Discours 1990 - Vendredi, 6 juillet 1990


AUX ARTISTES DE LA «COMPAGNIE DU PETIT PAUVRE»

Jeudi, 2 août 1990

C’est avec grand plaisir que je viens d’assister à votre beau spectacle, chers amis de la Compagnie du Petit Pauvre. Vous avez su évoquer avec bonheur les traits principaux de la riche personnalité de saint François d’Assise à travers des épisodes célèbres et caractéristiques de sa vie.

Je tiens à vous exprimer ma gratitude pour le travail que vous avez effectué. Jacques Copeau, dans son texte, fait dire à saint François qu’il s’est «jeté comme un fou vers tout ce qui lui a paru grand». Il me semble que c’est très juste et que ces paroles touchent un aspect central dans la pensée et l’action du Petit Pauvre d’Assise. Vous aussi, vous vous êtes jetés vers l’humble figure du Poverello, pauvre à l’image du Christ et riche des dons de Dieu.

Le comédien «incarne», dit-on, un personnage. Il lui prête son corps et reçoit de lui une âme. Ainsi, vous avez incarné François d’Assise, en tenant le rôle du saint, ou vous avez pris part à son aventure, en figurant les hommes et les femmes placés par Dieu sur sa route. Je vous souhaite d’entrer plus avant dans la grâce propre à ces personnages.

Quelle est cette grâce? Dans la Divine Comédie, Dante qualifie saint François de «tutto serafico in ardore». «Ardore»! C’est l’amour, le don du Christ crucifié, que manifeste noblement le fils de Bernardone. La vérité de chacune de nos vies se trouve cachée dans le Christ, lui qui garde les stigmates de la Passion, lui qui a appelé saint François à lui rendre témoignage, lui qui vous appelle aujourd’hui à lui rendre témoignage!

Par amour du Christ, saint François est devenu un apôtre de la paix et sa figure est reconnue et respectée au-delà des frontières du monde chrétien; puisse son exemple continuer à nous inspirer aujourd’hui!

Mes chers amis, je vous remercie encore pour ce bon moment passé en votre compagnie. Je remercie également tous ceux qui en ont permis la réalisation, à quelque titre que ce soit. De grand coeur je vous accorde ma Bénédiction Apostolique.

Septembre 1990




VOYAGE APOSTOLIQUE EN TANZANIE, BURUNDI, RWANDA ET YAMOUSSOUKRO


CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Aéroport international de Bujumbura (Burundi), Mercredi, 5 septembre 1990


Monsieur le Président,
Chers Frères dans l’épiscopat,
Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités du Burundi,
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique,
Chers amis de la Nation burundaise,

1. Amahoro. Tugire amahoro ya Kristu!
(Paix. La paix du Christ soit toujours avec vous!)

Ma joie est grande d’arriver parmi vous. Depuis longtemps, vous m’aviez invité et j’espérais venir sur votre terre et découvrir votre nation. De tout coeur, je vous remercie de votre accueil. J’exprime ma gratitude à Son Excellence Monsieur le Président de la République pour ses paroles de bienvenue qui traduisent les sentiments des Burundi. Et j’étends ma gratitude à toutes les hautes Autorités du pays qui ont tenu à venir participer à cette cérémonie d’accueil.

Je salue avec émotion la nation burundaise, chacun des fils et des filles de cette terre. Je salue fraternellement les Evêques du Burundi et tous les fidèles qui, avec eux, ont préparé cette visite pastorale.

2. Je viens au milieu de vous, parce que j’ai reçu la charge de l’Apôtre Pierre: le Seigneur Jésus lui a donné la consigne de confirmer ses frères dans la foi au Dieu vivant, au Christ qui nous libère et nous unit. Je viens encourager les Pasteurs de l’Eglise qui est au Burundi, les prêtres, les catéchistes, les responsables, tous les membres des communautés diocésaines dans leur mission de disciples du Prince de la paix. Et je viens au milieu de vous comme ami des hommes, ami de votre peuple, de votre patrie bâtie par vos ancêtres sur les collines. J’ai hâte de mieux connaître cette nation et son bel héritage; vous qui parlez la même langue, vous qui partagez les mêmes coutumes, des traditions familiales solides, et qui pratiquez une large hospitalité; vous qui avez reçu de vos pères un sens naturel de la présence de Dieu et qui avez accueilli généreusement le message de l’Evangile.

3. En vous rencontrant sur votre terre, je voudrais être pour vous messager de confiance et de paix, à la suite du Christ qui a donné sa paix à ses amis, comme don suprême. Je pense aux épreuves qui ont marqué votre peuple, entraîné dans des difficultés qui ont déchiré vos communautés et blessé trop de familles. Maintenant, la route de la réconciliation et de la concorde s’est ouverte devant vous. Vous y êtes engagés, hâtez le pas, et que personne n’hésite à rejoindre le chemin fraternel pour que plus jamais vos collines ne voient la division et la violence!

Entendez mon appel. Je vous l’adresse avec la franchise de l’amitié: consolidez votre unité, non pas avec résignation ou dans la méfiance, mais en l’enracinant solidement par la réconciliation et le pardon. Pour certains, cela peut paraître insurmontable, car les blessures font encore mal. Comment les oublier: Votre pleine réconciliation ne consiste pas en l’oubli du passé. Vous devez le regarder en vérité, vous devez vous retrouver et dépasser ensemble ce qui vous a divisés, pour bâtir une unité nouvelle. Dans la concertation entre vous tous, appuyez-vous sur la justice et sur le principe le l’égale dignité de tout homme, un principe qu’on ne peut jamais remettre en cause. Tout être humain est un fils de Dieu que nous devons respecter quel qu’il soit. Et parce que nous sommes tous des créatures aimées de Dieu, nous sommes tous des frères. Alors, nous pouvons vivre sur la même terre, partager la même nourriture et la même éducation. Alors, nous n’aurons plus de peine à reconnaître à chacun ses capacités et ses mérites, ou à répondre à ses besoins et à soulager ses souffrances.

4. Fils et Filles du Burundi, c’est l’avenir de votre nation que vous devez modeler de vos mains. Unissez vos efforts d’un seul coeur pour affermir la santé physique et morale de votre peuple. Préparez à votre jeunesse nombreuse, qui a besoin de confiance et de paix, une patrie où il fasse bon vivre. Travaillez avec persévérance au développement de votre pays, pour que la terre porte ses fruits, pour que chacun trouve à employer les dons qu’il a reçus, pour que personne ne se sente exclu ni tenté de chercher refuge dans une marginalité mortelle. Vos tâches sont grandes, lourdes aussi, mais je suis sûr que vous êtes capables de les accomplir, ensemble, dans l’unité et la paix retrouvées.

5. Chers Frères et Soeurs de l’Eglise catholique, ces objectifs sont particulièrement les vôtres. Car le respect de l’homme, l’amour fraternel, l’esprit de réconciliation et de pardon, l’espérance constructive sont inscrits au coeur du message chrétien. Prenez généreusement votre part des tâches communes de votre nation.

L’Eglise entretient avec l’Etat des relations cordiales dans le respect mutuel, et elle désire apporter, par ses institutions confessionnelles, sa libre collaboration à la promotion humaine, à la santé et à l’éducation en particulier. Les catholiques, coopérant souvent avec leurs frères d’autres confessions chrétiennes ou d’autres religions, désirent contribuer sans réticence au bien commun. Car le plan de Dieu, c’est le bien de l’homme.

En ces jours, chers Frères et Soeurs, nous allons célébrer le Christ qui nous libère et nous unit. Tel est le thème que vous avez médité pour préparer notre rencontre dans la foi. Je suis heureux, en vertu de ma charge pastorale, d’être là pour vous appeler à affermir votre foi, en union avec mes Frères dans l’épiscopat. Mon désir le plus profond, c’est votre réponse enthousiaste, au coeur de votre être, à la foi de votre baptême, votre accueil sans réserve de l’Esprit d’Amour et de Vérité.

6. Cher peuple du Burundi, l’Evêque de Rome voudrait saluer chacun de vous, ceux qui ont la charge du bien commun, les petits et les pauvres, les plus humbles artisans de la paix. A tous, je voudrais dire encore que je suis proche d’eux dans une sincère affection.

En arrivant parmi vous, je voudrais aussi être le témoin de beaucoup de vos frères et soeurs de différents peuples du monde qui vous connaissent de loin, mais qui sont sincèrement solidaires avec vous. Je sais que nombreux sont ceux qui cherchent à vous apporter une aide désintéressée. Je les remercie au nom de l’amitié fraternelle qui vous unit à eux. Monsieur le Président, votre accueil et celui du Burundi me touchent vivement; je vous renouvelle l’expression de ma reconnaissance. Que Dieu bénisse le Burundi et lui donne la force de l’espérance!

Tugire amahoro ya Kristu!
(La paix du Christ soit toujours avec vous!).


RENCONTRE AVEC LE MONDE DE LA CULTURE DU BURUNDI

Bujumbura (Burundi), Mercredi, 5 septembre 1990




Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

1. Votre nombreuse assemblée, dans cette cathédrale, constitue un signe éloquent de la vitalité de votre pays qui a su, en quelques décennies et malgré les difficultés, se donner des cadres pour les services de l’Etat, l’université, les professions libérales et les activités économiques. Je suis heureux de vous saluer et de vous proposer quelques réflexions sur les responsabilités qui reviennent aux chrétiens dans vos différentes compétences. Votre porte-parole a introduit cet échange avec pertinence; je le remercie de son message de bienvenue.

2. Vous avez situé nettement vos engagements chrétiens dans le cadre des transformations que le peuple burundais est en train d’accomplir, afin de consolider son unité.Et vous avez parlé d’un nécessaire examen de conscience. Il est vrai que ces questions vous sont posées par un passé d’affrontements et de souffrances. Vous ne les esquivez pas. Elles présentent, me semble-t-il, deux premières exigences pour vous. D’une part, les cadres de la nation doivent être les premiers à prendre résolument le chemin du pardon et de la réconciliation. Vous vous rappelez la réponse de Jésus à Pierre qui lui demandait combien de fois pardonner: «Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois», autrement dit sans limite[1]. Il ne s’agit pas d’effacer toute mémoire mais, pour pouvoir bâtir l’unité, de faire prévaloir l’amour fraternel sur les anciens facteurs d’oppositions ou de rivalités.

La seconde exigence, pour les chrétiens, c’est de veiller au juste respect de l’égale dignité de toute personne humaine. Parmi vous, les juristes savent bien que c’est là, pour un Etat de droit, un principe fondamental avec lequel on ne peut transiger. On ne cherchera pas artificiellement à nier la diversité des membres d’un peuple, la diversité des groupes et des personnes, les diversités des dons et des compétences, mais on s’attachera à une vérité plus fondamentale encore: tout être humain est créé par Dieu qui, dans la fidélité à son amour, a donné son Fils pour le salut de la multitude. Cette affirmation est au coeur de notre foi; soyons attentifs à ne jamais nous mettre en contradiction avec notre profession de foi et avec notre communion à l’unique Corps du Christ.

3. Vous exercez vos responsabilités dans des domaines très divers que je ne saurais évoquer tous. C’est plutôt un principe général que je voudrais souligner. Quel que soit le secteur où vous travaillez, votre référence doit être le bien commun. Je sais qu’une telle formule risque d’être souvent répétée et de devenir incantatoire! Pour que les actes traduisent les intentions, chacun doit réfléchir aux conséquences de ses décisions dans l’ensemble de la société. Et il faut affirmer que cette fin ne peut être atteinte que si chaque membre de la communauté nationale voit ses droits respectés avec justice. Le bien commun ne se divise pas. Aucun frère, aucune soeur ne doit en être exclu. C’est dire que, à la base de votre action, le principe de la dignité de toute personne doit être reconnu clairement. C’est dire que chacun de vos administrés, de vos étudiants ou de vos clients doit non seulement bénéficier de la protection accordée par le droit positif, mais aussi qu’il doit pouvoir jouir en toute circonstance des droits de la personne. Un responsable investi d’une parcelle de pouvoir se conformera assurément aux conditions de l’équité, mais plus encore il considérera tout interlocuteur comme un frère ou une soeur qui, même s’il est le plus humble ou le moins doué, doit avoir ses chances de vivre décemment, de fonder une famille, d’élever ses enfants, de gagner la subsistance des siens, de mettre en application les valeurs morales et les convictions auxquelles il est attaché, en un mot d’avoir la liberté de réaliser sa vocation humaine.

Dans toute votre action, le souci premier, c’est l’homme. Le bien de la communauté humaine l’emporte sur tout autre intérêt. Cela donne son véritable sens à l’action pour le développement, à l’expansion économique, à la bonne gestion des services publics. L’efficacité relève de la technique, mais la réussite technique obtenue au détriment de l’homme et au mépris de ses capacités ou de ses vrais besoins devient vite néfaste. Il faut sans cesse en tenir compte dans vos programmes.

Trop souvent, vous vous trouvez en face de décisions difficiles à prendre, vous devez imposer - et vous imposer - l’austérité dans le domaine économique. C’est là que votre action doit être conduite selon une éthique de solidarité, d’amour du travail et des personnes qui travaillent, de soutien aux plus défavorisés, de partage des sacrifices. A ce prix, on reconnaîtra que la préoccupation de la justice et des valeurs morales ne reste pas au niveau du discours, mais qu’elle engage réellement ceux qui agissent. Il est clair que des cadres chrétiens se doivent d’être ici en première ligne. Ils donneront leur véritable portée humaine aux problèmes sociaux que connaît leur pays, qu’ils concernent la famille et la démographie, l’éducation, la santé ou l’assistance aux plus défavorisés.

4. Comme il y a parmi vous de nombreux universitaires, je voudrais souligner la grande portée de leurs responsabilités dans le domaine de l’éducation. La tâche est considérable pour une nation où la proportion des jeunes est importante. Ceux qui m’écoutent savent bien que l’Eglise s’implique largement dans l’enseignement, et j’apprécie vivement la collaboration franche qu’elle développe ici avec l’Etat pour répondre le mieux possible aux besoins des enfants du pays.

Quels objectifs rechercher en priorité dans le système éducatif? L’école a pour mission, en lien avec la famille, de préparer les jeunes à prendre leur place dans la société avec le maximum de chances. Les enseignants ont conscience que transmettre le savoir, cela ne peut être humainement neutre. N’est-il pas nécessaire d’associer à l’acquisition d’un savoir la capacité de le mettre en oeuvre, l’accès à un «savoir-faire» qui permette au jeune de se diriger avec confiance vers la vie active? Et lorsqu’on parle de savoir, c’est aussi la recherche de la vérité, la rectitude du jugement moral qu’il faut développer comme valeurs indispensables dans toutes les situations de la vie. L’éducation ne peut séparer l’épanouissement de l’intelligence de l’aptitude à conduire sa propre vie de manière responsable et digne de la condition humaine. Plus encore, le jeune doit découvrir qu’il ne réussira réellement sa vie qu’en y intégrant la dimension du service d’autrui, de la solidarité généreuse avec son prochain.

Par ces brèves remarques, je voulais mettre l’accent sur quelques unes des exigences de la vocation des enseignants et de la conception du système éducatif lui-même. Je souhaite vivement que les intellectuels catholiques se dévouent pour transmettre aux jeunes les meilleures valeurs auxquelles ils sont eux-mêmes attachés.

5. J’aimerais évoquer aussi avec vous une autre préoccupation qui ne peut laisser personne indifférent, celle de la santé. Il y aurait beaucoup à dire. Je m’en tiendrai ici à deux appels. En premier lieu, que rien ne soit négligé pour lutter contre la maladie sous toutes ses formes et pour développer sa prévention. Les personnels sanitaires ne sont pas seuls en cause. C’est la communauté entière qui est concernée. Il s’agit de former des agents de santé et de leur donner les moyens de soigner. Dans ce domaine, l’aide internationale vous est nécessaire, l’Eglise ne cesse de l’affirmer; je sais que les chrétiens y contribuent pour leur part. Mais les résultats dépendent de la persévérance de vos propres efforts pour soulager la souffrance, pour sauver la vie des enfants et des adultes, en créant notamment les structures nécessaires dans vos collines.

J’adresse aussi un second appel: que tout malade, quelle que soit l’affection qui l’atteint, soit entouré de soins avec amour et sans aucune discrimination. La qualité morale d’une société se mesure au respect qu’elle sait porter indéfectiblement à toute vie, à toute souffrance. N’est-ce pas face aux êtres les plus affaiblis que s’applique d’abord le commandement de l’amour fraternel? N’est-ce pas là une exigence qui s’impose particulièrement à tout responsable fidèle à la foi en Dieu qui est amour?

6. Chers amis, en évoquant avec vous le souci de consolider l’unité de la nation, la nécessité d’agir en vue du bien commun, les dimensions de la fonction éducative, l’action pour la santé, j’ai rappelé quelques unes des voies sur lesquelles vous avez à traduire en actes le message de la Parole de Dieu, comme l’a dit votre porte-parole. Cela peut se résumer par une phrase du Concile Vatican II dans le document sur l’apostolat des laïcs: «La mission de l’Eglise n’est pas seulement d’apporter aux hommes le message du Christ et sa grâce, mais aussi de pénétrer et de parfaire par l’esprit évangélique l’ordre temporel»[2].

Pour remplir votre mission de cadres chrétiens, vous devez suivre l’exemple du Maître qui dit à ses disciples: «Je suis au milieu de vous comme celui qui sert». Si vous avez reçu une formation de haut niveau, si vous avez accédé à un certain pouvoir, c’est pour vous rendre aptes au service de vos compatriotes.Cela crée pour vous des devoirs exigeants, cela vous appelle à un réel désintéressement. C’est à ce prix que vous serez, dans l’accomplissement actif et dévoué de vos tâches, des disciples du Christ.

7. Vous avez exprimé la résolution de méditer la Parole du Christ et d’en faire votre nourriture. Je vous y encourage, et je sais que vos évêques se préoccupent de vous en donner de mieux en mieux les moyens. Vous avez besoin d’assimiler en profondeur les exigences de l’Evangile. Et ce n’est pas seulement un objet d’étude et de méditation personnelle. C’est par le partage fraternel de la foi et dans la prière commune que vous accueillerez la grâce de Dieu, la force d’être fidèles, la capacité d’accorder en vérité ce que vous croyez et ce que vous accomplissez. Que Dieu vous donne d’être, dans l’Eglise et dans la société, les serviteurs de l’homme!

[1] Mt 18,22.
[2] Apostolicam Actuositatem, AA 5.
[3] Lc 22,27.





AU CORPS DIPLOMATIQUE À LA NONCIATURE APOSTOLIQUE

Bujumbura (Burundi), Mercredi, 5 septembre 1990


Excellences,
Mesdames, Messieurs,

1. Au jour où je prends contact avec le Burundi, je suis heureux de saluer le Corps Diplomatique accrédité, le Corps Consulaire et les Représentants des Organisations internationales réunis ce soir. Je vous remercie de votre présence à cette rencontre. Vos préoccupations communes viennent d’être évoquées par votre Doyen, en un ample panorama. Il s’est aussi fait l’interprète de vos sentiments déférents auxquels je suis sensible. Je lui en dis mon amicale gratitude.

Hôtes de ce beau pays, vous suivez avec sympathie les efforts déployés par le peuple burundais pour consolider son unité nationale. Vous découvrez le chemin qu’il a parcouru, les épreuves qu’il a traversées, le courage qu’il a montré dans l’adversité. Ce peuple, dont les membres partagent une même culture et un réel sens spirituel, vous invite à donner aux relations dont vous êtes les agents les dimensions d’un dialogue empreint de respect mutuel et d’espérance pour l’avenir.

2. Les rapports humains que j’évoque ainsi donnent à l’action des diplomates sa véritable portée. Rappeler que son premier objectif est celui de la paix ne représente pas aujourd’hui un propos de pure convenance. Les conflits continuent à semer la peur et la souffrance dans des régions entières du monde, de ce continent en particulier. En nous rencontrant ce soir, nous y pensons avec une vive sollicitude pour les peuples meurtris. Nous demandons que le dialogue l’emporte sur l’affrontement et que les responsables du bien commun fassent prévaloir l’esprit de conciliation sur toute autre attitude.

3. Représentant au Burundi des Etats géographiquement proches ou distants, des nations au niveau de développement très divers, ainsi que des organisations à vocation mondiale ou régionale, vos missions ont pour trait commun de promouvoir une coopération bénéfique au peuple de ce pays. Nous savons que l’évolution récente des rapports entre les nations de l’est et de l’ouest en Europe a suscité l’inquiétude des pays du sud, en proie à une crise économique qu’ils n’ont pas la possibilité de surmonter par eux-mêmes. Subissant le contrecoup des fluctuations des marchés sans être en mesure de les compenser, ils ont souvent l’impression d’être maltraités par des puissances qui n’agiraient qu’en fonction d’intérêts égoïstes.

Une telle situation, que je ne fais qu’évoquer schématiquement, invite à réfléchir sur le sens des relations internationales que vous êtes appelés à servir ici. S’il est injuste de ne voir dans l’action des grandes puissances et des Organisations internationales qu’une recherche de profit au mépris de peuples démunis, il n’en reste pas moins vrai qu’il faut rappeler à temps et à contretemps que la coopération entre les nations est d’abord une réalité d’ordre humain et un partenariat entre des interlocuteurs qui se respectent les uns les autres.

On se félicite de constater une certaine évolution dans la façon d’évaluer le développement d’un pays. En effet, les seuls indicateurs économiques ne peuvent traduire les vertus d’un peuple ni l’ensemble de ses réalisations. La santé des hommes, leur niveau d’éducation, la qualité de leur vie quotidienne sont également à prendre en considération. Ce que je disais naguère à propos de la paix, je puis le reprendre en l’appliquant au développement qu’il faut envisager «comme le fruit de relations justes et honnêtes dans tous les aspects de la vie des hommes sur cette terre, aspects sociaux, économiques, culturels et moraux»[1].

4. A travers le monde, la nécessité de conduire une coopération constructive apparaît de plus en plus liée à l’exigence de dialogues vrais. Les partenaires apporteront une contribution positive au bonheur de leurs peuples s’ils sont pénétrés, de part et d’autre, du sens du service public, s’il est clair que les intérêts des uns ne sont pas défendus au détriment de ceux des autres. La conception d’un projet agricole, industriel ou d’équipement aura d’autant plus de chances d’aboutir avec succès qu’elle aura été affinée dans une négociation ouverte avec ceux qui doivent le mettre en oeuvre et en bénéficier. Car il s’agit toujours de soutenir l’activité de personnes libres, d’accroître leurs moyens de vivre, de mobiliser leur capacité de travail sans méconnaître leur responsabilité et leur épanouissement, de répondre à des aspirations qui soient réellement les leurs.

En somme, pour que la coopération entre partenaires différents soit pleinement utile au développement des moins favorisés, il faut, sans remettre en cause leur rôle, dépasser la simple relation d’échanges des produits et la recherche des profits. Par l’intelligence mutuelle des cultures, le partage des apports scientifiques, la découverte des richesses non monnayables, on accédera au sens proprement humain des échanges. Et, devant le dénuement et la maladie, c’est la solidarité et l’amour fraternels qui motiveront une entraide désintéressée. Dans ce qui doit devenir la rencontre des peuples avant d’être une collaboration technique, il sera naturel de respecter, dans chaque groupe humain, ses structures sociales et familiales, ses convictions morales et spirituelles. C’est là une condition indispensable pour que chacun garde sa dignité et puisse, dans l’épanouissement de ses qualités propres, apporter sa contribution originale à la communauté humaine.

5. Il me semble que ces convictions répondent largement à l’expérience de beaucoup d’Organisations internationales, de beaucoup d’agents dévoués qui consacrent leurs forces à contribuer au développement des peuples les plus éprouvés. Je voudrais ici exprimer l’estime que m’inspire l’action de nombreuses Institutions spécialisées, gouvernementales ou non gouvernementales, d’inspiration confessionnelle ou non, qui n’épargnent pas leurs efforts pour donner à la solidarité des nations son contenu concret et une efficacité que nous espérons de plus en plus grande.

Les réflexions que je propose ici s’inspirent, au fond, de la confiance de l’Eglise en l’homme, en ses ressources d’intelligence et de coeur, en sa capacité de faire face à l’adversité et à surmonter finalement ses divisions. Je tiens à saluer le courage des pauvres, des nombreux pauvres du monde. Leur dignité force notre admiration. Ils méritent de ne pas être laissés seuls dans leur combat quotidien pour vivre.

Mesdames, Messieurs, je souhaite de tout coeur que vous puissiez accomplir vos missions pour le bien de ce pays et de la grande famille humaine. Et je demande à Dieu de vous aider par les dons de sa grâce.


[1] Ioannis Pauli PP. II Nuntius ob diem ad pacem fovendam diatum, pro a. D. 1986, 4, die 8 dec. 1985: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, VIII, 2 (1985) 1470.




AUX CONFRÈRES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU BURUNDI

Bujumbura (Burundi), Mercredi, 5 septembre 1990


Chers Frères dans l’épiscopat,

1. Au terme de cette première journée passée dans votre pays, c’est pour moi une réelle joie de vous retrouver dans l’intimité, pour un temps d’échanges et de réflexion devant le Seigneur. Nous sommes ici comme les disciples après la Résurrection, lorsque, en prière avec Marie au Cénacle, ils méditaient les consignes du Christ qui les avait envoyés en mission et chargés de fonder son Eglise dans toutes les régions du monde, en leur promettant sa présence jusqu’à la fin des temps et la puissance de son Esprit de vérité et d’amour.

Nous prolongeons ainsi ce soir nos entretiens d’avril 1989, lorsque vous êtes venus à Rome en visite ad «limina». Nous avions alors évoqué ensemble beaucoup d’aspects de votre ministère épiscopal. Je voudrais simplement faire écho, sur certains points, au programme que Monseigneur Bududira, votre Président, vient de tracer, puis m’attarder sur un problème qui semble s’aggraver en ce moment, l’épidémie du sida.

2. Dans une Eglise qui célébrera bientôt son centenaire, il est naturel que vous mettiez l’accent sur une reprise, un renouveau de l’évangélisation. Les épreuves que vous avez traversées récemment et la maturité plus grande qu’ont acquise vos communautés placent, en effet, l’Eglise au Burundi à un tournant de sa route. A sa manière propre, sa situation correspond à celle de l’ensemble de l’Eglise en Afrique qui a motivé la convocation de l’Assemblée spéciale du Synode des Evêques, avec pour thème général précisément «la mission évangélisatrice vers l’an 2000».

En vertu de ma charge de successeur de Pierre, je vous encourage de tout coeur sur la voie que vous prenez. «Vous serez mes témoins»[1], dit le Seigneur à toute l’Eglise. La consigne vaut pour chaque jour, pour chaque aspect de notre activité pastorale. Que vous recherchiez des méthodes et des expressions nouvelles, adaptées aux milieux de vie et à la mentalité de vos compatriotes, ou que vous ranimiez la ferveur et l’engagement de communautés tentées d’en rester à leurs habitudes, c’est toujours du témoignage vivant et ardent de la Bonne Nouvelle qu’il s’agit. A cet égard, j’apprécie l’effort considérable dans lequel vous avez entraîné le plus grand nombre des fidèles, précisément pour préparer ma présente visite pastorale. En l’espace d’une année, ils ont médité sur la portée de la mission que le Christ confie à tout baptisé, au cours du Carême, ils ont fait un examen de conscience approfondi, pour redécouvrir ensuite, dans la lumière du Ressuscité et de l’Esprit de Pentecôte, la condition d’homme nouveau conférée par le Seigneur aux membres de son Corps, développant ainsi le thème de nos journées: «Le Christ nous libère et nous unit».

Je souhaite avec vous que cette sorte de longue retraite de l’ensemble de vos communautés constitue le point d’appui durable d’une conversion toujours à reprendre et d’une croissance ferme dans la foi. Au Burundi, «vous serez les témoins» du Rédempteur, attentifs à rencontrer vos frères sur tous les terrains et dans toutes les difficultés en leur faisant découvrir le bonheur de se savoir aimés de l’amour infini de Dieu.

3. Avec vous, les prêtres, les religieux et les religieuses ont été aux avant-postes de l’effort poursuivi par vos communautés. Privés d’une partie des missionnaires qui oeuvraient avec eux antérieurement, ils ont su faire face à cette situation avec courage. Ces derniers mois, ils ont eux-mêmes fait retraite ensemble, avec leurs évêques. C’est un signe très positif de la communion étroite entre tous les consacrés qui favorise l’unité et le dynamisme évangélique des fidèles. Rendons grâce pour les progrès accomplis!

Demain, j’aurai la joie de rencontrer le clergé, les religieux et les religieuses du Burundi; je désire les encourager dans leur don total au service du Seigneur et du Peuple de Dieu. Ils sont naturellement les premiers agents du renouveau de l’évangélisation qu’ils conduiront en collaboration étroite avec les catéchistes et les autres laïcs engagés. Tout ce que vous ferez pour soutenir leur vie sacerdotale et religieuse, pour contribuer à affermir leur vie de prière, leur réflexion, leur ressourcement par la fréquentation de la Parole de Dieu et l’approfondissement de l’enseignement et des méthodes pastorales de l’Eglise sera utile à leur action de même qu’à leur équilibre personnel. De plus, les échanges réguliers entre les évêques, les prêtres et les religieux aideront à enrichir l’activité pastorale. Des instances de concertation et d’étude, comme vous en avez institué avec fruit, répondront d’autant mieux à leurs objectifs que les participants entreprendront études et réflexions dans le but de nourrir la pastorale et que, en même temps, l’expérience vécue quotidiennement avec le Peuple de Dieu, renouvellera la réflexion sur une base concrète, incitant à recourir aux sources spirituelles et intellectuelles. La formation permanente de l’ensemble des consacrés gagnera à être animée dans la même intention d’enrichir le ministère.

4. En ce qui concerne l’ensemble du Peuple de Dieu, je ne retiendrai que trois objectifs importants, parmi bien d’autres. Je pense d’abord aux questions nombreuses que posent la famille, la vie chrétienne des époux, leurs responsabilités pour l’accueil de la vie et l’éducation des enfants. Devant les hésitations provoquées par maints changements de la société actuelle, il importe que les familles chrétiennes soient éclairées sur la morale chrétienne et comprennent le sens des exigences qu’elle présente, sans se laisser égarer par des influences divergentes qui les troublent souvent. Soyez les animateurs de la pastorale familiale, dans toutes ses dimensions; c’est un objectif prioritaire à poursuivre patiemment par l’ensemble des agents pastoraux.

Nous connaissons les difficultés auxquelles se heurte votre pays pour son développement. En même temps que les chrétiens participent avec compétence aux efforts de la nation, il faut accorder une attention particulière aux pauvres, nombreux parmi vous, les pauvres des villes et des collines, pauvres matériellement, moralement et spirituellement, trop souvent socialement marginalisés. Que les communautés chrétiennes déploient à leur égard une charité inventive, persévérante, miséricordieuse, de même qu’une entraide concrète efficace. Cela demande beaucoup de générosité de la part du plus grand nombre de fidèles. Soutenez les initiatives qui vont dans ce sens. Ce sera, là encore, répondre à des appels de l’Evangile et suivre le Christ sur des chemins qu’il nous a lui-même tracés.

Un troisième objectif que je voudrais rappeler, c’est, pour tous les membres de l’Eglise, spécialement pour les laïcs, celui de la cohérence entre les choix de la vie courante et les requêtes de la foi. Dans le travail, dans l’éducation, dans les responsabilités publiques, dans les actions pour le développement, il importe que les chrétiens opèrent un discernement lucide entre les valeurs chrétiennes et les anti-valeurs. Sans cela, comment accorder son activité quotidienne aux convictions de foi? Vous l’avez dit tout à l’heure, l’ensemble de questions que je ne fais qu’évoquer vous préoccupe. N’épargnez aucun effort pour aider vos diocésains à vivre en chrétiens dans la nation. En particulier, exprimez clairement les motifs chrétiens d’une participation généreuse de tous à la consolidation de l’unité nationale. Que les disciples du Fils de Dieu fait homme aiment assez l’homme pour le défendre contre son péché quand il le faut, et pour promouvoir sa dignité!

5. La société burundaise, comme bien d’autres dans le monde, est exposée à un grave danger. Je pense à la pandémie du sida qui atteint un nombre croissant de vos compatriotes, surtout des adultes jeunes et aussi, il est douloureux de la constater, de petits enfants. Cela engage votre sollicitude pastorale vis-à-vis de tous et vous amène à approfondir votre réflexion sur les origines et les conséquences de ce mal.

A ce sujet j’ai été amené à m’exprimer, notamment l’automne dernier à Rome au cours d’un congrès organisé pour étudier les divers aspects du problème. Je voudrais rappeler que la gravité de cette maladie tient non seulement aux souffrances et aux morts qu’elle provoque inexorablement, mais aussi à ses implications d’ordre anthropologique et moral. L’épidémie diffère de tant d’autres que l’humanité a connues du fait que des comportements humains délibérés jouent un rôle dans sa diffusion.

Alors que l’évolution des mentalités tendait à occulter l’échéance de la mort, dont on ne peut pourtant pas nier la place dans le destin de toute personne, la menace du sida confronte maintenant nos générations au terme de la vie terrestre d’une manière d’autant plus impressionnante qu’elle est liée, directement ou non, à la transmission de la vie et à l’amour. On pressent que les potentialités vitales de l’être sont menacées de devenir des potentialités mortelles.

Il faut donc faire comprendre ce que révèle cette maladie: à côté du problème biomédical, il apparaît ce que j’ai appelé «une sorte d’immunodéficience sur le plan des valeurs essentielles». Informer sur les risques d’infection et organiser une prévention d’un point de vue strictement médical, cela ne serait pas digne de l’homme si on ne l’appelait pas à retrouver les exigences de la maturité affective et d’une sexualité ordonnée. Dans le même discours je disais: «C’est pour cela que l’Eglise, sûre interprète de la Loi de Dieu et "experte en humanité", a à coeur non seulement de prononcer une série de "non" devant certains comportements, mais surtout de proposer un style de vie pleinement significatif pour la personne. Elle indique avec vigueur et avec joie un idéal positif»[2].

La pastorale de l’Eglise est confrontée, face au sida, à un ensemble de défis. Informer, éduquer, en n’acceptant pas que le problème soit traité au mépris de l’éthique, car alors l’origine du mal n’est ni comprise ni combattue.

Et il y a le devoir d’assistance aux personnes atteintes par le sida. Je sais combien les soins peuvent être difficiles dans les conditions de pauvreté où vous vous trouvez. J’espère, et j’en renouvelle la demande, que l’aide ne vous sera pas mesurée dans ce domaine où les catholiques collaborent utilement avec les institutions et les personnes dévouées aux mêmes tâches sanitaires.

Mais je pense en même temps à l’assistance psychologique et spirituelle qui ne doit pas faire défaut aux malades en phase aiguë ni aux porteurs du virus. Ceux-ci ont souvent tendance à se replier sur eux-mêmes dans un silence angoissé. Ils ont besoin d’une présence fraternelle pour avoir le courage d’assumer leur condition. Et nous devons fermement écarter toutes les tentations de discrimination qui peuvent se manifester à leur égard.

C’est tout le difficile problème du sens de la souffrance, de la valeur de toute vie, même blessée et affaiblie. Que les disciples du Christ crucifié se tiennent avec amour au pied de la croix que portent ces pauvres là, auxquels le Sauveur a aussi voulu s’identifier. Et il faudra beaucoup de générosité aux communautés chrétiennes pour soutenir les familles brisées par la maladie d’un de leurs membres et pour prendre en charge des enfants privés de leurs parents.

Nous espérons qu’approche le jour où le fléau sera vaincu. Mais, devant l’épreuve présente, soyons les vivants témoins de l’amour miséricordieux de Dieu. Soyons les porteurs de l’espérance, dans la foi au Christ qui a livré sa vie pour le salut de la multitude.

6. Chers Frères dans l’épiscopat, pour mener à bien les efforts dont nous avons parlé ce soir et pour l’ensemble des tâches que comporte la mission évangélisatrice de l’Eglise au Burundi, il faut que coopèrent tous les membres de vos communautés. Pasteurs, vous êtes les guides de l’apostolat et vous avez la charge de l’unité du Peuple de Dieu. Vous pensez parvenir, d’ici le centenaire de votre Eglise, à des orientations synodales de vos diocèses. Je souhaite de tout coeur qu’il vous soit donné de progresser dans ce sens, en appelant les consacrés, les laïcs engagés et le grand nombre des baptisés à marcher ensemble à la suite du Christ.

Votre charge épiscopale est lourde. A vues humaines, elle paraît dépasser les forces de chacun. Mais le Seigneur qui a soutenu Pierre dans sa foi ne vous mesure pas sa grâce. Fondez votre confiance sur l’Esprit qui vous a été transmis par l’imposition des mains: le Christ qui vous a appelés à une participation plénière de son unique sacerdoce est présent en votre action. Que la paix et la joie qu’il a promises à ses Apôtres demeurent en vous! Rendez grâce d’être, en son nom, les intendants des mystères de Dieu, de compter au nombre de ses amis, qu’il a aimés jusqu’au bout. Avec Pierre, dites-lui: «Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle»[3]. Que ces paroles de vie ne cessent d’inspirer votre service du peuple bien-aimé qui vous est confié! Et que Dieu vous bénisse!

[1] Ac 1,8.
[2] Rome, discours du 15 novembre 1989, n. 5: AAS 1990 (1982), p. 664.
[3] Jn 6,68.





Discours 1990 - Vendredi, 6 juillet 1990