Discours 1983 - Lourdes (France), Lundi 15 août 1983

AUX MALADES-PÈLERINS

Lourdes (France), Lundi 15 août 1983

Bien chers malades,
membres souffrants du Seigneur Jésus,

1. Est-il-besoin de vous rappeler que Jésus de Nazareth - avant de monter à Jérusalem pour consommer, dans l’abandon quasi total des siens, son mystérieux sacrifice de Rédemption universelle - a accordé durant ses années de prédication itinérante, une priorité aux personnes affligées par la souffrance, qu’elle soit physique ou morale? Et l’histoire du christianisme, souvent de manière éclatante, n’a fait qu’illustrer ce service des malades et des plus pauvres, inauguré par son divin Fondateur. Pour sa part, votre pays de France a vu naître tant de congrégations hospitalières! Comment ne pas mentionner les Filles de la Charité, instituées par Vincent de Paul, né dans les Landes, tout près d’ici? Comment oublier que Bernadette Soubirous entra dans la congrégation des Soeurs de la Charité et de l’Instruction chrétienne de Nevers, fondée au XVIIème siècle pour les petites écoles, la visite des pauvres et des malades et le service des hôpitaux? Et la ville de Lourdes n’est-elle pas le lieu par excellence où les malades sont vraiment chez eux, au même titre que les bien portants, avec les services et organismes pleinement adaptés à eux?

2. La souffrance est toujours une réalité, une réalité aux mille visages. Je pense aux misères provoquées par certains phénomènes géologiques assez imprévisibles, aux détresses morales se multipliant dans une société qui croyait en venir à bout. Je songe à toutes les infirmités et maladies: les unes guérissables à échéance, d’autres, hélas, encore incurables. Si la souffrance est objective, elle est plus encore subjective, unique, en ce sens que chaque personne, affligée ou malade, réagit devant la même souffrance de manière très différente. C’est le mystère de la sensibilité impondérable de chacun. Il arrive même - dans le domaine secret des consciences - que des personnes souffrent d’inquiétudes ou de remords sans réel fondement.

3. Face à toute souffrance, les bien portants ont un premier devoir: celui du respect, parfois même du silence. N’est-ce pas le Cardinal Pierre Veuillot, Archevêque de Paris, si rapidement emporté par une implacable maladie voici une quinzaine d’années, qui demandait à des prêtres qui le visitaient, de parler de la souffrance avec beaucoup de circonspection? Ni juste, ni injuste, la souffrance demeure, malgré des explications partielles, difficile à comprendre et difficile à accepter même pour ceux qui ont la foi. Celle-ci n’ôte pas la douleur. Elle la relie invisiblement à celle du Christ Rédempteur, l’Agneau sans tache, qui s’est comme immergé dans le péché et la misère du monde, pour en être pleinement solidaire, lui donner une autre signification, sanctifier par avance toutes les épreuves et la mort même qui étreindraient la chair et le coeur de ses frères humains. “C’est donc par le Christ et dans le Christ que s’éclaire l’énigme de la douleur et de la mort qui, hors de l’Evangile, nous écrase”. Cette affirmation est tirée de l’admirable constitution sur l’Eglise dans le monde de ce temps (Gaudium et Spes GS 22). Le prophète Isaïe, lu tout à l’heure, avait raison de dire aux gens de son époque: “Prenez courage, ne craignez pas! Voici votre Dieu... Il vient lui-même et va vous sauver” (Is 35,4). Et Jésus a pu dire en vérité: “Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai” (Mt 11,28).

4. Chers malades, je voudrais laisser en vos mémoires et en vos coeurs trois petites lumières qui me semblent précieuses.

Tout d’abord, quelle que soit votre souffrance, physique ou morale, personnelle ou familiale, apostolique, voire ecclésiale, il importe que vous en preniez lucidement conscience sans la minimiser et sans la majorer, et avec tous les remous qu’elle engendre dans votre sensibilité humaine: échec, inutilité de votre vie, etc.

Ensuite, il est indispensable d’avancer sur la voie de l’acceptation. Oui, accepter qu’il en soit ainsi, non par résignation plus ou moins aveugle, mais parce que la foi nous assure que le Seigneur peut et veut tirer le bien du mal. Combien, ici présents, pourraient témoigner que l’épreuve, acceptée dans la foi, a fait renaître en eux la sérénité, l’espérance... Si le Seigneur veut tirer le bien du mal, c’est qu’Il vous invite à être vous-mêmes aussi actifs que vous le pouvez, malgré la maladie, et si vous êtes handicapés, à vous prendre vous-mêmes en charge, avec les forces et talents dont vous disposez, malgré l’infirmité. Ceux qui vous entourent de leur affection et de leur entraide, et aussi les associations dont vous faites partie comme les Fraternités des malades, cherchent justement à vous faire aimer la vie, et à l’épanouir encore en vous, autant qu’il est possible, comme un don de Dieu.

Enfin, le plus beau geste reste à faire: celui de l’oblation. L’offrande, effectuée par amour du Seigneur et de nos frères, permet d’atteindre à un degré, parfois très élevé, de charité théologale, c’est-à-dire de se perdre dans l’amour du Christ et de la très sainte Trinité pour l’humanité. Ces trois étapes vécues par chacun des souffrants, selon son rythme et sa grâce, lui apportent une libération intérieure étonnante. N’est-ce pas l’enseignement paradoxal rapporté par les évangélistes: “... celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera”? (Mt 16,25) N’est-ce pas le mouvement évangélique d’abandon, si profondément expérimenté par Bernadette de Lourdes et Thérère de Lisieux, malades presque toute leur vie? Chers Frères et Soeurs souffrants, repartez fortifiés et rénovés pour votre “mission spéciale”! Vous êtes les précieux coopérateurs du Christ dans l’application, à travers le temps et l’espace, de la Rédemption qu’il a acquise une fois pour toutes et au bénéfice de l’humanité entière par les mystères historiques de son incarnation, de sa passion et de sa résurrection. Et Marie, sa Mère, et votre Mère, sera toujours près de vous!

5. Permettez enfin qu’en votre nom, et au nom de l’Eglise, je remercie et encourage l’Hospitalité de Lourdes, ainsi que les Hospitalités diocésaines de France et d’autres nations ici représentées. Je mesure le travail évangélique et les mérites des laïcs et des prêtres engagés au service des pèlerins souffrants. Certains, je le sais, sacrifient même une partie ou la totalité de leurs congés annuels pour être de tout coeur à votre disposition. Chers aumôniers, religieux et religieuses, médecins et infirmières, brancardiers et autres auxiliaires, rendez grâce pour l’appel entendu un jour à donner votre vie à ceux qui souffrent. Approfondissez sans cesse, dans vos journées diocésaines ou régionales, la spiritualité et la pratique de votre mission d’Eglise. Proposez à de nombreux jeunes de vos rejoindre. Demeurez très unis entre vous, avec les Fraternités catholiques de malades qui existent dans la plupart des diocèses, et, cela va de soi, avec vos évêques.

Je vous assure de ma particulière estime et j’invoque d’abondantes “grâces d’état” sur tous les membres des Hospitalités de Lourdes, de France et du monde!

Et dans quelques instants, c’est le Seigneur lui-même qui va bénir les malades, dans le Saint Sacrement qui rend présent son sacrifice, le don de sa Vie et tout son amour!


AUX CATHOLIQUES DE FRANCE

Lourdes (France), Lundi 15 août 1983




I. Ce n’est pas sans regret, ce n’est pas sans nostalgie, que tout pèlerin doit quitter un tel lieu de grâces; à plus forte raison le Successeur de Pierre, qui a pu s’approcher comme Bernadette de l’endroit où l’Immaculée Conception a montré son visage et dit son nom, qui a pu y déposer les lourdes intentions de sa charge universelle et prier avec tout un peuple de croyants. J’en ai éprouvé une joie inexprimable. Oui, je garderai le souvenir de cette fête de l’Assomption comme de l’une des plus belles de mon existence.

“Quid retribuam Domino”: Que rendrai-je au Seigneur pour m’avoir ainsi comblé! Que rendrai-je à Notre-Dame de Lourdes, qui nous obtient, qui m’a obtenu tant de grâces du Seigneur! A Rome, dans les jardins du Vatican, j’aime à prier devant la reproduction de cette grotte de Massabielle, et chaque année, le 11 février, je célèbre à St Pierre une messe pour les malades de mon diocèse. C’est dire que Lourdes demeure très présent à Rome, et spécialement au coeur du Pape.

II. Mais mes remerciements chaleureux vont à vous tous, pèlerins venus fêter ici l’Assomption, en famille, en groupes ou avec le pèlerinage national, de toute la France et des pays voisins, et à vous tous, “pèlerins de désir”, qui, sans pouvoir venir, vous êtes unis par le coeur et la prière aux cérémonies de ces 14 et 15 août. Vous avez réjoui et réconforté le Successeur de l’Apôtre Pierre, heureux de vous voir célébrer Marie avec lui, heureux de savoir votre attachement à l’Eglise catholique, apostolique et romaine. Notre coeur était ouvert à tous ceux qui partagent la foi au Christ et la vénération pour sa mère, appelés à former l’unique Eglise de Jésus-Christ.

III. Et maintenant, avant de les quitter, je me tourne spécialement vers tous les catholiques de France, pour les encourager encore dans leur foi, dans la qualité morale de leur vie, dans leur unité, dans leur témoignage.

1. Chers Frères et Soeurs, vous avez reçu avec le Baptême la marque du Christ et la capacité de croire.“L’oeuvre de Dieu, c’est de croire en celui qu’il a envoyé” (Jn 2,69). Alimentez votre foi à ses véritables sources, en vous mettant à l’écoute de la Parole de Dieu, sans séparer la Bible, la Tradition et le Magistère de l’Eglise auquel ce dépôt a été confié. Ne laissez pas les certitudes de la foi se dissoudre ou s’éteindre au vent d’idéologies athées ou simplement de remises en question systématiques et inconsidérées. Ne laissez pas l’indifférence religieuse se substituer à la foi au Fils du Dieu vivant, ni le matérialisme pratique étouffer l’aspiration vers Dieu dont vous êtes marqués. Sachez démasquer les tentations insidieuses, qui, comme à l’origine de l’histoire humaine, jettent le soupçon sur Dieu, pour vous faire douter de sa Vérité, de son Amour, ou présenter ses exigences comme un obstacle à votre liberté. Jésus lui-même avait averti Pierre et ses frères: “Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment, mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas” (Lc 22,31-32), Priez, vous aussi, priez davantage, pour ne pas entrer dans cette tentation, et prenez soin, jeunes et adultes, de nourrir votre foi. L’épreuve de la foi est une épreuve normale; elle est l’épreuve de la fidélité à faire confiance au Christ, à le suivre.

2. Et j’ajoute avec Jésus: Prenez la route resserrée et montante qui mène à la vie (Cfr. Mt 7,14). Elle comporte des exigences certaines d’esprit de pauvreté, de fidélité et de chasteté dans l’amour, de justice, de miséricorde, de partage fraternel, de pardon, de paix de participation régulière aux sacrements et à la prière de l’Eglise, d’obéissance aux commandements. “Vous demeurez dans mon amour, dit Jésus, si vous gardez mes commandements” (Jn 15,9).

Lourdes vous redit l’appel à la sainteté et le besoin de conversion. L’année sainte vous invite à ouvrir vos portes au Rédempteur. Ne vous modelez pas sur les moeurs du monde. Et surtout ne vous découragez pas. La vie selon le Christ est possible, parce que l’Esprit Saint nous est donné.

3. Aux catholiques de France, je dis encore: consolidez votre unité autour de vos évêques, ces Pasteurs que l’Esprit Saint a choisis et sanctifiés spécialement pour assurer cette unité et favoriser votre vitalité ecclésiale. Il y a une diversité légitime de sensibilités et de méthodes; mais ce doit être à l’intérieur de la même foi et des orientations tracées par l’Eglise; les efforts doivent converger et la charité doit vous rendre accueillants et confiants les uns aux autres. Depuis le début de l’Eglise, l’unité avec l’Evêque a été le signe des disciples du Christ et la garantie du progrès spirituel.

4. Enfin ne craignez pas de rendre un témoignage, humble mais visible et ardent, à l’Evangile. Ne laissez pas les. nouvelles générations désemparées par l’ignorance religieuse, mais que votre famille, votre entourage, reconnaissent la fermeté de vos convictions en cohérence avec votre vie. Rendez compte de l’espérance qui est en vous.

Catholiques de France, en tant que Pasteur universel mais solidaire de mes chers Frères dans l’épiscopat, vos Evêques; je vous encourage à vous maintenir en mission. Toute nation a son histoire humaine originale. Mais les peuples qui ont reçu un très riche héritage spirituel doivent le préserver comme la prunelle de leurs yeux. Et concrètement, ces nations ne préservent un tel héritage qu’en le vivant intégralement et en le transmettant courageusement. O terre de France! Terre de saint Pothin et de sainte Blandine, de saint Denis et de sainte Geneviève, de saint Bernard et de saint Louis, de saint Yves de Tréguier et de saint Bertrand de Comminges, de sainte Jeanne d’Arc, de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal, de saint Vincent de Paul et de sainte Louise de Marillac, de saint Jean Eudes et de sainte Marguerite Marie, de sainte Marguerite Bourgeoys et de la bienheureuse Marie de l’Incarnation, de saint François Régis et de saint Louis Marie Grignion de Montfort, de sainte Jeanne Delanoue et de la bienheureuse Jeanne Jugan, de saint Jean Baptiste de la Salle et de saint Benoît Labre, des nombreux missionnaires comme saint Isaac Jogues, le bienheureux Théophane Vénard et saint Pierre Chanel, du saint Curé d’Ars, de sainte Thérèse de Lisieux, de Frédéric Ozanam et de Charles de Foucauld, de saint Michel Garricoïts de cette région, de sainte Bernadette, canonisée voilà juste cinquante ans, au cours de la précédente Année de la Rédemption!

Catholiques de France, vous avez hérité d’un patrimoine considérable de foi et de tradition chrétiennes. C’est ce trésor pour lequel les saints de votre pays ont tout sacrifié, afin de “s’en emparer”, comme le demande l’Evangile, et de le partager avec leurs frères, tellement ils étaient persuadés que l’homme intégral est fait d’ouverture à l’Absolu et de brûlante charité!

IV. Et maintenant, j’étends mon salut cordial et mes voeux à ceux qui, sans être catholiques, partagent la foi chrétienne: avec eux nous désirons mieux correspondre à la volonté du Christ et poursuivre activement le chemin vers l’unité. Je suis sûr aussi que la foi dans le Dieu unique peut être un puissant ferment d’harmonie et de collaboration entre chrétiens, israélites et musulmans, pour lutter contre des préjugés et des suspicions qui devraient être dépassés.

Dans ce même esprit de respect et d’amitié, je n’hésite pas à m’adresser à tous les habitants de ce pays qui sont incroyants, ou sont habités par le doute devant la foi. Avec eux, nous avons souvent en commun le dévouement loyal aux mêmes causes humanitaires, le souci de la justice, de la fraternité, de la paix, du respect de la dignité humaine, et de l’entraide aux plus défavorisés. Pour eux, pour leurs familles, je forme aussi des souhaits cordiaux.

Et pour eux, comme pour les croyants eux-mêmes, je désire ajouter ceci. Lorsque, partout dans le monde, l’Eglise s’attache aujourd’hui, avec la ténacité que l’on sait, à agir pour le respect de la liberté religieuse, elle a clairement conscience de prendre la tête d’un combat nécessaire pour l’homme, pour sa liberté la plus intime, pour la défense de toutes les autres libertés fondamentales. Et je sais que cette terre de France est singulièrement attachée à une telle lutte pour la liberté, pour la dignité humaine. L’Eglise est convaincue - et l’exemple des saints que j’évoquais tout à l’heure le montre - que l’étincelle de la foi et de la sainteté ne peut jaillir que d’un coeur libre. Elle est donc, plus que d’autres, attentive au respect que mérite toute démarche loyale.

Il s’agit donc de soustraire l’homme à toute contrainte de la part d’individus, de groupes sociaux ou de quelque pouvoir humain que ce soit, de façon à ce qu’il ne soit jamais empêché d’agir selon sa conscience (Cfr. Dignitatis Humanae DH 2). Mais cela n’empêche pas que les hommes sont pressés, par leur nature même, et tenus par obligation morale - c’est-à-dire à l’intime d’eux-mêmes - à chercher la vérité, la vérité tout entière, celle tout d’abord où la religion ouvre un sens plénier à la vie et propose de régler sa conduite selon les exigences de la vérité découverte (Cfr. ibid. DH 2). La recherche de la liberté et de la vérité se rejoignent en Dieu.

Le souhait sincère que je forme pour tous, c’est qu’ils trouvent, dans le climat de liberté qui est le leur, par le témoignage de leurs frères, cette “lumière venue d’ailleurs”, mystérieuse certes, puisqu’elle demande la foi, mais qui éclaire l’existence humaine et la comble, sans contraindre, mais au contraire en rendant vraiment libres (Cfr. Jn 8,32). Je dis cela simplement parce que, dans ma conscience, dans la conscience de l’Eglise, je sais que c’est vrai, et parce que je suis convaincu que l’humanisme lui-même, que nous cherchons tous, ne sera viable et véritable qu’ouvert à l’Absolu, par la reconnaissance de Celui qui est la source et la fin de tout, Dieu, qui, selon l’Evangile, est aussi l’Amour. Il nous faut préparer pour demain un monde qui soit à la hauteur de l’homme, dans toutes ses dimensions.

Ici, j’ai imploré Marie, la Mère du Rédempteur de l’humanité, pour la destinée humaine et spirituelle de tous vos compatriotes et de la nation française.

Ma Bénédiction Apostolique est un témoignage de cette sollicitude. A tous, sans exception, je la donne de grand coeur, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit!


CÉRÉMONIE DE DÉPART

Aéroport International Tarbes-Lourdes-Pyrénées Lundi 15 août 1983

Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Maire,
Chers Frères dans l’Episcopat,
Mesdames, Messieurs,
Voilà une journée bien remplie!

Je remercie vivement tous ceux qui en ont permis l’heureux déroulement et qui, en ce jour de fête, ont sacrifié un peu de leur repos ou de leurs loisirs familiaux pour accompagner ce premier pèlerinage d’un Pape à Lourdes, de leur présence très appréciée, de leur vigilance ou de leur génie organisateur. Oui, grand merci à tous.

Comme je le disais hier, je suis comblé d’avoir enfin pu ajouter Lourdes à la chaîne des sanctuaires mariaux qu’il m’est donné de visiter à travers le monde pour y prier avec mes frères chrétiens. Il s’agit d’une dévotion fondamentale dans ma vie et je voudrais entraîner l’Eglise dans la prière, dans la prière mariale. La prière est la première tâche et la première annonce du Pape; elle est la première condition de mon service dans l’Eglise et dans le monde. Et il était bon, pour cela, que je m’agenouille moi aussi devant la grotte de Massabielle, et que je me fasse en tout un pèlerin de Lourdes. J’ai pu en même temps avoir une rencontre fructueuse avec les foules venues de toute la France et d’ailleurs, avec les prêtres, les religieuses, les jeunes, les malades, les familles, et aussi les autorités de ce pays. J’en suis très heureux.

J’estime que la France a beaucoup de chance de posséder en cette région un haut lieu pareil! Non pas à vrai dire de le posséder, car il lui a été donné par pure grâce; et elle n’en dispose pas comme d’un trésor passé, ni comme d’un succès touristique, mais comme d’une source mystérieuse qui attire les âmes pour les renouveler, et qu’elle doit offrir aux passants du monde entier. J’ai été ce passant, et je portais avec moi les mercis et les intentions de toute l’Eglise. J’ai formulé les voeux les meilleurs pour l’Eglise en France, comme pour tout le peuple de ce pays et pour ceux qui ont de grandes responsabilités au service de son bien commun.

Je souhaite notamment que la nation française assume au mieux le grand destin qu’elle a hérité de l’histoire, qu’elle poursuive un véritable progrès humain et spirituel et qu’elle contribue dans le concert des nations à inspirer des solutions de sagesse, d’équité et de paix.

La France réserve encore pour moi bien d’autres lieux qui m’attirent, et d’autres occasions de visites et de rassemblements, si Dieu me le permet. De toute façon, à de multiples titres, je demeure proche de tous les fils et Elles de cette nation, par le coeur et par la prière.

Merci encore!

Et que Dieu vous bénisse!






Septembre 1983

AUX MEMBRES DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS

Lundi, 26 septembre 1983




J’ai éprouvé une grande joie à célébrer cette messe, avec vous, Eminence, qui assurez la présidence du Conseil pontifical pour les Laïcs, ainsi qu’avec vous, membres, consulteurs et délégués du “Congresso”.

Par votre disponibilité et vos conseils, vous avez contribué à construire cet organisme pour les laïcs, qui est seulement à la première phase de son existence. Après sept années de travail assidu, votre mandat est sur le point de prendre fin. Il me semble très significatif que, à cette occasion, nous ayons célébré ensemble l’Eucharistie: ainsi vous vivez ce moment particulier dans une rencontre avec le Christ. L’Eucharistie, une fois de plus, nous a fait prendre conscience que le temps et le travail consacrés pour promouvoir l’apostolat des laïcs étaient avant tout donnés au Seigneur lui-même. Aussi est-ce lui qui sera votre récompense.

Cette année, notre rencontre a lieu dans un cadre intime. Ce fait est symbolique, me semble-t-il; il est le signe que les liens qui nous unissent, vous à moi et moi à vous, sont devenus plus étroits. Et si je vous exprime ma reconnaissance, sachez que je le fais en tant que successeur de Pierre mais aussi personnellement, car votre engagement a été pour moi-même source de joie et d’encouragement. Constater que l’union à Dieu des laïcs et les différentes formes de leur apostolat deviennent de plus en plus une force au service de l’Evangile et que souvent, dans l’Esprit du Christ, ils donnent un nouvel élan à l’action de l’Eglise “ad intra” et “ad extra” est vraiment, pour moi, source de très grand réconfort.

C’est pourquoi je vous demande instamment de ne pas considérer ce jour comme le terme de votre engagement apostolique au service des laïcs. Vous devez le regarder comme la fin d’une période de formation pendant laquelle vous avez amassé des trésors à partager avec vos frères. Vos efforts pour sensibiliser les laïcs à leur responsabilité d’annoncer l’Evangile et de sanctifier le monde ne font que commencer. Cette mission est et sera toujours la vôtre. Elle exige que vous lui consacriez, en permanence et durant votre vie entière toutes vos énergies. Voilà donc le souhait et la prière que je formule aujourd’hui: que Dieu vous fortifie et vous bénisse pour que vous puissiez toujours correspondre aux exigences de cette mission


Octobre 1983

AUX REPRÉSENTANTS DES ASSOCIATIONS EUROPÉENNES DE LA BOULANGERIE

Lundi, 8 octobre 1983




Mesdames,
Messieurs,

1. Je suis sensible à cette visite que vous avez tenu à me faire; je vous remercie de vos paroles et de votre hommage très significatif. Vous représentez l’“Union internationale de la Boulangerie et de la Boulangerie-Pâtisserie”, et plus spécialement une quinzaine d’Associations européennes. Et vous venez de clôturer la “Semaine européenne du Pain” qui vous a permis de sensibiliser l’opinion publique de façon originale à votre noble métier et à l’histoire du pain, en particulier avec l’exposition “Pane in piazza”.

Votre profession évoque toujours quelque chose de sympathique et de nécessaire à toutes les familles: le pain, et aussi les multiples formes de la pâtisserie ou confiserie. Nous avons tous besoin de votre pain: c’est, en Europe du moins, et depuis les temps anciens, la nourriture de base. Et le pain est aussi la nourriture fraternelle, le symbole du rassemblement et du partage entre ceux qui “rompent le pain” en famille.

Il assure plus encore la solidarité entre vous. Votre profession suppose un savoir-faire transmis du père au fils, de l’ancien à l’apprenti; elle exige du soin, du goût, de l’énergie, et une collaboration souvent à l’intérieur d’une petite équipe. Vous avez d’ailleurs situé votre initiative dans le cadre de l’Année européenne de l’artisanat, sans nier le fait d’une certaine “industrialisation”. Je souhaite que vous continuiez à considérer votre métier comme une vocation.

2. Je vous encourage évidemment à correspondre toujours mieux aux désirs des consommateurs ou plutôt à leurs besoins, à leur bien-être, dans un esprit de service de votre prochain. Il faut offrir aux gens un pain à leur goût, non seulement agréable, mais nourrissant, digeste, sain, à partir des éléments naturels du blé, d’une farine authentique. Gardez le souci de la qualité du pain, qui vous fait honneur, et donc du bien profond de la santé de vos clients.

Et vous avez droit, vous aussi, à disposer d’un juste revenu, et de conditions de travail vraiment humaines. Mon prédécesseur le Pape Jean XXIII avait insisté devant vous sur le repos dominical. Il y a eu grand progrès-là-dessus, mais une question demeure, celle du travail nocturne. Elle n’est peut-être pas insoluble, grâce à un usage judicieux de nouvelles techniques dans la boulangerie. Votre travail sera sans doute toujours ardu, mais si le rythme peut en être amélioré, qui ne s’en réjouirait? Il y va non seulement de votre repos bienfaisant d’une grand partie de la nuit, mais de votre vie de famille, de votre présence à vos enfants, de la vie équilibrée des apprentis. Je n’ose pas aller plus avant dans cette question pratique qui est à étudier entre vous, dans vos syndicats, en compte aussi de l’ensemble de la société.

3. Vous me permettrez d’ajouter trois réflexions spirituelles qui donneront une dimension encore plus profonde à votre travail.

Un chrétien a des raisons particulières d’accepter la dureté de son labeur. “Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front” dit Dieu dans la Genèse (Gn 3,19). Et vous, vous faites le pain à la sueur de votre front! Mais l’offrande de cette fatigue, comme celle de tous les durs travaux, peut acquérir une grande valeur spirituelle: elle peut se faire en union avec le Christ, l’homme du travail; elle devient source de bénédiction, de Rédemption pour nous, pour nos frères (Cfr. Ioannis Pauli PP. II Laborem Exercens LE 25 LE 26 LE 27).

Par ailleurs, votre profession vous conduit nécessairement à penser au problème de la faim dans le monde, qui est un drame pour des millions et des millions d’hommes manquant du pain nécessaire. Le Christ a eu pitié d’une telle foule. Il a multiplié les pains; il a même fait ramasser les morceaux qui restaient. Il a confié aux hommes la tâche de mettre en commun leurs efforts pour subvenir à ce pain du corps. Il nous faut y contribuer, chacun selon nos responsabilités, y compris dans l’éducation des jeunes. Dimanche prochain, ce sera la Journée mondiale de l’Alimentation qui, j’espère, sensibilisera un peu plus l’opinion publique.

Enfin, le pain n’est plus seulement l’aliment indispensable de notre vie corporelle. Le Christ l’a choisi pour en faire la matière du sacrement de l’Eucharistie qui est le sommet de son amour, rendant présent par là son corps offert pour nous et ressuscité à une vie nouvelle. Ce mystère est grand! Il comble de respect et de joie le croyant. Il honore ceux qui ont mission de préparer le pain que le prêtre consacrera. Le pain, déjà symbole du don de Dieu dans la création, du labeur de l’homme, du partage fraternel, de la paix, de la vie qu’il procure, est promu à un rôle sacré.

Que ces perspectives inspirent ceux qui, parmi vous, partagent notre foi! Et qu’elles vous aident tous à aimer votre métier et à servir vos frères! Que le pain ne manque jamais aux hommes, telle est la volonté de Dieu et de son Christ qui nous a appris à demander ainsi l’essentiel: “Donne-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour”, “Aujourd’hui”, car vous le savez, le pain doit être renouvelé chaque jour. Donne-nous le pain substantiel, dont notre vie a besoin, dont nos âmes ont besoin. Et nous, acceptons d’y travailler. Mais acceptons aussi de le recevoir comme un don du Seigneur. Et que, la Bénédiction de Dieu descende sur chacun d’entre vous, sur vos familles et tous ceux que vous représentez!


AUX «AMIS DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN»

Mardi, 11 octobre 1983



Chers Messieurs,

J’ai plaisir à vous recevoir comme “Amis de l’université de Louvain”, conduits par mon cher Frère dans l’épiscopat, le Cardinal Godfried Danneels. En effet, sans y avoir étudié ni enseigné moi-même, comme vous qui êtes diplômés de cette Alma Mater, j’ai toujours eu beaucoup de sympathie et d’estime pour cette université prestigieuse. Je l’ai visitée à plusieurs reprises lorsque j’allais en Belgique; j’ai rencontré beaucoup de professeurs ou d’anciens élèves, à Rome, au Collège belge, dans votre pays et à travers le monde; j’ai apprécié leur travail et leurs publications marquées en général d’une grande compétence scientifique, dans les divers domaines, et d’un profond souci de fidélité à l’Eglise.

Je souhaite que les deux universités qui ont pris le relais de l’ancienne poursuivent toujours leur mission dans le même esprit. C’est un grand service d’Eglise qui est ainsi accompli, je pense notamment aux Facultés de sciences ecclésiastiques, car dans les mutations actuelles ou les efforts d’adaptation, il importe de discerner l’essentiel, de montrer l’enracinement du message de l’Eglise dans sa Tradition vivante et de faire face aux nouvelles questions avec cette solide formation théologique. L’université de Louvain a rendu et rend aussi un grand service à la société, car la compétence culturelle et technique que vous avez acquise dans les différentes branches du savoir, selon une perspective chrétienne, vous permet aujourd’hui d’exercer vos responsabilités avec d’autant plus de profit humain et moral pour votre entourage.

C’est dans ce sens que vont les voeux fervents que je forme pour vous. Attachés à une université dont vous avez bénéficié et dont vous êtes légitimement fiers, liés par amitié aux autres anciens, vous pourrez continuer à apporter votre contribution aux diverses communautés où Dieu vous a appelés à travailler. Je vous souhaite aussi une fructueuse démarche d’Année sainte, et une participation à la grande oeuvre de la réconciliation. Et je vous bénis de grand coeur, ainsi que vos familles et vos amis.




AUX HABITANTS DU LIBAN

Jeudi, 13 octobre 1983


Béatitudes, vénérables Frères dans l’Episcopat,
chers Prêtres, Religieux, Religieuses et Fidèles du Liban ici présents,

Cette rencontre avec vous tous, ce matin, est pour moi source de grande joie, car elle me donne l’opportunité de saluer à travers vous l’Eglise qui est au Liban, dans sa richesse multiforme de rites et de traditions spirituelles vénérables.

En vous accueillant, je désire adresser à travers vous un salut affectueux à votre chère patrie si douloureusement éprouvée et qui, justement à cause de ses tribulations, m’est particulièrement proche.

Ma pensée se tourne encore vers nos frères des Eglises Orientales, dont les Chefs spirituels m’ont fait récemment visite, Sa Sainteté le Catholicos de Cilicie Karekine Sarkissian et Sa Béatitude le Patriarche grec-orthodoxe d’Antioche Ignace Hazim.

Je désire enfin mentionner vos concitoyens de religion musulmane avec qui vous vivez et travaillez et qui, avec vous, ont enduré les terribles souffrances que la guerre provoque inévitablement.

Mais c’est évidemment d’une manière toute spéciale que je voudrais rappeler, dès le début de cette rencontre, le drame vécu ces dernières semaines par les populations de la montagne du Chouf, victimes de la plus atroce violence. Les moyens de communication sociale nous ont fait partager presque heure par heure l’horreur des massacres dont ont été victimes chrétiens et druzes et, en particulier, l’épreuve de tant de familles chrétiennes qui ont vu détruire et brûler leurs maisons, leurs églises, les couvents et tout ce qu’ils avaient amassé au prix de tant de labeurs.

Le Saint-Siège, dans ces tragiques moments, n’a épargné aucun effort. Comme vous le savez, avec les moyens limités et qui sont conformes à sa nature spécifique, il s’est efforcé sans relâche de contribuer à alléger et à circonscrire ce déchaînement de haine et de cruauté. Je ne cesse moi-même de rappeler à la conscience du monde et des responsables des nations la nécessité d’aider les libanais à mettre un terme à ces luttes fratricides et d’inviter tous les pays épris de liberté à soutenir les légitimes autorités libanaises dans leurs efforts visant à rétablir la normalité, à assurer l’indépendance de leur nation et à se dégager de toutes les interférences étrangères qui pèsent si lourdement sur la vie de ce petit pays. Toutes les initiatives diplomatiques du Saint-Siège et les rencontres de ces derniers jours ont comme unique but de contribuer à faire converger les bonnes volontés et à rappeler le devoir impérieux de la fraternité entre fils du même Dieu.

Leurs Béatitudes les Patriarches et les Evêques ici présents ont voulu, une fois encore, me faire partager les angoisses et les appréhensions de tous les libanais, mais aussi l’indéfectible espérance de ce peuple courageux, trempé dans l’épreuve qui peut toutefois s’écrier avec l’Apôtre Paul: “Je puis tout en Celui qui me rend fort”! (Ph 4,13)

Oui, chers Frères et Fils, ce matin le Pape désire vous laisser un message d’espérance à transmettre à tous vos concitoyens.

Espérance dans la bonne volonté de ceux qui, à travers les instances de la vie internationale, ont à coeur le sort du Liban.

Espérance dans les bonnes intentions des libanais qui, en dépit de tous les obstacles, ont en mains l’avenir de leur pays.

Espérance surtout de ceux qui, à cause de leur foi en Jésus, le Christ de Dieu, croient que la paix est toujours réalisable, qu’il est toujours possible de se regarder en frères et que le dialogue a finalement le dernier mot.

Si le Christ nous a réconciliés avec le Père, s’Il s’est fait notre frère, si l’Eglise est “en quelque sorte le sacrement de... l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain” (Lumen Gentium LG 1), c’est donc surtout à vous, chrétiens du Liban, spécialement en cette Année du Jubilé de la Rédemption, qu’est confiée la tâche de montrer que cette “entente nationale” que tous vos compatriotes appellent de leurs voeux est toujours possible:

- elle est possible pour ceux qui sont capables de changer de coeur, de retourner vers Dieu - de se convertir -, pour apprendre à redire “Notre Père”;

- elle est possible pour tous ceux qui au Liban sont fiers d’une longue expérience de coexistence entre diverses traditions spirituelles et culturelles qui fait l’originalité de ce pays;

- elle est possible pour tous ceux qui acceptent de s’estimer mutuellement et d’être ainsi en mesure de bâtir une patrie au service de l’homme, tant est si vrai, comme je l’écrivais dans l’encyclique Dives in Misericordia, que “l’amour et la miséricorde permettent aux hommes de se rencontrer entre eux dans cette valeur qu’est l’homme même, avec la dignité qui lui est propre” (Ioannis Pauli PP. II Dives in Misericordia DM 14).

Ces convictions doivent, bien sûr, être soutenues par les efforts politiques qui se poursuivent tant au niveau national qu’international. Il faut résoudre sans tarder des problèmes urgents tels que la dramatique situation de la ville assiégée de Deir-el-Kamar et des autres villages, où la population est en quelque sorte l’otage d’éléments armés qui contrôlent la région. Il faut aussi prévoir l’hiver qui approche et donc parer à la situation précaire des réfugiés dépourvus de tout; j’ai la conviction que de nombreuses organisations charitables de par le monde sauront se montrer généreuses. Il faut surtout que les pouvoirs publics emploient toutes leurs énergies à rétablir la confiance entre les citoyens en prenant courageusement les décisions qui s’imposent pour que tous les libanais se regroupent autour de leurs légitimes autorités, soucieuses d’assurer dans la dignité et l’indépendance l’avenir d’une nation où chacun se sentira écouté, partie prenante d’un destin commun, artisan de la reconstruction d’un Liban nouveau.

Je sais qu’en tout cela vous trouverez dans vos évêques des pasteurs attentifs. C’est vers eux justement que je me tourne maintenant pour les encourager dans leur mission si exigeante. Chers Frères dans l’Episcopat, en ces temps difficiles, vos fidèles regardent vers vous et attendent beaucoup de vous. C’est le moment, plus que jamais, de rassembler toutes les énergies de vos communautés, d’oeuvrer ensemble et organiquement pour faire briller au milieu de tant de misères et d’incertitudes la lumière de l’Evangile de Celui qui est “capable de faire bien au-delà, infiniment bien au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir” (Ep 3,20). Dans cette tâche ardue, il convient de le dire, vous avez la chance de pouvoir compter sur les ressources spirituelles de vos fidèles qu’aucune difficulté n’a fait chanceler. Profondément attachés à leur foi chrétienne, ils ont eu la force quand cela était nécessaire de verser leur sang pour le Nom de Jésus-Christ. Vous êtes assurés également des dévouements inlassables de vos prêtres qui ont toujours eu à coeur de demeurer aux côtés de leurs ouailles jusque dans la mort. Vous pouvez vous appuyer enfin sur ce capital de générosité que représentent sur la terre libanaise les membres des familles religieuses masculines et féminines qui, pour tant d’éprouvés et de désespérés, incarnent la providence de Dieu. Oui, Béatitudes et Chers Frères dans l’Episcopat, tous ne demandent qu’à être orientés pour que leurs pas s’affermissent. Tous sont votre trésor: quelle richesse entre vos mains!

En terminant, je désire redire à tous l’assurance de ma sollicitude paternelle. Elle vous est manifestée au long des jours par la présence parmi vous de mon nonce, Monseigneur Luciano Angeloni, que je suis heureux de saluer ici et qui tient le Saint-Siège constamment informé de l’évolution de la situation de votre pays comme des activités de vos communautés ecclésiales.

Puisse l’Esprit-Saint, présent parmi nous, nous envahir pour que chacun soit éclairé à la mesure de ses responsabilités!

Que le Seigneur miséricordieux vous donne la force de regarder en avant, “même s’il faut, comme l’écrivait l’Apôtre Pierre, que vous soyez attristés par toutes sortes d’épreuves; elles vérifieront la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse que l’or” (1P 1,6-7).

Veuille Notre-Dame du Liban redonner aux coeurs endurcis le sens du partage et de la bienveillance!

Que ma paternelle et affectueuse Bénédiction soit pour vous tous ici présents, pour les Evêques, le clergé, les religieux et religieuses et le peuple de Dieu du Liban le gage de l’abondance des consolations et de la protection du Dieu tout puissant!



Discours 1983 - Lourdes (France), Lundi 15 août 1983