Discours 1987 - Jeudi 21 mai 1987


À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN

Vendredi 22 mai 1987


Messieurs les Cardinaux,
chers Frères dans l’épiscopat,
et chers amis de la Congrégation pour le Culte Divin,



1. Je suis heureux de vous recevoir à l’occasion de votre Assemblée plénière. Les rapports qui vous ont été présentés manifestent que les travaux de ce Dicastère ont été intenses depuis la précédente réunion plénière d’octobre 1985. Certains de ces travaux sont parvenus à leur terme, tandis que d’autres se poursuivent.

J’évoquerai seulement la nouvelle édition typique du Rituel du mariage, du Rituel des ordinations; l’élaboration d’un corpus complet du Rituel romain, qui marquera l’achèvement de la révision de celui de 1614, conformément aux directives de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium. Je pense aussi au Martyrologe romain qu’il convenait de réélaborer avec le souci de la vérité historique qui, loin d’affaiblir la dévotion envers les saints, contribue à la faire grandir dans le peuple chrétien. Je cite encore la préparation en cours d’un supplément biblique et patristique pour la Liturgie des heures. Enfin je me réjouis de ce que la publication d’un ensemble de messes en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie ait précédé de quelques mois le début de l’Année mariale.



2. A côté des textes liturgiques, il y a le problème plus large et tout aussi important de l’adaptation de la liturgie. Selon les instructions du Concile, la liturgie doit demeurer vivante, sans pour autant se laisser modeler au gré de la fantaisie de chacun. C’est l’objet des orientations préparées par votre Congrégation pour l’inculturation de la liturgie dans les mentalités et les traditions des peuples, et, par ailleurs, pour l’adaptation des célébrations liturgiques destinées aux jeunes. Oui, il importe de rechercher une participation active, justement demandée par le Concile, étant bien entendu qu’il ne s’agit pas de viser seulement une sorte d’activité extérieure, ni une expression d’ordre purement sensible, mais de participer intimement au mystère du Christ, qui nous appelle à le suivre dans son obéissance totale au Père et dans le don qu’il fait de lui-même pour notre salut et pour le salut du monde.

Au cours de votre réunion, vous avez examiné principalement les questions concernant la célébration du dimanche là où le prêtre ne peut être présent, la Semaine sainte, et les manifestations artistiques organisées dans les lieux de culte.



3. Comment célébrer le Jour du Seigneur dans une communauté chrétienne privée de prêtre? C’est une situation fréquente depuis longtemps en pays de mission. C’est une situation que connaissent maintenant plusieurs pays de vieille chrétienté, par suite de la diminution du nombre des prêtres. Il ne faut jamais se résigner à cette absence, car la présence du prêtre est nécessaire pour le maintien et le développement des communautés chrétiennes locales. L’éveil des vocations dans ces communautés doit demeurer une préoccupation primordiale. Mais il faut bien faire face et pourvoir le mieux possible au bien spirituel des fidèles. Or, l’un des points essentiels de référence des chrétiens, où ils puisent ensemble lumière et force, c’est, depuis les origines, l’assemblée dominicale, le rassemblement des fidèles en un même lieu pour célébrer le Seigneur ressuscité. Cela ne peut se faire pleinement que dans la célébration du sacrifice eucharistique, qui est le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ, dans la louange, l’action de grâce et la supplication.

Les fidèles qui ne peuvent, par défaut de prêtre, participer à une messe paroissiale, doivent cependant pouvoir se réunir, eux aussi, dans la prière de louange et de demande, dans l’écoute de la Parole de Dieu, et si possible dans la communion au Pain eucharistique consacré lors d’une messe précédente. Cette forme de célébration ne remplace pas la messe, mais elle doit la faire désirer davantage. C’est, pour une petite communauté de fidèles, un moyen, certes imparfait, de garder concrètement sa cohésion et sa vitalité, de maintenir ses liens, de dimanche en dimanche, avec l’Eglise entière que Dieu ne cesse de rassembler et qui lui présente, de l’Orient à l’Occident, partout dans le monde, une offrande pure (Prex Eucharistica III).



4. Un autre sujet a retenu votre attention: la Semaine sainte. Voilà plus de trente ans que la Veillée pascale d’abord, puis l’ensemble de la Semaine sainte, ont été restaurés dans l’Eglise romaine, et cette restauration a été accueillie alors avec enthousiasme.

Aujourd’hui, il est bon de faire le bilan, d’évaluer éventuellement la baisse d’intérêt ou de participation en certaines régions, les difficultés qui demeurent ou qui ont surgi sur certains points, et de rappeler l’enjeu de la grande Semaine où l’Eglise tout entière célèbre le mystère pascal. “ De même que le dimanche constitue le sommet de la semaine, de même la solennité de Pâques constitue le sommet de l’année liturgique ” (Normae universales de anno liturgico, 18). En suivant pas à pas le Sauveur depuis son entrée messianique à Jérusalem, le dimanche des Rameaux, jusqu’à sa déposition de la croix, au soir du Vendredi saint, l’Eglise s’achemine vers la nuit sainte où le Seigneur est ressuscité, et qui doit être considérée comme la mère de toutes les saintes veillées (Ibid. 21).

C’est dire qu’une préparation est nécessaire tout au long du Carême, dans la prière commune, dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans la pratique de la pénitence. Cela demande en particulier aux pasteurs un souci vigilant pour préparer les coeurs à la rencontre du Christ Sauveur–par une catéchèse appropriée, et d’abord par les homélies du dimanche–, pour ménager opportunément des temps de confession individuelle et des célébrations pénitentielles communautaires permettant l’aveu et l’absolution personnels, pour préparer aussi d’autres célébrations dignes et priantes.



5. Vous avez eu enfin à examiner le problème des concerts et d’autres manifestations artistiques dans les lieux de culte. Il est certain que nos églises ont joué depuis fort longtemps un rôle important dans la vie culturelle des villes et des villages: l’église n’est-elle pas la maison du Peuple de Dieu? N’est-ce pas dans l’église qu’il a ressenti les premières émotions esthétiques, devant la beauté de l’édifice, de ses mosaïques, de ses tableaux ou de ses statues, de ses objets sacrés, en écoutant la musique d’orgue ou les chants du choeur, en présence de célébrations liturgiques qui le haussent au-dessus de lui-même et le font pénétrer au coeur du Mystère?

Car c’est bien là le caractère primordial de l’église: elle est la maison de Dieu; elle est un lieu sacré de par la dédicace ou la bénédiction solennelle qui l’ont précisément consacrée à Dieu. L’église est le lieu où habite le Seigneur au milieu de son peuple et où le peuple se réunit pour adorer et pour prier. C’est pourquoi tout doit être mis en oeuvre pour respecter ce caractère sacré de l’église.

En dehors des célébrations liturgiques, il peut y avoir place pour une musique religieuse sous forme de concert. Ce peut être une occasion offerte aussi à des chrétiens qui ne sont plus pratiquants, ou même à des non chrétiens qui cherchent Dieu, d’accéder à une expérience religieuse vraie, au-delà d’une simple émotion esthétique. La présence du pasteur est alors souhaitable pour introduire comme il convient à cette manifestation spirituelle et veiller au respect du lieu saint. De cette façon l’église demeurera, même à travers des manifestations artistiques sans lien avec la liturgie, le lieu où l’on peut découvrir la présence du Dieu vivant, qui est la source de toute beauté.

Voilà, chers Frères et vous tous qui participez, occasionnellement ou quotidiennement, au travail de la Congrégation pour le Culte Divin, quelques pensées que me suggèrent vos travaux. Je vous remercie de contribuer dans l’Eglise universelle, à une place de choix et en collaboration avec le successeur de Pierre, à la promotion de la liturgie et donc à la qualité de la prière, à la vie théologale du Peuple de Dieu. Et, en vous encourageant à poursuivre votre mission avec la profondeur théologique, le sens de l’Eglise et la sagesse qui sont nécessaires, je vous bénis de tout coeur.




AUX PARTICIPANTS À UNE RENCONTRE PROMUE PAR LE CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS

Salle Clémentine - Samedi 23 mai 1987




Chers Frères dans l’épiscopat,
Chers amis,



1. À travers les paroles de Monsieur le Cardinal Eduardo Pironio, Président du Conseil pontifical pour les Laïcs, vous avez voulu m’exprimer votre gratitude pour cette audience. J’ai moi-même désiré vous rencontrer, vous tous qui avez accepté de participer à cette Consultation mondiale organisée par le Conseil pontifical pour les laïcs, en vue de la toute prochaine Assemblée du Synode des Evêques qui aura pour thème: “ La vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde vingt ans après le Concile Vatican II ”. Je tiens, à mon tour, à vous remercier d’être venus ici de nombreux pays, de tous les continents, afin d’apporter une contribution de qualité à la préparation d’un événement si important.

Je sais que vous êtes les témoins et les messagers d’expériences très variées quant à la participation des laïcs chrétiens à la communion dans l’Eglise et à sa mission. Il y a parmi vous des représentants d’associations qui assurent une présence catholique dans la vie internationale et qui manifestent la surprenante floraison des charismes et la vitalité missionnaire des mouvements ecclésiaux. Je vois aussi des membres des Conseils nationaux des laïcs, des Conseils pastoraux ou d’autres structures de la collégialité et de la coresponsabilité dans la vie pastorale de l’Eglise. Nombreux sont parmi vous ceux qui ont assumé certaines tâches et rendent des services très appréciés au niveau de l’animation de la communauté, de la liturgie, de la formation catéchétique, de l’entraide caritative; et dans certains cas l’Eglise vous a confié pour cela une mission stable, voire un ministère institué, non-ordonné. Ou encore, comme chrétiens vous donnez un témoignage de foi et de charité active dans la vie conjugale et familiale, dans vos milieux de vie, dans le monde du travail, dans la vie politique, dans la création artistique et culturelle, dans la recherche scientifique, dans le domaine socio-économique comme dans l’important secteur des relations internationales; et dans ce cas, vous vous réunissez souvent dans des mouvements qui vous permettent de réfléchir ensemble et de mener une action concertée pour l’amélioration des mentalités et, par les personnes, l’aménagement des structures. C’est la vocation et la mission que le Concile a reconnues aux laïcs chrétiens et que vous cherchez à épanouir pleinement et à réaliser concrètement.

A ce propos, je voudrais évoquer deux aspects que le Synode ne manquera pas de développer. Votre participation à la vie de l’Eglise, à son témoignage et à son action, est une vraie responsabilité, qui demande un engagement suivi sur lequel l’Eglise compte. Je vous félicite de l’avoir compris et je vous encourage à continuer de prendre de telles responsabilités, à un moment où trop de gens autour de vous s’en tiennent à une attitude passive ou à la recherche d’expériences communes de joie et de réconfort, tout à fait légitimes et bienfaisantes, mais peut-être en perdant de vue le nécessaire engagement.

Par ailleurs, tous sont appelés à prendre une responsabilité et à s’y préparer par une formation adéquate, jeunes et adultes, hommes et femmes.



2. J’ai déjà eu un bon aperçu de vos expériences de vie chrétienne en vous écoutant et en dialoguant avec vous. Il en a été de même pour les Cardinaux et les Evêques membres du Conseil du Secrétariat du Synode qui, avec le Secrétaire général, Monseigneur Jan Schotte, et ses collaborateurs, vous ont accompagné tout au long de la première journée de vos travaux à Rocca di Papa. Avec eux vous avez pu partager vos expériences, vos préoccupations, vos initiatives et vos espérances dans la perspective du prochain Synode. Leur présence à cette audience est significative, et je les remercie d’être venus. Les membres du Conseil pontifical pour les laïcs, réunis pour leur Assemblée plénière, se sont également joints à vous.

Cette dynamique d’écoute et de dialogue, de partage et de discernement, de prière, d’échanges et de propositions -que l’on appelle à juste titre “ consultation ” –, est un peu comme un miroir où se reflète et se concentre le vaste mouvement de participation et de consultations qui, à travers des ramifications innombrables et diversifiées, a permis- à des millions de catholiques dans le monde d’apporter leur contribution, selon des rythmes variables, au parcours préparatoire du Synode. Vous tous ici rassemblés en ces jours, vous ne représentez que la partie visible de l’iceberg, dont la masse imposante–cachée pour qui jette un regard superficiel–est formée d’une multitude de courants et englobe les nombreuses interventions de communautés paroissiales et diocésaines, de Conseils pastoraux, de communautés religieuses, de mouvements, d’associations, sans compter le témoignage de toutes les personnes qui agissent à titre individuel, et l’apport des rassemblements les plus divers, à tous les niveaux, local, national, continental et international.



3. Chers amis, en décembre 1985, à la En de l’Assemblée extraordinaire du Synode qui commémorait le vingtième anniversaire du Concile Vatican II, j’ai pu dire, en insistant une fois encore sur l’importance de l’institution synodale, que les Assemblées à venir ne donneraient des fruits abondants que dans la mesure où elles seraient précédées d’une préparation appropriée, avec la participation et l’information opportune de toutes les communautés chrétiennes. “ Ainsi, disais-je aux Pères du Synode extraordinaire, se déclenchera un mouvement de vie qui servira la catholicité et l’unité des esprits et des coeurs ” (Ioannis Pauli PP. II, Allocutio Synodo extraordinaria exeunte ad Patres congregatos habita, 8, die 7 dec.1985: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, VIII, 2 (1985) 1431). L’ecclésiologie de communion, qui occupe une place fondamentale dans la théologie exprimée par les Pères conciliaires, se réalise à travers ce mouvement: tous les membres de l’Eglise – prêtres, religieux, laïcs –, rassemblés autour de leurs Pasteurs, sont appelés ainsi à participer à la richesse multiforme des ministères et des charismes dans l’unité de la mission.

J’ai cité les prêtres et les laïcs. Trop souvent, on oppose leurs rôles respectifs, sans bien voir leur complémentarité réelle, ou bien l’on s’exprime en termes de suppléance. Il importe - et j’espère que le Synode le précisera - de bien considérer la cohérence de la structure sacramentelle de l’Eglise, le Corps du Christ, où le sacerdoce ministériel signifie et réalise la présence et l’action du Christ Tête.

4. en anglais…

5.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA «CARITAS INTERNATIONALIS»

Salle Clémentine - mardi 26 mai 1987




Monsieur le Cardinal,
Chers Frères dans l’épiscopat,
et vous tous, Délégués des Caritas nationales,



1. Soyez les bienvenus qui participez à la XIIIe Assemblée générale de Caritas internationalis. Je salue chacun d’entre vous et chacune de vos Organisations nationales, et, à travers vous, je souhaite étendre mon salut et mes encouragements à tous ceux qui, dans vos pays, sont membres d’une Caritas.

Vous avez le sens de l’Eglise et vous partagez ses préoccupations, comme en témoigne notamment le thème de votre présente Assemblée générale: “Pour construire la paix, construisons des communautés de justice et de charité”. Aucun chrétien ne peut rester insensible au grave problème de la paix que je rappelle chaque année à l’attention du monde par un message spécial pour la Journée mondiale de la Paix. Des catholiques se dédient particulièrement à cette grande oeuvre: soutenez leurs efforts, encouragez-les, eux et leurs organisations, et d’abord dans chacun de vos pays et de vos diocèses, car il n’y aura de paix authentique que fondée sur la charité. Par vocation spéciale, en un certain sens, vous vous préoccupez des situations de pauvreté et de détresse, et vous découvrez en même temps que beaucoup de souffrances sont créés par des situations d’injustice qui nuisent aussi à la paix sociale. Dans la dénonciation des injustices, de la torture, des exactions, vous rejoignez les efforts des chrétiens qui se sont souvent constitués en Associations pour s’y engager pleinement. Oui, la charité s’inscrit dans l’engagement social de l’Eglise, et votre Organisation a sa place très importante parmi toutes celles qui sont inspirées par l’Evangile. Le thème de votre Assemblée générale est tout à fait d’actualité et manifeste clairement que vous voulez collaborer, à votre place spécifique, à la pastorale de vos Eglises pour promouvoir la paix en oeuvrant pour plus de justice et de charité.



2. Parmi tous ceux qui participent à cette pastorale, et plus spécifiquement à la pastorale sociale d’un diocèse ou d’un pays, vous avez votre “ charisme ”: celui d’une “ charité active ”, consacrée à l’assistance, à la promotion humaine et au développement intégral des plus défavorisés, sans jamais séparer, évidemment, la charité de la justice sociale. “ Recherchez la charité ” (1Co 14,1), comme nous y exhorte l’Apôtre saint Paul. Personne n’a le monopole de cette vertu, mais qu’elle vous inspire vraiment ainsi que les prêtres, les religieux et les religieuses, les organisations, tous ceux qui coordonnent de telles activités “ sous la direction de l’évêque ” afin que soit “ manifestée l’unité du diocèse ” (Christus Dominus CD 17).

Vous insistez à juste titre sur cette responsabilité de l’évêque dans son diocèse,- sur celle de la conférence épiscopale dans chaque pays; je vous en félicite et j’encourage également toutes les organisations catholiques à une grande fidélité à l’enseignement du Concile, afin que l’unité du Peuple de Dieu progresse dans le respect de chacun de ses membres.



3.Caritas internationalis a des responsabilités au service de l’Eglise universelle; elles sont concrétisées par sa présence au sein du Conseil pontifical “ Cor Unum ” dont elle est membre. Elle y apporte la richesse de son expérience dans la réflexion sur la charité et dans la catéchèse sur les pauvres et l’amour préférentiel que leur porte l’Eglise. Vous participez souvent aux groupes de travail, et concourez par votre exemple et votre fidélité à la mission qui a été confiée à ce Conseil de “ s’efforcer d’harmoniser les forces et les initiatives de tous les organismes catholiques et, au-delà, de tout le Peuple de Dieu, par l’échange d’informations et un effort accru de coopération ” (Pauli VI, Epistula ad Em.mum P.D. Ioannem S.R.E. Cardinalem Villot, a publicis Ecclesiae negotiis, qua Pontificium Consilium «Cor Unum» de humana et christiana progressione fovenda in Urbe conditur, die 15 iul. 1971: AAS 63 (1971) 672». “ Cor Unum ” vous assure aussi des relations étroites avec les diverses instances de la Curie romaine selon les nécessités découlant de vos responsabilités.



4. Caritas internationalis représente aux yeux de l’Eglise et du monde une immense générosité dont je tiens à vous remercier: le dévouement de vos membres dans cent vingt pays, et le secours très diversifié, financier et alimentaire, aux victimes des catastrophes, sans oublier la coopération à d’innombrables projets de réhabilitation et de développement. Vous représentez une variété de situations qui sont pour vous autant de thèmes de réflexion. Certes, la dimension ou la vitalité de votre Organisation sont souvent différentes d’un diocèse à l’autre, d’une paroisse à l’autre et même d’un pays à l’autre. Ici, la Caritas dispose de peu de personnel et de peu de moyens: elle existe en somme dans une grande discrétion. Là, par contre, elle se présente et agit avec des structures importantes et un personnel nombreux. Mais tous, quelle que soit l’étendue de la mission confiée par votre Eglise particulière, vous ne constituez qu’une seule famille, celle de Caritas internationalis, animée du même idéal, qui est d’aider les plus démunis parmi vos frères. Je sais qu’un élan de solidarité pousse vos organisations membres qui en ont les moyens à aider celles qui sont moins bien pourvues, et considérées, à juste titre, comme leur a prochain ”. Je vous encourage à poursuivre cet effort.



5. Chers amis, je ne peux m’étendre sur tous les sujets que suggérerait votre activité. Mais, à propos de votre programme pour l’avenir, je suis heureux de stimuler les efforts que vous ferez pour la formation des responsables de vos organisations-formation spirituelle, doctrinale et “ professionnelle ” - par “ une pédagogie de la charité en vue d’une action concrète ”. Ce sont ces responsables qui, dans leurs Eglises particulières, participeront à la “ construction de communautés ” de justice et de charité. En octobre prochain, se réunira le Synode ordinaire des évêques. Il aura pour thème: “Vocation et mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde vingt ans après le Concile Vatican II”. Depuis des années, les Caritas ont été et sont un lieu de formation et de responsabilité pour les laïcs. Oui, les laïcs sont appelés à assumer de nombreuses et grandes responsabilités dans cet immense espace des activités sociales.

Vous voulez que les Caritas se préparent à entrer dans le monde du troisième millénaire, grâce à des jeunes aptes à construire l’avenir. Où trouverez-vous votre inspiration? Vous méditez souvent, j’en suis convaincu, le célèbre chapitre 13 de la première Lettre de saint Paul aux Corinthiens: “ Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La charité est patiente, la charité est serviable..., elle excuse tout, espère tout, supporte tout ”. Et le chapitre s’achève par ces mots de feu, le feu de l’Amour trinitaire: “ Bref la foi, l’espérance et la charité demeurent toutes les trois, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité ”. Puissent ces paroles de l’Apôtre être comme la Charte, qui inspire toute votre marche!

Dans quelques jours s’ouvrira l’Année mariale. Marie vous aidera dans cette marche, surtout à travers l’événement de la Visitation. La Vierge de Nazareth, en effet, quitte sa maison et se rend en hâte vers la région montagneuse pour apporter la Bonne Nouvelle du salut et pour rendre service à sa cousine Elisabeth; elle porte en elle Celui qui vient parmi nous pour éduquer ses disciples à la charité et accomplir lui-même le plus grand Sacrifice de l’Amour, donner sa vie pour ceux qu’il aime.

J’invoque sur la Caritas internationalis et ses responsables, comme sur les organisations nationales et diocésaines de ce vaste mouvement caritatif, les grâces de l’Esprit d’amour et la protection maternelle de Notre-Dame.




AUX ÉVÊQUES DE RWANDA EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM»

Mercredi 27 mai 1987




Chers Frères dans l’épiscopat,



1. Votre visite ad limina Apostolorum est un temps fort de votre responsabilité pastorale. Vous l’avez soigneusement préparée et je remercie votre Président qui s’est fait l’interprète de vos sentiments, de vos soucis et de vos espérances. Appuyés sur le message de foi qui nous vient du Christ par les Apôtres, vous consacrez vos forces à transmettre cette foi, à implanter l’Eglise, parmi le cher peuple du Rwanda.

Je n’ai pas encore eu la possibilité de répondre positivement à l’invitation qui m’a été faite à plusieurs reprises de me rendre chez vous, mais je suis très heureux de vous recevoir ici, pour renforcer vos liens avec l’Eglise universelle, dans un échange qui l’enrichit elle-même et qui stimule votre propre zèle. Je sais d’ailleurs la fidélité doctrinale qui marque ce zèle, et l’attachement confiant que vous manifestez au successeur de Pierre.



2. Frères bien-aimés, ne croyez-vous pas que nous devons d’abord rendre grâce pour ce que Dieu a réalisé au Rwanda? Non point pour en tirer gloire nous-mêmes: nous sommes tous de pauvres instruments du Seigneur Jésus appelés par grâce à le servir, à servir nos frères et soeurs pour leur permettre de bénéficier du salut auquel il les destine. Mais, comme Marie, spécialement honorée en ce mois de mai, il est bon de prendre conscience des dons de Dieu et des efforts de ceux qui nous ont précédés dans la foi.

J’oserais presque paraphraser à votre adresse ce que l’Apôtre Paul écrivait aux chrétiens de Rome, avant d’arriver chez eux: “ Je remercie mon Dieu à votre sujet à tous de ce que votre foi est célébrée dans le monde entier ” (Rm 1,8). Chacun sait comment, depuis la fondation de la toute première mission à Save en 1900, dans votre pays situé au coeur de l’Afrique, l’Evangile a été accueilli avec enthousiasme, la foi a progressé rapidement; la proportion des fidèles catholiques est devenue l’une des plus fortes de tout le continent africain. Presque tous les évêques sont désormais rwandais, et plus de la moitié des prêtres; les rapports entre missionnaires expatriés et autochtones sont demeurés sereins et confiants. Les vocations sacerdotales et religieuses sont abondantes. Les catéchistes poursuivent un bon travail d’annonce et de soutien. L’Eglise est bien structurée, et elle a pris en charge de multiples oeuvres sociales, sanitaires et scolaires. Les communautés de base et les groupes de prière se développent. Le peuple chrétien est bien disposé, généreux, dynamique; l’Esprit Saint, après avoir acquis le coeur de tant de Rwandais à Jésus-Christ, continue à les combler de ses dons: compassion, esprit d’accueil, sagesse et sens de la foi, amour de la Parole de Dieu.. Oui, pour tout cela, vous pouvez être, au coeur de l’Afrique, les témoins du salut de Dieu et le peuple de la louange.

Par ailleurs, malgré les épreuves que vous avez connues, vous bénéficiez depuis un certain temps de la paix civile, et des bonnes dispositions du Gouvernement qui manifeste compréhension et confiance à l’Eglise pour lui permettre de vivre dans des conditions favorables à l’exercice de sa mission.



3. Tout cela, chers Frères, est motif d’action de grâce, et aussi d’espérance. Vous pouvez, vous devez vous appuyer sur cette possibilité et sur ces forces vives, pour faire face aux défis que rencontrent l’Eglise et la nation au Rwanda.

Car, malgré le climat social actuellement serein et une prospérité indéniable de l’Eglise, vous êtes bien conscients des problèmes sérieux qui doivent être affrontés et résolus avant qu’il ne soit trop tard, si l’on veut éviter que des fragilités ne s’accentuent ou que des menaces ne viennent troubler la croissance du développement accéléré qui est votre lot aujourd’hui.

Votre nation est méritante et respectée dans le monde international. Mais c’est encore une jeune nation, qui va fêter le 1er juillet ses vingt-cinq ans d’indépendance. Les ressources économiques sont limitées pour une population qui s’accroît rapidement sur un territoire aux dimensions modestes. Cela demande des conditions de développement difficiles à mettre en oeuvre, et surtout un sens du bien commun et une moralité publique qu’à bon droit le Président de la République veut promouvoir.

L’Eglise aussi est jeune. Elle est appelée à se développer, à prendre toutes ses responsabilités, à donner son témoignage spécifique, dans le respect des personnes. Tandis qu’elle doit poursuivre la première annonce auprès de ceux qui ignorent la Bonne Nouvelle du Christ, elle doit entreprendre comme une seconde évangélisation, en profondeur, des catéchumènes et des baptisés, au prix d’une sage inculturation qui imprègne les mentalités et les moeurs, à la manière du levain, du sel, de la lumière qu’est l’Evangile. Et déjà, elle doit en même temps faire face à d’autres défis modernes, venus souvent de nations dites développées, sur le plan économique et scientifique, et qui comportent des tentations de matérialisme pratique, d’hédonisme de sécularisation abusive.

Tout cela ne doit nullement décourager les Pasteurs, puisque j’ai dit que votre Eglise dispose, avec la grâce du Seigneur, des moyens d’y faire face. Mais il faut demeurer vigilants, se demander si l’Eglise met bien à profit les conditions favorables dont elle a bénéficié ou bénéficie, pour éviter les pièges qui lui attireraient des dommages ou des critiques justifiées, et pour bâtir sur le roc. Dans l’Evangile, Jésus nous dit qu’il faut commencer par s’asseoir pour réfléchir au meilleur moyen de construire la tour (Lc 14,28-30).

Pour vous, cette préparation comporte, avec la prière toujours primordiale, l’analyse clairvoyante des situations, en dialogue avec vos collaborateurs prêtres et laïcs; la mobilisation des forces vives dont dispose l’Eglise; l’établissement de plans pastoraux d’ensemble, avec des priorités précises; les engagements courageux et concrets qui s’imposent. La route est celle qui est balisée par le Concile Vatican II et le Synode extraordinaire de 1985; leurs orientations spirituelles ou leurs prescriptions canoniques doivent s’incarner dans la vie des communautés, selon l’ecclésiologie de communion, l’esprit de coresponsabilité et le sens du service que ces assises ont soulignés. Ainsi, sous votre responsabilité de Pasteurs, de Maîtres et de Pères, chacun pourra apporter sa pierre vivante à l’édifice. Dans ces conditions, on pourra parler d’un nouveau départ, d’un nouveau printemps de l’Eglise au Rwanda. Ce que j’ai dit à toute l’Eglise au seuil de mon pontificat, je le redis à vous: “ N’ayez pas peur ”.



4. Notre mission d’Evêques a été magnifiquement rappelée par le décret conciliaire Christus Dominus: “ Dans l’exercice de leur charge de père et de pasteur, que les évêques soient au milieu de leur peuple comme ceux qui servent, de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent, de vrais pères qui s’imposent par leur esprit d’amour et de dévouement envers tous, et dont l’autorité reçue d’en haut rencontre une adhésion unanime et reconnaissante... Dans l’exercice de cette sollicitude pastorale, qu’ils réservent à leurs fidèles la part qui leur revient dans les affaires de l’Eglise, reconnaissant leur devoir et leur droit de travailler activement à l’édification du Corps mystique du Christ ” (Christus Dominus CD 16).

Chers Frères, votre peuple chrétien attend beaucoup de vous et regarde vers vous avec confiance, disponibilité et esprit d’initiative. Même si la charge épiscopale est lourde et vaste, cette perspective est encourageante. Pour ma part, comme l’Apôtre Pierre, je prie le Christ, le suprême Pasteur, de vous aider à conduire le troupeau qui vous est confié aux sources de la Vie, étant ses guides et ses modèles, en lui permettant de remplir pleinement sa vocation.



5. Et maintenant, qu’il me suffise d’évoquer quelques secteurs de la vie ecclésiale ou nationale. Je suis sûr que vous ne manquez pas de chercher vous-même comment progresser en ces domaines, dans la concertation. La Congrégation pour l’évangélisation des peuples est prête également à soutenir vos efforts.

Vous avez à vos côtés des prêtres relativement nombreux, autochtones et expatriés, qui font face avec générosité à leur lourde charge pastorale, en ce qui concerne l’éducation dans la foi et les sacrements, alors qu’ils ont des paroisses comportant un très grand nombre de fidèles. Outre le problème de l’organisation des communautés, il y a celui d’appeler et de préparer beaucoup d’autres prêtres dont l’Eglise aura absolument besoin. Tel est bien l’effort de votre pastorale des vocations, d’ailleurs couronnée de succès; je vous encourage à la poursuivre. Un peuple chrétien, fervent comme est le vôtre, comprend mieux ce besoin du sacerdoce.

Vous aurez toujours le souci de porter une grande attention à vos prêtres, vos coopérateurs, qui sont aussi pour vous des fils et des amis. Vous savez le réconfort qu’ils trouvent dans votre charité, dans le dialogue confiant avec vous; ils ont besoin aussi d’être encouragés à profiter ensemble de moyens de ressourcement spirituel et doctrinal, au cours de rencontres, de sessions d’aggiornamento, ou autres moyens de formation permanente. Ce que vous avez envisagé pour eux dans les “ Statuts du clergé diocésain ” pourra constituer un stimulant approprié. De même, la mise en oeuvre de leur coresponsabilité dans le cadre des Conseils presbytéraux prévus par le Code constituera un apport bénéfique pour eux et pour vous. Il y a aussi une relève à préparer pour certaines responsabilités pastorales et administratives que, jusqu’ici, les missionnaires ont assumées avec générosité.



6. Un grave enjeu est celui de la formation des futurs prêtres. Les difficultés qui ont surgi dans l’attitude de certains séminaristes ont manifesté de graves problèmes que vous vous attachez à résoudre, dans le dialogue, en confiant une plus grande responsabilité au Supérieur et aux éducateurs, en veillant à une formation approfondie sur le plan intellectuel et spirituel, et en faisant mieux comprendre les exigences de disponibilité et de désintéressement que comporte le service ecclésial pour ceux qui ont choisi d’y consacrer leur vie, leurs forces, leur coeur. Le problème demeure donc avant tout, chez vous comme ailleurs, celui des formateurs, qu’il s’agisse du stade propédeutique, du séminaire de philosophie ou de celui de théologie qui ont forcément des liens entre eux.

Les petits séminaires ont aussi une grande importance, et il vous faudra prendre les décisions qui s’imposent pour que, au niveau diocésain ou interdiocésain, ils remplissent vraiment leur rôle d’initier à la foi, à la vie de prière et à l’apostolat, les candidats au sacerdoce.



7. Vous avez la chance de bénéficier de la prière, de l’apostolat, de l’oeuvre éducative de beaucoup de Congrégations religieuses, dont les membres étaient ou sont des missionnaires d’autres pays, mais aussi des Rwandais, qui ont même fondé leurs instituts religieux et deviennent à leur tour missionnaires.

La responsabilité qu’ils assument dans plusieurs domaines de la pastorale diocésaine fait d’eux des collaborateurs précieux, dont le service mérite beaucoup d’estime et un effort d’information, de consultation, de coresponsabilité dans les décisions. Ils auront à coeur, de leur côté, d’accepter l’intégration qui convient dans la vie de l’Eglise particulière, leur charisme propre étant respecté.



8. L’Eglise au Rwanda est certainement consciente du rôle que les laïcs chrétiens doivent exercer dans les communautés ecclésiales et dans la société. Le prochain Synode romain des Evêques avivera encore cette conscience. Déjà les catéchistes ont eu leur part très importante dans l’évangélisation. Mais c’est dans tous les domaines qu’il faut préparer un laïcat responsable, capable de divers engagements apostoliques. Je pense au monde rural, mais aussi au monde de la culture, de l’université qui forge les élites intellectuelles de demain. Les aumôniers aideront les mouvements, notamment ceux de l’Action catholique, à étendre leur action et surtout à l’approfondir, en lui gardant sa finalité apostolique.



9. La famille, en particulier, doit être défendue et aidée dans le développement de ses valeurs. Je sais le souci que vous en avez. Il y a toute une catéchèse sur la famille qu’il faut assurer aux diverses étapes de la vie, particulièrement pour la préparation au mariage, sur le plan doctrinal, moral et spirituel. Il faut compter sur l’entraide des jeunes foyers. La femme a un rôle important dans la famille comme dans la société. Il importe aussi de ne pas négliger les causes, économiques ou sociales, de nombreuses unions matrimoniales irrégulières, comme les migrations intérieures, et le manque de dot.

De son côté, l’explosion démographique suggère un effort de régulation des naissances, respectueux des relations conjugales, de l’amour et de la vie. L’Eglise y a pris sa part, en créant le Secrétariat pour l’Action familiale; mais elle cherche surtout à former les consciences. Je souhaite que la pastorale familiale que vous mettez en oeuvre porte tous ses fruits dans la vie concrète de vos concitoyens.



10. La jeunesse constitue une autre priorité qui a sa place dans la pastorale d’ensemble. Les jeunes sont très nombreux, ils cherchent des possibilités d’instruction, et surtout de travail. Cette situation risque de les durcir ou de les décourager. L’enjeu est capital, et il faudra mobiliser les énergies pour trouver des solutions.

L’Eglise a en mains d’énormes possibilités d’éducation, comme le confirme la récente “ Convention scolaire ” qui a été signée entre le Gouvernement et le représentant de l’épiscopat responsable de la Commission compétente. Je m’en réjouis avec vous. Ce qui importe surtout, c’est d’assurer pour les élèves des écoles catholiques, et aussi pour les autres, sous des modes divers, une véritable formation spirituelle et morale.



11. L’Eglise ne peut se désintéresser de la situation sociale du pays. Il est de son devoir de continuer à apporter une coopération qui est appréciée et nécessaire.

La responsabilité directe du bien commun de la nation appartient à la communauté politique. Celle-ci et l’Eglise sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes sur le terrain qui leur est propre. L’Eglise tient à assurer cette indépendance pour exercer sa mission spirituelle, et pour demeurer le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine (Gaudium et Spes GS 76).

Mais l’Eglise et la communauté politique sont, à des titres divers, au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes. Il est normal qu’elles recherchent une saine coopération, dans la compréhension et le respect du rôle de l’autre.

Actuellement, devant les graves problèmes de pauvreté, de développement que la nation doit affronter, l’Eglise au Rwanda continuera son oeuvre précieuse dans le domaine de l’assistance, de la santé, de l’éducation; elle est encore appelée à prendre des initiatives concrètes de promotion humaine. Mais, étant donné les inégalités sociales qui demeurent, la misère des pauvres et certains faits de corruption ou autres abus que l’Autorité civile elle-même a dénoncés, il y a urgence à former la conscience morale des citoyens et notamment de ceux qui ont des responsabilités. Pour cela, on attend de l’Eglise l’exemple du service désintéressé, du partage dans la pauvreté; on attend d’elle une parole prophétique qui montre où sont les maux dont souffre la société, et une action qui manifeste un amour préférentiel pour les pauvres. C’est dans ce sens que sera assuré l’avenir de la nation rwandaise qui, malgré ses limites, dispose des forces morales suffisantes pour entreprendre les réformes salutaires, et pour être, en cette région de l’Afrique et sur la scène internationale, un modèle de convivialité.

C’est dire les voeux fervents que je forme à la fois pour l’Eglise dont vous êtes les Pasteurs et pour tout le peuple rwandais qui nous est cher.

Avec vous, je prie le Seigneur à toutes ces intentions. Qu’il vous donne chaque jour la lumière et les forces pour participer, en Pasteurs, à la grande oeuvre que nous venons d’évoquer! Nous le prierons avec la très sainte Vierge Marie; sa dévotion, solidement enracinée dans votre peuple, s’est encore accrue ces dernières années, apportant à la vie de l’Eglise locale des fruits abondants. Nous la prions spécialement en cette neuvaine préparatoire à la Pentecôte, afin que l’Esprit Saint renouvelle dans tous les coeurs la foi, l’amour et l’espérance, et donne à l’Eglise un nouveau souffle.

De tout coeur, à chacun de vous, à ceux qui collaborent avec vous, à vos diocèses, je donne ma Bénédiction Apostolique.




Discours 1987 - Jeudi 21 mai 1987