Discours 2000 - MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DU LAÏCAT CATHOLIQUE


AUX PARTICIPANTS AU JUBILÉ DE LA RAI-RADIO-TÉLÉVISION ITALIENNE

Lundi, 27 novembre 2000



  Mesdames, Messieurs,

1. Dans le programme de votre pèlerinage jubilaire, outre la "station" dans la basilique Saint-Pierre pour traverser la Porte Sainte et célébrer les Sacrements de la grâce divine, vous avez voulu prévoir une rencontre avec le Successeur de Pierre. Je vous remercie cordialement de cette visite et je souhaite une chaleureuse bienvenue à chacun de vous.

Je désire tout d'abord saluer M. Roberto Zaccaria, Président de la RAI. Je lui suis reconnaissant des paroles courtoises qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue avec le même respect le Directeur général, les membres du Conseil d'Administration, les dirigeants, les journalistes, les collaborateurs, les artistes, les techniciens, les employés et le personnel à la retraite de votre grande entreprise. Ma pensée s'étend également à vos familles, à ceux qui se sont unis à vous dans cet itinéraire de foi, et à ceux qui, bien qu'ils l'eussent souhaité, n'ont pas pu être présents.

J'ai aujourd'hui l'agréable occasion d'exprimer ma satisfaction pleine de reconnaissance pour le service que la RAI, grâce à votre compétence et à votre dévouement, a rendu et continue à rendre à l'Eglise et au Saint-Siège. Il s'agit d'un service de qualité rendu à l'information religieuse et qui demande un engagement encore plus grand au cours de l'Année Sainte. Vous avez voulu répondre aux exigences croissantes à travers une structure particulière, intitulée RAI-Jubilé, pour accompagner ce temps de grâce et pour en rythmer les plus grands événements. Je vous remercie encore une fois de tout coeur! Que le Seigneur, en particulier, vous récompense de ses largesses.

2. Nous vivons à l'époque de la "civilisation de l'image", dans laquelle la radio et la télévision, avec leurs immenses potentialités, suivent les événements là où ils ont lieu et accompagnent les personnes là où elles se trouvent. C'est pour cette raison qu'elles contribuent dans une large mesure à modeler la vie quotidienne et les coutumes de la société, toujours plus "mondialisée", comme on aime le répéter aujourd'hui. Les instruments formidables que la technique met à votre disposition, vous permettent de transmettre des messages qui atteignent des millions de personnes, influençant le rythme de leur existence et contribuant à transformer les opinions et les modes de vie.

Comment ne pas reconnaître les nombreux aspects positifs du service que vous rendez à la société, aux familles, aux individus? A travers votre service, les peuples peuvent plus facilement se rencontrer, les cultures peuvent dialoguer, les drames de l'humanité devenir du domaine public, en vue d'interventions opportunes, les événements heureux être partagés. On ne peut pas non plus passer sous silence l'impact éducatif que revêt, de fait, une programmation soignée, attentive aux valeurs et qui répond aux attentes des personnes. Votre entreprise est véritablement un atelier de paroles et d'images. Vous êtes des agents de la communication, des agents primordiaux dans la tâche commune d'édifier une société à la mesure de l'homme. Dans cet important engagement professionnel, ayez toujours pour objectif le bien commun, en ne cédant jamais aux intérêts purement économiques.

3. Les croyants qui travaillent dans ce secteur ont, en outre, une responsabilité plus grande, car, à travers leur témoignage, ils peuvent influencer les mécanismes complexes de la formation de la conscience civile et sociale. Il s'agit d'une mission difficile, qui exige du courage et souvent de l'héroïsme. Il faut parfois aller à contre-courant et l'on peut faire l'expérience de la solitude, des incompréhensions et même de la marginalisation.

Face à une culture de l'éphémère, souvent plus attentive aux sensations qu'aux valeurs, les chrétiens sont appelés à être des ministres de l'intarissable nouveauté de la Parole de Dieu, en véhiculant, à travers leur contribution, une solide culture de la vie, de la solidarité, de la famille et des droits humains. Il s'agit d'un parcours indispensable, si l'on veut contribuer à édifier la civilisation de l'amour.

L'Eglise, pour sa part, est bien consciente de devoir évangéliser la société de façon diffuse; elle connaît l'importance d'entretenir un rapport correct et cordial avec le monde de la communication, car les moyens importants dont elle dispose aujourd'hui peuvent largement favoriser la diffusion de la Bonne Nouvelle dans chaque milieu.

C'est pourquoi, elle ne se lasse pas de rappeler la dimension morale de l'activité de communication. Elle stimule et encourage les agents de la communication sociale à entretenir une relation correcte et respectueuse avec les personnes, en défendant et en diffusant les valeurs humaines, morales et spirituelles incontournables qui forment également le patrimoine du peuple italien. Etant donné que le sentiment religieux se trouve parmi les éléments constitutifs de l'homme, le choix de programmes pour la télévision, équilibré et faisant preuve d'une sereine ouverture d'esprit, doit également savoir affronter les problèmes de fond de l'existence, en laissant la porte ouverte à des solutions éclairées par la saine raison et la foi.

4. Chers amis! En vous préparant à cette célébration jubilaire, vous avez voulu accomplir un geste de solidarité concrète, en recueillant une somme destinée à la réadaptation d'enfants-soldats au Sierra-Leone. A travers cette initiative, vous avez voulu vivre pleinement l'esprit du Jubilé, qui est une année de conversion, de réconciliation et d'attention envers les plus indigents. Cet engagement contribue également à sensibiliser l'opinion publique sur l'un des plus graves problèmes sociaux de notre époque, qui frappe l'enfance et porte préjudice à son avenir. Je souhaite de tout coeur que l'on ne perde pas l'occasion de souligner cet aspect social de l'Année jubilaire, en agissant avec une détermination résolue pour défendre, respecter et aimer chaque être humain, en particulier s'il est faible et sans défense.

Que Marie, Etoile de l'Evangélisation, vous aide à être fidèles à votre mission et que sainte Claire d'Assise, votre protectrice, intercède pour vous. Que vous accompagne également ma Bénédiction, que je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à ceux qui font partie de la grande communauté de travail de la RAI et à tous ceux qui suivent quotidiennement vos programmes en Italie et dans de nombreux autres pays du monde.


MESSAGE DU SAINT PÈRE À SA SAINTETÉ BARTHOLOMAIOS Ier, PATRIARCHE OECUMÉNIQUE, À L'OCCASION DE LA FÊTE DE SAINT ANDRÉ




A Sa Sainteté Bartholomaios Ier
Archevêque de Constantinople
Patriarche oecuménique

"Que la grâce et la paix vous viennent en abondance par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur!" (2P 1,2).

Par ces paroles dans lesquelles s’exprime l’espérance du Salut, saint Pierre s’adresse aux chrétiens du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce et de l’Asie mineure, "à ceux qui ont reçu par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ, une foi de même prix que la nôtre" (ibid.).

C’est par cette même salutation que je m’adresse à vous, Sainteté, aux membres du Saint-Synode et du Patriarcat oecuménique, en cette heureuse circonstance de la fête de saint André, le premier appelé, le frère de Pierre, le protocoryphée, comme le chante la Liturgie. La délégation guidée par mon Frère estimé, le Cardinal Edward Idriss Cassidy, Président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, que j’ai chargé de me représenter auprès de vous à l’occasion de cette célébration, vous exprimera les sentiments fraternels de l’Evêque de Rome et de l’Eglise catholique.

La commune vénération des saints Apôtres et la prière que nous élevons vers le Christ par leur intercession, nous rappellent la grâce qui nous est donnée d’être enracinés dans l’unique succession apostolique et dans l’unique mission de transmettre aux générations futures et au monde le Salut apporté par l’unique Médiateur, le Christ Jésus. Comme l’Apôtre André quand il rencontra Jésus pour la première fois, nous voulons proclamer ensemble: "Nous avons trouvé le Messie!" (Jn 1,41).

Cette mission qui nous est commune nous impose d’embrasser la cause du rétablissement de la pleine unité de foi et de vie. En effet, comme je le soulignai dans l’encyclique Ut unum sint, "il est évident que la division des chrétiens est en contradiction avec la vérité qu’ils ont la mission de répandre, et qu’elle altère gravement leur témoignage" (UUS 98). Déjà le Pape Paul VI faisait remarquer il y a juste vingt-cinq ans que "la division des chrétiens est un grave état de fait qui parvient à entacher l’oeuvre même du Christ" (exhortation apostolique Evangelii nuntiandi EN 77).

Cette année jubilaire, au cours de laquelle nous célébrons le deux millième anniversaire de l’Incarnation du Verbe de Dieu, nous a permis de rendre un commun témoignage de notre foi. Je suis reconnaissant à Votre Sainteté d’avoir envoyé à Rome ses délégations qui se sont jointes à nous et à celles des autres Eglises et Communautés ecclésiales pour proclamer que le Christ est notre unique Seigneur et Sauveur.

En cette année 2000, après une longue suspension de ses travaux, la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes a pu se réunir à Baltimore pour sa huitième session plénière. Une telle rencontre est en soi un événement important qui a été l'occasion de souligner la complexité des questions à l’étude; pourtant, nous devons constater, à notre grand regret, qu’elle n’a pas permis de réels progrès dans notre dialogue. C’est pourquoi la Commission a opportunément mis en relief la nécessité de poursuivre le dialogue et de rechercher les voies les plus adaptées pour préciser et approfondir davantage les questions en débat.

En ce qui concerne l’Eglise catholique, je puis assurer Votre Sainteté que je suis résolu à continuer le dialogue de la vérité et de la charité. C’est pourquoi je lance un appel aux fidèles catholiques et orthodoxes, pour que, dans les lieux où ils vivent, ils intensifient et affermissent sans cesse leurs relations fraternelles, dans un souci de respect mutuel et confiant. C’est la seule voie qui permette, avec la grâce de Dieu, de guérir les âmes des éventuelles réticences et d’élargir les coeurs pour correspondre pleinement à la volonté divine d’unité, en éliminant les difficultés réelles qui demeurent ou celles qui peuvent se manifester au niveau des Eglises locales. Ce souhait et cette orientation ont été exprimés aux Églises catholiques particulières pour qu’elles s’engagent fermement en ce sens. Nous devons promouvoir une collaboration étroite et désintéressée entre l’Eglise catholique et les Églises orthodoxes, en évitant des actions ou des gestes qui pourraient constituer des formes de pression ou qui pourraient simplement en donner l’impression, et en étant, selon l’exhortation de l’Apôtre Paul aux Corinthiens, "des ministres de Dieu", "par la patience, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sans feinte" (2Co 6,4 2Co 6,6), avec le souci d’être des artisans de paix et de réconciliation.

Avec un coeur pur et libre, pour obéir à la volonté de l’unique Seigneur, nous devons donc continuer notre recherche sincère, fraternelle et aimante de la pleine communion. C’est dans cette perspective que je suis heureux d’avoir pu mettre à la disposition du Patriarcat oecuménique l’ancienne et belle église Saint-Théodore au Mont Palatin à Rome, afin qu’elle soit destinée au culte et aux activités pastorales de la Communauté grecque orthodoxe de la ville, qui aura ainsi l’assistance spirituelle nécessaire à sa croissance et au dialogue avec l’ensemble des chrétiens résidant à Rome.

Au terme de ce message, je désire vous assurer, cher et vénéré Frère, que moi-même, personnellement, et toute l’Eglise catholique, nous demandons fidèlement au Seigneur de nous accorder sa lumière et sa force pour nous donner de comprendre en profondeur sa prière : "Que tous soient un afin que le monde croie!" (Jn 17,21), afin d’apporter notre contribution à sa pleine réalisation.

Au moment où l'Eglise de Constantinople célèbre son saint patron, je prie l’Apôtre André de nous aider à marcher dans la voie de l’unité et à poursuivre nos relations empreintes de délicatesse et de pardon, afin que nous proclamions ensemble que le Christ est notre Sauveur et le Sauveur du genre humain. Dans ces sentiments, j’assure Votre Sainteté, les Evêques et les fidèles de votre Patriarcat de ma profonde charité fraternelle.

Du Vatican, le 25 novembre 2000.

IOANNES PAULUS II



Décembre

À L'ÉPISCOPAT DE L'ÉGLISE GRECQUE-CATHOLIQUE D'UKRAINE

Vendredi 1er décembre 2000


Chers confrères dans l'épiscopat de l'Eglise catholique de rite byzantin-ukrainien!

1. Je suis très heureux de vous accueillir et de vous souhaiter la bienvenue. J'adresse un salut particulier à Monsieur le Cardinal Myroslav Ivan Lubachivsky, Archevêque majeur de Lviv des Ukrainiens.

A travers vous, je salue également toutes les Eglises chrétiennes qui se trouvent dans le pays. Mon salut s'étend également aux Ukrainiens résidant à l'étranger, qui maintiennent vives les traditions religieuses de leur Patrie.


2. Vous êtes venus de l'Ukraine et des pays de la diaspora à Rome pour célébrer le grand Jubilé de l'An 2000.

Ma pensée émue se tourne vers ces jours où, il y a dix ans, après près d'un demi-siècle, vos Evêques d'Ukraine, confesseurs de la foi, rencontraient les prélats ukrainiens de la diaspora. Ce fut un symbole plus fort qu'aucune parole.

A cette occasion, nous avons rendu grâce au Seigneur car le Millénaire du Baptême de votre peuple, célébré en 1988, a marqué le début d'une nouvelle ère, qui a comporté pour vous de nombreux changements de nature sociale et morale, visant à reconnaître le droit à la liberté religieuse pour les catholiques de rite oriental et pour leur Eglise, qui est en unité avec le Siège de Pierre depuis quatre cents ans.

De cette façon, sortait des catacombes la communauté du Peuple de Dieu qui, en 1946, fut déclarée hors-la-loi. Votre Eglise, en suivant fidèlement son Epoux le Christ, a connu les souffrances et la croix, lorsque le cruel régime athée a décrété sa suppression.


3. Mais à présent, elle doit regarder en avant: la grâce de Dieu nous pousse à faire un bon usage de notre temps; car il s'agit d'un temps de salut. L'engagement à édifier l'Eglise est exigeant et passionnant. Le premier devoir vous revient à vous, Evêques du Synode de l'Eglise grecque-catholique ukrainienne. Il s'agit d'une structure d'une grande valeur et d'une grande responsabilité: comme les Apôtres, vous êtes appelés à prendre soin de toute l'Eglise: l'expérience de vos éparchies doit être inclue dans un dessein humain, dans un projet global. Je suis certain que ces années représentent une école importante pour vous: une école qui vous enseigne à travailler ensemble, à porter les fardeaux les uns des autres, à vous sentir tous engagés de façon solidaire à guider vos communautés. La soif de Dieu croît; le peuple a hâte d'être conduit sur la voie du Christ. Je suis certain que vous ressentez avec une grande force cet engagement à vivre, à faire des projets, et à les réaliser ensemble. L'engagement commun est également une responsabilité commune: l'Eglise est placée entre vos mains, et l'on attend beaucoup de vous.


4. Nous venons de l'expérience douloureuse des catacombes. Il est naturel que les premiers efforts de la reprise aient eu lieu sous la poussée des exigences du moment et manifestent donc un certain manque de coordination. Mais aujourd'hui, nous devons surmonter cette première phase de réorganisation et oeuvrer à la création d'un projet pastoral pour votre Eglise, défini par des priorités, des moyens et des échéances.


5. Celui-ci tiendra compte de l'exigence première de la catéchèse et de la formation théologique dans la lignée de votre tradition ecclésiale orientale. Je sais que des institutions éducatives de haute qualité travaillent déjà dans ce but. L'annonce de l'Evangile doit être le fondement de tout projet ecclésial: "Malheur à moi si je n'annonçais l'Evangile!" nous rappelle l'Apôtre.


6. Au sein de ce projet, il ne faut pas oublier le rôle actif des laïcs correctement formés spirituellement et culturellement, et associés à la responsabilité de l'Eglise.


7. Un devoir d'une importance particulière reviendra aux religieux: avant tout le monachisme, qui confère à l'Eglise le goût toujours vivant et la force de ses racines et trouve dans la prière la certitude du "strict nécessaire". Je forme le voeu que celui-ci croisse et se structure selon les traditions glorieuses de l'Orient chrétien. Les communautés religieuses qui se consacrent à l'apostolat sont appelées elles aussi à jouer un rôle fondamental dans ce projet pastoral, en s'engageant dans l'annonce de la Parole de Dieu et à assurer une présence de charité qui soit également un instrument d'évangélisation parmi ceux que l'athéisme a marqués dans le coeur et dans l'âme: en ressentant les gestes transparents et bienveillants ainsi que les paroles fortes et douces de frères et soeurs qui vivent de façon radicale leur engagement baptismal, ils seront touchés par la grâce, tandis que les yeux de leur coeur apprendront à voir ce qui est invisible et pourtant profondément réel: le mystère de l'amour de Dieu qui agit dans l'histoire. Dans la société post-communiste, il est nécessaire que cet amour de Dieu imprègne l'approfondissement théologique et catéchétique, ainsi que l'engagement pastoral des fidèles. Vous, Evêques, en serez les premiers témoins. Je suis certain que les Instituts religieux eux aussi ne manqueront pas de collaborer à l'oeuvre d'évangélisation et à l'activité caritative. Ce n'est qu'ainsi que l'on apportera un témoignage sans équivoque et crédible de l'heureuse complémentarité que le Seigneur a suscitée dans l'Eglise.


8. Dans votre projet pastoral pour l'Eglise grecque-catholique en Ukraine, il sera nécessaire de privilégier cet esprit de paix et de fraternité chrétienne qui devra distinguer tout croyant en Jésus-Christ. Comme cela a été l'héritage commun de dix siècles et l'inspiration de vos Evêques qui voulurent l'union avec Rome, vous êtes appelés à vivre un élan de croissance et de générosité, qui soit au service également des frères et des soeurs orthodoxes, en vue de la recomposition de la pleine communion comme le veut Jésus-Christ; vous chercherez avec leurs Pasteurs de nouvelles voies de témoignage commun, en évitant les oppositions stériles, conscients que le Père nous appelle tous à la charité, afin que le monde croie. C'est cet esprit qui vous dictera des pas et des voies nouvelles et inédites, à travers lesquelles passe le ferment de la charité et de la disponibilité commune à la croissance de votre peuple.

J'espère que le Seigneur m'accordera bientôt d'être parmi vous, en terre ukrainienne, afin d'annoncer avec tous les chrétiens le désir commun de trouver dans le Christ la réponse aux inquiétudes de l'homme et l'unique lumière véritable qui ne s'éteint jamais. J'attends ce jour comme un véritable don spirituel.

En attendant que je puisse le faire personnellement, je vous prie d'apporter à vos fidèles la Bénédiction tendre et ardente du Pape.


AUX ÉVEQUES AMIS DU "MOUVEMENT DES FOCOLARI"

Samedi 2 décembre 2000


  Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat!

1. Cette année également, dans le contexte des rendez-vous traditionnels qui réunissent annuellement les évêques amis du "Mouvement des Focolari", vous avez voulu faire étape auprès de la Tombe de l'Apôtre, franchir ensemble la Porte Sainte et rencontrer le Successeur de Pierre. Je vous remercie de cette visite, de votre affection et de votre proximité spirituelle. Je souhaite à chacun de vous une cordiale bienvenue!

Je salue tout d'abord le Cardinal Miloslav Vlk et je lui exprime ma vive reconnaissance pour les paroles courtoises que, au nom de tous, il a bien voulu m'adresser. En m'adressant à lui, j'entends faire parvenir à chacun de vous et à vos communautés respectives mes félicitations et mon encouragement pour l'oeuvre tenace que vous avez accomplie en faveur de l'unité entre tous les croyants en Christ. Au cours de cette Année Sainte, l'intense désir d'obéir au commandement du Seigneur "pour qu'ils soient un" (Jn 17,11) a été, de façon particulière, au centre de l'esprit jubilaire. Je suis heureux que vous ayez pu réfléchir et prier ensemble sur ce grand objectif, pour lequel l'Eglise catholique a affirmé de façon réitérée son engagement irrévocable. En effet, la voie oecuménique est la voie de l'Eglise.

2. "Ut unum sint!". Le désir passionné du Christ retentit constamment dans les coeurs de tous ceux qu'Il a choisis comme ses disciples et envoyés dans le monde pour être des témoins de son Evangile. Au cours de ces journées, vous avez voulu réfléchir sur cet ardent désir. Le thème autour duquel vous vous êtes retrouvés cette année a été: "Le cri du Christ abandonné: lumière sur le chemin vers la pleine communion entre les Eglises". Vous avez médité sur l'angoisse dont le Christ a fait l'expérience au Gethsémani, lorsqu'il éprouva la solitude et l'abandon en portant à son plein accomplissement la mission que le Père lui avait confiée. Son offrande totale et confiante est devenue la mesure de notre action, car "l'aspiration à l'unité va de pair avec une profonde capacité de sacrifice" (Homélie pour l'ouverture de la Porte Sainte à Saint-Paul, 18 janvier 2000, ORLF n. 25, du 25 janvier 2000).

Le chemin oecuménique trouve donc son modèle décisif dans l'offrande extrême du Fils de Dieu, qui, par amour pour ses frères, assuma chaque division, remportant en lui la victoire sur le péché de la désunion des siens. Comment ne pas voir l'urgence d'un tel amour, pour rendre l'activité oecuménique féconde? Comment ne pas suivre jusque dans les profondeurs de l'âme l'exemple de Jésus qui, "ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin" (Jn 13,1), allant jusqu'à laver les pieds de ses disciples?

3. En voulant accomplir l'oeuvre du Père, le Christ, notre paix, voulut réconcilier en lui le monde entier avec Dieu, au moyen de la Croix, en détruisant dans son corps la haine (cf. Ep 2,16). Nous, les témoins de son sacrifice rédempteur, nous sommes appelés à devenir toujours plus profondément ses instruments et ses ministres d'unité et de sanctification. Tout d'abord à travers la prière, car la réconciliation et la recomposition des divisions dans l'Eglise sont un don d'en-haut. C'est l'Esprit, en effet, qui rassemble les fils de Dieu de chaque lieu de la terre, afin que, dans le Christ, ils élèvent de façon unanime leur louange vers le Père. Il faut invoquer cet Esprit avec insistance, afin qu'il nous rassemble dans une seule bergerie autour d'un seul Pasteur, le Christ.

A la prière doit également s'ajouter une volonté sincère et constante de convertir chaque jour notre coeur à l'Evangile. Plus nous saurons penser et agir selon le coeur du Christ, plus nous saurons être fidèles à son commandement. L'unité est également une conquête patiente et clairvoyante de la foi et de la charité. Il faut permettre au Seigneur, qui est le docteur des âmes, de nous guérir intérieurement de tout égoïsme.

4. Vénérés et chers frères, le passage de la Porte Sainte constitue pour tous un don et un avertissement. Il évoque la nécessité de relire l'histoire complexe et parfois difficile de nos communautés dans la perspective de l'unique Eglise du Christ, où les différences légitimes contribuent à rendre plus rayonnant le visage de l'Epouse du grand Roi. Ce passage est un acte d'amour, de confiance, de pénitence, afin que la grâce salvatrice du Seigneur puisse soulager les souffrances causées par les divisions et rétablir l'entente des esprits et des coeurs.

Je suis certain que le chemin de réflexion et de prière que vous avez parcouru au cours de ces journées sera pour vous une incitation à revenir dans vos communautés encore plus déterminés à témoigner, à travers la parole et la vie, de l'invocation pressante du Christ: "Afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous une seule chose" (cf. Jn 17,21).

Telle est également ma prière, que je confie à Marie, Vierge Immaculée. En invoquant d'abondantes grâces divines sur vous et sur ceux qui vous sont chers, je vous bénis tous de tout coeur, ainsi que les communautés confiées à vos soins pastoraux.


  JUBILÉ DES PORTEURS DE HANDICAP

Dimanche 3 décembre 2000



Très chers frères et soeurs!

1. La journée jubilaire de "la Communauté avec les porteurs de handicap", qui a atteint son sommet ce matin dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, lors de la célébration de l'Eucharistie, va bientôt se conclure.

Je vous salue tous, vous qui êtes ici présents, ainsi que ceux qui se sont unis à nous à travers la radio et la télévision.

Cet après-midi de fête démontre que l'intégration des personnes handicapées a accompli des progrès, même s'il reste encore un long chemin à parcourir; il existe, en effet, des problèmes pressants sur lesquels il est bon de s'arrêter pour réfléchir.

Tout d'abord, le droit que possède chaque homme et chaque femme porteur de handicap, dans tous les pays du monde, à mener une vie digne. Il ne s'agit pas seulement de satisfaire des besoins déterminés, mais plus encore de voir reconnu leur désir d'accueil et d'autonomie. Il est nécessaire que l'intégration devienne une mentalité et une culture et, dans le même temps, que les législateurs et les dirigeants ne manquent pas de soutenir de façon cohérente cette cause.


2. La recherche scientifique, pour sa part, est appelée à garantir toutes les formes possibles de prévention, en protégeant la vie et la santé. Lorsque l'on ne peut pas éliminer le handicap, il est toujours possible de libérer les potentialités que le handicap n'efface pas. Il s'agit de potentialités qui doivent être encouragées et cultivées: en effet, la réhabilitation permet non seulement de récupérer des fonctions altérées, mais elle en développe d'autres et met un frein à la diminution physique.

Parmi les droits qui doivent être garantis, il ne faut pas non plus oublier ceux à l'étude, au travail, au logement, à l'abaissement des barrières, et pas seulement des barrières architectoniques! En outre, il est important pour les parents de savoir que la société prend en charge ce que l'on appelle l'"après nous", en leur permettant de voir leurs fils et leurs filles, porteurs de handicap, confiés aux soins attentifs d'une communauté prête à s'en occuper avec respect et amour.


3. L'Eglise, aimait à dire mon vénéré prédécesseur Paul VI, est "un amour qui recherche". Comme je voudrais que vous vous sentiez tous accueillis et étreints par cet amour! Tout d'abord vous, chères familles: celles dont les enfants sont porteurs de handicap et celles qui en partagent l'expérience. Je vous répète aujourd'hui que je suis proche de vous. Merci du témoignage que vous rendez à travers la fidélité, la force et la patience de votre amour.

En dehors des familles au sens propre, je voudrais rappeler les communautés et associations au sein desquelles les personnes marquées par les difficultés les plus diverses trouvent un milieu adapté pour développer leurs potentialités. Quel précieux don de la Providence constituent donc, par exemple, les "maisons-familles", où des personnes autrefois abandonnées à elles-mêmes trouvent un accueil chaleureux et généreux! Comme sont également dignes d'éloges les diverses réalités associatives dans lesquelles, dans un esprit de partage généreux, les limites ne constituent pas un obstacle, mais un encouragement à croître ensemble. Et que dire des volontaires qui se trouvent aux côtés de nos frères et soeurs dans le besoin? Très chers amis, vous êtes un peuple de témoins de l'espérance qui, silencieusement mais avec efficacité, contribuez à édifier un monde plus libre et fraternel.


4. La Parole du Seigneur illumine ce chemin de solidarité. Il y a quelques instants, l'Evangile des Béatitudes a retenti dans cette salle et, sur ce grand écran, il nous a été possible d'admirer le visage de Jésus miséricordieux. Dans le Royaume de Dieu - nous rappelle le Christ - l'on vit un bonheur à "contre courant", non pas fondé sur le succès et sur le bien-être, mais qui trouve sa raison d'être profonde dans le mystère de la Croix. Dieu s'est fait homme par amour; il a voulu partager jusqu'au bout notre condition, en choisissant d'être, dans un certain sens, "handicapé" afin de nous enrichir par sa pauvreté (cf. Ph Ph 2,6-8 2Co 8,9).

"Heureux ceux qui ont une âme de pauvres, les affligés et ceux qui sont persécutés pour la justice", car leur récompense dans les Cieux est grande! C'est là que réside le paradoxe de l'espérance chrétienne: ce qui semble humainement un malheur, est toujours un projet de salut dans le dessein divin. Nous repartons encouragés par cette journée jubilaire, entièrement marquée par les Béatitudes évangéliques. Le Christ, notre compagnon de voyage, est notre joie. Dans quelques jours, nous le contemplerons dans le mystère de son Noël: de Bethléem, où il a choisi de devenir l'un de nous, il renouvellera son annonce de bonheur. Notre tâche est de la faire parvenir partout, pour qu'elle soit pour chacun une source de sérénité et de paix. C'est pour cela que je prie, alors que je vous bénis de tout coeur.


  PRIÈRE DU PAPE JEAN PAUL II POUR LA SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

Vendredi 8 décembre 2000, Place d'Espagne



1. Aujourd'hui, huit décembre, se renouvelle
le pèlerinage pieux des Romains,
sur cette historique Place d'Espagne,
où le bienheureux Pie IX voulut élever, en 1856,
ce monument marial en souvenir
de la promulgation du dogme
de l'Immaculée Conception.

Nous rendons hommage à la Très Sainte Vierge
préservée dès le premier instant
de la tache de la faute originelle
et de tout autre ombre de péché,
en vertu des mérites de son Fils Jésus-Christ,
notre unique Rédempteur.

Comme chaque année, je m'unis volontiers
à cet hommage floral traditionnel,
symbole éloquent d'un acte choral de consécration
au Coeur immaculé de la Mère du Seigneur.


2. Dans le contexte du grand Jubilé,
retentit avec une importance particulière
la vérité de foi
que l'Eglise professe et proclame aujourd'hui:

"Je mettrai une hostilité entre toi et la femme,
entre ton lignage et le sien.
Il t'écrasera la tête" (Gn 3,15).
Des paroles d'espérance prophétiques,
qui ont retenti à l'aube de l'histoire!

Elles annoncent la victoire que Jésus,
"né d'une femme" (Ga 4,4),
devait remporter sur satan, prince de ce monde.
"Il t'écrasera la tête": la victoire du Fils
est la victoire de la Mère,
la Servante Immaculée du Seigneur,
qui intercède pour nous
en tant qu'avocate de miséricorde.

Tel est le mystère
que nous célébrons aujourd'hui;
telle est l'annonce que nous renouvelons avec foi
au pied de cette statue mariale.

Rome, berceau d'histoire et de civilisation,
choisie par Dieu comme siège de Pierre
et de ses successeurs,
terre sanctifiée par de nombreux martyrs
et témoins de la foi,
ouvre aujourd'hui ses bras au monde entier.

Rome, centre de la foi catholique, devient la voix
du peuple chrétien présent sur les cinq continents
et proclame avec une foi joyeuse:
en Toi, Marie, l'Amour a vaincu.


3. "Je mettrai une hostilité entre toi et la femme..."
Dans ces paroles mystérieuses
du Livre de la Genèse
la vérité dramatique de toute l'histoire de l'homme
n'est-elle pas résumée?

Il y a trente cinq ans, au terme de ses travaux,
le Concile oecuménique Vatican II rappelait
que l'histoire est, dans sa réalité profonde,
le théâtre d'"un dur combat
contre les puissances des ténèbres;
commencé dès les origines,
il durera, le Seigneur nous l'a dit,
jusqu'au dernier jour" (Gaudium et spes GS 37).

Dans cette lutte sans trêve
se trouve l'homme, chaque homme, qui
"doit sans cesse combattre pour s'attacher au bien,
et ce n'est qu'au prix de grands efforts,
avec la grâce de Dieu,
qu'il parvient à réaliser son unité intérieure"
(ibid. GS GS 37).

4. Vierge Immaculée, Mère du Sauveur,

les siècles parlent de ta présence maternelle

pour soutenir le peuple

en pèlerinage sur les routes de l'histoire.


Vers Toi nous élevons nos yeux

et nous Te demandons de nous soutenir

dans la lutte contre le mal

et l'engagement pour le bien.


Garde-nous sous ta protection maternelle,

Vierge très belle et très sainte!

Aide-nous à avancer dans le nouveau millénaire

revêtus de cette humilité qui T'a rendue

bien-aimée aux yeux du Très-Haut.


Que les fruits de cette Année jubilaire

ne se perdent pas!


Entre tes mains nous déposons

l'avenir qui nous attend,

en invoquant sur le monde entier

ta protection constante.


C'est pourquoi, comme l'Apôtre Jean,

nous voulons que tu viennes chez nous

(cf. Jn 19,27).


Reste avec nous, Marie,

reste avec nous en tout temps!



Discours 2000 - MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DU LAÏCAT CATHOLIQUE