Discours 1990 - Centre d'étude et de formation pour le développement (CEFOD) de N’Djamena (Tchad), Jeudi 1er février 1990

SALUT DU PAPE À LA POPULATION

N’Djamena (Tchad), Jeudi 1er février 1990


Chers amis de N’Djaména,

1. Au moment de prendre la parole pour cette grande rencontre dans la capitale, je voudrais d’abord remercier Monseigneur Charles Vandame pour son aimable mot d’accueil et pour la présentation qu’il m’a faite de la population de N’Djaména.

Je salue avec déférence les Représentants de l’Etat et des Corps constitués. Je les remercie vivement d’honorer cette assemblée de leur présence.

J’adresse mes salutations cordiales aux éminents représentants des diverses confessions religieuses. Je suis sensible à la courtoisie et aux sentiments fraternels qu’ils manifestent en prenant part à ce rassemblement. Dans notre commune relation au Dieu vivant et unique, qui est à l’origine et au terme de toute vie, le dialogue des religions entre elles met en évidence la dignité des personnes, des familles et des communautés. Je souhaite que grandissent encore davantage au Tchad la compréhension entre les croyants ainsi que leur collaboration harmonieuse au service du pays.

Chers habitants de N’Djaména, je vous salue de grand coeur. Comme à tous les peuples que Dieu me donne de visiter, je viens vous dire avec force que le Seigneur vous aime.

2. Après les épreuves du passé, les Tchadiens ont à se consacrer au développement du pays.

Au terme d’un voyage qui m’a fait parcourir l’Afrique sahélienne bordant l’immense désert du Sahara, je mesure avec vous l’énorme effort qui reste à accomplir pour donner à tous les habitants de vos pays la vie décente à laquelle chaque homme a le droit de prétendre.

En même temps, il convient de vous rappeler que le développement des peuples ne peut être traité en termes purement économiques, mais il doit respecter la personne humaine dans toutes ses dimensions.

La mise en place de structures de développement au service de l’homme concerne au plus haut point l’organisation de votre société. On sait combien la population du Tchad est attentive à sa culture. La vitalité de cette culture a été l’un des facteurs qui vous ont permis de traverser sans vous détruire la sombre période de votre récent passé.

3. Les évolutions auxquelles vous devez faire face demandent que l’on ait le sens de la responsabilité par rapport au bien commun et de la solidarité avec autrui. Les moyens modernes de communication ont rompu les isolements et favorisé les relations entre les hommes, il doit s’en dégager, pour chacun, une prise de conscience plus forte de sa solidarité avec ses compatriotes et avec les membres des autres peuples de la terre.

4. Je n’oublie pas votre situation géographique particulière au milieu du continent africain, au carrefour de plusieurs civilisations qui ont marqué votre histoire. Les deux langues officielles de votre pays, le français et l’arabe, à côté des autres traditions linguistiques, témoignent de ces rencontres culturelles; vous avez à montrer par la réussite de votre vie nationale que les différences, loin de vous affaiblir, enrichissent votre peuple. C’est aussi une responsabilité que vous donne votre place dans le continent. Cette place vous invite encore à d’autres gestes de solidarité avec les pays d’Afrique qui vous entourent. Ceux du Sahel ont déjà su réunir leurs efforts dans une organisation régionale de lutte contre la sécheresse et la désertification. C’est un bon exemple de coopération Sud-Sud. D’autres organisations régionales existent et sont à encourager.

5. Puisque par ma voix, ici à N’Djaména, l’Eglise catholique se prononce une fois de plus en faveur d’un développement entièrement au service de l’homme, il me paraît utile, enfin, d’en rappeler la dimension morale.

Le développement ne peut être atteint que dans une société où les droits de tous sont respectés. A ce propos, nous pouvons nous réjouir qu’il existe une Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ratifiée en 1986 par votre pays.

La dimension éthique du développement concerne notamment la famille. Je vous encourage à aborder le problème démographique avec discernement, dans le respect de la vie et dans la fidélité à vos traditions culturelles qui honorent en particulier la vocation de la femme à la fécondité.

Le respect de la vie concerne aussi au plus haut point les problèmes de santé.J’encourage les catholiques du Tchad à apporter leur contribution pour rechercher des solutions à ces problèmes, en sachant combien c’est là une chose difficile pour des pays comme le vôtre où le personnel médical doit se dépenser avec générosité.

6. Hommes et femmes de N’Djaména, hommes et femmes du Tchad, si je vous ai ainsi parlé du développement, c’est parce que tout homme, toute femme est une créature de Dieu et possède une valeur unique. Un peuple religieux comme le vôtre est à même de comprendre que je me réfère ici à la valeur unique de toute personne humaine: elle reçoit de Dieu la vie, la sagesse et l’amour. Nous avons besoin de nous remettre en mémoire l’éminente dignité de l’être humain, car la beauté des dons de Dieu en lui peut être obscurcie, soit par la faute de celui qui devrait la faire resplendir, soit par l’aveuglement de celui qui devrait la reconnaître. Il n’en demeure pas moins que Dieu a confié à l’homme la création tout entière afin qu’il en soit le fidèle gérant, soucieux de la porter à sa perfection et d’en faire bénéficier tous ses frères.

Puissent les chrétiens apporter dans cette entreprise leur espérance invincible dans l’avenir de l’homme racheté par Dieu! Puissent tous les Tchadiens persévérer dans une collaboration fructueuse pour l’unité du pays et du continent africain! Puisse le Tchad uni et en paix contribuer au bien-être et à la concorde entre les hommes!




CÉRÉMONIE DE CONGÉ

Aéroport International de N’Djamena (Tchad), Jeudi 1er février 1990




Monsieur le Président,

1. Au moment de quitter le Tchad, je rends grâce à Dieu d’avoir pu répondre à votre invitation et venir visiter votre grand pays. Je vous suis reconnaissant d’avoir tenu à me saluer personnellement à l’aéroport, avant mon départ.

Les diverses rencontres de N’Djaména, Moundou et Sarh m’ont permis de prendre contact avec le peuple de ce pays, d’apprécier la qualité de son hospitalité et de mieux connaître ses aspirations à l’unité, à la réconciliation, au progrès et à la paix.

J’emporte avec moi une abondante moisson de souvenirs qui alimenteront ma prière et maintiendront vivante, par-delà les distances, l’amitié nouée, ces jours derniers, avec le cher peuple tchadien.

2. Mes remerciements sincères, Monsieur le Président, s’adressent d’abord à vous-même, ainsi qu’aux membres du Gouvernement et aux Autorités locales, pour toutes les dispositions prises afin de faciliter cette visite pastorale. J’ai été sensible au dévouement des personnes qui ont collaboré au bon déroulement des étapes successives de mon voyage dans la capitale ainsi qu’à Moundou et à Sarh. Je voudrais remercier aussi les médias d’avoir permis à tous de participer aux différents événements.

3. J’adresse un cordial merci à mon hôte, Monseigneur Charles Vandame, Archevêque de N’Djaména et Président de la Conférence épiscopale du Tchad, à mes autres Frères dans l’épiscopat, ainsi qu’aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, et à tous les fidèles catholiques qui, d’une manière ou d’une autre, se sont mobilisés pour ce temps fort de la vie de l’Eglise au Tchad.

J’ai été heureux de célébrer l’Eucharistie en terre tchadienne pour présenter à Dieu l’hommage d’adoration du grand peuple tchadien et demander au « Prince de la Paix » de répandre, après les années d’épreuves, ses bienfaits de prospérité physique et spirituelle sur tous, en particulier sur ceux qui souffrent encore.

J’ai été heureux également de me trouver au milieu de mes frères et soeurs chrétiens du Tchad pour offrir avec eux leur pays à Marie, Mère de Jésus. Je demande à la Vierge d’entraîner à sa suite tout le Peuple de Dieu et de l’assister maternellement dans son pèlerinage de la foi. Puisse-t-elle guider sa marche dans la fidélité au Christ, qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie» (Jn 14,6).

Avant de regagner Rome, j’aimerais vous dire combien les liens de la charité qui nous unissent sont réels. Ils se sont tissés grâce à l’accueil généreux que vous avez fait aux premiers porteurs de la Bonne Nouvelle. Ils se sont développés au cours des ans, au point qu’aujourd’hui l’Eglise qui est au Tchad a pris sa place dans la communion de la grande famille de l’Eglise universelle.

Chers Fils et Filles de l’Eglise catholique, allez de l’avant! Soyez forts! Témoignez de la Bonne Nouvelle de notre Seigneur Jésus-Christ et poursuivez, avec respect et amitié, le dialogue et la collaboration avec tous!

4. Au peuple tchadien, qui m’a réservé un accueil si chaleureux, je voudrais redire: merci, et ayez confiance en l’avenir! Les signes de renouveau sont visibles dans le pays et votre nation est équipée pour aller de l’avant grâce à votre dynamisme et à votre énergie morale. Gardez l’unité et fortifiez la paix! Continuez à entretenir de bons rapports entre Frères et Soeurs de croyances diverses: ces liens d’amitié garantissent le respect de la dignité de chacun et ils mettent votre pays à l’abri de douloureuses déchirures intérieures.

Au terme de ce sixième voyage qu’il m’a été donné d’accomplir en Afrique, je forme des voeux fervents pour tous les habitants de ce continent, quelles que soient leurs appartenances religieuses. Que Dieu leur permette de surmonter avec sagesse les épreuves qu’ils traversent, et de recevoir le soutien de toute l’humanité solidaire! Que Dieu leur accorde de garder intacte leur admirable vitalité, leurs valeureuses traditions, leur richesse spirituelle et leur générosité fraternelle!

Que Dieu bénisse le Tchad!
Que Dieu bénisse l’Afrique!


Mars 1990

À MONSIEUR FRANÇOIS NGARUKIYNTWALI, NOUVEL AMBASSADEUR DU RWANDA, À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi, 2 mars 1990


Monsieur l’Ambassadeur,


C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence au Vatican et que je lui souhaite la bienvenue en ces lieux, à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Rwandaise près le Saint-Siège.

Je vous remercie vivement de m’avoir transmis les salutations très aimables de votre Président, Son Excellence le Général-Major Juvénal Habyarimana, auxquelles je suis très sensible. En retour, je vous prierai de bien vouloir lui exprimer les voeux déférents que je forme pour sa personne et mes souhaits cordiaux pour l’heureux accomplissement de sa haute tâche au service de la nation rwandaise.

Dans votre courtoise allocution, Monsieur l’Ambassadeur, vous avez évoqué, en termes chaleureux, le rôle joué par l’Eglise catholique dans la promotion de la société rwandaise. Je vous sais gré de ce témoignage. C’est, en effet, le voeu des pasteurs et des fidèles d’encourager tout ce qui concourt au développement complet et harmonieux de la personne humaine, de participer à l’effort commun de progrès en mettant, suivant leurs moyens, personnes et compétences au service des réalités du pays. Les chrétiens laïcs savent qu’ils sont appelés à être des signes d’amour du Christ au milieu de leurs frères, dans le monde de la santé, par exemple, dans le domaine de l’éducation et dans les diverses oeuvres sociales de la nation. Ce qui les mobilise, c’est le « commandement nouveau » d’aimer son prochain comme le Christ lui-même nous a aimés.

Dans ses relations avec l’extérieur, la République Rwandaise, avez-vous déclaré, s’est assigné l’objectif du service de la paix, de la coopération, du rapprochement entre les peuples et de la solidarité internationale. C’est avec satisfaction que j’accueille ce généreux propos qui va dans le sens des initiatives que le Saint-Siège se plaît à promouvoir pour faire avancer la bonne entente entre les hommes et favoriser le développement de leur pays. Lors de mon récent voyage pastoral sur le continent africain, j’ai renouvelé mon appel à l’humanité, au nom même de l’humanité, pour que soit mis en pratique le devoir de la solidarité, notamment à l’égard des peuples africains les plus pauvres. J’ai exprimé le voeu que les responsables demeurent attentifs aux besoins réels de leurs concitoyens et à leur volonté de participer pleinement à leur propre progrès.

Je souhaite que le Rwanda continue à apporter sa contribution à l’avènement d’une société toujours plus juste et plus pacifique. Cette construction demande que nous soyons fermement déterminés à éliminer toutes les barrières qui séparent les hommes, à respecter et à promouvoir les légitimes aspirations de toutes le composantes de la communauté nationale, à aimer concrètement tous les membres de la famille humaine, les plus voisins comme aussi ceux qui sont éloignés, dans la conscience qu’une même origine et un même destin nous unissent tous.

En septembre prochain, s’il plaît à Dieu, je dirigerai mes pas vers le pays des mille collines. Je me réjouis à la pensée de faire la connaissance de votre peuple et d’aller célébrer avec les catholiques la foi qui nous est commune et qui est notre grande richesse. Je sais que les catholiques rwandais se préparent activement, avec leurs pasteurs, à cette rencontre avec l’Evêque de Rome, et je rends grâce à Dieu de la ferveur des communautés chrétiennes de votre pays. Vous me permettrez, Monsieur l’Ambassadeur, de leur adresser, par votre entremise, un salut affectueux. Que le dynamisme de leur foi porte les catholiques rwandais à participer d’une manière toujours plus qualifiée et généreuse au développement et au progrès de leur chère patrie!

Avant de conclure, je vous offre mes meilleurs voeux pour l’accomplissement de votre mission officiellement inaugurée en ce jour. L’expérience hors pair que vous avez acquise en exerçant les plus hautes responsabilités dans la diplomatie de votre pays pendant de longues années contribuera, j’en suis sûr, à un heureux développement des relations entre le Rwanda et le Saint-Siège en resserrant les liens d’amitié qui les unissent. Soyez assuré que vous trouverez ici l’accueil compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur Monsieur le Président de la République et les membres du Gouvernement, sur tous vos compatriotes dont je découvrirai avec joie les visages lors de mon prochain voyage, j’invoque de grand coeur l’abondance des bénédictions divines.



À MONSIEUR SAÂDEDDINE ZMERLI, NOUVEL AMBASSADEUR DE TUNISIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Vendredi, 16 mars 1990



Monsieur l’Ambassadeur,

Soyez le bienvenu au Vatican, où j’ai aujourd’hui la joie d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui l’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Tunisienne près le Saint-Siège.

Je suis sensible aux paroles courtoises que vous venez de m’adresser et je vous en remercie vivement. Vous avez eu l’amabilité d’évoquer, entre autres, les efforts du Siège Apostolique pour encourager les initiatives qui répondent aux préoccupations essentielles des êtres humains et qui favorisent l’établissement d’un ordre international toujours plus juste, fondé, ainsi que vous l’avez souligné, sur le respect d’autrui et la solidarité entre les hommes. Je vous sais gré de ces réflexions et je suis heureux de constater que, par son engagement à promouvoir l’esprit de négociation, la Tunisie, carrefour et lieu d’échange, apporte sa contribution à la sauvegarde des valeurs de justice et de paix ainsi qu’à la bonne entente entre les nations.

Votre présence en ces lieux, Monsieur l’Ambassadeur, manifeste également la volonté de votre pays de respecter, dans les rapports entre les peuples, les motivations d’ordre religieux. En effet, si l’on veut assurer des relations justes et pacifiques entre Etats, il est important que soit pris en considération le domaine des valeurs spirituelles. Et, parmi celles-ci, la conscience que tous les hommes sont frères, qui fait écho au sublime commandement de l’amour du prochain, cher à tant de croyants, ne devrait-elle pas animer les responsables du destin des peuples dans les tâches qui leur incombent?

Les lois de votre pays, avez vous souligné, garantissent la liberté de conscience et protègent le libre exercice de tous les cultes. En vous exprimant ma satisfaction, je souhaite que, dans ce climat et grâce également aux dispositions du « Modus vivendi » conclu par convention bilatérale il y a vingt-cinq ans, chrétiens et musulmans continuent, en Tunisie, à marcher sur le chemin de la fraternité, dans l’exercice régulier de leurs activités propres et dans un dialogue encore plus bénéfique entre héritiers de traditions spirituelles différentes appelés à oeuvrer ensemble pour le bien commun.

Vous me permettrez, Monsieur l’Ambassadeur, de saisir l’occasion de cette rencontre pour adresser, par votre intermédiaire, un salut cordial à la communauté catholique qui est présente en Tunisie et dont les membres cherchent à renouveler leur dynamisme à travers la tenue d’assises synodales. Puissent les chrétiens continuer à tisser des liens de solide amitié là où ils vivent et contribuer, avec leurs concitoyens musulmans, à redécouvrir des objectifs de vie qui répondent aux aspirations des populations tunisiennes! Que les uns et les autres, poussés par leurs convictions religieuses, deviennent des facteurs d’unité, de rapprochement et de dévouement responsable au service de tous!

Ma pensée, qui se tourne en ce moment vers l’ensemble de vos compatriotes, va en premier lieu vers Son Excellence Monsieur le Président Zine El Abidine Ben Ali, auquel je vous serais obligé de présenter mes salutations déférentes, ainsi qu’à Monsieur le Premier Ministre Hedi Baccouche, votre prédécesseur dans le poste que vous occupez maintenant. Je forme les meilleurs voeux pour leurs personnes et pour ceux qui collaborent avec eux dans la responsabilité de gouverner la nation tunisienne. Enfin, j’exprime mes voeux fervents de bonheur et de prospérité à tout le peuple tunisien qui poursuit sa marche vers le progrès.

Quant à vous, Monsieur l’Ambassadeur, je vous offre mes souhaits sincères pour les succès de votre mission. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici l’accueil compréhensif dont vous pourrez avoir besoin. Que le Très-Haut vous comble, vous et les vôtres, des ses abondantes bénédictions!


AU BUREAU DU CONSEIL INTERNATIONAL DES ARCHIVES

Vendredi, 30 mars 1990



Monsieur le Cardinal,
Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir dans cette maison à l’occasion de la session du Bureau du Conseil International des Archives. Vos travaux se déroulent au siège des Archives vaticanes: j’apprécie votre réponse positive à l’invitation de M. le Cardinal Archiviste de la Sainte Eglise et du Révérend Père Préfet; vous montrez ainsi votre estime pour nos Archives et pour le travail que l’on y accomplit au service de la science et de la culture.

Les Archives vaticanes, vous le savez, forment un patrimoine inestimable pour l’Eglise, mais on peut, à bon droit, les considérer comme un élément du patrimoine de la communauté internationale. Car, pour dire l’essentiel en deux mots cet ensemble de documents constitue une trace de ce qu’a vécu l’Eglise au cours des siècles et, par là, il témoigne du passage du Christ lui-même au coeur de l’histoire humaine.

Votre Conseil se préoccupe de veiller, dans de nombreux pays et de nombreuses institutions, à la conservation et à la communication de dépôts d’archives toujours plus importants et plus diversifiés. Vous affrontez des problèmes techniques complexes sur lesquels je ne puis m’étendre. Je désire simplement souligner l’intérêt primordial de vos tâches. Vous n’êtes pas les conservateurs de vestiges d’un passé révolu. Vous servez la continuité de la mémoire des peuples du monde. Sans une mémoire vivante et bien informée, les peuples perdraient beaucoup de leur culture; ils en ont besoin pour mieux vivre leur identité, pour construire leur avenir et pour apporter leur contribution spécifique dans le concert des nations, spécialement en un temps où le déroulement de l’histoire est marqué par les accidents et les accélérations dont nos générations peuvent apprécier l’importance.

Je voudrais exprimer ma grande estime pour la fonction éminente que vous exercez et pour le travail que vous accomplissez afin de parvenir à une organisation toujours meilleure de la conservation des archives et de leur utilisation. Je vous offre volontiers mes encouragements, et je souhaite, en particulier, que se poursuive heureusement, pour le profit de tous, votre collaboration avec les Archives vaticanes. Je forme des voeux cordiaux pour chacun de vous, ainsi que pour vos proches et vos collaborateurs. Et je prie le Seigneur de vous bénir.

Avril 1990



À UN GROUPE DE JEUNES PÈLERINS DU DIOCÈSE DE ROUEN

Sabato, 7 avril 1990



Chers amis,

C’est avec plaisir que je vous accueille, jeunes de Rouen, avec votre Archevêque Mgr Joseph Duval, vos animateurs, aumôniers, religieuses et laïcs. Notre rencontre constitue une étape de votre pèlerinage, et elle est proche de la Journée mondiale de la Jeunesse. C’est pourquoi je voudrais vous proposer de brèves réflexions à partir du thème de cette Journée, la parole de Jésus: « Je suis la vigne, vous êtes les sarments »[1]. Il s’agit, au fond, de redécouvrir notre relation vitale avec le Christ qui fait partager la richesse de sa vie de Fils de Dieu aux hommes appelés par lui à former son Eglise.

Vous avez choisi Rome comme but de votre pèlerinage. On peut percevoir ici de multiples aspects du visage de l’Eglise. Pierre et Paul sont venus établir les fondements; des générations successives de martyrs, de saints, et de nombreux autres chrétiens ont continué à bâtir, chacun selon ses capacités et sa vocation, un édifice qui reste plein de vitalité. Et maintenant, c’est des quatre coins du monde que convergent ceux qui trouvent ici le centre de l’unité pour toute l’Eglise vivante. Et vous pouvez renouveler ici votre sens de la solidarité avec vos frères et vos soeurs de l’univers entier.

Mais, tout en prenant la distance du pèlerinage, vous représentez, autour de votre Archevêque, la communauté diocésaine de Rouen. C’est là que vous êtes reliés concrètement au cep qu’est le Christ. C’est là que vous êtes ensemble en communion avec lui. C’est là que vous pouvez nourrir votre foi et votre prière, exprimer vos aspirations et vos questions, creuser le sens de votre existence. C’est là aussi que vous partagez au jour le jour les appels, les inquiétudes et les joies de votre génération et des autres générations. C’est là que vous êtes appelés à témoigner de l’espérance que vous ouvre votre baptême.

Je vous parle au coeur de l’Eglise universelle et je pense à l’Eglise particulière dont vous faites partie. C’est dans cette perspective que je vous dis au nom du Seigneur: « Allez, vous aussi, à la vigne »[2]. Cela signifie que vous avez à mûrir l’orientation que vous allez choisir pour votre avenir. Les chemins qui se présentent à vous sont divers. Mais, en chrétiens, vous savez qu’ils vous conduiront à la vigne du Christ, si vous demeurez dans son amour[3].

Dans votre future vie professionnelle et dans votre future vie de famille, soyez de fidèles témoins des dons que vous recevez dans la communion ecclésiale. Restez des sarments vivants, qui portent du fruit en abondance. Sans doute, comme le dit Jésus, faudra-t-il accepter que le sarment soit taillé pour produire les meilleurs fruits, c’est-à-dire qu’il faudra accepter de passer par l’épreuve ou par certains renoncements. En ces jours saints, est-il nécessaire d’y insister alors que nous nous préparons à suivre le Christ jusqu’à la Croix avant de célébrer sa Résurrection, la source de vie nouvelle pour tous?

Certains d’entre vous, je l’espère, prendront le chemin d’une vie donnée tout entière au service du Seigneur, dans le ministère sacerdotal ou la vie consacrée. L’Eglise a besoin de jeunes généreux qui aillent à la vigne avec une disponibilité sans réserve, ils seront les intendants des mystères de Dieu dans la joie, en se faisant les serviteurs de leurs frères.

Chers amis, à l’approche de Pâque, je vous encourage de tout coeur à marcher à la suite du Rédempteur, à avoir « entre vous les sentiments qui sont dans le Christ Jésus »[4]. Que votre pèlerinage soit pour vous une expérience profonde et un point de repère heureux pour votre vie! Dans la prière et dans l’action, soyez solidaires de tous vos frères et soeurs de l’humanité, dans l’unique amour du Sauveur! J’appelle sur vous le soutien de la grâce de Dieu et je vous bénis de tout coeur.

[1] Jn 15,5.
[2] Mt 20,4.
[3] Cfr. Jn 15,9.
[4] Ph 2,5.



MESSAGE À L'OCCASION DU RASSEMBLEMENT À NOTRE-DAME DE PARIS

Samedi, 7 avril 1990




Chers jeunes de Paris,

Dieu soit béni qui me donne la joie de vous parler ce soir en cette fête des Rameaux!

Je vous salue très cordialement, vous les jeunes de Paris. Vous êtes l’avenir de la Capitale, la relève est assurée. Il est important que vous soyez motivés par un idéal généreux.

Il y a dix ans, j’ai rencontré pour la première fois les jeunes de France au Parc des Princes... J’en ai gardé un vif souvenir! Depuis, je vous ai vus à de nombreuses reprises: à Lourdes, à Lyon, à Strasbourg, ou encore à Compostelle et à Rome...

Tous, nous sommes membres du Christ et membres de l’unique famille humaine. Nous aimons la vie. Aimer la vie, c’est déjà pressentir que nous la recevons de Dieu et que nous ne pouvons pas être heureux sans Lui. Je vous invite, vous, les jeunes de Paris, à ouvrir les yeux sur les richesses insondables de la vie que Dieu nous donne. Si nous écoutons sa Parole, si nous découvrons la grandeur de l’Amour dont Il nous aime, tous, hommes et femmes de tous âges et de toutes races, alors nous saurons que la vie vaut la peine d’être vécue et qu’elle vaut la peine d’être donnée! C’est ce que nous célébrons en ce jour où le Christ entre dans sa Passion.

Attachez-vous à sa personne.... Prenez le temps de réfléchir à son message et de méditer la Bible avec vos pasteurs, vos animateurs, vos éducateurs, dans les groupes paroissiaux, dans vos écoles, dans vos aumôneries, dans les mouvements. Bien formés dans la Foi, avec l’expérience de la prière et des sacrements, vous pourrez entraîner les plus jeunes et devenir vous-mêmes apôtres parmi vos camarades, car vous avez, vous aussi, à porter la Bonne Nouvelle!

Jésus vous aime. Il invite même certains d’entre vous à le suivre d’une façon plus étroite... Parmi vous, certains sont appelés à se mettre à la suite du Christ en devenant prêtres, religieux ou religieuses afin de poursuivre l’annonce de l’Evangile. Pourquoi ne pas demander, ici et maintenant: « Seigneur, que veux-tu que je fasse? ».

Nous voici au seuil de cette Semaine Sainte où nous allons revivre les grandes étapes de la vie du Christ en son chemin de mort et de résurrection. Je voudrais m’adresser à chacun d’entre vous. Toi qui as été baptisé, toi qui as été placé une fois pour toutes sur ce chemin, écoute Celui qui est entré à Jérusalem comme un roi, écoute Celui qui a été crucifié au Golgotha comme un esclave. Ecoute-le parler à ton coeur. Ecoute-le, lui qui te dit: Tu as du prix à mes yeux. C’est pour toi que j’ai donné ma vie. « Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes de sang pour toi »[1]. Ta vie sera belle si tu la donnes. Tu le fais déjà, tu peux le faire plus encore. Ta vie sera belle si tu réponds à mon appel: «Viens, suis-moi!».

Chers jeunes, je vous invite à la solidarité et à la tolérance dans toutes vos actions. Une oeuvre, un chantier, des initiatives réalisés ensemble font naître un climat de confiance qui permet à chacun de s’épanouir. En mettant en commun tout ce que vous êtes, vous construirez de manière solide et utile une communauté vraiment ecclésiale et fraternelle autour de votre Archevêque, mon frère dans l’épiscopat.

Au milieu des rythmes scolaires ou universitaires difficiles qui sont les vôtres, devant les images ou les informations qui vous arrivent, avec les jeunes du monde entier qui vivent tant de situations délicates, ne vous laissez pas agresser et tromper par les marchands d’idéologies ou de bonheurs illusoires... Ayez l’audace de leur résister: vous méritez ce qu’il y a de meilleur pour votre vie!
N’ayez pas peur! Ouvrez vos coeurs!

Soyez dignes de votre vocation d’hommes et de femmes, pour mieux répondre à ce que Dieu attend de vous!

De toutes vos forces, préparez l’avènement d’un monde où Dieu ait la première place, d’un monde où les hommes qu’il aime s’entraident comme des frères!

Jeunes de Paris, que Dieu, source de la Justice et de la Paix, vous accorde la Joie véritable! Quand le Christ vous garde unis car vous êtes les membres de son Corps qui est l’Eglise!

Que Notre-Dame de Paris vous ouvre les chemins de la miséricorde et de l’amour!

[1] B. Pascal, Pensées, 553.



AUX JEUNES PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE DU GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG

Jeudi, 19 avril 1990




Chers amis du Grand-Duché,

C’est avec beaucoup de joie que je vous accueille aujourd’hui, dans le prolongement de la Journée internationale des jeunes et de la rencontre du dimanche des Rameaux à Rome, où des milliers de jeunes comme vous sont venus célébrer leur foi avec le Pape. J’adresse mes salutations cordiales à votre archevêque, Monseigneur Jean Hengen, qui vous accompagne dans votre pèlerinage.

En cette semaine de Pâques, consacrée à la prise de conscience du fait de la Résurrection du Christ, nous nous souvenons avant tout de notre baptême: c’est, pour chacun de nous, l’acte par lequel l’Eglise nous a associés à la mort et à la victoire du Seigneur. Vous, les jeunes, vous êtes en période de formation, je vous invite à découvrir toujours mieux le Christ vivant et son message. Je vous invite à renouveler votre engagement baptismal à suivre le Christ avec plus de dynamisme encore.

Je sais que vous prenez une part active à la grande prière liturgique de l’Eglise. Par le service du dimanche, entre autres, vous êtes associés à la célébration de la Pâque: en effet, chaque dimanche, les chrétiens aiment à se réunir pour revivre le triomphe du Christ ressuscité, pour en rendre grâce et pour communier à sa présence. Ils attachent une grande importance à la liturgie dominicale, car ils y puisent leur énergie spirituelle et ils y trouvent le sens de leur existence.

Comme les saintes femmes que Jésus a envoyées annoncer la nouvelle de la Résurrection, vous aussi, vous êtes appelés à être des témoins du Christ. Préparez-vous à votre apostolat d’adultes dans l’Eglise. Soyez ouverts au Seigneur qui invite à le suivre aujourd’hui autant qu’hier. Comme Paul, saisi par le Christ sur le chemin de Damas, dites: « Que dois-je faire, Seigneur? »[1].

En cette année où le Luxembourg vénère plus particulièrement le grand missionnaire que fut saint Willibrord, je forme le voeu que de jeunes Luxembourgeois marchent dans son sillage pour continuer l’évangélisation du pays et de l’Europe, où le Grand-Duché occupe une position si particulière. J’espère que, parmi vous, plusieurs entendront l’appel du Seigneur à « laisser leurs filets » pour consacrer leur vie au ministère sacerdotal ou à la vie religieuse.

Celui ou celle que Dieu appelle reçoit la grâce, jour après jour, pour suivre le chemin que lui est destiné. Alors, bon courage! Comme à tous les jeunes, je vous redis ma confiance. Je prie pour vous et je vous donne de grand coeur ma Bénédiction Apostolique ainsi qu’à vos parents et à vos éducateurs. Bon séjour à Rome et bon temps pascal!

[1] Ac 22,10.



Mai 1990

À UNE DÉLÉGATION DU DIOCÈSE D'EVRY-CORBEIL-ESSONNES

Jeudi, 3 mai 1990


Discours 1990 - Centre d'étude et de formation pour le développement (CEFOD) de N’Djamena (Tchad), Jeudi 1er février 1990