Discours 1983 - Grotte de Massabielle - Dimanche, 14 août 1983

AU TERME DE LA PROCESSION AUX FLAMBEAUX

Lourdes, Dimanche, 14 août 1983



Dans cette nuit paisible, nous veillons. Nous veillons dans l’attente de la célébration de gloire de Marie. Nous prions. Non plus chacun dans le secret, mais comme un immense peuple en marche à la suite de Jésus-Christ ressuscité, nous éclairant les uns les autres, nous entraînant les uns les autres, nous appuyant sur la foi au Christ Jésus, sur ses Paroles qui sont lumière dans nos coeurs. Jésus nous dit: “Tenez vos lampes allumées” (Lc 12,35): la lampe de la foi, la lampe de la prière! Que nos prières s’unissent pour monter vers Dieu, comme la flamme de nos cierges; pour lui offrir, avec Marie, une fervente action de grâces; et aussi pour élever ensemble une immense supplication.

Chacun porte ici des intentions personnelles, pour son propre salut, pour sa famille, pour sa communauté, pour son pays. C’est bien. Ce soir nous mettons ensemble tous ces voeux, pour les confier à notre Père du ciel, par Marie. Et nous élargissons ces intentions au monde entier et à toute l’Eglise, en cherchant ce qui correspond à la volonté de Dieu et non à la nôtre seulement.

Oui, pour le monde entier! Qu’ils aient une place dans notre prière, ces hommes et ces femmes qui, en quelque lieu de l’univers, souffrent de la famine ou d’autres fléaux, des ravages de la guerre, de déplacements de populations; ceux qui sont victimes du terrorisme politique ou non frappant sans scrupule les innocents, de la haine, d’oppressions diverses, d’injustices de toute sorte, enlevés, séquestrés, torturés, condamnés sans garantie de justice; tous ceux qui subissent des atteintes intolérables à leur dignité humaine et à leurs droits fondamentaux, qui sont entravés dans leur juste liberté de penser et d’agir, humiliés dans leurs légitimes aspirations nationales. Afin que change l’attitude des responsables et que les victimes reçoivent réconfort et courage! Pensons aussi à la misère morale de ceux qui sont entraînés dans des corruptions de toute sorte. Prions encore pour ceux qui connaissent de graves difficultés par suite de leur situation d’immigrés, du chômage, de la maladie, de l’infirmité, de la solitude. C’est le Christ, le Fils de l’homme qui souffre en eux. Si je ne développe pas l’exposé de ces misères humaines, c’est que j’ai souvent l’occasion d’en parler.

De même, nous chrétiens, nous prenons spécialement à coeur dans notre prière les besoins spirituels de l’Eglise universelle, que nous connaissons tous et sur lesquels je reviens souvent: la conversion, la transmission de la foi, la sainteté des âmes consacrées, les vocations, le rayonnement des foyers chrétiens... Mais il est une détresse spirituelle particulièrement flagrante sur laquelle nous allons maintenant concentrer notre attention et notre prière, celle de ceux qui souffrent pour leur foi. Nous qui, ici, pouvons exprimer sans aucune entrave notre foi et notre prière, gardons-nous d’oublier ces frères et soeurs! Et surtout en ce sanctuaire de Lourdes vers lequel les chrétiens du monde entier ont les yeux tournés depuis que la Vierge Marie y a fait briller l’espérance! En tant que Pape, portant la sollicitude de toutes les Eglises et souvent informé de leurs situations, je vous invite à méditer avec moi sur ce mystère de la persécution des croyants, en reprenant, avec Marie, les paroles de Jésus.

2. “Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux” (Mt 5,11-12).

Cette Béatitude, la dernière des huit indiquées par l’Evangile de Matthieu, je veux la prononcer devant Toi, ô Mère du Christ et Mère de l’Eglise, ici à Lourdes. Et en la prononçant, je désire réunir en ta présence tous ceux qui, où qu’ils se trouvent dans le monde, subissent des persécutions “à cause du Christ” tous ceux qui sont “détestés à cause de mon nom” (Cfr. Marc Mc 13,13).

3. A maintes reprises le Christ a parlé des persécutions à ses disciples. Il ne leur cachait pas que la persécution deviendrait souvent le prix du témoignage (Cfr. Luc Lc 21,13) qu’ils rendraient devant les hommes.

Laissons retentir en cette heure quelques paroles du maître qui contiennent le véritable évangile de la persécution:

“On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues; on vous frappera; on vous traduira devant des gouvernements et des rois à cause de moi; il y aura là un témoignage pour eux... Mais celui qui aura persévéré jusqu’au bout, celui-là sera sauvé” (Mc 13,9-13). Cependant, “ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l’âme” (Mt 10,28).

Telles sont les paroles tirées des Evangiles de Marc et de Matthieu.

L’Evangile de Luc, pour sa part, ayant évoqué ceux qui sont haïs, repoussés, insultés à cause du Fils de l’homme (Cfr. Luc Lc 6,22-23), précise: “Quand on vous traduira devant les synagogues, les puissances et les autorités, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre ou comment parler. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu’il faudra dire” (Ibid. Lc Lc 12,11-12)

4. On lit encore dans l’Evangile de Jean:

“Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi.

... vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous...

Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi... Les gens vous traiteront ainsi à cause de moi, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé” (Jn 15,18-21).

“Je vous ai dit tout cela pour que vous trouviez en moi la paix. Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance: moi, je suis vainqueur du monde” (Ibid. Jn 16,33).

5. Le Christ a donc préparé ses disciples aux persécutions. Et, de ce fait, ils ont été poursuivis par elles depuis qu’ils ont commencé à accomplir la mission qui leur avait été confiée. Déjà à Jérusalem, les Apôtres et ceux qui professaient le Christ subissaient des persécutions. Les trois premiers siècles de l’existence du christianisme dans l’Empire romain ont constitué la période des persécutions, dont la première éclata à Rome, au temps de Néron, dans les années soixante. Parmi les nombreuses victimes, elle atteignit les Apôtres Pierre et Paul. Jusqu’au début du quatrième siècle, de sanglantes persécutions se sont répétées régulièrement. L’Eglise est née sur la Croix du Christ et elle a grandi au milieu des persécutions.

Il en fut ainsi à ses débuts dans l’antiquité romaine.

Il en fut ainsi également plus tard. Au cours des siècles, en divers lieux, ont éclaté des persécutions contre l’Eglise, et ceux qui croyaient au Christ donnaient leur vie pour leur foi et subissaient les pires tortures.

Le martyrologe de l’Eglise a été écrit de siècle en siècle.

6. Aujourd’hui, jour de mon pèlerinage à Lourdes, je voudrais embrasser par la pensée et avec le coeur de l’Eglise tous ceux qui subissent des persécutions à notre époque.Je voudrais les embrasser tous, à travers le coeur de l’Eglise, avec le Coeur maternel de la Mère de Dieu que l’Eglise vénère comme sa Mère et comme Reine des martyrs.

Les persécutions pour la foi sont parfois semblables à celles que le Martyrologe de l’Eglise à déjà écrites dans les siècles passés. Elles prennent diverses formes de discrimination des croyants, et de toute la communauté de l’Eglise. Ces formes de discrimination sont parfois appliquées en même temps qu’est reconnu le droit à la liberté religieuse, à la liberté de conscience, et cela aussi bien dans la législation des divers Etats que dans les documents de caractère international.

7. Faut-il préciser?

Dans les persécutions des premiers siècles, les peines habituelles étaient la mort, la déportation et l’exil.

Aujourd’hui, à la prison, aux camps d’internement ou de travail forcé, à l’expulsion de sa propre patrie, se sont ajoutées d’autres peines moins remarquées mais plus subtiles: non pas la mort Sanglante, mais une sorte de mort civile; non seulement la ségrégation dans une prison ou dans un camp, mais la restriction permanente de la liberté personnelle ou la discrimination sociale.

Il y a aujourd’hui des centaines et des centaines de milliers de témoins de la foi, très souvent ignorés ou oubliés de l’opinion publique dont l’attention est absorbée par les faits divers; ils ne sont souvent connus que de Dieu seul. Ils supportent des privations quotidiennes, dans les régions les plus diverses de chaque continent.

Il s’agit de croyants contraints à se réunir clandestinement parce que leur communauté religieuse n’est pas autorisée.

Il s’agit d’évêques, de prêtres, de religieux auxquels il est interdit d’exercer le saint ministère dans des églises ou dans des réunions publiques.

Il s’agit de religieuses dispersées, qui ne peuvent mener leur vie consacrée.

Il s’agit de jeunes gens généreux, empêchés d’entrer dans un séminaire ou dans un lieu de formation religieuse pour y réaliser leur propre vocation.

Il s’agit de jeunes filles aux quelles on ne donne pas la possibilité de se consacrer dans une vie commune vouée à la prière et à la charité envers les frères.

Il s’agit de parents qui se voient refuser la possibilité d’assurer à leurs enfants une éducation inspirée par leur foi.

Il s’agit d’hommes et de femmes, travailleurs manuels, intellectuels ou exerçant d’autres professions, qui, pour le simple fait de professer leur foi, affrontent le risque de se voir privés d’un avenir intéressant pour leurs carrières ou leurs études.

Ces témoignages s’ajoutent aux situations graves et douloureuses des prisonniers, des internés, des exilés, non seulement chez les fidèles catholiques et les autres, chrétiens, mais aussi chez d’autres croyants (Cfr. Ioannis Pauli PP. II Redemptor Hominis RH 17). Ils constituent comme une louange qui s’élève continuellement vers Dieu du sanctuaire de leurs consciences, comme une offrande spirituelle certainement agréée par Dieu.

8. Cela ne doit pas nous faire oublier d’autres difficultés pour vivre la foi. Elles ne proviennent pas seulement des restrictions externes de liberté, des contraintes des hommes, des lois ou des régimes. Elles peuvent découler également d’habitudes et de courants de pensées contraires aux moeurs évangéliques et qui exercent une forte emprise sur tous les membres de la société; ou encore il s’agit d’un climat de matérialisme ou d’indifférentisme religieux qui étouffe les aspirations spirituelles, ou d’une conception fallacieuse et individualiste de la liberté qui confond la possibilité de choisir n’importe quoi qui flatte les passions avec le souci de réaliser au mieux sa vocation humaine, sa destinée spirituelle et le bien commun. Ce n’est pas une telle liberté qui fonde la dignité humaine et favorise la foi chrétienne (Cfr. ibid. RH RH 12). Aux croyants qui sont immergés dans de tels milieux, il faut aussi un grand courage pour demeurer lucides et fidèles, pour bien user de leur liberté. Pour eux aussi, il faut prier.

9. A toutes époques de son histoire, l’Eglise a entouré d’une attention et d’un souvenir particuliers, d’un amour spécial, ceux qui “souffrent pour le nom du Christ”. Il y a là de la part de l’Eglise un souvenir impérissable et une constante sollicitude.

Notre rencontre d’aujourd’hui, aux pieds de la Mère Immaculée du Christ à Lourdes, nous permet de donner une expression particulière à ce souvenir si durable. Prions pour tous ceux qui, en quelque lieu et de quelque façon que ce soit, sont persécutés en raison de leur foi.

Nous avons rappelé les paroles du Christ lui-même. Puissent ces frères et ces soeurs trouver inspiration et force dans ces paroles! Que l’Esprit Saint soit avec eux, lui qui éclaire les esprits et répand dans le coeur des confesseurs de la foi une force héroïque. Dans un sens, aux yeux de Dieu, ce sont eux qui brillent comme autant de lumières dispersées dans le monde entier, et dont l’Eglise reçoit mystérieusement une vigueur. Puissent-ils tous garder la paix intérieure et la force d’esprit vraiment chrétienne! Que se consolide en eux le sens de la dignité qui naît à travers la fidélité intérieure à la conscience et à la vérité! Que le Seigneur leur donne la grâce du pardon accordé à leurs persécuteurs et de l’amour pour leurs ennemis!

O Mère du Christ, toi qui te tiens au pied de la Croix de ton Fils, sois proche de tous ceux qui, dans le monde d’aujourd’hui, subissent des persécutions! Que ta présence maternelle les aide à supporter les souffrances et à remporter la victoire par la Croix!


AUX PRÊTRES DANS LA BASILIQUE DE NOTRE-DAME DU ROSAIRE

Lourdes (France), Lundi, 15 août 1983




Chers Frères dans le sacerdoce,

1. Ensemble, dans le souvenir personnel et toujours vivant de l’évêque qui nous conféra le pouvoir de pardonner les péchés, rejoignons le Seigneur Jésus lui-même au soir de Pâques. Selon le récit de saint Jean, les disciples étaient encore enfermés au Cénacle par peur des juifs. Et voici que leur Maître se manifeste à eux, leur montre ses plaies de crucifié, leur souhaite la paix à deux reprises. Ils sont bouleversés d’émotion et de joie. Jésus leur délivre alors un message à la fois simple et solennel: “Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie”. Et, ajoutant un geste symbolique qui fait songer au souffle créateur de la Genèse, il répand sur eux un souffle régénérateur et prend bien soin d’en donner la signification: “Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus”.

2. O Christ, ravive en nous, ravive en tous les prêtres du monde, ce don véritablement pascal! Ce don destiné à faire passer l’humanité, toujours portée vers le péché, de la mort à la vie! En ce soir de Pâques, tu voyais déjà, Seigneur, l’usage que nous ferions de ce don jailli de ton coeur, comme les autres sacrements. Tu savais les heures de fatigue et de joie que nous consacrerions à ce ministère si sublime et si humain. Actuellement il existe des courants de pensée qui relativisent la notion du péché et de ce fait dévaluent le pouvoir, conféré par l’ordination, de le pardonner. Ici, Marie a fait transmettre par Bernadette l’invitation à faire pénitence; et un merveilleux mouvement de conversions n’a cessé de se poursuivre. Combien d’hommes et de femmes, dans la chapelle des confessions, ou ailleurs dans ces sanctuaires, ont retrouvé, grâce à notre ministère, la paix d’un coeur purifié et le courage de la fidélité à l’Evangile!

O Jésus, toi le “grand prêtre qu’il nous fallait, saint, innocent, immaculé... élevé plus haut que les cieux”, prends pitié de ceux qui se laissent aller à des concessions inconsidérées aux idées séduisantes, dénuées de réalisme et périlleuses qui minimisent le péché et le pardon! Tu es venu en ce monde pour “guérir et sauver tous les hommes”. Nous te rendons grâce de nous avoir choisis et conformés à Toi, sacramentellement, afin de continuer ta mission de réconciliation des hommes avec Dieu et entre eux.

3. Cette mission est absolument nécessaire, aujourd’hui comme hier! Elle découle de la mission première, rapportée en saint Matthieu: “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples...”. Or, être ton disciple, Seigneur, c’est “se revêtir de Toi”: ton apôtre Paul l’a souvent rappelé. Par contre, se laisser aller au péché, c’est se dépouiller de Toi. Selon ton enseignement, et avec toute la tradition de ton Eglise, nous croyons que le péché est personnel, en ce sens qu’il compromet ta croissance en nous. Nous croyons également qu’il est social, en ce sens que, s’infiltrant dans les diverses responsabilités que tu as confiées à ton peuple, dans les communautés ecclésiales, dans la société, le péché bloque l’expansion de ta vie parmi nos frères humains et blesse ton Corps mystique qu’est l’Eglise.

4. O Jésus, toi dont les premiers apôtres ont confessé la divinité jusqu’à l’effusion de leur sang, nous voulons admirer la façon dont ils ont parfaitement compris ta mission de Libérateur du péché qui ravage l’esprit et le coeur des humains, même après la grâce du baptême. Nous voulons admirer leur souci d’exercer le ministère de la pénitence et de la réconciliation, que tu leur as conféré sans équivoque possible. Les témoignages de l’Eglise primitive sont nombreux. O Rédempteur de tout l’homme et de tous les hommes, persuade-nous profondément que tu nous as appelés et consacrés pour ce ministère de la réconciliation! Toi qui as simplement et divinement expliqué que la pénitence, la réconciliation sont essentiellement une conversion, un retour vers le Père céleste dont on s’est éloigné, et un retour vers des frères dont on s’est coupé, renouvelle spécialement dans l’oraison, nos dispositions et notre zèle pour ce service ecclésial, générateur de paix et de bonheur impossibles à mesurer.

Au terme de cette méditation sous ton regard, nous sentons très fort combien tu as besoin de notre voix, de notre coeur, de notre geste, enfin de tout notre être sacerdotal, pour accueillir au nom de l’Eglise chacun de nos frères et soeurs désireux et même assoiffés de réconciliation et leur communiquer la réponse de ton Amour miséricordieux et régénérateur; à chacun, à chacune, avec son histoire unique, ses problèmes particuliers et aussi sa place originale dans la communauté des hommes toujours à rétablir, dans l’unité toujours à construire selon ton plan de Salut.

5. Et si hélas, malgré nos efforts pour être disponibles et accueillants, les fidèles sont trop lents à comprendre qui les attend, à travers les gestes miséricordieux de l’Eglise, puissions-nous comprendre le sens de cette épreuve même. Nous sommes évidemment perplexes devant l’abandon du sacrement par beaucoup de fidèles, alors qu’un petit nombre y recourt ou y revient au contraire de façon fructueuse. Nous ferons tout pour instruire et persuader les fidèles du besoin de recevoir le pardon de façon personnelle, fervente, fréquente. Et nous mettrons beaucoup de soin à exercer ce ministère, comme le demande l’Eglise, pour qu’aucun ne s’en écarte, sous prétexte qu’il trouverait formelle ou superficielle la célébration du sacrement. Mais en réalité la négligence à demander le pardon, voire le refus de se convertir, est le propre du pécheur, aujourd’hui comme hier. N’est-ce pas l’action de Dieu qui réconcilie et le pardon qui change le coeur du pécheur? Le prêtre, qui ressent douloureusement l’éloignement de ses frères des sources du pardon, participe à la passion du Christ, à sa souffrance devant l’endurcissement, à son angoisse pour le salut du monde. Il entre lui-même dans le combat spirituel, et il sait qu’il lui faudra, comme le Curé d’Ars, préparer ou prolonger son ministère de pardon par son propre sacrifice. Il est des démons qu’on ne chasse que par la prière et le jeûne. Nous le savions au jour de notre ordination quand l’évêque nous disait: “Prenez conscience de ce que vous ferez, vivez ce que vous accomplirez, et conformez-vous au mystère de la Croix du Seigneur”.

6. O Marie, Mère du Rédempteur, silencieusement et activement présente en ce sanctuaire de Lourdes comme dans toute l’Eglise, nous nous tournons vers toi. Accorde à tous les prêtres de Jésus-Christ la grâce de donner une importance majeure, un temps généreux, une compétence théologique et spirituelle, et une fidélité quotidienne à l’Esprit Saint pour le sacrement de la réconciliation dont les chrétiens ont tant besoin; car c’est le sacrement où les frères sont réconciliés par Dieu, le sacrement qui prépare à célébrer l’Eucharistie, à vivre en vérité la communion de l’Eglise Corps du Christ!

Frères bien-aimés dans le sacerdoce, je bénis au nom du Seigneur le ministère que vous allez accomplir ici même à Lourdes, et celui que vous accomplirez jusqu’au terme de votre existence sacerdotale.



AUX RELIGIEUSES DANS LA BASILIQUE DE NOTRE-DAME DU ROSAIRE

Lourdes (France), Lundi 15 août 1983


Mes Chères Soeurs,

1. Je viens de rappeler aux prêtres leur ministère sublime et exigeant de réconciliation des pécheurs avec Dieu, qui complète leur ministère eucharistique. Vous n’avez pas la vocation de dispenser ces mystères, encore que vous ayez parfois un grand rôle dans la préparation des âmes à les recevoir.

Je rappelle souvent aux laïcs, aux baptisés, leur mission prophétique et royale pour manifester leur foi dans leurs milieux familial, social, professionnel, politique, artistique, scientifique, inscrire les valeurs de l’Evangile au coeur de ces réalités humaines complexes. Baptisées, vous héritez aussi de ce rôle, surtout si vous êtes des religieuses de vie active. Dans ce dernier cas, on vous dit de plus en plus: vous représentez pour l’Eglise des forces vives considérables; elle compte sur vous pour compléter et soutenir le ministère du prêtre en paroisse, pour remplir une tache éducative, sanitaire et sociale qui correspond si bien à la charité ecclésiale; pour accompagner les chrétiens dans les catéchèses ou les mouvements, pour toute oeuvre missionnaire, etc.... Le champ d’apostolat est immense, et vous y apportez une telle disponibilité, une telle compétence!

2. Et pourtant, mes chères Soeurs, ce n’est pas cela qui vous définit. Votre vie religieuse est d’abord une vie consacrée à Dieu. Et je dirais qu’une manifestation de cette consécration est la gratuité dans l’amour. Vous êtes d’abord dans le monde les témoins privilégiés de cette gratuité de l’amour, et c’est sans doute ce que Dieu désire le plus pour ce monde, avant de considérer votre “utilité” à la société; c’est cela que l’Eglise attend de vous, pour son témoignage, avant d’envisager vos multiples services utiles et efficaces.

Oui, d’abord la vocation que vous avez ressentie et qui a été éprouvée par votre Congrégation est un don gratuit de l’amour de Dieu. Pourquoi vous, plutôt que votre soeur ou votre amie? Marie était choisie gratuitement par Dieu. Et Bernadette l’a été pareillement pour porter son message. Est-ce que vous êtes, comme elles, suffisamment reconnaissantes au Seigneur de ce don inouï?

Et votre réponse d’amour au Seigneur doit être également marquée par la gratuité. Par le don de votre vie au Christ, comme à l’Epoux, vous manifestez que le Seigneur mérite d’être aimé pour lui-même, que le Royaume de Dieu selon Jésus - avec son apparente “folie” - mérite qu’on y consacre sa vie, que les réalités de l’au-delà existent si intensément que vous voulez en vivre l’avant-goût.

Si vous êtes contemplatives, cet aspect est évident: la gratuité de votre vie de prière et de pénitence étonne, séduit ou irrite le monde, mais ne le laisse jamais indifférent, surtout aujourd’hui. Mais si vous menez une vie active les gens doivent pouvoir aussi reconnaître facilement Celui auquel vous consacrez votre vie.

3. La gratuité de l’amour doit encore animer les multiples services ou apostolats que vous accomplissez dans l’Eglise. Vous voulez servir les hommes et les femmes qui vous entourent, et beaucoup de vos Congrégations n’ont pas hésité à aller aux plus pauvres, aux plus marginalisés, aux plus atteints dans leur santé, à ceux que beaucoup d’instances dans la société négligent comme non “rentables”, mais que vous aimez, vous, pour eux-mêmes, témoignant que la vie humaine est toujours aimable et digne de respect, parce que le Christ l’aime. Et il en est de même pour toutes celles qui se dévouent sans compter pour que les âmes d’enfants, de jeunes, d’adultes s’ouvrent librement à la foi.

Dans votre vie communautaire aussi, vous vous appliquez à vivre dans une profonde charité entre soeurs qui ne se sont pas choisies.

4. Vos voeux religieux vous aident précisément à vivre cette gratuité: l’obéissance qui vous rend disponibles à l’autre, la pauvreté qui vous rend désintéressées, la chasteté qui vous libère d’une relation possessive.

Au coeur de votre vie consacrée, il y a l’Eucharistie, reçue chaque jour et adorée dans un oratoire de votre maison ou proche de chez vous. C’est dans ce sacrement que se nourrissent votre prière de contemplation et votre action apostolique ou charitable. Car de même que l’Esprit Saint transforme les oblats à la messe au corps et au sang du Christ, il doit vous transformer pour faire de vous une offrande à sa gloire, une offrande gratuite. Cette gratuité sera votre joie et votre premier témoignage.

Bien sûr, votre activité sera féconde dans l’Eglise. Et même peut-être la plus féconde! Mais vous n’avez pas à rechercher à tout prix cette fécondité, même apostolique: elle viendra par surcroît. Comme dans la vie de la Vierge Marie. Comme dans la vie de Bernadette. A Bernadette, il a suffi d’aimer. Sa vie religieuse a semblé misérable, pour ce qui est de la santé, et inutile, lorsqu’elle était à Nevers. Et pourtant! En fait le témoignage qu’elle a laissé au monde est singulièrement fort, pur, transparent.

Voilà ce que je vous souhaite. En vous bénissant de grand coeur, vous et vos Congrégations représentées. Je bénis aussi vos soeurs malades et celles qui n’ont pas pu venir. Allez dans la paix et la joie du Christ!




AUX JEUNES DANS LA BASILIQUE SAINT-PIE X

Lourdes (France), Lundi 15 août 1983


Chers jeunes de France, d’Europe et même d’autres continents,

1. Je suis heureux de poursuivre avec vous cette belle méditation.

Nous avons laissé pénétrer en nous la conviction du prophète Isaïe: “Dieu est toujours Sauveur”. En nous s’inscrit également la vision de la première communauté chrétienne de Jérusalem, si fraternelle, rassemblée autour de l’Apôtre Pierre, et si proche de Marie, la Mère de Jésus. Ces hommes et ces femmes qui nous ont précédés sont nos pères et mères, mais aussi nos contemporains dans la foi. Nos louanges viennent de donner déjà l’écho de nos coeurs aux merveilles de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Alors nous allons pouvoir reprendre le Magnificat, jailli du coeur très humble et de la foi ardente de Notre-Dame.

Un certain nombre d’entre vous m’ont fait parvenir des questions. Sans les reprendre une à une, je les garderai présentes à l’esprit, tout au long de cette méditation.

2. “Mon âme exalte le Seigneur!” (Cfr. Luc Lc 1,46).

Je tiens d’abord à rendre grâce pour notre communion profonde: les jeunes avec le Pape, et le Pape avec vous!

Béni sois-tu, Seigneur, pour tous ces jeunes, venus faire à Lourdes une expérience de prière, d’amitié fraternelle, de service des malades, une expérience d’Eglise.

Béni sois-tu, Seigneur, pour tout ce que tu nous donnes de vivre à Lourdes, lieu d’espérance pour tant de frères souffrants, lieu de conversion pour qui cherche Dieu sincèrement! Cette espérance et cette conversion sont liées à la présence, parmi nous, de Marie. Et elle-même ne nous visite, mystérieusement, que pour dévoiler une autre présence, bouleversante, celle de Dieu même, en la personne de son Fils tant aimé. Elle nous persuade, comme les premiers disciples, d’aller à Lui en toute confiance.

3. “Bienheureuse Marie, toi qui as cru!” (Cfr. ibid. Lc Lc 1,45).

Marie nous entraîne d’abord à croire.

A croire dans l’amour de Dieu le Père qui nous entoure constamment: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui a aimé le premier.

A croire dans la puissance du Christ manifestée dans la Rédemption. Il est le Dieu sauveur, pressenti par Isaïe. Il est la source de vie, surabondante. Il est la vérité de Dieu et la vérité de nos pauvres existences. Il est le chemin de Dieu et le chemin de l’homme, le seul homme pleinement conforme à sa vocation.

A croire en l’Esprit Saint que Marie a accueilli sans réserve et qui nous est donné à nous aussi.

Nous sommes sûrs de cet amour du Dieu Trinité; c’est en nous ouvrant à lui par la foi que nous serons, avec Marie, bienheureux, et que nous recevrons à notre tour le goût et la force d’aimer.

Déjà par le baptême, la confirmation, le sacrement de la réconciliation, l’eucharistie, et bien d’autres gestes communautaires de l’Eglise, le Christ est venu à nous, sans mérite de notre part, parfois sans que nous l’ayons d’abord reconnu.

Que Marie nous aide donc à accueillir d’un coeur simple l’annonce de l’amour de Dieu. A y croire malgré les doutes que la société et notre propre esprit murmurent à notre coeur! Ne craignons pas! Et si ces difficultés demeurent, nous prierons pour progresser dans la foi, malgré elles ou plutôt grâce à elles, car c’est là que s’éprouve notre confiance, notre fidélité. Notre foi, nous saurons la nourrir par l’étude approfondie de la Parole de Dieu et de la réflexion ininterrompue de l’Eglise, de la Tradition vivante. Et nous chercherons à faire la vérité dans notre vie, pour venir à la lumière.

Puissions-nous avoir la foi limpide et trempée de Bernadette: dès l’aube de ses 15 ans, sûre du message transmis par Marie, elle a eu le courage tenace d’affronter les soupçons du monde adulte pour être fidèle à ce qu’elle avait reçu et en témoigner.

4. “Rien n’est impossible à Dieu!” (Cfr. Luc Lc 1,37).

Nous accueillons cette promesse de l’ange à Marie. Nous avons besoin de l’espérance qui prolonge la foi. Beaucoup aujourd’hui sont déconcertés, inquiets, ou désemparés devant les sollicitations de notre époque: quel avenir? quel travail trouvera-t-on? qui pourrait bien surmonter les vices de la société? Quels efforts pourraient apporter une solution aux grands problèmes mondiaux de la faim, de h guerre, des atteintes aux droits de l’homme? Qu’est-ce que notre bonne volonté pour tant de monde? Et finalement quel est le sens de cette vie? Certains se sentent inutiles dans un monde vieilli, incapables de faire quelque chose dans un monde fermé; ils doutent même de la valeur de leur condition de chrétien.

Nous ne serons certes pas dispensés d’imaginer et de réaliser un investissement coûteux et patient de notre liberté: l’espérance ne le remplace pas. Mais Dieu nous indique ce que nous avons d’abord à lui demander: L’Esprit Saint, son Esprit, qui renouvelle la face de la terre, parce qu’il renouvelle notre esprit, notre coeur. Marie s’est ouverte à l’Esprit Saint. Le Puissant a fait en elle des merveilles. Il fera en nous de grandes choses. Il nous fera suivre le Christ: en s’arrachant aux tentations de la puissance, de la richesse, de l’orgueil, et en s’attachant à l’idéal des béatitudes, n’a-t-il pas inauguré un monde vraiment nouveau? Dans l’espérance, misons sur lui, il ne nous décevra pas.

5. “Marie se rendit en hâte vers la maison de sa cousine Elisabeth!” (Cfr. Luc Lc 1,39-40).

La foi et l’espérance conduisent à l’amour du prochain. Toute existence tire sa valeur de la qualité de l’amour. Dis-moi quel est ton amour, et je te dirai qui tu es.

Marie guide notre regard, notre coeur, nos mains vers les autres, comme dans la maison d’Elisabeth, comme à Cana. Nous ne pouvons nous enfermer dans le cercle étroit de nos intérêts, de nos jugements. Une solidarité fondamentale nous lie à ceux qui nous sont proches, ceux de notre famille, ceux de notre pays, ceux aussi dont on doit se faire le prochain, comme ceux du tiers-monde, car il faut sans cesse nous ouvrir à l’universel. L’amour selon Dieu n’a pas de frontière. Heureux ceux qui font une place à l’enfant qui survient et que certains rejettent. A la personne que la société trouve inutile. A la personne qui souffre dans son corps et dans son esprit. A celle qui a oublié sa dignité humaine.

C’est la même ouverture du coeur qui vous appelle à vous soucier de tout ce qui améliorera le sort des hommes: le respect de la vie et de la dignité humaine, l’avènement d’une plus grande justice, le partage des biens, la fraternité et la paix entre les peuples et les milieux sociaux, l’accueil des étrangers, l’assainissement des moeurs, la promotion d’une culture digne de ce nom, etc.... A vous en soucier, à y travailler, par des engagements concrets, et donc à développer vos talents pour mieux servir l’homme dans toutes ses dimensions, les yeux fixés sur Jésus, seul modèle d’humanité.

A Lourdes, nous apprenons en quoi consiste l’amour de la vie: à la Grotte et dans les hôpitaux; il est dans l’aide apportée aux malades. Là-haut, dans la Chapelle des confessions, il est dans l’écoute de toutes les misères morales, le pardon réconfortant` du Christ. L’amour est inséparable de l’esprit de service, qui donne son prix à la vie; à la vie des jeunes. Cet esprit n’est pas seulement une aide: il est un échange, une communion offerte.

6. Siméon dit à Marie: “Ton enfant doit être un signe en butte à la contradiction”... “et Marie se tenait au pied de la Croix!” (Cfr. Lc 2,34 Jn 19,25).

Le chemin de l’amour selon le Christ est un chemin difficile, exigeant. Il nous faut être réalistes. Ceux qui ne vous parlent que de spontanéité, de facilité, vous trompent. La maîtrise progressive de notre vie, apprendre à être celui que Dieu veut, demande déjà un effort patient, une lutte sur nous-mêmes. Soyez des hommes et des femmes de conscience. N’étouffez pas votre conscience, ne la déformez pas, appelez par leur nom le bien et le mal. Inévitablement vous connaîtrez les contradictions d’une société dont on connaît bien les vices. Sans se départir de la charité, mais avec courage, il nous revient de construire d’abord en nous-mêmes, la forme de la société que nous voulons pour demain. La foi est un risque.

Le Christ a été un signe de contradiction. Il a offert, jusque dans sa mort, son amitié à tous, avec Marie debout au pied de la croix. Bernadette aussi a connu la contradiction et la souffrance. Ce n’est pas pour les autres seulement qu’elle avait transmis le mot de la Vierge: “Pénitence”. Et elle avait été avertie par Marie de la dureté du chemin: “Je ne te promets pas d’être heureuse en ce monde, mais dans l’autre”.

Ne craignons pas: répondre à cette exigence nous unit vraiment au Christ qui offre sa vie, c’est une source de joie intérieure et une condition d’efficacité de l’Eglise dans le monde.

7. “Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle, afin de la sanctifier... Il voulait se la présenter sans tache ni ride, mais sainte et immaculée!” (Cfr. Ep 5,25-27).

Nous aussi, nous aimons l’Eglise. Comme nous la voudrions plus transparente, plus dégagée de toute compromission! Mais nous sommes l’Eglise! Nous ne pouvons pas la critiquer comme si elle nous était extérieure. Si nous aimons ceux qu’elle rassemble, si nous sommes prêts au service, nous pourrons chercher et trouver avec elle des formes de vie nouvelle, un langage vrai. Nous pourrons inventer des lieux où chacun pourra plus aisément répondre à sa vocation. Nous redécouvrirons aussi que la paroisse est le lieu où nous formons un seul Corps, avec nos frères et soeurs de tous les horizons et de toutes les générations. Avec l’Eglise, nous servirons la cause des hommes. Avec elle, dans l’amour et le respect des autres, nous ne craindrons pas non plus de témoigner, de dire et de crier notre foi, car autrement, comment ce monde indifférent pourrait-il la connaître? Nous contribuerons à rendre à l’Eglise, à chacune de ses paroisses, de ses mouvements, de ses séminaires, la jeunesse de l’Esprit!

“Allez, de toutes les nations, faites des disciples”. Ce commandement du Seigneur a été confié à Pierre et aux autres Apôtres.

Et moi, à mon tour, je vous envoie tous en mission, comme baptisés et confirmés. Et chers jeunes, j’ai une chose importante à vous dire: je souhaite qu’un certain nombre d’entre vous répondent “oui” à l’appel du Seigneur, en investissant toutes leurs forces dans son service exclusif. Ce peut être le lieu et l’heure d’y réfléchir devant Marie.

Marie, la mère de l’Eglise, continue à façonner le corps mystique du Christ! Qu’elle nous apprenne à servir l’Eglise!

8. Aux jours de la Pentecôte,

“les disciples se tenaient dans la chambre haute, et persévéraient dans la prière, avec Marie, mère de Jésus!” (Cfr. Ac 1,13-14).

Marie, apprends-nous à prier. Comme Marie, laissons-nous habiter par la fougue de l’Esprit Saint. Beaucoup d’entre nous ont redécouvert la joie de la prière: penser à Dieu en l’aimant, le louer ensemble, écouter sa Parole. La prière n’est pas d’abord pour nous satisfaire. Elle est dépossession de nous-mêmes pour nous mettre à la disposition du Seigneur, le laisser prier en nous. Elle est la respiration de l’Eglise et la met au diapason de Dieu. Elle constitue un service essentiel dans l’Eglise, le service de la louange, et le service qui permet aux hommes de s’ouvrir au Rédempteur. Elle est à la source et à l’aboutissement de notre engagement. Puissions-nous ne jamais séparer l’action et la contemplation. Et que nos prières convergent vers l’eucharistie, où le Christ lui-même saisit notre vie pour l’offrir avec la sienne et lui faire porter ses fruits.

9. Tout ce que nous avons évoqué nous permet d’envisager la vie véritable. Le Christ veut que nous aimions la vie, que nous donnions autour de nous le goût de vivre et d’aimer. Il est venu pour que nous ayons la vie en abondance.

O Mère, bénie entre toutes les Mères, je te confie les jeunes ici présents les jeunes de l’univers entier. Je te supplie pour tous et pour chacun: donne-leur la grâce d’aimer la vie, de faire totale confiance à ton Fils Jésus-Christ, de collaborer concrètement en Eglise à sa mission de vérité, de justice et de paix!

Et maintenant, avec vous tous, rendons grâces à Dieu en reprenant les paroles de Marie.




Discours 1983 - Grotte de Massabielle - Dimanche, 14 août 1983