Discours 1994 - Vendredi 29 avril 1994


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU TCHAD EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM»

Lundi 27 juin 1994



Chers frères dans l’épiscopat,



1. C’est avec joie que je vous accueille en ces lieux à l’occasion de votre visite ad limina, et j’adresse un salut particulier à ceux qui prennent part pour la première fois à cette rencontre quinquennale: Monseigneur Michele Russo, premier Evêque de Doba, et Monseigneur Edmond Djitangar, nouvel Evêque de Sarh.

Je remercie vivement Monseigneur Charles Vandame, Archevêque de N’Djaména et Président de la Conférence épiscopale du Tchad, de s’être fait très aimablement votre porte-parole. Je le félicite aussi d’avoir été reconduit à la tête de la Conférence et je lui offre mes meilleurs voeux pour l’heureux accomplissement de son nouveau mandat.

Ma visite pastorale en terre tchadienne, il y a quatre ans, avait été l’occasion de resserrer les liens de communion entre nous. Je suis heureux de vous entendre dire qu’elle a permis aux catholiques de vos diocèses de développer leur sens de l’appartenance à une seule et même Eglise répandue dans le monde entier, et l’on sait toute l’importance que l’Africain porte au rattachement à un grand ensemble!

Votre pèlerinage traditionnel aux tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul ainsi que les diverses rencontres romaines qui l’accompagnent constituent d’autres moments privilégiés de notre vie de communion et sont destinés à la renforcer. Nous rendons grâce à Dieu pour ces multiples échanges entre nous et ces célébrations tonifiantes de notre foi commune, au Tchad et à Rome.

Laissez-moi de nouveau vous remercier de m’avoir permis de faire, sur votre sol, la connaissance de vos attachantes communautés diocésaines, dont je garde un vivant souvenir: je pense à celles de N’Djaména, de Moundou et de Sarh. Veuillez leur transmettre, ainsi qu’à celles de Pala et de Doba, les salutations affectueuses du Pape, qui les garde toutes dans sa prière.



2. De la lecture de vos rapports quinquennaux, il ressort qu’une bonne entente règne entre vous ainsi qu’entre pasteurs et ouvriers apostoliques diocésains. Cette concorde contribue au développement d’un sentiment de solidarité ecclésiale, qui gagne les catholiques de tout le pays. C’est d’autant plus encourageant pour votre apostolat que le Tchad connaît une diversité ethnique, linguistique, et religieuse aussi, qui peut être source de tension sociale ou créer un environnement difficile pour l’action de l’Eglise.

Grâce à l’adoption de plans pastoraux définis et grâce aussi à vos échanges fraternels sur les problèmes de l’Eglise et de la société, votre action diocésaine présente une homogénéité qui bénéficie à l’ensemble de l’Eglise au Tchad. Soyez-en félicités!

Soyez félicités également de guider et d’accompagner votre peuple sur «les chemins de la vérité, de la justice et de la paix», dans sa marche vers la démocratie, en lui offrant le « puissant ferment de changement » qu’est l’Evangile, pour reprendre les termes de Monseigneur Vandame.

Je vous invite à poursuivre l’édification de cette « Eglise-Famille » de Dieu, dont a parlé la récente Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques, en reprenant un thème très évocateur pour les habitants de votre continent. En effet, l’« Eglise-Famille » met l’accent sur l’attention à l’autre, l’entraide, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance; elle indique aussi comment l’autorité s’exerce à la manière d’un service dans l’amour.



3. Pour bâtir cette « Eglise-Famille », vous avez besoin de collaborateurs en nombre suffisant. Bien que les vocations sacerdotales soient en augmentation, vous n’avez pas assez de prêtres, car on assiste, parmi les Tchadiens, à un très fort mouvement de conversions au christianisme. Aussi, pour faire face à cette situation, vous frappez à de nombreuses portes: je souhaite vivement que vos appels soient entendus. Vous êtes une Eglise jeune, en croissance au coeur du Continent africain. Chez vous, la grande épopée de l’annonce missionnaire date seulement de 65 ans; il faut donc qu’elle se poursuive, ne serait-ce qu’en raison de la place importante du Tchad dans la géographie religieuse de l’Afrique: vous vous situez sur une ligne stratégique de rencontre entre l’islam et le christianisme.

Egalement, pour aider les prêtres tchadiens trop peu nombreux, il vous faut continuer à appeler des missionnaires étrangers, qui apporteront à l’Eglise locale l’ouverture à l’universel et l’aideront à dépasser les clivages ethniques.

En ce qui concerne la préparation des candidats au sacerdoce et la formation permanente des prêtres, je sais que vous y apportez l’attention requise et que vous cherchez à gérer au mieux l’héritage des structures mises en place par les congrégations missionnaires. Pour vous guider dans ce domaine, vous disposez maintenant du « Directoire pour le ministère et la vie des prêtres », publié en mars dernier par la Congrégation pour le Clergé.



4. Dans la perspective des futures assises synodales sur la vie religieuse, je voudrais saluer à travers vous les membres des divers Instituts de vie consacrée et de vie apostolique qui sont à l’oeuvre au Tchad. Je leur exprime ma gratitude pour leur précieux témoignage évangélique et pour leur action.

Dans une « Eglise-Famille », la vie consacrée joue un rôle particulier pour manifester concrètement aux yeux de tous l’appel à la sainteté et pour témoigner de la fraternité communautaire. En outre, l’Afrique ayant été, dès les premiers siècles du christianisme, le berceau de la vie monastique, il convient, dans la fidélité à cet héritage, de favoriser et de soutenir les vocations religieuses, actives ou contemplatives, pour le bien des Eglises locales et de l’Eglise universelle. Que les vocations fassent l’objet d’un discernement approprié, étant donné que la qualité a plus d’importance que le nombre!



5. Suivant les voeux exprimés par les Pères synodaux au cours de leur assemblée d’avril-mai, vous aidez les fidèles laïcs à prendre de plus en plus conscience de leur rôle et de leur place dans l’Eglise. Avec raison, vous le faites par la promotion de communautés ecclésiales de base. Je salue, entre autres, l’initiative du « Centre de Formation pour les Laïcs » à Sarh, placé sous la protection de la bienheureuse Bakhita, digne figure africaine.

Le témoignage d’une vie en accord avec la foi étant un acte d’évangélisation de première valeur, il convient d’assurer à tous les baptisés, en particulier aux décideurs chrétiens, une initiation soignée à la doctrine sociale de l’Eglise. C’est d’autant plus nécessaire chez vous que l’une des caractéristiques de votre Eglise est précisément d’être fortement engagée dans les tâches de développement.

Vos populations citadines ou rurales sont dynamiques; les nombreux événements tragiques qu’a connus le Tchad ont eu, entre autres, pour résultat de les obliger à s’organiser et à mettre en place des groupements qui représentent une grande force de croissance. Je vous exhorte à stimuler toujours davantage les fidèles afin qu’ils soient réellement porteurs d’espérance pour votre pays. Continuez à les aider à éclairer de la lumière de l’Evangile les divers champs de leurs activités: la santé, l’éducation, la promotion féminine, l’entraide sociale, la sauvegarde de l’environnement et surtout les institutions familiales; en effet, sous votre conduite pastorale, il convient d’affermir la famille, certes en tenant compte des valeurs du mariage propres aux Africains, mais dans la mesure où elles sont compatibles avec les principes chrétiens.



6. La situation des droits de l’homme au Tchad fait l’objet de toute votre attention. Les chrétiens sont nombreux à s’engager dans les ligues et associations de défense de ces droits et, au niveau ecclésial, les commissions diocésaines « Justice et Paix » ou les comités paroissiaux du même nom sont actifs. En oeuvrant à la promotion d’une culture de la paix, vous apportez une contribution positive à la reconstruction du pays ravagé par de longues années de guerre et de conflits socioreligieux. Des événements récents sont des signes d’espérance pour l’engagement des Tchadiens sur la voie de la coopération et de la paix.



7. Le rôle des catéchistes a été et demeure déterminant dans l’implantation et l’extension de l’Eglise en Afrique. Je vous encourage à accorder toujours, comme vous le faites, une attention spéciale à leur formation, à leurs conditions de vie et de travail, à leur ressourcement. Vous avez, du reste, des écoles pour catéchistes qui font votre fierté et qui permettent de fonder de bons espoirs pour l’avenir de l’Eglise.

Pareillement, il est encourageant de constater que les femmes s’engagent de plus en plus dans l’apostolat. Je souhaite que les « mamans-catéchistes » répondent toujours mieux à la nécessité de l’éducation chrétienne de la jeunesse, génération qui a le plus souffert de la guerre. Non seulement elles contribuent à l’éveil des enfants à la foi mais elles aident les adolescents à faire face aux exigences de la vie chrétienne.



8. Sur le plan des ressources économiques et de leur gestion, l’Eglise dans votre pays dépend beaucoup des dons de l’étranger et, en vivant ainsi essentiellement de subsides qu’elle n’a pas eu elle-même à collecter, elle risque de perdre le sens d’un certain réalisme. Normalement, la vie matérielle d’une Eglise particulière devrait être assurée grâce à la générosité de ses fidèles: il convient donc, malgré les difficultés économiques actuelles, de former les mentalités et les comportements dans ce sens.

Tout en souhaitant que les Eglises aînées continuent à remplir leur devoir de solidarité à l’égard des plus jeunes, il faut encourager les catholiques tchadiens à devenir de plus en plus auto-suffisants et à s’orienter davantage vers l’édification de communautés ecclésiales plus économes.



9. Parmi vos soucis de pasteurs, il faut noter également le réveil islamique, qui se manifeste par la présence active de prédicateurs étrangers et qui revêt parfois des aspects violents. Devant la présence massive de l’islam au Tchad, et au regard de ce qui se passe dans des pays voisins, des catholiques sont inquiets. Dans un contexte aussi difficile que le vôtre et, compte tenu du prosélytisme de certains militants islamistes partisans d’un autre projet de société, je vous invite à poursuivre les sessions de formation à la connaissance de l’Islam. D’une part, les chrétiens abandonneront certains préjugés qu’engendre l’ignorance; d’autre part, ils découvriront mieux par contrecoup les richesses de leur foi, ils en seront fiers et, grâce aux bases solides acquises de cette manière, ils se sentiront plus assurés dans le dialogue avec leurs frères musulmans. Je souhaite que, là où c’est possible, et tout en restant vigilant sur certaines pratiques déloyales, le « dialogue de la vie » entre chrétiens et musulmans se poursuive et progresse, ainsi que le « dialogue des oeuvres de miséricorde ». On peut aussi exprimer le voeu que le bénévolat apporte une contribution à une plus grande solidarité et à un dialogue sincère avec les musulmans les plus ouverts et les plus généreux.

10. En terminant, je forme le voeu que vos jeunes Eglises poursuivent leur élan missionnaire, qu’elles continuent à prendre leurs responsabilités évangéliques dans la défense des droits de l’homme et à demeurer dans l’unité, pour une proclamation toujours plus efficace de la Bonne Nouvelle [1].

Je demande à Dieu d’accorder à tous les Tchadiens un réel bien-être physique et spirituel, dans la dignité qui sied à des personnes aimées de Dieu et rachetées par le sang du Christ. Je les bénis de tout coeur, spécialement ceux et celles qui souffrent. Enfin, à vos collaborateurs dans l’édification de l’Eglise qui est au Tchad et à chacun d’entre vous, je donne une affectueuse Bénédiction Apostolique.

[1] Cf. Jn 17,21.




À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT OECUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE

Mardi 28 juin 1994




Frères très aimés dans le Christ,

C’est toujours pour moi une joie que d’accueillir la délégation envoyée par mon Frère très cher, le Patriarche Bartholomée I de Constantinople, pour participer à la fête des saints patrons de l’Eglise de Rome, Pierre et Paul. Je vous demande de transmettre à Sa Sainteté, ainsi qu’aux membres du saint Synode, ma sincère et fidèle affection.

1. Qu’elle soit fervente, l’intercession auprès des Apôtres qui sont les colonnes de l’Eglise de Rome, afin que nous imitions leur exemple!

Pierre et Paul, sans jamais cesser d’être frères, étaient bien différents. Ils étaient différents par leur origine: l’un, modeste pêcheur d’Israël; l’autre, pharisien et citoyen romain. Ils étaient différents, plus encore, par leur histoire spirituelle: Pierre, le frère d’André - le premier appelé -, est disciple de la première heure; Paul, dès la première heure, est persécuteur de l’Eglise. Pierre aime et renie avant d’être établi, par le triple pardon, pasteur du troupeau; Paul, après avoir haï et détruit, est mis à part pour annoncer l’Evangile parmi les païens.

Mais, malgré des cheminements divers et, parfois, de rudes oppositions, leur «ambition» est unique: «plaire au Seigneur». Illuminé par le Père, Pierre affirme: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant»; et s’il interroge, c’est pour mieux affirmer: «A qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle». Enveloppé d’une lumière venue du ciel, Paul interroge: «Qui es-tu Seigneur?»; et, s’il affirme sa foi «à temps et à contretemps», c’est pour interroger et explorer toujours davantage l’insondable mystère du salut apporté par le Christ aux nations.

Leur origine les divise, leur mission les unit: Pierre et Paul « plairont » au Seigneur par leur commun témoignage.



2. Quel a été leur dialogue pendant les quinze jours d’intimité de leur Première rencontre: Ils ont appris à se connaître. Mais le témoin passionné de Jésus vivant et celui qui a fait l’expérience bouleversante de la gloire du Ressuscité ont probablement parlé ensemble de la mission confiée pour le salut de tous par le Seigneur commun des juifs et des païens. Une complémentarité analogue existe dans nos traditions orientale et latine, mais, comme pour Pierre et Paul, au service de la même et unique mission. Aussi mon espérance est grande que ma rencontre prochaine avec le Chef de l’Eglise soeur de Constantinople plaise également au Seigneur.



3. Heureuse est notre habitude, inspirée par l’Esprit Saint, de célébrer ensemble les premiers témoins qui nous apportèrent la foi jusqu’au don de leur sang. Assurément, l’un des moments essentiels de ces retrouvailles joyeuses et solennelles entre nos Eglises est celui de la prière. Nous rejoignons alors le Père infiniment miséricordieux qui, dans le don de l’Esprit Saint, fait de nous des fils, à l’image et ressemblance de l’Unique. Voilà pourquoi je ne puis oublier, en cet instant, la magnifique et profonde méditation de la Via Crucis qui nous a été offerte par le Patriarche Bartholomée I, lors de la cérémonie du Vendredi saint au Colisée de Rome. A travers vous, comme je viens de le faire devant le Collège des Cardinaux réunis en consistoire, je tiens à lui exprimer une nouvelle fois mes sentiments de très vive gratitude pour cet « échange de dons ».



4. Dans ce contexte de nos relations ecclésiales, je désire faire mention du dialogue théologique entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe dans son ensemble.

L’année dernière, la Commission mixte internationale a accompli un pas significatif. Sur une question délicate, elle a jeté les bases d’une solution. Le travail doit être poursuivi, mais dès maintenant on peut constater un apaisement des esprits.

Afin de créer des liens de plus en plus étroits entre nous, je suis convaincu que nous devons tout faire pour résoudre les difficultés concrètes qui peuvent surgir et poursuivre le dialogue théologique.

Certes, le dialogue de la charité et la conversion des attitudes aident le dialogue théologique. L’expérience montre aussi que le dialogue théologique pose les fondements d’une nouvelle vie commune et peut permettre de surmonter les obstacles pratiques qui subsistent encore. C’est la raison pour laquelle je souhaite ardemment que la Commission mixte reprenne le dialogue théologique au plus tôt, dans l’esprit de confiance qui a inspiré Sa Sainteté le Patriarche Dimitrios I et moi-même lors de l’annonce de sa création, en novembre 1979, à l’occasion de la fête de saint André.

C’est là mon voeu le plus cher. J’en confie la réalisation au Père de toute grâce et à son Fils bien-aimé Jésus Christ. En ce temps de la Pentecôte dans l’Eglise orthodoxe, j’implore également l’Esprit Saint pour qu’il répande abondamment sa force et sa sagesse sur les responsables du Siège Apostolique de Rome, du vénérable Patriarcat de Constantinople, des autres patriarcats et de toute l’orthodoxie.

En vous bénissant et en vous remerciant d’être venus, je vous redis, chers Frères, ma profonde estime et mes sentiments de fraternelle charité.



Août 1994


AUX GUIDES ET AUX SCOUTS D'EUROPE

Mercredi 3 août 1994




Carissime Guide e Scouts d’Europa,

… Chers jeunes, je vous invite, dans le cadre de votre mouvement, dans les aumôneries, dans les paroisses ou dans d’autres lieux chrétiens, à réfléchir sur le sens que vous voulez donner à votre vie. Dieu a mis des talents entre vos mains. Certains d’entre vous ont entendu ou entendront l’appel à être prêtres, religieux ou religieuses, ou encore laïcs engagés dans le monde. Laissez–vous conduire par le Christ et n’ayez jamais peur de répondre comme le jeune Samuel, pour servir dans l’Eglise! Le Christ veut faire réussir votre vie, pour que resplendisse sa lumière et que vous puissiez parvenir au bonheur dont il veut vous combler. L’Eglise compte sur vous et sur la grande famille scoute. Chers jeunes, au terme de cette audience générale, je vous salue cordialement, vous qui venez d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, du Canada, d’Espagne, de France, de Hongrie, d’Italie, de Lituanie, du Luxembourg, de Pologne, du Portugal, de Roumanie, de Russie et de Suisse. Que jamais dans vos coeurs ne s’éteigne le désir de suivre le Christ, dans l’Eglise! En vous confiant à l’intercession de la Vierge Marie, Mère de l’Eglise et notre Mère, je vous accorde de grand coeur ma Bénédiction Apostolique.

Ici réunis, et en union avec tous vos collègues dans le monde entier, nous allons prier pour remercier le Seigneur, pour tout le bien que votre mouvement a fait depuis plusieurs générations à la jeunesse, en Europe et dans le monde entier, en implorant pour l’avenir les mêmes fruits, la même vivacité, le même dynamisme que le mouvement scout a montré pendant des générations. Nous allons prier aussi pour vos familles, pour vos patries. Vous représentez ici les différents pays, les différentes patries. Je salue en même temps Monseigneur l’Evêque de Viterbe qui vous donne l’hospitalité en Italie, et aussi les autres Evêques qui font de même dans les différents points de ce beau pays. Et maintenant nous allons prier en latin: Pater noster. Je pense que vous, les scouts, vous savez encore le latin.



Septembre 1994


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES LATINS DES RÉGIONS ARABES EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM»

Samedi 3 septembre 1994




Béatitude,
Chers frères dans l’épiscopat,
Chers amis,



1. A l’occasion de votre visite ad limina Apostolorum, je suis heureux de vous accueillir, vous les évêques latins des Régions arabes qui venez à Rome, reprenant en quelque sorte le chemin parcouru par l’Apôtre Pierre. Je remercie Monseigneur Sabbah des paroles qu’il vient de m’adresser pour exprimer le sens de votre démarche et l’essentiel de vos préoccupations.

Votre présence me fait évoquer cette vaste région qui a vu naître les plus antiques civilisations du bassin méditerranéen. Et c’est là que notre Seigneur Jésus-Christ a voulu naître au sein du Peuple élu et accomplir sa mission rédemptrice. Vous savez que je garde au fond du coeur le désir de me rendre en pèlerinage en ces terres tant aimées et spécialement dans les Lieux qu’a sanctifiés la présence du Sauveur.



2. Vos régions ont été longuement déchirées par des conflits qui ont provoqué beaucoup de souffrances et, en particulier, porté préjudice aux communautés chrétiennes. Avec vous, je voudrais saluer les perspectives de paix ouvertes par différents accords et dire ma vive espérance que, en d’autres lieux où les solutions pacifiques tardent à venir, on parviendra à surmonter ce qui oppose encore et à alléger les conséquences de guerres destructrices. Vos communautés sont parfois peu nombreuses, elles comportent des familles dont la présence remonte aux temps lointains ou des personnes venues d’autres régions du monde pour travailler. Vous pouvez assurer vos interlocuteurs que tous les catholiques désirent entretenir de bons rapports avec les autorités civiles et se mettre au service de la société, en particulier par des oeuvres éducatives ou socio-caritatives où l’on ne ferme la porte à personne.



3. Les fidèles de l’islam constituent la majorité dans les peuples de vos régions. La présence chrétienne, presque partout minoritaire, n’en est pas moins ancienne, et tous vos frères chrétiens souhaitent qu’elle demeure vivante. Malgré les difficultés, malgré l’émigration qui affaiblit certains de vos diocèses, continuez de rendre un témoignage évangélique généreux de paix et d’amour, selon la parole de Jésus. Veillez à poursuivre le dialogue inter-religieux avec le judaïsme et avec l’islam. Il s’agit de chercher à toujours mieux se comprendre, à collaborer utilement en différents domaines pour favoriser l’épanouissement des personnes et l’harmonie de la société; il s’agit d’une attitude de tolérance et de respect mutuel des convictions et des activités religieuses propres des communautés; et je souhaite en particulier que, dans vos pays, les catholiques jouissent de la liberté de culte que l’on voudrait voir reconnue dans le monde entier à tous les croyants.



4. Dans la région qui a vu le Christ confier son Eglise à ses Apôtres, il est particulièrement souhaitable que soit entretenu le dialogue oecuménique. Il progressera s’il concerne l’ensemble des fidèles. Il faut que le désir de l’unité, exprimé par Jésus au Cénacle, pénètre la catéchèse, l’éducation, la prédication et les activités sociales et caritatives, afin qu’une fidélité plus grande au Seigneur permette aux baptisés de se rapprocher de la communion plénière pour laquelle il a livré sa vie [1].



5. En pensant au patriarcat latin de Jérusalem, je tiens à exprimer devant vous l’espoir suscité par les pas importants qui ont été accomplis sur la voie de la paix, même si la route à parcourir est encore longue. Je me réjouis que le Saint-Siège ait pu établir des relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël et avec le Royaume de Jordanie. D’autre part, on prépare actuellement l’établissement de relations officielles avec les représentants du peuple palestinien. Nous espérons que cela permettra un dialogue de plus en plus fécond entre toutes les parties et, pour vos communautés catholiques, une perspective d’avenir sereine.

Le patriarcat latin intensifie actuellement son effort pastoral, et je voudrais l’encourager. La collaboration du clergé diocésain, des religieux, des religieuses et des laïcs sera notamment stimulée par un Synode diocésain qui contribuera au renouveau de la vie ecclésiale. Vous pourrez bénéficier aussi de l’expérience des communautés religieuses qui, en Terre Sainte, remplissent une mission spécifique pour la garde des Lieux saints, pour les études bibliques ou la formation oecuménique; j’invite ces religieux à participer volontiers à la vie de l’Eglise locale. Puisse l’Eglise latine de Jérusalem progresser dans la fidélité à la mission reçue du Seigneur!



6. Je ne puis parler ici de la situation de chacune de vos communautés; c’était l’objet de nos conversations privées. Mais je voudrais assurer de toute ma sollicitude ceux de vos fidèles qui connaissent les conditions les plus difficiles. Je pense à ceux du Liban, pays qui doit encore panser ses blessures et rétablir la convivialité dont il a longtemps donné l’exemple. Je confie particulièrement à Notre-Dame du Liban la préparation du Synode spécial et mon vif désir de visiter ce peuple bien-aimé.

Toute ma sympathie va aussi à nos frères et soeurs d’Irak, qui subissent les dures conséquences d’un embargo international, cause de trop de privations.

Dans la Corne de l’Afrique, la Somalie voit se prolonger son épreuve, et je ne puis pas ne pas rappeler parmi vous la figure du regretté Monseigneur Salvatore Colombo, Evêque de Mogadiscio, tragiquement disparu. Dans ce malheureux pays, l’Eglise a été dispersée, ses lieux de culte et ses locaux ont été dévastés. J’apporte tout mon appui au Père Giorgio Bertin, Administrateur Apostolique, dans ses efforts pour rassembler les catholiques demeurés dans le pays et rétablir la vie ecclésiale.

A l’occasion de votre visite, je pense aussi aux milliers de fidèles catholiques qui résident dans certaines de vos régions en tant que travailleurs étrangers: il est triste de savoir que l’assistance religieuse la plus élémentaire leur est refusée. Je voudrais exprimer ma solidarité avec eux et leur adresser mes encouragements fervents à demeurer fermes dans la foi en Jésus-Christ, malgré toutes les difficultés.

Je recommande au Seigneur tous les peuples de vos régions, afin qu’ils puissent jouir d’une paix consolidée et voir affermies les institutions nationales pour le bien de tous les habitants.



7. En achevant cet entretien, je vous confie le salut affectueux que j’adresse aux fidèles dont vous avez la charge pastorale, et spécialement aux prêtres qui partagent votre ministère. Puisse le Seigneur susciter chez vous des vocations généreuses! Dites à vos séminaristes que l’Eglise compte sur eux, que je les encourage à poursuivre leur formation de manière exigeante, afin qu’ils deviennent les intendants fidèles des mystères de Dieu que leurs frères et soeurs attendent.

J’adresse également mon salut et mes encouragements aux religieux et aux religieuses, dont la consécration à Dieu et l’actif dévouement ont une si grande importance pour la présence chrétienne dans vos régions. Que le Seigneur leur donne de continuer à témoigner de son amour et de recevoir l’appui de jeunes vocations!



8. Chers frères dans l’épiscopat et chers amis, vous allez retourner auprès de vos fidèles. Les communautés de rite latin sont voisines d’autres communautés catholiques des rites orientaux. Il y a beaucoup de préoccupations et de tâches qui vous sont communes: développez votre collaboration fraternelle pour le bien de tous.

Les difficultés de vos tâches pastorales quotidiennes me sont connues. Sachez que le Successeur de Pierre reste proche de vous. Travaillez avec courage et dans l’espérance à consolider la communion ecclésiale, appelant les membres de l’Eglise à nourrir leur vie chrétienne par la prière et les sacrements, à porter humblement témoignage de la Bonne Nouvelle qu’ils ont reçue et à développer leur vie fraternelle dans l’amour du Christ.

A vous-mêmes et à tous les fidèles de vos communautés, j’accorde de grand coeur la Bénédiction Apostolique.

[1] Cfr. Jn 17,20-23






AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE TURQUIE EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM»

Lundi 5 septembre 1994




Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,



1. C’est avec joie que je vous accueille pour la deuxième visite ad limina Apostolorum de la Conférence des Evêques de Turquie. Je remercie tout d’abord votre Président, Monseigneur Hovhannes Tcholakian, Archévêque d’Istanbul des Arméniens catholiques, de ses paroles qui ont clairement présenté la situation de l’Eglise dans votre pays, en faisant apparaître vos préoccupations de pasteurs et vos projets apostoliques, les difficultés de vos communautés et les espérances qui animent le peuple chrétien.

Votre présence me fait évoquer le pèlerinage que j’ai accompli, voici déjà quinze ans, sur la terre vénérable de la Turquie, illustrée par la présence et l’action apostolique des colonnes de la foi que furent les Apôtres du Seigneur. Grâce à vos rapports quinquennaux, je parcours en esprit l’itinéraire qui traverse vos diocèses de rites latin, arménien, chaldéen, grec catholique et syrien catholique. Ce pèlerinage nous reporte vers les sources les plus pures de la vie chrétienne, aux origines du grand courant de l’évangélisation qui a trouvé dans la terre de Turquie un des lieux les plus liés à l’annonce du salut. C’est une véritable « terre sainte » de l’Eglise primitive, riche d’une tradition culturelle dont les traces sont si nombreuses qu’elles retiennent l’attention de l’Eglise catholique et de tous les chrétiens. Comment ne pas rappeler que les noms de certaines de vos villes évoquent les destinataires des Lettres de l’Apôtre Paul et que les sept premiers Conciles oecuméniques ont été célébrés en Turquie? Qu’il me suffise de nommer Ephèse, où l’on a proclamé la plénitude du Christ Dieu et homme, et où la dignité incomparable de sa Très Sainte Mère a été solennellement reconnue.

La Turquie possède aussi des trésors d’art et de culture qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité et qui sont les signes d’une riche et ancienne tradition, appelée à porter ses fruits, aujourd’hui encore, dans le cadre de la situation religieuse et sociale de son peuple. Comment oublier les enseignements de saint Polycarpe, Evêque de Smyrne, de saint Ignace d’Antioche et des pères illustres de Cappadoce, Basile, les deux Grégoire et Jean Chrysostome, qui ont mis au service des fidèles toutes les ressources de leur intelligence et de leur culture, toute l’ardeur de leur foi et toute leur pénétration de grands contemplatifs. Cette très riche tradition constitue une source d’inspiration et un stimulant pour votre ministère pastoral dans les conditions difficiles que vous connaissez aujourd’hui.



2. En ce qui concerne la situation de l’Eglise en Turquie, j’apprécie les efforts accomplis pour améliorer son organisation interne, et aussi pour entretenir avec les autorités civiles des relations positives. A cet égard, il faut souhaiter que l’on trouve une solution à la grave question de la reconnaissance de la personnalité juridique de l’Eglise catholique du point de vue civil. Dans un esprit de paix, de tolérance et de liberté religieuse, tel qu’il a été défini par le deuxième Concile du Vatican, je vous encourage à poursuivre patiemment le dialogue avec les pouvoirs publics [1]. Dans cette voie, vous serez toujours soutenus par le Saint-Siège.



3. Votre Conférence épiscopale est de création récente, mais je crois qu’elle a déjà montré sa grande utilité et qu’elle pourra développer sereinement son activité, en abordant en esprit de communion les différents problèmes qui se présentent. La dimension réduite de vos communautés et leur coexistence dans les mêmes lieux invitent naturellement à intensifier la concertation pastorale, comme vous l’avez déjà fait dans les domaines de la culture et de l’éducation, de la formation chrétienne ou de la famille. La vitalité de l’Eglise dans votre pays dépend de sa capacité à réagir aux tentations de repli sur soi que connaissent forcément les petites communautés.



4. L’une de vos premières préoccupations est, à juste titre, celle de la formation des jeunes et des adolescents. Pour cela, le concours des catéchistes vous est indispensable. Apportez-leur tout votre soutien, afin qu’ils soient bien préparés à être personnellement des témoins authentiques de la foi. La catéchèse sera à la fois une instruction sur les vérités de la foi et une initiation à l’expérience spirituelle et à la mise en oeuvre concrète des valeurs chrétiennes dans la vie personnelle et sociale. Je partage votre gratitude envers les instituts religieux qui se dévouent avec générosité à une oeuvre éducative compétente offerte à tous dans leurs écoles, ainsi qu’à la formation spécifique des jeunes chrétiens.



5. Comme vous me l’avez signalé dans vos rapports, vous ne pouvez pas toujours répondre à toutes les urgences qui se présentent à vous, car les prêtres sont très peu nombreux. Pour annoncer l’Evangile et pour constituer des communautés chrétiennes vivantes, la pastorale des vocations auprès des jeunes catholiques de Turquie est une de vos priorités. Les jeunes sont généreux et sont souvent prêts à s’engager dans des projets humanitaires au service de leurs frères. Mais dans la culture contemporaine, qui valorise particulièrement la dimension affective et sensible de l’existence, les valeurs du don total de soi au Christ, de la chasteté et du célibat consacré ne sont pas immédiatement reconnues et acceptées. Pour répondre aux nécessités locales, vous disposez du séminaire pontifical inter-rituel Saint-Louis. Et vous envisagez d’accueillir, ad experimentum, le projet des pères capucins de créer un nouveau centre de formation commun aux différents rites et en liaison avec les congrégations religieuses, dans le respect des institutions déjà existantes. Tout cela peut permettre de rassembler un nombre plus élevé de jeunes, ce qui sera une aide précieuse et stimulante pour leur formation intellectuelle, pour leur vie spirituelle, pour l’épanouissement de leur vocation et pour la collaboration entre toutes les sensibilités catholiques présentes sur le territoire de la Turquie. Le temps de séminaire est un temps précieux pour affermir sa spiritualité, pour former sa volonté et pour unifier son être intérieur autour de la vie d’intimité avec le Christ et de la mission. Par les études, par la prière et par la vie communautaire, les jeunes découvrent que l’engagement à suivre le Seigneur, s’il est folie aux yeux des hommes, peut être vécu par amour pour Dieu et pour les hommes et procurer le véritable bonheur, celui de donner sa vie pour ses amis.



6. L’Année internationale de la Famille a été l’occasion d’une initiative dont je me réjouis. Elle a permis à des couples de toutes les confessions, représentant les diverses composantes de la société turque, d’échanger sur leur expérience profonde de la vie conjugale, de découvrir le sens chrétien du sacrement de mariage et la responsabilité des conjoints. En effet, à partir des questions de société, la Bonne Nouvelle et les valeurs chrétiennes spécifiques peuvent être présentées par les catholiques à leurs compatriotes. Vous expérimentez la nécessité d’une Eglise incarnée dans la culture, pour que cette culture soit évangélisée.



7. La formation des laïcs est un aspect important de votre mission, particulièrement dans une société pluraliste du point de vue religieux et du point de vue culturel. Il importe que les laïcs soient capables de témoigner par toute leur vie de la richesse spirituelle que leur donnent la foi et la communion fraternelle vécue en Eglise.

La présence d’un journal catholique peut créer des liens entre les communautés dispersées et offrir les textes importants de l’Eglise ainsi qu’un enseignement adapté à la population de Turquie. Par l’information transmise, les communautés catholiques se sentiront ainsi plus proches de leurs frères chrétiens des autres pays, elles permettront aussi à leurs compatriotes de découvrir l’action de l’Eglise en faveur de la solidarité, de la paix, des droits de l’homme et des peuples.



8. Dans vos rapports, vous mentionnez le profond travail accompli par les congrégations religieuses. J’ai déjà mentionné leur contribution à l’éducation, mais je pense aussi au témoignage tangible de la tendresse de Dieu qu’elles rendent, notamment dans le secteur sanitaire. Que les religieux et les religieuses soient remerciés pour leur action, que nous souhaitons tous voir se poursuivre, malgré les difficultés de recrutement de jeunes. En effet, l’apostolat des religieux et des religieuses, dont traitera le prochain Synode des Evêques sur la vie consacrée, se réalise à travers leur vie quotidienne et le rayonnement de leur vie de prière, ainsi que par les services rendus avec une générosité et un dévouement que tous, chrétiens et non-chrétiens, peuvent reconnaître; c’est là une manière irremplaçable d’annoncer l’Evangile.



9. Vous avez manifesté le désir de rendre toujours plus accessible aux fidèles du pays le message chrétien et la culture chrétienne. À cet égard, j’apprécie vos travaux de traduction des textes liturgiques en langue turque et aussi votre projet de réaliser une traduction de la Sainte Bible en Turc moderne.

J’espère que cette oeuvre importante sera bien accueillie dans le peuple chrétien: un accès plus direct à la Parole de Dieu lui permettra d’y trouver nourriture et force pour cheminer dans la foi, sur les voies souvent ardues du monde moderne, spécialement lorsqu’on se sent un « petit troupeau ».

Dans un pays de si grande tradition culturelle, je voudrais aussi encourager la constitution de votre centre d’études scripturaires, patristiques, historiques à Iskenderun, avec son ouverture oecuménique et aussi son intérêt pour l’islamologie. Par ailleurs, je salue les relations établies entre l’Université d’Etat d’Ankara et l’Université pontificale grégorienne, pour développer des échanges intellectuels de haut niveau et pour faire participer des universitaires catholiques aux recherches culturelles poursuivies dans le pays.



10. Vous avez fait état des bonnes relations que vous entretenez avec vos frères chrétiens des différentes confessions. Dans l’Orient où vous vivez, l’importance du dialogue oecuménique apparaît clairement. Dans un pays à majorité non chrétienne, une courageuse fidélité à l’Evangile s’accompagne nécessairement d’un effort constant d’entente fraternelle entre chrétiens. Notre époque a heureusement connu un développement intense des relations entre le Siège de Rome et le Patriarcat de Constantinople; vous y êtes naturellement associés. Par le baptême, « nous ne faisons qu’un dans le Christ Jésus »[2]; grâce à la succession apostolique, le sacerdoce et l’Eucharistie nous unissent encore plus étroitement avec nos frères orthodoxes[3]. Je puis vous confier que je garde présente dans mon coeur l’admirable méditation de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomaios qui a animé la Via Crucis de l’Eglise de Rome cette année. C’est un témoignage précieux de la profonde communion que nous devons cultiver, afin que le mystère de Dieu qui aime et sauve l’humanité soit le réel motif de tous nos efforts de dialogue et de rencontre.



11. En ce qui concerne le dialogue inter-religieux avec le monde islamique, vous le vivez au jour le jour. La Bonne Nouvelle que Dieu le Père aime tous les hommes vous suggère constamment une attitude de disponibilité à l’accueil et aux échanges libres et fraternels. Tous ceux qui adorent le Dieu Un et Unique sont appelés à instaurer un ordre de justice et de paix sur la terre; dans cette perspective, le dialogue devient une collaboration en faveur de la promotion des valeurs de la vie et du respect de la dignité de l’homme.



12. Chers frères, le Successeur de Pierre tient à vous encourager pour votre exigeante mission au service de l’Eglise dans votre région. Nous ne l’oublions pas, c’est à Antioche que pour la première fois les disciples du Seigneur ont reçu le nom de chrétiens [4]. Vous vous souvenez que, d’Antioche, l’Evêque Ignace écrivait à son frère Polycarpe de Smyrne: « Que votre baptême demeure comme votre bouclier, la foi comme votre casque, la charité comme votre lance, la patience comme votre armure » [5]! Que le Seigneur soit votre soutien, pour être les ministres de sa charité!

Apportez mon salut affectueux aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïcs de vos communautés. Par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, la Theotokos, que le Seigneur vous comble tous de ses dons! De grand coeur je vous accorde la Bénédiction Apostolique.

[1] Cf. Déclar. Dignitatis humanae.
[2] Cf. Ga 3,28.
[3] Cf. Unitatis redintegratio, n. UR 15.
[4] Cf. Ac 11,26.
[5] Lettre à Polycarpe, VI, 2.






Discours 1994 - Vendredi 29 avril 1994