III Pars (Drioux 1852) 1663

ARTICLE III. — faut-il que l'eucharistie soit consacrée dans UNE maison et dans des vases sacrés?

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1 Il semble qu'il ne faille pas que l'eucharistie soit célébrée dans une maison et dans des vases sacrés. Car ce sacrement est représentatif de la passion du Seigneur. Or, le Christ n'a pas souffert dans une maison, mais hors la porte de la ville, d'après saint Paul qui dit (
He 13 He 12) : Qu'il a souffert hors la porte de la ville pour sanctifier le peuple par son sang. Il semble donc qu'on ne doive pas célébrer ce sacrement dans une maison, mais plutôt en plein air.

2 Dans la célébration de ce mystère, l'Eglise doit imiter la conduite du Christ et des apôtres. Or, la maison dans laquelle le Christ a confectionné ce sacrement pour la première fois est consacrée; mais c'était une salle commune préparée par un père de famille, suivant le récit de saint Luc (Lc 22). On lit aussi (Ac 2,46) : que les apôtres continuaient d'aller tous les jours au temple dans l'union du même esprit; et que rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie. Il ne faut donc pas non plus que les demeures dans lesquelles on célèbre ce sacrement soient consacrées.

3 Rien ne doit se faire en vain dans l'Eglise qui est gouvernée par l'Esprit-Saint. Or, il semble que ce soit en vain qu'on consacre une église ou un autel, et toutes les choses inanimées qui ne sont pas susceptibles de recevoir la grâce ou la vertu spirituelle. C'est donc à tort que ces consécrations se font dans l'Eglise.

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Il n'y a que les oeuvres divines dont on doive célébrer la mémoire avec une certaine solennité, d'après ces paroles du Psalmiste (Ps 91,5): Je tressaillerai en chantant les oeuvres de vos mains. Or, la consécration d'une église ou d'un autel est une oeuvre humaine, ainsi que celle du calice, des ministres et des autres choses semblables. Or, on ne célèbre pas dans l'église la mémoire de ces consécrations. On ne doit donc pas non plus faire avec solennité la commémoration de la consécration d'une église ou d'un autel.

5 La vérité doit répondre à la figure. Or, dans l'Ancien Testament, qui était la figure du Nouveau, on ne faisait pas l'autel avec des pierres taillées. Car il est dit (Ex 20,24) : Vous me dresserez un autel de terre... — Que si vous me faites un autel de pierres, vous ne le ferez point de pierres taillées. Le Seigneur ordonne aussi (Ex 27) de lui faire un autel de bois de Séthim, recouvert d'airain ou d'or, comme on le voit (Ex 25). Il ne semble donc pas convenable que dans l'église on prescrive que l'autel ne soit fait que de pierre.

6 Le calice avec la patène représente le tombeau du Christ qui a été taillé dans le roc, comme le disent les Evangiles. Le calice doit donc être de pierre, et non pas seulement d'argent, ou d'or, ou d'airain.

7
Comme l'or est la matière la plus précieuse qu'on emploie pour faire des vases ; de même, de tous les tissus, la soie est la matière qui a le plus de prix. Par conséquent, comme le calice est d'or, de même les pâlies de l'autel doivent être de soie et n'être pas seulement de toile de lin.

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Il appartient aux ministres de l'Eglise de dispenser les sacrements et d'en déterminer les règles, comme la dispensation des choses temporelles est soumise aux lois des princes séculiers. D'où l'Apôtre dit (1Co 4,4): Qu'on nous considère comme les ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu. Or, si à l'égard de la dispensation des choses temporelles, on fait quelque chose qui soit contraire aux statuts des princes, il devient nul. Par conséquent, si les choses dont nous avons parlé ont été convenablement établies par les prélats de l'Eglise, il semble qu'on ne puisse sans elles confectionner le corps du Christ, et il paraît en résulter que les paroles du Christ ne sont pas suffisantes pour consacrer ce sacrement; ce qui répugne. Il  ne semble donc pas convenable qu'on ait fait ces règlements à l'égard de la célébration de ce mystère.

20 Mais c'est le contraire. Ce que l'Eglise établit est ordonné par le Christ lui-même qui dit (Mt 18,20) : Partout où il y a deux ou trois personnes réunies en mon nom, je suis au milieu d'elles.


CONCLUSION.— Pour inspirer un plus grand respect pour ce sacrement et représenter son effet qui est provenu de la passion du Christ, c'est avec raison que l'on fait la consécration des choses qui se rapportent à l'usage de ce sacrement.

21 Il faut répondre que dans les circonstances qui accompagnent ce sacrement, on considère deux choses : l'une se rapporte à la représentation des choses qui se sont passées à l'égard de la passion du Seigneur; l'autre a pour objet le respect dû à ce sacrement, qui renferme le Christ véritablement, et qui ne le contient pas seulement en figure. C'est pour ce motif qu'on consacre les choses que Ton emploie à l'usage de ce sacrement, soit à cause du respect qui lui est dû, soit pour représenter l'effet de la sanctification qui est provenue de la passion du Christ, d'après ces paroles de l'Apôtre (Hebr13. 12) : Pour sanctifier le peuple par son sang, etc.

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Il faut répondre au premier argument, que régulièrement on doit célébrer l'eucharistie dans une maison qui signifie l'Eglise, d'après ces paroles de saint Paul (1Tm 3,15) : Pour que vous sachiez comment il faut vous conduire dans I a maison de Dieu, qui est l'Eglise du Dieu vivant. Car hors de l'Eglise il n'y a pas de lieu pour le sacrifice véritable, comme le dit saint Augustin (Prosper in Iii.. Sent. August. cap. 15). Et parce que l'Eglise ne devait pas être renfermée dans les bornes de la nation juive, mais qu'elle devait se répandre dans tout le monde; la passion du Christ n'a pas été pour ce motif célébrée dans l'enceinte de Jérusalem, mais en plein air; afin que le monde entier fût, par rapport à la passion du Christ, comme une demeure. Cependant, comme il est dit (De consecrat, dist. 1, cap. Concedimus)'. En voyage, s'il n'y a pas d'église, il est permis de célébrer solennellement la messe en plein air ou sous une tente (1), si l'on a une pierre d'autel consacrée et toutes les autres choses consacrées qui sont requises à cet office.

32 Il faut répondre au second, que la maison dans laquelle on célèbre l'eucharistie signifie l'Eglise et en porte le nom. On la consacre néanmoins avec raison, soit pour représenter la sanctification que l'Eglise a reçue par la passion du Christ, soit aussi pour signifier la sainteté qui est requise dans ceux qui doivent recevoir ce sacrement. Quant à l'autel, il signifie le Christ lui-même dont l'Apôtre dit (He 13 He 15) : C'est par lui que nous offrons à Dieu la victime de louange. Par conséquent la consécration de l'autel signifie la sainteté du Christ dont il est dit (Lc 1,35) : Le saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. C'est pour cela que le droit dit (De consecrat. dist. 1, cap. 32) : On a jugé bon de consacrer les autels (2), non-seulement par l'onction du chrême, mais encore par la bénédiction sacerdotale. C'est pourquoi régulièrement il n'est permis de célébrer ce sacrement que dans des maisons consacrées (3). Ainsi le droit porte (De consecr. dist. 1, cap. 15): Qu'aucun prêtre n'ait la présomption de célébrer la messe ailleurs que dans des lieux consacrés par l'évêque. Parce que les païens ne sont pas de l'Eglise, ni les autres infidèles, on lit pour ce motif (ead. dist. cap. 28), qu'il n'est pas permis de sanctifier une église où sont ensevelis les corps des infidèles, mais que si elle paraît apte à être consacrée, il faut en retirer les cadavres et gratter les murailles et le bois et la rebâtir. Mais si elle a été consacrée auparavant, il est permis d'y célébrer la messe, pourvu que ceux qui ont été ensevelis dans son enceinte soient des fidèles. Cependant dans le cas de nécessité on peut célébrer la messe dans des maisons qui ne soient ni consacrées, ni profanées, mais il faut le consentement de l'évêque. D'où il est dit(ead. dist. cap. 12) : Nous pensons qu'on ne doit pas célébrer des messes solennelles partout, mais dans les lieux consacrés par l'évêque ou bien là où il le permet. Toutefois on ne peut le faire sans un autel portatif consacré par l'évêque. Ainsi on lit (ead. dist.

(1) Ainsi dans les camps on peut célébrer la messe les dimanches et les jours de fête en plein air ou sous une tente, etc est aussi de cette manière que nos missionnaires la célèbrent dans les contrées où il n'y a pas d'église.
(2) On distingue les autels tixes et les autels portatifs ou mobiles. L'autel portatif est ce qu'on désigne communément sous le nom de pierre d'autel ou de pierre sacrée.
(3) Non patiantur episcopi, dit le concile de Trente, in privatis domibus atque omnino extra ecdesiam et ad divinum tantum cultum dedicala oratoria ab eisdem ordinariis de- signandaetvisitanda sanctum hoc sacrificium à sacerdotibus saeculáribus vel regularibus quibuscumque peragi ísess. xxii, Décret, de observ. et evitandis in celebrat. Missae).

cap. 30) : Dans le cas où les églises ont été incendiées ou détruites, nous accordons de célébrer la messe dans des chapelles avec la table consacrée. Car la sainteté du Christ étant la source de toute la sainteté de l'église, pour ce motif, dans le cas de nécessité il suffit d'un autel sanctifié pour consacrer. C'est aussi pour cela que l'église n'est jamais consacrée sans l'autel, tandis que quelquefois on consacre sans l'église l'autel avec les reliques des saints, dont la vie a été cachée avec le Christ en Dieu (Col 3). D'où il est dit (ead. dist. cap. 20) : Il  a paru bon que les autels dans lesquels on ne voit aucun corps, ni aucunes reliques des martyrs, soient renversés, si cela est possible, par les évêques qui ont ces lieux sous leur juridiction.

33 Il faut répondre au troisième, que l'église, l'autel et les autres choses inanimées sont consacrées, non parce qu'elles peuvent recevoir la grâce, mais parce que par la consécration elles acquièrent une certaine vertu spirituelle qui les rend aptes au culte divin, de telle sorte qu'il en résulte pour les hommes une certaine dévotion qui les prépare mieux aux choses divines, à moins que cet effet ne soit empêché par l'irrévérence. D'où il est dit (2M 3,38) : Il y a véritablement une vertu de Dieu dans ce lieu ; car celui qui a sa demeure dans les cieux est présent dans ce lieu et il en est le protecteur. C'est pour cela qu'avant la consécration de ces choses, on les purifie et on les exorcise pour en chasser la vertu du démon. Pour la même raison les églises qui auraient été polluées (1) par l'effusion du sang ou par des impuretés sont réconciliées ; parce que par le péché qui y a été commis on voit qu'il y a là une opération de l'ennemi des âmes. C'est ce qui fait qu'il est dit (ead. dist. cap. 21) : Partout où vous trouverez des églises des ariens redevenus catholiques, consacrez-les sans aucun retard par les prières divines. D'où il y a des auteurs qui disent avec probabilité qu'en entrant dans une église consacrée on obtient la rémission des péchés véniels, comme aussi par l'aspersion de l'eau bénite, s'appuyant sur ces paroles (Ps 84,1) : Vous avez béni, Seigneur, votre terre, vous avez remis l'iniquité de votre peuple. C'est aussi pour cela qu'à cause de la vertu acquise d'après la consécration d'une église, on ne réitère pas cette consécration. C'est ce qui fait dire d'après le concile de Nicée Cead. dist r«y. 20;: Les églises ayant eiô une fois consacrées à Dieu, on ne doit pas les consacrer de nouveau, à moins qu'elles n'aient été la proie des flammes (2), ou qu'elles n'aient été souillées par l'effusion du sang ou par des impuretés, parce que comme un enfant qui a été baptisé par un prêtre quel qu'il soit, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ne doit pas l'être de nouveau -, de même un lieu qui a été consacré à Dieu ne doit pas l'être de nouveau, sinon pour les causes que nous avons données plus haut; pourvu toutefois que ceux qui l'ont consacrée aient eu la foi en la sainte Trinité. Autrement, ceux qui sont hors de l'Eglise ne peuvent consacrer; mais, comme on le voit (ead. dist. cap. 18), on doit consacrer les églises ou les autels dont la consécration est incertaine. Et parce que ces choses obtiennent une certaine vertu spirituelle par la consécration, il a été décidé (ead. dist. cap. 38) que les bois consacrés d'une église ne doivent pas être employés à d'autre usage qu'à une autre église, ou qu'on les doit brûler, ou qu'ils doivent servir aux religieux qui vivent dans un monastère, mais qu'on ne doit pas les faire servir aux oeuvres des laïques. Il est dit aussi (cap. 39J : Que la palle de l'autel, la chaire, les candélabres et le voile, s'ils tombent de vétusté, soient jetés au feu, et qu'on porte leurs cendres dans le baptistère ou qu'on les jette dans une muraille ou dans une fosse, pour qu'elles ne soient pas foulées aux pieds par ceux qui entrent.

(I) Une église est polluée ou profanée par quatre causes : par un homicide coupable ; par une effusion considérable de sang qui aurait pour cause un péché mortel ; par la sépulture d'un païen, d'un infidèle, d'un excommunié publiquement dénoncé; per quamcumque seminis humani effusionem in ea voluntariè factam.
(2) Une église ou un autel perd sa consécration quand il est tombé en ruine et qu'on a été obligé de le rétablir en entier ou dans la plus grande partie.

34 Il  faut répondre au quatrième, que la consécration de l'autel représentant la sainteté du Christ et celle du temple la sainteté de toute l'église, il s'ensuit qu'il est plus convenable qu'on rappelle avec solennité la consécration de l'église ou de l'autel que celle des autres choses consacrées. La fête de la Dédicace dure huit jours, pour signifier la résurrection bienheureuse du Christ et des membres de son Eglise. La consécration d'une église et d'un autel n'est pas l'oeuvre de l'homme seul, puisqu'elle a une vertu spirituelle. D'où il est dit (ead. dist. cap. 16) : On doit célébrer solennellement chaque année la fête de la Dédicace des églises. Vous verrez qu'on doit célébrer cette fête pendant huit jours, en vous reportant à la dédicace parfaite du temple (III. /fejy. viii).

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Il faut répondre au cinquième, que, comme il est dit (De consecrat, dist. 1, cap. 31) : Que les autels, s'ils ne sont pas de pierre (1), ne soient pas consacrés par l'onction du chrême ; ce qui convient en effet à la signification de ce sacrement, soit parce que l'autel signifie le Christ et qu'il est dit (1Co 10,3) : La pierre était le Christ, soit aussi parce que le corps du Christ fut mis dans un sépulcre de pierre. C'est aussi une chose convenable quant à l'usage du sacrement. Car la pierre est solide et peut se trouver partout, ce qui n'était pas nécessaire dans l'ancienne loi où l'on n'élevait un autel qu'en un seul lieu. Quant à l'ordre de faire un autel de terre ou de pierres non taillées, il eut pour objet d'éloigner l'idolâtrie.

36 Il faut répondre au sixième, que, comme on le voit(ead. dist. cap. Vasa), autrefois les prêtres ne se servaient pas de calices d'or, mais de bois. Le pape Zéphyrin voulut qu'on célébrât la messe avec des patènes de verre, et le pape Urbain exigea que tout fût d'argent. On décida ensuite (cap. 45 ead. dist.) que le calice du Seigneur avec la patène serait ou tout à fait d'or ou d'argent, ou que le calice serait au moins d'étain ; qu'il ne serait ni d'airain, ni de cuivre, parce que ce métal produit une rouille par la force du vin et qu'il provoque des vomissements. Que personne, ajoutait-on, n'ait la présomption de chanter la messe avec un calice de bois, ou de verre, parce que le bois est poreux et que le sang consacré y resterait; et parce que le verre est fragile et qu'il pourrait y avoir grand danger de le briser. On peut dire la même chose de la pierre. C'est pour cela que par respect pour le sacrement il a été décidé que le calice serait fait des matières que nous avons désignées (2).

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Il faut répondre au septième, que quand elle a pu le faire sans danger, l'Eglise a décidé à l'égard de ce sacrement ce qui représente plus expressément la passion du Christ. Or, il n'y avait pas autant de danger à l'égard du corps qu'on met sur le corporal qu'à l'égard du sang qui est contenu dans le calice. C'est pour cela que, quoiqu'on ne fasse pas de pierre le calice, cependant on fait le corporal de toile de lin (3), parce que ce fut dans du lin que le corps du Christ fut enveloppé. D'où il est dit dans l'épître du pape Sylvestre (ead. dist. cap. 46): Nous avons résolu de l'avis de tout le monde que personne n'ait la présomption de célébrer la messe avec de la soie ou une étoffe de couleur; mais qu'on se serve d'un morceau de toile de lin consacré par l'évêque, comme le corps du Christ a été enseveli dans un linceul de lin et parfaitement pur. La toile de lin convient à cause de sa blancheur pour signifier la pureté de la conscience, et à cause des travaux multipliés que la préparation de cette toile demande elle convient pour signifier la passion du Christ.

(1) Les pierres d'autel perdent leur consécration, du moment qu'elles sont rompues par le milieu, ou qu'elles sont tellement brisées qu'elles ne sont plus assez grandes pour contenir la sainte hostie avec le calice.
(2) Aujourd'hui le calice et la patène doivent être d'or ou d'argent, ou du moins la coupe doit être de l'argent doré ii l'intérieur, et la patène doit être aussi dorée, et il faut que le calice soi consacré avec la patène par un évêque.
(3) Il  faut une toile de lin ou de chanvre, fine et unie, sans aucun ornement, ni broderie. Les laïques ne doivent toucher ni les vases sacrés, ni le corporal, ni la palle, ni le purificatoire, à moins qu'il n'y ait nécessité ou qu'ils n'en aient la permission.

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Il faut répondre au huitième, que la dispensation des sacrements appartient aux ministres de l'Eglise; au lieu que leur consécration vient de Dieu lui-même. C'est pourquoi les ministres de l'Eglise ne peuvent rien statuer à l'égard de la forme de la consécration, mais à l'égard de l'usage du sacrement et de la manière dont il doit être célébré. C'est pour ce motif que si le prêtre prononce les paroles de la consécration sur une matière légitime avec l'intention de consacrer sans toutes les choses dont nous venons de parler, sans un temple, un autel, un calice, et un corporal consacrés, et sans toutes les autres choses instituées par l'Eglise, il consacre véritablement le corps du Christ, mais il pèche grièvement en n'observant pas le rite de l'Eglise.


ARTICLE IV. — les choses qui se disent dans la célébration de la messe sont-elles convenablement ordonnées ?

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1 Il semble que les choses qui se disent dans la célébration de la messe ne soient pas convenablement ordonnées. Car l'eucharistie est consacrée par les paroles du Christ, comme le dit saint Ambroise (De sacr. lib. iv, cap. 4). On ne doit donc pas dire à la messe d'autres paroles que celles du Christ.

2
L'Evangile nous fait connaître les paroles et les actes du Christ. Or, il y a des choses que Ton dit dans la consécration de l'eucharistie et qui ne se trouvent pas dans les Evangiles. Ainsi on ne lit pas dans l'Evangile que le Christ ait levé les yeux au ciel en consacrant ce sacrement. De même dans les Evangiles il est dit : Recevez et mangez, mais il n'y a pas le mot tous, et cependant dans la célébration de ce mystère on dit: Ayant levé les yeux au ciel, et ensuite : Recevez et mangez-en tous. C'est donc à tort qu'on se sert de ces paroles dans la célébration de ce sacrement.

3
Tous les sacrements ont pour but le salut des fidèles. Cependant dans la célébration des autres sacrements on ne fait pas une prière commune pour le salut des fidèles défunts. C'est donc à tort qu'on en fait une dans le sacrement de l'autel.

4
Le baptême est appelé tout particulièrement le sacrement de la foi. Les choses qui appartiennent à l'instruction de la foi doivent donc plutôt se rapporter au baptême qu'à l'eucharistie, comme la doctrine des apôtres et celle de l'Evangile.

5
Pour tout sacrement on exige la dévotion des fidèles. On ne doit donc pas l'exciter pour l'eucharistie plus que pour les autres sacrements par les louanges de Dieu et par des avertissements, comme quand on dit : Elevez vos coeurs en haut.

5
Le ministre de ce sacrement est le prêtre, comme nous l'avons dit (quest. préc. art. 1). Toutes les choses que Ton dit à la messe, devraient donc être dites par le prêtre; et il ne faudrait pas que le ministre et le choeur disent quelque chose.

6
La vertu divine opère avec certitude ce sacrement. Il est donc super- fluque le prêtre demande la perfection de ce sacrement, lorsqu'il dit: Quam oblationem tu Deus in omnibus, etc.

7
Le sacrifice de la loi nouvelle est beaucoup plus excellent que le sacrifice des anciens patriarches. C'est donc à tort que le prêtre demande que ce sacrifice soit agréé comme le sacrifice d'Abel, d'Abraham et de Melchisédech.

8
Comme le corps du Christ ne commence pas à être dans l'eucharistie par un changement de lieu, ainsi que nous l'avons dit (quest. lxxv, art. 2), de même il ne cesse pas non plus d'y être de la sorte. C'est donc à tort que le prêtre dit : Commandez que ces dons soient portés par les mains de votre saint ange sur voire autel sublime.

20
Mais c'est le contraire. Il est dit (De consecr. dist. 1, cap. 47) : Que saint Jacques, le frère du Seigneur selon la chair, et saint Basile, évêque de Césarée, ont réglé la célébration de la messe. Il est évident d'après leur autorité que chaque chose y est dite comme elle doit l'être.


CONCLUSION. — Tout ce qui se fait à la messe à l'égard du sacrement de l'eucharistie a été établi avec une grande sagesse.

21
Il faut répondre que tout le mystère de notre salut étant compris tout entier dans l'eucharistie, on célèbre pour ce motif ce sacrement avec plus de solennité que les autres. Et parce qu'il est écrit (Ecdes. 4, 17) : Prenez garde que votre pied ne s'égare, quand vous irez en la maison de Dieu, et ailleurs (Ecdes.18, 23) : Préparez votre âme avant la prière; on met d'abord avant la célébration de ce mystère une préparation pour que l'on fasse dignement ce qui doit suivre. La première partie de cette préparation est la louange de Dieu qui se fait dans l'introït, suivant ces paroles du Psalmiste (Ps49, 23) : Celui qui m'offre un sacrifice de louanges m'honore, et je ferai voir le salut qui vient de moi à celui qui marche dans une voie droite. Cet introït est le plus souvent tiré des psaumes, ou du moins on le chante avec un verset des psaumes, parce que, comme le dit saint Denis (De ecdes. hier. cap. 3), les psaumes comprennent sous forme de louange tout ce que l'Ecriture contient. La seconde partie renferme un souvenir de la misère présente, et on demande miséricorde, en disant Kyrie eleison trois fois pour la personne du Père, Christe eleison trois fois pour la personne du Fils, et on ajoute trois fois Kyrie pour la personne de l'Esprit-Saint, contre la triple misère de l'ignorance, du péché et de la peine, ou pour signifier que toutes les personnes sont unies entre elles. La troisième partie rappelle la gloire céleste à laquelle nous tendons après la vie présente, et ses afflictions, en disant le Gloria in excelsis, qu'on chante dans les jours de fête où l'on fait mémoire de la gloire céleste. Mais on ne le chante pas dans les offices tristes qui ont pour but de nous rappeler notre misère. La quatrième partie contient la prière que le prêtre fait pour le peuple pour qu'il soit digne d'aussi grands mystères. 2° On adresse préalablement une instruction aux fidèles, parce que ce sacrement est un mystère de foi, comme nous l'avons dit (quest. lxxviii, art. 3). Cette instruction préparatoire se fait par la doctrine des prophètes et des apôtres, que les lecteurs et les sous-diacres lisent dans l'église. Après cette lecture, le choeur chante le Graduel qui signifie le progrès de la vie spirituelle, et l’Alleluia qui indique l'allégresse spirituelle, ou le Trait qui, dans les offices tristes, signifie le gémissement spirituel. Car ces sentiments doivent naître dans le peuple des instructions précédentes. Le peuple est parfaitement instruit par la doctrine du Christ renfermée dans l'Evangile que lisent les ministres supérieurs, c'est-à-dire les diacres. Et parce que nous croyons au Christ comme à la vérité divine, d'après ces paroles (Jn 8,46): Si je vous dis la vérité, pourquoi ne croyez-vous pas à moi? Après la lecture de l'Evangile, on chante le symbole de la foi, dans lequel le peuple montre qu'il est attaché par sa croyance à la doctrine du Christ. Ce symbole se chante dans les fêtes de ceux dont il est fait mention dans le symbole, comme dans les fêtes du Christ, de la bienheureuse Vierge et des apôtres et des autres saints qui ont fondé la foi. — Ainsi donc, après que le peuple a été préparé et instruit, on arrive ensuite à la célébration du mystère que l'on offre comme sacrifice, et qu'on consacre et qu'on reçoit comme sacrement. De là il résulte qu'il y a d'abord l'oblation, en second lieu la consécration de la matière offerte et en troisième lieu sa réception. A l'égard de l'oblation on fait deux choses: la louange du peuple dans le chant de l'Offertoire qui indique la joie de ceux qui offrent, et la prière du prêtre qui demande que l'oblation du peuple soit reçue de Dieu. D'où David a dit (I. Parat, xxix, -17): Je vous ai offert toutes ces choses dans la simplicité de mon coeur et avec joie, et j'ai vu avec une grande allégresse tout ce peuple rassemblé en ce lieu vous offrir des présents. Puis il ajoute en priant : Seigneur, mon Dieu, gardez cette bonne volonté dans votre peuple. — Ensuite, à l'égard de la consécration il) qui est produite par une vertu surnaturelle, le peuple est excité à la dévotion dans la pré

face. C'est pourquoi on l'engage d'élever son coeur vers le Seigneur. C'est aussi pour cela qu'après la préface, le peuple loue avec dévotion la divinité du Christ, en disant avec les anges : Sanctus, sanctus, sanctus, et qu'il loue son humanité en disant avec les enfants: Benedictus qui venit, etc. Le prêtre rappelle secrètement : 1° Ceux pour qui il offre ce sacrifice ; c'est-à-dire l'Eglise universelle, tous ceux qui sont élevés en dignité, d'après saint Paul (1Tm 2,2) et particulièrement ceux qui offrent le sacrifice et ceux pour lesquels il est offert. 2° Il rappelle les saints dont il implore la protection pour les personnes dont nous venons de parler quand il dit: Communicantes et memoriam venerantes, etc. 3° Il conclut sa demande par ces paroles : Que cette oblation soit salutaire à tous ceux pour lesquels elle est offerte. Il arrive ensuite à la consécration elle-même, dans laquelle il demande d'abord l'effet de la consécration, quand il dit : Quam oblationem tu Deus, etc. En second lieu il fait la consécration au moyen des paroles du Sauveur, quand il dit : Qui pridie, etc. En troisième lieu, il excuse sa présomption par son obéissance aux ordres du Christ, quand il dit : Unde et memores, etc. En quatrième lieu, il demande que le sacrifice qu'il a fait soit reçu de Dieu en ajoutant : Supra quae propitio, etc. En cinquième lieu, il demande l'effet de ce sacrifice et de ce sacrement : 1° quant à ceux qui le reçoivent lorsqu'il dit : Supplices te rogamus; 2° par rapport aux morts qui ne peuvent plus le recevoir, quand il dit: Memento etiam, Domine ; 3° en particulier par rapport aux prêtres eux-mêmes qui l'offrent, quand il dit : Nobis quoque peccatoribus, etc.—Il s'agit ensuite delà réception du sacrement. On prépare d'abord les fidèles à le recevoir: 4° Par la prière commune de tout le peuple qui est l'oraison dominicale, dans laquelle nous demandons à Dieu qu'il nous donne notre pain de chaque jour, et par la prière privée que le prêtre offre spécialement pour le peuple, quand il dit :

(4) Cette seconde partie de la messe comprend le canon qui, de l'aveu de tous, est considéré comme la partie la plus ancienne de la messe, et qu'on ne pourrait accuser d'erreur sans être hérétique, d'après ce canon du concile de Trente : Si quis dixerit canonem missoe errores continere, ideoque abrogandum esse; anathema tit (sess, xxii, can. 6).           „

Libera nos, quaesumus, etc. 2° Le peuple est préparé par la paix qu'il donne en disant : Agnus Dei. Car ee sacrement est le sacrement de l'unité et de la paix, comme nous l'avons dit (quest. lxxiii, art. 4, et quest. lxxix, art. 1). Mais dans les messes de morts, où l'on offre le sacrifice non pour la paix présente, mais pour le repos des défunts, on omet la paix. Vient ensuite la réception du sacrement. Le prêtre le reçoit d'abord et le donne ensuite aux autres-, parce que, comme le dit saint Denis (De eccies. hier. cap. 3): Celui qui donne aux autres les choses divines doit d'abord y participer lui-même. — Enfin, la célébration de la messe se termine tout entière par l'action de grâces, le peuple manifestant sa joie pour le sacrement qu'il a reçu (ce que désigne le chant après la communion), et le prêtre offrant l'action de grâces par la prière, comme fit le Christ lui-même, lorsqu'a- près avoir célébré la cène avec ses disciples, il dit une hymne, selon l'expression de saint Matthieu (Mt 26).

31 Il  faut répondre au premier argument, que la consécration n'est produite que par les paroles du Christ; mais il est nécessaire d'en ajouter d'autres pour préparer le peuple qui reçoit ce sacrement, comme nous l'avons dit (in corp.).

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Il faut répondre au second, que, comme le dit saint Jean (21.), le Seigneur a dit et fait beaucoup de choses qui ne sont pas rapportées dans les Evangiles. De ce nombre est l'acte qu'il fit dans la cène en levant les yeux au ciel, ce que l'Eglise a su néanmoins d'après la tradition des apôtres. Car il paraît raisonnable que celui qui dans la résurrection de Lazare, comme on le voit (Jn 11), et dans la prière qu'il a faite pour ses disciples (Jn 17), a levé les yeux vers son Père, l'ait fait à plus forte raison dans l'institution de ce sacrement qui est une chose beaucoup plus importante. Quant aux mots : Manducate et comedite, ils ne diffèrent pas quant au sens, il importe peu que l'on prenne l'un plutôt que l'autre, surtout puisque ces paroles n'appartiennent pas à la forme, ainsi que nous l'avons dit (quest. lxxviii, art. 1 et 2, et art. A). Pour le mot tous il se trouve dans les paroles de l'Evangile, quoiqu'il n'y soit pas exprimé, parce que le Seigneur avait dit lui-même (Jn 6,54) : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, vous n'aurez pas la vie en vous.

33 Il faut répondre au troisième, que l'eucharistie est le sacrement de l'unité de l'Eglise entière. C'est pourquoi on doit faire mention, dans ce sacrement plus que dans les autres, de tout ce qui appartient au salut de l'Eglise entière.

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Il faut répondre au quatrième, que l'enseignement de la foi se fait de deux manières. L'un s'adresse aux novices, c'est-à-dire aux catéchumènes, et il a lieu pour le baptême. L'autre a pour objet d'instruire le peuple fidèle qui prend part à l'eucharistie, et cette instruction se fait à la messe. On n'interdit pas aux catéchumènes et aux infidèles d'entendre cette instruction. D'où il est dit (De consecr. lib. i, cap. 77) : Que l'évêque n'empêche personne d'entrer dans l'église et d'entendre la parole, ni gentil, ni hérétique, ni juif, jusqu'à la messe des catéchumènes, c'est-à-dire la messe qui renferme l'enseignement de la foi.

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Il faut répondre au cinquième, qu'on exige pour l'eucharistie une dévotion plus grande que pour les autres sacrements, parce que le Christ y est contenu tout entier, et on demande aussi une dévotion plus générale, parce qu'à l'égard de ce sacrement on requiert la dévotion du peuple chrétien tout entier pour lequel on offre le sacrifice, et on ne demande pas seulement la dévotion de ceux qui le reçoivent comme dans les autres sacrements. C'est pourquoi, selon l'expression de saint Cyprien (Lib. de orat. Dom. aliquant. ante fin.) : Par la préface, le prêtre prépare les esprits des fidèles en disant : Elevez vos coeurs en haut, afin qu'en répondant : Nous les avons vers le Seigneur, le peuple sache qu'il ne doit penser à autre chose qu'à Dieu lui- même.

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Il faut répondre au sixième, que dans l'eucharistie, comme nous l'avons dit (in resp. ad 3), on touche à des choses qui appartiennent à l'Eglise entière. C'est pourquoi le choeur dit des choses qui appartiennent au peuple. Parmi ces choses il y en a que le choeur chante totalement, ce sont celles qui sont inspirées au peuple entier ; il y en a d'autres que le peuple poursuit, après qu'elles ont été commencées par le prêtre qui tient la place de Dieu, et cela pour marquer que ces choses sont arrivées au peuple par la révélation divine, comme la foi et la gloire céleste. C'est pour cela que le prêtre commence le Credo et le Gloria in excelsis. Il y a des choses qui sont dites parles ministres, comme les enseignements de l'Ancien et du Nouveau Testament, pour montrer que cette doctrine a été enseignée par Dieu aux peuples au moyen de ses ministres. Il y en a d'autres que le prêtre seul dit: ce sont celles qui appartiennent à son office propre, qui consiste en ce qu'il offre les dons et les prières pour le peuple, selon l'expression de saint Paul (He 5). Il  y en a qu'il dit publiquement, ce sont celles qui appartiennent au prêtre et au peuple, telles que les prières communes. Mais il y en a qui n'appartiennent qu'au prêtre, comme l'oblation et la consécration, et c'est pour cela que le prêtre dit à voix basse (4) les paroles qu'il doit prononcer alors. Dans l'un et l'autre cas il excite cependant l'attention du peuple en disant : Dominus vobisctim, et il attend son assentiment qu'on lui donne en disant : Amen. C'est pour ce motif que même avant les choses qui se disent à voix basse il dit : Dominus vobiscum, et qu'il ajoute : Per omnia saecula saeculorum. — Ou bien il y a des choses que le prêtre dit en secret pour montrer que dans la passion du Christ ses disciples ne le confessaient que d'une manière occulte.

37 Il faut répondre au septième, que l'efficacité des paroles sacramentelles peut être empêchée par l'intention du prêtre. Cependant il ne répugne pas que nous demandions de Dieu ce que nous savons qu'il fera très-certainement, comme le Christ a demandé sa glorification (Jn 17).— Mais il ne semble pas qu'en cet endroit le prêtre demande que la consécration s'accomplisse; il demande seulement qu'elle soit fructueuse pour nous. Ainsi il dit expressément : Pour qu'elle devienne pour nous le corps et le sang du Christ; et c'est ce que signifient les paroles qui précèdent quand il dit : Nous vous prions de faire que cette oblation soit bénie, c'est-à-dire, d'après saint Augustin (hab. in Lib. de corp. et sang. Dom. Paschas. abb. cap. 12, circ. med.), que nous soyons bénis par elle, c'est-à-dire par la grâce; approuvée, c'est-à-dire que par elle nous soyons admis au ciel; rendue valable, c'est-à-dire que par elle nous soyons unis aux entrailles du Christ ; raisonnable, c'est-à-dire que nous soyons dépouillés par elle du sens de la bête; agréable, afin que nous qui nous déplaisons à nous-mêmes, nous soyons par elle rendus agréables à son Fils unique.

38 Il faut répondre au huitième, que quoique l'eucharistie soit par elle- même préférable à tous les sacrifices anciens : cependant les sacrifices des patriarches ont été très-agréables à Dieu par suite de leur dévotion. Le prêtre demande donc que ce sacrifice soit reçu de Dieu d'après la dévotion de ceux qui l'offrent, comme ces sacrifices ont été agréés de lui.

(I) Los novateurs ayant condamné cet usage, le concile de Trente a ainsi anathématisé leur présomption : Si quit dixerit Ecdesiae romanoe ritum quo submissa voce pars canonis et verba consecrationis proferuntur, dam nandum esse eo quod fit contra Christi institutionem; anathema iit (ibid. can. 9).

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Il faut répondre au neuvième, que le prêtre ne demande pas, pour les espèces sacramentelles qu'elles soient portées au ciel, ni pour le corps véritable du Christ qui ne cesse pas d'y être. Mais il le demande pour le corps mystique qui est signifié dans ce sacrement, afin que l'ange qui assiste aux mystères divins représente à Dieu les prières du prêtre et du peuple ; d'après ces paroles (Ap 8,4) : La fumée des parfums composés des prières des saints, s'élevant de la main de l'ange, est montée vers Dieu. Par l'autel sublime de Dieu on désigne ou l'Eglise triomphante elle-même dans laquelle nous demandons à être élevé, ou Dieu lui-même auquel nous demandons à participer. Car c'est de cet autel qu'il est dit (Ex 20,26) : Fous ne monterez pas à mon autel par des degrés, c'est-à-dire, vous n'établirez pas de degrés dans la Trinité (glos. interi.). Ou bien par l'ange on comprend le Christ lui-même qui est l'ange du grand conseil, qui unit son corps mystique à Dieu son Père et à l'Eglise triomphante, et c'est pour cela qu'on donne à ce sacrifice le nom de messe (1) (missa) ; parce que le prêtre envoie (mittit) par les anges ses prières à Dieu, comme le peuple les envoie par le prêtre ; ou bien encore parce que le Christ est l'hostie qui nous a été envoyée (missa) par Dieu. C'est pour cela qu'à la fin de la messe le diacre congédie le peuple les jours de fête en disant : Ite missa est, c'est-à-dire l'hostie a été adressée à Dieu par l'ange, afin qu'elle lui soit agréable (2).




III Pars (Drioux 1852) 1663