Discours 1983 - Vendredi, 13 mai 1983


À UN GROUPE DES SYNDICALISTES CHRÉTIENS SUISSES

Samedi, 14 mai 1983




Mesdames, Messieurs,

1. Vous êtes les bienvenus dans cette Maison, où vos compatriotes ont l’honneur d’assurer la garde et l’accueil, et où beaucoup d’autres Suisses sont venus en visite depuis une semaine. Mais votre groupe a un visage particulier: il représente des milliers de travailleurs du Valais, syndicalistes chrétiens confédérés.

Le syndicalisme présente une physionomie typique selon l’histoire et les traditions de chaque pays, et surtout en fonction des conditions de vie et des systèmes sociaux en vigueur. Vous comprendrez que je ne puisse cerner exactement les enjeux de vos activités syndicales en votre canton du Valais. Mais il existe des éléments communs à tous les syndicats, des normes et des conditions que l’on souhaite retrouver partout. Je me suis exprimé là-dessus dans mon encyclique Laborem Exercens (Cfr. Ioannis Pauli PP. II Laborem Exercens LE 20), et devant toute l’Organisation internationale du Travail à Genève le 15 juin de l’année passée (Cfr. Eiusdem Allocutio Genavae, ad eos qui LXVIII conventui Conferentiae ab omnibus nationibus de humano labore interfuere habita, 13, die 15 iun. 1982: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, V/2 [1982] 2265-2266). Dans les cités industrielles ou les pays que je visite, j’aime m’entretenir avec les travailleurs et leurs représentants syndicaux. Ici, je me contente d’évoquer quelques aspects.

2. Je rends hommage d’abord aux travailleurs que vous représentez, sans doute de différentes professions et milieux sociaux. Sans ignorer le caractère parfois pénible du travail - que le chrétien envisage dans le cadre de la vie de travail de Jésus et de la Rédemption -, l’Eglise souhaite que les hommes soient fiers et heureux de leur travail. Celui-ci n’a-t-il pas pour but de les épanouir comme sujets du travail, de les unir, de procurer à leurs familles, à la société, à l’humanité subsistance et progrès à tous égards, tout en dominant la terre, en l’aménageant et en l’enrichissant?

3. J’apprécie aussi votre engagement syndical, car il manifeste votre volonté d’être solidaires afin d’assurer des conditions justes et dignes pour tous vos compagnons de travail, non seulement dans la même entreprise ou la même profession, mais pour l’ensemble des travailleurs de votre région, du moins au niveau de la Fédération. Il faut bien en effet défendre les intérêts existentiels des travailleurs dans tous les secteurs où leurs droits sont en cause. Cela suppose des syndicats autonomes par rapport au pouvoir politique, où les travailleurs s’associent librement, recherchent des solutions équitables, sans violence, dans un dialogue ferme et réciproque, avec un sens aigu de leur responsabilité qui n’ignore pas les conditions économiques de leur pays et les exigences du bien commun.

4. Mais il y a dans votre engagement une note que je suis évidemment heureux de relever: vous avez tenu à former des syndicats chrétiens. Qu’est-ce à dire, sinon que votre lutte est une lutte pour la justice sociale, pour la dignité et le bien intégral des travailleurs, et qu’elle se refuse à être une lutte contre les autres (Cfr. Ioannis Pauli PP. II Laborem Exercens LE 20), à entretenir un climat de lutte de classes, à favoriser un égoïsme de groupe, à se lier à une lutte politique partisane, à employer des moyens de violence. Bien plus, votre action doit contribuer, comme je le disais le 15 janvier 1981 aux délégués de “Solidarno”, à “élever la morale de la société”, en ce qui concerne bien sûr les relations entre travailleurs et employeurs, mais aussi sous les autres aspects, qui recouvrent en particulier la conscience professionnelle, l’attention aux plus défavorisés, les conditions de vie familiale.

5. Enfin, je n’oublie pas que vous êtes venus en pèlerinage et je vous félicite de cette participation commune à la démarche proposée en cette Année jubilaire de la Rédemption à tous les fils de l’Eglise catholique et à leurs frères chrétiens qui veulent s’y unir. Il y a une conversion à opérer, pour que la vie personnelle, familiale, sociale se purifie et se renouvelle, se laisse pénétrer par une foi profonde et une charité réelle, fructifie en gestes de réconciliation et de paix. Mais vous savez que cela serait une utopie si nous étions livrés à nos seules forces humaines. Le renouveau doit s’opérer dans les consciences, en vivant la réconciliation avec Dieu, en accueillant son Esprit Saint, comme le temps liturgique actuel nous y invite tout spécialement. La démarche au tombeau des Apôtres et des martyrs, la prière en commun, en union avec le successeur de Pierre et à ses intentions, y aident puissamment, et vous disposent à édifier l’Eglise chez vous, autour de votre Evêque, avec l’apport spécifique de tous les membres de vos communautés chrétiennes.

Je forme les meilleurs veux pour chacun de vous, pour le bonheur et la sainteté de vos familles, pour la bonne marche de vos associations syndicales, pour vos compagnons de travail qui connaissent des difficultés et en particulier le chômage - qu’ils soient Suisses ou travailleurs émigrés - et pour l’ensemble de votre pays que j’espère bientôt visiter. Je prie l’Esprit Saint de vous accorder sa lumière et sa force et, de tout coeur, je vous donne ma Bénédiction Apostolique.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS AU XXV PÈLERINAGE MILITAIRE INTERNATIONAL DE LOURDES





Aux participants au XXVe pèlerinage militaire international de Lourdes

La paix soit avec vous! C’est le premier mot de Jésus ressuscité à ses Apôtres. C’est le mot que de tout coeur je vous adresse, en son nom. La paix, don de Dieu confié aux hommes!

Vous êtes des soldats sur lesquels compte votre pays pour assurer, en toutes circonstances, son droit à vivre libre, dans la tranquillité et la dignité, selon la culture dont il est légitimement fier.

Mais votre désir n’est-il pas aussi que tous les pays que vous représentez vivent dans la concorde, loin de la guerre, et que la paix s’étende aux régions qui connaissent aujourd’hui des affrontements, des oppressions, avec leur cortège de morts et de destructions? Or, la paix se prépare ou se consolide d’abord dans les mentalités, lorsque les peuples font un effort pour se comprendre, dialoguer, s’estimer, s’accueillir différents, écouter les problèmes réels des autres, chercher avec eux une plus grande justice, coopérer à ce qui fait progresser les hommes et en particulier permet aux plus démunis de vaincre la faim, les misères de toute sorte, l’oppression, le découragement. Oui, la paix est un don de Dieu confié aux hommes, à vous-mêmes; et chacun est invité à se demander: suis-je un artisan de cette paix dans mes rencontres avec les étrangers, et d’abord au milieu de mes camarades de caserne, dans ma famille, mon village, mon quartier, ma cité?

A Lourdes, durant ces trois jours, il vous est donné de vivre une fraternité au niveau le plus profond, avec les militaires de nombreux pays: dans le partage de la vie, la prière, l’écoute du même Evangile, la participation à la même Eucharistie. Cette expérience de pèlerinage international, dont vous célébrez le XXVe anniversaire, est une grâce et, répondant à votre souhait, j’ai tenu à m’y associer de façon particulière.

Puisiez-vous comprendre, chers jeunes, que, pour bâtir un monde de paix, pour rayonner la paix dans votre foyer et dans tous les cercles où vous êtes appelés à vivre, il faut d’abord avoir cette paix en soi. Il faut que chacun se réconcilie avec sa conscience, ou plutôt avec Dieu qui éclaire la conscience sur la vérité et le bien. Il est toujours proche de l’homme qui le prie humblement et cherche à accomplir la justice. Car l’obstacle à l’harmonie, au bonheur, à la sécurité, à la justice, à l’amour, en un mot à la paix, se trouve dans le coeur de l’homme, dans le péché. Seul Dieu purifié du péché, pardonne et libère des passions égoïstes, impures et agressives, infuse son Esprit d’amour en nous faisant participer à l’Amour même qui unit les Personnes divines dans la sainte Trinité. Il a fallu pour cela que le Christ offre sa vie sur la croix et ressuscite à une Vie nouvelle. Dans les sacrements de pénitence et d’eucharistie, il sera pour chacun de vous, si vous le voulez, une source vive. Et à Lourdes tout spécialement, la Vierge Marie vous exhorte, comme Bernadette, à y puiser: «Allez boire à la fontaine et vous y laver». Que Notre-Dame de Lourdes vous obtienne cette simplicité, ce courage et, s’il en est besoin, cette foi! Et moi, en cette Année jubilaire de la Rédemption du Christ, je vous y invite de façon pressante. Pour votre joie! Pour votre salut! Et pour être, avec l’Eglise, des ferments d’unité et de paix au milieu de ce monde!

De tout coeur je vous bénis, vous, vos amis, vos familles, vos pays, tous ceux qui vous sont chers ou qui se sont recommandés à votre prière.

La paix soit avec vous!

Du Vatican, le 16 mai 1983

IOANNES PAULUS PP. II



AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM INTERNATIONAL SUR "IVANOV ET LA CULTURE DE SON TEMPS" Samedi, 28 mai 1983


Illustres Professeurs,
Mesdames et Messieurs,

1. Je suis très honoré par votre visite et c’est pour moi une joie particulière de vous recevoir, au terme de ce symposium international organisé par l’Université de Rome, l’Association internationale Convivium et la ville de Rome, et consacré au grand poète, philosophe et philologue russe, Vjaceslav Ivanov, et à la culture de son temps.

Vous êtes venus des grandes Universités et Instituts de culture des pays slaves et latins, anglo-saxons et méditerranéens, des Etats-Unis d’Amérique à l’Europe orientale et occidentale. Et je voudrais souligner combien votre présence est un vivant symbole, autour du Professeur Jackson, de Yale University et Président du «Vyacheslav Ivanov Convivium», et du Professeur Colucci, du département de littérature russe de l’Université de Rome, que je remercie vivement pour ses paroles. Je voudrais aussi saluer particulièrement Lidija Ivanova et Dmitrij Ivanov, les enfants de ce grand penseur auquel mon prédécesseur Pie XI avait voulu confier la chaire de langue et littérature russe et paléoslave à l’Institut pontifical oriental.

2. Comment ne pas me réjouir de vous voir consacrer vos recherches à une oeuvre qui est un véritable trait d’union entre l’Orient et l’Occident, et à ce titre profondément européenne, étant pour ainsi dire «le fruit de deux courants de tradition chrétienne auxquels s’ajoutent aussi deux formes de culture différentes, mais en même temps profondément complémentaires», comme je l’ai écrit de l’Europe dans ma Lettre apostolique «Egregiae Virtutis» sur les saints Cyrille et Méthode[1]. Quoi de plus nécessaire, quoi de plus urgent aussi, que ce rapprochement entre le patrimoine spirituel de l’Orient chrétien et la culture occidentale, dans une « Europe du sang, des larmes, des luttes, des ruptures et des cruautés les plus affreuses »[2].

Recomposer l’unité spirituelle des hommes, et d’abord de l’homme, en surmontant la tragique division présente à l’intérieur de chaque homme et parmi les hommes, et en retrouvant leurs propres racines spirituelles, tel fut le grand dessein de l’illustre converti, retracé avec une piété filiale par Dmitrij Ivanov au récent Congrès sur les communes racines spirituelles des nations européennes: «Vjaeslav Ivanov, ou de l’anamnèse universelle dans le Christ comme fondement d’un humanisme slave».

3. J’aime relire avec vous cette page lyrique: «Pour ma part, je cherche.. la dialectique du processus historique dans le face. à face du dialogue incessant et tragique entre l’homme et Celui qui, en le créant libre et immortel, et conforme à son image, et en le désignant comme son fils en puissance, alla même jusqu’à lui donner son nom secret: "Je suis", afin qu’il pût un jour, ce fils prodigue, après tant d’erreurs et d’abus, d’égarements et de trahisons, dire à son père: "Tu es, et c’est pourquoi je suis"»[3].

Es-Ergo sum. L’homme, icône de Dieu, est celui qui, au nom de toute la création théophore, dit oui à Dieu: «Toute créature dans le ciel et sur la terre, c’est toi à la face de Dieu»[4].

4. L’homme réconcilié avec lui-même et avec toute la création peut ainsi reconstituer l’essentielle communauté, la Sobornost des hommes. D’où l’importance capitale du dialogue des cultures. «Car chaque grande culture, en tant qu’émanation de la mémoire, est l’incarnation d’un fait spirituel fondamental, et ne peut être que l’expression multiple d’une idée religieuse qui en constitue le noyau»[5]. Et chaque nation a sa vocation propre, à travers les vicissitudes tragiques de l’histoire, d’incarner un aspect particulier de la révélation du Verbe.

Dans la riche tradition slave, c’est tout le peuple qui est théophore, christophore, appelé qu’il est à ressusciter dans le Christ, pour être de mystérieuse façon divinisé. Et déjà sur cette terre, l’Eglise apparaît comme le Paradis secret d’une humanité transfigurée dans le Christ: «La seule force qui organise le chaos de notre âme, c’est l’acceptation libre et totale du Christ, comme l’unique principe déterminant de notre vie spirituelle et physique»[6].

5. Mais la division historique des Eglises est une blessure toujours ouverte. En confessant dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le 17 mars 1926, le Credo catholique, Ivanov avait conscience, comme il l’écrit à Charles Du Bos, de se «sentir pour la première fois orthodoxe dans la plénitude de l’acception de ce mot, en pleine possession du trésor sacré qui était mien dès mon baptême, et dont la jouissance n’avait pas été depuis des années libre d’un sentiment de gêne, devenu peu à peu souffrance, d’être sevré de l’autre moitié de ce trésor vivant de sainteté et de grâce, et de ne respirer, pour ainsi dire, à l’égal d’un poitrinaire, que d’un seul poumon»[7]. C’est ce que je confiais moi-même à Paris aux représentants des communautés chrétiennes non catholiques, le 31 mai 1980 en évoquant ma visite fraternelle au Patriarcat oecuménique de Constantinople: « On ne peut pas respirer en chrétien, je dirais plus, en catholique, avec un seul poumon; il faut avoir deux poumons, c’est-à-dire oriental et occidental »[8].

6. Puisons-nous tous retrouver la Sagesse infuse en nos coeurs par le Créateur, reconstituer l’unité perdue, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, et respirer à pleins poumons au coeur de l’oecuméné, dans la fraternité reconstituée de l’unité spirituelle initiale des enfants de Dieu, frères du Christ, et frères en Christ[9]!

C’est mon voeu profond. Votre action culturelle jointe à celle des poètes, des penseurs et des artistes, s’inscrit au coeur de ce rapprochement vital. Car, permettez-moi de vous k confier à la veille d’un nouveau voyage apostolique dans ma patrie, l’âme slave dont vous cherchez à transmettre le message appartient à la fois à l’Orient et à l’Occident et se nourrit à cette double source du patrimoine commun, enraciné dans la foi au Christ[10]. N’est-ce pas Ivanov qui disait: «Je sens vivement comment la force de la Pologne augmente comme celle d’Anthée par le contact avec son sol religieux natal et comment elle s’épuise lorsque se relâchent ses liens avec l’Eglise universelle»[11].

Merci, chers amis, d’apporter à la suite d’Ivanov, votre pierre à la recomposition de l’unité, au véritable humanisme fondé en Dieu, et à l’anamnèse universelle dans le Christ.


[1] Ioannis Pauli PP. II Egregiae Virtutis, 3, die 31 dec. 1980: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, III, 2 (1980) 1835.
[2] Cfr. Eiusdem Allocutio ad eos qui colloquio de communibus radicibus christianis Nationum Europaearum interfuere coram admissos habita, 2, die 6 nov.1981: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, IV, 2 (1981) 569.
[3] V. Ivanon, Lettre à Alessandro Pellegrini sur la «Docta Pietas», 1934, dans V.Ivanov et M. Gerschenson, Correspondance d'un coin à l'autre, Lausanne, Ed. L'âge d'homme, 1979, p. 99.
[4] Idem, Celovek (l'homme), dans Sobranije Socinenij, Bruxelles, Ed. du foyer oriental chrétien, 1971, t. III.
[5] Idem, Lettre à Charles Du Bos, 1930, dans V.Ivanov et M. Gerschenson, Correspondance d'un coin à l'autre, Lausanne, Ed. L'âge d'homme, 1979, p. 91.
[6] Idem, L'idée russe, 1909, dans Sobranije Socinenij, Bruxelles, Ed. du foyer oriental chrétien, 1971 t. II.
[7] Idem, Lettre à Charles Du Bos, 1930, dans V.Ivanov et M. Gerschenson, Correspondance d'un coin à l'autre, Lausanne, Ed. L'âge d'homme, 1979, p. 90.
[8] Ioannis Pauli PP. II Allocutio Lutetiae Parisiorum ad Christianos fratres a Sede Apostolica seiunctos habita, die 31 maii 1980: AAS 72 (1980) 704.
[9] Cfr. St. Tyszkiewicz, L'ascension spirituelle de V. Ivanov, dans Nouvelle Revue théologique, t. LXXXII, 1950, pp. 1050-1062.
[10] Cfr. Ioannis Pauli PP. II Homilia in urbe Gnesna ante cathedrale templum S. Adalberti habita, die 3 iun. 1979: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, II (1979) 1399 ss.
[11] V. Ivanov, dans Rodnoje i Uselenskoje, le messianisme polonais comme force vive, Moscou 1919.



À LA Ière ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE Lundi, 30 mai 1983

Chères Frères et Soeurs,

1. Je remercie le Cardinal Opilio Rossi des aimables paroles qu’il a bien voulu m’adresser, en votre nom à tous, en cette rencontre qui se déroule à l’occasion de la première Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Famille que j’ai institué le 9 mai 1981, en remplacement du Comité pour la Famille.

Mais je voudrais tout d’abord, en cet instant, mentionner d’une façon particulièrement affectueuse votre Président, le Cardinal James Robert Knox, auquel j’ai rendu visite il y a quelques jours à la Polyclinique Gemelli où il se trouve toujours, dans des conditions, hélas, fort graves. Elevons notre prière vers le Seigneur à son intention!

Je suis vraiment heureux de cette première rencontre officielle avec vous tous, que je salue de grand coeur. Dans ma vie de prêtre et d’évêque, l’une de mes préoccupations les plus vives a toujours été celle de la pastorale des foyers, car je suis convaincu de la réalité de cette affirmation incisive de saint Augustin selon laquelle l’union de l’homme et de la femme, « quantum attinet ad genus mortalium, quoddam seminarium est civitatis » - « en ce qui concerne le genre humain, est comme la pépinière de la cité »[1]. Et parmi mes souvenirs les plus beaux et les plus consolants de mon ministère sacerdotal et épiscopal, je peux compter les innombrables contacts avec les familles pour prier avec elles et pour approfondir avec elles le sens et la dignité du mariage chrétien.

2. L’activité du Conseil pontifical pour la Famille, qui en est à ses premiers pas, me tient donc beaucoup à coeur. J’ai la ferme conviction - et nous l’avons tous - que l’avenir du monde passe par la famille. Certes, on a toujours été conscient, dans le passé, de l’importance que revêt la famille pour l’avenir de l’Eglise et de la société. Mais aujourd’hui, ont la boit plus clairement et plus fortement, non pas tellement en raison des dangers qui pèsent sur l’institution familiale et qui sont liés au processus de transformation de la société et de la culture, mais parce que de nouvelles possibilités invitent la famille à redécouvrir ses propres valeurs, ses exigences, ses responsabilités.

Par ailleurs, la famille occupe une place centrale dans l’évangélisation de l’humanité: « La famille chrétienne... est la première communauté appelée à annoncer l’Evangile à la personne humaine en développement et à conduire cette dernière, par une éducation et une catéchèse progressives, à sa pleine maturité humaine et chrétienne »[2].

3. Dans le contexte de la mission de l’Eglise, le Conseil pontifical pour la Famille occupe une place précise en raison de la tâche qui lui a été confiée, celle de « promouvoir la pastorale de la famille et l’apostolat spécifique dans le domaine familial, pour mettre en application la doctrine et l’esprit du Magistère de l’Eglise, de sorte que les familles chrétiennes puissent remplir la fonction qui est la leur, fonction d’éducation, d’évangélisation et d’exercice de l’apostolat »[3].

La famille - comme j’ai eu l’occasion de le dire plusieurs fois - est l’école première et fondamentale d’humanité et de foi pour l’homme et, en ce sens, elle est la cellule du corps social comme de l’Eglise. Telle est la raison pour laquelle elle a droit à être aidée afin qu’elle puisse accomplir ses tâches essentielles. Le Conseil pontifical pour la Famille est l’organisme central de l’Eglise auquel est confié oe service typique à l’égard des familles.

Vous avez très opportunément choisi comme thème de votre première Assemblée plénière « les tâches de la famille chrétienne », prenant comme base et comme orientation de vos travaux l’exhortation apostolique Familiaris Consortio (troisième partie). A la lumière de la foi, et compte tenu des situations dans lesquelles vit aujourd’hui la famille, il est nécessaire que votre attention se concentre surtout sur quelques points.

L’exhortation apostolique citée ci-dessus a souligné que « la famille, fondée par amour et vivifiée par lui, est une communauté de personnes: les époux, homme et femme, les parents et les enfants, la parenté. Son premier devoir est de vivre fidèlement la réalité de la communion dans un effort constant pour promouvoir une authentique communauté de personnes »[4]. Il faut donc qu’à la base de toute action pastorale en faveur de la famille, on mette la vérité et l’éthos de la communion des personnes, de l’amour conjugal et familial. C’est pourquoi, le premier devoir du Conseil pontifical pour la Famille est de faire en sorte que cette vérité et cet éthos soient toujours plus profondément et plus largement connus dans l’Eglise et vécus dans la famille; tout en les défendant contre les tentations incessantes d’en réduire la signification. Il y a aujourd’hui à cet égard certaines urgences auxquelles le Conseil pontifical pour la Famille doit prêter son attention d’une façon particulière.

4. La première de ces urgences concerne le rapport indissoluble entre amour conjugal et service de la vie. Il est absolument nécessaire que l’action: pastorale des communautés chrétiennes soit totalement fidèle à l’enseignement de l’encyclique Humanae Vitae et de l’exhortation apostolique Familiaris Consortio. Ce serait une grave erreur d’établir une opposition entre les exigences pastorales et l’enseignement doctrinal, car le premier service que l’Eglise doit accomplir à l’égard de l’homme, c’est de lui dire la vérité: celle dont l’Eglise elle-même n’est ni l’auteur ni l’arbitre. Il y a donc là un vaste champ pour les efforts pastoraux, surtout en ce qui concerne la préparation des jeunes au mariage.

La deuxième urgence concerne le rapport indissoluble entre service de la vie et mission éducatrice. C’est d’abord à la famille que revient le devoir d’éduquer la personne humaine. Dans l’exercice de ce devoir elle ne peut être remplacée par personne, mais elle a le droit d’être aidée par toute institution publique et privée, dans le respect de la liberté propre aux parents d’éduquer leurs enfants selon leurs convictions.

Quant à la troisième urgence, elle est relative au devoir de la famille à l’égard de la société civile et à l’égard de l’Eglise. En ce qui concerne le premier point, la famille doit être défendue de toute tentative de réduire arbitrairement son « espace » dans la vie humaine. Comme je l’ai déjà rappelé, elle est la première école de formation de l’homme. La société civile trouve donc dans la famille - quand elle en reconnaît la vérité entière - l’une des instances les plus importantes de la construction de la civilisation. Pour ce qui regarde, par ailleurs, les rapports avec l’Eglise, autrement dit la mission ecclésiale de la famille, il est nécessaire d’éduquer toujours davantage les époux à la responsabilité qu’ils ont, en vertu du sacrement de mariage, d’édifier, de la manière qui leur est propre, le Corps du Christ.

5. Cette édification du Corps du Christ - c’est-à-dire l’apostolat des époux chrétiens - doit s’accomplir avant tout et de manière privilégiée à l’intérieur de leur famille et des autres familles. Au sein de l’Eglise, la famille est le milieu naturel dans lequel de nouvelles vies sont destinées à la régénération par le baptême. Les époux chrétiens ont le devoir de préparer des personnes qui seront purifiées et régénérées par le bain sacramentel, devenant ainsi membres du Corps mystique.

Dans cette perspective, les affirmations du Concile Vatican II acquièrent une signification très riche: « Un amour conjugal vrai et bien compris, comme toute la structure de la vie familiale qui en découle, tendent, sans sous-estimer pour autant les autres fins du mariage, à rendre les époux disponibles pour coopérer courageusement à l’amour du Créateur et du Sauveur qui, par eux, veut sans cesse agrandir et enrichir sa propre famille. Dans le devoir qui leur incombe de transmettre la vie et d’être dés éducateurs, ce qu’il faut considérer comme leur mission propre, les époux savent qu’ils sont les coopérateurs de l’amour du Dieu Créateur et comme ses interprètes »[5].

Les époux chrétiens doivent annoncer par leur vie exemplaire, le dessein de Dieu sur la famille; ils doivent aider toute famille à prendre conscience dé la richesse multiforme et extraordinaire de valeurs et de tâches qu’elle porte en elle-même, afin de se construire elle-même, de façon continuelle et de contribuer à construire la société humaine et l’Eglise.

A tout chrétien incombe le devoir de témoigner du message de l’Evangile. Le Concile Vatican II a souligné que ce devoir fait apparaître “la haute valeur” de l’état de vie matrimonial et familial: « Là, les époux trouvent leur vocation propre: être l’un pour l’autre et pour leurs enfants témoins de la foi et de l’amour du Christ. La famille chrétienne proclame hautement à la fois les vertus actuelles du royaume de Dieu et l’espoir de la vie bienheureuse. Ainsi, par son exemple et par son témoignage, elle est la condamnation du monde pécheur et la lumière pour ceux qui cherchent la vérité »[6].

L’espérance que l’homme place légitimement dans le mariage et dans la famille ne trouve sa pleine réalisation que par l’accueil de l’Evangile. De cela, les époux chrétiens doivent témoigner par leur propre vie.

6. Chers Frères et Soeurs!

C’est la première fois que vous vous réunissez en Assemblée plénière, et c’est peut-être, pour beaucoup d’entre vous, la première fois que vous vous rencontrez.

Les membres du Conseil pontifical pour la Famille - cas unique dans la Curie Romaine - sont tous de laïcs mariés: vous appliquez déjà concrètement ce service ecclésial dont je viens de parler, en vous mettant directement à la disposition du successeur de Pierre.

Votre collaboration, toutefois, ne doit pas se limiter à ces journées de l’Assemblée plénière; elle doit être continuelle. Vos rapports avec les responsables du Conseil pontifical doivent être constants: il vous faut les informer, leur proposer des initiatives, attirer leur attention sur les problèmes que vous estimez les plus importants et les plus urgents. Je vous encourage à vous dépenser inlassablement afin que soient atteints les buts pour lesquels le Conseil a été institué. Et dans vos diocèses respectifs, offrez votre généreuse collaboration; à vos évêques et aux divers mouvements consacrés à la pastorale familiale, en vous distinguant par votre dynamisme et votre zèle, et en cherchant à favoriser une réelle communion de buts et de programmes.

Puisse la Mère de Dieu, que nous avons honorée d’une manière particulière en ce mois de mai, vo s assister dans ce service, si précieux pour l’Eglise, que vous accomplissez en tant que couples et qui s’enracine dans le sacrement du mariage!

Et que vous accompagne ma Bénédiction Apostolique, que j’étends de tout coeur à vos familles et d’une façon spéciale à vos enfants, et aussi à ceux qui collaborent à votre apostolat!


[1] De Civit. Dei XV, 16, 3: PL 41, 459.
[2] Familiaris Consortio, n. FC 2.
[3] Cf. AAS 73 (1981), p. 443.
[4] N. FC 18.
[5] Gaudium et Spes, n. GS 50.
[6] Lumen gentium, n. LG 35.



AUX DÉLÉGUÉS DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA «CARITAS INTERNATIONALIS»

Lundi, 30 mai 1983




Chers Frères et Soeurs,

1. C’est la deuxième pois qu’il m’est donné de recevoir les responsables et les nombreux délégués de l’Assemblée générale de la Caritas Internationalis, et j’avoue que j’en éprouve une grande joie. Vous représentez en effet une instance privilégiée de la charité dans l’Eglise, et c’est bien la charité qui doit être le signe distinctif des disciples du Christ. Cette instance est liée organiquement à chaque Eglise locale, au niveau du diocèse, avec une coordination opérationnelle au niveau national, et une confédération internationale. Votre ramification correspond presque à l’extension universelle de l’Eglise catholique, et tout le monde sait et apprécie l’efficacité et la rapidité avec lesquelles vous faites face aux détresses humaines, chroniques ou subites, ou à des besoins du développement, bref à la promotion humaine. Oui, oe travail considérable fait honneur à l’Eglise, dont je vous exprime la gratitude, en vous disant surtout la reconnaissance de tous ceux qui bénéficient de Votre action sociale, menée avec un souci éducatif.

Je pense être l’interprète de tous en félicitant de façon particulière Monseigneur Georg Hüssler qui a assuré la présidence de Caritas Internationalis durant de longues années, avec compétence, dévouement et initiative, et aussi Monsieur Emilio Fracchia, qui portait de la même façon la charge du Secrétariat général. Mes voeux chaleureux vont à leurs successeurs, et d’abord au nouveau Président, le cher Cardinal Alexandre do Nascimento, Archevêque de Lubango, représentant directement le tiers-monde dans un organisme d’Eglise si important, puis au Secrétaire général que vous choisirez tout à l’heure, et enfin à tous les autres responsables de la Confédération qui ont été désignés pour prendre le relais de l’équipe précédente.

Au cours des travaux de la présente Assemblée, vous avez tenu à examiner de près et sans complaisance le chemin parcouru depuis une quinzaine d’années, à en évaluer le bilan, à programmer les orientations et le travail pour la période qui s’ouvre et à vous en donner les moyens de fonctionnement. Sans entrer dans ces considérations techniques qui sont de votre ressort, j’aime rappeler la vocation essentielle de votre Organisation et de ses délégations diocésaines.

2. Votre action sociale vous rend particulièrement attentifs, au plan international surtout, à un certain nombre de problèmes humains centraux, pour l’étude desquels vous souhaitez apporter votre contribution en organisant des rencontres ou en y participant, sans ignorer d’ailleurs que d’autres instances ont aussi en ce domaine compétence directe et responsabilité. Je comprends votre chercher les meilleures conditions d’épanouissement de personnes, de tranches d’âge, de catégories sociales ou de peuples défavorisés.

Vous conviendrez cependant que votre charisme particulier est de demeurer proches du terrains orientés vers des actions ponctuelles d’assistance et de développement, ou encore d’éducation en ces domaines, que votre mission première est l’animation diocésaine de la charité. Oui, vous êtes ordonnés A la charité, comme je le disais il y a quatre ans; il ne faut pas laisser dévaluer le mot ni la réalité de la “charité”; simplement les réhabiliter dans leur ampleur et leur profondeur; ils sont plus que jamais d’actualité pour contribuer à la civilisation de l’amour sur laquelle vous avez médité et pour donner le témoignage essentiel de l’Eglise. Comme vous le disait Paul VI, vous êtes “les acteurs et les éducateurs de cette charité humble et chaleureuse, patiente et désintéressée, permanente et universelle... prompte et efficace” (15 mai 1975). Vous avez certainement en mémoire aussi le décret conciliaire sur l’apostolat des laïcs qui décrit (Apostolicam Actuositatem AA 8) ce que recouvre cette action caritative, sceau de l’apostolat chrétien, et surtout l’esprit dans lequel elle doit être menée.

3. Les efforts des Caritas sont à situer dans le cadre de la pastorale sociale de l’Eglise, et le choix du thème de votre Assemblée - «Réalité et avenir dans la pastorale sociale» - vous a permis, je pense, d’approfondir cet aspect. Cette pastorale sociale comprend beaucoup de secteurs, d’oeuvres, de services; elle fait appel à des engagements très divers de la part des laïcs, de ceux qui sont organisés en mouvements ou de ceux qui ne le sont pas, mais aussi de la part des religieux, religieuses qui ont souvent en charge des oeuvres sociales; y sont aussi intéressés, à un titre spécial, les prêtres et évidemment les diacres. Enfin et surtout, au niveau du diocèse, c’est l’évêque qui est le coordinateur de cette pastorale sociale, comme de tout ce qui est apostolat, ainsi que le rappelle le décret a «Christus Dominus». Les multiples initiatives à la base ne sauraient être prises sans son accord. La Caritas y participe donc avec lui, et parmi d’autres, mais avec un charisme particulier, pour rappeler la place primordiale de la charité, pour réveiller la conscience des chrétiens et des non-chrétiens, en éduquant au regard qu’exige l’amour en face des besoins multiformes du prochain et à la prise des responsabilités sociales, susciter une volonté efficace d’entraide, et coordonner ces efforts. Une telle pastorale est à renouveler sans cesse car l’évolution des sociétés, parfois très rapide, et les difficultés qui surgissent de façon souvent imprévue amènent des déracinements, de nouvelles formes de pauvreté qu’il faut savoir déceler, des problèmes plus aigus des gens en chômage, de jeunes entraînés dans la drogue ou autres fléaux, de foyers disloqués, de réfugiés ou d’immigrés forcés.

Vous avez donc une place de choix pour promouvoir la pastorale sociale avec votre évêque, ou avec la conférence épiscopale au niveau national, et avec le Saint-Siège - et notamment «Cor Unum» - au plan international.

4. Dans tous les cas, il faut envisager les choses en termes de promotion humaine. Le secours immédiat, la réponse aux urgences, l’assistance aux personnes en détresse ou aux populations victimes de calamités gardent leur place: ce sont des expressions toujours nécessaires de la charité qui n’attend pas et qui attache un prix à chaque personne, à chaque vie humaine, comme le bon samaritain; on ne saurait les négliger en leur opposant comme seuls importants les secours à longue échéance, les mesures préventives, la guérison des causes des maux, l’aménagement des structures sociales, l’action pour la justice, nécessaires bien sûr à leur plan, comme on a souvent eu l’occasion de vous le dire.

Cependant, même au niveau de l’assistance, la perspective du développement ne doit jamais faire défaut. Vous êtes bien convaincus qu’il faut éviter de faire, des personnes ou des groupes sociaux, des gens simplement assistés. Il faut plutôt les aider à prendre en mains leur destin, leur vie, leur famille, autant que faire se peut, et éveiller aussi l’entourage, les institutions concernées, les corps intermédiaires ou les instances de l’Etat, à prendre leurs responsabilités sociales. Par ailleurs, la promotion ne vise pas seulement la nourriture, le toit ou la santé; elle vise tout l’homme.

Cette perspective est d’autant plus évidente lorsqu’il s’agit de contribuer au développement de villages, de régions, pour préparer un avenir meilleur et plus sûr. Sans doute, la “Caritas”, en tant que telle, n’est pas en mesure de prendre en charge les grands projets pour lesquels elle s’associe à d’autres institutions chrétiennes ou neutres; mais tout le monde sait qu’elle mène à bien de multiples réalisations utiles, petites ou moyennes, et cela d’une façon éducative, aussi bien pour les donateurs que pour les bénéficiaires.

5. Ceci m’amène à évoquer le tiers-monde.Certes, il y a déjà, en chacun des diocèses ou en chacun des pays où opèrent les Caritas, un grand nombre de situations qui demandent une entraide. On parle souvent de ces îlots du «quart-monde» dans les pays riches. Mais il est essentiel, dans la perspective catholique, d’amener les personnes et les institutions de son propre pays à se sentir solidaires des autres pays plus démunis au plan des ressources matérielles, de l’organisation sociale, de l’hygiène et de la prise en charge des malades, de l’alphabétisation, alors qu’ils peuvent être riches de qualités humaines, morales ou spirituelles. Il vous revient donc d’éduquer le regard et la générosité à ce sujet.

Les structures de Caritas présentent sous cet aspect de grands avantages: elles permettent des échanges entre les Caritas diocésaines, et surtout avec l’aide des Caritas nationales, et des services d’information de la Caritas Internationalis. Votre Assemblée n’est-elle pas une magnifique expression de ce réseau vraiment universel de la charité?

J’ajouterai que le tiers-monde est déjà présent au sein des pays industrialisés par quantité de migrants qui doivent être au premier rang de vos préoccupations.

6. Aujourd’hui, les mots de solidarité, d’aide au développement, de dignité et de droits des personnes et des peuples, de justice, sont familiers à nos contemporains, et il faut s’en réjouir. Mais ce qui importe, c’est la réalité du respect et de l’entraide, c’est la façon de les pratiquer, et ce qui inspire ces attitudes. Pour vous, membres de Caritas, il importe donc, non seulement de bien organiser l’entraide, mais de mettre en lumière les motivations chrétiennes de la charité, de les faire retrouver au besoin, d’y éduquer, bref de réhabiliter la vertu de charité qui s’inspire de l’amour même de Dieu, qui fait voir dans le prochain l’image de Dieu et le Christ lui-même, et engage à le traiter avec une grande délicatesse, en respectant sa liberté, sa responsabilité, sa dignité, sa destinée spirituelle (Cfr. Apostolicam Actuositatem AA 8).

Réhabiliter la charité! C’est la mission principale qui a été confiée au Conseil pontifical «Cor Unum», dont vous êtes membres. Puisiez-vous donc y contribuer largement avec lui, et avec tous les organismes qui, dans l’Eglise, coopèrent à la pastorale sociale!

Demain, la liturgie nous invitera à contempler le mystère de la Visitation de. Marie, venue partager avec sa cousine Elisabeth la joie de la Bonne Nouvelle du Sauveur et offrir ses services. Puise-t-elle vous aider à correspondre à votre magnifique mission dans l’Eglise, qui est précisément le partage! Et moi, de tout coeur, je bénis les responsables de Caritas Internationalis, anciens et nouveaux, tous les délégués ici présents, les membres du Saint-Siège qui ont travaillé avec vous au cours de cette Assemblée, et tous ceux qui oeuvrent de façon désintéressée et active au sein des Caritas diocésaines et nationales.



Juin 1983



Discours 1983 - Vendredi, 13 mai 1983