Discours 2000


PRIÈRE

Salve, Regina, Mater misericordiae,
vita dulcedo et spes nostra salve.
Ad te clamamus...
illos tuos misericordes oculos ad nos converte
et Iesum, benedictum fructum ventris tui,
nobis post hoc exilium ostende.

Obtiens-nous la grâce de la foi, de l’espérance et de la charité,
afin que, comme toi, nous sachions nous aussi
persévérer au pied de la croix jusqu’à notre dernier souffle.
À ton Fils, Jésus, notre Sauveur,
avec le Père et avec l’Esprit Saint,
tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles.

-. Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in caelis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in caelo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Fac me vere tecum flere, - Que vraiment je pleure avec toi,
Crucifixo condolere, - qu'avec le Christ en Croix je souffre,
donec ego vixero. - chacun des jours de ma vie !
* * * * *



QUATORZIÈME STATION Le corps de Jésus est mis au tombeau


. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
-. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

«Il a été crucifié, est mort et a été enseveli...»
Le corps sans vie du Christ a été déposé dans le tombeau. Pourtant, la pierre du tombeau n’est pas le sceau définitif de son oeuvre.
Le dernier mot n’appartient pas au mensonge, à la haine et à l’abus de pouvoir.
Le dernier mot sera prononcé par l’Amour, qui est plus fort que la mort.
«Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit» (Jn 12,24).
Le tombeau est la dernière étape de la mort du Christ au cours de toute sa vie terrestre; c’est le signe de son sacrifice suprême pour nous et pour notre salut.
Très vite, désormais, ce tombeau deviendra la première annonce de louange et d’exaltation du Fils de Dieu dans la gloire du Père.
«Il a été crucifié, est mort et a été enseveli, (...) le troisième jour est ressuscité des morts».
Avec la mise au tombeau du corps sans vie de Jésus, au pied du Golgotha, l’Église commence la veillée du Samedi saint.

Marie conserve et médite au fond de son coeur la passion de son Fils;
les femmes se donnent rendez-vous le lendemain matin après le sabbat, pour oindre le corps du Christ avec des aromates;
les disciples se rassemblent, en se cachant au Cénacle, jusqu’à ce que le sabbat soit passé.
Cette veillée s’achèvera avec la rencontre près du tombeau, le tombeau vide du Sauveur.
Alors le tombeau, témoin muet de la résurrection, parlera.
La pierre roulée, l’intérieur vide, les bandelettes à terre,
voilà ce que verra Jean, arrivé au tombeau avec Pierre:
«Il vit et il crut» (Jn 20,8).
Et avec lui l’Église crut,
elle qui, depuis ce moment-là, ne se lasse pas de transmettre au monde cette vérité fondamentale de sa foi:
«Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité» (1Co 15,20).

Le tombeau vide est le signe de la victoire définitive
de la vérité sur le mensonge,
du bien sur le mal,
de la miséricorde sur le péché,
de la vie sur la mort.
Le tombeau vide est le signe de l’espérance qui «ne trompe pas» (Rm 5,5).
«Par notre espérance, nous avons déjà l’immortalité» (cf. Sg Sg 3,4).


PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
toi qui, dans la puissance de l’Esprit Saint,
as été conduit par le Père des ténèbres de la mort
à la lumière d’une vie nouvelle dans la gloire,
fais que le signe du tombeau vide
nous parle, à nous et aux générations futures,
et qu’il devienne source de foi vive,
de charité généreuse
et de ferme espérance.
À toi, Jésus, présence cachée et victorieuse
dans l’histoire du monde,
honneur et gloire pour les siècles.

-. Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in caelis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in caelo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Quando corpus morietur, - Au moment où mon corps mourra,
fax ut animae donetur - fais qu'à mon âme soit donnée
paradisi gloria. - la gloire du Paradis.

-. Amen.



Le Saint-Père adresse la parole aux fidèles présents.


À la fin de l’allocution, le Saint-Père donne la Bénédiction apostolique :

. Dominus vobiscum.
-. Et cum spiritu tuo.

. Sit nomen Domini Benedictum.
-. Ex hoc nunc et usque in saeculum.

. Adiutorium nostrum in nomine Domini.
-. Qui fecit caelum et terram.

. Benedicat vos omnipotens Deus, Pater, et Filius, et Spiritus Sanctus.
-. Amen.


PAROLES DU SAINT-PÈRE À LA FIN DU CHEMIN DE CROIX

Vendredi saint, 21 avril 2000


1. “Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire?” (Lc 24,26).

Ces paroles adressées par Jésus aux deux disciples en route vers Emmaüs résonnent dans notre esprit ce soir, au terme du Chemin de Croix au Colisée. Eux aussi, comme nous, avaient entendu parler des événements qui concernaient la passion et la crucifixion de Jésus. Sur la route du retour vers leur village, le Christ s’approche comme un pèlerin inconnu, et ils s’empressent de lui raconter “ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple” (Lc 24,19), et comment les chefs des prêtres et les dirigeants l’ont livré pour le faire condamner à mort puis l’ont crucifié (cf. Lc 24,20-21). Et ils concluent avec tristesse : “Nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé” (Lc 24,21).

“Nous qui espérions...” Les disciples sont découragés et abattus. Pour nous aussi, il est difficile de comprendre pourquoi la voie du salut doit passer à travers la souffrance et la mort.

2. “Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire?” (Lc 24,26). Nous faisons nôtre cette question au terme du traditionnel chemin douloureux au Colisée.

D’ici peu, de ce lieu sanctifié par le sang des premiers martyrs, nous partirons dans différentes directions. Nous retournerons dans nos maisons, en repensant à ces mêmes événements dont discouraient les disciples d’Emmaüs.

Puisse Jésus s’approcher de chacun de nous; puisse-t-il se faire aussi notre compagnon de voyage ! Tout en nous accompagnant, il nous expliquera que pour nous il est monté au Clavaire, que pour nous il est mort, afin d’accomplir les Écritures. Le douloureux événement de la crucifixion que nous venons de contempler deviendra ainsi pour chacun de nous un enseignement parlant.

Chers Frères et Soeurs, l’homme contemporain a besoin de rencontrer le Christ crucifié et ressuscité !

Qui, plus que le divin Condamné, peut comprendre pleinement la peine de celui qui subit des condamnations injustes ?

Qui, plus que le Roi bafoué et humilié, peut répondre aux attentes de tant d’hommes et de femmes sans espérance et sans dignité ?

Qui, plus que le Fils de Dieu crucifié, peut comprendre la souffrance et la solitude de tant de vies brisées et sans avenir ?

Le poète français Paul Claudel a écrit que, pour le Fils de Dieu “c’est du côté de la mort qu’Il nous a appris qu’était le chemin de la sortie et la possibilité de sa transformation” (Positions et propositions, Les invités à l’attention [1934] p. 245). Ouvrons notre coeur au Christ : c’est lui qui répondra à nos aspirations les plus profondes. Lui-même nous dévoilera les mystères de sa passion et de sa mort sur la croix.

3. “Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent” (Lc 24,31). En l’entendant, les deux passants affligés retrouvent la sérénité de leur coeur et commencent à exulter de joie. Ils reconnaissent leur Maître à la fraction du pain.

Comme eux, puissent également les hommes d’aujourd’hui reconnaître dans le mystère de l’Eucharistie, à la fraction du pain, la présence de leur Sauveur ! Puissent-ils le rencontrer dans le sacrement de sa Pâque et l’accueillir comme compagnon de leur route ! Il saura les écouter et les réconforter. Il saura se faire leur guide pour les conduire tout au long des sentiers de la vie vers la maison du Père.

“Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi, quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum !”


MESSAGE DE JEAN PAUL II À L'OCCASION DU RASSEMBLEMENT MONDIAL DU RENOUVEAU CHARISMATIQUE CATHOLIQUE

Lundi 24 avril 2000



Très chers frères et soeurs!

1. C'est avec une grande joie que je vous transmets mon salut à l'occasion du "Rassemblement mondial du Renouveau charismatique catholique", qui se déroule à Rimini. Depuis diverses années désormais, le "Renouveau dans l'Esprit Saint" célèbre ainsi, au début du mois de mai, sa "convocation nationale". A l'occasion de l'Année jubilaire, ce rendez-vous a revêtu une dimension particulière en raison de la présence de nombreux représentants de groupes et de communautés charismatiques provenant d'autres pays du monde. C'est pourquoi votre rassemblement se déroule à juste titre sous le patronage d'un organisme, l'"International Catholic Charismatic Renewal Services", auquel revient le devoir de coordonner et de promouvoir l'échange d'expériences et de réflexions entre les communautés charismatiques catholiques présentes dans le monde. Grâce à cela, la richesse présente dans chaque communauté va au bénéfice de tous et toutes les communautés peuvent percevoir plus facilement le lien de communion qui les lie les unes aux autres et à toute l'Eglise. Je salue cordialement le Président de l'"International Catholic Charismatic Renewal Services", M. Allan Panozza, le coordinateur national du "Renouveau dans l'Esprit Saint", M. Salvatore Martinez, ainsi que tous les membres du Comité national de Service.


2. Ce rassemblement international de Rimini constitue pour vous une étape du pèlerinage jubilaire. En célébrant l'échéance bimillénaire de l'Incarnation, nous sommes tous appelés à tourner notre regard vers le Christ, "lumière des nations". En le contemplant, se renouvellent en nous joie et gratitude: le Fils de Dieu est devenu homme, est mort pour notre salut, est ressuscité et vivant.
Le Christ est vivant! Il est le Seigneur! Telle est la certitude de notre foi. Tandis que nous la proclamons avec humilité et fermeté, nous sommes conscients du fait que cette certitude n'est pas de notre fait. Si nous avons pu connaître le Christ, c'est parce que lui-même s'est fait connaître à nous en nous donnant son Esprit: "Nul ne peut dire: "Jésus est notre Seigneur", s'il n'est avec l'Esprit Saint" (1Co 12,3).

En se faisant connaître, le Christ ne nous a pas laissés seuls. Dans l'Esprit naît le nouveau Peuple de Dieu, car "il a plu à Dieu que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel; il a voulu au contraire en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté" (Lumen gentium LG 9). Chaque communauté ecclésiale authentique est une portion de ce peuple, qui depuis deux mille ans, parcourt les routes du monde. Tout en appartenant à une communauté déterminée, chaque baptisé est donc ouvert à l'accueil de la richesse de l'Eglise universelle, qui est l'Eglise de tous les siècles.


3. L'Eglise regarde avec gratitude la floraison de communautés vivantes, dans lesquelles la foi est transmise et vécue. Dans cette floraison, elle reconnaît l'oeuvre de l'Esprit Saint, qui ne fait jamais manquer à l'Eglise les grâces nécessaires pour affronter les situations nouvelles et parfois difficiles. Un grand nombre d'entre vous se rappelleront de la grande rencontre qui a eu lieu à Rome le 30 mai 1998, à la veille de la Pentecôte. A cette occasion, je disais: "Dans notre monde, souvent dominé par une culture sécularisée qui crée et promeut des modèles de vie sans Dieu, la foi de tant de personnes est mise à dure épreuve et est souvent étouffée et éteinte. On ressent donc avec urgence la nécessité d'une annonce forte et d'une formation chrétienne solide et approfondie. Nous avons besoin aujourd'hui de personnes chrétiennes mûres, conscientes de leur identité baptismale, de leur vocation et mission dans l'Eglise et dans le monde! Nous avons besoin de communautés chrétiennes vivantes! Et voici alors les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles: ceux-ci sont la réponse suscitée par l'Esprit Saint, à ce défi dramatique de fin de millénaire" (cf. ORLF n. 23 du 9 juin 1998).

A cette occasion, j'observais également que pour les mouvements se profilait désormais une nouvelle étape, "celle de la maturité ecclésiale" (ibid.). Les communautés charismatiques elles aussi sont appelées aujourd'hui à franchir ce pas et je suis certain que, pour la maturation de la conscience ecclésiale dans les diverses communautés charismatiques présentes dans le monde, un rôle important pourra être joué par l'"International Catholic Charismatic Renewal Services". Ce que je dis alors place Saint-Pierre, je le répète à vous tous, rassemblés à Rimini: "L'Eglise attend de vous des fruits "mûrs" de communion et d'engagement" (Ibid.).


4. Au sein de vos communautés, en des circonstances diverses, pour chacun de vous a commencé un chemin qui conduit à une connaissance et à un amour du Christ toujours plus grands. N'interrompez pas le chemin entrepris! Ayez confiance: le Christ complétera l'oeuvre que lui-même a commencée. "Aspirez aux dons supérieurs!" (1Co 12,31). Cherchez toujours le Christ: cherchez-le dans la méditation de la Parole de Dieu, cherchez-le dans les sacrements, cherchez-le dans la prière, cherchez-le dans le témoignage des frères. Soyez reconnaissants aux prêtres qui accompagnent en tant que pasteurs vos communautés: à travers leur ministère, c'est l'Eglise qui vous guide et qui vous assiste comme mère et maîtresse. Accueillez avec joie les occasions qui vous sont offertes d'approfondir votre formation chrétienne. Servez le Christ dans les personnes qui vous sont proches, servez-le dans les pauvres, servez-le dans les besoins et les nécessités de l'Eglise. Laissez-vous guider véritablement par l'Esprit! Aimez l'Eglise: une sainte, catholique et apostolique!

Je suis particulièrement heureux de savoir que des représentants d'autres Eglises et communautés ecclésiales participent également à votre rassemblement et je désire les saluer cordialement. En vous unissant à l'action de louange commune, vous avez accueilli l'invitation que j'ai formulée dans la Bulle d'indiction du grand Jubilé: "Nous accourons tous, des diverses Eglises et communautés ecclésiales répandues à travers le monde, vers la fête qui se prépare; nous apportons ce qui nous unit déjà, et le regard fixé uniquement sur le Christ nous permet de croître dans l'unité qui est le fruit de l'Esprit" (Incarnationis mysterium, n. 4).

Tandis que je prie avec vous la Vierge Marie, afin que chacun accueille le don de l'Esprit pour être témoin du Christ là où il vit, je vous donne volontiers, chers frères et soeurs, ainsi qu'à vos familles, ma Bénédiction affectueuse.

Du Vatican, le 24 avril 2000


DISCOURS DU SAINT PÈRE AUX PARTICIPANTS AUX DIVERS PÈLERINAGES JUBILAIRES

Samedi 29 avril 2000





Très chers frères et soeurs!

1. Dans le climat de joie spirituelle typique de cette Octave de Pâques, je salue chacun de vous qui provenez de diverses localités et qui êtes venus dans la ville de Rome pour célébrer le Jubilé. Votre visite d'aujourd'hui souligne également l'intense communion qui vous unit au Successeur de Pierre. Je vous remercie de votre témoignage; je remercie, en particulier, pour les paroles courtoises adressées en votre nom par Mgr Antonio Forte, Evêque d'Avellino; par Mgr Angelo Scola, Recteur Magnifique de l'Université du Latran et par MM. Gianfranco Gambelli et Francesco Cardile, respectivement Présidents des Miséricordes et de l'Association Groupes de donneurs de sang "Fratres".

Aux fidèles du diocèse d'Avellino

Je vous salue tout d'abord, chers pèlerins du diocèse d'Avellino, guidés par votre pasteur. Soyez les bienvenus! En m'adressant à vous, je pense aux prêtres, aux personnes consacrées, hommes et femmes, qui vivent avec fidélité leur témoignage et exercent avec générosité leurs ministères dans l'Eglise. Je pense aux familles, aux jeunes, aux travailleurs chrétiens qui, avec ténacité, expriment leur adhésion au Christ dans les lieux où la Providence les a placés. Je pense avec une affection particulière aux chômeurs, aux personnes âgées, aux malades et aux pauvres qui attendent soutien et compréhension de la part de la communauté. J'adresse à tous ma parole de réconfort, d'encouragement et d'espérance: élevez le regard vers le Ressuscité et persévérez avec une ardeur renouvelée à l'édification d'une société qui soit réellement à mesure d'homme.

Poursuivez avec ferveur l'itinéraire de l'Année Sainte et intensifiez les initiatives d'évangélisation et de charité entreprises par votre diocèse. Que la solidarité des uns envers les autres, en collaborant à l'édification du Royaume de Dieu, soit le signe distinctif de votre communauté ecclésiale, réunie autour de son évêque et de ses prêtres.

Que les familles soient le temple de la vie et de l'amour; que les paroisses deviennent des lieux ouverts et accueillants, où la prière, le respect réciproque et la solidarité constituent le style et le dynamisme de l'activité pastorale. Tout le diocèse deviendra ainsi un lieu privilégié de maturation humaine et spirituelle pour les enfants et les adultes, pour les jeunes et les personnes âgées.
Que Marie de l'Assomption au ciel, Patronne de votre cathédrale, vous conserve unis sous son manteau maternel et exauce votre désir de bien.

Aux professeurs, aux étudiants de l'Université du Latran et à l'Association internationale du Latran

2. Je vous salue à présent, chers professeurs et étudiants de l'Université du Latran, que j'accueille avec joie à l'occasion de votre Jubilé, avec votre Recteur Magnifique et les membres de l'"Association internationale du Latran", à commencer par le Président, S.Em. le Card. Edmund Szoka, qui ont tenu leur journée annuelle en concomitance avec ce rendez-vous jubilaire. Ma pensée s'adresse également à vous, chers étudiants et professeurs des sièges académiques reliés, à divers titres, à l'Université pontificale du Latran et à l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille. J'ai en particulier à coeur de souligner la présence, pour la première fois, d'étudiants provenant de Saint-Pétersbourg, d'Alba Julia et de Iasi, de Gyor, ainsi que de Denver et de Washington. J'associe à cette pensée les responsables des autres institutions académiques liées à l'Alma Mater Lateranensis.

L'audience d'aujourd'hui est pour vous l'occasion de rendre la visite que j'ai eu le plaisir d'accomplir, le 16 novembre dernier, à l'Université de Saint-Jean de Latran. Je vous ai alors confié l'importante mission de redéfinir les limites idéales et effectives de l'Université qui, en ce nouveau millénaire, est appelée à faire croître sa dimension universelle. Toutefois, le caractère international de votre institution académique ne suffit pas à en faire un centre de nouvelle culture et civilisation. Il est nécessaire que vous poursuiviez, dans tous les centres du Latran, l'unité de la recherche, de l'enseignement et de l'étude, en édifiant une communauté vitale entre les enseignants et les étudiants. Il est également important de surmonter toute fausse opposition entre l'engagement chrétien et le travail universitaire, à travers une ouverture inconditionnée à l'action de l'Esprit de vérité, qui est toujours un Esprit d'unité authentique.

Dans l'accomplissement quotidien de votre tâche n'oubliez pas non plus le message du Jubilé, qui nous appelle à une conversion permanente au Seigneur ressuscité. Que Marie, Mère du Rédempteur, consolide les liens qui vous unissent, vous qui appartenez à la grande famille du Latran et qu'elle vous accompagne sur le chemin entrepris.

Aux confédérations nationales des Miséricordes d'Italie et aux Groupes de donneurs de sang "Fratres"

3. J'adresse à présent une chaleureuse bienvenue à vous, chers membres des "Miséricordes d'Italie", et à votre Président, ainsi qu'aux Groupes de donneurs de sang "Fratres", et à leur Président. Vous êtes venus ici pour célébrer votre Jubilé: je vous rencontre avec une grande joie.

Je désire vous manifester ma satisfaction pour votre engagement et surtout pour votre action discrète et généreuse. Ces dernières années vous vous êtes prodigués pour conjuguer vos tâches traditionnelles avec celle de faire disparaître les causes de la pauvreté, à travers une présence effective sur les lieux où l'on effectue les choix sociaux, politiques et d'assistance. Dans ces contextes, vous avez cherché à affirmer les valeurs évangéliques, patrimoine inspirateur de votre activité et irremplaçable garantie du respect de la dignité de l'homme. Une expression particulière du zèle qui vous anime a été, en outre, votre présence effective au Kosovo, l'engagement pour la construction du Centre diocésain missionnaire à Taiwan, et le don apprécié que vous me faites aujourd'hui de deux ambulances. Grâce à ces généreux signes de solidarité vous faites sentir à ceux qui souffrent la miséricorde providentielle du Seigneur. Très chers amis, poursuivez votre lumineuse tradition de bien qui vous pousse à élargir les horizons de votre charité.

Aux groupes de fidèles allemands

J'adresse un cordial salut à tous les groupes provenant des zones de langue allemande présents à cette audience: les pèlerins de la Osterreische Cartellverband et un groupe de membres du Bundestag allemand. Bien que vous proveniez de pays différents et que vous ayez des buts différents, vous êtes tous unis par un objectif commun: vous voulez exprimer la foi chrétienne dans la société. Que franchir la Porte Sainte vous donne la force et le courage pour agir comme sel et levain dans le monde. Je vous donne à tous ma Bénédiction apostolique.

Aux fidèles de la paroisse de San Francisco de Borja, à Madrid

Je salue avec affection les fidèles de la paroisse de San Francisco de Borja, de Madrid. En vous remerciant de votre visite, je souhaite que le Seigneur vous comble avec abondance de ses dons en cette Année jubilaire, au cours de laquelle vous avez eu la joie de franchir la Porte Sainte.

Aux autres groupes de pèlerins

5. J'adresse enfin un salut aux autres groupes et aux pèlerins venus seuls, qui sont ici présents. En particulier aux fidèles de la paroisse de San Giovanni Battista, d'Albegno de Treviolo (Bergame), à ceux de la Communauté paroissiale de la Bienheureuse Vierge Marie Médiatrice de toutes les grâces, de Favara (Agrigente), aux membres de l'Institut italien des Castelli, Section Pouilles, aux religieux et aux séminaristes de l'Institut Saint Charles de Buccinigo d'Erba (Côme) de l'OEuvre de Dom Orione. Je vous confie tous à Marie, Mère du Christ ressuscité, en ce samedi qui lui est consacré de manière particulière, alors que je vous donne, ainsi qu'à vos familles, ma Bénédiction apostolique spéciale.



  RENCONTRE AVEC LES FRÈRES DE L'INSTRUCTION CHRÉTIENNE DE SAINT-GABRIEL

Samedi, 29 Avril 2000



Chers Frères de l’Instruction chrétienne de Saint-Gabriel,


Je suis heureux de vous accueillir alors que vous êtes réunis à Rome à l’occasion de votre Chapitre général. Je salue en particulier le Frère René Delorme, nouveau Supérieur général, et avec lui tous les membres du conseil, qui viennent d’être élus pour leur premier mandat. Je leur adresse mes plus vifs encouragements pour leur nouveau service dans l’Institut et dans l’Église. Vos assises capitulaires constituent un événement central pour vous; elles affermissent votre mission, ravivant votre désir de puiser à la source de votre charisme fondateur, dans une humble et audacieuse fidélité à saint Louis-Marie Grignion de Montfort, à Gabriel Deshayes et à tous vos prédécesseurs.

L’Église se réjouit de voir la vitalité renouvelée de votre Institut, dont témoigne le nombre important de nouveaux membres jeunes dans les différents continents, notamment dans les pays où l’évangélisation s’est développée récemment. Elle a besoin du signe prophétique de votre consécration «pour construire avec l’aide de l’Esprit des communautés fraternelles, pour laver avec le Christ les pieds des pauvres et pour apporter votre contribution irremplaçable à la transfiguration du monde» (Vita consecrata VC 110). Aux yeux du monde, vous témoignez que l’amour et le pardon sont plus forts que la haine et le ressentiment, et vous invitez ainsi nos contemporains à fonder leur vie personnelle, familiale et sociale sur la valeur primordiale de la charité, pour que la paix, la justice et la solidarité soient recherchées par tous dans la construction de liens humains au sein de la société. Par votre vie communautaire, selon le statut original de votre Institut religieux de Frères, statut que l’Église tient en grande estime, comme je l’ai rappelé à la suite des Pères synodaux dans l’exhortation apostolique Vita consecrata (cf. VC VC 60), vous témoignez avec fidélité et enthousiasme de l’Évangile, ainsi que de la charité qui unit profondément les disciples du Christ. Plus intense est l’amour fraternel dans vos communautés, plus grande est la crédibilité du message annoncé et plus perceptible est le coeur de l’Église, sacrement de l’union des hommes avec Dieu et des hommes entre eux (Cf. Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, discours à la Plenaria [20 novembre 1992]).

Le thème principal de vos réflexions, «Mission source de vie. À la suite de Montfort, tous engagés pour un monde juste et fraternel», rejoint l’événement du grand Jubilé, qui introduit «l’Église entière dans une nouvelle période de grâce et de mission» (Bulle Incarnationis mysterium, n. 3). Pour votre Institut aussi, c’est une nouvelle page d’histoire qui commence. Elle vous permettra de mettre en oeuvre les décisions de votre Chapitre général. En 1997, à l’occasion du 50e anniversaire de la canonisation de saint Louis-Marie de Montfort, je vous exhortais à faire fructifier l’héritage que vous avez reçu de votre fondateur, «qu’il faut ouvrir à tant de jeunes qui cherchent le sens de leur vie et un art de vivre» (Lettre à la famille montfortaine, 21 juin 1997).

Votre Institut est tout entier orienté vers l’éducation de la jeunesse. Plus que jamais, c’est une tâche essentielle pour l’Église et pour le monde de demain. En effet, vous avez pour vocation d’accompagner les jeunes dans leur formation spirituelle, morale, humaine, intellectuelle et professionnelle, et de les préparer à devenir des adultes qui prendront leur part de responsabilité à tous les échelons de leur vie future. Cela leur donne aussi dès à présent l’espérance qu’un avenir leur est ouvert. Dans cette mission, vous participez activement à l’annonce de l’Évangile et à l’édification d’une société juste et fraternelle, car la formation se réalise plus en profondeur au sein de communautés éducatives où chaque jeune est accueilli, respecté et aimé avec ce qu’il est. De tels lieux de vie ont une valeur éducative incomparable; ils contribuent à la maturation des personnalités, donnent à chacun confiance en lui et favorisent l’insertion sociale.

Au nom de l’Église, je vous remercie tout particulièrement pour la part que vous prenez à l’éducation des jeunes les plus pauvres de la société ou des enfants qui sont souvent laissés-pour-compte, les sourds, les aveugles, les enfants des bidonvilles et ceux qui vivent dans les rues. Vous êtes aussi appelés à poursuivre l’alphabétisation et la formation de nombreuses personnes, notamment des femmes, qui n’ont pas accès aux réseaux d’éducation. En tout cela, chers Frères, vous développez, avec patience et ténacité, votre charisme éducatif dans la ligne de vos fondateurs. J’apprécie les efforts que vous réalisez pour la promotion des personnes et votre souci de créer de nouvelles fondations, particulièrement en Afrique et en Asie du Sud-Est.

Actuellement, dans vos institutions, vous bénéficiez de l’aide, de la compétence et de l’expérience de nombreux laïcs, que je salue cordialement à travers vous. Vous travaillez à trouver, avec patience et discernement, les moyens les plus adaptés de les associer toujours plus efficacement à votre vie et à votre mission, leur communiquant votre passion pour l’éducation de la jeunesse et la spécificité de votre charisme montfortain. Dans le respect de la vocation baptismale de chacun, vous donnez avec les laïcs un exemple spécial de communion ecclésiale, qui fortifie les énergies apostoliques pour l’évangélisation du monde (cf. Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, La vie fraternelle en communauté, n. 70).

Que la joie du Jubilé vous pousse à vivre chaque jour à la suite du Christ, selon l’exemple de Louis-Marie Grignion de Montfort! Ce dernier vous donnera l’audace d’être d’infatigables missionnaires de l’Évangile dans le monde de l’éducation! Que la Vierge Marie, si chère à votre fondateur et à toute votre famille religieuse, vous soutienne chaque jour! De grand coeur, je vous accorde une affectueuse Bénédiction apostolique, que j’étends à tous les Frères de l’Instruction chrétienne de Saint-Gabriel, à leurs collaborateurs laïques, aux jeunes qui bénéficient de leur aide et à leurs familles, ainsi qu’aux anciens élèves.


RENCONTRE DU SAINT PÈRE AVEC LE MONDE DU TRAVAIL

Tor Vergata, 1er mai 2000



1. Au terme de cette rencontre jubilaire, je voudrais encore une fois adresser à chacun mon salut le plus cordial. Merci à ceux qui ont organisé cette importante manifestation en ce lieu, qui sera le cadre d'autres rassemblements au cours du Jubilé, en particulier à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse.

J'adresse un remerciement particulier à M. Juan Somavía, Directeur général de l'Organisation internationale du Travail et à Mme Paola Bignardi, Présidente nationale de l'Action catholique, pour les paroles aimables et profondes qu'ils m'ont adressées au nom de tous. Je salue tous les représentants des Autorités présents, dont le Président du Conseil des Ministres italien, M. Giuliano Amato.

A travers vous qui êtes ici présents, je voudrais faire parvenir une pensée cordiale à tout le monde du travail.


2. La fête du travail rappelle à l'esprit l'activité des hommes qui veulent, selon le commandement du Seigneur de la vie, être des constructeurs d'un avenir d'espérance, de justice et de solidarité pour toute l'humanité. Aujourd'hui, sur ce chemin de civilisation, grâce aux nouvelles technologies et à la télématique, apparaissent de nouvelles possibilités de progrès. Cependant, les nouveaux problèmes ne manquent pas, s'ajoutant à ceux existant déjà et suscitant une inquiétude légitime. En effet, des phénomènes comme le chômage, l'exploitation des mineurs, l'insuffisance des salaires perdurent, et parfois s'aggravent dans certaines parties de la terre. Il faut reconnaître que l'organisation du travail ne respecte pas toujours la dignité de la personne humaine, et que l'on ne tient pas compte comme il se doit de la destination universelle des ressources.

L'engagement pour résoudre ces problèmes, dans chaque région du monde, concerne chacun. Cela vous concerne, entrepreneurs et dirigeants; vous, les hommes de la finance, et vous, les artisans, les commerçants et les employés. Nous devons tous agir pour que le système économique dans lequel nous vivons, ne bouleverse pas l'ordre fondamental de la priorité du travail sur le capital, du bien commun sur le bien privé.

Il est plus que jamais nécessaire que, comme vient de le rappeler M. Juan Somavia, l'on constitue dans le monde une coalition globale en faveur de la "dignité du travail".
La globalisation est aujourd'hui un phénomène désormais présent dans chaque milieu de vie des hommes, mais c'est un phénomène qu'il faut gouverner avec sagesse.
Il faut globaliser la solidarité.

3. Le Jubilé offre une occasion propice pour ouvrir les yeux sur la pauvreté et la marginalisation, non seulement des individus, mais également des groupes et des peuples. J'ai rappelé dans la Bulle d'indiction que "beaucoup de pays, spécialement les plus pauvres, sont opprimés par une dette qui a pris des proportions telles qu'elles rendent pratiquement impossible leur remboursement" (Incarnationis mysterium, n. 12). Réduire ou même annuler cette dette: voilà un geste jubilaire qui serait plus que jamais souhaitable!

Cet appel s'adresse aux nations riches et développées; et également à ceux qui détiennent les grands capitaux, et à ceux qui ont la capacité de susciter la solidarité entre les peuples.

Que cet appel retentisse au cours de cette rencontre historique, qui voit les travailleurs croyants et des organisations de travail non confessionnelles unis dans un même effort.

Chers travailleurs, entrepreneurs, coopérateurs, agents de la finance, commerçants, unissez vos bras, vos esprits, vos coeurs, pour contribuer à édifier une société qui respecte l'homme et son travail. L'homme vaut davantage pour ce qu'il est que pour ce qu'il a. Ce qui est accompli au service d'une justice plus grande, d'une fraternité plus vaste et d'un ordre plus humain dans les rapports sociaux compte davantage que tout progrès dans le domaine technique.

Très chers frères et soeurs, le Pape connaît bien vos problèmes, vos inquiétudes, vos attentes et vos espérances. Il apprécie votre labeur, votre attachement à la famille, votre conscience professionnelle. Il est proche de vous dans votre engagement pour une société plus juste et plus solidaire, il vous encourage et vous bénit de tout coeur.

Pour finir, je voudrais remercier les organisateurs de la belle célébration d'aujourd'hui. Je remercie l'Université de Tor Vergata, la Ville de Rome, le Vicariat de Rome et le gouvernement italien pour l'installation de cette très grande aire, que je m'imagine déjà remplie par les jeunes du monde entier au mois d'août. Je vous remercie, en particulier, vous qui êtes ici réunis. Je remercie le Président du Conseil, le Maire et tous les représentants des Autorités. J'ai su que beaucoup d'entre vous ont dû rejoindre ce lieu en parcourant à pied une grande partie du chemin. J'en suis désolé, mais espérons qu'à l'avenir, ces difficultés seront elles aussi résolues pour le bien de tous, en particulier des pèlerins. Je suis certain que Rome continuera à être hospitalière et accueillante envers tous, en particulier envers les pèlerins du grand Jubilé de l'An 2000.

Avant de prendre congé, le Saint-Père a adressé les paroles suivantes aux pèlerins d'expression française:

Je salue cordialement les travailleurs de langue française venus célébrer la fête du travail. Que votre labeur et vos peines soient bénis! En ce jour, toute l'Eglise s'unit à votre prière, honorant votre travail dans ce qu'il a de noble et de méritoire. Elle croit que l'activité humaine, individuelle ou collective, s'inscrit dans le dessein de Dieu, prolongeant l'oeuvre du Créateur. Au nom du Christ, divin travailleur, je vous accorde la Bénédiction apostolique.


Discours 2000