Discours 2000 - Dimanche, 26 mars 2000


  Eminence,
Excellence,
Eminentes Autorités musulmanes,

Je désire vous exprimer mes remerciements en votre qualité de Président du Comité suprême islamique, de m'avoir accueilli au "Haram al-Sharif", lié au souvenir d'Abraham, qui pour tous les croyants est un modèle de foi et de soumission à Dieu tout-puissant.

Ma visite, comme vous le savez, est essentiellement un pèlerinage religieux et spirituel. Le pèlerinage dans les lieux sacrés est une caractéristique commune à de nombreuses traditions religieuses, en particulier aux trois religions abrahamiques. Je remercie Dieu honoré par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Jérusalem est la Ville Sainte par excellence. Elle fait partie du patrimoine commun de nos religions et de toute l'humanité.

Puisse Dieu tout-puissant accorder la paix à toute cette région bien-aimée, afin que tous les peuples qui l'habitent puissent jouir de leurs droits, vivre en harmonie et collaborer et témoigner du Dieu unique à travers des actes de bonté et de solidarité humaine! Merci à tous!


PRIÈRE DU PAPE JEAN PAUL II AU MUR OCCIDENTAL DE JÉRUSALEM

Dieu de nos pères,
tu as choisi Abraham et sa descendance
pour que ton Nom soit apporté aux peuples:
nous sommes profondément attristés
par le comportement de ceux qui,
au cours de l'histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils,
et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager
à vivre une fraternité authentique
avec le peuple de l'alliance.

R. Amen.

Dimanche, 26 mars 2000

IOANNES PAULUS PP. II


RENCONTRE AVEC LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE ORTHODOXE DE JÉRUSALEM

Dimanche, 26 mars 2000


  Votre Béatitude,

C'est pour moi un grand plaisir de vous rendre visite dans votre résidence après avoir eu la joie de vous rencontrer à Rome à l'occasion de la visite mémorable de Sa Sainteté Karékine I en décembre 1996. Je répète de tout coeur les paroles que j'adressai alors au Patriarche catholique de tous les Arméniens: "Puissent la grâce et la cordialité de notre rencontre devenir comme "une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour commence à poindre et que l'astre du matin se lève dans vos coeurs" (cf. 2P 1,19)".

Notre rencontre d'aujourd'hui constitue un pas ultérieur que le Seigneur nous a accordé pour le renforcement des liens entre l'Eglise catholique et l'Eglise apostolique arménienne. En cette Année jubilaire, lorsque nous prions plus intensément afin que le Seigneur nous accorde le don de l'unité, puisse notre amitié être comme une prière qui monte vers Dieu comme de l'encens, comme le parfum du sacrifice du soir offert sur la Croix par son Fils préféré!

Votre Béatitude, en visitant votre maison, je me sens comme un frère parmi ses frères qui cherchent ensemble à construire l'Eglise du Christ. Je vous remercie pour votre accueil cordial et je demande au Seigneur ressuscité de vous accorder, ainsi qu'à tout le clergé et aux fidèles de l'Eglise apostolique arménienne de Terre Sainte, ses dons de prospérité, de joie et de paix.


A L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA COMMISSION PONTIFICALE POUR LES BIENS CULTURELS DE L'EGLISE

Vendredi, 31 mars 2000


Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux d'accueillir chacun de vous, membres de la Commission pontificale pour les Biens culturels de l'Eglise, réunis ces jours derniers en Assemblée plénière. Je vous salue avec affection!

Je salue, en particulier, Mgr Francesco Marchisano, et je le remercie des paroles courtoises avec lesquelles il a voulu présenter les activités et les projets de la Commission, rappelant entre autres le Jubilé des Artistes. Ce dernier, au cours de sa préparation, a pu compter sur l'engagement actif de ce dicastère et le succès de sa célébration m'a procuré une grande joie. Avec les nombreux artistes présents dans la basilique Saint-Pierre, j'ai pu, d'une certaine façon, poursuivre de vive voix le dialogue que j'avais commencé dans la Lettre aux Artistes.

2. Votre Assemblée plénière, qui a choisi pour thème "Les biens culturels dans le contexte de la nouvelle évangélisation", s'inscrit bien elle aussi dans l'horizon du grand Jubilé, se plaçant en harmonie avec sa finalité première, qui est l'annonce renouvelée du Christ deux mille ans après sa naissance.

Dans les travaux de votre assemblée, sur la base de l'engagement profond dont a fait preuve votre Commission ces dernières années, vous avez tout d'abord cherché à définir le concept de "bien culturel" selon la mens de l'Eglise; vous avez ensuite concentré votre attention sur le vaste patrimoine historique et artistique existant, évaluant la situation de protection et de conservation en vue de sa valorisation pastorale; vous vous êtes également occupés de la formation des agents, en établissant des contacts opportuns avec les artistes des diverses disciplines.

Le chemin louable entrepris doit être poursuivi, et je voudrais aujourd'hui vous encourager à ne pas épargner vos efforts pour faire en sorte que les témoignages de culture et d'art confiés aux soins de l'Eglise soient toujours mieux valorisés au service du progrès humain authentique et de la diffusion de l'Evangile.

3. En effet, le patrimoine culturel dans ses multiples expressions - des églises aux monuments les plus divers, des musées aux archives et aux bibliothèques - constitue une composante très importante dans la mission évangélisatrice et de promotion humaine qui est propre à l'Eglise.

L'art chrétien en particulier, un "bien culturel" extrêmement significatif, continue à rendre un service singulier en communiquant avec une efficacité extraordinaire, à travers la beauté des formes sensibles, l'histoire de l'alliance entre Dieu et l'homme et la richesse du message révélé. Au cours des deux millénaires de l'ère chrétienne, il a représenté la manifestation merveilleuse de l'ardeur de nombreux confesseurs de la foi; il a exprimé la conscience de la présence de Dieu parmi les croyants; il a soutenu la louange que, de tous les lieux de la terre, l'Eglise élève au Seigneur. Les biens culturels se révèlent comme des documents qualifiés des divers moments de cette grande histoire spirituelle.

En outre, l'Eglise, qui est experte en humanité, utilise le patrimoine artistique pour la promotion d'un humanisme authentique, modelé sur le Christ, homme "nouveau" et révélateur de l'homme à lui-même (cf. Gaudium et spes GS 22). C'est pourquoi on ne doit pas s'étonner si les Eglises particulières s'engagent à promouvoir la conservation de leur propre patrimoine artistique et culturel à travers des interventions ordinaires et extraordinaires qui en permettent la pleine valorisation.

4. L'Eglise n'est pas seulement la gardienne de son passé: elle est surtout l'animatrice du présent de la communauté humaine, en vue de l'édification de son avenir. C'est pourquoi elle accroît sans cesse son patrimoine de biens culturels pour répondre aux exigences de chaque époque et culture, et elle se soucie ensuite de transmettre ce qui a été réalisé aux générations successives, afin qu'elles aussi puissent se désaltérer au grand fleuve de la traditio Ecclesiae.

C'est précisément dans cette perspective qu'il est nécessaire que les multiples expressions de l'art sacré se développent en harmonie avec la mens de l'Eglise et au service de sa mission, en utilisant un langage capable d'annoncer à tous le Royaume de Dieu.

En formulant leurs projets pastoraux, les Eglises locales ne manqueront donc pas d'utiliser de façon adaptée leurs propres biens culturels. En effet, ceux-ci possèdent une singulière capacité d'inciter les personnes à une plus vive perception des valeurs de l'esprit et, en témoignant de diverses façons de la présence de Dieu dans l'histoire des hommes et dans la vie de l'Eglise, disposent les âmes à l'accueil de la nouveauté évangélique. En outre, à travers la présentation de la beauté qui possède, de par sa nature, un langage universel, l'Eglise est assurément assistée dans sa tâche de rencontrer tous les hommes dans un climat de respect et de tolérance réciproque, selon l'esprit de l'oecuménisme et du dialogue interreligieux.

5. La nouvelle évangélisation postule un engagement renouvelé dans le culte liturgique, dans lequel se trouve également une riche source d'instruction pour le peuple fidèle (cf. Sacrosanctum concilium SC 33). Comme on le sait, le culte a toujours trouvé dans l'art un allié naturel, si bien que les monuments d'art sacré associent également à leur valeur esthétique intrinsèque la valeur catéchétique et culturelle. Il faut donc les valoriser en tenant compte de leur habitat liturgique, en conjuguant le respect de l'histoire et l'attention aux exigences actuelles de la communauté chrétienne, et en faisant en sorte que le patrimoine historique et artistique au service de la liturgie ne perde rien de sa propre éloquence.

6. En outre, il sera nécessaire que l'on continue à promouvoir la culture de la protection juridique d'un tel patrimoine auprès des diverses réalités ecclésiales et des organismes civils, en oeuvrant en esprit de collaboration avec les divers organismes d'Etat, et en poursuivant les contacts avec le personnel attaché à la gestion du patrimoine artistique ainsi qu'avec les artistes des diverses disciplines. Dans ce sens, le dialogue avec les Associations pour la protection, la conservation et la valorisation des biens culturels, ainsi qu'avec les groupes de volontariat sera très bénéfique.

Il revient en particulier à votre institution d'inviter tous ceux qui sont directement ou indirectement concernés dans ce domaine à sentire cum Ecclesia, afin que chacun puisse transformer sa propre action spécifique en aide précieuse pour la mission évangélisatrice de l'Eglise.

7. Très chers frères et soeurs! Merci de tout coeur pour votre travail et pour votre contribution offerte pour conserver et valoriser pleinement le patrimoine artistique de l'Eglise. Je souhaite de tout coeur qu'il puisse devenir un moyen toujours plus efficace pour rapprocher ceux qui sont éloignés du message évangélique et pour faire croître dans le peuple chrétien l'amour pour la beauté qui ouvre l'esprit au vrai et au bien.

J'invoque sur votre engagement la protection de Marie, et je vous assure bien volontiers pour chacune de vos intentions de mon souvenir dans le Seigneur. Je vous bénis de tout coeur, ainsi que ceux qui ont collaboré généreusement avec vous.


 Avril



MESSAGE AU CARDINAL WILLIAM BAUM À L'OCCASION DU COURS ANNUEL SUR LE FOR INTERNE


  A mon Vénéré Frère
le Cardinal William W. Baum
Pénitencier Majeur

1. Monsieur le Cardinal, c'est avec une louable sollicitude que, cette année également, vous avez organisé le Cours habituel sur le for interne, pour les candidats qui seront prochainement ordonnés prêtres et les prêtres récemment ordonnés, tout en réservant également un accueil cordial aux prêtres mûrs et experts dans leur ministère.

Je désire vous exprimer ma satisfaction pour cette initiative, qui revêt une signification particulière en l'Année jubilaire: en effet, il s'agit essentiellement de l'Année du grand retour et du grand pardon, et, comme je l'ai souligné dans la Bulle d'indiction Incarnationis mysterium, le sacrement de la Pénitence joue un rôle primordial pour cette effusion de la miséricorde divine. Par ailleurs, le for interne porte tout d'abord sur ce sacrement et, en général, sur les contenus de la conscience, qui, d'habitude, sont manifestés avec confiance à l'Eglise en liaison avec le sacrement de la Pénitence.

Je saisis volontiers cette occasion pour exprimer également ma satisfaction aux prélats et aux membres de la Pénitencerie apostolique, dont le travail précieux est consacré de façon institutionnelle à des matières concernant le for interne. J'exprime également ma considération reconnaissante aux Pères pénitenciers des Basiliques patriarcales de l'Urbs, qui en vertu de leur mission, soulignée et exaltée en cette Année Sainte, vivent leur sacerdoce dans un engagement permanent pour la pastorale de la Réconciliation. Enfin, j'adresse un salut particulièrement affectueux aux jeunes prêtres et aux candidats au sacerdoce, qui, profitant de l'initiative providentielle de la Pénitencerie apostolique, se sont préparés au cours de ces journées à un exercice fructueux de leur future mission.

2. Mon intention est que le remerciement et l'exhortation, ici exprimés, parviennent à tous les prêtres du monde, les encourageant et les soutenant dans l'oeuvre consacrée au salut des frères à travers le ministère de la confession, qui est l'une des expressions les plus significatives de leur sacerdoce.

Notre Seigneur Jésus-Christ nous a rachetés à travers le Mystère pascal, dont le moment du sacrifice sanglant constitue, pour ainsi dire, le coeur. Le prêtre, en tant que ministre du pardon dans le sacrement de la Pénitence, agit in persona Christi: comment pourrait-il ne pas se sentir engagé à prendre part, dans toute sa vie, à l'attitude de sacrifice du Christ? Cette perspective, restant toujours en vigueur la valeur des sacrements ex opere operato - indépendamment, donc, de la sainteté ou de la dignité du ministre - lui ouvre une immense richesse ascétique, lui offrant les motifs suprêmes pour lesquels il doit, précisément pour l'exercice et dans l'exercice de ses tâches sacramentelles, être saint, et tirer de l'exercice même du ministère des encouragements et des occasions de sanctification supplémentaires. OEuvre divine, la rémission des péchés doit donc être accomplie avec des dispositions spirituelles si élevées que l'on peut affirmer que ce ministère sublime, pour autant que cela soit possible aux limites humaines, est accompli digne Deo. Cela ne manquera pas d'accroître la confiance des fidèles. L'annonce de la vérité, en particulier dans le domaine moral et spirituel, est en effet d'autant plus crédible que celui qui la proclame en est non seulement le maître de façon académique, mais tout d'abord existentiellement le témoin.

Par ailleurs, les pénitents eux-mêmes ne pourront manquer de tirer de la considération de la connotation oblative essentielle, que le Sacrement rappelle, un engagement stimulant à répondre à la miséricorde du Seigneur par une sainteté de vie qui les unira toujours plus intimement à Celui qui s'est fait Victime pour notre salut.

3. Si le mystère pascal est une réalité de mort - aspect sacrificiel -, il a été décidé par Dieu uniquement en vue de la vie de la Résurrection. Le sacrement de la Pénitence - assimilation à Jésus mort et ressuscité - apporte également avec lui la restitution de la vie surnaturelle de grâce, ou encore l'accroissement de celle-ci lorsqu'il s'agit seulement de péchés véniels. C'est pourquoi le mystère de ce sacrement ne peut être compris pleinement que dans la perspective de la parabole du Fils prodigue: "Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé" (Lc 15,32).

4. Le ministre du sacrement de la Pénitence est maître, témoin, et, avec le Père, il est père de la vie divine restituée et vouée à la plénitude. Son magistère est celui de l'Eglise, car, agissant in persona Christi, il ne s'annonce pas lui-même, mais Jésus-Christ: "Car ce n'est pas nous que nous prêchons, mais le Christ Jésus, Seigneur; nous ne sommes, nous, que vos serviteurs, à cause de Jésus" (2Co 4,5).

Son témoignage est confié à l'humilité des vertus pratiquées et non affichées: "Quand donc tu fais l'aumône, ne vas pas le claironner devant toi [...] quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret" (Mt 6,2 Mt 6,6). Son don de la vie de grâce répond au précepte de Jésus aux Apôtres lors de leur première mission: "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement" (Mt 10,8).

5. Dans la Réconciliation sacramentelle, le pardon de Dieu est source de renaissance spirituelle et principe efficace de sanctification, jusqu'au sommet de la perfection chrétienne.

Le sacrement de la Réconciliation, s'il est reçu par le pécheur repenti selon les conditions requises, ne lui confère pas seulement objectivement le pardon de Dieu, mais lui donne également, en vertu de l'amour miséricordieux du Père, des grâces spéciales, qui l'aident à surmonter les tentations, à éviter les rechutes dans les péchés dont il s'est repenti, et à accomplir, dans une certaine mesure, une expérience personnelle de ce pardon. C'est dans ce sens qu'il existe un lien intime entre le sacrement de la Pénitence et celui de l'Eucharistie, dans lequel, avec le souvenir de la Passion de Jésus, "mens impletur gratia et futurae gloriae nobis pignus datur".

De façon concrète, en fidélité au dessein salvifique de Dieu, comme Il a de fait voulu le réaliser, "il faut surmonter la tendance, assez diffusée, à refuser toute médiation salvifique, en plaçant l'individu pécheur en contact direct avec Dieu" (Audience aux évêques portugais en visite "ad limina", 30 novembre 1999). Ainsi, "puisse l'un des fruits du grand Jubilé de l'Année 2000 être le retour général des fidèles chrétiens à la pratique sacramentelle de la Confession" (ibid.).

6. L'amour miséricordieux de Dieu, qui invite au retour et qui est prêt au pardon, n'a pas de limites de temps, ni de lieu. A travers le ministère de l'Eglise est toujours disponible pour le monde entier, et non seulement pour Jérusalem comme dans la prophétie de Zacharie, "une fontaine ouverte pour laver péché et souillure" (Za 13,1), dont se répandra sur tous "un esprit de grâce et de supplication" (Za 12,10).

La charité de Dieu, bien qu'elle ne soit pas limitée dans le temps et dans l'espace, resplendit de façon très particulière au cours de l'Année jubilaire: au don fondamental de la restitution de la Grâce, obtenue de façon ordinaire à travers le sacrement de la Pénitence, et à la rémission conséquente de la peine de l'enfer, le Seigneur dives in misericordia, unit également, à travers le ministère de l'Eglise, la rémission de la peine temporelle avec le don des indulgences, si elles sont bien sûr obtenues selon les dispositions requises de sainteté ou tout au moins de tendance à la sainteté. Les indulgences, donc, "loin d'être une sorte de "réduction" de l'engagement de conversion, sont plutôt un soutien pour un engament plus rapide, généreux et radical" (Audience générale, 29 septembre 1999, cf. ORLF n. 40 du 5 octobre 1999). En effet, l'indulgence plénière exige le détachement complet du péché, le recours aux sacrements de la Pénitence et de l'Eucharistie, dans la communion hiérarchique avec l'Eglise, exprimée à travers la prière selon les intentions du Souverain Pontife.

7. J'exhorte vivement les prêtres à éduquer les fidèles, grâce à une catéchèse approfondie et appropriée, afin qu'ils profitent du grand bien des indulgences, selon l'esprit et l'âme de l'Eglise. Pour ce faire, les prêtres confesseurs pourraient de façon utile assigner à leurs pénitents, comme pénitence sacramentelle, des pratiques d'indulgences, restant saufs les critères de juste proportion avec les fautes confessées.

Ne serait-ce qu'en raison du ministère du pardon que le Seigneur lui a confié, la mission du prêtre mériterait déjà d'être vécue en plénitude: le salut des frères ne peut être pour lui qu'un motif de joie profonde de l'esprit.

Avec cette certitude, j'élève ma prière au Seigneur miséricordieux pour tous les membres de la Pénitencerie apostolique, pour les Pères pénitenciers et pour les jeunes qui se préparent à leur avenir sacerdotal, afin qu'il leur accorde une pleine générosité lorsqu'ils s'offriront au service des âmes dans l'intimité du colloque pénitentiel: en effet, c'est en particulier à ce moment que le prêtre est le "coopérateur de Dieu" pour la construction de l'"édifice de Dieu" (cf. 1Co 3,9).

En gage d'abondantes faveurs célestes, je vous envoie, Monsieur le Cardinal, ainsi qu'à vos collaborateurs, aux Pères pénitenciers et à tous les participants au cours sur le for interne, une Bénédiction apostolique spéciale.

Du Vatican, le 1 avril 2000




AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL SUR LE THÈME: "LE FOETUS EN TANT QUE PATIENT"

Lundi, 3 Avril 2000


  Mesdames et Messieurs,

1. Je suis heureux d'avoir la possibilité de vous accueillir au Vatican à l'occasion de votre Congrès international. Je remercie le Professeur Cosmi pour les aimables paroles qu'il a prononcées en votre nom à tous, et je vous assure de l'intérêt avec lequel le Saint-Siège suit les développements dans votre domaine professionnel.

Permettez-moi tout d'abord de vous dire combien je suis heureux du choix du thème de ce Congrès: "Le foetus en tant que patient". En se concentrant sur le foetus comme sujet d'intervention et de thérapie médicales, votre Congrès considère le foetus dans sa pleine dignité, une dignité que l'enfant à naître possède dès sa conception.

2. Durant les dernières décennies, au cours desquelles la perception de l'humanité du foetus a fait l'objet d'attaques ou a été déformée par des conceptions réductrices de la personne humaine et par des lois introduisant des étapes qualitatives privées de tout fondement scientifique dans le développement de la vie conçue, l'Eglise a affirmé et défendu à plusieurs reprises la dignité humaine du foetus. Par cela, nous voulons dire que: "L'être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment, on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être innocent à la vie" (Instruction Donum vitae, I, 1; cf. Lettre Encyclique Evangelium vitae EV 60).

3. Les thérapies embryonnaires qui apparaissent dans les domaines de la médecine, de la chirurgie et de la génétique offrent de nouveaux espoirs de sauver les vies de ceux qui souffrent de maladies incurables ou très difficiles à traiter après la naissance. Elles confirment donc l'enseignement que l'Eglise a soutenu sur la base de la philosophie et de la théologie. En effet, la foi ne diminue pas la valeur et la validité de la raison; au contraire, la foi soutient et illumine la raison, en particulier lorsque la faiblesse humaine ou les influences psychologiques et sociales négatives amoindrissent sa perspicacité.

C'est pourquoi, dans votre travail, qui devrait toujours être fondé sur la vérité scientifique et éthique, vous êtes appelés à réfléchir sérieusement sur certaines propositions et pratiques qui dérivent des technologies de procréation artificielle. Dans ma Lettre Encyclique Evangelium vitae, j'ai souligné que les diverses techniques de reproduction artificielle, apparemment au service de la vie, ouvrent en réalité la porte à de nouvelles attaques contre la vie. Mis à part le fait qu'elles sont moralement inacceptables, parce qu'elles séparent la procréation du contexte intégralement humain de l'acte conjugal, ces techniques enregistrent de hauts pourcentages d'échec, non seulement en ce qui concerne la fécondation, mais aussi le développement ultérieur de l'embryon, exposé au risque de mort dans des délais généralement très brefs" (cf. Evangelium vitae EV 14).

4. Un cas de gravité morale particulière qui dérive souvent de ces procédures illicites est ce que l'on appelle la "réduction embryonnaire" ou l'élimination de certains foetus lorsque des conceptions multiples ont lieu au même moment. Une telle procédure est gravement illicite lorsque des conceptions multiples ont lieu dans le cours normal des relations conjugales, mais elle est doublement répréhensible lorsqu'elle est le résultat d'une procréation artificielle.

Ceux qui ont recours aux méthodes artificielles doivent être tenus responsables de la conception illicite, et dans tous les cas, quel que soit le mode de conception - une fois qu'il a eu lieu -, l'enfant conçu doit être absolument respecté. La vie du foetus doit être protégée, défendue et nourrie dans le sein de la mère en vertu de sa dignité inhérente, une dignité qui appartient à l'embryon et qui ne peut être conférée ou accordée par d'autres, qu'il s'agisse des parents génétiques, du personnel médical ou de l'Etat.

5. Eminents invités, vous êtes spécialisés dans l'accompagnement du début merveilleux et délicat de la vie humaine dans le sein de la mère. C'est pourquoi vous savez mieux que quiconque que l'enseignement moral catholique peut renforcer et soutenir une éthique naturelle, fondée sur le caractère inviolable de toute vie humaine. L'enseignement moral catholique apporte une lumière utile sur les questions liées au processus délicat du début de la vie, si plein d'espoir et si riche de promesses pour la vie future, et qui est un domaine désormais mûr pour les découvertes merveilleuses de la science médicale. Je suis certain que votre travail sera toujours inspiré par une claire reconnaissance de la dignité propre à chaque être humain, chacun d'entre eux étant un don incomparable de l'amour créatif de Dieu.

Aujourd'hui, je désire saluer vos découvertes scientifiques et les façons dont vous les appliquez pour protéger la vie et la santé de l'enfant à naître. J'invoque sur vous et sur votre travail l'aide infaillible de Dieu tout-puissant, et en signe d'assistance divine, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.


RENCONTRE DE SA SAINTETÉ JEAN PAUL II AVEC LES FRÈRES DE L'INSTRUCTION CHRÉTIENNE DE PLOËRMEL


Chers Frères de l'Instruction chrétienne de Ploërmel,

Je suis heureux de vous accueillir alors que vous êtes réunis à Rome pour votre chapitre général. Je salue en particulier le Frère José Antonio Obeso Vega, Supérieur général, qui vient d'être réélu pour un nouveau mandat. En cette année jubilaire, vos réflexions autour du thème "Redécouvrir et vivre le charisme mennaisien dans une fidélité créative" prennent une signification particulière. En effet, le temps du Jubilé nous incite à la conversion du coeur et à l'élargissement de notre regard de foi vers des horizons nouveaux, pour l'annonce du Règne de Dieu (cf. Bulle Incarnationis mysterium, n. 2).

Voir Dieu et ne voir que Dieu en tout, c'est ce que traduit la devise qui a inspiré toute l'existence du Vénérable Jean-Marie de la Mennais, votre fondateur avec l'abbé Gabriel Deshayes, et qu'il vous a laissée pour inspiration dans votre mission d'éducateurs de la jeunesse : Dieu seul. Nombreux sont les jeunes formés dans vos établissements qui ont été marqués par cette parole qui résume si bien votre spiritualité et qui reste pour eux aussi une source de dynamisme dans leur vie chrétienne.

Chers Frères, demeurez des hommes de prière et de contemplation, des âmes assoiffées de Dieu seul. "Détachez-vous du rien pour vous attacher au tout" (Mémorial, 90), par le renoncement, la pauvreté et l'humilité. Alors, dans l'abandon à la Providence, vous pourrez vous consacrer avec ardeur à votre oeuvre d'éducation et être pour les jeunes d'authentiques maîtres de vie. Dans un monde marqué par la fragilité et par les difficultés sociales et familiales, il importe de préparer l'avenir en proposant aux jeunes une formation intégrale, qui leur fera découvrir les principes spirituels, moraux et humains, pour qu'ils puissent édifier leur personnalité et participer activement à la vie en société.

Dans l'esprit apostolique que vous a transmis le Père de la Mennais et qui s'est développé tout au long de votre histoire, je vous encourage vivement à donner une impulsion toujours plus vigoureuse à l'engagement missionnaire de votre Institut. Aujourd'hui encore, l'annonce de l'Évangile par le moyen de l'éducation est plus que jamais nécessaire. En poursuivant votre effort pour la formation des jeunes, spécialement dans des milieux sociaux défavorisés ou auprès de peuples plus démunis, vous manifestez courageusement que "l'amour préférentiel pour les pauvres s'applique spécialement dans le choix des moyens propres à libérer les hommes et les femmes de la forme grave de la misère qu'est le manque de formation culturelle et religieuse" (Vita consecrata VC 97). Dans vos engagements généreusement assumés chaque jour parmi les jeunes, soyez des éducateurs tout dévoués à la gloire de Dieu et au service de son Royaume !

Votre manière propre de vivre ces engagements vous invite à trouver dans la vie communautaire un lieu de sanctification et d'inspiration afin de discerner ensemble, en union d'esprit et de coeur, la volonté du Père et d'en réaliser les desseins dans la fidélité au charisme fondateur. Que vos communautés, avec les collaborateurs laïcs qui participent de façon spécifique à la spiritualité et à la mission de l'Institut, suscitent avec audace des réponses évangéliques aux grandes questions du monde des jeunes ! Dans la joie du Jubilé, je vous confie à la protection de la Vierge Marie, Mère de la miséricorde, et de grand coeur je vous donne une particulière Bénédiction apostolique que j'étends à tous les Frères de l'Instruction chrétienne de Ploërmel et à leurs collaborateurs ainsi qu'aux jeunes qui bénéficient de votre service éducatif.

Du Vatican, le 6 avril 2000.


AUDIENCE DE JEAN-PAUL II AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES, AU COMITÉ ADMINISTRATIF DE COORDINATION, À LA BANQUE MONDIALE ET AU FMI

Vendredi, 7 avril 2000


  Monsieur le Secrétaire général,
Eminents invités,

1. C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir à l'occasion de la rencontre à Rome du Comité administratif de Coordination du système des Nations unies. Conscient du travail entrepris par votre Comité pour le bien des peuples dans le monde, je prie pour que Dieu vous accorde, ainsi qu'à tous ceux qui participent à votre rencontre, le don du sage discernement dans vos délibérations. Merci, Monsieur le Secrétaire général, de vos aimables paroles de présentation, et je suis certain que votre récent "Millennium Report" sera un excellent cadre pour le travail de votre Comité au cours de ces journées.

Comme l'explique clairement ce Rapport, le millénaire qui touche à sa fin a laissé derrière lui une série de défis particuliers. Ces défis sont particuliers non pas parce qu'ils sont nouveaux - en effet, il y a toujours eu des guerres, des persécutions, la pauvreté, des catastrophes et des épidémies - mais parce que l'interdépendance croissante dans le monde leur a conféré une dimension globale, qui exige de nouvelles façons de penser et de nouveaux modèles de coopération internationale si l'on veut y répondre de façon efficace. A l'aube du nouveau millénaire, l'humanité a les moyens de réaliser cela. En effet, les Nations unies et la vaste famille d'organisations spécialisées que vous représentez constituent un forum naturel pour développer une telle mentalité et stratégie de solidarité internationale.

Dans le devoir de formuler cette nouvelle perspective, le Comité administratif de Coordination a un rôle déterminant à jouer. Il réunit les membres supérieurs des diverses agences spécialisées, sous la direction du Secrétaire général, dans le but précis de coordonner les diverses politiques et programmes. C'est pourquoi votre programme a concentré ses réflexions et ses efforts sur les implications de la globalisation pour le développement, sur les causes socio-économiques de la crise humanitaire et sur les conflits persistants en Afrique et dans d'autres parties du monde, ainsi que sur la capacité institutionnelle des Nations unies à répondre aux nouveaux défis internationaux.

2. L'expansion illimitée du commerce mondial et les progrès extraordinaires dans les domaines de la technologie, des communications et de l'échange d'informations, font tous partie d'un processus dynamique visant à abolir les distances qui séparent les peuples et les continents. Toutefois, la capacité à exercer une influence sur ce nouvel ordre mondial n'est pas la même pour toutes les nations mais est plus ou moins liée à la capacité économique et technologique d'un pays. La nouvelle situation est telle que, dans de nombreux cas, des décisions ayant des conséquences au niveau mondial sont prises uniquement par un groupe restreint de nations. Les autres nations arrivent - souvent au prix de grands efforts - à faire concorder ces décisions avec l'intérêt de leurs citoyens ou encore - comme c'est le cas pour les pays les plus faibles - elles s'efforcent simplement de s'adapter à ces décisions le mieux possible, souvent au prix de conséquences néfastes pour la population. La majorité des nations du monde connaît donc un affaiblissement de la capacité de l'Etat à servir le bien commun et à promouvoir la justice et l'harmonie sociale.

De plus, la globalisation de l'économie conduit à la globalisation de la société et de la culture. Dans ce contexte, les organisations non-gouvernementales, représentant une gamme très vaste d'intérêts particuliers, deviennent toujours plus importantes dans la vie internationale. Sans doute, l'un des meilleurs résultats de leur action jusqu'à présent, est la conscience qu'ils suscitent du besoin de passer d'une attitude de défense et de promotion d'intérêts particuliers et en rivalité, à une vision holistique du développement. Un exemple typique est leur succès croissant à susciter une conscience approfondie parmi les pays industrialisés de leur responsabilité commune à l'égard des problèmes auxquels font face les pays moins développés. La campagne visant à réduire ou à effacer la dette extérieure des nations les plus pauvres est un nouvel exemple, bien que parmi d'autres, d'un sens croissant de solidarité internationale.

3. L'approfondissement de cette nouvelle conscience dans la société offre aux Nations unies une occasion unique de contribuer à la globalisation de la solidarité en servant de lieu de rencontre entre les Etats et la société civile et de point de convergence des divers intérêts et besoins - régionaux et particuliers - du monde. La coopération entre les agences internationales et les organisations non-gouvernementales aidera à assurer que les intérêts des Etats - aussi légitimes soient-ils - et des différents groupes entre eux ne soient pas invoqués ou défendus au détriment des intérêts ou des droits d'autres peuples, en particulier des moins riches. L'activité politique et économique, menée dans un esprit de solidarité internationale peut et devrait conduire à la limitation volontaire des avantages unilatéraux afin que d'autres pays et peuples puissent partager les mêmes bénéfices. De cette façon, le bien-être social et économique de tous sera servi.

A l'aube du vingt-et-unième siècle, le défi consiste à édifier un monde au sein duquel les personnes et les peuples acceptent pleinement et sans équivoque la responsabilité des autres êtres humains et des habitants de toute la terre. Votre travail peut beaucoup contribuer à permettre au système multilatéral de mettre en oeuvre cette solidarité internationale. La condition de tous ces efforts est la reconnaissance de la dignité et de la centralité de chaque être humain en tant que membre égal de la famille humaine et, pour les croyants, en tant que fils égal de Dieu. La tâche consiste donc à assurer l'acceptation, à tous les niveaux de la société, des conséquences logiques de notre dignité humaine commune, et à garantir le respect de cette dignité dans toutes les situations.

4. A cet égard, je voudrais exprimer ma profonde préoccupation de voir certains groupes qui tentent d'imposer à la Communauté internationale leurs opinions idéologiques ou des modèles de vie promus par de petits groupes particuliers de la société. Cela est sans doute plus évident dans les domaines tels que la défense de la vie et la protection de la famille. Les responsables des nations doivent être attentifs à ne pas bouleverser ce que la Communauté internationale et la législation ont patiemment développé pour préserver la dignité de la personne humaine et la cohésion de la société. Il s'agit d'un patrimoine commun que personne n'a le droit de gaspiller.

En invoquant une orientation divine sur tous les efforts et les actions de votre Comité dans sa mission de coordonner les activités des Nations unies, je prie pour que votre oeuvre soit pleinement empreinte d'un esprit généreux et ambitieux de solidarité globale. Dieu vous bénisse, Monsieur le Secrétaire général, ainsi que tous ceux qui sont réunis avec vous à l'occasion de cette rencontre!





Discours 2000 - Dimanche, 26 mars 2000