Discours 2000 - Vendredi 8 décembre 2000, Place d'Espagne

Ora pro nobis, intercede pro nobis,

ad Dominum Iesum Christum!

Amen. DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II



AUX MEMBRES DE LA "FÉDÉRATION INTERNATIONALE DE FOOTBALL ASSOCIATION" (FIFA)

Lundi 11 décembre 2000



Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

C'est avec un grand plaisir que je vous accueille ce matin à l'occasion de la réunion du Comité exécutif de la FIFA. Je salue le Président, M. Joseph Sepp Blatter et ses Vice-présidents, le Secrétaire général, M. Michel Zen-Ruffinen, les Présidents des Confédérations internationales, ainsi que vous tous, qui êtes chargés de superviser le monde du football, une tâche véritablement universelle.

Le football est, en effet, un sport mondial, et cela est plus évident que jamais, étant donné l'ampleur de l'intérêt populaire et de la couverture médiatique que ce sport suscite. Vous avez une responsabilité mondiale, avec plus de deux cents pays et cent-vingt millions de joueurs réunis dans votre Association. Vous détenez entre vos mains une puissance immense, et celle-ci doit être utilisée pour le bien de la famille humaine.

Vous êtes certainement des administrateurs; mais vous êtes également des éducateurs, car le sport peut effectivement inculquer de nombreuses valeurs élevées, telles que la loyauté, l'amitié et l'esprit d'équipe. Il est particulièrement important de garder cela à l'esprit à une époque où le football est devenu pour ainsi dire une industrie mondiale. Il est vrai que le succès financier du football peut aider à soutenir de façon méritoire de nouvelles initiatives, comme le "Charity Project" (projet caritatif) de la FIFA. Mais il peut également contribuer à créer une culture de l'égoïsme et de l'avidité. C'est pourquoi les valeurs les plus nobles du sport doivent être soulignées et transmises à travers les organismes représentés par votre Fédération.

En tant que sport dont la passion est partagée par des personnes de différents milieux ethniques, raciaux, économiques et sociaux, le football est un excellent moyen de promouvoir la solidarité qui est si nécessaire dans un monde profondément marqué par les tensions ethniques et raciales. La "Fair Play Campaign" (la campagne "Jouons selon les règles") de la FIFA constitue un signe positif de votre volonté de contribuer à utiliser le sport pour établir un climat de respect et de compréhension entre les personnes.

Le sport est éducatif, car il transforme les impulsions humaines, même celles qui sont potentiellement négatives, en intentions positives. Les jeunes apprennent à avoir un sain esprit de compétition sans conflit. Ils apprennent à entrer dans un stade dans lequel leurs adversaires ne sont pas leurs ennemis. C'est pour cette raison que j'exprime le souhait sincère que la FIFA continue à tous les niveaux d'affronter le problème de la violence, qui nuit tant au jeu.

En fait, en dépit de son importance en tant qu'instrument d'éducation aux grands défis de la vie, le football demeure un jeu. Il est une forme de jeu, à la fois simple et complexe, dans lequel les personnes jouissent des merveilleuses possibilités de la vie humaine - physiques, sociales et spirituelles. Ce serait triste si l'esprit de jeu et le sentiment de joie présents dans la saine compétition devaient être perdus. Vous êtes les gardiens du véritable esprit du jeu. Vous avez adopté comme devise les paroles: "Pour le bien du Jeu". Il ne fait aucun doute que le bien du jeu peut aussi devenir une partie importante du bien du monde! En tant que signe de la présence du Tout-Puissant auprès de vous dans cette tâche, j'invoque sur vous et sur ceux que vous représentez les dons divins de paix et de joie. Dieu vous bénisse tous!

 




LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR DU TCHAD PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Jeudi 14 décembre 2000



Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec plaisir que je souhaite la bienvenue à Votre Excellence à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Tchad auprès du Saint-Siège.

Je vous remercie des aimables paroles que vous m'avez adressées, ainsi que des souhaits que vous m'avez transmis de la part de Son Excellence Monsieur Idriss Deby, Président de la République. Je vous saurais gré de Lui faire parvenir les voeux cordiaux que je forme pour sa personne et pour l'accomplissement de sa charge au service du peuple tchadien. Je prie aussi le Tout-Puissant de soutenir l'engagement de tous vos compatriotes à vivre dans la paix et dans la compréhension mutuelle, afin que tous puissent bénéficier d'une existence digne et paisible.

2. Vous m'avez fait part dans votre allocution, Monsieur l'Ambassadeur, des efforts déployés dans votre pays afin que la société tout entière progresse vers une démocratie pluraliste respectueuse des droits fondamentaux de l'homme et que des bases solides soient données à l'édification d'un État de droit. En assurant effectivement aux personnes et aux groupes humains des conditions de vie fondées sur la justice et sur le respect mutuel, on trouvera les voies nécessaires pour préserver, de façon durable, la convivialité et l'harmonie au sein de la société tout entière.

Afin de garantir la stabilité et la sécurité, les perspectives économiques nouvelles qui s'ouvrent pour votre pays doivent contribuer avant tout à satisfaire les besoins élémentaires de la population et à éliminer les disparités entre les personnes et entre les régions. Toutefois, il convient que les bienfaits du développement, auxquels aspire l'ensemble des Tchadiens, ne se limitent pas à la croissance légitime du bien-être matériel, mais rendent possible un véritable épanouissement des personnes, des familles et de la société dans toutes leurs dimensions humaines et spirituelles. Si l'on permet à tous, et particulièrement aux plus démunis, de mener une vie décente et conforme à leur vocation humaine, les menaces contre la paix s'éloigneront et des relations sociales solidaires pourront s'établir durablement entre toutes les composantes de la nation.

3. Je me réjouis de savoir que votre pays souhaite apporter une contribution renouvelée au service de la paix dans la région. Au moment où nous entrons dans un nouveau millénaire, il est de plus en plus urgent que l'Afrique tout entière s'engage résolument sur les chemins de la paix et de la réconciliation, pour que cessent enfin les violences dont sont victimes tant de populations innocentes. Les nombreux conflits qui continuent à blesser dramatiquement le continent doivent faire comprendre à tous, comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner, "qu'est arrivée l'heure de changer de route, avec détermination et avec un sens aigu des responsabilités" (Message pour la journée mondiale de la paix 2000, n. 8).

Par ailleurs, la rencontre fraternelle et le dialogue sincère entre les croyants, particulièrement entre chrétiens et musulmans, sont des nécessités impérieuses pour "alimenter l'espérance de justice et de paix sans laquelle il n'y a pas d'avenir digne de l'humanité" (Discours à l'Assemblée interreligieuse, 28 octobre 1999). Pour maintenir et développer un esprit de confiance et de collaboration entre tous les citoyens, il est donc essentiel pour les responsables civils et religieux de contribuer à renforcer les conditions d'exercice d'une véritable liberté religieuse.

4. Je sais que, dans votre pays, la communauté catholique, qui participe de bien des manières au développement de la nation ainsi qu'à sa cohésion, est respectée et appréciée par les responsables de la vie civile et par l'ensemble de la population. Par son engagement au service de tous les Tchadiens, sans distinction, elle entend témoigner efficacement du message de paix et de réconciliation qu'elle a reçu du Christ. Elle souhaite aussi collaborer avec tous les hommes de bonne volonté afin que la valeur sacrée de la vie de toute personne humaine soit reconnue et respectée, et que disparaisse tout ce qui s'oppose à la vie ou offense la dignité de l'homme. En travaillant pour que grandissent la justice et la solidarité, l'Église désire donner aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui des signes d'espérance pour leur avenir et celui de leurs enfants.

Vous me permettrez, Monsieur l'Ambassadeur, de saluer chaleureusement, par votre intermédiaire, les Évêques du Tchad ainsi que tous les membres de la communauté catholique. Je souhaite que l'année jubilaire qui s'achève porte d'abondants fruits spirituels, afin que les fidèles soient toujours plus d'ardents disciples du Christ et des témoins généreux de l'amour de Dieu pour l'humanité. Avec tous leurs compatriotes, qu'ils contribuent à l'édification d'une nation unie et fraternelle où chacun se sente pleinement accueilli et respecté !

5. Au moment où commence votre mission, je vous offre mes voeux les meilleurs pour la noble tâche qui vous attend. Je vous assure que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.

J'invoque de grand coeur sur Votre Excellence, sur le peuple tchadien et sur ses dirigeants, l'abondance des Bénédictions divines.




AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE CROATIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 15 décembre 2000



Monsieur l'Ambassadeur,

1. En vous souhaitant une cordiale bienvenue, j'accepte avec plaisir les Lettres qui vous accréditent près le Saint-Siège en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Croatie. Je vous remercie des paroles cordiales que vous avez voulu m'adresser, en rappelant les engagements et les espérances du pays que vous représentez.

Je désire avant tout faire parvenir, à travers vous, mon salut respectueux et cordial à M. Stjepan Mesic, Président de la République de Croatie, ainsi qu'à tous les habitants de la belle et accueillante terre de Croatie, que j'ai pu visiter à deux reprises: en septembre 1994 et en octobre 1998. Ces visites ont constitué des occasions particulières qui m'ont permis de voir de près la force spirituelle de la population croate ainsi que son riche héritage religieux et culturel. Cela la rend capable d'apporter, en tant que Nation souveraine, une contribution à l'édification de la Communauté internationale, en vue d'une paix stable, sur la base de l'égalité réelle, du respect réciproque, de la solidarité concrète dans les divers domaines sociaux, de celui économique et technologique à celui culturel et politique.


2. La Croatie, antique et noble nation, fait partie depuis une décennie de la grande famille des nations européennes, qui jouissent de la liberté et de la démocratie, et, avec elles, regarde l'avenir avec optimisme et espérance. Les dictatures qu'elle a subies au cours du dernier siècle demeurent un avertissement sévère qu'il ne faut pas oublier. Les conséquences désastreuses que des idéologies aussi néfastes ont produites constituent une invitation pressante à ne pas permettre que se reproduisent à l'avenir, dans quelque partie du monde que ce soit, de telles expériences dramatiques.

Puissent ces pages d'histoire, marquées par des tragédies humaines et sociales inoubliables, aider les pays d'Europe à être toujours plus conscients de la nécessité de surmonter ensemble le tragique héritage des divers totalitarismes, en faisant de l'Europe elle-même une maison commune, un domaine de solidarité réelle, imprégné par les valeurs de l'Evangile, qui en ont formé l'histoire. Aujourd'hui plus que jamais, les nations européennes sont appelées à une collaboration toujours croissante, marquée par une estime réciproque, par la compréhension constructive et par l'interdépendance enrichissante.


3. La Croatie avance sur la voie de la démocratie. Il s'agit pourtant d'un parcours qui n'est pas toujours facile, à cause des expériences qui ont marqué le passé et de la récente guerre qui a empêché le progrès ordonné du pays et de la région. Il faut poursuivre sur le chemin commencé, en faisant preuve d'une grande patience, sagesse, disponibilité au sacrifice, solidarité généreuse et esprit de réconciliation. Il s'agit d'un engagement qui concerne les citoyens mais, plus encore, les gouvernements. Il exige de chacun compréhension, constance, et pondération pour surmonter les difficultés et pour atteindre les nobles objectifs auxquels la Croatie aspire.

Les progrès accompli au cours de la dernière décennie représentent un encouragement à oeuvrer en vue d'un avenir toujours meilleur du pays. Je souhaite que ce processus se poursuive, grâce à la solidarité concrète et généreuse des pays plus développés. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra réaliser les perspectives d'une amélioration des conditions de vie dans un cadre de paix stable et de réconciliation nationale, sans laquelle une Nation ne peut progresser.


4. A toutes les Nations d'Europe, qu'elles soient grandes ou petites, il faut assurer la liberté et la démocratie avec des droits et des devoirs égaux. Telle est la route qui conduit vers un avenir de paix stable et de développement authentique au bénéfice non seulement de l'Europe. En effet, la démocratie ne s'impose ni ne s'improvise; au contraire, elle exige éducation et soutien. Cela requiert une croissance permanente de la conscience civile et sociale et une participation constante de toutes les composantes du pays à la construction du bien commun, en ne perdant jamais de vue la vérité sur l'homme et sur la femme, crées par Dieu à son image et sa ressemblance (cf. Gn Gn 1,26-27).

La démocratie exige que toutes les structures de l'Etat soient mises au service de tous les citoyens, et non seulement des groupes individuels, et que se développe un dialogue stable entre toutes les composantes politiques et sociales dans la recherche commune du bien commun et dans le respect de tous et de chacun. Ceux qui sont appelés à servir la communauté sont tenus de faire référence en toute circonstance aux principes éthiques et aux normes morales sur lesquels doit s'appuyer toute société. Ceux qui ont l'honneur d'assumer le rôle de représentants politiques ne peuvent manquer de faire référence à ce patrimoine de valeurs: ils devront s'engager de façon constructive en vue de la promotion effective de la personne, de la famille, et de toute la société. Cela suppose chez eux la conscience constante de devoir agir en tant que sages défenseurs et dispensateurs du bien commun.


5. En affrontant les défis difficiles du moment actuel, il est particulièrement important que ceux qui ont des responsabilités dans le cadre de l'Administration de l'Etat sachent diffuser espérance et confiance dans la population, avec un soin particulier envers les personnes et les groupes plus faibles et dans le besoin. Il est indispensable de tenir compte des exigences justes et légitimes des familles et des jeunes, que ce soit dans le domaine économique et social, ou dans celui juridique et politique; il est nécessaire de protéger la personne et la vie humaine, dans toutes ses phases, de son début à son déclin naturel.

La famille et les jeunes attendent avec raison de pouvoir vivre en travaillant honnêtement pour construire avec confiance un avenir serein. La dignité du travail humain exige des lois qui empêchent les abus et, en favorisant une juste distribution des richesses, créent un climat général capable d'encourager l'emploi, la paix sociale et la réalisation d'un véritable progrès.


6. Pour sa part, l'Eglise, demeurant dans le domaine qui lui revient, ne manquera pas d'offrir sa contribution, en particulier en témoignant des valeurs qui, de par leur nature, ne sont pas sujettes au changement des circonstances sociales et historiques, car elles puisent leurs racines dans la réalité même de l'homme. Son service doit être avant tout au bénéfice des personnes, des familles et de toute la société civile.

Dans son engagement en faveur de la cause de l'homme, l'Eglise reconnaît qu'il existe de vastes domaines de collaboration avec l'Etat. Dans ce cadre, comment ne pas rappeler les Accords stipulés entre le Saint-Siège et la République de Croatie? Il s'agit d'instruments d'une importance particulière, qui, dans le respect des autonomies et des compétences réciproques, contribuent à rendre harmonieuse la relation entre l'Eglise et l'Etat au bénéfice des citoyens croates.


7. Monsieur l'Ambassadeur, je forme des voeux afin que l'accomplissement de la haute fonction qui vous a été confiée puisse intensifier ultérieurement les relations cordiales qui existent déjà entre le Saint-Siège et la République de Croatie. Je vous souhaite un agréable séjour dans cette ville de Rome, riche d'histoire, de culture, et de foi chrétienne. Je suis certain que mes collaborateurs ne manqueront pas d'entrer en contact avec vous dans une attitude de disponibilité ouverte, pour affronter les questions et les difficultés qui se présenteront.

En implorant pour Vous, pour votre famille, pour les dirigeants de votre pays, ainsi que pour tous les fils et les filles de votre bien-aimée nation croate, l'intercession de la bien-aimée Mère de Dieu, vénérée comme Advocata Croatiae fidelissima, et de saint Joseph, Patron de la Croatie, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères et à tous ceux qu'en tant qu'Ambassadeur, vous représentez, la Bénédiction apostolique.




AUX PÈLERINS PROVENANT DE LA RÉGION FÉDÉRALE DE CARINTHIE À L'OCCASION DE LA REMISE DE L'ARBRE DE NOËL DE LA PLACE SAINT-PIERRE

Samedi 16 décembre 2000


  Chers frères dans l'épiscopat,
chers frères et soeurs de Carinthie,

1. Avec l'arbre de Noël, que vous avez apporté de votre patrie à Rome, vous nous avez fait à tous un don précieux. Il y a trois ans, vous avez pris la décision de donner en l'Année du grand Jubilé de l'an 2000 l'arbre de Noël pour la Place Saint-Pierre. A cette époque déjà, le Saint-Siège avait accepté cette offre qui se réalise aujourd'hui. L'arbre de Noël représente un salut éloquent de la région fédérale de Carinthie et de l'Eglise de Gurk-Klagenfurt à tous ceux qui, à l'occasion du saint Noël, s'unissent de la ville de Rome et du monde entier au coeur du christianisme.

Je voudrais remercier tous ceux qui ont fait ce don. J'adresse un salut particulier au vénéré Pasteur, l'Evêque Egon Kapellari, ainsi qu'à tous les pèlerins parmi lesquels se trouve le gouverneur régional de Carinthie, accompagné d'une délégation officielle, et le Maire de Gurk avec un groupe de la commune.

2. Lorsque, ces jours-ci, de la fenêtre de mon bureau, je regardais la Place Saint-Pierre, l'arbre a suscité en moi une élévation spirituelle. Déjà, dans mon pays, j'aimais beaucoup les arbres.

Lorsqu'on les regarde, ils se mettent en un certain sens à parler. Un poète considère les arbres comme des prédicateurs portant un message profond: "Ils ne prêchent pas des doctrines et des recettes, mais annoncent la loi fondamentale de la vie".

A travers la floraison du printemps, la maturité de l'été, les fruits de l'automne et le déclin de l'hiver, l'arbre raconte le mystère de la vie. C'est pourquoi les hommes, depuis les temps anciens, ont adopté l'image de l'arbre pour réfléchir sur les questions principales de la vie.

3. Comme les arbres, les hommes aussi ont besoin de racines profondément ancrées dans la terre. Seul celui qui est enraciné dans la terre fertile possède la stabilité. Il peut s'élever vers le haut pour accueillir la lumière du soleil et peut, dans le même temps, résister aux vents autour de lui. Mais celui qui croit pouvoir vivre sans fondement vit une existence incertaine qui ressemble à des racines sans terre.

L'Ecriture Sainte nous indique la base sur laquelle nous pouvons enraciner notre vie pour une solide existence. L'Apôtre Paul nous donne un bon conseil: "Comme les arbres qui ont en lui ses racines, appuyez-vous sur votre foi, telle qu'on vous l'a enseignée" (cf. Col Col 2,7).

4. L'arbre porte ma pensée vers une autre direction. Dans nos maisons et les lieux où nous vivons, nous avons coutume de mettre l'arbre de Noël à côté de la crèche. Comment ne pas penser, dans ce contexte, au paradis, à l'arbre de la vie, mais également à l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Avec la naissance du Fils de Dieu, a eu lieu la nouvelle création. Le premier Adam, voulant être comme Dieu, a goûté du fruit de la connaissance. Jésus-Christ, le nouvel Adam, tout en revêtant une nature divine, ne prétendit pas égaler Dieu dans sa ressemblance, mais préféra s'anéantir lui-même, en prenant la nature d'esclave et en devenant semblable aux hommes (cf. Ph Ph 2,6-7): de la naissance jusqu'à la mort, de la crèche jusqu'à la croix. De l'arbre du paradis vint la mort, de l'arbre de la croix ressuscita la vie. Ainsi, l'arbre appartient à la crèche, en faisant allusion à la croix, l'arbre de la vie.

5. Monseigneur l'Evêque, chers frères et soeurs! J'exprime une fois de plus ma profonde gratitude pour votre cadeau de Noël. Recevez également comme don le message de l'arbre qui, comme l'a dit le Psalmiste: "Heureux l'homme [...] qui se plaît dans la loi de Yahvé [et] murmure sa loi jour et nuit! Il est comme un arbre planté auprès des cours d'eau; celui-là portera fruit en son temps et jamais son feuillage ne sèche; tout ce qu'il fait réussit" (Ps 1,2-3).

Avec ces sentiments, je vous souhaite à tous, ainsi qu'à vos proches et amis, un bon Noël de l'Année Sainte 2000. Que toutes vos bonnes intentions de nouvelle année puissent s'accomplir avec l'aide de Dieu. Les saints de votre pays seront pour vous de puissants intercesseurs. Je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.




AUX PARTICIPANTS AUX DIVERS PÈLERINAGES JUBILAIRES

Samedi 16 décembre 2000


  Très chers frères et soeurs!

Aujourd'hui également, vous êtes venus en grand nombre à ce rendez-vous jubilaire. Je vous remercie de cette visite appréciée, qui s'insère dans le cadre de votre pèlerinage auprès des Tombes des Apôtres. En l'Année du grand Jubilé, vous entendez renouveler votre profession de foi dans le Christ, notre Sauveur. Je vous salue avec affection et je vous accueille bien volontiers sur cette grande place, but quotidien de très nombreux pèlerins provenant de toutes les parties du monde.

Je m'adresse à présent à vous, très chers frères et soeurs engagés à divers titres dans le secteur de la Mode, réunis ici pour célébrer votre Jubilé. Dans votre travail, qui exige de vous créativité et goût, vous cherchez à transmettre aux autres l'amour pour la beauté. Pour que cela s'accomplisse pleinement, soyez toujours animés par les sains principes moraux qui forment le patrimoine de chaque culture authentiquement humaine. Puisse votre oeuvre, inspirée également par la beauté et la nouveauté du message chrétien, élever l'esprit vers Celui qui transforme en Jubilé les difficultés de la vie. Je souhaite que chacun de vous, pèlerin auprès de la tombe de l'Apôtre Pierre, puisse vivre cette expérience de foi et de conversion, pour célébrer dans la joie les deux mille ans de la naissance du Christ.

Chers jeunes scouts unitaires de France, je vous salue cordialement, ainsi que tous les francophones. Que votre pèlerinage vous aide à vous tourner vers le Christ, pour recevoir sa grâce et un nouvel élan pour la mission, dans une communion toujours plus grande avec toute l'Eglise. Avec la Bénédiction apostolique.

Mon salut affectueux s'adresse enfin aux autres groupes de pèlerins et aux fidèles qui se sont joints à notre rencontre, qui a lieu précisément au début de la Neuvaine de Noël.

Que la Très Sainte Vierge, qui accueillit il y a deux mille ans dans son sein virginal le Verbe de Dieu fait homme, nous aide à préparer notre coeur pour le Seigneur qui vient apporter la paix et le salut également à notre époque. Tel est le souhait que je forme pour chacune des personnes présentes et que j'accompagne volontiers d'une Bénédiction apostolique spéciale.

  


MESSAGE DU SAINT PÈRE AU CARD. ANTONIO MARÍA JAVIERRE ORTAS À L'OCCASION DU CONGRÈS POUR LE 1200ème ANNIVERSAIRE DU COURONNEMENT DE L'EMPEREUR CHARLEMAGNE



A mon Vénéré Frère dans l'épiscopat le Cardinal Antonio María Javierre Ortas

C'est avec plaisir que j'ai appris que le 16 décembre prochain, vous présiderez une séance académique consacrée au 1200ème anniversaire du couronnement impérial de Charlemagne, par le Pape Léon III à Noël de l'an 800. En voulant participer, tout au moins spirituellement, à la célébration de cet anniversaire historique, je vous envoie mon Message, à travers lequel j'entends vous faire parvenir, ainsi qu'à l'éminente assemblée, mon salut et mes voeux.

La commémoration de cet événement historique nous invite à tourner le regard non seulement vers le passé, mais également vers l'avenir. En effet, celle-ci coïncide avec la phase décisive de la rédaction de la "Charte des droits fondamentaux" de l'Union européenne. Cette heureuse coïncidence invite à réfléchir sur la valeur que possède également aujourd'hui la réforme culturelle et religieuse promue par Charlemagne: son importance, en effet, est bien plus grande que l'oeuvre qu'il accomplit pour unifier matériellement les diverses réalités politiques européennes de l'époque.

Il s'agit de la synthèse grandiose entre la culture de l'antiquité classique, en majorité romaine, et les cultures des peuples germaniques et celtes, une synthèse effectuée sur la base de l'Evangile de Jésus-Christ, et qui caractérise l'immense contribution offerte par Charlemagne à la formation du continent. En effet, l'Europe, qui ne constituait pas une unité définie du point de vue géographique, ne devint un continent qu'à travers l'acceptation de la foi chrétienne qui, au cours des siècles, réussit à diffuser ses valeurs dans presque toutes les autres parties de la terre, pour le bien de l'humanité. Dans le même temps, on ne peut pas oublier que les idéologies qui ont été la cause de fleuves de larmes et de sang au cours du XX siècle, sont nées d'une Europe qui avait voulu oublier ses fondements chrétiens.

L'engagement pris par l'Union européenne de formuler une "Charte des droits fondamentaux", constitue une tentative de synthétiser à nouveau, au début du nouveau millénaire, les valeurs fondamentales auxquelles doit s'inspirer la coexistence entre les peuples européens. L'Eglise a suivi avec une vive attention l'élaboration de ce document. A ce propos, je ne peux pas cacher ma déception que dans le texte de la Charte n'ait été insérée aucune référence à Dieu, en qui se trouve par ailleurs la source suprême de la dignité de la personne humaine et de ses droits fondamentaux. On ne peut pas ignorer que ce fut la négation de Dieu et de ses commandements qui créa, au siècle passé, la tyrannie des idoles, exprimée à travers la glorification d'une race, d'une classe, de l'Etat, de la nation, du parti, au lieu du Dieu vivant et véritable. C'est précisément à la lumière des événements tragiques du vingtième siècle que l'on comprend comment les droits de Dieu et de l'homme s'affirment ou disparaissent ensemble.

Malgré beaucoup de nobles efforts, le texte élaboré pour la "Charte européenne" n'a pas satisfait aux attentes légitimes d'un grand nombre de personnes. On pouvait, en particulier, défendre de façon plus courageuse les droits de la personne et de la famille. La préoccupation pour de tels droits, qui ne sont pas toujours compris et respectés de façon appropriée, est en effet plus que justifiée. Dans de nombreux Etats européens, ceux-ci sont menacés, par exemple par une politique favorable à l'avortement, presque partout légalisé, par l'attitude toujours plus permissive à l'égard de l'euthanasie et, dernièrement, par certains projets de loi en matière de technologie génétique qui ne respectent pas suffisamment la qualité humaine de l'embryon. Il ne suffit pas de prôner à travers de grands mots la dignité de la personne, si celle-ci est ensuite gravement violée par les normes mêmes de l'ordre juridique.

La grande figure historique de l'empereur Charlemagne ré-évoque les racines chrétiennes de l'Europe, en ramenant ceux qui l'étudient à une époque qui, malgré les limites humaines toujours présentes, fut caractérisée par une importante floraison culturelle dans presque tous les domaines de l'expérience. A la recherche de son identité, l'Europe ne peut pas manquer d'accomplir un effort énergique pour récupérer le patrimoine culturel laissé par Charlemagne et conservé au cours de plus d'un millénaire.

L'éducation dans l'esprit de l'humanisme chrétien garantit cette formation intellectuelle et morale qui forme et aide la jeunesse à affronter les problèmes sérieux soulevés par le développement scientifique et technique. Dans ce sens, l'étude des langues classiques dans les écoles peut également être une aide précieuse pour introduire les nouvelles générations à la connaissance d'un patrimoine culturel d'une richesse inestimable.

J'exprime donc ma satisfaction à ceux qui ont préparé cette session académique, avec une pensée particulière pour le Président du Comité pontifical pour les Sciences historiques, Mgr Walter Brandmüller. L'initiative historique constitue une contribution précieuse à la redécouverte des valeurs dans lesquelles l'"âme" la plus véritable de l'Europe est reconnaissable. A cette occasion, je voudrais également saluer le choeur des Augsburger Domsingknaben qui, grâce à leur chant, enrichissent dignement ce congrès.

Avec ces sentiments, je vous envoie volontiers, Monsieur le Cardinal, ainsi qu'aux rapporteurs, aux participants et aux pueri cantores, une Bénédiction apostolique spéciale.

Du Vatican, le 14 décembre 2000


DISCOURS DU SAINT-PÈRE À L'OCCASION DE L'ÉCHANGE DES INSTRUMENTS DE RATIFICATION DE L'ACCORD-CADRE ENTRE LE SAINT-SIÈGE ET LA RÉPUBLIQUE DE SLOVAQUIE

Lundi 18 décembre 2000




Mesdames et Messieurs,

L'échange des instruments de ratification de l'Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République de Slovaquie vient d'avoir lieu. Je vous souhaite une cordiale bienvenue, Monsieur le Président, ainsi qu'aux membres de la délégation officielle et à l'Ambassadeur de la République de Slovaquie près le Saint-Siège. Je vous salue également, Monsieur le Cardinal Ján Chryzostom Korec, ainsi que le Nonce apostolique, le Président et les membres de la Conférence épiscopale présents lors de la cérémonie solennelle.

A travers l'échange des instruments de ratification de l'Accord-cadre, signé le 24 novembre de cette année, commence une nouvelle étape dans les relations réciproques entre le Saint-Siège et la République de Slovaquie. L'Eglise et l'Etat ont à présent le devoir d'appliquer ce qui a fait l'objet d'un concordat. Il faut souhaiter qu'un profond esprit de coopération constructive continue à inspirer tous ceux auxquels sera confiée la réalisation de ce devoir important.

La raison fondamentale de la collaboration entre l'Eglise et l'Etat est le bien de la personne humaine. Cette coopération doit viser à protéger et garantir les droits de l'homme. Une Eglise qui jouit de toute la liberté qui lui revient se trouve dans les meilleures conditions pour coopérer avec toutes les autres forces vives de la société "au bien spirituel et matériel de la personne humaine et au bien commun", comme le dit le Préambule de l'Accord.

Je souhaite que ce qui a été accompli aujourd'hui contribue à la consolidation du lien social et au développement spirituel et matériel de la société slovaque. J'accompagne ces voeux en invoquant la Bénédiction de Dieu sur les participants à cette rencontre et sur toute la Slovaquie qui a toujours une place particulière dans mon coeur.

Je souhaite à tous de tout coeur de bonnes fêtes de Noël!

  


AUX CARDINAUX, À LA FAMILLE PONTIFICALE, À LA CURIE ET À LA PRÉLATURE ROMAINE

Jeudi 21 décembre 2000


  1. Pater misit Filium suum Salvatorem mundi: gaudeamus!

Nous éprouvons une joie particulièrement vive en ce Noël du grand Jubilé, au cours duquel nous contemplons avec une plus grande émotion le visage du Christ, deux mille ans après sa naissance. Gaudeamus! C'est dans le climat de cette joie profonde de l'âme que je vous salue cordialement, très chers Cardinaux et collaborateurs de la Curie romaine, réunis pour ce traditionnel rendez-vous de famille.

Je vous suis reconnaissant, Monsieur le Cardinal Doyen, d'avoir voulu m'exprimer, à travers les voeux que je vous transmets moi aussi de tout coeur en retour, les sentiments d'affection et de dévotion de la Curie romaine. Ils naissent non seulement d'une délicatesse d'âme humaine, mais aussi de la foi que nous partageons ensemble, et qui nous assure de la présence particulière du Christ, là où "deux ou trois sont réunis en son nom" (cf. Mt 18,20).

Pater misit Filium suum Salvatorem mundi! Cette vérité centrale de la foi chrétienne nous offre également le critère pour effectuer le bilan, pour ainsi dire "spirituel", de cette année de travail, et elle nous indique surtout la route qui s'ouvre devant nous. La Porte Sainte va bientôt être fermée, mais le Christ qu'elle représente est "le même hier, aujourd'hui et à jamais" (He 13,8). C'est Lui la "porte"! (cf. Jn 10,9). C'est Lui le "chemin"! (cf. Jn 14,6). Si vous êtes ici, en tant que communauté particulière rassemblée autour du Successeur de Pierre, vous l'êtes parce que vous avez été appelés par le Christ au service de l'Eglise, qu'Il s'est acquise par son propre sang (cf. Ac 20,28).

2. C'est en son nom que nous avons vécu cette année de grâce, au cours de laquelle ont été mobilisées de nombreuses énergies au sein du peuple chrétien, tant au niveau universel que dans les Eglises particulières. Nous avons vu affluer ici, au centre de la chrétienté, dans les diverses basiliques et en particulier auprès de la tombe du Prince des Apôtres, un très grand nombre de pèlerins. Ils ont offert, jour après jour, dans le merveilleux cadre de la Place Saint-Pierre, des témoignages toujours nouveaux de foi et de dévotion, que ce soit en participant à de solennelles célébrations publiques ou en avançant dans un recueillement ordonné vers la Porte Sainte. La Place Saint-Pierre a été plus que jamais cette année un "microcosmos" qui a réuni les situations les plus diverses de l'humanité.

A travers les pèlerins des divers continents, le monde est d'une certaine façon venu à Rome. Des enfants aux personnes âgées, des artistes aux sportifs, des handicapés aux familles, des hommes politiques aux journalistes, des évêques aux prêtres et aux personnes consacrées, de nombreuses personnes se sont retrouvées ici, avec le désir d'apporter au Christ non seulement leur propre personne, mais également leur travail, leurs milieux professionnels et culturels, leur vie quotidienne.

A chacun de ces groupes, généralement très nombreux, j'ai pu annoncer encore une fois le Christ, le Sauveur du monde, le Rédempteur de l'homme. Dans notre souvenir commun, le Jubilé des jeunes est resté particulièrement vivant, et cela non seulement en raison de l'ampleur qui l'a distingué, mais surtout de l'engagement que les "jeunes du Pape" - comme on les a appelés - ont su démontrer. Je leur ai demandé: "Qu'est-ce vous êtes venus, ou plutôt qui êtes vous venus, chercher?". Et, confirmés par leurs applaudissements, j'ai interprété leurs sentiments en disant: "Vous êtes venus chercher Jésus-Christ!" (Discours sur la Place Saint-Pierre, 15 août 2000).

3. Vous aussi, très chers collaborateurs de la Curie romaine, vous avez contribué à la bonne issue de tout ce mouvement - véritable pèlerinage du Peuple de Dieu -, en vous prodiguant, en collaboration avec le Comité du grand Jubilé et avec les organismes concernés à chaque fois, pour assurer la réussite des célébrations relevant de votre compétence. Je profite de cette circonstance pour exprimer mon appréciation et ma reconnaissance aux dicastères et aux administrations du Saint-Siège, ainsi qu'aux Bureaux du Gouvernatorat. Ils se sont généreusement engagés, dans le cadre de leurs compétences respectives, en vue du bon déroulement des diverses Journées jubilaires.

Et comment oublier le travail incessant du Cardinal Archiprêtre de la Basilique vaticane, ainsi que le dévouement de la Secrétairerie d'Etat, de la Préfecture de la Maison pontificale et du Bureau des célébrations liturgiques pontificales? Je ne peux pas non plus oublier d'accorder une mention particulière, en raison de la disponibilité constante dont ont fait preuve les Organismes préposés à la communication sociale, à L'Osservatore Romano, à la Salle de Presse, à Radio Vatican et au Centre de Télévision du Vatican. Et pourrais-je oublier le ministère caché, mais si important, des Pénitenciers et des Confesseurs dans les diverses basiliques? Une pensée reconnaissante s'adresse ensuite au Vicariat de Rome pour l'importante contribution offerte lors des diverses manifestations de l'Année jubilaire, en particulier lors du Congrès eucharistique et de la Journée mondiale de la Jeunesse. Je pense, en outre, aux nombreux volontaires, jeunes et adultes, provenant de divers pays. La liste de ceux qui ont prodigué leurs énergies pour la bonne issue du Jubilé serait trop longue. Tout est placé sous le regard de Dieu et, selon la parole de Jésus, ce sera le Père lui-même "qui est là dans le secret" (Mt 6,6) qui récompensera ceux qui ont travaillé en son nom et pour l'avènement de son Royaume.

4. Toutefois, il me semble significatif, en cette circonstance qui nous voit réunis pour exprimer notre communion, de rappeler de façon spécifique le Jubilé que la Curie romaine a vécu en première personne le 22 février dernier, comme pour en goûter une fois de plus les fruits spirituels. Le Jubilé de la Curie a été un moment d'intense expérience de foi, rythmé par les paroles de Pierre: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16,16). Sur ces paroles se mesure la foi de toute l'Eglise. C'est de façon particulière sur cette confession du Prince des Apôtres que repose le "ministerium petrinum" et, avec celui-ci, la tâche réservée à la communauté particulière que nous formons. En effet, ce que nous sommes, nous le sommes en fonction du ministère que le Christ a confié à Pierre: "Pais mes agneaux, pais mes brebis" (cf. Jn 21,15-17).

Il s'agit d'un mystère de grâce et d'indulgence, qui ne peut se comprendre que dans l'optique de la foi. Précisément à l'occasion de votre Jubilé, je vous disais que "le ministère pétrinien ne se fonde pas sur les capacités et les forces humaines, mais sur la prière du Christ, qui implore le Père pour que la foi du Seigneur "ne défaille pas" (Lc 22,32)". C'est une expérience que je fais chaque jour.

L'Année jubilaire a également été pour moi un moment au cours duquel j'ai ressenti plus fortement la présence du Christ. Le travail a été - comme il était prévisible - plus abondant que d'habitude, mais avec l'aide de Dieu, tout est allé pour le mieux. Désormais, à la fin de cette année singulière, je désire rendre grâce au Seigneur qui m'a accordé d'annoncer si largement son nom, en faisant pleinement mien le programme de l'Apôtre Paul: "Car ce n'est pas nous que nous prêchons, mais le Christ Jésus, Seigneur; nous ne sommes, nous, que vos serviteurs, à cause de Jésus" (2Co 4,5).


Discours 2000 - Vendredi 8 décembre 2000, Place d'Espagne