Discours 1989 - Antananarivo (Madagascar) Samedi, 29 avril 1989

RENCONTRE DE PRIÈRE AVEC LES REPRÉSENTANTS DES AUTRES ÉGLISES CHRÉTIENNES

Cathédrale catholique d'Antananarivo Samedi, 29 avril 1989


Chers Frères et Soeurs,




1. Je veux d'abord vous exprimer ma joie d’être avec vous en ce moment. Je vous remercie de m’avoir donné cette occasion de prier avec vous. Au cours de mes voyages pastoraux, en visitant les diocèses catholiques, j’accomplis la mission que le Seigneur m’a confiée d’«affermir mes frères» [1]. J’ai toujours aussi le vif désir de rencontrer les fidèles des autres Eglises et Communautés ecclésiales pour prier avec eux et nous mettre ensemble à l’écoute de l’Esprit Saint qui nous fait «accéder à la vérité tout entière» [2]. Je suis venu ici poussé par un amour sincère envers vous tous. En vertu même du ministère dont j’ai la charge – qui est le service de l’unité dans la vérité et la charité –, je suis appelé à servir d’une façon unique la sainte cause de l’unité des chrétiens. J’ai la conviction que le mouvement oecuménique est suscité par l’Esprit Saint; c’est pourquoi je me sens profondément responsable de lui.

Cependant, nous devons nous rappeler que l’union de tous les chrétiens dans une même profession de foi et dans l’amour ne peut pas être réalisée par nos seuls efforts, si nécessaires soient-ils, ni même par les engagements les plus généreux. Dieu seul, en répandant son amour dans nos coeurs, en nous appelant à la foi et en nous faisant le don de l’espérance, nous rassemble et nous fait grandir dans la communion avec lui et entre nous. Oui, comme nous l’avons chanté, c’est le Seigneur qui nous montrera ses chemins, c’est le Seigneur qui appelle des peuples nombreux à monter vers la nouvelle Jérusalem. «Puisse-t-il illuminer les yeux de notre coeur pour nous faire voir quelle espérance nous ouvre son appel!» [3].

L’Evangile que nous avons entendu nous a conduits au coeur du mystère de l’unité. Dans la prière qu’il adresse à son Père, Jésus montre la source et le modèle suprême de l’unité: «Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous, eux aussi» [4]. A ce propos, saint Cyprien parlera de l’Eglise comme d’un «peuple qui tire son unité de l’unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit» [5]. Nous savons que Jésus seul, par sa Croix et sa Résurrection, a rendu possible notre union avec Dieu et entre nous. Il l’a réalisée dans l’unique Eglise pour qu’elle soit un signe du rassemblement auquel toute l’humanité est conviée. Malheureusement, au cours des âges, les membres de l’Eglise se sont opposés et séparés. Alors que Jésus avait prié pour que ses disciples «soient un, afin que le monde croie», ceux-ci, en manifestant leurs divisions et leurs oppositions en présence de ceux qui pour la première fois entendaient le message du Christ, ont «fait obstacle à la plus sainte des causes: la prédication de l’Evangile» [6].



2. Grâce à Dieu, des changements notables se sont produits dans les relations entre les chrétiens; et les liens qui existent maintenant entre les Eglises et les Communautés ecclésiales à Madagascar en constituent un exemple frappant. Dans la sérénité, vous prenez conscience ensemble de l’héritage que vous ont légué les premiers évangélisateurs et les premiers chrétiens de ce pays. Vous honorez la mémoire de ceux qui ont subi le martyre par fidélité au Christ. Vous avez célébré, récemment, le cent cinquantième anniversaire de la première traduction de la Bible dans la langue commune de l’Ile, qui a profondément marqué l’essor moderne de la culture malgache.

Depuis bientôt dix ans, le Conseil des Eglises chrétiennes de Madagascar, les activités de ses commissions, l’organisation de congrès, ou encore les déclarations communes des chefs d’Eglise, tout cela témoigne des liens de communion qui se tissent de plus en plus entre vous. La participation fréquente des fidèles aux réunions oecuméniques de prière prouve que la préoccupation pour l’unité n est pas seulement le fait des responsables ou de certains organismes. A travers le monde, on peut partout constater des fruits du mouvement oecuménique. Des divergences doctrinales graves demeurent encore et de nouveaux problèmes surgissent parfois entre les chrétiens. Mais, sur le chemin déjà parcouru ensemble et dans la réalité de la prière et de la collaboration communes d’aujourd’hui, nous trouvons des motifs d’espérance pour le chemin qui reste à parcourir.



3. J’encourage les catholiques malgaches à participer pleinement au mouvement oecuménique, en union avec leurs évêques en faisant preuve d’audace et d’imagination. Je leur rappelle que l’Eglise catholique s’est engagée de manière irréversible dans ce mouvement au Deuxième Concile du Vatican, fidèle à ses convictions propres qui sont l’expression de la volonté du Seigneur reçue dans la foi. Dans le décret conciliaire sur l’oecuménisme, l’Eglise catholique a proclamé clairement qu’elle entend participer au mouvement pour l’unité des chrétiens, au nom du Seigneur Jésus qui, par l’Esprit Saint, «appela et réunit dans l’unité de la foi, de l’espérance et de la charité le peuple de la Nouvelle Alliance» [7]. Plus tard, par la publication d’un Directoire oecuménique – actuellement en cours de mise à jour –, des précisions ont été données pour la mise en oeuvre des orientations conciliaires. Car «le souci de parvenir à l’union concerne l’Eglise tout entière, fidèles autant que pasteurs, et touche chacun selon ses possibilités» [8].



4. Pour les catholiques, c’est une exigence souvent difficile, mais toujours fondamentale pour l’unité, que d’agir selon les orientations et les directives de l’Eglise en matière d’oecuménisme. Je veux au moins évoquer ici la vie des foyers mixtes qui rencontrent au coeur de leur amour conjugal le drame de la désunion des chrétiens. Ces foyers, malgré leurs souffrances, et parfois grâce à leurs souffrances, peuvent être des artisans de l’unité des chrétiens. Pour cela, il est nécessaire que leur soit assurée une assistance pastorale qui tienne compte «des difficultés particulières inhérentes aux rapports entre mari et femme pour tout ce qui regarde le respect de la liberté religieuse: celle-ci peut être violée soit par des pressions indues pour obtenir le changement des convictions religieuses du conjoint, soit par des obstacles qui seraient mis à la libre manifestation de ses convictions dans la pratique religieuse» [9].



5. Revenons encore à la prière de Jésus pour l’unité de ses disciples telle que nous l’avons entendue dans l’Evangile de saint Jean. Entrons dans cette prière et laissons-la entrer en nous. J’aime me référer à ce que dit saint Augustin: «Les paroles de Jésus résonnent dans notre âme et nos paroles résonnent dans son âme». Jésus lui-même nous prend dans sa prière, il nous entraîne dans son offrande au Père. Laissons-nous saisir par Celui qui prie, en nous et pour nous:

«Père Saint, consacre-les dans la vérité; ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés par la vérité. Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croient en moi: que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient un en nous aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé» [10].


[1] Cfr. Lc 22,32.
[2] Cfr. Jn 16,13.
[3] Cfr. Ep 1,18.
[4] Jn 17,21.
[5] S. Cypriani De Orat. Dom., 23.
[6] Unitatis Redintegratio, UR 1.
[7] Ibid., UR 2.
[8] Ibid., UR 5.
[9] Ioannis Pauli PP. II Familiaris Consortio, FC 78.
[10] Jn 17,17-21.




AUX ÉVÊQUES MALGACHES

Nonciature Apostolique d'Antananarivo, Samedi, 29 avril 1989



Chers Frères dans l’épiscopat,



1. Ainsi se réalise le désir que vous portiez en vous depuis plusieurs années: la visite du Pape à votre Eglise. Je le souhaitais ardemment moi aussi. Je remercie votre Président de ses paroles de bienvenue ce soir. Nous nous étions entretenus de vos soucis pastoraux et de vos espérances, au cours de la dernière visite «ad limina», mais être avec vous sur le terrain, au coeur de votre Eglise, c’est une grâce pour moi. Je fais miennes les trois raisons que saint Paul donnait déjà en exprimant aux Romains son désir de se rendre chez eux [1].

Il me plaît tout d’abord d’être témoin de la vitalité religieuse de vos communautés chrétiennes, de fondation encore récente. Je suis heureux d’en recueillir le témoignage pour le porter à Rome et aux autres Eglises.

Je souhaite que ma venue donne un nouvel élan à l’évangélisation que vous vous efforcez de poursuivre dans tous les domaines et qu’elle encourage tous ceux qui y collaborent.

Enfin, selon la charge propre au successeur de Pierre, je voudrais contribuer à renforcer la communion qui vous unit à l’Eglise entière. Votre position insulaire, loin de Rome, ne doit en aucune façon vous priver de cet échange qui caractérise tout le Corps du Christ. Au-delà des particularités culturelles des peuples, nous participons tous à la même foi, nous sommes appelés à organiser l’Eglise, dans sa diversité, selon les mêmes structures essentielles.

L’Eglise doit être «communion, au service de la solidarité d’un peuple», selon le thème que vous avez choisi pour cette visite pastorale. Et cela aussi, je veux le promouvoir avec vous.



2. En premier lieu, je veux rendre grâce avec vous, pour tous les fruits de l’évangélisation en terre malgache.

Demain matin, nous le ferons solennellement avec tout le Peuple de Dieu d’Antananarivo et de Madagascar, en béatifiant Victoire Rasoamanarivo. Elle a réalisé parfaitement, dans une vie de laïque, puis veuve, ce que le Christ attend de ses disciples, ce que l’Eglise attend des baptisés. Sa ténacité dans la foi et son rayonnement apostolique font grand honneur au peuple malgache. Mais elle n’est pas la seule. Nous pensons au Frère Raphaël Louis Rafiringa et à toute une floraison d’autres laïcs, de religieux, de prêtres et plus encore de religieuses, issus de ce terroir: ils sont le signe que l’Eglise est désormais bien implantée chez vous, avec ses pasteurs choisis en son sein.

Avec vous, comme je l’ai dit ce matin à Antsiranana, je voudrais rendre grâce à Dieu pour les pionniers missionnaires, venus de loin. Les Jésuites et les Lazaristes avaient désiré évangéliser cette terre dès le dix-septième siècle sans pouvoir encore la fonder. Vous avez naguère rendu un juste hommage au Père Pierre Dalmond, considéré comme le fondateur de l’Eglise catholique à Madagascar il y a cent cinquante ans, avec des moyens pauvres et une persévérance admirable. Depuis cent ans, de nombreuses congrégations de religieux et de religieuses sont venues en renfort. Plus de cinq cents prêtres expatriés prêtent encore leur service. On ne peut qu’admirer la foi de tous ces hommes et femmes, leur amour sincère de vos compatriotes, la somme de leurs dévouements cachés. Dans le passé, la coïncidence de leur venue avec une conquête ne doit pas entacher leurs mérites car leur seul désir était de partager avec vous la foi qu’ils avaient eux-mêmes reçue gratuitement. Aujourd’hui, la joie de ces apôtres est de voir que le relais est pris.

Enfin, nous remercions Dieu de l’essor manifesté aujourd’hui par l’Eglise malgache.Les structures de la Conférence épiscopale, le fonctionnement de ses commissions et des organismes qui lui sont rattachés constituent des appuis nécessaires pour beaucoup d’activités ecclésiales dynamiques, comme en témoignent le Synode national de 1975, le Symposium des prêtres de 1978, le Symposium des jeunes de 1985. Et ce qui importe, au-delà de ces activités, c’est la qualité de foi et d’amour qu’elles doivent entretenir.



3. Dans quelles directions doit se déployer ce dynamisme? Il doit servir avant tout l’évangélisation, avec toute la richesse de sens qu’a exposée l’exhortation apostolique «Evangelii Nuntiandi» [2]: l’annonce et la mise en pratique du message de salut de Jésus-Christ pour les hommes et les femmes de Madagascar, tels qu’ils sont marqués par leur culture.

Lors de la visite «ad Limina» [3], nous avions évoqué les divers stades et secteurs d’évangélisation. Une partie de vos diocèses est plus démunie, à tous les points de vue, et nombreux y sont les Malgaches qui n’ont pas été vraiment initiés à la foi. Il y a encore, là surtout, mais aussi ailleurs, une première évangélisation à réaliser. J’encourage ceux qui s’y emploient, Malgaches et étrangers; et sans doute vous revient-il d’éveiller à cette responsabilité missionnaire vis-à-vis de leurs frères, les chrétiens malgaches qui ont reçu les premiers le don de la foi. Par ailleurs une entraide entre diocèses semble nécessaire et équitable.

Vous tenez à ce que la Bonne Nouvelle touche les personnes au fond de leur être, en tenant compte de leur langue propre, de leur sagesse telle que l’expriment maints proverbes, de leur sens de Dieu et de leurs liens de reconnaissance avec les ancêtres, de leurs coutumes familiales et sociales, en un mot de leur culture. Les Lazaristes avaient déjà pris une initiative remarquable en composant un catéchisme en malgache dès 1657. L’ensemble de la Bible a été édité en malgache en 1835. Mais l’inculturation est une oeuvre beaucoup plus complexe que la traduction linguistique; vous y êtes à juste titre très attentifs. Le Concile Vatican II a encouragé les efforts dans ce sens. Chez vous, les premières générations chrétiennes, dont Victoire est le beau symbole, ont accueilli l’Evangile dans sa radicalité, tel qu’il leur était apporté. Les valeurs évangéliques ont pu alors transformer peu à peu et renforcer le sens religieux et les valeurs humaines comme la bonté. La patience ou la solidarité dont l’âme malgache est comme naturellement imprégnée. Dans l’oeuvre de l’inculturation, le dialogue avec l’Eglise universelle et les autres l’Eglises africaines est important pour que l’originalité du message chrétien soit sauvegardée, avec sa structure théologique et éthique. La réflexion que vous menez dans le cadre de l’Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques sera très importante pour la nouvelle évangélisation dans toute cette région du monde.

Le souci d’inculturation ne remplace pas mais appelle et oriente tous les efforts de formation, profonde et systématique, à la foi: catéchèse des enfants, catéchèse des jeunes lycéens, formation permanente des adultes. Et je souhaite que les écoles catholiques remplissent leur mission d’éducation globale, en bénéficiant des aides publiques que justifient les services rendus à la société. Vous avez fêté les vingt ans du Centre national catéchétique qui a pu former de nombreux catéchistes diplômés. Je veux citer aussi les émissions catholiques. Ce sont là des exemples d’une pastorale prioritaire pour l’enracinement de la foi. L’attrait des sectes met en relief la fragilité du sentiment religieux lorsqu’il a manqué de réflexion, de nourriture.



4. La foi est inséparable de l’éthique chrétienne. C’est le vaste domaine de la formation des consciences: elle incombe à l’Eglise, et à vous tous spécialement, qui avez été institués docteurs et guides pour le Peuple de Dieu. Votre parole prophétique pourra donner le goût des véritables valeurs. Et ce service est également capital pour l’ensemble de la société, dont les mutations comportent bien des périls. Retenons notamment ici l’éthique familiale et l’éthique sociale. Vous êtes intervenus là-dessus avec courage et clarté par vos documents. Je souhaite que vos compatriotes en reprennent les enseignements et s’en inspirent dans leur vie.

Pour ce qui est de la famille, je connais votre document du 22 novembre 1988 sur le respect de la vie. Vous y rappelez avec fermeté le plan de Dieu sur l’amour conjugal et la procréation; vous proposez une planification familiale naturelle, vous refusez «l’impérialisme contraceptif» et plus encore l’avortement, d’ailleurs contraire à la sagesse malgache et à la loi civile. Je vous encourage vivement à continuer à former les consciences sur ce point capital. Des initiatives comme le Mouvement de promotion familiale (FTK) pourront contribuer à cette pastorale.

Dans le domaine civique et social, nous avions parlé en 1987 d’une grave détérioration du climat moral social. Tous ces maux sont bien connus et désormais souvent dénoncés. Une reprise n’en est que plus urgent. Puissent les responsables politiques réagir à tout ce qui mine le courage de travailler et l’honnêteté, la sécurité et la paix, le sens du bien commun et l’éthique du service, le progrès social et l’unité nationale! Et puisse votre lettre pastorale de novembre 1987: «Pour le redressement de la nation» susciter chez vos concitoyens une action concrète persévérante! Oui, il faut promouvoir la justice, tout en soulageant aujourd’hui même les détresses comme votre Caritas s’y emploie. Il faut promouvoir aussi la santé. Il faut lutter contre l’analphabétisme. Il faut encourager les «animateurs de développement».



5. Pour réaliser l’évangélisation et inspirer la promotion humaine dont nous venons de parler, vous ne manquerez pas de faire appel à toutes les forces vives de l’Eglise.

Les fidèles laïcs, à Madagascar, ont assumé dès le début le rôle très important qui leur revenait aussi bien dans les tâches ecclésiales que dans le renouveau des structures de la société. Ils ont formé des «Comités d’Eglise». Ils peuvent se situer de plain-pied dans la ligne de la récente exhortation apostolique. Je leur en parlerai demain. Encouragez-les. Suscitez des militants dans les divers milieux y compris ouvriers et ruraux, donnez-leur des possibilités de formation spirituelle et de discernement.

Je sais que le désarroi des jeunes vous préoccupe particulièrement; leur grand nombre rend d’autant plus préoccupants les problèmes de la qualité de l’enseignement et du chômage. Mais les jeunes chrétiens ont aussi du courage et la santé spirituelle, ils peuvent être des apôtres comme au temps de Victoire.

Je me réjouis avec vous de la progression du nombre des religieux et notamment des religieuses malgaches. C’est un très bon signe pour la vie apostolique comme pour la vie contemplative.

Tout cela ne doit diminuer en rien vos efforts pour préparer un clergé plus nombreux, soucieux de compétence et de sainteté. Cette formation est pour vous un souci primordial, dont dépend l’avenir de l’Eglise et la qualité de l’apostolat des laïcs eux-mêmes. Vous vous réjouissez de voir les vocations augmenter sensiblement; la qualité chrétienne des familles y est sans doute pour beaucoup, mais aussi la pastorale des vocations, la mobilisation des chrétiens dans la prière et la contribution spécifique des petits séminaires et des noviciats, à condition que le discernement y soit bien exercé dans le choix et les motivations des candidats.

Quant aux grands séminaires, vous vous êtes orientés vers des maisons décentralisées dans chaque province, avec un statut spécial pour l’Institut supérieur de théologie d’Ambatoroka (ISTA). Les raisons de ce choix se comprennent aisément. Le problème reste cependant entier de pourvoir ces séminaires de supérieurs, de professeurs et de directeurs spirituels compétents. Même avec la solution envisagée d’une équipe de professeurs spécialisés itinérants, il reste indispensable que des accompagnateurs spirituels demeurent en permanence proches des étudiants. Puissiez-vous convaincre vos prêtres, séculiers ou religieux, de la beauté du ministère qui consiste à former de futurs prêtres!

En ce qui concerne les prêtres de vos diocèses, je vous encourage à faire d’eux un presbyterium uni et fraternel, où séculiers et religieux vivent en harmonie. Vous serez attentifs aux situations de solitude ou au découragement que les conditions de leur ministère pourraient entraîner. En retour, je demande aux prêtres, et spécialement aux expatriés, de collaborer loyalement avec vous.

A côté des forces vives catholiques, d’autres communautés chrétiennes sont actives. L’oecuménisme est à promouvoir, comme je l’ai dit il y a quelques instants à la cathédrale. Car nous avons un témoignage commun à donner, face à ceux qui ne connaissent pas le Christ et face aux graves problèmes de la cité. Dans le nord, le dialogue inter-religieux avec les musulmans a aussi sa place, toujours dans la clarté.

En fait, nous avons d’abord et surtout à prier l’Esprit Saint qui nous a été transmis en plénitude par l’imposition des mains au moment de notre ordination épiscopale: il demeure en nous. Lui seul peut faire que notre ministère apporte un surcroît de sainteté dans notre peuple; lui seul maintient en nous l’espérance, car nous devons continuer à semer, en sachant que la moisson ne nous appartient pas. Mais si nous sommes fidèles, la moisson ne manquera pas. Avec l’Apôtre Pierre, je vous dis: «Montrez-vous les modèles du troupeau» [4]. Et je vous bénis de tout coeur.


[1] Cfr. Rm 1,11-15.
[2] Cfr. Pauli VI Evangelii Nuntiandi, EN 17-39.
[3] Ioannis Pauli PP. II Ad Madagascariae episcopos sacra Limina visitantes, 3, die 21 maii 1987: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, x, 2 (1987) 1724 ss.
[4] 1P 5,3.


MESSAGE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II AUX DÉTENUS

Antananarivo (Madagascar), Dimanche, 30 avril 1989



Au nom du Christ, je vous salue de tout coeur.


Pendant ma visite pastorale à Madagascar, je n’aurai pas l’occasion de vous rencontrer. Vous êtes pourtant de ceux que j’aurais bien aimé voir, ne serait-ce que pour faire ce que le Seigneur a demandé dans l’Evangile lorsqu’il a déclaré: «J’étais prisonnier, et vous êtes venu me voir».

La Bible nous montre la dignité de l’être humain: il est comme le couronnement de l’oeuvre de Dieu, il a été créé à son image. Dieu a permis que son propre Fils, Jésus-Christ, verse son sang sur la croix afin que l’homme et la femme redeviennent ses amis.

Cependant, il nous arrive, par nos fautes, de défigurer en nous l’image de Dieu et de ne pas la respecter chez les autres: alors, c’est le désordre, avec toutes sortes de conséquences désastreuses pour nous-mêmes et pour nos frères et coeurs.

Toutefois, il nous est toujours possible de demander pardon pour le mal commis et de retrouver l’amitié avec Dieu et nos frères. Le Christ nous en offre les moyens. Il a été lui-même arrêté au jardin des oliviers, conduit de tribunal en tribunal, jugé et condamné injustement, flagellé et ridiculisé, finalement mis à mort sur une croix. Par sa Passion et sa Résurrection, il nous donne lumière et force afin de nous tourner de nouveau vers Dieu notre Père et de reprendre le bon chemin.

Il ne faut jamais douter de ce pardon de Dieu et je souhaite que vous puissiez dès maintenant retrouver la paix de ceux qui se savent toujours aimés de Dieu. Je vous invite à ouvrir tout grand votre coeur au Seigneur pour redécouvrir que vous avez du prix à ses yeux. Le plus important pour chacun de nous, c’est de ne pas manquer le rendez-vous avec Dieu. Si ce rendez-vous se fait dans la prison, alors vos peines vous paraîtront plus supportables et vous trouverez une raison de vivre.

Pour certains parmi vous, la détention est sans doute très douloureuse. Je pense, en particulier, aux femmes qui ont des enfants et aux adolescents. Tous, je vous garde dans mon affection, priant le Seigneur de soutenir votre espérance en des jours meilleurs.

Je sais aussi que certains parmi vous, à travers les difficultés de la prison, vivent la fraternité et la solidarité. Il en est même qui ont fait l’expérience d’un cheminement spirituel de valeur, soutenus par leurs proches et leurs amis.

Enfin, je forme le voeu que vous repreniez dès que possible une place normale dans la société, que vous retrouviez la vie en famille et que vous meniez au plus tôt une existence digne d’un fils ou d’une fille de Dieu.

Au nom du Sauveur des hommes, je vous bénis de tout coeur, ainsi que vos pasteurs, et je donne ma Bénédiction Apostolique en particulier à vos familles, à vos conjoints et à vos enfants.

A Antananarivo, le 30 avril 1989.

IOANNES PAULUS PP. II


AVEC LE LAÏCAT DANS L'ÉGLISE PAROISSIALE DE SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

Antananarivo (Madagascar), Dimanche 30 avril 1989


Chers Frères et Soeurs,



1. «Vous êtes le sel de la terre...
Vous êtes la lumière du monde» [1].

Ces paroles de Jésus s’adressent à tous les disciples. Elles s’appliquent de façon toute spéciale aux fidèles laïcs [2]. Au nom de Jésus, je suis venu vous les redire à vous, chrétiens de Madagascar. Je suis très heureux de vous rencontrer, d’écouter votre témoignage, de voir votre vitalité chrétienne et de vous affermir dans votre mission de témoins du Christ. Je vous remercie de l’attachement envers l’Evêque de Rome que vous avez exprimé dans votre adresse, vous qui représentez les forces vives de l’Eglise dans ce pays.

L’engagement du laïcat chrétien à Madagascar ne constitue sans doute pas un pas unique dans l’Eglise, mais il est singulièrement significatif. Dans beaucoup de pays en effet, surtout ceux de vieille chrétienté, nous essayons de convaincre les laïcs de bien prendre toutes leurs responsabilités de baptisés et de ne pas s’en décharger sur les prêtres, car tous les membres du Corps du Christ doivent être actifs. C’est ce que j’ai fait récemment encore en adressant aux catholiques l’exhortation «Christifideles Laici» sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde. Je reprenais en grande partie les témoignages donnés au Synode des Evêques de 1987, à Rome. Je me faisais l’écho de la très large invitation de Jésus à travailler à l’évangélisation du monde: «Allez, vous aussi, à ma vigne» [3].

Or, on a l’impression que chez vous, il n’y a pas lieu d’insister beaucoup: les laïcs ont pris d’emblée leur part de ce travail. Dès le début, comme vous venez de le rappeler, alors qu’il n’y avait pas encore de prêtres malgaches et que les missionnaires étrangers manquaient ou avaient dû partir, après une première annonce bien rapide, les chrétiens se sont organisés, notamment les jeunes de l’«Union catholique». Ils ont soutenu et formé les catéchumènes, ils les ont entraînés à la prière, ils ont été missionnaires jusque dans les villages de la brousse, des hauts-plateaux. Une laïque, Victoire Rasoamanarivo que nous venons de béatifier, et un Frère des Ecoles chrétiennes, Raphaël Louis Rafiringa, prenaient en charge l’animation de la vie de l’Eglise. Et depuis, les laïcs semblent n’avoir jamais déserté la vigne du Seigneur.



2. Cela ne veut pas dire que le rôle spécifique du prêtre et de l’évêque au milieu de vous en soit obscurci ou diminué. Au contraire, plus vous participez aux services d’Eglise, plus vous exercez votre apostolat et plus vous sentez le besoin de ministres ordonnés qui agissent au nom du Christ-Tête pour rassembler l’Eglise en lui transmettant l’Evangile et les sacrements [4]. Ils sont à votre service pour vous permettre de remplir votre mission de baptisés qui est une participation à la fonction sacerdotale, prophétique et royale de Jésus-Christ [5]. Vous ne pouvez pas vous substituer à eux comme pasteurs, même si vous êtes délégués pour telle ou telle fonction. Mais les prêtres eux-mêmes ne peuvent travailler comme vous, du dedans, à la sanctification du monde.

La joie avec laquelle vous me parlez des premières vocations de prêtres, de vocations actuelles de religieux et de religieuses, manifeste que vous comprenez bien que tous se complètent au service d’un même but: l’accroissement du Règne de Dieu. Je félicite donc tous les laïcs qui acceptent de consacrer leur temps, leurs forces, leur coeur, a travailler à la vigne du Seigneur, et j’y appelle tous les autres, chacun selon les dons qu’il a reçus.



3. La mission du laïc comprend des services d’Eglise, un témoignage, un apostolat, en somme une action dans le cadre de l’oeuvre d’évangélisation. Mais pour agir et témoigner en chrétien, il faut d’abord être chrétien. L’apostolat serait artificiel, infructueux et mal accueilli s’il n’était pas l’expression d’une foi approfondie, d’une charité sincère, d’une prière authentique. Le Christ ne vous dit pas seulement: vous introduirez votre sel dans le monde; ou vous porterez une lumière dans le monde; mais vous êtes le sel de la terre», «vous êtes la lumière du monde». Vous ne pouvez rayonner que ce que vous êtes déjà au-dedans de vous-mêmes.

Chers Frères et Soeurs, prenez donc conscience de ce que vous êtes devenus par le baptême. Vous êtes devenus membres du Corps du Christ, temples de l’Esprit Saint. Vous avez revêtu le Christ. L’être ancien, le «vieil homme» que vous étiez a été comme enseveli avec le Christ, un être nouveau est né en vous avec une capacité de croire, d’espérer et d’aimer selon Dieu. Vous n’en avez pas le mérite: c’est un don de l’amour de Dieu. Cependant, vous y avez cru, vous avez donné votre assentiment à cet appel de Dieu. Avec sa grâce, vous devez devenir de plus en plus conformes à Celui dont vous portez l’image en vous. Aimez comme il a aimé! Je vous redis la parole de Pierre: «De même que celui qui vous a appelés est saint, montrez-vous saints, vous aussi, dans toute votre conduite» [6].

Cette sainteté suppose un rapport confiant avec Dieu, entretenu dans la prière personnelle et communautaire; elle requiert aussi la mise en pratique quotidienne des béatitudes. Qu’il n’y ait pas de divorce entre votre foi et votre vie [7]! Vous incarnerez alors la nouveauté de l’Evangile, vous la porterez en vous comme un sel qui donne saveur et qui conserve, comme une lumière qui brille, qui réchauffe et qui éclaire. Vous n’aurez sans doute pas conscience de ce rayonnement, mais il sera un appel pour les autres.

Certes, il nous faut demeurer humbles. Nous ne sommes jamais à la hauteur d’une telle vocation. Nous portons ce trésor dans des vases d’argile. Il vaut mieux le reconnaître. Vous venez de dire vous-mêmes la peur que vous éprouvez souvent devant les exigences évangéliques. Mais l’Esprit de sainteté demeure en vous; il vous permet de vous ressaisir; il vous empêche de vous résigner aux diverses formes du péché, à l’injustice, à la violence, à la haine; il vous pousse à reconstruire sans cesse l’harmonie entre frères, l’amitié dans l’entraide, ce que vous appelez dans votre tradition le «fihavanana».


4. Non seulement le Seigneur vous appelle personnellement à la sainteté, mais il vous envoie témoigner. Le baptême et la confirmation vous ont habilités et engagés à l’oeuvre d’évangélisation. Et également le mariage.

Dans l’Eglise elle-même, vous participez à tout ce qui assure sa vitalité, sa sanctification, son soutien matériel, sa vie fraternelle et surtout son témoignage de l’Evangile [8]. On peut parler d’une coresponsabilité des fidèles laïcs dans l’Eglise-Communion qui est aussi l’Eglise-Mission. Cela se manifeste de bien des façons, au niveau de la paroisse, du diocèse, de l’ensemble du pays. Vous participez aux Conseils pastoraux et vous apportez même une collaboration appréciée aux travaux des Commissions épiscopales, notamment de la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs; vous contribuez à la préparation des documents par lesquels les évêques interpellent la conscience de vos compatriotes sur de graves questions.

Depuis longtemps, dans les communautés des villages qui dépendent du centre où se trouve le pasteur de l’ensemble, le catéchiste et un comité de laïcs ont la charge de diriger la prière dominicale en l’absence du prêtre, d’animer la communauté et de participer aux décisions avec le prêtre. Outre le rôle liturgique, les laïcs assurent une grande partie de la catéchèse, c’est presque totalement le cas dans la brousse, ainsi que la préparation aux sacrements.

Dans les villes, la jeunesse très nombreuse des lycées a un besoin impérieux d’être initiée à la foi: j’encourage tous ceux qui s’y consacrent. Les chrétiens qui enseignent dans les établissements scolaires catholiques peuvent y donner une éducation où la foi imprègne tout ce qui forme l’esprit et le coeur. Puissent-ils saisir cette chance!

La pastorale familiale est également un apostolat capital, qu’il s’agisse de préparer les jeunes au mariage ou d’aider les foyers à le vivre selon le projet de Dieu et l’enseignement de l’Eglise.

Le service des frères et soeurs plus démunis est également une caractéristique essentielle de l’Eglise, et je sais quelles initiatives généreuses déploient chez vous les réseaux de la Caritas où les laïcs ont une grande part. N’oubliez jamais le soutien des malades et des pauvres.On compte également sur vous pour annoncer l’Evangile à tous ceux qui ne l’ont pas encore reçu et accueilli par la foi [10].

Pour tous ces services qui édifient l’Eglise, je souhaite que les laïcs gardent l’esprit d’initiative et la générosité qu’ils ont montrés dès le début de l’évangélisation à Madagascar. Je me réjouis de savoir que des prêtres et de nombreuses religieuses malgaches les soutiennent dans ces activités ecclésiales. Mais la bonne volonté des laïcs ne suffit pas: il leur faut acquérir la compétence qui correspond à ces services, notamment la formation catéchétique, doctrinale, pédagogique, liturgique, dans l’esprit du Christ, du Christ-Sauveur.



5. Votre témoignage et votre action ne sauraient se limiter au soutien des communautés ecclésiales. C’est le monde qui est le champ de votre apostolat. «Le "monde" devient ainsi le milieu et le moyen de la vocation chrétienne des fidèles laïcs», affirme l’exhortation post-synodale «Christifideles Laici» [11].

L’apostolat vise naturellement la conversion et le progrès spirituel des personnes; il s’agit de toucher le coeur de son voisin, de son ami, de son compagnon de travail. C’est dire l’importance d’un apostolat personnel, qui découle avec simplicité d’une vie vraiment chrétienne.

Mais les personnes sont très marquées par leur milieu, par les mentalités de leur entourage, par les conditions de vie, par les institutions sociales. A Madagascar, vous êtes particulièrement sensibles à cette solidarité qui unit les personnes dans le bien comme dans le mal. L’apostolat doit donc chercher à introduire la nouveauté de l’Evangile dans les mentalités et les structures sociales pour permettre le bonheur et le progrès moral et spirituel des personnes et des communautés. C’est un devoir pressant lorsque la société risque de se dégrader. Et si un tel apostolat est collectif, il est plus efficace et il témoigne mieux du mystère de l’Eglise qui est communion [12].

C’est bien sur ce terrain que vous cherchez à agir. En écho à la lettre de vos évêques de novembre 1987, certains d’entre vous ont rédigé un document significatif: «Les laïcs face au redressement national». Vous êtes lucides sur les maux qui pervertissent l’esprit de l’homme le «fanahy maha-olona», et contrecarrent la solidarité, le véritable «fihavanana». Vous stigmatisez les inégalités injustes, la corruption, tout ce qui détruit la paix sociale et la justice. Si les «décideurs» ont une responsabilité première, tous les citoyens sont concernés. Et vous pensez justement que la mission de l’Eglise est de proposer son éthique de service, de justice, de vérité, d’amour, de pardon, d’espérance. Comment ne pas apprécier cet engagement, en souhaitant qu’il se réalise concrètement! Tant de Malgaches ont reçu une éducation chrétienne qui devrait leur permettre d’assumer en chrétiens leurs responsabilités sociales, s’ils ne cèdent pas à la démission ou à la peur. Il faut veiller aussi à ce que cet engagement soit à la portée des chrétiens de tous les milieux, non seulement indépendants, mais aussi ouvriers et paysans. Par ailleurs nos frères protestants et même les autres croyants peuvent s’associer aux catholiques lorsqu’il s’agit de ce redressement moral pour promouvoir le sens du bien commun, de l’honnêteté, de la justice, de la dignité des personnes.

L’exhortation «Christifideles Laici» [13] évoque tous ces engagements qui peuvent concerner la vie sociale, économique, administrative, syndicale, éducative, ou les graves problèmes de la nutrition, de la santé, de l’emploi des jeunes, sans omettre les responsabilités politiques, étant entendu que les options personnelles légitimes en ce dernier domaine ne sauraient être identifiées à celles de l’Eglise. J’attire enfin l’attention sur le premier espace de l’engagement social: la famille [14]. La civilisation et la solidité des peuples dépendent surtout de la qualité humaine de leurs familles: accueil et respect de la vie, fidélité des conjoints, éducation donnée aux enfants.

J’encourage donc tous les mouvements ou associations qui répondent à ce devoir de l’apostolat: ceux qui fortifient la vie spirituelle des chrétiens ou leur sens apostolique, comme les Communautés de vie chrétienne ou la Légion de Marie, les mouvements d’éducation des jeunes (MEI, scoutisme et Ibalita), les mouvements familiaux (FTK), les mouvements d’action catholique d’enfants, de jeunes, notamment pour les ruraux, et d’adultes. Que leurs membres s’imprègnent de l’esprit du Christ, car c’est son oeuvre qui doit s’accomplir en eux et par eux! Qu’ils soient notamment les témoins de l’amour préférentiel du Christ pour les pauvres!

Voilà, chers amis laïcs, les orientations que le Pape vous invite à donner a votre action, avec se Frères les évêques de Madagascar. Travaillez en confiante collaboration avec eux. Le peuple de Madagascar vous fait confiance, il a les yeux fixés sur vous qui appartenez à la religion du Fils de Dieu fait homme, qui adhérez à son message d’amour. L’Eglise compte sur vous; vous êtes l’Eglise, le Corps du Christ. N’oubliez pas les paroles du Seigneur: «Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde». Que l’exemple et l’intercession de la Bienheureuse Victoire vous stimulent! Et moi, de grand coeur, je prie Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, de vous bénir et de bénir vos familles, vos mouvements, et votre pays tout entier.

[1] Mt 5,13-14.
[2] Cfr. Ioannis Pauli PP. II Christifideles Laici, CL 15.
[3] Mt 20,3.
[4] Cfr. Ioannis Pauli PP. II Christifideles Laici, CL 22.
[5] Cfr. ibid. CL 14.
[6] 1P 1,15.
[7] Cfr. Ioannis Pauli PP. II Christifideles Laici, CL 59.
[8] Ibid. CL 33.
[9] Ibid. CL 32.
[10] Ibid. CL 34.
[11] Ibid. CL 15.
[12] Ibid. CL 29.
[13] Ibid. CL 36-44.
[14] Ibid. CL 40.




Discours 1989 - Antananarivo (Madagascar) Samedi, 29 avril 1989