Pologne, depuis de nombreuses années, recueille les fruits de multiples recherches et efforts accomplis dans le but d'éveiller, de cultiver et de faire mûrir les vocations ecclésiastiques. Le Peuple de Dieu, vivant en d'autres continents, jouit abondamment depuis de longues années du fruit de nos missionnaires, hommes et femmes, provenant soit des congrégations religieuses, soit des communautés diocésaines. Nous glorifions et remercions Dieu de ce que, en cette année si difficile pour notre pays, presque tous les séminaires aient repris leurs activités éducatives normales et que des groupes de candidats, en nette augmentation, aient manifesté l'intention d'entrer au service du Christ dans l'état religieux.

Précisément, le Concile définit le séminaire comme le « coeur du diocèse » et demande aux évêques qu'il soit l'objet de leur sollicitude particulière (Optatam totius, OT 5). Une solide formation spirituelle, intellectuelle et pastorale des futurs serviteurs de l'autel doit se dérouler en étroite union avec le mystère de l'Église, comme Corps mystique du Christ. Vous vous rappellerez que, lorsque j'étais encore avec vous, j'ai toujours cherché à faire tout mon possible pour assurer à l'Église ses droits dans le champ de la formation du clergé au niveau académique.

Aujourd'hui, je vous demande cordialement de transmettre mon salut et ma bénédiction à vos prêtres et à vos élèves dans tous les séminaires.

Chers frères ! Dieu vous a bénis abondamment dans les vocations sacerdotales. Acceptez avec gratitude ce don, vous souvenant que cela doit servir non seulement à l'Église en Pologne, mais aussi dans le monde entier. Les besoins de l'Église sont en effet immenses. Nous devons répéter ces paroles de Notre-Seigneur : « La moisson est immense, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson. » (Mt 9,37-38)

b) Je vous demande aussi, frères, d'être surtout sensibles à ce lien particulier qui vous unit, en vertu de la charge épis- copale, à vos assistants et collaborateurs directs dans le service pastoral. Prenez soin de tout votre coeur de ceux qui, avec enthousiasme et dévouement, servent la cause du Christ. Entourez d'un amour vraiment paternel ceux qui, à la suite de diverses circonstances, se sont trouvés dans des difficultés morales ou de santé. Au nom du Christ qui « est venu chercher ce qui était perdu » (Lc 9,16), tendez aussi la main à ceux qui se sont trouvés en dehors de la communauté afin qu'ils puissent y revenir.

c) Ma pensée se tourne ensuite vers toutes les familles religieuses de Pologne, qu'elles soient d'hommes ou de femmes. Ici encore, je me réjouis pour les nouvelles vocations. Chaque personne consacrée à Dieu par le moyen des voeux de religion est un témoignage particulier du Royaume de Dieu dans le siècle à venir. En même temps, comme l'atteste avec tant d'éloquence l'exemple de saint Maximilien- Marie Kolbe, ce témoignage s'adresse à l'homme, au multiple service de l'homme. Je souhaite avec ferveur que ce témoignage, à la lumière de cette dernière canonisation, devienne encore plus éloquent parmi tous les frères et soeurs des ordres et des congrégations religieuses en Pologne.


La vocation particulière du laïc

d) Quelques mots encore sur la vocation des laïcs.

« L'Église ne vit pas pleinement, elle n'est pas le signe parfait du Christ parmi les hommes, si un laïcat authentique n'existe pas et ne travaille pas avec la hiérarchie... Le principal devoir des laïcs, hommes et femmes, c'est le témoignage du Christ, qu'ils doivent rendre par leur vie et leurs paroles dans leur famille, dans leur groupe social, dans leur milieu professionnel. Il faut donc qu'apparaisse en eux l'homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté véritable (cf. Ep Ep 4,24). Ils doivent exprimer cette nouveauté de vie dans le milieu social et culturel de leur patrie, selon les traditions nationales. Ils doivent connaître cette culture, la purifier, la conserver, la développer selon les situations récentes, enfin lui donner sa perfection dans le Christ. » (Ad gentes, AGD 21 Ad gentes, )

Je cite ce passage du Concile parce qu'il exprime la dimension des projets et des initiatives qui sont à l'origine de la fondation du Conseil pour la culture, en ayant présente à l'esprit la coordination des efforts qui visent à développer la culture chrétienne en Pologne. En même temps, ne serait- ce qu'en quelques mots, je voudrais me référer à deux grands secteurs de la vie des laïcs, la famille et le travail, et aux deux documents pontificaux, Familiaris consortio et Laborem exercens. Que, par votre entremise, ils soient utiles à l'Église de Pologne, elle aussi !

7. Chers frères, en concluant cette rencontre « ad limina » d'aujourd'hui, j'implore avec vous le Christ, le Prêtre suprême, afin que, dans mon ministère et le vôtre, se manifeste toujours davantage l'Église une, sainte, catholique et apostolique.

De tout coeur, je souhaite à mes frères dans l'épiscopat — à ceux qui sont réunis ici et à ceux que leur devoir pastoral a obligés de rester dans la patrie — que la puissance de l'Esprit Saint accompagne toujours leurs pensées et leurs oeuvres. Dans l'amour de cet Esprit je vous accorde la bénédiction apostolique et lui demande de bénir avec vous nos compatriotes dans la patrie et en dehors d'elle. À tous j'adresse les mots de l'apôtre Pierre : « Saluez-vous les uns les autres d'un baiser fraternel. Paix à vous qui êtes en Christ ! » (1P 5,14)



(1) DC 1982, n° 1826, p. 252.
(2) DC 1972, n° 1613, p. 663.
(3) Piast : nom de la dynastie des ducs et rois de Pologne, qui a fondé le premier État polonais sous Mieszko 1er (vers 960), et dont les descendants en ligne directe ont gouverné le pays jusqu'en 1370. Les Piast continuèrent néanmoins à régner en Mazovie (région historique de la Pologne centrale s'étendant de part et d'autre de la Vistule) jusqu'en 1526 et sur diverses principautés de Silésie jusqu'en 1675.




Discours 1982 - Samedi, 9 octobre 1982