Discours 2000 -   MESSAGE POUR LES 500 ANS DU PÈLERINAGE À ROME DES FIDÈLES DE NAPLES ACCOMPAGNANT L'ICÔNE DE LA «VIERGE NOIRE»


RENCONTRE AVEC LES MEMBRES DU MOUVEMENT "CURSILLOS DE CRISTIANDAD" VENUS CÉLÉBRER LEUR JUBILÉ

Samedi 29 juillet 2000


Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux d'adresser un salut affectueux à vous tous, qui êtes réunis des cinq continents pour la troisième Ultreya mondiale du Mouvement des Cursillos de Cristiandad, l'Ultreya du grand Jubilé. Merci de votre visite et bienvenue à tous.

Je salue les cursillistas de langue espagnole, venus d'Amérique et d'Espagne, en rappelant que ce fut à Palma de Mayorque que naquit cette expérience apostolique, créée par Mgr Juan Hervás, zélé pasteur de cette communauté ecclésiale.

Je souhaite la bienvenue à chacun de vous, et je vous encourage à faire de cette Ultreya du grand Jubilé un temps d'engagement renouvelé à la sainteté de vie et à l'apostolat.

J'adresse un salut cordial de bienvenue à tous les participants de langue française.

J'adresse une salutation particulièrement cordiale à vous tous, qui êtes venus des pays de langue allemande. Puisse cette fête servir à renforcer votre foi.

Je salue le Président de l'Organisation mondiale des Cursillos de Cristiandad, et je le remercie pour les paroles cordiales qu'il m'a adressées en votre nom, présentant l'engagement apostolique de votre Mouvement et le bien que le Seigneur accomplit à travers vous. Je salue les fondateurs et les animateurs spirituels, ainsi que les divers représentants du Mouvement. Votre présence, si variée et joyeuse, atteste que la petite semence jetée en Espagne il y a plus de cinquante ans est devenue un grand arbre riche de fruits de l'Esprit. Elle continue même à constituer une heureuse réponse à la question formulée par mon vénéré prédécesseur, le Pape Paul VI, à la première Ultreya mondiale de Rome: "L'Evangile a encore une capacité de conquérir l'homme mûr [...] dans la civilisation urbaine comme dans celle rurale?" (AAS, 58, 1966, 503).

Je m'unis donc avec une grande joie à votre action de grâce au Seigneur pour ce qu'Il a accompli et ne cesse d'accomplir dans l'Eglise à travers les Cursillos de Cristiandad.

Le thème de cette Ultreya mondiale - "Evangéliser les milieux dans le troisième millénaire chrétien; un "défi" pour les Cursillos de Cristiandad" - témoigne de l'effort de reproposer avec des moyens et un enthousiasme renouvelés l'expérience du Christ aux hommes et aux femmes du XX siècle. Cela devient encore plus urgent à partir du moment où "des pays et des nations entières où la religion et la vie chrétienne étaient autrefois on ne peut plus florissantes et capables de faire naître des communautés de foi vivante et active sont maintenant mises à dure épreuve et parfois sont même radicalement transformées, par la diffusion incessante de l'indifférence religieuse, de la sécularisation et de l'athéisme" (Christifideles laici CL 34).

Face à cette situation, qui pousse les croyants à "refaire le tissu chrétien de la société humaine" (ibid. CL CL 34), la méthode du cursillo se propose de contribuer à transformer dans un sens chrétien les milieux où les personnes vivent et oeuvrent, à travers l'insertion d'"hommes nouveaux", rendus tels par la rencontre avec le Christ. C'est vers cet objectif que tendent les trois jours du "petit cours" de chrétienté, au cours desquels une équipe de prêtres et de laïcs, soutenus par la prière et par l'offrande de sacrifices de la part des autres membres du Mouvement, communique les vérités fondamentales de la foi chrétienne, en particulier de manière "vivante". L'annonce du Christ, ainsi proposée, ouvre presque toujours les participants au cursillo au don de la conversion et à une conscience plus profonde du Baptême reçu et de la mission dans l'Eglise. Ils se sentent appelés à être "levain" prophétique, qui se mélange à la farine afin que tout se fermente (cf. Mt 13,33), "sel de la terre" et "lumière du monde" (Mt 5,13-14) pour annoncer à tous ceux qu'ils rencontrent qu'il n'y a de salut qu'en Jésus Christ (Ac 4,12) et que "le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné" (Gaudium et spes GS 22).

3. Très chers frères et soeurs, soyez des témoins courageux du "service de la Vérité" et travaillez sans relâche avec la "force de la communion". En vous appuyant sur vos riches expériences spirituelles, qui sont un trésor, accueillez le "défi" que notre temps pose à la nouvelle évangélisation, et apportez-lui sans peur votre propre réponse.

Face à une culture, qui assez fréquemment, nie l'existence même d'une Vérité objective de valeur universelle et qui s'égare souvent dans les "sables mouvants" du nihilisme (cf. Fides et ratio FR 5), les fidèles doivent savoir indiquer clairement que le Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie (cf. Jn 14,6).

Vous qui avez ouvert avec générosité votre coeur à Jésus êtes appelés par lui à proclamer inlassablement son nom à ceux qui ne le connaissent pas encore. Il vous appelle à son service, au service de sa Vérité, la vérité qui nous libère.

Plus ce "service de la vérité" fera partie de votre vie quotidienne, plus il sera convaincant. Comme vous le rappelle une prière souvent utilisée par le Mouvement des Cursillos, "le Christ n'a pas de mains, il n'a que nos mains pour transformer le monde aujourd'hui. Le Christ n'a pas de pieds, il n'a que nos pieds pour nous conduire jusqu'à lui. Le Christ n'a pas de lèvres, il n'a que nos lèvres pour parler aux hommes".

4. Tel est votre apostolat: accomplissez-le dans une harmonie ecclésiale constante, afin que celui-ci manifeste la "force de la communion", qui constitue le style et le contenu même de la mission du Peuple de Dieu. Face à des formes d'individualisme, qui fragmentent et dispersent les ressources évangélisatrices, conjuguez vos efforts missionnaires à ceux des multiples groupes ecclésiaux suscités par l'Esprit dans l'Eglise de notre temps. Efforcez-vous ensemble de reproposer la beauté des premières communautés chrétiennes, qui faisaient s'exclamer avec émerveillement aux païens: "Voyez comme ils s'aiment!". Et soyez toujours dociles aux orientations du Magistère. En effet, aucun charisme ne dispense de la référence et de la soumission aux Pasteurs de l'Eglise, dont le discernement est une garantie de fidélité au charisme lui-même. Puisse la célébration d'aujourd'hui susciter également en chacun de vous une fidélité renouvelée à votre charisme et une communion ecclésiale plus forte encore.

5. "De colores, de colores se visten los campos en la primavera.
De colores, de colores son los pajaritos que vienen de fuera;
De colores, de colores son los pajaritos que vienen de fuera. De colores, de colores es el arco iris que vemos lucir...".

Au cours des journées du cursillo, les paroles de ce chant populaire espagnol aident les participants à réfléchir sur la beauté multiforme du créé. En rencontrant le Christ, vous avez appris à voir avec un regard neuf les personnes et la nature, les événements quotidiens et la vie dans son ensemble.

Vous avez ressenti que suivre le Seigneur apporte le vrai bonheur. Cette expérience personnelle et communautaire doit à présent être communiquée aux autres. De nombreux hommes et femmes de notre temps, qui malheureusement se sont éloignés de Dieu, attendent de vous la lumière de la foi, qui leur fasse redécouvrir à eux aussi, les couleurs de l'existence et la joie de se sentir aimés de Dieu.

"Courage! Ultreya! En avant!" vous répète aujourd'hui le Successeur de Pierre. Tournez-vous vers Marie, exemple de fidélité indéfectible à Dieu, et, comme Elle, placez en toute circonstance votre confiance en Dieu, Père de la miséricorde, qui veille sur vos pas le long du chemin de la vérité et de l'amour.

Salut aux pèlerins de Fatima

6. Mon salut s'étend ensuite avec la même joie à tous les pèlerins réunis ici. En particulier, à ceux du diocèse de Leiria-Fátima, guidés par leur Evêque, le cher Monseigneur Serafim.

Très chers frères et soeurs!

Deux mois se sont écoulés depuis que j'ai eu la joie de vous rencontrer, bénéficiant de votre chaleureuse hospitalité et témoignant de votre joie radieuse de voir confirmée la sainteté de deux de vos compatriotes: les bienheureux François et Hyacinthe Marto. Aujourd'hui, en vous voyant ici, - représentant votre Eglise locale - je sens que vous avez répondu à ma visite: vous êtes venus auprès des tombeaux des Princes des Apôtres, dans un esprit de prière et de pénitence pour implorer le pardon et l'indulgence et renouveler votre engagement de dévouement à l'oeuvre de divinisation de l'humanité qui a commencé il y a deux mille ans avec la naissance de Dieu fait homme.

Je vous salue de tout coeur, ainsi que tout le diocèse de Leiria-Fatimá, en souhaitant que ce grand Jubilé de l'Incarnation se révèle pour tous l'"année de grâce du Seigneur" qui devint une réalité avec Jésus et en Jésus (cf. Lc 4,19-21), afin que vous puissiez espérer avec confiance dans la puissance de son message et de son oeuvre de salut, aimer chacun avec son amour de sacrifice et également de réparation à Dieu pour les ingratitudes de tant de personnes, et témoigner de la foi avec courage et cohérence dans la société d'aujourd'hui.

Que la Très Sainte Vierge Marie, présente de façon mystique dans vos sanctuaires mariaux, dont celui de Fatima se distingue par le choix de la Madone, vous accompagne maternellement le long de votre chemin de pénitence et de conversion, et vous soutienne dans l'accomplissement de vos intentions de bien de votre diocèse et pour le salut du monde.

Salut aux pèlerins polonais

Je vous salue de manière particulière, pèlerins de la Pologne, qui êtes venus à cette rencontre. Je vous remercie pour votre engagement à la nouvelle évangélisation et à l'édification de la civilisation de l'amour et de la solidarité dans le monde. L'Eglise a besoin de vous! Elle a besoin de votre attitude chrétienne et de votre sainteté, afin que puisse se réaliser dans le monde la grande oeuvre du salut.

Avec affection, je vous assure de mon rappel constant dans la prière et je donne à tous la Bénédiction apostolique, propitiatrice d'abondantes grâces divines.

       

Août



AUDIENCE DU PAPE JEAN PAUL II À DIVERS PÈLERINAGES JUBILAIRES

Samedi 5 août 2000




Très chers frères et soeurs!

A vous tous ici présents, j'adresse un salut cordial et je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui, premier samedi du mois d'août. La liturgie romaine célèbre la Dédicace de la basilique de Sainte-Marie-Majeure, premier temple de l'Occident chrétien portant le titre de la Mère de Dieu. Ma pensée se tourne vers Marie, Salut du Peuple romain, et je Lui confie chacune de vos intentions. Je voudrais en outre, Lui confier de façon spéciale la solennelle veillée de prière qui aura lieu dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. Il s'agit d'une importante rencontre de prière, qui a lieu sur la proposition et en communion avec le Patriarche oecuménique de Constantinople et l'Eglise orthodoxe, à la veille de la Fête de la Transfiguration du Seigneur. Puisse cette initiative providentielle favoriser le dialogue oecuménique et faire progresser le chemin oecuménique vers la pleine unité de tous les chrétiens.

Le Saint-Père s'est ensuite adressé aux divers groupes, successivement en anglais, en hollandais, et en italien: A l'Union maltaise du transport des malades à Lourdes

Je salue en particulier les malades de Malte, ainsi que leurs accompagnateurs et leurs compagnons, tandis qu'ils reviennent d'un pèlerinage à Lourdes. Chers amis, le message spirituel provenant de la grotte de Massabielle vous aidera certainement à vivre plus intensément encore l'Année jubilaire, qui est un temps privilégié de repentir et de "guérison" pour les hommes et les femmes, dans chaque dimension de leur vie. Je souhaite sincèrement que les difficultés et les épreuves n'affaiblissent pas votre témoignage chrétien, mais contribuent au contraire à le rendre plus puissant. Puisse le Seigneur soutenir ceux qui vous sont chers, ainsi que les médecins, les infirmières et les volontaires qui sont proches de vous.

Aux jeunes de la paroisse Saint-Antoine de Padoue à Blerick

Je salue, en outre, les jeunes de la paroisse Saint-Antoine de Padoue, à Blerick, dans le diocèse hollandais de Roermond et je vous souhaite, chers jeunes, de lire et de méditer chaque jour l'Evangile, sur le modèle de saint Antoine de Padoue, afin que vous deveniez toujours plus messagers de son amour.

A divers groupes de fidèles

Je salue également la Congrégation des Filles de Notre-Dame-du-Mont-Calvaire réunies ici et également les autres personnes et familles présentes. Que la Très Sainte Vierge Marie obtienne pour chacun de vous paix et sérénité, tandis que je donne volontiers à tous une Bénédiction apostolique particulière.

     
JEAN-PAUL II


PAROLES PRONONCÉES PAR LE SAINT-PÈRE EN LA SOLENNITÉ DE LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR

Dimanche 6 août 2000


  Nous nous apprêtons à célébrer la Messe en la solennité de la Transfiguration du Seigneur, portant dans notre coeur le souvenir toujours vivant du Serviteur de Dieu Paul VI, vingt-deux ans après son "exode" vers l'éternité.

La liturgie d'aujourd'hui nous invite à tourner le regard vers le Fils de Dieu qui, sur la montagne, comme s'accordent à le rapporter les Evangiles synoptiques, est transfiguré devant Pierre, Jacques et Jean, tandis que d'une nuée, la voix du Père proclame: "Celui-ci est mon fils bien-aimé; écoutez-le" (Mc 9,7). Saint Pierre, rappelant avec émotion l'événement, affirmera: nous avons "été témoins oculaires de sa majesté" (2P 1,16).

A l'époque actuelle, imprégnée de ce que l'on appelle la "civilisation de l'image", le désir de pouvoir contempler la figure du divin Maître se fait plus aigu, mais il est opportun de rappeler ces paroles: "Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru" (Jn 20,29). Ce fut précisément en regardant avec les yeux de la foi le visage adorable du Christ, vrai homme et vrai Dieu, que vécut le vénéré et inoubliable Paul VI. En le contemplant avec un amour ardent et passionné, il dit: "Le Christ est beauté: beauté humaine et divine, beauté de la réalité, de la vérité, de la vie" (Insegnamenti, IX/1971, 36). Et il ajoutait: "La figure du Christ présente, sans altérer l'enchantement de sa douceur miséricordieuse, également un aspect grave et fort, formidable, si vous voulez, contre la lâcheté, les hypocrisies, les injustices, les cruautés, mais jamais séparé d'une irradiation souveraine d'amour" (ibid., p. 56).

Tandis qu'avec un esprit reconnaissant, nous nous approchons de l'autel en priant pour l'âme bénie de ce grand Pontife, nous désirons, comme lui et comme les disciples, tourner nous aussi notre regard vers le visage radieux du Fils de Dieu pour en être illuminés. Nous demandons à Dieu, par l'intercession de Marie, Maître de foi et de contemplation, de pouvoir accueillir en nous la lumière qui brille sur le visage du Christ, afin d'en refléter l'image sur ceux qui s'approchent de nous.

Avec ces sentiments, nous commençons la Messe, invoquant avant tout la miséricorde du Seigneur.

    


AUDIENCE AUX DIVERS GROUPES DE PÈLERINS JUBILAIRES

Castel Gandolfo, samedi 12 août 2000




Très chers jeunes,

1. Dans l'itinéraire du Jubilé qui vous a conduits à Rome, aux Basiliques et aux lieux sacrés commémorant les Apôtres, vous avez voulu inclure la visite au Successeur de Pierre et vous êtes venus me rendre visite ici, à Castel Gandolfo.

Merci pour votre présence et soyez les bienvenus! Merci pour votre marque d'affection. Je souhaite de tout coeur que ce pèlerinage soit pour vous une occasion propice de renouveler votre adhésion profonde et convaincue au Seigneur. Le Christ a besoin d'esprits qui sachent témoigner au monde de la nouveauté radicale de son Evangile. Et moi, je vous invite à Lui ouvrir votre coeur avec un élan généreux afin que, après ce séjour romain, vous puissiez retourner dans vos maisons encore plus emplis de l'esprit apostolique, pour être de courageux missionnaires de la nouvelle évangélisation. En regardant votre existence, tournée vers le but de la sainteté, puissent les personnes que vous rencontrerez ressentir la joie d'être des disciples du Christ.

Ces jours-ci, la Liturgie nous présente les figures significatives des saints qui constituent pour nous un encouragement à suivre le Seigneur en toute fidélité. Je pense à sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, co-patronne d'Europe, moniale et martyre du siècle passé; je pense à saint Maximilien Kolbe, dont nous célébrerons la fête lundi prochain; je pense à saint Laurent, qui a fait de la diaconie le sens de son existence et à sainte Claire d'Assise, qui a vécu du mystère eucharistique. Que leur intercession, unie à celle des saints Pierre et Paul, vous soutienne et vous aide dans la foi et dans la charité, en oeuvrant pour le Royaume de Dieu là où la Providence vous a placés.

Aux volontaires

2. Je voudrais saluer avec une cordialité particulière les "Volontaires du Jubilé", déjà à l'oeuvre depuis quelques jours pour préparer le bon déroulement de la Journée mondiale de la Jeunesse. Il s'agit d'un événement tant attendu et sur lequel sont posés les regards de tous les croyants, car c'est aux jeunes générations qu'il revient de recueillir la flamme de la foi et de l'apporter aux jeunes de leur âge et à l'humanité du troisième millénaire.

Des représentants des volontaires sont ici, tandis que les autres se trouvent place Saint-Pierre, mais ils nous écoutent car ils sont reliés à nous par satellite. Ils ont pris part à la Messe présidée par le Cardinal-Vicaire et concluront la célébration de leur Jubilé en passant par la Porte Sainte. J'unis à ce souvenir les agents du Centre de Volontariat du Jubilé, qui coordonne les divers groupes de volontaires qui se sont mis à la disposition des pèlerins de l'Année Sainte.

Très chers amis, je vous salue avec affection et je vous suis reconnaissant pour la générosité avec laquelle vous avez assuré votre engagement. Que Dieu vous récompense pour la sollicitude et la disponibilité que vous manifestez dans le service que vous êtes appelés accomplir. Il vous est demandé d'aider les jeunes de votre âge et les pèlerins provenant de toutes les parties du monde à participer de façon ordonnée et bénéfique aux divers moments de la Journée mondiale de la Jeunesse. Aidez-les, notamment grâce à une organisation efficace, à rencontrer le Christ et à faire de cette rencontre internationale une expérience inoubliable, une expérience de jeunes, de la jeune Eglise. Aidez-les, en outre, à ressentir la beauté de se retrouver ensemble animés par des sentiments positifs pour jeter les bases d'une nouvelle humanité, inspirée par les valeurs de la fraternité et de la paix. Cette expérience s'exprime également à travers les variétés des couleurs. A travers les couleurs et également à travers les inscriptions que vous portez. Chacun possède une carte d'identité spécifique.

Aux dirigeants et aux collaborateurs de la "Sodexho"

3. J'exprime ma profonde satisfaction aux dirigeants et aux collaborateurs de la compagnie "Sodexho". Il s'agit d'une institution importante car elle s'occupe de la distribution des repas dans les cantines mises en place pour la Journée mondiale de la Jeunesse. Leur travail est rendu encore plus méritoire par le fait de renoncer à quelques jours de vacances pour rester à la disposition des participants à cette extraordinaire manifestation jubilaire et par le don de l'équivalent d'une heure de leur travail à destiner à la charité du Pape. Ainsi le Pape a gagné! J'adresse donc un remerciement très cordial pour votre sollicitude et pour votre générosité. Que Dieu vous récompense!

A l'Union des Femmes de Schönstatt

4. Chères soeurs de la "Schönstatt Frauenbund" (Union des Femmes de Schönstatt)! Au milieu de l'année sainte, à l'occasion du cinquantenaire de votre fondation, vous êtes venues à Rome pour puiser la force pour votre mission auprès des tombeaux des Apôtres Pierre et Paul. Ici, à Castel Gandolfo, je vous salue de tout coeur et je forme le voeu que vous puissiez renforcer votre pèlerinage dans la foi, l'espérance et la charité.

Au cours de cette rencontre, il me vient à l'esprit le témoignage et les actions qui ont formé la vie de l'Eglise et de la société. La force spirituelle de la femme consiste dans le fait que Dieu lui a en particulier confié la vie. Que cette conscience de votre vocation puisse vous rappeler la dignité que vous avez reçue de Dieu en tant que femmes. Le service à la vie fait de vous des femmes fortes et courageuses (cf. Pr Pr 34,10), un soutien solide pour ceux qui sont proches de vous. Remercions Dieu pour l'existence de femmes si méritoires! A travers l'intercession de la Vierge Marie, qui a pu servir la vie divine, je vous souhaite un séjour fécond dans la ville éternelle. Je vous donne volontiers, ainsi qu'à tous les membres de la "Schönstatt-Frauenbund" ma Bénédiction apostolique.


  JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE 2000


DISCOURS DU SAINT PÈRE JEAN PAUL II DURANT LA CÉRÉMONIE D'ACCUEIL

Saint Jean de Latran, 15 août 2000



1. "O Roma felix!" - "O heureuse Rome".


A travers cette exclamation, au cours des siècles, des foules d'innombrables pèlerins, avant vous, très chers jeunes, garçons et filles, réunis pour la XV Journée mondiale de la Jeunesse, se sont mis en route vers la ville de Rome pour s'agenouiller sur les tombeaux des Apôtres Pierre et Paul.

"O heureuse Rome!". Heureuse car consacrée par le témoignage et par le sang des Apôtres Pierre et Paul qui, aujourd'hui encore, comme deux "oliviers verdoyants" et deux "lampes allumées", nous indiquent, avec tous les autres saints et martyrs, Celui que nous sommes ici pour célébrer: le Verbe qui "s'est fait chair et il a habité parmi nous" (Jn 1,14), Jésus-Christ, le Fils de Dieu, preuve vivante de l'amour éternel du Père pour nous.

"O heureuse Rome!". Heureuse parce qu'aujourd'hui également, ce témoignage que tu conserves, est vivant et est offert au monde, il est offert en particulier au monde des nouvelles générations!


2. Je vous salue tous avec affection, garçons et filles, appartenant au diocèse de Rome et aux Eglises qui sont en Italie. Je salue le Cardinal Camillo Ruini, Vicaire de Rome et Président de la Conférence des Evêques italiens, et je lui suis reconnaissant pour les paroles qu'il m'a adressées. Je remercie également les deux jeunes Romains qui m'ont salué en votre nom à tous.

Je suis heureux de vous voir aussi nombreux et je félicite ceux d'entre vous qui ont collaboré pour faire en sorte que des jeunes garçons et filles provenant d'autres pays puissent également participer à cette rencontre exceptionnelle. Je connais la contribution des jeunes des différents diocèses à la préparation de ce moment d'"échange de bonheur". Dans cette Ville, qui conserve les tombeaux et la mémoire de ceux qui ont témoigné du Sauveur du monde, puisse chaque jeune rencontrer ces jours-ci Jésus, Celui qui connaît le secret du véritable bonheur, et l'a promis à ses amis à travers ces paroles: "Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète" (Jn 15,11).

Très chers amis, en ce moment si attendu et significatif, la première rencontre mondiale de la Jeunesse me revient naturellement à l'esprit, qui eu lieu précisément ici, devant la Cathédrale de Rome. C'est d'ici que nous partons aujourd'hui également pour vivre une nouvelle expérience au niveau mondial: il s'agit de la rencontre du début d'un nouveau siècle et d'un nouveau millénaire. Mon souhait est qu'il permette à votre coeur à tous de rencontrer le Christ vivant éternellement.


3. Jeunes romains, garçons et filles, fils de l'Eglise qui a pour Evêque le Successeur de Pierre et qui, comme l'écrivit saint Ignace d'Antioche, est appelée à "présider dans la charité" (Ad Romanos, Introd.), sentez-vous engagés ces jours-ci également à accueillir les autres jeunes réunis ici de toutes les régions du monde. Nouez avec eux des liens d'amitié cordiale. Rendez agréable leur séjour à Rome, en vous surpassant dans l'esprit de service, dans l'accueil amical, selon le style des amis de Jésus - Lazare, Marthe et Marie - qui souvent l'accueillaient chez eux. Avec les jeunes des douze diocèses limitrophes de Rome, ouvrez les portes de vos maisons aux pèlerins de cette Journée mondiale de la Jeunesse, devenue une ville accueillante, une maison amicale, afin qu'ici aussi, aujourd'hui, se réalise une rencontre entre amis: entre nous tous et le grand Ami, Jésus!


4. Chers jeunes pèlerins du troisième millénaire, vivez intensément cette Journée mondiale. A travers le contact avec tant de jeunes de votre âge qui comme vous veulent suivre le Christ, faites trésor des paroles qui vous seront adressées par les évêques, en accueillant la voix du Seigneur pour renforcer votre foi et en témoigner sans peur, sachant que vous êtes les héritiers d'un grand passé.

En inaugurant votre Jubilé, très chers jeunes, garçons et filles, je désire répéter les paroles à travers lesquelles j'ai commencé mon ministère d'Evêque de Rome et de Pasteur de l'Eglise universelle; je voudrais qu'elles guident votre séjour romain: "N'ayez pas peur! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ!". Ouvrez vos coeurs, vos vies, vos doutes, vos difficultés, vos joies et vos affections à sa force salvifique et laissez-le entrer dans vos coeurs. "N'ayez pas peur! Le Christ sait ce qu'il y a dans l'homme. Lui seul le sait!". C'est ce que je disais le 22 octobre 1978. Je le répète avec la même conviction aujourd'hui, en voyant resplendir dans vos yeux l'espérance de l'Eglise et du monde. Oui, laissez le Christ régner sur vos jeunes vies, servez-le avec amour. La liberté c'est servir le Christ!


5. Inaugurons ces journées sous le regard de la Très Sainte Vierge Marie, que nous contemplons aujourd'hui élevée au Ciel: que l'exemple de la jeune Vierge de Nazareth vous aide à dire "oui" au Seigneur qui frappe à votre porte et désire entrer et habiter parmi vous.

En répondant aux jeunes qui criaient "Vive le Pape", le Saint-Père a dit:

Voilà; vivre; le Pape vit depuis quatre-vingt ans et les jeunes le veulent toujours jeune. Comment faire? Merci pour cette catéchèse. Je forme des voeux pour que vous vous sentiez bien, ici, à Rome, que vous vous sentiez proches de la Madone "Salus Populi Romani", que vous vous sentiez sous sa protection maternelle. Voilà mon dernier souhait avant de rejoindre Saint-Pierre pour accueillir, également en votre nom, tous ceux qui sont arrivés à Rome de toutes les parties du monde pour célébrer et vivre, avec vous, le Jubilé des Jeunes.

  JEAN-PAUL II



SALUT DU SAINT-PÈRE LORS DU RITE DE L’ACCUEIL

Place Saint-Pierre, mardi 15 août 2000



Chers jeunes des quinzièmes Journées mondiales de la Jeunesse, chers Confrères dans le sacerdoce, et vous, religieuses, religieux et éducateurs qui les accompagnez, soyez les bienvenus à Rome ! Je remercie le Cardinal James Francis Stafford des paroles chaleureuses qu’il m’a adressées. Avec lui je salue le Cardinal Camillo Ruini, les autres Cardinaux, les Archevêques et Evêques présents. Je remercie également les deux jeunes qui ont fidèlement interprété vos sentiments à tous, chers amis qui êtes venus ici de tant de parties du monde.

Je vous accueille avec joie, après m’être arrêté devant la Basilique Saint-Jean de Latran, la cathédrale de Rome, pour saluer les jeunes Romains et Italiens. Ils se joignent à moi pour vous souhaiter la plus fraternelle et la plus chaleureuse bienvenue.

Vos visages évoquent pour moi, et me rendent présentes d’une certaine façon, les jeunes générations que j’ai eu la grâce de rencontrer en ces années de fin de millénaire au cours de mes voyages apostoliques à travers le monde. A chacun de vous, je dis: la paix soit avec toi !

La paix soit avec toi, jeune qui viens de l’Afrique:
d’Algérie,
d’Angola,
du Bénin,
du Burkina Faso,
du Burundi,
du Cameroun,
du Cap-Vert,
du Tchad,
du Congo,
de Côte-d’Ivoire,
d’Egypte,
d’Erythrée,
du Gabon,
de Gambie,
du Ghana,
de la République de Guinée,
de Djibouti,
de Guinée-Bissau,
du Kenya,
des Comores,
de l’Ile Maurice,
du Lesotho,
du Liberia,
de Libye,
de Madagascar,
du Malawi,
du Mali,
du Maroc,
du Mozambique,
de Namibie,
du Nigeria,
de la République Centrafricaine,
de la République démocratique du Congo,
du Rwanda,
du Sénégal,
des Seychelles,
de Sierra Leone,
de la République Sud-africaine,
du Soudan,
du Swaziland,
de Tanzanie,
du Togo,
d’Ouganda,
de Zambie,
du Zimbabwe.

La paix soit avec toi, jeune qui viens de l’Amérique:
des Antilles,
d’Argentine,
des Bahamas,
de Belize,
de Bolivie,
du Brésil,
du Canada,
du Chili,
de Colombie,
de Costa-Rica,
de Cuba,
de l’Equateur,
du Salvador,
du Guatemala,
d’Haïti,
du Honduras,
du Mexique,
du Nicaragua,
de Panama,
du Paraguay,
du Pérou,
de Porto-Rico,
de la République Dominicaine,
de Sainte-Lucie,
de Saint-Vincent,
des Etats-Unis d’Amérique,
du Surinam,
de l’Uruguay,
du Venezuela.

La paix soit avec toi, jeune qui viens de l’Asie:
de l’Arabie Saoudite,
d’Arménie,
de Bahreïn,
du Bangladesh,
du Cambodge,
de Corée du Sud,
des Emirats Arabes Unis,
des Philippines,
de Géorgie,
du Japon,
de Jordanie,
de Hong Kong,
de l’Inde,
d’Indonésie,
d’Irak,
d’Israël,
du Kazakhstan,
du Kirghizstan,
du Laos,
du Liban,
de Macao,
de Malaysia,
de Mongolie,
de Myanmar,
du Népal,
d’Oman,
du Pakistan,
du Qatar,
de Singapour,
de Syrie,
du Sri Lanka,
de Taiwan,
des Territoires de Palestine,
de Thaïlande,
de Timor est,
du Turkménistan,
d’Ouzbékistan,
et du Viêt-nam

La paix soit avec toi, jeune qui viens de l’Europe:
d’Albanie,
d’Autriche,
de Belgique,
de Biélorussie,
de Bosnie-Herzégovine,
de Bulgarie,
de Chypre,
de Croatie,
du Danemark,
d’Allemagne,
d’Angleterre,
d’Estonie,
de Finlande,
de France,
de Grèce,
d’Irlande,
d’Italie,
de Lettonie,
du Liechtenstein,
de Lituanie,
du Luxembourg,
de Macédoine,
de Malte,
de Moldavie,
des Pays-Bas,
de Norvège,
de Pologne,
du Portugal,
de la Principauté de Monaco,
de la République Tchèque,
de la République de Saint-Marin,
de Roumanie,
de Russie,
d’Ecosse,
de Slovaquie,
de Slovénie,
d’Espagne,
de Suisse,
de Suède,
de Turquie,
d’Ukraine,
de Hongrie,
de Yougoslavie.

La paix soit avec toi, jeune qui viens de l’Océanie:
d’Australie,
de Guam,
de Nouvelle-Zélande,
de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Je salue avec une affection particulière le groupe des jeunes qui viennent des pays où la haine, la violence, la guerre marquent encore de souffrance la vie de populations entières: grâce à votre solidarité à tous, il leur a été possible d’être ici ce soir. Je leur dis, en votre nom aussi, la proximité fraternelle de notre assemblée; avec vous, je demande pour eux et pour leurs peuples des jours de paix dans la justice et dans la liberté.

Ma pensée se tourne enfin vers les jeunes d’autres Eglises et Communautés ecclésiales qui sont ici ce soir avec quelques-uns de leurs Pasteurs: puissent les Journées mondiales être une nouvelle occasion de connaissance mutuelle et de prière commune à l’Esprit Saint pour implorer le don de la pleine unité de tous les chrétiens !

Chers amis des cinq continents, je suis heureux de commencer solennellement avec vous ce soir le Jubilé des Jeunes. Vous qui êtes pèlerins sur les pas des Apôtres, imitez leur foi !

Jésus Christ est le même hier, aujourd’hui, à jamais !
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Chers amis qui avez parcouru, avec toutes sortes de moyens, tant de kilomètres pour venir ici à Rome, aux tombeaux des Apôtres, permettez-moi de commencer ma rencontre avec vous en vous posant une question : qu’êtes-vous venus chercher ? Vous êtes ici pour célébrer votre Jubilé, le Jubilé de l’Eglise jeune. Votre voyage n’est pas un voyage quelconque : si vous vous êtes mis en route, ce n’est pas seulement pour des motifs de distraction ou de culture. Alors laissez-moi vous répéter ma question : qu’êtes-vous venus chercher ? Ou mieux, qui êtes-vous venus chercher ?

Il ne peut y avoir qu’une seule réponse : vous êtes venus chercher Jésus Christ ! Mais Jésus Christ qui, le premier, vient vous chercher. En effet, célébrer le Jubilé n’a pas d’autre sens que de célébrer et de rencontrer Jésus Christ, le Verbe qui s’est fait chair et qui est venu habiter parmi nous.

Les paroles du Prologue de saint Jean, qui viennent d’être proclamées, sont en un sens sa «carte de présentation». Elles nous invitent à fixer notre regard sur son mystère. Ces paroles sont un message particulier adressé à vous-mêmes, chers jeunes : «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu» (Jn 1,1-2).

En nous désignant le Verbe consubstantiel au Père, le Verbe éternel engendré comme Dieu par Dieu, et comme lumière par la lumière, l’Évangéliste nous mène au coeur de la vie divine, mais aussi à la source du monde : ce Verbe se trouve en effet au commencement de toute la création : «Par lui, tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui» (Jn 1,3). Avant de devenir réalité, tout le monde créé fut pensé par Dieu et voulu par lui dans un dessein éternel d’amour. Si donc nous observons le monde en profondeur, en nous laissant émerveiller par la sagesse et par la beauté que Dieu y a prodiguées, nous pouvons déjà trouver en lui un reflet du Verbe que la révélation biblique nous dévoile en plénitude dans le visage de Jésus de Nazareth. D’une certaine manière, la création est une première «révélation» de lui.

L’annonce du Prologue continue ainsi : «En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée» (Jn 1,4-5). Pour l’Evangéliste, la vie est la lumière, et la mort - l’opposé de la vie - constitue les ténèbres. Par le Verbe, toute vie est née sur la terre, et dans le Verbe elle trouve son accomplissement définitif.

En identifiant la vie à la lumière, Jean pense également à cette vie particulière qui ne consiste pas seulement dans les fonctions biologiques de l’organisme humain mais qui est puisée dans la participation à la vie même du Christ. L’Evangéliste dit : «Le Verbe était la vraie lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde» (Jn 1,9). Cette illumination a été accordée à l’humanité la nuit de Bethléem, quand le Verbe éternel du Père a pris corps de la Vierge Marie, s’est fait Homme et est né dans ce monde. Depuis lors, tout homme qui participe par la foi au mystère de cet événement fait dans une certaine mesure l’expérience de cette illumination.

Le Christ lui-même, se présentant comme la lumière du monde, dira un jour : «Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière : vous serez alors des hommes de lumière» (Jn 12,36). C’est une exhortation que les disciples du Christ se transmettent de génération en génération, cherchant à la mettre en pratique dans la vie de tous les jours. En référence à cette exhortation, saint Paul écrira : «Vivez comme des fils de la lumière; or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité» (Ep 5,8-9).

Le coeur du Prologue de Jean est l’annonce que «le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous» (Jn 1,14). Un peu avant, l’Evangéliste avait déclaré : «Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont par reçu. Mais tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu» (Jn 1,11-12). Chers amis, êtes-vous parmi ceux qui ont reçu le Christ ? Votre présence ici est déjà une réponse. Vous êtes venus à Rome, en ce Jubilé du deux millième anniversaire de la naissance du Christ, pour recevoir en vous la puissance de vie qui est en lui. Vous êtes venus pour redécouvrir la vérité sur la création et pour être à nouveau émerveillés par la beauté et la richesse du monde créé. Vous êtes venus pour renouveler en vous la conscience de la dignité de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

«Et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité» (Jn 1,14). Un philosophe contemporain a souligné l’importance de la mort dans la vie humaine, jusqu’à affirmer que l’homme est «un être pour la mort». Au contraire, l’Evangile met en évidence que l’homme est un être pour la vie. L’homme est appelé par Dieu à participer à la vie divine. L’homme est un être appelé à la gloire.

Ces journées que vous passerez ensemble à Rome dans le cadre des Journées mondiales des Jeunes devront aider chacun d’entre vous à voir plus clairement la gloire qui est propre au Fils de Dieu et à laquelle nous avons été appelés en lui par le Père. C’est pourquoi il faut que croisse et que s’affermisse votre foi dans le Christ.

C’est de cette foi que je désire témoigner devant vous, mes jeunes amis, sur le tombeau de l’Apôtre Pierre, auquel le Seigneur a voulu que je succède comme Evêque de Rome. Aujourd’hui, je désire avant tout vous dire que je crois fermement dans le Christ Jésus notre Seigneur. Oui, je crois, et je fais miennes les paroles de l’Apôtre Paul : «Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi» (Ga 2,20).

Je me rappelle que dès mon enfance, dans ma famille, j’ai appris à prier Dieu et à me confier à lui. Je me rappelle l'atmosphère de ma paroisse à Wadowice et de celle de Saint-Stanislas Kostka, à Debniki à Cracovie, dans lesquelles j'ai reçu la formation fondamentale à la vie chrétienne. Par ailleurs, je ne peux pas oublier l'expérience de la guerre ni les années de travail en usine. La maturation définitive de ma vocation sacerdotale a eu lieu dans la période de la seconde guerre mondiale, pendant l’occupation de la Pologne. La tragédie de la guerre a donné une coloration particulière au processus de maturation de mon choix de vie. Dans ce contexte, une lumière se manifestait de plus en plus clairement en moi : le Seigneur veut que je devienne prêtre ! Je me souviens avec émotion de ce moment de ma vie où, le matin du premier novembre 1946, j’ai reçu l’ordination sacerdotale.

Mon Credo continue dans mon service actuel de l’Eglise. Lorsque, le 16 octobre 1978, après l’élection au Siège de Pierre, me fut adressée la demande : «Acceptes-tu?», j’ai répondu : «Obéissant, dans la foi, au Christ, mon Seigneur, mettant ma confiance en la Mère du Christ et de l’Eglise, et malgré les difficultés si grandes, j’accepte» (cf. encycl. Redemptor hominis RH 2). Depuis lors, je m’efforce d’accomplir ma tâche en puisant chaque jour lumière et force dans la foi qui me lie au Christ.

Mais ma foi, comme celle de Pierre et comme celle de chacun de vous, n’est pas seulement mon oeuvre, ma propre adhésion à la vérité du Christ et de l’Eglise. Elle est essentiellement et avant tout l’oeuvre de l’Esprit Saint, le don de sa grâce. Le Seigneur me donne, comme il vous donne, son Esprit pour nous faire dire «Je crois», se servant ensuite de nous pour témoigner de lui en tout lieu de la terre.

Cher amis, pourquoi ai-je voulu, dès le début de votre Jubilé, vous apporter ce témoignage personnel ? Je l’ai fait pour montrer que le chemin de la foi passe à travers tout ce que nous vivons. Dieu agit dans l’histoire concrète et personnelle de chacun de nous : à travers elle, parfois de manière vraiment mystérieuse, se présente à nous le Verbe «fait chair», venu habiter parmi nous.

Chers jeunes, garçons et filles, ne permettez pas que le temps que le Seigneur vous donne s’écoule comme si tout était un hasard. Saint Jean nous a dit que toute chose a été faite dans le Christ. Croyez donc fermement en lui. Il guide l’histoire des personnes comme celle de l’humanité. Bien entendu, le Christ respecte notre liberté, mais dans toutes les vicissitudes joyeuses ou amères de la vie, il ne cesse de nous demander de croire en lui, de croire en sa Parole, en la réalité de l’Eglise, en la vie éternelle.

Vous ne devez donc jamais penser qu’à ses yeux vous êtes des inconnus, des numéros d’une foule anonyme. Chacun de vous est précieux pour le Christ, chacun est connu personnellement, est aimé tendrement, même quand il ne s’en rend pas compte.

 Chers amis, vous qui vous élancez avec toute l’ardeur de votre jeunesse vers le troisième millénaire, vivez intensément l’occasion que vous offrent les Journées mondiales de la Jeunesse en cette Eglise de Rome, qui est aujourd’hui plus que jamais votre Eglise. Laissez-vous modeler par l’Esprit Saint. Faites l’expérience de la prière, laissant l’Esprit parler à votre coeur ! Prier, cela veut dire consacrer un peu de son temps au Christ, se confier à lui, rester à l’écoute silencieuse de sa Parole, la faire résonner dans son coeur.

Ces jours-ci, comme si c’était une grande semaine de retraite, réservez-vous des moments de silence, de prière, de recueillement. Demandez à l’Esprit Saint d’éclairer vos esprits, demandez-lui le don d’une foi vive, qui donne pour toujours un sens à votre vie en l’enracinant dans la personne de Jésus, le Verbe fait chair.

Puisse la Vierge Marie, qui par l’Esprit Saint a donné naissance au Christ, Marie Salus Populi Romani et Mère de tous les peuples, et puissent les saints Pierre et Paul, ainsi que tous les autres saints et martyrs de cette Eglise et de vos Eglises, soutenir votre marche !




Discours 2000 -   MESSAGE POUR LES 500 ANS DU PÈLERINAGE À ROME DES FIDÈLES DE NAPLES ACCOMPAGNANT L'ICÔNE DE LA «VIERGE NOIRE»