Discours 2000 - Tor Vergata, 1er mai 2000


MESSAGE DU SAINT PÈRE À LA "PAPAL FOUNDATION"

Mardi 2 mai 2000



"La religion qui a son origine dans le mystère de l'Incarnation rédemptrice est la religion dans laquelle on "demeure dans le coeur de Dieu", dans laquelle on participe à sa vie intime" (Tertio millennio adveniente TMA 8). Et le coeur de Dieu, la vie qu'il nous communique à travers l'Incarnation, la Mort et la Résurrection de son Fils bien-aimé, n'est autre que la bonté bienveillante et la miséricorde du Père qui désire réunir tous ses enfants dispersés dans la communion du corps unique du Christ, l'Eglise. Le Jubilé de l'An 2000 est "une année de grâce du Seigneur", dans laquelle toute l'Eglise doit s'efforcer d'apporter un témoignage toujours plus authentique de la solidarité et de l'amour chrétiens.

C'est dans ce contexte que je me réjouis de votre présence ici, au cours de l'Année du Jubilé. Dès ses débuts, la "Papal Foundation", a contribué à ce que le Successeur de Pierre puisse répondre à certains appels les plus urgents d'intervention caritative, en particulier dans les pays en voie de développement. Votre désir de partager ma "préoccupation pour toutes les Eglises" me réconforte et me soutient dans le ministère que le Seigneur m'a confié. C'est pourquoi je vous suis profondément reconnaissant et je désire vous exprimer ma gratitude à travers une prière fervente pour vous, ainsi que pour les personnes qui vous sont chères.

Au cours de cette année particulière de grâce qui ouvre le troisième millénaire chrétien, je confie les membres de la "Papal Foundation" à l'amour de la Très Sainte Trinité. Inondés par la splendeur de la Résurrection, puissent vos coeurs être remplis de joie sereine, car "la lumière du Roi éternel a vaincu les ténèbres du monde" (Proclamation pascale). Sur vous tous, j'invoque cordialement l'intercession de Marie, Mère du Rédempteur, et je vous donne avec joie ma Bénédiction apostolique.




RENCONTRE DE SA SAINTETÉ JEAN PAUL II AVEC LES MISSIONNAIRES DE NOTRE-DAME DE LA SALETTE

Jeudi, 4 mai 2000


Chers Missionnaires de Notre-Dame de La Salette,

Je suis heureux de vous accueillir alors que vous célébrez votre vingt- neuvième Chapitre général. Avec votre Supérieur général et son conseil, que je salue cordialement, vous représentez l’ensemble de vos confrères répartis dans de nombreux pays du monde. Au nom de l’Église, je vous remercie vivement des efforts que vous avez consentis ces dernières années pour étendre votre champ d’apostolat, notamment en Inde et dans les pays de l’Est européen, envisageant aussi de vous établir prochainement en Indonésie et en Birmanie. Que le Seigneur bénisse avec abondance vos généreux engagements apostoliques et qu’il vous donne de persévérer avec l’audace et l’enthousiasme des générations de missionnaires qui vous ont précédés !

Vous avez choisi pour thème de vos assises capitulaires : “Ensemble bâtissons l’avenir”. L’avenir de votre Institut, vous souhaitez le construire ensemble, avec l’aide de Dieu, en redonnant une vigueur nouvelle au charisme salettin qui vous rassemble, par une fidélité créative à votre vocation, en soulignant notamment la place essentielle de la mission, de la vie communautaire et de l’interdépendance dans la communion.

À la lumière du message de Notre-Dame de la Salette, vous donnez une place importante au ministère de la réconciliation. Cette année jubilaire est une occasion privilégiée pour redécouvrir la plénitude de la miséricorde de Dieu, qui veut réconcilier l’homme avec Lui et avec ses frères. En effet, «communauté réconciliée et réconciliatrice, l’Église ne peut oublier qu’à l’origine de son don et de sa mission se trouve l’initiative, remplie d’amour compatissant et de miséricorde, du Dieu qui est amour et qui par amour a créé les hommes : il les a créés pour qu’ils vivent dans son amitié et en communion entre eux» (Reconciliatio et paenitentia RP 10). Dans cet esprit, je souhaite vivement que votre Chapitre stimule les membres de l’Institut à prendre une conscience renouvelée de leur participation à la mission réconciliatrice de l’Église qui est au coeur de leur vocation missionnaire, aidant sans cesse les fidèles à accueillir le pardon divin pour en être les témoins dans toutes les nations.

Comme je l’ai écrit à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’apparition de la Vierge, «La Salette est un message d’espérance, car notre espérance est soutenue par l’intercession de celle qui est la Mère des hommes» (Lettre à Mgr Louis Dufaux, Évêque de Grenoble, 6 mai 1996). Que l’annonce de cette espérance soit toujours au centre de votre rencontre avec les hommes et les femmes d’aujourd’hui ! Grâce à elle, nos contemporains peuvent être assurés que les ruptures ne sont pas irrémédiables et qu’il est toujours possible de se convertir de ses infidélités pour construire une humanité réconciliée et pour suivre le Seigneur, car nul n'est trop loin pour Dieu.

Chers Missionnaires de Notre-Dame de La Salette, n’ayez pas peur de témoigner que le Christ est venu partager notre humanité pour que nous puissions avoir part à sa divinité. Proclamez avec audace la Parole de Dieu, qui est une force de transformation des coeurs, des sociétés et des cultures. Sous le regard de Marie, présence maternelle au milieu du peuple de Dieu, invitez sans cesse à la conversion, à la communion et à la solidarité. N’hésitez pas à annoncer à vos frères que Dieu chemine avec les hommes, qu'il les appelle à une vie nouvelle, qu'il les encourage pour les conduire à la liberté véritable. La qualité de votre vie spirituelle et de votre vie communautaire sera une expression particulièrement parlante de l’authenticité et de la fécondité de votre annonce du message évangélique.

Cela exige du missionnaire qu’il accepte de vivre en état permanent de conversion. Le véritable missionnaire est celui qui accepte de s’engager résolument sur les voies de la sainteté. «Le missionnaire, s’il n’est pas un contemplatif, ne peut annoncer le Christ d’une manière crédible ; il est un témoin de l’expérience de Dieu et doit pouvoir dire comme les Apôtres :‘Ce que nous avons contemplé…, le Verbe de vie…, nous vous l’annonçons’ (1Jn 1,1-3)» (Redemptoris missio RMi 90). Après l’enthousiasme de la première rencontre avec le Christ sur les chemins de la mission, il est nécessaire de soutenir courageusement les efforts de chaque jour par une intense vie de prière, de pénitence et de don de soi. En participant à la mission du Christ par leur parole et par le témoignage de toute leur existence, les missionnaires conduiront les hommes à s’ouvrir à la Bonne Nouvelle, qu’ils ont mission de faire passer à tous (cf. Décret d’approbation des Constitutions, 6 juin 1985). Ainsi ils pourront “bâtir ensemble l’avenir”, vivre courageusement l’inconnu du lendemain, assurés de la présence du Christ qui les accompagne à tout instant de leur vie dans leurs rencontres avec les hommes et les peuples.

Je confie les membres de la Congrégation des Missionnaires de Notre- Dame de La Salette à l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame Réconciliatrice, et de grand coeur je donne à tous mon affectueuse Bénédiction apostolique que j’étends volontiers aux personnes qui bénéficient de leur ministère et à toutes celles qui partagent la spiritualité salettine.







AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE DES OEUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES

Jeudi 11 mai 2000



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
chers directeurs nationaux, collaborateurs et collaboratrices des Oeuvres pontificales missionnaires,


1. Je souhaite une affectueuse bienvenue à chacun de vous. Avant tout au Cardinal Jozef Tomko, Préfet de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples, qui s'est fait l'interprète de vos sentiments, et je le remercie des cordiales paroles qu'il m'a adressées. Je salue Monseigneur Charles Schleck, Secrétaire-adjoint de cette Congrégation et Président des Oeuvres pontificales missionnaires ainsi que les Secrétaires généraux des quatres Oeuvres.

Je réserve une pensée particulière à vous, chers Directeurs nationaux, qui accomplissez avec talent et engagement votre devoir d'animation de la coopération missionnaire dans vos pays respectifs. A travers vous, j'entends saluer tous vos collaborateurs qui, poussés par la générosité évangélique, ont à coeur la proclamation de la Parole de Dieu en tout lieu et en toute situation dans le monde.


2. La rencontre d'aujourd'hui a lieu au moment et dans l'esprit du grand Jubilé, que l'Eglise universelle vit avec une grande ferveur. Il s'agit d'une année particulière de grâce, au cours de laquelle la communauté chrétienne fait l'expérience de façon plus profonde de la bonté de Dieu, manifestée à travers l'Incarnation du Fils et annoncée avec gratitude par l'Eglise à tous les peuples. Dans notre esprit résonnent les paroles de l'Apôtre: "Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut" (2Co 6,2).

La célébration du grand Jubilé apparaît donc comme une occasion plus que jamais opportune pour réfléchir sur la miséricorde que Dieu le Père, à travers l'oeuvre de l'Esprit Saint, a offerte dans le Christ à toute l'humanité. Le grand Jubilé est une "annonce de salut" que l'on doit faire retentir à chaque angle de la terre, afin que celui qui l'entend en devienne à son tour le témoin et l'instrument pour le salut de chaque personne. Nous sommes tous appelés à ouvrir les yeux face aux nécessités des nombreuses brebis sans pasteur (cf. Mc 6,34), pour nous mettre à leur service, pour leur faire connaître le nom du Seigneur, afin que, le confessant, ils participent eux aussi au salut (cf. Rm 10,9).


3. Je voudrais rappeler ici de façon particulière tous ceux, hommes et femmes, qui, en se consacrant "ad vitam" à la mission "ad gentes", ont fait de cette activité la raison d'être de leur existence. Ils représentent un exemple incomparable de dévouement à la cause de la diffusion de l'Evangile. Je remercie et je bénis de tout coeur ceux qui, de façons si discrètes et efficaces, s'engagent dans l'oeuvre d'animation et de coopération missionnaire. Ils sont nombreux. Aux prêtres, aux hommes et aux femmes consacrés s'unissent de nombreux laïcs, individuellement ou regroupés en famille, désireux de consacrer à la mission quelques années de leur vie ou même toute leur existence. Souvent, ils proclament la Bonne Nouvelle et manifestent leur foi dans des milieux hostiles ou indifférents. Très chers frères et soeurs, apportez-leur toute ma reconnaissance et mon encouragement à poursuivre généreusement ce vigoureux engagement missionnaire. Dieu, dont la générosité ne connaît pas d'égal, saura les récompenser.

La récente commémoration des Témoins de la Foi du vingtième siècle, célébrée dimanche dernier au Colisée, nous rappelle que souvent, pour la mission, l'épreuve suprême est le don de la vie jusqu'à la mort. "Comme toujours dans l'histoire chrétienne, les "martyrs", c'est-à-dire les témoins, sont nombreux et ils sont indispensables à la marche de l'Evangile. A notre époque aussi, il y en a beaucoup: évêques, prêtres, religieux et religieuses, laïcs, parfois héros inconnus, qui donnent leur vie en témoignage de la foi. Ce sont eux les messagers et les témoins par excellence" (Lettre Encyclique Redemptoris missio RMi 45).

En rendant grâce à Dieu pour nos frères et soeurs dans la foi, prions afin que le travail missionnaire de l'Eglise soit toujours animé par une grande générosité.


4. Très chers amis, vous êtes appelés à accomplir un travail capillaire de sensibilisation parmi tous les chrétiens. Que votre désir constant soit d'oeuvrer afin que chacun ressente l'urgence de continuer la même mission que Jésus, avant de mourir, a confiée à ses disciples: "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20,22). Transmettez cet esprit à vos collaborateurs et aux si nombreuses personnes de bonne volonté qui partagent avec vous cette même mission ecclésiale.

En effet, l'appel à la mission, outre un devoir pour chaque baptisé, est une grâce. Tous ceux qui en ont fait le choix principal de leur existence le savent bien. Qui est envoyé au nom de l'Eglise à annoncer la Bonne Nouvelle est associé de façon particulière à la personne et à la mission de Jésus lui-même. Saint Jean affirme à ce propos: "Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde" (Jn 17,18). Nous sommes envoyés par le Christ dans le monde!

En vertu de cette vocation et de cette mission, c'est à vous, chers directeurs nationaux, que revient, en étroite collaboration avec vos pasteurs légitimes, la formation et l'animation missionnaire du Peuple de Dieu dans le monde entier, en ayant toujours présent à l'esprit que l'oeuvre missionnaire "concerne tous les chrétiens, tous les diocèses et toutes les paroisses, toutes les institutions et toutes les associations ecclésiales" (Lettre Encyclique Redemptoris missio RMi 2).


5. Très chers frères et soeurs, comme vous le savez, votre Congrégation a fixé la célébration du "Congrès missionnaire mondial 2000" du 18 au 22 octobre prochains, en concomitance avec la Journée missionnaire mondiale. Je me réjouis de cette initiative opportune.

La préparation de cet événement, précédée par la célébration des Congrès nationaux, auxquels participent les responsables des Oeuvres pontificales à divers niveaux, se révèle dès à présent une occasion propice pour sensibiliser tout le Peuple de Dieu sur le devoir missionnaire incontournable confié à chaque baptisé par le Seigneur.

Ceux qui pourront prendre part à cette importante rencontre réfléchiront sur le thème: "Jésus, source de vie pour tous". Je souhaite de tout coeur que cette réunion providentielle contribue à renouveler avec vigueur dans l'Eglise un effort missionnaire plus incisif pour poursuivre avec enthousiasme et courage l'oeuvre toujours actuelle de la première évangélisation. Je souhaite également que l'engagement dont vous avez fait preuve en faveur des missions puisse être béni de fruits abondants et suscite de nombreuses vocations "ad gentes". Telle est la contribution précieuse qui vous est demandée pour la nouvelle évangélisation dans laquelle l'Eglise est aujourd'hui engagée (cf. Lettre Encyclique Redemptoris missio RMi 2), pour offrir à tous la possibilité de puiser abondamment aux sources d'eau vive de l'Evangile.


6. Très chers frères et soeurs, continuez inlassablement dans le devoir que vous avez entrepris et auquel vous consacrez la plus grande part de vos énergies, sans vous laisser troubler par les difficultés ni arrêter par les obstacles. Persévérez dans le service convaincu à l'action missionnaire de l'Eglise et vous serez des instruments dociles qui contribuent à édifier dans le monde la civilisation de l'amour.

Tandis que je vous confie, ainsi que vos activités et les personnes qui vous sont chères, à Marie, Etoile de l'évangélisation, je donne de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière à chacun de vous, en l'étendant volontiers à tous ceux qui collaborent à votre travail inlassable d'animation, de formation et de coopération missionnaire sur chaque continent.

 



À L'ARRIVÉE À L'AÉROPORT INTERNATIONAL "PORTELA" DE LISBONNE

Vendredi 12 mai 2000





Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier ministre,
Vénéré Patriarche de Lisbonne,
Chers frères dans l'épiscopat,
Eminents représentants des Autorités,
Mesdames, Messieurs,

Dieu m'a permis de revenir au Portugal et je Lui rends grâce et je le bénis également pour cela. J'offre mon cordial salut de solidarité et de paix à vous tous qui êtes venus ici m'accueillir, ainsi qu'à tous les fils et les filles de cette noble nation. Ma première et respectueuse parole s'adresse à vous, Monsieur le Président, qui avez voulu honorer de votre présence mon arrivée: je vous en remercie!

Dès à présent je désire exprimer ma reconnaissance pour toute la compréhension et la disponibilité avec laquelle les Autorités de l'Etat ont rendu possible cette brève visite qui, en pratique, se résume à la cérémonie liturgique au Sanctuaire de Fatima. Répondant à l'appel pressant des Evêques du Portugal, j'ai accepté de venir à la Cova da Iria pour célébrer, avec la Communauté catholique, la béatification des pastoureaux François et Jacinthe Marto sur le même lieu qui fut pour eux un berceau et qui devient à présent un autel. Je sais que la patrie chante ses héros et se glorifie de ses saints; le Pape s'associe bien volontiers à la joie du Portugal.

Au début de ma visite, j'exprime ma vive estime et mon affection à tous les Portugais, à qui je souhaite un avenir de paix, de bien-être et de prospérité, dans le sillage de leurs traditions les plus véridiques et des valeurs authentiques d'amour pour la patrie, qui sont enracinées dans le christianisme. Que Dieu veille sur tous les fils et toutes les filles de cette Terre de Sainte Marie. Que Dieu bénisse le Portugal.



 SALUT DU SAINT PÈRE AUX MALADES

Samedi 13 mai 2000



Chers pèlerins de Fatima!

Je désire à présent adresser un salut particulier aux nombreux malades ici présents. A travers celui-ci j'entends également embrasser ceux qui, dans leurs maisons et dans les hôpitaux, nous accompagnent spirituellement.

Le Pape vous salue avec une vive affection, très chers malades, en vous assurant d'un souvenir particulier dans la prière, pour vous et pour les personnes qui sont à vos côtés. Je dépose les désirs et les requêtes de chacun auprès de l'Autel où Jésus intercède sans cesse et se sacrifie pour l'humanité.

Je suis venu aujourd'hui parmi vous comme témoin de Jésus ressuscité. Lui sait ce que signifie souffrir; il a vécu les angoisses de la mort; cependant, par sa mort il a tué la mort elle-même, étant le premier être humain, en absolu, qui s'est libéré définitivement de ses chaînes. Il a accompli tout l'itinéraire de l'homme jusqu'à la patrie du Ciel, où il a préparé un trône de gloire pour chacun de nous.

Très cher frère malade!

Si quelqu'un ou quelque chose te fais penser d'être arrivé au terme de ta vie, ne le croit pas! Si tu connais l'Amour éternel qui t'a créé, tu sais également qu'en toi il y a une âme immortelle. Au cours de la vie, il existe diverses saisons; si par hasard tu sens l'hiver arriver, je veux que tu saches que ce n'est pas la dernière saison, car la dernière sera le printemps: le printemps de la résurrection.

La totalité de ta vie s'étend de façon infinie, au-delà de ses frontières terrestres: le Ciel est prévu.
Très chers malades! Je sais que "les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous" (Rm 8,18). Courage! En cette Année Sainte, l'abondance de la grâce du Père se déverse sur celui qui sait l'accueillir avec l'âme simple et confiante d'un enfant. Jésus nous l'a répété dans le passage évangélique qui vient d'être proclamé. Sachez également, chers malades, prendre place parmi ces "petits" afin que Jésus puisse se complaire en vous. D'ici peu, il s'approchera de vous pour vous bénir en personne dans le Très Saint Sacrement. Il vient à vous avec la promesse suivante: "Voici, je fais l'univers nouveau" (Ap 21,5). Ayez confiance! Abandonnez-vous à ses mains providentielles, comme l'ont fait les pastoureaux François et Jacinthe. Ils vous disent que vous n'êtes pas seuls. Le Père céleste vous aime.




AUX MEMBRES DE L’INSTITUT DE FORMATION DES ÉDUCATEURS DU CLERGÉ DE PARIS

Lundi 15 Mai 2000


Chers Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers Amis,

Je suis heureux de vous accueillir, équipe animatrice, prêtres, religieux et religieuses qui participez à l’année de formation à l’Institut de Formation des Éducateurs du Clergé, à l’occasion du trentième anniversaire de sa fondation au lendemain du Concile Vatican II. Notre rencontre me permet de saluer l’attention que la Conférence des Évêques de France porte à la formation des futurs prêtres et de remercier tous ceux qui sont engagés dans la formation du clergé, en particulier la Compagnie de Saint-Sulpice pour les efforts courageux qu’elle accomplit en ce domaine depuis les débuts de l’IFEC, dans une vigilance sans cesse renouvelée aux besoins des diocèses. Mes remerciements vont à tous ceux qui ont contribué au développement de cet Institut, notamment le Père Constant Bouchaud, co-fondateur de l’Institut, le Père Raymond Deville, tous deux membres de la Compagnie de Saint-Sulpice, ainsi que l’Abbé Pierre Fichelle, du diocèse de Lille, alors Supérieur du séminaire de Merville, lui aussi co-fondateur. Ils ont su développer les intuitions conciliaires dans le domaine de la formation sacerdotale, pour faire face aux difficultés des décennies écoulées et pour préparer des cadres capables d’aider des jeunes séminaristes et d’assister les évêques dans la conduite des affaires diocésaines. Je me réjouis de l’ouverture de l’IFEC à des prêtres d’autres continents et à des responsables d’Instituts religieux, manifestant ainsi son souci d’apporter son soutien à l’Église universelle. Pour préparer l’avenir, il est en effet particulièrement important de former une nouvelle génération de prêtres capables de prendre de larges responsabilités diocésaines et de cadres à tous les échelons de l’Église.

Le discernement et la formation à la direction spirituelle sont des éléments essentiels pour les prêtres investis de responsabilité. Ils appellent tout d’abord un travail intérieur sur soi-même, que vous avez accompli tout au long de l’année et de façon spéciale par votre retraite ignatienne, pour unifier votre démarche sacerdotale, ainsi que pour avancer dans la voie de la sainteté et de l’amour du Christ et de son Église. Ils supposent une ouverture intérieure aux motions de l’Esprit Saint, notre maître et notre éducateur, et une attention vigilante aux réalités et aux comportements humains. Ils nécessitent de savoir relire avec lucidité et sérieux sa propre pratique de pasteur et d’enseignant, afin de permettre aux jeunes de mûrir leur vocation et de s’épanouir dans leur ministère ou dans la vie religieuse, par un accompagnement fraternel. C’est en définitive un renouvellement profond de la personne et de la façon d’envisager le ministère sacerdotal qui est ainsi engagé, pour que toute mission donne la véritable joie et produise des fruits.

Je remercie les prêtres, professeurs de séminaires, vicaires généraux et épiscopaux, ainsi que les membres des Instituts consacrés, qui, malgré leurs nombreux engagements ministériels et leurs tâches de gouvernement, ont accepté de se former sur le plan intellectuel, spirituel, pédagogique et pastoral, pour prendre une part active à la formation sacerdotale et religieuse, dont l’importance est capitale (cf. décret Optatam totius, préambule). De nombreux pays font l’expérience du manque de vocations et de la fragilité de jeunes marqués par un monde où les difficultés sociales ne contribuent pas à la maturation des personnalités. Il appartient aux pasteurs et à tous les fidèles d’être, par leur témoignage de vie, des modèles qui donnent le désir de suivre totalement le Christ et de savoir retransmettre plus directement l’appel au sacerdoce et à l’engagement religieux.

Je voudrais aussi attirer votre attention sur la formation permanente du clergé, qui aide les prêtres à vivre les différentes réalités du ministère, à dépasser les inévitables crises de l’existence et à être toujours davantage disponibles pour la mission. La formation permanente permet d’approfondir la rencontre du Seigneur dans les sacrements, en particulier l’Eucharistie, elle affermit l’amour confiant envers l’Église, elle permet de mettre à jour les connaissances religieuses et humaines pour engager un dialogue plus fructueux avec les hommes, et elle favorise la vie fraternelle, qui est comme l’âme du presbytérium (cf. Presbyterorum Ordinis PO 19). Je souhaite donc vivement que de nombreuses personnes puissent profiter d’une année de formation à l’IFEC, fidèle aux intuitions qui ont présidé à sa création.

En vous confiant à l’intercession de la Vierge Marie, qui accompagna et soutint de sa sollicitude maternelle les Apôtres aux origines de l’Église, je vous accorde bien volontiers, ainsi qu’à toutes les personnes qui bénéficient de votre ministère, la Bénédiction apostolique.


  MESSAGE À L'OCCASION DU 450 ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINT CAMILLE DE LELLIS


  Au R.P. Angelo Brusco
Supérieur général
des Clercs réguliers
Ministres des Infirmes (Camilliens)

1. La joie qui accompagne la célébration du grand Jubilé de l'Incarnation acquiert un aspect particulier pour la Famille camillienne, qui s'apprête à célébrer les 450 ans de la naissance de saint Camille de Lellis, qui a eu lieu à Bucchianico le 25 mai 1550. Je m'unis volontiers à l'action de grâce de cet Ordre, qu'il a fondé, ainsi qu'à celle de la Congrégation des Ministres des Infirmes de saint Camille et des Filles de saint Camille, des Instituts séculiers des Missionnaires des Infirmes Christ Espérance et Kamillianische Schwestern, ainsi que de la Famille camillienne laïque, qui ont successivement puisé leur origine au charisme et à la spiritualité du grand saint des Abruzzes.

Cet anniversaire acquiert une importance particulière dans le monde de la santé et de la souffrance, non seulement en raison du généreux engagement des fils de saint Camille en faveur des malades, mais surtout parce que votre Fondateur a été proclamé Patron des malades et des hôpitaux en 1886 par le Pape Léon XIII, Patron du personnel du monde de la santé en 1930, par le Pape Pie XI et Patron du service de santé militaire italien en 1974, par Paul VI.

La coïncidence de cette célébration avec l'année jubilaire prend, en outre, une signification tout à fait particulière, car tout l'itinéraire humain et spirituel de saint Camille s'inscrivit dans le contexte de grandes dates jubilaires, desquelles il tira un désir profond de conversion et de généreuses intentions de servir le Christ chez ses frères malades. En effet, né au cours de l'Année Sainte de 1550, il se convertit en 1575 et, au cours du Jubilé de 1600, il perfectionna les orientations pour la réalisation du charisme de la charité miséricordieuse envers les malades. Ces coïncidences constituent pour cet Ordre, et pour les familles religieuses qui y sont liées, une invitation particulière à accueillir les grâces du grand Jubilé et de l'anniversaire de la naissance de leur Fondateur comme une occasion de fidélité renouvelée au Seigneur et au charisme camillien.

2. Saint Camille de Lellis vécut à une époque particulièrement complexe, dans laquelle dominent de profondes aspirations à la sainteté, mais également des résistances tenaces à une vie inspirée par l'Evangile. Avec sa riche personnalité et son témoignage de charité, il offre à la société de son temps de précieux encouragements de renouveau spirituel, contribuant de manière originale au projet de réforme de l'Eglise, promu par le Concile de Trente. Sa vie, sous l'influence de l'Esprit, apparaît comme un récit merveilleux de l'amour de Dieu créateur et rédempteur, qui manifeste de façon particulière sa tendresse miséricordieuse de médecin des âmes et des corps.

Son oeuvre au service des personnes qui souffrent apparaît comme une authentique école, dont le Pape Benoît XV reconnaîtra la nouveauté du service rendu avec amour et compétence, c'est-à-dire en associant aux connaissances scientifiques et techniques des gestes et des attitudes riches de cette humanité attentive et pleine de sollicitude qui a ses racines dans l'Evangile. Dans les "Dispositions et modes que l'on doit suivre dans les hôpitaux pour servir les pauvres infirmes", qu'il rédigea en 1584, il propose des indications et des intuitions qui seront reprises en grande partie par la science des soins infirmiers de nos jours. Il soutient l'importance de considérer avec attention et respect toutes les dimensions du malade, de la dimension physique et émotive, à la dimension sociale et spirituelle. Dans un passage célèbre des Règles, il invite à demander au Seigneur la grâce "d'une affection maternelle envers son prochain" de façon à "pouvoir le servir avec toute charité, dans l'âme comme dans le corps. En effet, avec la grâce de Dieu nous désirons servir les infirmes avec l'affection qu'une mère aimante a l'habitude d'avoir envers son unique fils malade".

Toutefois, à travers son exemple, saint Camille enseigne surtout à faire du service aux malades une intense expérience de Dieu, qui conduit à chercher constamment le Seigneur dans la prière et dans les sacrements. Sa vie semble recopier le geste de la femme rapporté par l'Evangile de saint Jean (cf. Jn 12,3). Il verse lui aussi sur les pieds de Jésus, présent chez ceux qui souffrent, l'onguent précieux de la charité miséricordieuse, en inondant toute l'Eglise et la société du parfum de son ardeur apostolique et de sa spiritualité. Son témoignage constitue encore aujourd'hui, un puissant appel à aimer le Christ, présent dans nos frères qui portent en eux le fardeau de la maladie.

3. Au cours des siècles, cet appel, accueilli par tant d'âmes généreuses, a amplement manifesté la fécondité du charisme de Camille de Lellis. Ainsi cet Ordre, réalisant les souhaits de l'amour sans limites de son saint Fondateur, a étendu ses branches sur les cinq continents, se diffusant au cours des cinquante dernières années dans vingt nouveaux pays, pour la plupart en voie de développement. Récemment, obéissant au désir du Successeur de Pierre, il a également fait briller la croix de saint Camille en Arménie et en Géorgie, proclamant l'Evangile de la charité envers les malades parmi ces peuples opprimés pendant tant d'années par des régimes contraires à la religion chrétienne.

Que dire, ensuite, de ceux qui embrassant les idéaux et le modèle de vie de saint Camille, ont atteint les sommets de la sainteté? En cette circonstance, je désire rappeler en particulier les membres élus de la grande Famille camillienne, que j'ai moi-même eu la joie d'élever aux honneurs des autels: Enrico Rebuschini religieux de cet Ordre; Giuseppina Vannini, Fondatrice des Filles de Saint-Camille, Maria Domenica Brun Barbantini, Fondarice des Ministres des Infirmes de Saint-Camille.

Mais, dans le même temps, je ne peux pas oublier les religieux camilliens qui, au cours des siècles, "ont sacrifié leur vie en se mettant au service des victimes de maladies contagieuses, et qui ont ainsi montré que le don de soi jusqu'à l'héroïsme fait partie du caractère prophétique de la vie consacrée" (Vita consecrata VC 83). Comment ne pas voir dans cette floraison de sainteté une confirmation de la validité du charisme camillien, comme chemin vers la perfection de la charité?

4. La célébration du 450e anniversaire de la naissance de saint Camille constitue pour ses Fils une invitation importante à affronter avec fidélité et créativité les défis du monde contemporain, et à montrer avec un engagement renouvelé l'actualité de ses enseignements et de son charisme.

Au début du troisième millénaire chrétien, les Camilliens sont appelés, de façon particulière, à témoigner fidèlement du Christ, divin Samaritain, à travers une vie sainte et fervente, soutenue par une prière constante et par une expérience joyeuse de la miséricorde divine. Ils contribueront ainsi à aider la communauté ecclésiale à aller à la découverte du visage du Seigneur crucifié dans chaque personne qui souffre.

Il sera donc nécessaire de cultiver une solide spiritualité pour surmonter les risques faciles d'un pragmatisme sans âme, oubliant la vérité fondamentale selon laquelle le salut de celui qui souffre et qui meurt est l'oeuvre de la grâce de Dieu. Selon l'exemple du saint Fondateur, que chaque Camillien soit un véritable contemplatif dans l'action, en conjuguant sans cesse consécration et mission.

5. Ce choix rendra cet Ordre en mesure de diffuser dans les structures sanitaires une puissante inspiration évangélique, aujourd'hui particulièrement nécessaire dans le monde de la santé, touché par de profonds conflits éthiques, provoqués par un détachement inquiétant de la science et de la technologie du respect authentique de la personne humaine dans les diverses phases de son développement.

Dans ces contextes difficiles, les religieux camilliens sont appelés à se prodiguer avec un dévouement généreux, pour que dans les institutions médicales les malades soient toujours considérés comme les "seigneurs et maîtres", selon l'heureuse expression de saint Camille. Ils devront également avoir une attention particulière afin que le malade devienne conscient de pouvoir être le sujet actif de l'évangélisation, à travers l'offrande de sa propre souffrance, en communion avec le Christ crucifié et glorifié (cf. Christifideles laici CL 52-53 Vita consecrata, n. 83).

En outre, leur attention doit se tourner vers la promotion d'une culture respectueuse des droits et de la dignité de la personne humaine, à travers les Instituts académiques, en particulier le "Camillianium", les centres de pastorale et les structures médicales, déjà présents dans divers pays.

6. Les Fils de saint Camille savent qu'ils sont appelés à privilégier "dans leurs choix les malades les plus pauvres et les plus délaissés, comme les personnes âgées, les handicapés, les marginaux, les malades en fin de vie, les victimes de la drogue et des nouvelles maladies contagieuses" (Vita consecrata VC 83). L'option de se placer aux côtés des pauvres, en promouvant la santé communautaire et en témoignant de l'amour de l'Eglise envers les derniers, résulte particulièrement urgent dans les pays en voie de développement, où la situation d'indigence aggrave les conditions de santé de la population, favorisant la diffusion de nouvelles maladies sociales, en particulier de la toxicomanie et du SIDA, expressions de la dégradation morale de la civilisation et d'injustices sociales qui soulèvent de nombreux problèmes humains et éthiques.

Je connais l'engagement important de l'Institut dans l'assistance aux victimes de ces maladies et à l'oeuvre de formation et de prévention qui s'y rapporte. En me réjouissant des résultats notables obtenus, en particulier ces dernières années, je souhaite que les fils de saint Camille aient toujours davantage à coeur ces situations dramatiques, en s'y consacrant de manière généreuse, compétente et systématique.

7. Dans votre Institut également, s'est récemment ouvert un chapitre riche d'espérance, en raison du groupe nombreux de laïcs, hommes et femmes, qui ont choisi de vivre leur vie chrétienne à la lumière du charisme et de la spiritualité camillienne. En exprimant mon encouragement pour ces collaborations prometteuses, je souhaite que l'engagement de formation et la participation à la vie de l'Ordre puissent amener "des approfondissements inattendus et féconds de certains aspects du charisme, en leur donnant une interprétation plus spirituelle et en incitant à en tirer des suggestions pour de nouveaux dynamismes apostoliques" (Vita consecrata VC 54).

A la Famille camillienne laïque, nouveau fruit du grand arbre né de la foi et de l'amour du saint de Bucchianico, s'adresse mon salut particulier et l'invitation à approfondir leur adhésion au Christ, à travers la pratique d'un service généreux envers les malades, en particulier les plus pauvres.

Je forme de tout coeur pour l'Ordre tout entier le voeu de vivre le 450e anniversaire de la naissance de saint Camille dans la joie et l'engagement apostolique et, alors que je confie à la Vierge Immaculée, Reine des Ministres des Malades et Santé des Malades, ses espérances et ses projets, je souhaite que pour chaque Camillien, l'Année jubilaire constitue également une occasion de ferveur, de sainteté et de grâce.

Avec ces voeux, je vous donne avec affection la Bénédiction apostolique, cher Père, ainsi qu'aux religieux vos confrères, à tous ceux qui composent la grande Famille camillienne, et également à tous ceux qui sont l'objet de leur service charitable et compétent.

Du Vatican, le 15 mai 2000


Discours 2000 - Tor Vergata, 1er mai 2000