Discours 1989 - Vendredi 3 novembre 1989


AUX PARTICIPANTS AU IIIème CONGRÈS INTERNATIONAL SUR LA PASTORALE DES TSIGANES

Vatican, 9 Novembre 1989


Chers Frères et Soeurs !


1. Ces derniers jours vous vous êtes interrogés sur le problème de la vocation et de la mission des Tsiganes dans le monde et dans l'Eglise.

C'est un sujet très important et actuel qui interpelle, non sans une certaine inquiétude, notre société humaine et chrétienne. En effet, la présence de ces populations, le plus souvent nomades, qui s'intègrent très rarement dans la société du travail et de la culture, ainsi que les ferments qui les agitent, notamment religieux, exigent une réponse et un effort adéquats.

Dans le cadre de l'enseignement de l'Eglise, toujours attentive aux problèmes de l'homme, toute discrimination à l'égard des tsiganes est à la fois criante et injuste, car radicalement opposée aux enseignements de l'Evangile pour lequel tout homme est Fils de Dieu et frère du Christ. Aussi, c'est à juste titre que Paul VI a pu affirmer en 1965, à Pomezia, lorsqu'il les rencontra à l'occasion de leur premier pèlerinage international qui les avait amenés sur la Tombe des Apôtres: «Vous êtes dans le coeur de l'Eglise car vous êtes pauvres, car vous êtes seuls» (Enseignements, III, 1965, p. 491-492).

C'est pourquoi, chers amis, votre responsabilité est grande et votre engagement méritoire, car vous prenez en charge les conditions de vie et les préoccupations des gens du voyage. Je tiens même à dire que vous avez, que nous avons tous, beaucoup à apprendre à leur contact; ils ont énormément souffert et ils souffrent encore bien souvent des privations, de l'insécurité et des persécutions, et c'est justement pour cela qu'ils ont beaucoup à dire. Leur sagesse n'est écrite dans aucun livre, mais elle n'en est pas moins éloquente. Mais il vous revient de leur faire partager vos préoccupations et votre culture humaine et chrétienne.

2. Malgré la clarté de l'enseignement de l'Evangile que je viens d'évoquer, il arrive souvent que les Tsiganes soient rejetés ou regardés avec mépris. Le monde, en grande partie caractérisé par l'avidité du profit et par le mépris des plus faibles, doit changer d'attitude et accueillir nos frères nomades non plus simplement dans un esprit de tolérance, mais dans un esprit fraternel.

Votre action, qu'elle soit d'ordre éducatif - comme l'alphabétisation - ou qu'il s'agisse d'assistance, sanitaire ou judiciaire, permettra à ceux qui sont porteurs d'un handicap social, particulièrement aux Tsiganes qui proviennent d'un autre pays, d'occuper le plus rapidement possible dans la société la place qui leur revient de droit. Mais cette perspective est encore éloignée. Les Tsiganes, parce que trop dispersés, trop faibles ou trop peu organisés, ont besoin d'être aidés pour qu'ils prennent conscience de leur dignité et de leur responsabilité.

Vous qui vous occupez plus particulièrement de ces itinérants, accomplissez ce louable effort de les connaître et de les faire connaître tels qu'ils sont réellement et non tels qu'on les considère parfois, injustement. Vous étudiez leur histoire, leur psychologie, leur langage; vous partagez leurs joies et leurs souffrances, et c'est à ce prix que vous pouvez les aider à réaliser leur vocation dans le monde et dans l'Eglise.

Vous devez notamment leur apporter le témoignage de votre foi, partager avec eux le pain de l'Evangile. La découverte de la parole de Dieu, surtout chez les jeunes, leur permettra d'être en mesure de jouer pleinement leur rôle et de répondre à l'appel lancé par la Parole de Jésus Christ.

Je suis persuadé que vous saurez tirer les fruits de ce congrès pour réaliser une action de travail commune et bien articulée. Cet effort pourra être suivi, si cela vous semble opportun, par une collaboration encore plus fraternelle entre vous, et par un rapport plus étroit avec la hiérarchie de l'Eglise.

3. Je vous souhaite de réussir à aider de façon toujours plus efficace nos frères Tsiganes à ne pas se sentir abandonnés sur leur route. L'Eglise est elle aussi en chemin jusqu'à la fin des temps, un chemin qu'elle jalonne de traces, de points de référence: les Eglises locales, avec leurs communautés vivantes et leurs sanctuaires, constituent des points de référence sûrs pour ceux qui recherchent protection et défense au milieu de tant de difficultés.

Que la bonne Mère de Dieu, à laquelle le monde tsigane est si dévoué, bénisse toujours votre action et qu'elle vous accompagne sur les routes du monde.




AUX MEMBRES DU «CENTRE DE LIAISON DES EQUIPES DE RECHERCHE»

Vendredi, 10 novembre 1989




Chers amis,

1. En vous accueillant ce matin, j’évoque avec plaisir ma première rencontre avec votre Mouvement, voici dix ans, dans cette maison du successeur de Pierre. Je salue cordialement Monseigneur Pierre Eyt qui vous accompagne au nom des évêques de France. Je souhaite à tous la bienvenue et je remercie votre Président, Madame Christiane Férot, pour sa présentation de l’activité du Centre de Liaison des Equipes de Recherche (CLER).

Ces derniers mois, vous avez mis en commun vos réflexions à partir du document post-synodal «Christifideles Laici». Un passage de cette exhortation sera le point de départ de mon propos: «Découvrir et faire découvrir la dignité inviolable de toute personne humaine constitue une tâche essentielle et même, en un certain sens, la tâche centrale et unifiante du service que l’Eglise, et en elle les fidèles laïcs, est appelée à rendre à la famille des hommes» [1]. Les diverses tâches assurées par le CLER entrent, en effet, dans le cadre de ce service de la personne humaine qui passionne les membres de l’Eglise.



2. Vous êtes particulièrement appelés à servir la dignité de la personne dans sa vocation à la vie familiale, épanouie dans l’union d’amour fidèle de l’homme et de la femme. Je ne m’étendrai pas aujourd’hui sur ce thème essentiel que vous approfondissez sans cesse. Mais je voudrais souligner l’importance de votre tâche, car vous devez faire face à l’indifférence ou au rejet trop répandus de principes que l’Eglise affirme comme les fondements de toute éthique saine et donc comme les conditions nécessaires du bonheur. Vous avez à réagir à des courants très forts dans l’opinion qui, en parlant abusivement de «libéralisation» des moeurs, diffusent une permissivité en réalité contraire à la dignité de la personne et à la vérité de sa vocation.

Devant une telle situation, c’est à un surcroît de foi et de charité que sont appelés les chrétiens. Participer à la pastorale familiale, cela suppose plus que jamais d’être, dans la vigne du Seigneur, des sarments reliés au cep, émondés quand il le faut conscients que c’est seulement par la grâce qu’ils porteront les fruits que le Seigneur attend. Unis dans la foi, nourris par la prière, rendus forts par les sacrements, les fidèles peuvent témoigner de l’amour de Dieu dont sont aimés tous les hommes. Leur langage est celui du «oui» aux appels de l’Evangile, traduits dans l’enseignement de l’Eglise, et celui de la clarté des conceptions doctrinales et morales qui résultent de la vérité de l’homme, reconnue en Celui qui est la lumière «qui éclaire tout homme» [2].



3. A l’origine du CLER, il y eut le souci d’aider les couples à maîtriser la procréation, dans le plein respect de toute la richesse de la sexualité, en recourant aux méthodes naturelles de régulation lorsque l’espacement des naissances s’impose. Beaucoup d’entre vous ont su aider des foyers à l’accueil de leurs enfants de la manière la plus favorable. Ils ont ainsi pu faire comprendre que la doctrine exprimée par Paul VI dans l’encyclique «Humanae Vitae», et confirmée par la suite, n’avait pas ce côte négatif qu’on lui a prêté; au contraire, il s’agit de permettre à l’homme et à la femme d’accéder de manière responsable à la paternité et à la maternité, dans des décisions communes, dans un amour et un respect mutuels que la maîtrise de la sexualité mûrit et renforce. Puissiez-vous amplifier votre action, afin de faire découvrir plus largement le caractère humain positif de cet enseignement de l’Eglise!

Nous savons qu’au lieu de donner la vie volontiers et librement, beaucoup de femmes et d’hommes sont aujourd’hui tentés de priver l’enfant déjà conçu de sa vie même. L’avortement est un drame devant lequel il n’est pas possible aux chrétiens de rester sans réagir et sans défendre fermement le respect de la vie. Il y a là des souffrances que vous devez tenter d’alléger. Il y a là des détresses et d’injustes solitudes qui appellent le secours vraiment fraternel des disciples du Christ Sauveur dont l’amour se porte par prédilection vers les petits sans défense, les enfants à naître, innocents et fragiles. A la racine de ces tentations contre la vie, il y a bien souvent un désordre de la vie sexuelle face auquel l’encyclique «Humanae Vitae» a voulu réagir. C’est pour cela que, dans les exigences de la vie conjugale, la norme morale ne peut être considérée comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais elle est un commandement que l’Eglise a mission de formuler au nom du Seigneur, demandant la ferme volonté de surmonter les obstacles [3].



4. L’expérience de la rencontre des couples pour l’initiation aux méthodes naturelles vous a montré l’ampleur des difficultés que traversent les familles. Vous avez été naturellement conduits à élargir le dialogue et à offrir à vos interlocuteurs la pratique du conseil conjugal. La connaissance intime des souffrances qui vous sont confiées vous permettrait de témoigner des conséquences dramatiques de l’infidélité, des ruptures et des déviations morales dans la vie des époux et de leurs enfants. L’alcool, la drogue et même le suicide des jeunes sont parmi les plus manifestes. Mais vous pourriez aussi témoigner de la beauté d’une fidélité mutuelle consentie, même au-delà de l’épreuve, et de la possibilité de ne pas s’abandonner à la déviation et de refuser de la justifier, de revenir l’un vers l’autre pour rebâtir un foyer ébranlé grâce au pardon et à la réconciliation.

A cet égard, votre rôle est très délicat: un conseiller conjugal chrétien doit aider ses interlocuteurs à découvrir les valeurs qui sont à la base des normes de la vie conjugale. Il y faut l’ouverture et la patience de l’écoute, la capacité de respecter et d’aimer les personnes telles qu’elles sont, avec les problèmes qu’elles portent. Mais la qualité d’un conseiller chrétien dépend aussi de son savoir-faire personnel pour aider à un discernement fait dans la vérité des exigences de la vie conjugale. La décision ultime, comme en toute action morale, est prise en dernier ressort par le sujet, en conscience. Le conseiller, pour sa part, se souvient du Seigneur qui ne condamne pas la femme adultère, mais qui lui dit aussi: «Va, désormais ne pèche plus» [4]. En témoin des appels évangéliques et de la grâce rédemptrice, le conseiller se réjouit lorsqu’il voit les personnes réorienter leur vie «selon la vérité et dans la charité» [5]; avoir contribué à de tels renouvellements le renforce dans son engagement d’apostolat.



5. Brièvement, je voudrais vous encourager aussi dans vos actions éducatives. Former les jeunes à une saine conception de la sexualité, à une bonne maîtrise de leur affectivité, c’est un service irremplaçable, pour lequel les familles ont souvent besoin de la contribution d’éducateurs expérimentés. Puissiez-vous montrer aux jeunes la grandeur et la beauté de l’homme quand il agit selon sa condition de créature faite à l’image de Dieu et quand il réfère son action au Christ, l’homme parfait! Faites découvrir aux jeunes les fondements et la cohérence d’une morale qu’on leur présente trop souvent comme un ensemble de préceptes dépourvus de véritable sens ou inapplicables. Il faut qu’ils soient motivés pour se préparer à bâtir leur vie sur le roc.



6. Ceux qui accomplissent les services de plus en plus nombreux et diversifiés de votre Mouvement ont besoin d’une réelle compétence. Je sais que vous consacrez beaucoup de temps à votre préparation personnelle aux rôles de conseillers et d’éducateurs, que vous remplissez ensuite bénévolement. Et je tiens à vous dire l’estime et la gratitude qu’inspire cette générosité. Je souhaite que beaucoup comprennent que l’on ne peut aborder les graves questions liées au respect de la vie elle-même sans un savoir approfondi dans plusieurs disciplines, sans prendre le temps de réfléchir en groupe, sans s’ouvrir par la prière à l’Esprit du Seigneur et sans vivre pleinement la communion ecclésiale. J’encourage les initiatives de votre Mouvement pour permettre à ses membres d’élargir ainsi leur formation personnelle sur le plan intellectuel, sur celui de la connaissance des hommes aussi bien que sur celui de la vie spirituelle.

Avant de conclure, je tiens à souligner votre contribution à la recherche scientifique, afin de parvenir notamment à une approche plus sûre des conditions de la procréation. Des résultats significatifs ont déjà été obtenus, le champ des investigations reste ouvert; il est bon que les scientifiques chrétiens y travaillent assidûment.



7. Je souhaite au CLER de poursuivre son activité dans le cadre de la pastorale familiale en France, dans les autres pays où il est présent, dans la coordination assurée par la Fédération Internationale d’Action Familiale, en lien avec le Conseil pontifical pour la Famille.

A nouveau, je vous exprime la gratitude des familles et des jeunes que vous aidez à trouver les voies heureuses de l’épanouissement humain dans le sens voulu par le Créateur, avec la grâce inépuisable de la Rédemption. Je confie votre travail, vos interlocuteurs, vos personnes et tous les vôtres à l’intercession de Marie, la Mère des hommes. Et je vous donne de grand coeur ma Bénédiction Apostolique.

[1] Ioannis Pauli PP. II Christifideles Laici, CL 37.
[2] Jn 1,9.
[3] Cfr. Ioannis Pauli PP. II, Familiaris Consortio, FC 34.
[4] Cfr. Jn 8,1-11.
[5] Cfr. Ep 4,15.

À S.Exc. MONSIEUR THEODORE JEAN ARCAND, NOUVEL AMBASSADEUR DU CANADA PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Jeudi, 23 novembre 1989



Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence et reçois les Lettres qui l’accréditent auprès du Saint-Siège en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Canada. Et je suis d’autant plus sensible aux salutations que vous me transmettez de la part de Son Excellence le Gouverneur Général et de Monsieur le Premier Ministre que de précieux souvenirs me lient à votre pays. Je vous serais obligé de bien vouloir leur exprimer ma gratitude pour les messages dont ils vous ont chargé à mon intention.

Vous avez évoqué les années que vous avez naguère passées à Rome comme membre de l’Ambassade du Canada auprès du Saint-Siège; je suis heureux de votre retour en tant que Chef de Mission. Cette expérience, à laquelle s’ajoute celle des hautes responsabilités que vous avez exercées en divers postes, rendra plus aisée votre tâche, dans le cadre des relations harmonieuses que le Canada entretient avec le Siège Apostolique. Vous savez que vous pouvez compter sur l’assistance de mes collaborateurs qui s’efforceront de faciliter votre mission.

Vous venez de rappeler, Monsieur l’Ambassadeur, plusieurs préoccupations majeures qui rejoignent dans une large mesure le point de vue propre de l’Eglise face aux signes positifs ou aux éléments d’inquiétude qui marquent la situation présente du monde. L’aspiration à la paix et à sa consolidation va de pair et bien souvent cela est clairement exprimé, avec le désir de développer une fraternité généreuse entre les peuples, avec celui de sauvegarder l’héritage spirituel et culturel de chaque groupe humain, fût-il minoritaire, avec le besoin d’un dialogue et d’une coopération approfondis entre les nations de toutes les régions du monde.

Le Saint-Siège, conformément à sa mission spécifique s’efforce de mettre toujours mieux en valeur les conditions d’une paix véritablement fondée sur le respect de l’homme, de l’homme dans toutes ses dimensions. Les échanges et la réflexion que permettent les relations diplomatiques ont la grande utilité de contribuer non seulement à approfondir la connaissance des situations réelles mais aussi de faire progresser l’analyse des principes d’ordre moral sans lesquels les solutions des problèmes ne sauraient être justes.

L’histoire et les traditions du Canada l’ont amené à s’affronter aux difficultés d’une nation forgée par des hommes et des femmes venus d’horizons culturels différents. Cette expérience séculaire semble avoir disposé votre pays à prendre part à la vie internationale dans un esprit de tolérance et de générosité. Comme vous l’avez souligné, c’est dans l’union de toutes ses forces, et non dans la confrontation, que le monde doit faire face aux problèmes considérables qui s’imposent à lui. Le Canada apporte une contribution appréciée par ses partenaires notamment à l’élargissement du dialogue entre le Nord et le Sud pour que le bien commun prenne de plus en plus la dimension de la terre entière. Le chemin passe assurément par les actions concrètes en faveur du développement, en faveur de la liberté réelle des peuples, en faveur de la sauvegarde de la nature, en faveur du respect de tout ce que l’homme a de précieux en commençant par la dignité de sa personne et de sa vie. Le Saint-Siège, pour sa part, ne manque pas, vous le savez, de participer à ces efforts.

En vous accueillant, Monsieur l’Ambassadeur, je me tourne en pensée, vers tous vos compatriotes, qui m’ont réservé un accueil si chaleureux voici cinq ans maintenant. Je souhaite qu’ils ne cessent de consolider l’harmonie et la convivialité dont j’ai pu être témoin. Sans doute les changements considérables intervenus au cours des dernières décennies entraînent-ils encore des incertitudes pour l’avenir. Je sais qu’en particulier les membres de l’Eglise catholique en sont vivement conscients et qu’ils cherchent à prendre leur part des soucis de l’ensemble de la société canadienne; ils ne peuvent oublier le rôle qu’ont joué dans le passé les premiers apôtres de l’Eglise dans votre pays, leurs exemples de sainteté, leur sens de la charité exercée avec efficacité et délicatesse, leur capacité d’éducateurs, pour ne faire mention que de quelques traits. Sous des formes qui ont évolué, et en harmonie avec leurs concitoyens appartenant à d’autres confessions chrétiennes, ils désirent continuer à servir la nation dans un esprit fraternel.

Excellence, c’est au Canada tout entier que je voudrais adresser, par votre entremise, mes voeux cordiaux et l’assurance du très vivant souvenir que je garde de mes visites dans ce beau pays. Je vous serai obligé d’exprimer à Son Excellence le Gouverneur Général et à Monsieur le Premier Ministre mes salutations déférentes. Je forme les meilleurs voeux pour l’accomplissement de votre mission auprès du Saint-Siège et je vous renouvelle, également au nom de mes collaborateurs, l’assurance que vous êtes ici le bienvenu.



SALUT DU PAPE JEAN-PAUL II AU PÈRE DE LA BROSSE, DIRECTEUR DU CENTRE CULTUREL «SAINT-LOUIS-DE-FRANCE»

Samedi, 25 novembre 1989



Mon Père,

Je vous remercie de votre aimable accueil. Je suis heureux de saluer ici les paroissiens et les amis de Saint-Louis-des-Français qui n’ont pu trouver place dans leur église, mais qui ont tenu à prendre part à cette rencontre de l’Evêque de Rome avec les fidèles français.

Cela me donne l’occasion d’exprimer mon estime pour le Centre culturel Saint-Louis-de-France, comme l’avaient fait mes prédécesseurs. En effet, de tels lieux de rencontres constituent une des richesses de Rome. Votre Centre permet aux artisans de la culture française, profane et religieuse, d’avoir des échanges féconds avec les diplomates, les membres de la Curie romaine, les professeurs et les étudiants, les jeunes prêtres et les religieux qui poursuivent leur formation. Pour tous, il est heureux que vive la tradition inaugurée ici par Jacques Maritain.

Je salue cordialement les collaborateurs de ce Centre d’Etudes. Je vous dis mes encouragements pour votre action au service de votre pays comme à celui de l’Eglise.



À L'AMBASSADEUR DE FRANCE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Samedi, 25 novembre 1989



Monsieur le Ministre,

Au terme de cette visite pastorale à Saint-Louis-des-Français, je remercie Votre Excellence d’avoir rassemblé ici les personnalités nombreuses qui exercent des responsabilités dans le cadre da la communauté française de Rome.

Il m’est agréable de prendre contact avec la Congrégation générale et la Députation des Pieux Etablissements de la France à Rome et à Lorette, en leur siège historique. Je salue cette fondation aux origines anciennes et illustres, qui poursuit sa mission en soutenant activement l’église nationale et la communauté sacerdotale de Saint-Louis, ainsi que la Trinité-des-Monts et les autres églises françaises de la Ville. J’ajouterai que c’est avec joie que je viens de rencontrer dans les diverses salles de cette grande maison, les délégués des groupes nombreux qui montrent la vitalité du Centre paroissial de Saint-Louis.

J’exprime aussi aux représentants des institutions culturelles toute mon estime pour leur activité, leur esprit de collaboration avec les athénées pontificaux, leurs travaux qui honorent l’Université de votre pays. Je salue particulièrement les membres de l’Ecole française de Rome, que j’ai eu le plaisir de recevoir récemment à l’occasion du colloque consacré au Pape Pie XI.

J’adresse mes voeux cordiaux aux responsables du Lycée française de Rome pour l’oeuvre éducative qu’ils poursuivent auprès de nombreux élèves de diverses nationalités.

Je salue les membres du Conseil supérieur des Français à l’étranger et de l’Union des Français de Rome, ainsi que plusieurs responsables économiques. A travers eux, j’adresse mes voeux à leurs compatriotes qui vivent ici, pour leur vie de famille et leur activité professionnelle, avec tout ce que peuvent apporter les richesses de cette cité et les échanges entre personnes de nombreuses nations.

Vous avez réuni autour de vous, Monsieur le Ministre, les membres de votre Ambassade que je suis heureux de rencontrer à vos côtés. Et je sais gré à Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France en Italie de prendre part, avec plusieurs de ses collaborateurs, à cette rencontre.

L’amabilité de votre accueil, Monsieur l’Ambassadeur, traduit une fois encore la qualité des relations de la France avec le Saint-Siège. Je vous serai obligé d’exprimer à Son Excellence Monsieur le Président de la République ma gratitude pour les égards dont m’entourent ici ses représentants, et très spécialement pour le précieux volume qui m’est offert. Cette oeuvre du grand Bossuet a constitué en son temps un jalon significatif dans la réflexion sur l’histoire; à présent, comme vous l’avez souligné, les événements et les enjeux de la fin du second millénaire nous invitent à la prolonger sous une lumière nouvelle. Vous voudrez bien faire part au Chef de l’Etat et au Gouvernement français de mes voeux fervents pour leur mission au service de votre pays.

En prenant congé de vous tous, je vous renouvelle l’expression de ma sympathie et, dans la prière, je confie vos intentions au Seigneur.

                                    Décembre 1989



À S.Exc. MONSIEUR AMOR BENGHEZAL, NOUVEL AMBASSADEUR D’ALGÉRIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Lundi, 4 décembre 1989



Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence au Vatican en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Algérienne Démocratique et Populaire près le Saint-Siège.

Je vous remercie de m’avoir transmis l’aimable message de Son Excellence le Président Chadli Bendjedid. Je vous demanderai de bien vouloir lui exprimer, en retour, mon salut déférent ainsi que mes voeux pour sa personne et pour le peuple algérien, en l’assurant en particulier de ma sympathie pour ceux qui souffrent encore du grave séisme qui a touché récemment votre pays.

Votre présence en ces lieux, Monsieur l’Ambassadeur, manifeste le souci de l’Algérie de maintenir, dans les rapports entre les nations, le respect des motivations d’ordre spirituel et religieux, et je m’en réjouis.

Dans les paroles que vous m’avez adressées, vous avez évoqué les aspirations des hommes à une véritable fraternité et à l’unité, dans la pratique de la tolérance et du dialogue. Ce sont des idéaux que le Siège Apostolique s’efforce de promouvoir par son action diplomatique et à travers l’engagement des fils et des filles de l’Eglise catholique, dans l’intime conviction que Dieu les appelle à tisser, là où ils vivent, un réseau de solidarité et d’amitié pour le bien de tous les membres de la famille humaine. On assiste aujourd’hui, au-delà de situations de guerre et d’injustice très préoccupantes, à un mouvement vers le rapprochement des peuples, sur les plans politique, économique et culturel. Les convictions religieuses donnent une impulsion profonde à cette tendance. Puissent-elles être pour les hommes des facteurs d’unité, en faire des frères, les rendre plus attentifs, plus responsables, plus généreux dans leur service du bien commun!

Vous me permettrez de saisir l’occasion de cette rencontre pour exprimer, par votre intermédiaire, une pensée affectueuse aux communautés catholiques présentes en Algérie. Je sais qu’on apprécie, entre autres, le travail dévoué des religieux et des religieuses dans les institutions au service des pauvres. C’est le désir des catholiques de poursuivre leur ministère de prière pour le peuple au sein duquel ils vivent et d’assistance fraternelle, comme aussi d’apporter leur concours aux diverses tâches de développement du pays, dans la mesure de leurs moyens. Je souhaite que ces communautés chrétiennes soient toujours en mesure d’exercer régulièrement leurs activités propres, jouissant de façon stable de la garantie du droit de même qu’il est juste qu’en bénéficient, de leur côté, les communautés musulmanes dans les pays à majorité chrétienne. Puisse cette reconnaissance réciproque se développer afin de favoriser le meilleur dialogue entre les musulmans et les chrétiens!

Enfin, je formule le voeu que l’Algérie, dont l’engagement pour la paix s’est manifesté dans des initiatives destinées à résoudre de douloureux conflits régionaux, continue à promouvoir la concorde et l’harmonie dans la communauté internationale, attirant ainsi sur ses habitants les bénédictions divines promises aux artisans de paix!

Au moment où commence votre mission, je vous offre mes souhaits sincères pour l’heureux accomplissement de votre tâche. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale.

Sur Votre Excellence, sur Monsieur le Président de la République, le Gouvernement et le peuple algérien, j’invoque l’assistance du Très-Haut afin que votre pays poursuive sa marche vers le progrès et un développement répondant toujours davantage aux aspirations profondes de ceux et celles qui l’habitent.



AUX DIRIGEANTS DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES ASSOCIATIONS DE FOOTBALL (FIFA)

Salle Clémentine, Samedi, 9 décembre 1989



Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,



1. Il m'est agréable de vous accueillir et de m’entretenir, même brièvement, avec vous. J’ai apprécié les paroles que Monsieur le Président João Havelange vient de m’adresser, soulignant que l’esprit de fraternité universelle, aspiration fondamental de tous les peuples de la terre, imprégnera les prochaines compétitions. En saluant cordialement toutes les personnalités présentes, je tiens à dire que j’apprécie les sentiments qui ont été exprimés.

En effet, je suis profondément convaincu que la personne humaine ne peut s’épanouir dans tonte sa dignité qui grâce à l’ambiance d’une fraternité authentique ou, pour reprendre la formule célèbre de Paul VI, d’une «civilisation de l’amour».


2. L’Eglise a conscience de devoir travailler pour le progrès d’une telle civilisation. Elle continue «l’oeuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir non pour être servi» [1].

Sans poursuivre des ambitions terrestres, l’Eglise proclame la grandeur de la vocation de l’homme qui porte en lui l’image de Dieu. En vertu de sa foi, elle souhaite contribuer, de manière désintéressée, au renforcement de la fraternité universelle des hommes, tous appelés à mener une vie libre dans la justice.



3. Le sport, activité humaine spécifique, doit s’intégrer dans cette perspective. Toute compétition est fondée sur la maîtrise de soi physique et psychologique, en vue d’améliorer sans cesse les performances de chacun et de l’équipe. Elle permet en effet à la personnalité de mûrir à la fois par l’effort individuel et par l’esprit d’équipe.

La pratique du sport ouvre les athlètes à un sens communautaire qui rend plus harmonieux et plus fructueux tout travail fait avec les autres. Son influence s’étend à bien d’autres domaines. C’est de partager son action, ses conquêtes et son expérience, afin d’avancer dans la pleine réalisation de soi en lien avec les autres.



4. Dans cet esprit, je vous encourage pour l’accomplissement de la tâche considérable qui vous est confiée. Dès maintenant, je suis heureux d’exprimer le voeu que la coupe du monde de football, «Italia’ 90», apporte sa contribution au progrès de la connaissance et du respect mutuels des peuples, dans la joie et la sérénité d’une franche solidarité.

Un rassemblement aussi important de sportifs et de public reflétera, nous l’espérons, l’unité fondamentale de la famille humaine. Cela pourra être l’occasion, pour beaucoup d’acteurs et de spectateurs, de redécouvrir que l’«autre» – personne, peuple ou nation – est un «semblable», par sa joie, par sa vie même [2].

Que le Seigneur vous assiste! Je prie pour que les dons et la Bénédiction de Dieu vous soient accordés, ainsi qu’à vos collaborateurs, à vos proches et à tous ceux qui bénéficieront de votre travail d’organisation.

[1] Gaudium et Spes, GS 3.
[2] Cfr. Ioannis Pauli PP. II Sollicitudo Rei Socialis, SRS 39.


AUX PÈLERINS DE BELGIQUE VENUS À L'OCCASION DE LA CANONISATION DE FRÈRE MUTIEN-MARIE WIAUX

Lundi, 11 décembre 1989



Chers amis,

Je suis heureux de vous retrouver un moment, au lendemain de la canonisation de saint Mutien-Marie. Je salue cordialement les Evêques de Namur et de Liège, et Monseigneur De Hovre, Auxiliaire de Malines-Bruxelles; leur présence, avec de nombreux pèlerins, témoigne du rayonnement de Frère Mutien bien au-delà de son Institut et du Collège de Malonne.

Je remercie le cher Frère Supérieur général des paroles qu’il vient de prononcer. Elles traduisent l’action de grâce des Frères, de leurs élèves et de leurs amis. Je salue les membres du Conseil général, les Visiteurs provinciaux de l’Institut et de nombreux Frères. Votre participation aux fêtes de ces journées souligne que le nouveau saint est bien l’un des vôtres, chers Frères. Les sources de sa vie spirituelle, il ne les puisait pas ailleurs que dans le patrimoine commun des fils de saint Jean-Baptiste de La Salle. Il était avant tout un religieux fidèle, observant règles et coutumes sans réserve. Et, en menant la vie de communauté avec ses tâches quotidiennes, il demeurait comme naturellement en présence de Dieu à tout instant. Nous pouvons admirer en lui cette forme de simplicité qui permet à un religieux d’avancer vers la sainteté par les voies ordinaires de l’obéissance, de la chasteté, de la pauvreté. La Parole de Dieu qu’il possédait intimement et les écrits des spirituels étaient l’aliment de sa prière et de son apostolat. Par-dessus tout, il accueillait le Corps du Christ dans la communion fréquente avec le bonheur d’un disciple très aimant.

Saint Mutien rejoint d’autres Frères des Ecoles chrétiennes que j’ai eu la joie de proposer à la vénération de l’Eglise, le Frère Scubilion à la Réunion, le Frère Arnould en France, le Frère Miguel Fébrès Cordero en Equateur. Avec bien d’autres encore, ils sont pour vous des intercesseurs et des modèles. Il est significatif que les Frères qui doivent former les novices de la Congrégation soient présents aujourd’hui. Je les encourage vivement dans leur préparation à l’une des tâches les plus importantes pour la vie de l’Institut.

Et maintenant, je voudrais dire aux Frères enseignants et à leurs collègues laïcs toute l’estime dans laquelle je tiens leur mission d’éducateurs. Par moments, ils peuvent trouver la tâche difficile. Qu’ils se souviennent du courage persévérant dont faisait preuve Frère Mutien, de sa probité, de son amour des jeunes et de sa disponibilité de chaque instant! Nous l’invoquons pour qu’il soutienne de son intercession ceux qui poursuivent l’oeuvre éducative à Saint-Berthuin et dans toute vos Maisons.

en flamand…



Discours 1989 - Vendredi 3 novembre 1989