Discours 2000 - Jeudi 15 juin 2000


AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS DE SAINT FÉLIX DE CANTALICE

Vendredi 16 juin 2000


  Chères soeurs,

1. "Grâce et paix vous soient données par "Il est, Il était et Il vient"" (Ap 1,4). Je suis particulièrement heureux de vous accueillir tandis que vous vous réunissez à l'occasion du vingt-et-unième Chapitre général de la Congrégation des Soeurs de Saint-Félix de Cantalice, qui a lieu en l'année du grand Jubilé. Il s'agit d'une année au cours de laquelle toute l'Eglise chante les louanges de Dieu pour le don du Verbe fait chair et célèbre l'Incarnation non seulement comme un événement du passé, mais comme l'expression de l'amour de Dieu en tout lieu et en tout temps. Parmi les Soeurs de Saint-Félix également, le Verbe est venu habiter de façon profonde et puissante; et pour les grandes choses qu'il a accomplies parmi vous, nous rendons grâce au Père de toutes les miséricordes.

2. Votre Congrégation a vu le jour à une période troublée de la Pologne. La nation avait perdu son indépendance, et la question de savoir comment recouvrer la liberté brûlait dans le coeur des Polonais. Pour certains, la seule réponse était la lutte armée; toutefois, toute tentative visant à renverser par la force le joug de l'oppression conduisait immanquablement à une plus grande souffrance. Dans une telle situation, Dieu présenta la bienheureuse Marie Angela Truszkowska, qui proposa une réponse radicalement différente à la question de savoir comment réacquérir la liberté, en puisant son inspiration à saint François d'Assise et à saint Félix de Cantalice. Votre fondatrice a appris d'eux que le chemin vers la véritable liberté n'était pas la violence, mais le dépouillement dans la joie. Il ne s'agissait pas de la logique du monde, mais du Fils de Dieu qui "s'anéantit lui-même prenant condition d'esclave" (Ph 2,7); et c'était cela qui devait distinguer toute la vie de la bienheureuse Marie Angela et aider à tirer une nation de sa léthargie spirituelle.

La logique de l'Incarnation conduisit le grand saint François à se libérer de l'attachement à toutes les choses, afin de posséder toutes les choses en Dieu. Cela signifiait accepter les blessures de la Croix dans l'imitation joyeuse du Sauveur souffrant. Pour saint Félix, la logique de l'Incarnation signifiait parcourir les rues de Rome comme "l'âne des Capucins", quémandant de la nourriture pour ses frères, répondant toujours par son célèbre "Deo Gratias" et nourrissant les pauvres des fruits de son aumône. Pour la bienheureuse Marie Angela, cela signifiait s'immerger dans les souffrances de l'époque, en embrassant les "petits" dans une vie d'action profondément enracinée dans la contemplation. Une telle vie la plaça fermement dans une tradition de sainteté remontant, à travers saint Félix et saint François, au Seigneur Crucifié lui-même.

Votre Fondatrice conduisait souvent les enfants confiés à ses soins à l'église des Capucins de Varsovie, où saint Félix est représenté portant l'Enfant Jésus dans ses bras. Dans la figure du Saint Enfant, la bienheureuse Marie Angela reconnaissait les petits qu'elle était appelée à servir. Elle savait que saint Félix était représenté portant l'Enfant Jésus dans ses bras car en portant le fardeau des personnes dans le besoin, il portait dans ses bras le pauvre Christ lui-même; et elle reconnaissait en cela son propre appel. En portant les fardeaux des plus faibles, elle et ses soeurs portaient dans leurs bras le "petit" Seigneur Jésus. La bienheureuse Maria Angela savait également que c'était Marie qui avait placé le Saint Enfant dans les bras de saint Félix et que c'était Marie qui plaçait maintenant son Enfant dans les bras des Soeurs de Saint-Félix. Il était juste, dès lors, qu'elle consacre la Congrégation au Coeur Immaculé de Marie.

3. Pourtant, l'épée qui transperça le coeur de Marie (cf. Lc 2,35) transperça également le coeur de la Fondatrice. "Aimer signifie donner" écrivit-elle, "donner tout ce que l'amour exige; donner immédiatement, sans regret, avec joie, et vouloir que l'on nous demande encore plus". En obéissant à la logique de l'Incarnation et en portant dans ses bras le Seigneur lui-même, la bienheureuse Marie Angela devint une victime de l'amour. Pas à pas, elle gravit la colline du Calvaire dans un itinéraire de souffrance physique et spirituelle, jusqu'à ce que sa vie soit embrasée par le mystère de la Croix.

Tandis qu'elle pénétrait plus profondément dans les ténèbres du Calvaire, elle insista de plus en plus sur le fait qu'au coeur de la vie de la Congrégation devait tout d'abord se trouver la dévotion à la Sainte Eucharistie et au Coeur Immaculé de Marie. Elle transmit à ses Soeurs la devise: "Tout à travers le Coeur de Marie en honneur du Très Saint Sacrement". Au cours des longues heures de prière face au Très Saint Sacrement, elle apprit que ses soeurs et elle étaient appelées à "lui [le Seigneur] devenir conforme dans sa mort" (Ph 3,10), afin qu’elles puissent devenir Eucharistie. Et, dans la Mère du Christ, la bienheureuse Marie Angela reconnut celle qui partageait intimement la passion de son Fils, et elle sut que c'était l'appel des soeurs également. En Marie Immaculée, elle reconnut la femme du Magnificat, la femme dont l'abandon de soi permit à Dieu de l'emplir de la joie de l'Esprit Saint. Telle était la vie des Soeurs de Saint-Félix.

4. Notre monde est très différent, mais nous sommes tout autant confrontés au défi de la léthargie spirituelle de notre époque et de la question de savoir où se trouve la véritable liberté. L'Eglise a le devoir sacré de proclamer au monde la véritable réponse à cette question; et les religieux et les religieuses ont un rôle crucial à jouer dans cette tâche. Pour les Soeurs de Saint-Félix, cela doit signifier une fidélité encore plus radicale au programme de vie qui vous a été transmis par votre fondatrice, car si cette fidélité n'existe pas parmi vous, vous aussi pouvez devenir victimes de la confusion spirituelle de l'époque, et l'anxiété et le manque d'unité, qui sont ses fruits, pourraient apparaître parmi vous.

Je vous exhorte donc, chères Soeurs, en cette période cruciale de la vie de votre Congrégation, à vous engager, au cours de ce Chapitre général, à un culte plus ardent du Très Saint Sacrement, à une plus profonde dévotion à Marie Immaculée, et à un amour plus radical du charisme de votre Fondatrice. Embrassez la Croix du Seigneur comme le fit la bienheureuse Angela! Alors, vous deviendrez Eucharistie; toute votre vie chantera le Magnificat: votre pauvreté sera emplie des "richesses insondables du Christ" (Ep 3,8). En confiant le Chapitre général et toute la Congrégation à Marie, Mère des Souffrances et Mère de toutes nos joies, ainsi qu'à l'intercession de saint François, saint Félix et de votre bienheureuse fondatrice, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en signe de grâce infinie et de paix en Jésus-Christ, "le témoin fidèle, le premier-né d'entre les morts" (Ap 1,5).




AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS FRANCISCAINES DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

Samedi 17 juin 2000


  Très chères Soeurs Franciscaines de l'Immaculée Conception!

1. Je suis heureux d'adresser mon salut le plus cordial à vous toutes, venues de diverses parties d'Italie, du Brésil, des Philippines et d'Inde, pour participer au Chapitre général de votre Congrégation. Je salue en particulier la Supérieure générale et les consoeurs qui partagent avec elle le service de l'autorité pour le bien de l'Institut tout entier. J'étends ma pensée affectueuse à toutes les Soeurs Franciscaines de l'Immaculée Conception, ainsi qu'aux laïcs associés aux oeuvres apostoliques de l'Institut.

Au cours de vos intenses travaux capitulaires, vous réfléchissez sur le thème: "Au cours du troisième millénaire, dociles à l'Esprit Saint comme Thérèse, missionnaires sur les routes du monde". Guidées par les suggestions intérieures de l'Esprit Saint, vous vous efforcez d'approfondir la spiritualité spécifique de votre oeuvre et la fraîcheur originelle du charisme de fondation, qui vous a été laissé par le Père capucin Lodovico Acernese; un charisme vécu de façon exemplaire par la servante de Dieu Teresa Manganiello, véritable pierre d'angle de votre famille spirituelle.

Ce charisme, qui vous a été confié par la Providence, doit inciter chaque Soeur Franciscaine de l'Immaculée Conception à être missionnaire dans les milieux qui sont les plus conformes à la vie de consécration et à vos activités apostoliques: de l'instruction et de l'éducation des enfants et des jeunes, à la catéchèse, à la collaboration aux activités pastorales des paroisses et des missions, ainsi qu'à toutes les initiatives de solidarité et d'assistance qui sont non seulement compatibles avec l'Esprit de l'Institut, mais surtout qui répondent le mieux aux nécessités de l'Eglise de notre temps.

Il s'agit d'un charisme plus que jamais actuel, qui trouve son origine et sa vigueur dans l'authentique tradition franciscaine et dans la plus authentique spiritualité mariale.


2. Vous êtes tout d'abord franciscaines. Le premier élément caractéristique de votre vie et de votre activité apostolique est l'idéal franciscain. C'est ce qu'indiquent vos Constitutions elles-mêmes, lorsqu'elles définissent la règle suprême de la vie de chaque Soeur Franciscaine de l'Immaculée dans le fait de "suivre le Christ de plus près, selon la forme du saint Evangile", tel qu'il est proposé "dans les exemples et dans les enseignements du séraphique père saint François" (Constitutions, n. 2).

Le "Poverello" d'Assise fit de l'Evangile le centre de sa propre expérience intérieure (cf. Testament 16-18: Sources franciscaines, n. 116) et le proposa à ses frères comme norme suprême de vie (cf. Regola Bollata I, 2: Sources franciscaines, n. 75). Sur ce chemin évangélique, il fut suivi par une foule nombreuse de fils et de filles spirituelles, parmi lesquels se détache de façon particulière sa "petite plante", sainte Claire (cf. Règle de sainte Claire, I, 1-2: Sources franciscaines, n. 2750).

A l'école de saint François et de Claire d'Assise, chaque Franciscaine de l'Immaculée Conception est appelée à témoigner à l'humanité du troisième millénaire de la force transformante de l'Evangile annoncé à travers la parole et l'exemple, en apportant à tous la Bonne Nouvelle de la réconciliation et du salut.

Que la fraternité universelle, vécue de façon particulièrement intense par saint François et sainte Claire, vous serve de guide dans l'engagement apostolique et missionnaire, auquel votre Congrégation, dès ses humbles origines de la Maison Mère de Pietradefusi, a accordé une grande importance, en diffusant partout le parfum du Christ, unique Sauveur de l'humanité.


3. Le second élément fondamental de votre identité religieuse est la spiritualité mariale. Comme vous le rappelle votre législation, le Père Lodovico Acernese se distinguait par son amour singulier pour la Vierge Immaculée, c'est pourquoi il voulut consacrer à la Très Sainte Vierge l'Institut qu'il a fondé, comme un "nouvel hommage à sa Conception Immaculée" (Constitutions, n. 4).

Vos Constitutions indiquent ensuite la façon la plus appropriée pour montrer le visage marial de l'Institut: "Nous ferons resplendir dans la Congrégation et en chacune de nous cet "hommage", à travers une vie de consécration totale à la Vierge Immaculée. En la regardant et en l'imitant, comme modèle suprême de vie évangélique, nous voulons vivre et agir pour la conversion et la sanctification des âmes, en animant d'un joyeux renoncement toute notre vie" (ibid.).

Que la Vierge Immaculée soit donc votre guide, votre modèle inspirateur, l'aide constante sur le chemin quotidien, le refuge lors des immanquables difficultés et le bonheur lors des moments de joie et de partage.


4. Très chères soeurs! Votre Assemblée capitulaire se déroule au coeur du grand Jubilé de l'An 2000, qui est pour tous un temps particulier de grâce et de renouvellement spirituel. Comme je l'ai souligné dans la Bulle d'indiction, il comporte également un aspect missionnaire. En effet, "l'entrée dans le nouveau millénaire encourage la communauté chrétienne à étendre son regard de foi vers des horizons nouveaux pour l'annonce du Règne de Dieu" et pousse les disciples du Christ à embrasser avec ferveur l'"engagement missionnaire de l'Eglise face aux exigences actuelles de l'évangélisation" (Incarnationis mysterium, n. 2).

Je souhaite de tout coeur que la célébration du Chapitre général communique à votre Institut un élan missionnaire renouvelé, de sorte que vous puissiez continuer votre oeuvre dans le style franciscain et dans la spiritualité mariale qui, dès le début, vous ont distingués et qui constituent l'héritage le plus précieux que vous ont légué le P. Lodovico Acernese et Teresa Manganiello. Continuez à marcher sur leurs traces, en portant des fruits abondants de bien.

Je vous confie, ainsi que vos consoeurs qui oeuvrent en Italie et dans le monde et les personnes qui vous sont chères, à la protection céleste de Marie Immaculée, "Femme du silence et de l'écoute, docile entre les mains du Père" (Ibid., n. 14), et de saint François d'Assise, tandis que je vous bénis avec affection, en même temps que ceux que vous rencontrez au cours de votre apostolat franciscain et marial quotidien.

Du Vatican, le 17 juin 2000



AUX MISSIONNAIRES DE L'IMMACULÉE-PÈRE KOLBE

Lundi 19 juin 2000




Très chères Missionnaires de l'Immaculée-Père Kolbe!

1. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de votre Assemblée ordinaire qui a lieu au cours de ces journées à Bologne. Je souhaite à tous une affectueuse bienvenue. Mon salut s'adresse de façon particulière à la Directrice générale et au Conseil, ainsi qu'au Père Luigi Faccenda, Fondateur et Aumônier de l'Institut. Votre visite entend renforcer votre communion avec le Successeur de Pierre. Je vous suis reconnaissant de cette preuve de fidélité et d'amour envers l'Eglise.
En effet, vous êtes devenus une nouvelle branche de l'arbre millénaire et fructueux de l'Eglise, lors de votre entrée, le 25 mars 1992, parmi les Instituts séculiers de droit pontifical. En m'unissant à votre action de grâce à Dieu pour le chemin parcouru jusqu'ici, je souhaite que l'Assemblée générale constitue une occasion favorable pour approfondir toujours davantage votre spiritualité de consécration totale à l'Immaculée, selon l'exemple de saint Maximilien Kolbe, le martyr d'Auschwitz.

Je suis certain que les travaux de votre Assemblée, soutenus et orientés par la grâce jubilaire, vous renforceront dans l'engagement de consécration à Dieu, de façon à être un levain d'espérance dans le monde d'aujourd'hui, qui attend d'être transfiguré "de l'intérieur par la force des Béatitudes" (Vita consecrata VC 10). De cette façon, vous rappellerez la mission propre à chaque disciple du Christ, qui fut décrite avec éloquence par un célèbre auteur des premiers siècles, en ces termes: "Tout en suivant les usages du lieu (les chrétiens) se proposent une forme de vie merveilleuse [...] Ils habitent leurs maisons, mais comme étrangers et comme hôtes de passage. Chaque terre étrangère est une patrie pour eux, alors que chaque patrie est pour eux une terre étrangère [...] Ils sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps [...] L'âme est contenue dans le corps, mais elle soutient le corps: les chrétiens sont ceux qui soutiennent le monde" (Lettre à Diognète, chap. 5-6; Funk, Patres Apostolici).

2. J'apprends avec joie que votre jeune Institut se diffuse dans divers pays et que les "Maisons de l'Immaculée" sont présentes en Italie, au Luxembourg, en Argentine, en Bolivie, au Brésil, en Californie et en Pologne, où, pour conserver vivant l'héritage du martyr Maximilien Kolbe, vous êtes en train de terminer un "Centre de spiritualité" à Auschwitz, qui se propose d'offrir un message d'espérance à ceux qui se rendent en ce lieu, symbole de la négation la plus atroce de la dignité humaine qui se soit produite au XX siècle.

Je sais également qu'à vos côtés travaillent les "Volontaires de l'Immaculée", hommes et femmes de chaque état de vie, qui embrassent votre spiritualité et qui partagent votre apostolat.
Votre Institut se distingue par le charisme marial, tiré des enseignements et des exemples de saint Maximilien Kolbe, dont l'amour pour l'Immaculée est célèbre. Il avait eu l'intuition que le mystère de l'Immaculée contenait la profonde synthèse entre le malheur du péché originel, l'histoire dramatique qui en a dérivé pour l'humanité pécheresse et le dessein divin du salut, qui dans le Verbe incarné dans le sein de la Vierge touche à son point d'arrivée. Poussé par cette intime certitude, le Père Kolbe exhortait à semer la vérité de l'Immaculée dans le coeur de chaque homme et de chaque femme, afin que la Vierge, - comme il disait - puisse élever en tous le trône de son Fils, en introduisant chacun à une connaissance plus intime de l'Evangile et à son amour. Il observait ensuite que, lorsque l'on se consacre à l'Immaculée, on devient entre ses mains un instrument de la miséricorde divine, comme Elle le fut entre les mains de Dieu. Et il exhortait à se laisser prendre par la main par Marie, en marchant "tranquilles et sûrs sous sa direction".

3. Très chers Missionnaires de l'Immaculée-Père Kolbe! Votre expérience quotidienne vous fait ressentir concrètement combien les hommes de notre époque sont impatients d'entendre à nouveau l'annonce sortie de la bouche de Marie de Magdala, le matin de Pâques: "Le Seigneur est ressuscité!" (cf. Mc 16,10). Ils ont besoin d'apôtres qui, comme cela eut lieu à l'aube de la foi, annoncent aujourd'hui le Christ, unique Sauveur de l'homme, et proclament avec vigueur que sa mort et sa résurrection donnent à tous la possibilité d'espérer et de vivre en plénitude. Soyez vous aussi des apôtres et des missionnaires!

Semez avec une ardeur franciscaine la vérité de l'Evangile dans le coeur et dans la vie des frères que vous rencontrez dans votre service ecclésial quotidien. Cet effort d'évangélisation marquera le coeur de celui qui vous écoute, si vous restez solidement enracinés en Jésus-Christ. Votre apostolat doit naître d'une prière incessante et d'une vie fraternelle qui soit une recherche permanente de Dieu et de son action dans les réalités terrestres complexes.

Je demande au Seigneur, par l'intercession de saint Maximilien Kolbe, de vous renforcer dans vos intentions d'engagement, et de vous assister avec l'ardeur de son Esprit, pour que le chapitre général que vous célébrez porte des fruits abondants pour votre institut et pour l'Eglise.

Avec ces souhaits, je donne de tout coeur à chacun de vous, aux membres de votre Famille spirituelle et à ceux qui sont l'objet de vos soins pastoraux, une Bénédiction apostolique spéciale.




AUX MEMBRES DE LA "RÉUNION DES OEUVRES POUR L'AIDE AUX ÉGLISES ORIENTALES" (R.O.A.C.O.)

Lundi 19 juin 2000




Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Chers membres et amis de la R.O.A.C.O.!

1. Je suis heureux de vous souhaiter à chacun la bienvenue, et de vous exprimer ma profonde reconnaissance pour cette visite que vous avez voulu me rendre à l'occasion de la seconde Assemblée annuelle de la R.O.A.C.O. J'adresse une pensée cordiale à Monsieur le Cardinal Achille Silvestrini, Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales et Président de la R.O.A.C.O., et je le remercie pour les paroles cordiales qu'il m'a adressées au nom de tous. Je salue également avec affection Monseigneur Miroslav Stefan Marusyn, Secrétaire de la Congrégation, Monseigneur le Sous-Secrétaire et les collaborateurs, ainsi que les responsables des divers bureaux.

Au cours des dernières années, votre travail s'est organisé de manière à répondre de façon toujours plus attentive et rapide aux questions et aux nécessités urgentes des Eglises catholiques orientales, grâce aussi à la contribution des Communautés locales, dont vous avez recherché à juste titre la participation. Les demandes ont fait l'objet, l'une après l'autre, de sessions spéciales de réflexion et d'études, afin d'identifier les priorités pastorales et de décider du soutien aux diverses initiatives d'évangélisation.

2. Je garde des souvenirs vivants et reconnaissants des récents pèlerinages jubilaires au Mont Sinaï, au Mont Nebo et en Terre Sainte, où j'ai voulu me rendre en signe de retour aux "racines de la foi et de l'Eglise", en rencontrant des patriarches, des évêques et des prêtres, des religieux et des religieuses, ainsi que les fils et filles des Eglises catholiques orientales.

La visite aux lieux rendus célèbres par les épisodes de la vie de Moïse, la Messe solennelle en l'honneur de saint Jean-Baptiste dans le stade d'Amman, les célébrations eucharistiques dans la Salle du Cénacle et auprès du Saint-Sépulcre à Jérusalem ont été des étapes inoubliables au cours desquelles "notre âme s'est émue non seulement dans le souvenir de ce que Dieu a fait, mais pour Sa présence même, car il a marché une fois de plus avec nous sur la Terre de la Naissance, de la Mort et de la Résurrection du Christ" (O.R.L.F. n. 14 du 4 avril 2000).

Ce que le Seigneur m'a permis de ressentir ces jours-là me pousse à vous recommander, ainsi qu'à tous les fidèles catholiques, d'avoir toujours plus à coeur les communautés chrétiennes de Terre Sainte et de les soutenir dans leurs nécessités, afin que les noms de Nazareth, Bethléem et Jérusalem continuent de susciter dans l'âme des chrétiens d'aujourd'hui et de demain des sentiments de gratitude pour le Mystère ineffable qui s'est accompli là-bas et pour l'annonce du salut qui, grâce aux premières communautés de croyants, est parti de cette terre pour atteindre le monde entier.

3. A l'occasion du grand Jubilé, que le Seigneur nous accorde de célébrer, des délégations importantes des Eglises catholiques orientales se sont réunies et se réuniront à Rome, pour prier avec les autres frères catholiques sur la tombe des Apôtres et renforcer les liens d'intense communion et de fraternité avec le Siège apostolique. De cette façon, à Rome également, l'universalité de l'Eglise est rendue visible dans la variété des rites et des traditions.

Ces manifestations concrètes de la catholicité de l'Eglise du Christ dans sa richesse et sa variété constituent un profond appel à vivre l'exigence oecuménique, engagement important du grand Jubilé. Comme je le rappelai dans la Lettre apostolique Tertio millennio adveniente, précisément du point de vue oecuménique, cette année se révèle "très importante pour porter ensemble notre regard vers le Christ, le seul Seigneur, pour s'engager à devenir un en Lui, suivant sa prière au Père. Souligner la place centrale du Christ, de la Parole de Dieu et de la foi ne devrait pas manquer de susciter l'intérêt et l'accueil positif des chrétiens d'autres confessions" (TMA 41).

4. En cette circonstance particulière, je vous renouvelle à tous mon invitation à accomplir tous les efforts pour venir en aide aux populations divisées par les conflits fratricides ou à celles du Moyen-Orient qui recherchent encore des voies stables de justice et de liberté.

Le Jubilé nous exhorte à des signes concrets de charité fraternelle qui ouvrent "nos yeux aux besoins de ceux qui vivent dans la pauvreté ou dans la marginalité [...] Il faut éliminer les violences qui engendrent la domination des uns sur les autres: il y a là péché et injustice" (Incarnationis mysterium, n. 12). L'engagement pour la justice et la recherche de ressources pour créer une culture de la solidarité et de la coopération doivent donc constituer des objectifs importants pour chacun de vous, mais surtout pour les communautés ecclésiales, dont vous êtes l'intermédiaire et l'expression visible de la solidarité fraternelle.

De cette façon, sous la direction avisée de la Congrégation pour les Eglises orientales, les agences que vous représentez confirment être des témoins efficaces de la sollicitude active des Eglises dont elles proviennent et un signe prophétique de l'engagement de toute l'Eglise. C'est en effet en oeuvrant pour la justice que l'on construit la paix. C'est en pratiquant le précepte de l'amour du Christ que s'anticipent les cieux nouveaux et la terre nouvelle "où la justice habitera" (2P 3,13).

5. Très chers frères et soeurs, que vous parvienne, à travers mon intermédiaire, la reconnaissance des Eglises orientales pour l'oeuvre concrète de sollicitude chrétienne que, depuis tant d'années, vous accomplissez en leur faveur. Face aux nécessités toujours plus urgentes, je vous exhorte à agrandir les frontières de votre coeur pour intensifier le flux de charité active vers lequel tant de personnes se tournent avec confiance.

En cette année de grâce, je souhaite à chacun de vous d'accueillir avec une âme disponible les abondants dons spirituels que le Seigneur accorde pour une vie toujours plus généreuse engagée à son service. Qu'intercède pour vous la Vierge Marie, Mère de Dieu, à laquelle je confie votre oeuvre précieuse en faveur des Eglises d'Orient.

Avec ce souhait, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.

    


LETTRE DU SAINT PÈRE JEAN PAUL II AU PRÉSIDENT DE L'INSTITUT GIUSEPPE TONIOLO



A Monsieur Emilio Colombo
Président de l'Institut Giuseppe Toniolo

A l'occasion du 80e anniversaire de la fondation de l'Institut Toniolo, je désire vous faire parvenir, ainsi qu'à tous les membres, mon salut et mes meilleurs voeux. Je m'unis avec une profonde participation à l'action de grâce commune pour l'oeuvre bénéfique accomplie en faveur de la présence des catholiques italiens dans le monde de la culture et de la recherche scientifique. C'est à l'action prophétique et tenace de cette Institution de grand mérite, voulue par le Père Agostino Gemelli et par Mgr Francesco Olgiati, et approuvée par le Pape Benoît XV, que l'on doit en effet l'érection canonique de l'Université catholique du Sacré-Coeur et sa reconnaissance juridique par l'Etat.

Mes vénérés prédécesseurs ont toujours manifesté leur profonde estime pour l'Institut Toniolo, dont le devoir est de garantir que l'Université des catholiques italiens demeure toujours fidèle à son double objectif, défini par son statut: la recherche scientifique, illuminée par la foi, et la préparation de professionnels chrétiens qualifiés, qui oeuvrent en pleine harmonie avec le Magistère de l'Eglise et dans le respect d'une légitime pluralité d'opinions dans le domaine scientifique. Les Souverains Pontifes n'ont pas manqué de manifester une considération constante pour le dévouement avec lequel l'Institut a toujours cherché à favoriser dans la Communauté académique l'esprit de collaboration et de service, nécessaire pour une activité scientifique fructueuse et pour mieux répondre aux attentes des pasteurs et des catholiques italiens.

En exprimant ma vive appréciation pour l'engagement cohérent avec lequel l'Institut Toniolo, également dans les moments particulièrement difficiles, a su conserver inaltérés les principes qui ont inspiré l'Université catholique du Sacré-Coeur, en servant de façon efficace la cause de la culture et de l'Evangile dans le monde académique italien, je souhaite que, fidèle à sa grande tradition, il puisse répondre aux défis du nouveau Millénaire, en alliant la pleine adhésion au Magistère de l'Eglise, la rigueur scientifique et l'initiative clairvoyante.

Avec ces sentiments, tandis que j'invoque du Coeur du Christ d'abondants dons jubilaires de grâce et de sainteté pour Vous, Monsieur le Président, et pour tous les membres du "Toniolo", je vous confie tous à la protection maternelle de Marie, Siège de la Sagesse, en envoyant à chacun une Bénédiction apostolique particulière.

Du Vatican, le 24 juin 2000



À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT OECUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE

Jeudi 29 juin 2000


"A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ" (Ep 1,2).

Vénérables Frères,

1. C'est avec une grande joie que je remercie Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomaios I et le Saint-Synode de vous avoir envoyés à Rome à l'occasion de la fête des bienheureux Apôtres Pierre et Paul. Votre présence accroît profondément la joie de l'Eglise de Rome tandis qu'elle célèbre ses saints patrons. L'échange de visites entre Rome et Constantinople à l'occasion de nos fêtes respectives est devenu une tradition stable et contribue à maintenir des contacts oecuméniques dans un esprit de prière et de consultation fraternelle.

A l'occasion de la fête de saint André, en 1979, j'ai pu visiter le Patriarcat oecuménique et confirmer le désir de l'Eglise catholique de poursuivre sur le chemin qui, dans la puissance de l'Esprit Saint, conduira à l'unité entre tous ceux qui invoquent le Dieu Trine et qui proclament Jésus comme Seigneur et Sauveur. A l'occasion de la fête des saints Pierre et Paul en 1995, j'ai eu le privilège de saluer à Rome Sa Sainteté Bartholomaios I, lorsque, comme les frères Pierre et André, nous nous sommes encouragés à suivre Celui qui est "le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14,6).


2. Notre rencontre d'aujourd'hui a lieu au cours de la célébration de l'Année jubilaire. Je profite de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude au Patriarcat oecuménique pour avoir envoyé des délégations aux deux principaux événements oecuméniques du calendrier romain de l'An 2000, c'est-à-dire l'Ouverture solennelle de la Porte Sainte de la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, et la Commémoration oecuménique des Témoins de la Foi du XX siècle. Pour sa part, l'Eglise de Rome a répondu avec plaisir à l'appel de Sa Sainteté le Patriarche pour une Veillée de Prière en préparation à la fête de la Transfiguration du Seigneur.

Le coeur de l'année du Jubilé est l'appel à la réconciliation et à la paix. Ensemble, les chrétiens catholiques et orthodoxes doivent créer un avenir fait de coopération plus intense et d'amour fraternel, conduisant à la pleine communion qui est la volonté du Seigneur pour nous. Les paroles prophétiques du Pape Paul VI et du Patriarche Athénagoras, dans leur Déclaration commune de 1967, devraient nous servir d'inspiration constante: "L'esprit qui devrait inspirer ces efforts est l'esprit de loyauté à la vérité et de compréhension mutuelle, dans le désir réel de surmonter les maux du passé et toute forme de domination spirituelle et intellectuelle" (Tomos Agapis, n. 195).


3. Dans la recherche de relations plus fraternelles entre les Eglises, l'importance d'une purification de la mémoire se fait ressentir à chaque pas. Les événements tragiques de l'histoire ont laissé un triste héritage dans les esprits et la psychologie des catholiques et des orthodoxes. Je confie à la miséricorde de Dieu toute action en contraste avec la volonté de Dieu dont les fils et les filles de l'Eglise catholique ont été responsables. Au cours du troisième millénaire, écrivons ensemble une nouvelle histoire d'amour fraternel, de respect et de coopération.


4. Dans quelques jours, la Commission commune pour le Dialogue théologique entre l'Eglise catholique et les Eglises orthodoxes se rencontreront au cours d'une session plénière. J'accompagnerai le travail de la Commission de mes prières. Je souhaite très sincèrement que le dialogue puisse reprendre son cours normal avec une énergie et un engagement renouvelés.
Chers frères, je vous remercie à nouveau de votre visite et je vous demande de transmettre à Sa Sainteté le Patriarche ainsi qu'au Saint-Synode mes sentiments d'estime et de respect.

Puisse le Seigneur nous accorder de croître toujours dans l'amour mutuel.
Puisse-t-il guider nos pas sur le chemin vers la pleine communion.



AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ DU VERBE DIVIN

Vendredi 30 juin 2000


  1. En cette année du grand Jubilé, tandis que toute l'Eglise se réjouit dans le Verbe fait chair il y a deux mille ans, je vous salue cordialement à l'occasion du quinzième Chapitre général de la Société du Verbe Divin, qui a lieu alors que vous célébrez le cent-vingt-cinquième anniversaire de votre fondation. En particulier, je souhaite la bienvenue au nouveau Supérieur général et au Conseil général, et je vous assure de mes prières tandis que vous vous apprêtez à assumer vos nobles responsabilités. Je me joins à vous et à tous les membres de la Société dans votre action de grâce à Dieu pour l'élan apporté à la mission de l'Eglise tout au long des années, à travers le témoignage fidèle de votre consécration religieuse et de vos activités missionnaires.


2. Conduit par l'Esprit Saint, le bienheureux Arnold Janssen, accompagné de quatre compagnons, ouvrit une maison à Steyl pour former les prêtres au travail de la mission étrangère; et cela a conduit à la naissance de la Société du Verbe Divin, dont les prêtres et les frères, consacrés au service du Seigneur, à travers les voeux religieux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, "allant dans le monde entier, s'acquittent de la charge de prêcher l'Evangile et d'implanter l'Eglise parmi les peuples ou les groupes humains qui ne croient pas encore au Christ" (Ad gentes AGD 6).

De cette Société provinrent des hommes comme le bienheureux Joseph Freinademetz, qui se consacra avec un zèle exemplaire et une créativité évangélique au service de l'Evangile en Chine, et les bienheureux martyrs, le Père Luwik Mzyk, le Père Alojzy Liguda, le Père Stanislaw Kubista et le Frère Grzegorz Frackowiak, qui ont rendu gloire à Dieu à travers le sacrifice suprême de leur vie. Comme testament spirituel d'un camp de la mort, le bienheureux Alojzy laissa à sa bien-aimée Société une déclaration éloquente sur la dignité de chaque être humain, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu: "Les personnes peuvent me traiter comme quelque chose d'indigne, mais ne peuvent me rendre indigne. Dachau peut me dépouiller de tous mes droits et titres; mais personne ne peut me retirer le privilège d'être un fils de Dieu. Je répéterai à jamais: "Dieu sera toujours et restera mon Père"". Les martyrs sont la gloire de votre Société et le signe le plus certain de l'efficacité de sa grâce, manifestée dans l'esprit et les règles qui gouvernent la vie de vos communautés.


3. La parole divine que vous êtes appelés à proclamer dans le monde est la parole prononcée pour la première fois par Dieu au moment de la création, lorsque, après avoir soufflé dans l'obscurité, le vide et le chaos primitifs, il donna naissance à la lumière, à la plénitude et à l'ordre du Paradis (cf. Gn 1,2-3). Vous êtes également envoyés dans l'obscurité, dans le vide et dans le chaos du monde afin de prononcer la Parole qui donne la vie. Cela signifie que vous êtes envoyés pour proclamer la Parole qui est Jésus-Christ. Lorsque le Verbe s'est fait chair, Dieu est entré dans les profondeurs mêmes du péché humain et de la pauvreté; et cette étreinte divine de notre monde empli de péchés a atteint sa perfection sur la colline du Calvaire. De la Croix, la Parole de Dieu, prononcée en tout temps et tout lieu, s'adresse à chaque besoin humain et à chaque espérance humaine. Telle est la Parole que votre Société est appelée à proclamer: la Parole de la Croix, qui "est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, [elle est] puissance de Dieu" (1Co 1,18). Cela signifie que chacun de vous est appelé, comme l'Apôtre Paul, à vivre le mystère de la Croix du Seigneur (cf. Ph Ph 3,10) de telle façon que votre ministère puisse être bien plus qu'un service humain et une solidarité. Il doit toujours être une communication de la nouveauté de la vie apportée par le Christ dans la puissance de l'Esprit Saint.


4. A l'aube du nouveau millénaire, un monde en rapide mutation vous appelle à vous engager à un discernement profond, afin de répondre de façon plus efficace à la volonté de Dieu et aux besoins du monde contemporain. Il est approprié que votre Chapitre général ait pour thème: "Ecouter l'Esprit: Notre réponse missionnaire aujourd'hui". C'est l'Eprit Saint qui doit guider votre discernement, tout comme c'est l'Esprit qui doit être la puissance cachée de tout votre travail missionnaire, vous conduisant dans les profondeurs de la contemplation dont jaillit le témoignage du messager. C'est l'Esprit Saint qui assure que la vie du Christ "devient votre vie, que sa mission devient votre mission" (Constitution de la Société du Verbe Divin, Prologue).

La tâche urgente de la mission ad gentes et la "nouvelle évangélisation" exigent que vous proclamiez le Christ Sauveur dans de nombreux milieux culturels différents. On ne peut jamais oublier qu'il existe encore d'innombrables hommes et femmes qui n'ont pas encore entendu le nom de Jésus et qui n'ont pas encore reçu le don immense du salut qui leur est offert. Le Christ est l'unique Sauveur du monde, la Bonne nouvelle pour tous les hommes et les femmes de tout temps et de tout lieu dans leur recherche de la signification de la vie et de la vérité de leur humanité (cf. Ecclesia in Asia ). Tous les hommes ont le droit d'entendre cette Bonne Nouvelle, et l'Eglise a donc le devoir solennel de continuer partout de proclamer le message de salut de Jésus-Christ. Dans cette oeuvre extrêmement vitale, votre Société a un rôle indispensable à jouer pour soutenir la primauté de la proclamation explicite de Jésus en tant que Seigneur, sans laquelle il ne peut y avoir de véritable évangélisation (cf. ibid., EIAS Evangelii Nuntiandi, n. 22). "Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en lui? Et comment croire sans d'abord l'entendre? Et comment entendre sans prédicateur?" (Rm 10,13-14).

Dans le même temps, l'inculturation et le dialogue interreligieux ont un rôle important à jouer dans un grand nombre de lieux dans lesquels vous accomplissez votre activité missionnaire. Un dialogue sérieux et ouvert avec les cultures et les religions ne dispense pas de l'évangélisation et ne devrait jamais être considéré comme contraire à la mission ad gentes. Il faut également se rappeler que ce dialogue est ce que le Pape Paul VI a appelé un colloquium salutis (cf. Ecclesiam suam, n. 58), non pas un simple échange d'opinions ou de points de vue, mais un "dialogue salvifique" auquel l'Eglise apporte la vérité de la rédemption que Dieu a opérée en Jésus. Il présuppose une préparation missionnaire personnelle sérieuse, des dons mûrs de discernement, une fidélité au critère indispensable de l'orthodoxie doctrinale, une intégrité morale et une communion ecclésiale (cf. Redemptoris missio RMi 52-54).


5. Au cours des dernières années, la Société du Verbe Divin a connu une croissance considérable, avec un grand nombre de vocations dans différents lieux du monde. Vos activités missionnaires se sont étendues en Afrique, en Asie et dans l'ex-Union soviétique, et aujourd'hui, les membres de la Société, de plus de soixante nationalités différentes, accomplissent leur apostolat dans plus de soixante pays. Votre Société a répondu avec promptitude au défi d'être présente en tant que missionnaire dans les nouvelles formes de culture et de communications qui caractérisent la vie moderne (cf. Redemptoris missio RMi 37). Convaincus que l'Ecriture Sainte est un don que nous recevons au sein de l'Eglise et constitue une invitation à la communion de vie avec Dieu, vous avez consacré des énergies importantes à promouvoir l'apostolat biblique à travers des publications et des activités éducatives. La promotion de la justice, de la paix et du développement social représente une autre dimension essentielle de votre mission, qui consiste à partager avec tous les peuples l'"insondable richesse du Christ" (Ep 3,8). Dans tout cela, votre engagement à la vie de pauvreté évangélique, dont le but premier est de "rendre témoignage à Dieu qui est la véritable richesse du coeur humain" (Vita consecrata VC 90), ajouté à l'amour préférentiel pour les pauvres, peut faire en sorte que votre apostolat, qui est souvent accompli parmi les laissés-pour-compte de la terre et les personnes marginalisées, porte des fruits abondants pour le salut du monde.


6. Je prie pour que le Chapitre général contribue avant tout à un profond renouveau de votre vie consacrée et de votre charisme missionnaire. Puissiez-vous toujours être des hommes d'espérance, capables de proclamer avec vigueur la parole de Dieu qui transforme les coeurs humains et le monde lui-même. Puissent de nombreux jeunes hommes continuer à entendre l'appel du Christ à se consacrer avec générosité et joie en tant que missionnaires dans votre Société. Je confie les prêtres, les frères, les scolastiques et les novices de la Société du Verbe Divin, ainsi que vos collaborateurs, étudiants et bienfaiteurs à l'intercession de Marie, Mère du Rédempteur et du bienheureux issu de vos rangs. En signe de joie et de force dans Jésus-Christ, je vous donne cordialement ma Bénédiction apostolique.





Discours 2000 - Jeudi 15 juin 2000