Discours 1985 - Yaoundé (Cameroun), Mardi 13 août 1985

CÉRÉMONIE DE DÉPART

Aéroport de Yaoundé (Cameroun), Mercredi, 14 août 1985


1. Au moment où je quitte le Cameroun pour visiter d’autres pays africains, j’exprime mes vifs remerciements et ma satisfaction à tous les Camerounais.

A vous-même, Monsieur le Président de la République: vous m’avez si bien accueilli dans ce pays confié à votre haute responsabilité! Vous avez disposé les choses pour que je puisse rencontrer largement vos compatriotes en quatre chefs-lieux du pays, dans un climat de sérénité. Avec Votre Excellence, je remercie toutes les Autorités nationales et locales qui ont veillé sur le bon déroulement de ce voyage et qui, bien souvent, ont tenu à honorer de leur présence nos rassemblements. Je voudrais nommer tous ceux qui ont pris part aux travaux et aux services que requéraient mes déplacements, la sécurité, le service d’ordre, l’aménagement des lieux, la diffusion de l’événement par les communications sociales. Je remercie tous ceux dont le sentiment religieux ou l’idéal humanitaire ne s’exprime pas dans la foi catholique mais qui sont venus au-devant de moi avec bienveillance, pressentant sans doute que nous sommes tous à la recherche du bien de l’homme selon le plan de Dieu. Je leur redis mes sentiments fraternels.

2. Je suis venu en visite pastorale spécialement pour les frères et soeurs de ce pays qui partagent ma foi et qui forment l’Eglise catholique au Cameroun. J’ai su qu’ils s’étaient soigneusement préparés à cette visite, dans chaque diocèse, dans les paroisses, les mouvements. C’est sans doute ce qui a contribué le plus à faire de nos rencontres des moments d’intense communion dans la prière, dans la fraternité, dans la joie. Vous avez semblé heureux de pouvoir rencontrer chez vous le successeur de l’Apôtre Pierre, parce que vous vous sentiez ainsi plus proches du Christ Jésus, le Chef invisible de l’Eglise, et de tous les chrétiens qui forment un même Corps avec Lui. Moi, en tout cas, j’ai été témoin, avec une grande satisfaction de tout le travail missionnaire accompli ici, de tout l’engagement actuel de votre Eglise.

3. Regardons maintenant l’avenir. Comme je l’ai dit à vos évêques, hier soir, je vous invite à étendre l’évangélisation si bien commencée, afin que le message de Jésus parvienne à la connaissance de tous vos compatriotes. Je vous exhorte aussi à approfondir l’évangélisation dont vous avez vous-mêmes bénéficié, afin que s’opère une symbiose plus grande encore entre votre foi et votre âme africaine, vos coutumes africaines, toutes les valeurs naturelles que vous portez en vous et que le Christ vient transfigurer par sa présence. Enfin, je vous encourage à faire face aux nouveaux problèmes pastoraux que posent à votre pays les changements de la vie moderne, urbaine, et l’accès de tant de jeunes aux études.

Dans quelques années, vous allez célébrer le centenaire de l’évangélisation au Cameroun. Puisse ce jubilé être un nouveau motif de fierté et d’action de grâce, et le point de départ d’un nouvel élan missionnaire, dont il faudra que vous-mêmes vous fassiez profiter un jour d’autres pays!

4. All of this is possible because God has given you the Holy Spirit who lives in you to assist you always with his light and his strength. In order to correspond to this gift, accept ever more the word of God. Do not stop praying. With your priests, take on your responsibilities as Religious, as catechists, as lay men and women within your communities, so that they may be lively and hospitable communities which radiate the charity of Christ. And gather together, like a family, around your Bishops, whom God sends to you to be your leaders and guides. With them you remain united with the Bishop of Rome and with the universal Church.

5. Que Dieu vous garde tous dans sa joie et sa paix! J’ai une pensée affectueuse et une bénédiction particulière pour ceux qui, dans vos familles et vos communautés, sont malades, dans l’épreuve, et qui n’ont pu se joindre à nos rassemblements.

Que le Très Haut permette au Cameroun de réaliser une heureuse croissance! Qu’il assiste ses dirigeants! Qu’il inspire chaque Camerounais dans sa propre conscience afin que ce soit toujours le bien qui l’emporte dans son action, et qu’ainsi la justice, la paix, la fraternité imprègnent la vie sociale du pays et que Dieu y soit honoré comme il convient!

Je continue à prier à toutes vos intentions.

A tous, de grand coeur, merci.



CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Aéroport International de Bangui-M'Poko (République Centrafricaine), Mercredi, 14 août 1985

1. Je suis très heureux de pouvoir vous visiter, cher peuple de la République Centrafricaine, pour vous saluer, pour recevoir le témoignage de l’Eglise qui vit chez vous et l’encourager moi-même dans sa mission. Je regrette de ne pas pouvoir demeurer plus longtemps parmi vous étant donné la surcharge du programme déjà prévu. Comme vous le savez, je vais clôturer le 43ème Congrès eucharistique international à Nairobi, et aussi célébrer à Kinshasa la première béatification d’une Soeur zaïroise. J’ai beaucoup désiré saisir cette occasion pour rendre visite à votre nation et à quelques autres pays d’Afrique. Je veux vous assurer que le successeur de Pierre demeure proche de votre pays, enclavé au coeur de l’Afrique et peut-être quelque peu isolé. J’avais déjà eu la joie de recevoir vos évêques à Rome, en novembre 1982. Aujourd’hui, je leur rends leur visite, à eux et à tout leur peuple chrétien.

Et je vous remercie vivement, Monsieur le Président de la République Centrafricaine, d’avoir vous-même désiré ce passage du Pape dans votre pays, d’avoir facilité cette visite pastorale en prenant les dispositions pour permettre son fructueux déroulement malgré sa brièveté.


2. Dans la plupart des pays africains de cette région, l’évangélisation a commencé il y a tout juste un siècle. Pour vous, c’était il y a 90 ans. Je pense à la véritable épopée des pionniers: Monseigneur Augouard, puis Monseigneur Grandin, et tous les missionnaires spiritains, capucins, comboniens, prêtres “fidei donum”, frères et religieuses, laïcs, qui n’ont pas hésité à se frayer un chemin jusqu’à vous pour partager avec vous la foi chrétienne qu’ils avaient eux-mêmes reçue. Personne n’est propriétaire de ce don inouï de Dieu. Depuis que Jésus a envoyé ses Apôtres enseigner et baptiser toutes les nations, qui hésiterait à proposer en son nom cette Bonne Nouvelle qui nous assure de l’amour de Dieu, nous délivre de la peur et du péché, et nous pousse à bâtir une civilisation fraternelle? Les prêtres et religieux étrangers qui continuent à vous consacrer leurs forces et le dévouement de leur coeur par amour pour vous, sont encore nombreux et bien nécessaires. En votre nom à tous et au nom de l’Eglise universelle, je les remercie.

Ils ont eu la joie de voir que votre terre accueillait volontiers la semence de l’Evangile. Un nombre important de Centrafricains ont accepté le baptême ou s’y préparent. Quelques-uns sont devenus prêtres, religieux ou religieuses. L’un d’entre eux a reçu la plénitude du sacerdoce, Monseigneur Joachim N’Dayen, pour exercer le ministère épiscopal dans cette capitale et présider la Conférence de ses frères les évêques. Oui, je trouve ici une Eglise vivante, méritante. Et je la visite aujourd’hui pour rendre grâce avec elle, pour la confirmer dans la foi et l’encourager dans son engagement apostolique, afin que sa présence soit au milieu du peuple comme le levain dans la pâte. Nous allons nous unir dans cette prière tout à l’heure, au cours de l’Eucharistie.

3. Mais au delà de la famille des catholiques qui partagent pleinement ma foi, je sais que beaucoup d’autres personnes sont venues ici pour me saluer à l’arrivée dans le pays, vont assister à notre rassemblement de prière, ou s’intéressent de quelque façon à ma visite pastorale. Certains se reconnaissent avec nous disciples du Christ Sauveur. D’autres sont fils de l’Islam. D’autres encore sont attachés aux religions traditionnelles de ce pays. Un certain sens religieux nous rapproche, ainsi que la recherche du véritable bien de l’homme, qui est aussi un don de Dieu. J’apprécie vivement la présence des Autorités nationales et locales, des membres du Corps Diplomatique; je suis sensible à la venue de nombreuses personnes et familles de ce cher peuple. A tous, j’exprime mes remerciements, mon estime et mes souhaits cordiaux de bonheur et de paix.

Dans la capitale de ce pays, en présence des responsables du bien commun, je forme des voeux pour toute la nation centrafricaine. Sur les chemins de sa destinée, elle a connu bien des épreuves qui, espérons-le, appartiennent désormais au passé. Et vous êtes tous très conscients des difficultés qui demeurent pour affermir la paix en maintenant les libertés essentielles, pour consolider un climat de confiance et de fraternité dans le respect des droits de chacun et dans la coopération active et loyale au bien général, pour assurer le développement économique, tout en instaurant des conditions de vie équitable pour tous et en venant en aide aux plus démunis. Mais je suis persuadé que ce peuple a en lui même les ressources morales nécessaires pour relever ces défis dans la dignité. Mon séjour parmi vous veut être, sur ce plan aussi, un motif de réconfort et d’espérance.

Que le Seigneur nous vienne en aide!




CÉRÉMONIE DE DÉPART

Aéroport International de Bangui-M'Poko (République Centrafricaine) Mercredi, 14 août 1985


1. J’ai bien conscience d’avoir; à peine entamé la visite pastorale de votre cher pays. Je ne sais si la Providence me permettra d’y revenir plus longuement. Mais le moment que j’ai passé à Bangui a été très dense, et je garderai notamment en mémoire la célébration eucharistique où s’est exprimée avec ferveur la prière de nombreux Centrafricains. J’ai reçu avec joie le témoignage de la vitalité de cette Eglise, et j’ai pu donner mes encouragements à tous ses ouvriers apostoliques. De Rome, je penserai souvent dans la prière à cette terre africaine et à la moisson chrétienne qu’elle continue à préparer.

Je remercie vivement tous ceux qui ont permis le bon déroulement de cette visite. Je suis heureux de redire ici ma gratitude à Son Excellence Monsieur le Président de la République, pour la bienveillance avec laquelle il m’a accueilli et accompagné au cours de cette journée. Ma reconnaissance va également à tous ceux qui ont aimablement apporté leur concours comme responsables, coordinateurs ou agents de l’organisation, de la sécurité, du service d’ordre, et aussi comme personnel bénévole au service de l’Eglise.


2. A votre pays, Monsieur le Président, je renouvelle mes voeux cordiaux. Par cette visite, je voulais lui manifester l’estime, le respect et l’encouragement du Saint-Siège. Avec vous, avec tous ceux qui sont soucieux du bien commun de la nation et du bonheur de tous leurs compatriotes, nous désirons que la République Centrafricaine vive dans un esprit de totale réconciliation et dans la paix, à l’intérieur comme à l’extérieur, qu’elle mobilise toutes ses forces pour se consacrer, dans un climat de liberté et de loyale coopération, au développement de ses ressources, à la promotion humaine intégrale de tous ses citoyens. Nous souhaitons que progressivement elle résolve heureusement ses problèmes, qui sont parfois de véritables défis; nous avons évoqué celui de la formation agricole, celui de la jeunesse. Nous souhaitons que la République Centrafricaine bénéficie de la bienveillance et de la solidarité des autres pays, en particulier des pays africains. Et nous n’oublions pas la contribution qu’elle-même peut apporter à certains problèmes lancinants en Afrique; je pense aux réfugiés en détresse, qui ont besoin de trouver, chez leurs voisins, un accueil généreux dans un esprit de paix et de neutralité, et une certaine intégration, en attendant qu’ils puissent, comme c’est souhaitable, regagner leur pays et reconstituer leur famille. Je sais qu’un bon nombre ont trouvé ici l’hospitalité souhaitée.

3. Les catholiques forment une partie importante de la population. Ils sont décidés à combattre les maux qui pourraient paralyser l’essor du pays, contrecarrer la justice et la paix. Ils tendent la main à leurs frères, chrétiens ou non, pour agir dans le sens du respect de l’autre, de l’honnêteté, de l’entraide, du bien commun. Ils savent, malgré leurs limites dont ils sont bien conscients, que ces vertus vont de pair avec leur foi: nous avons médité ce matin sur cet esprit de service et d’amour, qui nous vient du Christ et qui est à l’oeuvre partout, dans l’Eglise universelle au nom de laquelle je suis venu témoigner. Puisent-ils, sur ce point, rencontrer toujours de la part de leurs compatriotes la compréhension, la confiance et l’encouragement! Et puisent-ils continuer à former entre eux des communautés vivantes qui manifestent leur joie de l’Amour de Dieu qui est répandu dans leur coeur!

A tous les diocésains de Bambari, de Bangassou, de Berberati, de Bassangoa, de Bouar, que je n’ai pas pu visiter comme ceux de Bangui et qui n’ont pas pu venir nous rejoindre pour diverses raisons, je dis mon salut affectueux. Je bénis les évêques mes Frères, les prêtres, les diacres, les religieux et religieuses, les laïcs, tous ceux qui travaillent pour l’Evangile. Ma pensée affectueuse rejoint spécialement ceux qui souffrent de maladies, d’infirmités, d’épreuves; eux aussi participent, par leur patience et leur amour, à l’enfantement de l’Eglise. Je me sens proche d’eux. Ils sont proches de Marie, la Vierge au pied de la Croix, la Vierge dans la gloire du ciel.

Que le Seigneur donne à tous son réconfort et sa paix!

En son nom je vous bénis de tout coeur. Et je vous remercie de votre accueil.



CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Aéroport de Kinshasa (Zaïre) Mercredi, 14 août 1985


Monsieur le Président, Eminence, Excellences, Mesdames, Messieurs, chers Frères et Soeurs,

1. En retrouvant la terre du Zaïre pour une grande fête chrétienne, je voudrais vous dire ma joie de revenir dans votre pays si attachant. En 1980, j’avais passé plusieurs jours au Zaïre, marqués par de nombreuses rencontres dont le souvenir reste bien vivant pour moi. Aujourd’hui, avant de rejoindre le Congrès eucharistique international de Nairobi, je suis particulièrement heureux de pouvoir répondre à la pressante invitation que vos évêques m’avaient présentée à Rome, à venir ici proclamer bienheureuse votre soeur Anwarite Nengapeta. Je remercie Monsieur le Cardinal Malula, Archevêque de Kinshasa, Monseigneur Monsengwo Pasinya, Président de la Conférence épiscopale, et tous mes frères dans l’épiscopat de m’avoir convié au nom de tous les catholiques de ce pays avec une insistance délicate qui m’a touché.

Monsieur le Président de la République, je tiens à exprimer ma gratitude à Votre Excellence pour sa propre invitation et son empressement à rendre ma visite possible, en prenant avec diligence toutes les dispositions en vue de son organisation. Les paroles que vous venez de prononcer disent, en des termes auxquels je suis très sensible, la qualité de l’accueil que vous me réservez, suivant les belles traditions africaines d’hospitalité. J’apprécie la possibilité que j’aurai demain de m’entretenir à nouveau avec vous.

De nombreuses personnalités vous accompagnent, Monsieur le Président, en cette cérémonie de bienvenue; elles représentent ici les plus hautes instances de votre pays et particulièrement de la capitale. Je les remercie pour la courtoisie que manifeste leur présence et je leur adresse un salut déférent et cordial.



2. Dès mon arrivée, je voudrais dire ma chaleureuse sympathie à tout le peuple de cette grande cité de Kinshasa et de l’ensemble du Zaïre. Vous avez marqué une étape dans l’histoire de votre pays en commémorant récemment le XXV anniversaire de votre indépendance. Le chemin parcouru est considérable; les embûches n’ont pas manqué. Mais vous gardez la volonté d’entreprendre, sans ménager vos efforts. Je souhaite à chacun de vous la satisfaction de voir son labeur récompensé, de vivre dans une société harmonieuse et fraternelle. Mes voeux vont particulièrement à la jeunesse nombreuse de votre peuple qui se prépare à prendre ses propres responsabilités dans ce monde exigeant et difficile. Il importe que tous déploient les qualités de l’esprit et du coeur pour que les ressources de la terre servent au bien commun des hommes, et pour que les peuples du monde sachent multiplier leurs échanges bénéfiques, établir entre eux une collaboration dynamique dans la paix. Comme tous leurs compatriotes, les catholiques ont à coeur de participer activement aux efforts de la nation.

3. Ma brève visite a pour premier but de permettre une nouvelle rencontre de l’Evêque de Rome avec l’Eglise catholique au Zaïre. Il y a cinq ans, nous avons célébré ensemble le centenaire de la seconde évangélisation dans votre pays, un siècle où vos communautés se sont développées rapidement dans l’ardeur, où vous avez non seulement reçu le message, mais édifié l’Eglise désormais solidement enracinée dans votre terre. Lors de mon premier pèlerinage parmi vous, nous avons communié intensément en remerciant Dieu et en lui confiant votre avenir. Demain, nous allons exalter les mérites de l’une d’entre vous, gage de la fécondité d’une Eglise qui mûrit, approfondit la Parole de Dieu et témoigne de la vivante présence du Christ.

Successeur de l’Apôtre Pierre, chargé de confirmer dans la foi mes frères et mes soeurs sous toutes les latitudes, je suis heureux de me trouver parmi vous afin de poser ce jalon lumineux sur la route de l’Eglise au Zaïre, en communion avec les évêques de tous vos diocèses. Puissent ces journées de fête marquer une nouvelle avancée dans votre attachement au Christ, dans votre solidarité avec tous vos frères, les chrétiens d’Afrique et des autres continents! Alors que ce soir commence la solennité de son Assomption, puisse Notre-Dame du Zaïre vous conforter dans l’espérance!

4. En arrivant ici, je désire aussi adresser un salut cordial à tous les Zaïrois qui constituent d’autres communautés chrétiennes que l’Eglise catholique. Je salue aussi ceux qui appartiennent à des traditions spirituelles différentes. Qu’ils soient assurés de mon respect et du désir sincère des chrétiens d’entretenir avec tous des relations fraternelles.

Sur ma route, avant de quitter votre pays, j’aurai l’occasion de célébrer la Messe avec les chrétiens du Shaba rassemblés à Lubumbashi. Mais, si le temps dont je dispose n’était limité, c’est de tous les Zaïrois que je voudrais être proche, de chaque famille, de chaque enfant.. Et je pense aussi à ceux que la maladie et la souffrance immobilisent, j’aimerais leur apporter un réconfort, ainsi qu’à toutes les personnes qui sont dans l’épreuve. Je leur dis mes voeux affectueux.

5. Je sais que les diverses rencontres que j’aurai au cours de mon séjour ont demandé beaucoup de soin pour leur organisation, tant de la part des Autorités civiles que de la part des diocèses qui m’accueillent. Que tous ceux qui se dévouent pour les préparer et accomplir toutes les taches nécessaires, souvent au prix d’un travail qui reste discret, soient assurées de ma vive reconnaissance.

A tous, présents et lointains, de tout coeur merci!

Que Dieu vous bénisse!



RENCONTRE AVEC LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET LES CORPS CONSTITUÉS

Kinshasa (Zaïre) Jeudi, 15 août 1985


Monsieur le Président de la République, Excellences, Mesdames, Messieurs,

1. En cette belle journée de fête où il m’est donné de retrouver la communauté catholique du Zaïre, je suis heureux d’avoir pu venir ici saluer les plus hautes personnalités de ce pays. Je tiens à remercier d’abord Son Excellence Monsieur le Président de la République pour son accueil chaleureux et pour les paroles qu’il vient de m’adresser avec une déférence et une délicatesse qui me touchent profondément. La présence des membres du Gouvernement et de nombreux représentants des Corps constitués m’honore, je voudrais leur exprimer de tout coeur ma reconnaissance.

En vous, Mesdames et Messieurs, je voudrais saluer toute la nation zaïroise et dire mon estime pour ce grand pays qui vient de fêter 25 années de son indépendance. Au cours de cette période, en surmontant bien des difficultés et des épreuves, le Zaïre a pu affermir sa personnalité de pays respecté par ses pairs et accomplir maint progrès. Vous avez consolidé l’unité d’un pays aux vastes dimensions et à la grande diversité humaine et naturelle. Très vivement, je souhaite à tous vos compatriotes la prospérité commune qui permette le bonheur de chacun.



2. En vous rencontrant, vous qui exercez tant de responsabilités, je voudrais exprimer quelques réflexion sur les taches qui concourent au bien commun de la société. Au regard de l’Eglise, cela présente un intérêt constant. Assurément, comme telle, l’Eglise n’a aucune prétention à intervenir dans les fonctions de gouvernement et d’arbitrage qui reviennent aux pouvoirs publics. Cependant elle considère qu’il relève de sa mission de réfléchir sur tout ce qui fait le bien de l’humanité. C’est dans cet esprit qu’elle joue un rôle spécifique dans la communauté internationale, et c’est dans cet esprit que la conscience de chaque chrétien se sent engagée dans la vie de la nation à laquelle il appartient.

En effet, comme je l’ai mainte fois souligné, à la suite de mes prédécesseurs, c’est l’homme lui-même qui se trouve au centre des préoccupations de l’Eglise. L’homme dans toutes ses dimensions, l’homme qui désire son épanouissement et sa responsabilité, l’homme qui aspire à devenir toujours plus libre par rapport aux entraves et aux épreuves qui l’empêchent d’être heureux, l’homme qui, par sa nature même, recherche une vie fraternelle et paisible dans la société. Les chrétiens sont convaincus que la terre nourricière est donnée aux hommes pour qu’ils bâtissent une cité où, avec intelligence et avec coeur, ils puissent développer pleinement leur vocation spirituelle. Disant cela, je pressens que ces affirmations chrétiennes s’accordent avec quelques-uns des traits les plus vifs de l’âme africaine, comme le respect du sol où l’on n’ait, le sens de la convivialité, une ouverture spirituelle spontanée et profonde.

3. Mesdames et Messieurs, dans l’objectif premier que je viens de rappeler simplement, celui de permettre à l’homme son épanouissement plénier dans la société, se trouve le point de convergence et la réelle raison d’être de toutes vos taches et de l’autorité qui vous revient. Je ne saurais en dresser un tableau complet, mais je voudrais en mentionner quelques-unes qui présentent un intérêt particulier.

Je pense en premier lieu à tout ce qui est impliqué dans la conception d’un système éducatif. La jeunesse, nombreuse dans vos régions, mérite de se voir offrir le maximum de chances pour prendre prochainement en charge sa propre vie et toute la vie sociale. Les formations, offertes au plus grand nombre, s’équilibrent en alliant la transmission du patrimoine culturel et spirituel des pères - dont je sais combien vous tenez à garder la substance -, avec l’initiation nu savoir et aux techniques nécessaires à la vie moderne. Et il importe qu’une génération motivée et compétente ouvre la suivante aux plus saines règles de vie, à la conscience professionnelle, à l’intégrité, à la recherche inlassable de l’amélioration des relations sociales. Ainsi, la tentation du fatalisme ou la crainte de l’échec ne paralysent pas les jeunes prêts à les surmonter.

Vous avez à coeur aussi de développer ce qu’on peut appeler un sens social ou un sens communautaire à tous les niveaux de l’activité de la nation. L’économie, l’organisation de la vie publique prennent toute leur valeur lorsqu’elles sont mises au service de l’homme, au service de l’ensemble des hommes. Une juste répartition des ressources et des responsabilité, la liberté d’initiative, contribuent à ce que tous vivent dans la dignité. La promotion de la femme, épouse, mère et citoyenne à part entière, souligne la maturité d’une société. La solidarité à l’égard des plus démunis, des malades, des handicapés, des personnes âgées, honore la nation qui l’exerce avec respect.

Les conditions de vie dépendent de plus en plus de la régulation assurée par les responsables nationaux. Ainsi, équilibrer les activités industrielles, agricoles et tertiaires, éviter les excès d’une urbanisation qui créent le malheur d’une trop grande partie de la population, permettre aux ruraux de cultiver la terre sans être défavorisés, tout cela représente des soucis exigeants. Cela suppose aussi des prévisions à long terme, concertées avec sagesse. Cela entraîne des investissements considérables, dans un vaste territoire comme le votre, pour développer tous les types de moyens de communication. Et, dans un autre ordre d’idées, ces objectifs deviennent plus accessibles lorsque prévaut une stricte rectitude dans l’exercice de la fonction publique lorsque de justes arbitrages règlent les conflits qui surviennent.

Mesdames et Messieurs, en évoquant sommairement tant d’aspects de l’action que poursuivent les responsables de la vie publique, je ne minimise nullement les grandes difficultés que vous rencontrez pour les atteindre, mais je sais que je rejoins vos intentions. Et j’espère que la génération présente progressera dans toutes ces directions malgré les dures conditions dans lesquelles la placent un développement encore insuffisant et les circonstances inégales et souvent défavorables régnant actuellement dans le monde. Je puis dire que les chrétiens ont à coeur de prendre activement leur part des efforts nécessaires; ils sont généreusement disposés à contribuer au développement harmonieux de leur pays.

4. Sur les préoccupations, souvent graves, qu’inspire l’état du monde, j’ai eu souvent l’occasion de m’exprimer; je l’ai fait tout récemment, au cours de ce voyage, au Cameroun devant les représentants du Corps Diplomatique, et je le ferai prochainement au Kenya, devant l’UNEP. Aussi m’en tiendrai-je ce soir à quelques réflexions qui me paraissent essentielles.

Les conditions présentes qui affectent toutes les sociétés, et particulièrement en Afrique, sont d’une extraordinaire complexité. Le facteur le plus apparent, c’est, depuis un siècle, la rencontre des cultures originales des peuples avec l’apport de la société occidentale. Une transformation considérable s’est produite qui parait irréversible à bien des égards La civilisation technicienne qui a fait irruption dans l’existence des peuples, l’exploitation des richesses du sol, la juxtaposition de modes de vie différents, l’extension des voyages et de tous les moyens de communication, une éducation d’inspiration étrangère, des conditions nouvelles de la santé avec leurs conséquences démographiques, tous ces facteurs, intervenus non sans violence parfois, ont contribué à établir un rapport complexe entre les peuples des divers continents. Dans les domaines intellectuel, économique et politique, désormais, il existe des relations dont l’expression sur le plan des institutions et des accords ne constitue qu’un aspect plus visible de ce qui touche en réalité la vie de chaque personne.

Par ces considérations, je désire simplement rappeler l’enjeu réel de la vie internationale. Les dernières générations ont parcouru, partout dans le monde, une évolution rapide. Tous connaissent la criante inégalité des chances, qui apparaît au grand jour. Les puissances ne parviennent pas à résoudre leurs conflits; elles y entraînent les peuples moins développés au prix de luttes trop souvent meurtrières. Ce qui pouvait représenter des échanges bénéfiques pour tous se trouve grevé par l’exploitation désordonnée des richesses naturelles, par des atteintes aux droits fondamentaux des hommes et au respect de leur héritage culturel propre. Et comment ne pas déplorer les contradictions qui se manifestent bien des fois entre des déclarations d’intentions généreuses et la réalité de l’action intéressée!

5. Mesdames et Messieurs, si l’on doit à la vérité de reconnaître ce qui pèse lourdement sur la vie des peuples qui aspirent à une prospérité partagée et à la paix, il faut aussi relever les signes d’espérance. Il n’est pas vain que les nations se rencontrent et débattent des obstacles qu’elles trouvent sur leur chemin. Il n’est pas vain que le dialogue international se poursuive dans le cadre des grandes institutions. Il n’est pas vain que beaucoup d’hommes, de part et d’autre, se dévouent sincèrement aux grandes causes de la solidarité.

Il est possible de rechercher un équilibre nouveau entre les peuples de la terre. C’est la tache des dirigeants d’animer cette action, mais en tenant compte du fait qu’elle implique beaucoup d’autres personnes représentatives. Il faut accueillir comme une chance que les échanges deviennent constants entre les intellectuels et les savants, les travailleurs sociaux, les économistes, les responsables spirituels. On peut espérer et pressentir que les influences deviendront davantage réciproques, que les cultures diverses seront plus respectées et qu’elles s’enrichiront mutuellement, que, d’un bout du monde à l’autre, on entendra l’appel des hommes à voir reconnue leur dignité. Sans se lasser, que ceux qui représentent les pouvoirs publics agissent avec ceux qui expriment les aspirations de leurs concitoyens dans tous les domaines!

Notre génération, marquée par la terrible blessure d’une guerre mondiale et par ses suites, sait bien que l’humanité doit se concerter, s’unir. Elle ne veut pas céder au découragement devant les échecs de visions généreuses qui ont pu avoir la figure de l’utopie. Nous sommes à l’époque où chacun doit et peut jouer son rôle dans l’ensemble des nations. Il devient manifeste que l’équilibre du monde s’établit par l’activité concertée des pays qui s’associent dans chaque région et dans chaque continent. Je sais que le Zaïre a le souci de favoriser la concertation des Africains et qu’il coopère avec les pays voisins dans plusieurs regroupements pour promouvoir la mise en valeur des territoires et une meilleure utilisation de ses ressources propres.

Ce sont là des signes encourageants. Il en est bien d’autres; pour ne prendre qu’un exemple, je mentionnerai les réflexions communes des intellectuels africains soucieux d’envisager positivement l’avenir et d’assurer le dialogue équilibré et compétent, indispensable à la rencontre bénéfique des cultures, à une maîtrise des techniques et du savoir favorables au développement.

La charge qui incombe aux responsables du bien commun, est lourde et grave car elle est un service essentiel de l’homme, elle touche au respect de sa vie et de ses droits fondamentaux, elle ne peut se séparer d’une juste éthique. Mon voeu profond est que tous, avec la confiance de leurs concitoyens, puissent déployer les meilleurs efforts pour qu’en toute circonstance l’existence des hommes soit rendue plus conforme à la dignité et au bonheur que Dieu lui-même veut pour eux.

Que Dieu bénisse votre pays et tous ceux qui coopèrent à son progrès, je l’ai dit avec un sentiment tout a fait spécial, au jour où il m’a été donné d’élever aux honneurs des autels, votre concitoyenne, vierge martyre, la bienheureuse Anwarite Nengapeta. Je vous félicite tous, non seulement l’Eglise et les catholiques du Zaïre mais vous tous Zaïrois par cet événement historique d’un grand relief spirituel.




À LA CONFÉRENCE EPISCOPALE

Kinshasa (Zaïre) Jeudi, 15 août 1985


Chers Frères dans l’épiscopat,

1. Notre rencontre couronne une journée véritablement historique pour l’Eglise au Zaïre. Je suis heureux de passer cette soirée avec vous, pour partager l’action de grâce des Pasteurs devant le don de Dieu manifesté par la béatification de votre soeur Marie-Clémentine Anwarite.

Votre Président, Monseigneur Monsengwo Pasinya, vient de dire votre joie fervente; je le remercie de ces paroles prononcées en votre nom à tous et je vous assure que je communie profondément à l’allégresse de ce jour où la bienheureuse Anwarite nous confirme dans l’espérance.



2. Oui, la première zaïroise élevée sur les autels nous inspire une profonde action de grâce. Voici présenté au regard de ses frères et de ses soeurs le fruit admirable du baptême de ce peuple. Voici qu’au terme de plus d’un siècle de patients efforts des bâtisseurs, l’édifice de l’Eglise sur cette terre se trouve consolidé. Les travaux de l’évangélisation, accomplis dans la patience et une générosité surnaturelle par tant d’hommes et de femmes venus d’ailleurs, aboutissent à la vitalité d’une communauté au sein de laquelle le Seigneur a appelé ses pasteurs. De grand coeur je m’associe à l’hommage que vous avez rendu aux missionnaires pionniers venus de loin et j’apprécie votre détermination à unir dans le même corps d’ouvriers apostoliques prêtres, religieux et religieuses, Africains ou non, car ils servent l’unique Seigneur et Sauveur Jésus Christ. N’est-il pas impressionnant qu’Anwarite ait été guidée dans la vie religieuse successivement par une maîtresse des novices venue de Belgique, puis par une supérieure originaire de son pays, tandis qu’un évêque missionnaire, qui la conseillait et l’écoutait avec confiance, fut dessaisi de sa propre vie quelques jours avant elle!

Toute proche des générations présentes, cette humble religieuse de la Jamaa Takatifu prend au coeur de son peuple le relais des saints qu’elle-même vénérait. Par sa vie religieuse équilibrée et généreuse, par sa fidélité jusqu’à la mort à la virginité offerte au Seigneur, Anwarite est parmi vous un signe providentiel de la présence de Dieu dans son Eglise: elle témoigne de la grandeur de la foi, elle montre quelle admirable transfiguration la grâce de Dieu accomplit dans l’être humain qui lui est uni dans le saint baptême. Ensevelie avec le Christ dans la mort et entrée avec lui dans la vie nouvelle de son Règne, puise-t-elle entraîner ses frères et ses soeurs dans son sillage de sainteté! Puisse cette martyre, élue de Dieu, rayonner vivement sa lumière sur tous vos diocèses!

3. Parmi vous, Anwarite rend particulièrement présent cet appel universel à la sainteté que déjà, lors du centenaire de l’évangélisation du Zaïre, nous avions médité. Vous vous rappelez sans doute souvent ce moment émouvant de votre ordination épiscopale où l’on invoque les saints Apôtres, Ses martyrs et tous les saints de l’histoire en faveur de celui qui, prostré à terre, se dispose à être chargé de la plénitude du sacerdoce. Evêques, nous sommes les premiers appelés à conduire le peuple de Dieu sur les routes de la sainteté; nous sommes nous mêmes appelés à nous conformer à la sainteté de l’Esprit qui consacre tout notre être. Que notre prière, que toute notre vie s’inspire de l’ardeur de l’Apôtre Paul, impatient de s’engager tout entier dans l’imitation du Christ: “Le connaître, lui avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts. Non que je sois déjà parvenu au but, ni devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tacher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus” (Ph 3,10-12).

Pasteurs, nous le sommes à la suite du Bon Pasteur qui “donne sa vie pour ses brebis” (Jn 10,11), “avec la sainteté et la pureté qui viennent de Dieu” (2Co 1,12). Nous confions à l’intercession d’Anwarite, fidèle jusqu’à l’extrême, la sanctification de ceux qui ont reçu mission d’être pour son peuple les médiateurs de la sainteté qui vient de Dieu. Et, en ce jour de son Assomption, nous invoquons Marie, Mère de l’Eglise, à qui Jésus sur la croix a dit que nous étions ses fils; assurés de son appui, nous pouvons porter notre charge dans la paix.



4. Investi de la plénitude du sacerdoce, évêque accomplit l’acte central de sa mission lorsqu’il célèbre le sacrifice du Christ. Officiant majeur de l’Eglise locale, il lui est donné en vérité d’agir in persona Christi. Prêtre participant au sacerdoce du Christ, il unit son peuple au sacrifice et à l’action de grâce de Jésus, livrant tout son être au Père pour que la multitude soit réconciliée et sauvée. Successeur des Apôtres, évêque est celui qui permet à la communauté diocésaine de communier au pain de vie, d’être nourrie du Corps du Seigneur et ainsi intégrée à ce Corps unique aux membres innombrables dont le Christ est la Tète.

L’Eucharistie et l’ensemble des sacrements constituent le centre du service sacerdotal. Ils sont les signes véritables qui portent la vivante présence du Seigneur. Célébrer le baptême, la confirmation, la réconciliation, qui disposent les chrétiens à participer pleinement à l’Eucharistie, - sanctifier les couples par le mariage, réconforter les malades par la grâce de l’onction, - tous ces actes mettent en oeuvre les dons de la sainteté confiés par le Christ à son Eglise. C’est une tache admirable que de permettre aux fidèles la rencontre du Seigneur dans la liturgie sacramentelle. Il appartient d’abord à l’évêque d’aider les chrétiens à recevoir les sacrements et la liturgie de l’Eglise dans la fidélité à leur institution et aussi dans la beauté de la prière exprimée par le peuple avec toutes les richesses de son âme. La sainte liturgie est comme le noeud qui relie toutes les lignes diverses de l’action pastorale; car les sacrements jalonnent et réunissent les routes de la sainteté.



5. Votre ministère d’évêques se prolonge dans celui des prêtres qui y participent par l’ordination que vous avez la charge de leur conférer. Avec vous, ils assurent la cohésion de la communauté diocésaine, ils font entendre le même appel à la sainteté, ils préparent et permettent la rencontre des fidèles avec le Seigneur. Leur lien avec vous est fort, car c’est vous qui les envoyez en mission avec l’autorité dont vous êtes investis. Aussi est-ce une des premières et des plus belles taches de l’évêque que d’assurer l’unité du presbyterium, dans sa légitime diversité. La solidarité spirituelle se prolonge tout naturellement dans des relations humaines confiantes qui représentent un soutien nécessaire pour des prêtres qui ont une tache ardue. L’appui qu’ils trouvent auprès de leur évêque les rend libres et disponibles pour être eux-mêmes les pasteurs dévoués et les évangélisateurs assidus de la communauté où ils sont envoyés.

Il vous appartient de veiller comme un père à ce que les prêtres demeurent fidèles à leurs engagements, qu’ils disposent des moyens de ressourcement spirituel et intellectuel leur permettant d’avancer sans cesse dans le service désintéressé du Seigneur et de leurs frères. Dans votre pays, des jeunes nombreux répondent actuellement à la vocation au sacerdoce, et c’est un signe positif de vitalité de l’Eglise. Je sais les efforts que vous déployez pour opérer le discernement nécessaire et prévoir une formation solide. Vous qui avez la responsabilité de l’appel au sacerdoce, vous savez qu’il n’est rien de plus utile que de soutenir les candidats dans un approfondissement spirituel nourri par la prière, pour qu’ils assimilent une bonne synthèse du message évangélique éclairé par la Tradition de toute l’Eglise, pour qu’une vie exigeante les prépare aux renoncements nécessaires à leur fidélité. Le peuple de Dieu mérite des prêtres qui mettent en oeuvre généreusement dans leur propre vie ce qu’ils accomplissent dans leur ministère, comme le demande le rituel de l’ordination.

6. Comment ne pas évoquer aussi votre responsabilité auprès des religieux et des religieuses, alors que nous venons de vivre la béatification d’Anwarite! Les personnes consacrées donnent un témoignage irremplaçable de la primauté de la prière, de la valeur de la virginité, du prix de la vie communautaire, du dévouement à l’Eglise, de la disponibilité à l’entraide vis-à-vis des plus pauvres et des plus désorientés des hommes. Tous et toutes manifestent par leur vie offerte et désintéressée la beauté de l’appel du Seigneur, les uns se vouant davantage au service de la louange et de l’intercession dans des monastères rayonnants, d’autres en faisant la part plus large aux services souvent humbles et discrets de la charité et de l’éducation. En respectant les charismes et les structures propres des instituts, à la suite des évêques fondateurs que vous avez vous-mêmes évoqués, veillez à ce que les religieux et les religieuses reçoivent tout l’appui spirituel et toute la formation qui peuvent leur permettre de répondre, par toute leur vie donnée sans partage, à la grandeur des voeux par lesquels ils se sont engagés envers le Seigneur dans l’Eglise.

7. Dans vos communautés diocésaines, les activités, les préoccupations, sont nombreuses. Des animateurs, prêtres, religieux ou laïcs, comme nous les avons rencontrés ensemble cet après midi à la cathédrale, poursuivent des objectifs complémentaires au sein de nombreux groupes ou mouvements. Vous avez exprimé plusieurs de vos soucis pastoraux à cet égard, en mettant en évidence l’étendue de vos responsabilités. Je garde cela très présent à ma pensée. D’ailleurs, nous avions abordé ensemble plusieurs de ces thèmes lors de nos rencontres de travail, il y a deux ans à Rome. Ce soir, je voudrais simplement dire qu’il revient à l’évêque de coordonner tous les efforts et de les orienter vers ce but premier qui est l’unité de toute la vie humaine transfigurée par la lumière de l’Evangile. Que l’on oeuvre dans le domaine caritatif que l’on travaille à promouvoir la justice dans la société, que l’on se dévoue pour l’éducation des jeunes, que l’on soutienne la vie des familles, que l’on défende la dignité de toute personne humaine, l’éclairage premier de l’action des chrétiens c’est celui de l’Alliance que Dieu scelle avec les hommes par le don de son Fils, pour que son nom soit sanctifié et pour la sanctification de ceux qu’il aime. La doctrine sociale, la morale familiale, notamment, présentent les exigences nécessaires pour accomplir la volonté de Dieu. On ne peut renoncer à les exposer et à les expliquer, quand on a reconnu la beauté de l’homme uni au Christ qui le rend fort et soutient sa fidélité, à Celui qui est venu au nom du Seigneur pour chercher et sauver ce qui était perdu. “Oui, nous dit saint Paul, cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés, et suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui nous a aimés et s’est livré pour s’offrant” (Ep 4 Ep 30-31). grâce mosaïque qu’ils prolongent sa mission dans le monde auprès de ceux qui, grâce à leur parole, croiraient en lui, afin que tous soient un (Cfr. Jn 17,17-20).



8. Evêques d’aujourd’hui, vous êtes, au nom du Christ, les serviteurs de l’unité de l’Eglise qui poursuit et renouvelle l’oeuvre de l’évangélisation. Solidaires de tous les successeurs des Apôtres à travers le monde, unis au successeur de Pierre comme le manifeste notre rencontre de ce soir, c’est votre mission et aussi votre charisme, d’unir l’Eglise qui est au Zaïre avec l’Eglise qui vit dans tous les continents. Votre Eglise a beaucoup reçu. Désormais elle est illuminée et soutenue par la sainteté de la première de ses filles présentée au monde comme un fruit inestimable de sa maturité. A votre Eglise, il est maintenant beaucoup demandé, pour qu’elle suive le Christ avec l’ardeur fidèle qu’Anwarite a montrée en communiant à la passion pour entrer dans la vie bienheureuse des rachetés.

Frères dans l’épiscopat, je prie avec vous pour que le Christ qui vous a choisis vous donne sa joie complète (Cfr. Jn 17,13). Soyez les disciples porteurs de la Parole sainte, de la bonne nouvelle pour le monde; forts dans la foi, ardents dans la charité, témoins de l’espérance du Royaume à venir, en traversant courageusement les obscurités et les épreuves. Partageant avec vos frères l’inépuisable don de Dieu, soyez heureux de contribuer à la vraie réussite des hommes élevés à la dignité de fils de Dieu, réunis sous un seul chef, le Christ. J’invoque pour vous le Dieu vivant dans son insondable amour trinitaire, le Dieu miséricordieux et fidèle, pour qu’il vous comble de ses Bénédictions.




Discours 1985 - Yaoundé (Cameroun), Mardi 13 août 1985