Discours 1984 - Centre de réhabilitation «François Charon», Lundi 10 septembre 1984

AUX AMÉRINDIENS ET AUX INUIT

Sanctuaire de S. Anne de Beaupré. Lundi 10 septembre 1984




Frères et Soeurs bien-aimés,

1. Je vous remercie de tout coeur d être venus de toutes vos régions, même les plus lointaines, pour me donner l’occasion de vous rencontrer comme je rencontrerai vos frères et soeurs à Huronia et à Fort Simpson. Vous représentez les premiers habitants de cette immense région de l’Amérique du Nord. Durant des siècles, vous l’avez marquée de votre empreinte, de vos traditions, de votre civilisation. D’autres vagues de populations sont venues d’Europe, avec leur propre culture et la foi chrétienne. Elles ont pris place à côté de vous; ce continent si vaste permettait une cohabitation qui a eu ses heures difficiles mais qui aussi s’est révélée fructueuse. Dieu a donné la terre à tous les hommes. Aujourd’hui vous avez votre place bien marquée en ce pays.

Sans rien perdre de votre identité culturelle, vous avez compris que le message chrétien vous était destiné par Dieu, tout comme aux autres. Aujourd’hui, je viens vous saluer, vous les Autochtones qui nous rapprochez des origines du peuplement au Canada, et je viens célébrer avec vous notre foi en Jésus-Christ. Je me rappelle ce beau jour de la béatification de Kateri Tekakwitha, à Rome, où plusieurs d’entre vous étaient présents. Je n’oublie pas les chaleureuses et pressantes invitations que vous m’avez adressées. Mais je ne pouvais aller visiter chacun de vos villages et territoires: ceux des différentes nations d’Amérindiens, dispersés en de nombreuses régions du Canada, et ceux des Inuit, dont l’horizon familier est celui de neiges et des glaces avoisinant le pôle nord. C’est pourquoi j’ai voulu vous rencontrer ici, à Sainte-Anne de Beaupré, sur ce terrain même où vous dressez vos tentes chaque année. Vous venez ici en pèlerins, pour prier sainte Anne que vous appelez, de façon si attachante, votre grand-maman. Vos ancêtres sont venus souvent prier ici depuis que les Hurons y firent leur premier pèlerinage en 1671 et les Micmacs en 1680. Ils entraient ainsi dans ce grand mouvement populaire qui allait faire de ce lieu l’un des sanctuaires les plus fréquentés en Amérique du Nord.

2. Au nom de tous les pèlerins, en union avec les évêques de ce pays, je veux dire un grand merci aux Rédemptoristes et à leurs collaborateurs. Grâce à eux, ce sanctuaire est toujours bien vivant. Attentifs à la dévotion populaire, ils ont su faire place aux gestes qui expriment librement et avec force la foi, la prière et le besoin de réconciliation. Grâce à eux, sainte Anne, la mère de Marie, est toujours invoquée dans de nombreuses familles canadiennes.

Mais nous devons aussi rendre grâce pour tous ceux qui, par amour pour vous, sont venus proposer à vos ancêtres et à vous-mêmes de devenir des frères en Jésus-Christ, pour vous faire profiter du Don qu’ils avaient eux-mêmes reçu. Je pense aux Jésuites, comme les Pères Vimont et Vieuxpont qui, du Fort Sainte-Anne au Cap Breton, ont porté l’Evangile aux Micmacs, et les ont aidés à donner leur foi à Jésus Sauveur, en vénérant sa mère Marie et la mère de Marie sainte Anne.

Je pense à beaucoup d’autres religieux et religieuses de grand mérite, de l’époque des fondateurs à nos jours. Je tiens à nommer spécialement les Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée. Ils ont pris en charge cette vaste région du Grand Nord canadien. Ils ont consacré leur vie à l’évangélisation et au soutien de très nombreux groupes d’Amérindiens, en partageant leur vie, en devenant les pasteurs, les évêques de ceux qui sont devenus croyants. Et de même, ils ont été les premiers missionnaires catholiques à aller au-devant des Inuit et à demeurer au milieu d’eux pour y témoigner de Jésus-Christ, et y fonder l’Eglise; l’intercession de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne des missions, a contribué à féconder leur apostolat laborieux.

Mais il faut dire aussi que les diverses populations amérindiennes, dès le milieu du XVIIe siècle, puis en leur temps les Inuit, se sont montrés accueillants à l’annonce de Jésus-Christ. Aujourd’hui, ces chrétiens, à part entière dans l’Eglise, même s’ils ne le sont pas tout à fait dans la société, savent participer activement - et souvent en couple - à la catéchèse de leurs frères et de leurs enfants, à l’animation de leur prière; ils sont fidèles à la célébration de l’Eucharistie; souvent ils prennent leurs responsabilités dans les conseils pastoraux. Oui, je regrette de ne pouvoir aller sur place encourager ces valeureux missionnaires et ces valeureux chrétiens qui portent en eux le sang et la culture des premiers habitants de ce pays.

3. Au cours des siècles, chers Amérindiens et Amérindiennes, chers Inuit, vous avez découvert progressivement dans vos cultures des manières propres de vivre votre relation avec Dieu et avec le monde en voulant être fidèles à Jésus et à l’Evangile. Continuez à cultiver ces valeurs morales et spirituelles: le sens aigu de la présence de Dieu, l’amour de votre famille, le respect des personnes âgées, la solidarité avec votre peuple, le partage, l’hospitalité, le respect de la nature, l’importance donnée au silence et à la prière, la foi en la Providence. Gardez précieusement cette sagesse. La laisser s’appauvrir, ce serait appauvrir aussi les gens qui vous entourent. Vivre ces valeurs spirituelles de façon nouvelle requiert de votre part maturité, intériorité, approfondissement du message chrétien, souci de la dignité de la personne humaine, fierté d’être Amérindien et Inuit. Cela exige le courage d’éliminer toute forme d’asservissement capable de compromettre votre avenir.

Votre rencontre de l’Evangile non seulement vous a enrichis, mais elle a enrichi l’Eglise. Nous savons bien que cela ne s’est pas fait sans difficulté, et parfois même sans maladresse. Cependant, vous en faites l’expérience aujourd’hui, l’Evangile ne détruit pas ce qu’il y a de meilleur en vous. Au contraire, il féconde comme de l’intérieur les qualités spirituelles et les dons qui sont propres à vos cultures (Gaudium et Spes GS 58). D’autre part, vos traditions amérindiennes et inuit permettent de nouvelles expressions du message du Salut et nous aident à mieux comprendre à quel point Jésus est Sauveur et son salut catholique, c’est-à-dire universel.

4. Cette reconnaissance de ce que vous avez accompli ne saurait faire oublier les grands défis qui se posent à vos peuples dans le contexte nord-américain actuel. Comme tous les autres citoyens, mais avec plus d’acuité, vous craignez les répercussions des transformations économiques, sociales et culturelles sur vos manières de vivre traditionnelles. Vous vous inquiétez du devenir de votre identité indienne, de votre identité inuit, et du sort de vos enfants et petits-enfants. Toutefois, vous ne rejetez pas les progrès de la science et de la technologie. Vous percevez les défis qu’ils posent, et vous savez déjà en tirer profit.

Avec raison, cependant, vous voulez contrôler votre avenir, préserver vos caractéristiques culturelles, mettre en place un système scolaire qui respecte vos langues propres.

Le Synode des évêques sur “la justice dans le monde” (1971) proclamait que, dans la collaboration mutuelle, chaque peuple devait être le principal artisan de son progrès économique et social, et aussi que chaque peuple devait prendre part à la réalisation du bien commun universel comme membre actif et responsable de la société humaine (Synodi Episcoporum 1971, Propositio n. 8). C’est dans cette optique que vous devez être les artisans de votre avenir, en toute liberté et responsabilité. Que la sagesse des anciens s’allie à l’esprit d’initiative et au courage des plus jeunes pour relever ce défi!

Cette ténacité dans la sauvegarde de votre personnalité est compatible avec un esprit de dialogue et d’accueil bienveillant entre tous ceux qui aujourd’hui, après être venus par vagues successives, sont appelés à former la population très diverse de ce territoire vaste comme un continent et à y apporter une forme de développement.

5. Je sais que les relations entre Autochtones et Blancs sont encore souvent tendues et empreintes de préjugés. De plus, nous devons constater qu’en plusieurs endroits les Autochtones sont parmi les plus pauvres et les plus marginalisés de la société. Ils souffrent des retards apportés à une juste compréhension de leur identité et de leurs aptitudes à participer aux orientations de leur avenir.

Ceux qui gouvernent ce pays ont de plus en plus à coeur de respecter vos cultures et vos droits, et de rectifier les situations pénibles. Cela s’exprime déjà dans certains textes législatifs, susceptibles de progrès, et dans une meilleure reconnaissance de vos propres lieux de décision. Il est à souhaiter que se développent des collaborations efficaces et un dialogue qui repose sur la bonne foi et l’acceptation de l’autre dans sa différence. L’Eglise n’intervient pas directement dans ce domaine civil, mais vous savez la sollicitude qu’elle a pour vous et qu’elle essaie d’inspirer à tous ceux qui veulent vivre de l’esprit chrétien.

6.
7.
The Church is the "Asadjigan" of God for you.

L’Eglise est le “Sheshepetan” de Dieu pour vous.

The Church is the "Shishititagan" of God for you.

L’Eglise est le “Teshititagan” de Dieu pour vous.

The Church is the "Ia-Ien-Taien-Ta-Kwa" of God for you.

L’Eglise est 1’“Apatagat” de Dieu pour vous.

Nous devons maintenant nous quitter. Dans la langue de nos frères et soeurs Inuit, j’aimerais vous assurer que vous êtes mes amis, vous tous qui êtes aimés de Dieu: “Ilannaarivapsi Tamapsi Naglijauvusi Jisusinut”.

Je vous porterai dans mon coeur et dans ma prière. Je vous confierai à Marie et à sainte Anne pour que vous grandissiez dans la foi et que vous soyez, à votre façon, des témoins de Jésus-Christ en ce pays. Et au nom de Jésus-Christ, je vous bénis de tout coeur.



AUX FIDÈLES PRÉSENTS AU SANCTUAIRE DE NOTRE DAME DU CAP

Sanctuaire de Notre-Dame du Cap-de-la-Madeleine, Lundi 10 septembre 1984



Aussi loin que remonte ici l’évangélisation, on trouve la dévotion à la Vierge Marie. Comment annoncer et réaliser l’oeuvre de son Fils sans regarder vers sa Mère, sans admirer sa disponibilité et sa foi, sans implorer son intercession? Ce très ancien sanctuaire de Notre-Dame du Cap-de-la-Madeleine en est le signe, et je suis heureux d’en être à mon tour le pèlerin.

On vient ici de tout le Québec, des autres provinces, de tout le Canada. Ces moments de pèlerinage sont des temps forts de la vie chrétienne, des grands moments de prière communautaire et personnelle, avec une liberté et une simplicité qu’on ne trouve pas toujours chez soi; ce sont des occasions de ressourcement à l’écoute de la Parole de Dieu. On vient déposer aux pieds de Marie ses soucis et ses demandes, avec une confiance qui plaît à Dieu; souvent on redécouvre en même temps sa propre vocation, chrétienne, sacerdotale, ou religieuse. La contemplation de Marie Immaculée amène à désirer la purification, le sacrement de pénitence, le besoin d’un coeur nouveau, animé de l’Esprit Saint. Et je suis sûr que beaucoup repartent d’ici, après avoir prié ensemble avec Marie comme à la Pentecôte, avec un zèle apostolique accru.

Il est donc très important que ces pèlerinages soient bien accueillis, accompagnés; que l’esprit de prière et le meilleur sens ecclésial y soient entretenus. Aussi je félicite et j’encourage les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée qui, depuis 82 ans ont pris en charge ce sanctuaire. J’évoquais ce matin le très beau travail d’évangélisation que vos confrères, chers amis Oblats, ont réalisé et continuent d’accomplir dans tout le Grand Nord canadien et en beaucoup d’autres régions, surtout au service des Amérindiens. Mais en un sens, ce ministère de Notre-Dame du Cap-de-la-Madeleine est aussi missionnaire. Il doit permettre un renouveau du peuple de Dieu. Et il se situe dans la ligne de votre spiritualité mariale que vous avez contribué à affermir et à répandre au Canada.

En ce lieu, je salue aussi les religieux et les religieuses qui viennent s’unir aux pèlerins, les servir et prier avec eux. J’apprécie spécialement aujourd’hui la présence des soeurs contemplatives qui, comme Marie, la soeur de Marthe, se tiennent devant le Seigneur, en adoration, pour s’unir à sa louange du Père, à son offrande rédemptrice, pour témoigner leur amour fervent au Christ qui nous a tant aimés et qui demeure ici dans le Très Saint Sacrement. Chères Soeurs, avec Marie, Mère de Jésus, vous contemplez son Fils: “Ave verum corpus, natum de Maria Virgine!”. Cette prière silencieuse, gratuite, est un témoignage capital pour tous les pèlerins de ce sanctuaire, et elle est d’une mystérieuse fécondité pour l’approfondissement de leur démarche spirituelle.

Frères et Soeurs, que la très Sainte Vierge vous obtienne paix et joie au service du Seigneur! Par son intercession, que Dieu bénisse le ministère que l’Evêque de Rome accomplit en ce lieu! Et qu’Il accueille la prière qui va s’élever maintenant, auprès de cette basilique, dans notre rassemblement eucharistique!



ACTE DE REMISE DU CANADA À MARIE - PRIÈRE DE JEAN-PAUL II

Sanctuaire de Notre-Dame du Cap, Lundi, 10 septembre 1984



1. Je te salue, comblée de grâce, / le Seigneur est avec toi! Je te salue, humble Servante du Seigneur, / bénie entre toutes les femmes! Je te salue, sainte Mère de Dieu, / Vierge glorieuse et bénie! Je te salue, Mère de l’Eglise, / sainte Marie: notre Mère!

2. Vierge du Cap, tu leur montres la source de toute joie et de toute paix; Petits et grands, tu les écoutes et les consoles; tu leur montres la source de toute joie et de toute paix; Jésus, le fruit de ton sein.

3. Je présente à ton amour de Mère les hommes et / les femmes de ce pays. Je te prie pour les enfants et les jeunes: qu’ils avancent dans la vie guidés par la foi et l’espérance, / qu’ils ouvrent leur coeur aux appels du Maître de la moisson. Je te prie pour les couples: qu’ils découvrent la beauté toujours nouvelle / de l’amour généreux et ouvert à la vie. Je te prie pour les familles: qu’elles vivent la joie de l’unité / où chacun donne aux autres le meilleur de soi-même. Je te prie pour les célibataires: qu’ils trouvent le bonheur de servir et celui de se savoir utiles à leurs frères et soeurs. Je te prie pour les personnes consacrées: qu’elles portent témoignage, par leur libre engagement, / de l’appel du Christ à bâtir un monde nouveau.

4. Je te prie pour ceux qui ont la charge du peuple de Dieu: les évêques, les prêtres, les diacres / et tous ceux et celles qui exercent un service ecclésial et un apostolat. Garde-les dans le courage et la joie de l’Evangile.

5. Je te prie pour les malades, ceux qui sont fatigués et découragés. Donne-leur l’apaisement de leur souffrance et la capacité de l’offrir avec le Christ. Rends-nous attentifs à leurs peines et à leurs besoins.

6. Je te prie pour ceux et celles que la société met de côté et rejette. Rends-nous fraternels avec tous et aide-nous à voir en eux les pauvres en qui ton Fils se reconnaît.

7. Guide les responsables politiques dans les voies de la justice pour tous. Aide la communauté humaine à progresser en solidarité.

8. Je te prie pour ceux et celles qui s’éloignent de Dieu. / Ramèneles vers l’amour et la lumière du Seigneur.

9. Dans plus d’un pays, les gens se font la guerre. / Soutiens les victimes meurtries, / et convertis ceux qui sèment le malheur.

10. Tant de nos frères et soeurs humains souffrent de la faim. Rends-nous capables de partager davantage et gratuitement.

11.

12.

13. Je te présente mes frères et mes soeurs de ce pays. / Accueille-les dans ta bonté secourable et ta tendresse maternelle / car ils sont aimés de ton Fils Jésus. / Il te les a confiés au moment de livrer sa vie pour la multitude. Amen!



AUX FIDÈLES PRÉSENTS DANS LA CATHÉDRALE DE MONTRÉAL

Cathédrale Marie-Reine-du-Monde à Montréal, Lundi 10 septembre 1984




Chers Frères et Soeurs,

je suis très touché de commencer mon pèlerinage à Montréal dans cette basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde. J’y retrouve en effet, dans le plan, une grande similitude avec la basilique Saint-Pierre de Rome; Monseigneur Ignace Bourget, le second évêque de Montréal, à la fin du siècle dernier, a voulu symboliser par cette construction l’étroite union de l’Eglise au Canada avec le Saint-Siège. Et il est significatif qu’elle ait été dédiée à Marie, sous le vocable de Reine du monde.

Comme chaque cathédrale, elle est le centre et le symbole de tout l’archidiocèse. Je salue avec grande joie son archevêque, Monseigneur Paul Grégoire: je le remercie vivement de son accueil et de ses paroles qui témoignent de la proximité pastorale de son peuple chrétien. Je salue son prédécesseur, mon vénérable Frère, le Cardinal Paul-Emile Léger, dont chacun connaît le témoignage de charité qu’il est allé porter en Afrique. Je salue les évêques auxiliaires de Monseigneur Grégoire, et tous les autres évêques de la province ecclésiastique de Montréal et de la région. Je suis également heureux de voir ici le Chapitre cathédral, les représentants du presbyterium, des religieux, des religieuses et du laïcat chrétien. Mes salutations respectueuses vont aussi à Monsieur le Maire de Montréal et à toutes les Autorités civiles qui ont contribué à l’organisation de mon séjour, avec le sens de l’accueil et l’efficacité qui font justement leur renom.

Après Québec, il était naturel que je vienne dans cette grande métropole, si remarquable par son étendue, par la densité et le dynamisme de sa population de culture française, caractéristique du Québec, où les groupes anglophones ont leur place propre et où plus de 25 ethnies étrangères ont acquis droit de cité. Sa situation, l’esprit d’entreprise de ses habitants et de ses responsables lui ont procuré un développement hors pair, un rayonnement international mérité; et, au cours des dernières décennies, de grandes manifestations culturelles ont attiré sur cette ville l’attention du monde entier.

En face d’un tel développement, il est d’autant plus émouvant de se rappeler l’origine, à la fois modeste et merveilleuse: le village Hochelaga; la colline baptisée Mont-Réal au temps de Jacques Cartier; l’initiative des pionniers qui sont venus fonder Ville-Marie, dans l’île de Montréal, avec Paul de Chomédy, le Sieur de Maisonneuve, Jeanne Mance; l’apostolat de Marguerite Bourgeoys, considérée comme la “Mère de la colonie”, et combien d’autres chrétiens et chrétiennes convaincus qui ont donné son âme à la cité!

La cité s’est étendue, s’est transformée, s’est modernisée. Mais Dieu y a toujours sa place, comme cette cathédrale en est le signe au coeur de la ville. Oui, cette terre est sainte, car Dieu l’habite, et son mystère demeure comme une lumière, comme un appel, comme une force, au coeur de chaque personne humaine, qui s’ouvre à la volonté de Dieu, comme Soeur Marie-Léonie que nous proclamerons bienheureuse demain. Et le reflet de la présence du Seigneur peut se reconnaître au coeur de chaque entreprise qui veut rendre la cité plus conforme à la dignité humaine. Dieu s’est fait homme en Jésus Christ, pour que chaque homme laisse pénétrer en lui la lumière et l’amour de Dieu.

Cette grâce, nous la demandons par Marie, en cette cathédrale qui l’honore. Elle nous a donné le Christ et elle continue à nous ouvrir son chemin. Si elle règne avec Lui dans le ciel, ayant part à sa résurrection, c’est pour servir encore l’humanité en quête de bonheur, en quête de liberté véritable, en quête d’authentique progrès, en quête d’amour, en quête de vérité, en quête de sainteté.

Salve, Regina!

Salut, ô notre Reine!




PRIÈRE DU PAPE JEAN-PAUL II DEVANT LA TOMBE DE FRÈRE ANDRÉ BESSETTE

Oratoire de Saint Joseph (Montréal). Mardi 11 septembre 1984




Chers Religieux de Sainte-Croix,

Je vous remercie de votre accueil chaleureux. J’aurais aimé m’entretenir plus longuement avec vous, non seulement du bienheureux Frère André, mais de l’apostolat des Pères et des Frères de Sainte-Croix, au Canada et en tant de pays où vous assurez l’éducation chrétienne des enfants, des jeunes, des étudiants, où vous répondez à d’autres besoins spirituels, dans le domaine de l’action catholique ou des éditions. Pour ces services humains, pour ce témoignage d’Eglise, je forme des voeux fervents en faveur de toute votre Congrégation. Dès le départ, vos fondateurs s’étaient mis sous la protection de la Sainte Famille, et spécialement de saint Joseph. Et c’est l’un des plus humbles d’entre vous, le portier du Collège, André Bessette, qui a porté au plus haut degré cette confiance en l’intercession de saint Joseph. “Pauper servus et humilis”, le Frère André est maintenant élevé au rang des bienheureux. En ce haut-lieu de Montréal, dans cet Oratoire grandiose, qui est né de sa dévotion ardente, plutôt que de faire un discours, je vous invite à vous unir à ma prière à saint Joseph et au bienheureux André.

Saint Joseph, avec toi, pour toi, / nous bénissons le Seigneur.

Il t’a choisi entre tous les hommes / pour être le chaste époux de Marie, / celui qui se tient au seuil du mystère de sa maternité divine, / et qui, après elle, / l’accueille dans la foi comme l’oeuvre du Saint-Esprit.

Tu as donné à Jésus une paternité légale / en lien avec la lignée de David.

Tu as constamment veillé sur la Mère et l’Enfant / avec une sollicitude affectueuse, / pour assurer leur vie / et leur permettre d’accomplir leur destinée.

Le Sauveur Jésus a daigné se soumettre à toi, / comme à un père, durant son enfance et son adolescence, / et recevoir de toi l’apprentissage de la vie humaine, / pendant que tu partageais sa vie / dans l’adoration de son mystère.

Tu demeures auprès de Lui.

Protège spécialement ce peuple canadien / qui s’est placé sous ton patronage.

Aide-le à s’approcher à son tour du mystère du Christ / dans les dispositions de foi, de soumission et d’amour / qui ont été les tiennes.

Regarde les besoins spirituels et matériels / de tous ceux qui recourent à ton intercession, / en particulier des familles / et des pauvres de toutes pauvretés: / par toi, ils sont sûrs de rejoindre le regard maternel de Marie / et la main de Jésus qui les secourt.

Et toi, bienheureux Frère André Bessette, / portier du collège et gardien de cet Oratoire, / ouvre à l’espérance / tous ceux qui continuent à solliciter ton aide.

Apprends-leur la confiance dans la vertu de la prière, / et, avec elle, le chemin de la conversion et des sacrements.

Que par toi et par saint Joseph, / Dieu continue à répandre ses bienfaits / sur la Congrégation de Sainte-Croix, / sur tous ceux qui fréquentent cet Oratoire, / sur la cité de Montréal, / sur le peuple de Québec, / sur tout le peuple canadien, / et sur l’Eglise entière.



AUX PRÊTRES ET AUX SÉMINARISTES

Basilique du Oratoire de Saint Joseph (Montréal), Mardi 11 septembre 1984




Chers Frères dans le sacerdoce,

1. C’est une grande joie pour moi de vous rencontrer ici, prêtres du Québec et prêtres francophones de plusieurs autres régions du Canada. L’entretien avec mes frères dans le sacerdoce constitue toujours un moment capital de mes voyages. Je le fais en union avec vos évêques, dont vous êtes les premiers collaborateurs: ils vous ont transmis les pouvoirs du Christ et ils sont, chacun dans leur diocèse, les pères du presbyterium. Chaque année, pour le Jeudi saint, j’adresse moi-même une lettre à tous les prêtres de l’Eglise catholique, pour les affermir dans leur vocation sublime et leur mission indispensable au peuple de Dieu.

Une mission exigeante certes, mais qui est d’abord un don, pour lequel nous devrions sans cesse rendre grâce à Dieu. Malgré notre indignité, le Christ nous a appelés à communiquer sa Bonne Nouvelle, à communiquer sa Vie! Et malgré les difficultés de cette charge, je vous invite d’emblée à l’accomplir dans l’espérance.Ce que saint Paul disait aux chrétiens de Rome vaut plus encore pour vous, qui êtes associés au ministère apostolique: “Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint” (Rm 15,13).

Vous avez bien entendu: “Dans votre acte de foi”! Tout dépend de la foi qui anime vos vies de prêtres.

2. Vos évêques, et particulièrement ceux du Québec, lorsqu’ils sont venus en visite “ad Limina” - sans compter tous les rapports ou les lettres que j’ai reçus avant ce voyage - m’ont familiarisé avec la situation sociale et religieuse qui est la vôtre, depuis une vingtaine d’années, et qui continue à évoluer. Vous êtes relativement nombreux à exercer le ministère sacerdotal, malgré la diminution récent du nombre des ordinations, et, comme vos devanciers qui ont si fortement marqué la vie ecclésiale au Canada, vous travaillez fidèlement avec vos évêques. A présent, vous cherchez, selon les orientations du Concile Vatican II, les moyens de faire face à la “crise” de votre chrétienté.

Car vous observez une mutation profonde qui ouvre la voie à une nouvelle culture, à une nouvelle société, mais qui comporte aussi bien des interrogations sur le sens de la vie, et une crise des valeurs: valeurs de foi, de prière, de pratique religieuse, valeurs morales, au plan de la famille, ou encore façon plus matérialiste, plus égoïste de vivre. L’Eglise n’est plus seule à inspirer les réponses ou les comportements; parfois elle se sent en marge, certains vont jusqu’à dire “en exil”.

Devant cette situation nouvelle, la plupart des pasteurs canadiens semblent ne pas se décourager. Ils veulent voir là une épreuve, c’est-à-dire une occasion de dépouillement, de purification, de reconstruction nouvelle, dans l’humilité et l’espérance.

3. Le successeur de Pierre vous dit lui aussi: il vous appartient de relever ce défi, de ne pas vous laisser paralyser, de retrouver votre liberté et le dynamisme de la foi.

En aucune façon, le réalisme et l’humilité spirituelle ne doivent se traduire par une démission. Vous ne pouvez pas vous résigner à ce que le christianisme soit relégué, même pour un temps, en dehors des convictions ou des moeurs de vos compatriotes. Certes la nouveauté de la situation culturelle présente, en un sens, des aspects positifs, si l’on veut dire par là que la foi peut s’exprimer aujourd’hui plus librement, qu’elle dépend moins de la pression sociale et davantage des convictions personnelles de chacun, qu’elle surmonte plus facilement le formalisme ou l’hypocrisie, qu’elle prend mieux en compte les nouvelles questions scientifiques, les possibilités de progrès technique ou de communication sociale, qu’elle favorise une participation plus active, plus responsable, dans des communautés plus souples, qu’elle sait mieux entrer en dialogue avec les autres en respectant leur conscience, ou la compétence des responsables de la société civile.

Mais, lorsqu’il s’agit de l’essentiel - le sens du Dieu vivant, l’accueil de l’Evangile de Jésus Christ, le salut par la foi, les gestes primordiaux de pratique religieuse qui expriment et nourrissent cette foi, comme les sacrements de l’eucharistie et de la réconciliation, le sens de l’amour humain dans le mariage, la théologie du corps, le respect de la vie, le partage avec les déshérités, et en général les béatitudes - le chrétien, et moins encore le prêtre, ne peut accepter de se taire, de se résigner à l’effacement, sous prétexte que la place est livrée au pluralisme des courants d’idées, dont plusieurs sont imprégnés de scientisme, de matérialisme, voire d’athéisme. L’Evangile parle bien du grain de blé qui accepte de mourir pour fructifier dans une nouvelle vie (Jn 12,24-25), mais cette mort n’est pas celle de la crainte et de la démission, elle est celle d’une vie totalement offerte en témoignage au sein même de la persécution.

Autrement dit, il faut travailler plus que jamais à ce que le christianisme ait droit de cité dans votre pays, qu’il soit accueilli librement dans les mentalités, que son témoignage y soit offert à tous les échelons de façon persuasive, pour que la culture qui s’élabore se sente pour le moins interpellée par les valeurs chrétiennes et en tienne compte. Le Christ s’est incarné, a offert sa vie et est ressuscité pour que sa lumière brille aux yeux des hommes, pour que son levain soulève toute la pâte: il faut que, mêlé à la pâte, il renouvelle sans cesse, à condition de garder sa qualité de levain.

4. Chers amis prêtres, le défi de la sécularisation appelle un surcroît de foi chez les chrétiens, et d’abord chez les prêtres. A ce monde-là, le nôtre, le Christ offre le salut, la vérité, une authentique libération; l’Esprit Saint poursuit son oeuvre de sanctification; la Bonne Nouvelle garde sa force; la conversion est possible, elle est nécessaire. Oui, comme je le disais récemment à vos confrères suisses, dans un contexte autre mais qui a des points communs avec le vôtre comme société d’abondance, plus le monde se déchristianise, plus il est atteint par l’incertitude ou l’indifférence, plus il a besoin de voir dans la personne des prêtres cette foi radicale qui est comme un phare dans la nuit ou le roc sur lequel il s’appuie (Ioannis Pauli PP. II, Allocutio ad Presbyteros in urbe «Einsiedeln» habita, 7, die 15 iun. 1984: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, VII, 1 (1984) 1973 s.).

Cette foi, je sais bien qu’elle vous habite. Mais elle doit entraîner un zèle pastoral nouveau, dans tous les domaines, comme elle animait les prêtres fondateurs et ceux qui, avec beaucoup de religieuses et de laïcs convaincus, ont travaillé à ce que le Canada français s’inspire des convictions chrétiennes, catholiques. Oui, il faut parler de la lucidité et du courage surnaturels de la foi qui permettent de résister aux vents contraires à l’Evangile, aux courants destructeurs de ce qu’il a de grand dans l’homme. Il faut l’audace d’entreprendre à frais nouveaux une formation des consciences.

Avec zèle, confiants dans l’Esprit Saint pour un sain discernement, encouragez ceux qui ont su renouveler leur foi et leur prière et qui font preuve d’une ardeur généreuse pour prendre des initiatives apostoliques dans l’Eglise et dans la société. Vous aurez à coeur également de ne pas laisser le peuple chrétien dans le vide spirituel, ou une ignorance religieuse fatale. Si vous percevez chez lui un certain désarroi devant les nouveautés, rappelez-vous que ce peuple a besoin, plus que jamais dans les temps de mutation, de “signes visibles de l’Eglise, d’appuis, de moyens, de points de repère”, et de soutien communautaire, comme je le disais à vos évêques. Quand il voit des fidèles désemparés, le pasteur humble doit toujours se soucier de les accueillir, de les écouter, de les comprendre: il acceptera parfois une réaction saine devant des pratiques effectivement contestables en liturgie, catéchèse ou éducation; en tout cas il s’efforcera de les conduire vers une attitude positive et un approfondissement.

5. Vous mettez un grand espoir dans la coresponsabilité des laïcs et des prêtres, pas seulement pour suppléer un clergé moins nombreux, mais parce que c’est le rôle des laïcs baptisés et confirmés de coopérer comme des membres vivants, à part entière, au progrès de l’Eglise et à sa sanctificatio (Lumen Gentium LG 33), à son témoignage, et notamment à son témoignage au sein des réalités temporelles. Car si l’Eglise doit jouer un rôle social, c’est bien par les laïcs, unis à leurs pasteurs et inspirés par le Magistère. Avec vos évêques, je vous encourage dans cette voie où vous vous êtes beaucoup engagés depuis le Concile. Les champs d’action sont multiples. En plus des diverses formes d’apostolat, il peut s’agir de charismes exercés pour les autres, de tâches ecclésiales, voire de ministères institués, ces derniers supposant que le laïc se consacre avec stabilité à un service important de l’Eglise.

Mais ce matin, je ne m’attarde pas au rôle des laïcs: je le ferai avec ceux que je rencontrerai, notamment à Halifax. Etant donné le peu de temps dont nous disposons, j’aborde votre rôle spécifique, car rien ne peut se substituer au ministère ordonné.

6. “La fonction des prêtres, dit le Concile Vatican II, en tant qu’elle unit à l’ordre épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Eglise”(Presbyterorum Ordinis PO 2). Vous êtes choisis dans la communauté chrétienne, et pour être à son service. Etre prêtre, c’est une grâce pour toute la communauté. Mais votre fonction ne vient pas de la communauté, ce n’est pas elle qui vous délègue. Etre prêtre, c’est participer à l’acte même par lequel le Christ ressuscité édifie son Eglise qui est son Corps. Le Christ, le bon Pasteur, agit toujours dans son Eglise. Par votre ministère, vous représentez de façon réelle et efficace le bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis; vous agissez au nom du Christ-Tête qui construit son Eglise.

La grâce de l’ordination, qui vous a configurés au Christ Prêtre et bon Pasteur, vous permet d’exercer le ministère de la Parole, celui des sacrements et celui de l’animation de la communauté, en manifestant l’initiative et la prévenance du Christ à l’égard de l’Eglise. Votre ministère rappelle toujours à la communauté que la Parole vient de Dieu, que les sacrements sont des actes du Christ ressuscité, que l’Eglise est rassemblée par et dans l’Esprit. Oui, votre ministère est irremplaçable comme signe et moyen de rassemblement des croyants dans le Corps du Christ. Que Dieu augmente votre foi pour accomplir le ministère qu’il vous confie!

Par ce ministère, vous êtes les responsables et les animateurs des communautés chrétiennes, en recevant de votre évêque votre mission. C’est ce qui fonde votre obéissance responsable envers lui, votre coopération avisée et confiante avec lui. Vous ne pouvez pas construire l’Eglise de Dieu en dehors de lui. Réciproquement, c’est avec vous et grâce à vous que votre évêque exerce sa fonction de pasteur d’une Eglise particulière, toujours en communion avec le successeur de Pierre.

7. Parmi tous les actes du ministère qui se rattachent à la triple fonction sacerdotale, j’en souligne quelques-uns, en pensant aux besoins spirituels de vos compatriotes aujourd’hui.

Un certain nombre de jeunes ont redécouvert la prière. Mais beaucoup d’autres ne savent plus ou n’osent plus prier. Or ce monde sécularisé ne s’ouvrira à la foi et à la conversion que s’il prie en même temps qu’il entend l’Evangile. “Cette espèce de démons, on ne la fait sortir que par la prière et le jeûne” (Mc 9,29 et Mt 17,21). Ce monde a besoin de maîtres à prier, et il se tourne spontanément vers le prêtre qu’il voit prier au nom de l’Eglise. Mais on n’apprend à prier aux autres que si la prière est l’âme de notre propre vie, si elle accompagne tous nos efforts pastoraux.

La célébration quotidienne de l’eucharistie, avec la dignité qui convient et la conscience d’entrer dans l’acte rédempteur du Christ, demeure évidemment au centre et au sommet de vos vies sacerdotales.

Si le peuple chrétien s’abstient de venir demander le pardon de ses péchés, dans une démarche personnelle, éventuellement préparée en commun, cela doit nous interroger: quelle importance donnons-nous à ce ministère? Quelle disponibilité montrons-nous? Eduquons-nous suffisamment au sens du péché et de la miséricorde de Dieu?

Le développement des connaissances profanes contraste avec une ignorance religieuse croissante. Comment y faisons-nous face dans la catéchèse dont tout jeune doit pouvoir bénéficier, et quels moyens de formation prévoyons-nous pour les adultes, en plus d’homélies substantielles et de préparations approfondies aux sacrements? La présentation opportune de la foi demande d’autant plus d’efforts qu’elle doit, dans un langage qui touche l’esprit et le coeur, être fidèle à l’ensemble du credo.

Vous avez reçu la charge, chers amis, de guider les consciences et donc de répondre avec clarté et courage aux multiples questions que les événements et les découvertes modernes font surgir.

Tous les secteurs de la vie ont besoin de cet éclairage et d’une réflexion appropriée. Je pense, entre autres, à tout ce qui pourrait aider les familles, les jeunes, les fiancés, les foyers, à mieux percevoir le plan de Dieu sur l’amour, sur le sens de l’union conjugale, sur la paternité responsable, sur la fidélité, dans une optique non seulement morale, mais théologale et spirituelle.

Je sais que vous avez à coeur d’éduquer à l’esprit des béatitudes, au respect de l’homme, à la justice, au partage, à la dignité du pauvre, de la personne handicapée, du vieillard solitaire, à la solidarité avec les multitudes affamées. Et il vous faut le faire dans une société où l’on rencontre à la fois les excès de la consommation ou l’insécurité du chômage.

La coexistence quotidienne avec nos frères séparés vous a aidés à développer les rapports oecuméniques, ceux-ci demandent toujours approfondissement théologique et cohérence avec les directives du Secrétariat pour l’Unité.

Comment ne pas souhaiter aussi de voir cultiver l’esprit missionnaire qui a été si florissant et si généreux au Canada dans le cours même de ce siècle?

Je souligne enfin deux points dont l’urgence ne vous échappe pas: éveiller les vocations sacerdotales et religieuses, par le rayonnement de votre propre zèle et de votre joie d’être prêtres, mais aussi par une invitation pressante à suivre le Christ qui, lui, appelle toujours.

Et en général, cette jeunesse, que je dois rencontrer ce soir et qui montre tant de bonne volonté à côté de ses misères, a grand besoin de trouver chez vous une attention confiante et l’exemple entraînant de disciples du Christ heureux de marcher à sa suite.

8. en anglais...

9. en anglais...

Tous ici, dans cet Oratoire, où tant de grâces ont été obtenues, nous demandons l’intercession de saint Joseph. Il a eu aux côtés de Jésus et de Marie un rôle humble, un rôle de serviteur, vivant continuellement dans l’intimité avec le Fils de Dieu. Nous sommes avant tout des serviteurs du Fils de Dieu.

Nous demandons l’intercession de Marie, associée de façon incomparable à l’oeuvre de son Fils.

Soyez des hommes de foi et d’espérance! Et moi, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je vous donne de tout coeur la Bénédiction Apostolique.




Discours 1984 - Centre de réhabilitation «François Charon», Lundi 10 septembre 1984