Discours 2001 - Vendredi 23 novembre 2001


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ

Vendredi 23 novembre 2001



Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Très chers frères et soeurs!

1. C'est avec une grande joie que je vous accueille à l'occasion de l'Assemblée plénière de la Congrégation pour le Clergé. Je salue cordialement le Cardinal Darío Castrillón Hoyos, Préfet du dicastère et je le remercie pour les paroles courtoises qu'il m'a adressé au nom de toutes les personnes présentes. Je salue les cardinaux, mes vénérés frères dans l'épiscopat et les participants à votre Assemblée plénière qui a consacré son attention à un thème très important pour la vie de l'Eglise: le prêtre, pasteur et guide de la communauté paroissiale. Mettant l'accent sur la fonction du prêtre au sein de la communauté paroissiale, on met en lumière la place centrale du Christ qui doit toujours être soulignée dans la mission de l'Eglise.

Le Christ est présent dans son Eglise de la façon la plus sublime à travers le Très-Saint-Sacrement de l'Autel. Le Concile Vatican II enseigne, dans la Constitution dogmatique Lumen gentium que le prêtre célèbre la Messe et administre les Sacrements in persona Christi (cf. LG LG 10). En outre, comme l'observait justement mon vénéré prédécesseur Paul VI dans son Encyclique Mysterium fidei, écrite à la suite de la Constitution Sacrosanctum Concilium (SC 7), le Christ est présent à travers la prédication et la direction spirituelle des fidèles, missions auxquelles le prêtre est appelé personnellement (cf. AAS 57 [1965] MF 762 et sq.).


2. La présence du Christ, qui, de cette façon, se réalise de manière ordinaire et quotidienne, fait de la paroisse une authentique communauté de fidèles. Pour la paroisse, avoir un prêtre qui soit son pasteur particulier est donc d'une importance fondamentale. Le titre de pasteur est spécifiquement réservé au prêtre. Le sacrement de l'Ordre représente en effet pour lui la condition indispensable et qui doit être prise en compte pour pouvoir être valablement nommé curé (cf. CIC CIC 521,1). D'autres fidèles peuvent certes collaborer activement avec lui, y compris à temps plein, mais, vu qu'ils n'ont pas reçu le sacerdoce ministériel, ils ne peuvent le remplacer comme pasteur.

C'est la relation fondamentale avec le Christ, chef et pasteur qui est sa représentation sacramentelle qui définit cette physionomie ecclésiale particulière du prêtre. Dans l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, je notais que "la référence à l'Eglise est inscrite dans l'unique et même rapport du prêtre au Christ, en ce sens que c'est la "représentation sacramentelle" du Christ par le prêtre qui fonde et anime son rapport à l'Eglise" (PDV 16). La dimension ecclésiale appartient à la substance du sacerdoce ministériel. Il est totalement au service de l'Eglise, au point que la communauté ecclésiale a absolument besoin du sacerdoce ministériel pour avoir le Christ chef et pasteur présent en son sein. Si le sacerdoce commun est la conséquence du fait que le peuple chrétien est choisi par Dieu comme pont avec l'humanité et concerne tout croyant faisant partie de ce peuple, le sacerdoce ministériel est en revanche le fruit d'une élection, d'une vocation spécifique: "Jésus appela ses disciples et il en choisit douze" (Lc 6,13-16). Grâce au sacerdoce ministériel, les fidèles sont amenés à prendre conscience de leur sacerdoce commun et à le mettre en oeuvre (cf. Ep 4,11-12); le prêtre leur rappelle qu'ils sont Peuple de Dieu et les rend capables d'"offrir des sacrifices spirituels" (cf. 1P 2,5), par lesquels le Christ lui-même fait de nous un don éternel au Père (cf. 1P 3,18). Sans la présence du Christ représenté par le prêtre, guide sacramentel de la communauté, cette dernière ne serait pas pleinement une communauté ecclésiale.


3. Je disais auparavant que le Christ est présent dans l'Eglise de manière éminente dans l'Eucharistie, source et sommet de la vie ecclésiale. Il est réellement présent lors de la célébration du saint Sacrifice, ainsi que dans le pain consacré conservé dans le tabernacle "comme le coeur spirituel de la communauté religieuse et paroissiale" (Paul VI, Lettre Encyclique Mysterium fidei, AAS 57 [1965), MF 772).

Pour cette raison, le Concile Vatican II recommande que "les curés veilleront à ce que la célébration du sacrifice eucharistique soit le centre et le sommet de toute la vie de la communauté chrétienne" (Décret Christus Dominus CD 30).

Privée du culte eucharistique comme de son coeur battant, la paroisse devient sans vie. Il faut à ce propos se souvenir de ce que j'écrivais dans la Lettre apostolique Dies Domini: "Parmi les nombreuses activités d'une paroisse, pour la communauté, aucune n'est aussi vitale et n'apporte autant pour la formation que, le dimanche, la célébration du jour du Seigneur et de l'Eucharistie" (n. 35). Rien ne sera jamais en mesure de la remplacer. La liturgie de la Parole seule, célébrée lorsqu'il est réellement impossible d'assurer la présence dominicale du prêtre est louable de façon à maintenir la foi vivante, mais doit toujours avoir comme objectif la célébration régulière de l'Eucharistie.

Lorsque le prêtre vient à manquer, on doit supplier Dieu avec foi et de manière insistante afin qu'il suscite de nombreux et saints ouvriers pour sa vigne. Dans l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, je rappelais que "l'attente de nouvelles vocations dans la prière doit devenir toujours plus une habitude constante et largement partagée par la communauté ecclésiale tout entière, et par toute réalité ecclésiale" (PDV 38). La splendeur de l'identité sacerdotale, l'exercice intégral du ministère pastoral qui en découle, ainsi que l'engagement de toute la communauté dans la prière et dans la pénitence personnelle, constituent les éléments imprescriptibles d'une pastorale des vocations urgente et que l'on ne peut remettre à demain. Ce serait une erreur fatale de se résigner aux difficultés actuelles et de faire comme si l'on devait se préparer à une Eglise de demain qui se trouverait presque privée de prêtres. Dès lors, les mesures adoptées pour pallier aux carences actuelles finiraient par devenir sérieusement préjudiciables à la Communauté ecclésiale malgré toute la bonne volonté démontrée.


4. La paroisse est en outre le lieu privilégié de l'annonce de la Parole de Dieu. Cette annonce s'articule de diverses manières et chaque fidèle est appelé à y prendre une part active, spécialement par le témoignage de la vie chrétienne et la proclamation explicite de l'Evangile, tant aux non-croyants pour les amener à la foi, qu'à ceux qui sont déjà croyants afin de les instruire, de les confirmer et de les conduire à une vie plus fervente. Quant au prêtre, "il annonce la Parole, en sa qualité de ministre, il participe à l'autorité prophétique du Christ et de l'Eglise" (Pastores dabo vobis PDV 26). Et pour exercer fidèlement ce ministère, en correspondant au don reçu, il doit "tout d'abord acquérir une grande familiarité personnelle avec la Parole de Dieu" (ibid. PDV 26). Même s'il devait être dépassé en matière d'éloquence par d'autres fidèles non-ordonnés, cela n'empêcherait pas qu'il constitue la représentation sacramentelle du Christ, Chef et Pasteur, et c'est de là que dérive surtout l'efficacité de sa prédication. La communauté paroissiale a besoin de l'efficacité de sa prédication, spécialement au moment le plus caractéristique de l'annonce de la Parole de la part des ministres ordonnés, à savoir durant la proclamation liturgique de l'Evangile et l'homélie qui la suit qui sont toutes deux réservées au prêtre.


5. La fonction de guider la communauté en tant que pasteur, fonction propre du curé, dérive elle aussi de son rapport particulier avec le Christ, Chef et Pasteur. C'est une fonction qui revêt un caractère sacramentel. Elle n'est pas confiée au prêtre par la communauté mais elle provient du Seigneur par l'intermédiaire de l'Evêque. Réaffirmer cela avec clarté et exercer cette fonction avec une humble autorité constitue un service indispensable de la vérité et de la communion ecclésiale. La collaboration d'autres personnes n'ayant pas reçu cette configuration sacramentelle au Christ est souhaitable et souvent nécessaire. Ceux-ci ne peuvent toutefois remplacer en aucun cas la mission de pasteur, propre du curé. En ce qui concerne le soin pastoral d'une paroisse, les cas extrêmes d'absence de prêtres, qui exigent une collaboration plus intense et plus large des fidèles n'ayant pas reçu le sacerdoce ministériel, ne constituent en aucun cas une exception à ce critère essentiel pour le soin des âmes tel qu'il est établi de manière non équivoque par les normes du Droit canonique (cf. CIC CIC 517,2). Dans ce domaine, aujourd'hui très actuel, l'Exhortation interdicastérielle Ecclesiae de mysterio, que j'ai approuvé de manière spéciale, constitue la base du chemin à suivre.

En remplissant son rôle de guide, avec une responsabilité personnelle, le curé bénéficiera de manière évidente des organismes consultatifs prévus par le Droit (cf. CIC CIC 536-537), mais ces derniers organismes devront demeurer fidèles à leur nature proprement consultative. Il est en particulier nécessaire de se garder d'une action qui, de fait, tendrait à priver le curé de sa fonction de guide, dans la mesure où cela dénaturerait la physionomie même de la communauté paroissiale.


6. J'adresse maintenant une pensée pleine d'affection et de reconnaissance aux curés présents dans le monde entier, en particulier ceux qui oeuvrent aux avant-postes de l'évangélisation. Je les encourage à poursuivre leur mission, difficile mais réellement précieuse pour l'Eglise tout entière. Je recommande à chacun d'entre eux de recourir à l'aide maternelle de la Bienheureuse Vierge Marie dans l'exercice quotidien du "munus" pastoral, en cherchant à vivre en profonde communion avec elle. Dans le sacerdoce ministériel, ainsi que je l'écrivais dans la Lettre aux prêtres à l'occasion du Jeudi Saint de 1979, "il y a la dimension merveilleuse et très profonde de notre proximité avec la Mère du Christ" (n. 11). Quand nous célébrons la Messe, chers frères prêtres, la Mère du Rédempteur est à côté de nous et nous introduit dans le mystère de l'offrande rédemptrice de son divin Fils. "Ad Jesum per Mariam": que cela soit notre programme quotidien de vie spirituelle et pastorale!

Avec de tels sentiments, alors que je vous assure de ma prière, je donne à chacun une Bénédiction apostolique particulière que j'étends volontiers à tous les prêtres du monde.

  

AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM RÉUNI SUR LE THÈME: "IUS ECCLESIARUM - VEHICULUM CARITATIS"

Vendredi 23 novembre 2001


  1. Je suis très heureux de pouvoir m'adresser à vous, vénérés frères qui prenez part au Symposium promu par la Congrégation pour les Eglises orientales, à l'occasion du Xème anniversaire de l'entrée en vigueur du "Codex Canonum Ecclesiarum Orientalium". Je salue tous et chacun en particulier, à commencer par le Préfet de la Congrégation, Sa Béatitude le Cardinal Ignace Moussa Ier Daoud, que je remercie vivement pour les sentiments exprimés au nom de toutes les personnes présentes.

Je voudrais réserver une parole particulière de satisfaction à tous ceux qui ont collaboré à cette initiative d'approfondissement scientifique, en préparant sa célébration et en guidant son déroulement. Je voudrais remercier notamment les membres du Comité scientifique et les Rapporteurs, qui ont apporté au Symposium la contribution précieuse de leurs compétences spécifiques. Je ne veux pas non plus oublier d'étendre l'expression de ma reconnaissance à tous ceux qui, à travers leur service caché, mais très important, ont assuré sa bonne issue.

2. Hier, j'ai prié le Cardinal-Secrétaire d'Etat de vous présenter mes salutations, ainsi que certaines considérations sur des points importants de la discipline canonique en vigueur. Ce matin, je voudrais plutôt réfléchir avec vous sur le moment où se situe cet anniversaire. Celui-ci ressent encore les effets bénéfiques du grand Jubilé de l'An 2000, au cours duquel Orient et Occident se sont sentis plus intimement unis dans la célébration de l'événement décisif de la naissance du Christ. Toute l'Eglise, au cours de ces mois de Jubilé, s'est tournée avec une intensité particulière de foi et d'amour vers l'Orient. Moi-même, interprétant en quelque sorte ce sentiment diffus des chrétiens du monde entier, je me suis rendu en pèlerinage en Terre Sainte. Ce fut, dans le sens le plus profond du terme, un pèlerinage "ad Orientem", c'est-à-dire vers le Christ, là où Il s'incarna, "astre d'en haut", comme Rédempteur de l'homme et espérance du monde: "orientale Lumen"! (cf. Lettre apostolique Orientale lumen, n. 1).

A la lumière prophétique des événements jubilaires, tournons-nous avec espérance, au début du troisième millénaire, vers le chemin futur de la pleine unité des chrétiens. Pour cela, comme vous le savez, je compte beaucoup sur la contribution des Eglises orientales, "souhaitant que l'échange de dons qui a enrichi l'Eglise du premier millénaire reprenne en plénitude" (Lettre apostolique Novo millennio ineunte NM 48).


3. C'est pourquoi, à juste titre, votre Symposium a tenu compte de la nécessité d'intensifier les relations fraternelles avec les autres chrétiens et, en particulier, avec les Eglises orthodoxes. Je vois avec plaisir, à ce propos, qu'un représentant de ces Eglises prend également part au Symposium: je le salue avec affection. Grâce au Concile Vatican II et à l'engagement profond au cours de ces années, que j'ai voulu soutenir et encourager à de nombreuses reprises, "on a reconnu la grande tradition liturgique et spirituelle des Eglises d'Orient, le caractère spécifique de leur développement historique, les disciplines suivies par elles depuis les premiers temps et confirmées par les saints Pères et par les Conciles oecuméniques, la manière qui leur est propre d'exprimer la doctrine. Tout ceci avec la conviction que la diversité légitime ne s'oppose pas du tout à l'unité de l'Eglise, elle en accroît même le prestige et contribue largement à l'achèvement de sa mission" (Lettre encyclique Ut unum sint UUS 50). J'exprime le souhait que le chemin de réconciliation entre Orient et Occident soit pour vous une préoccupation constante et prioritaire, comme elle l'est pour l'Evêque de Rome.

Dans cette perspective, la Providence m'a permis d'accomplir des pas très significatifs au cours des récents voyages apostoliques en Grèce, en Syrie, en Ukraine, au Kazakhstan et en Arménie. Les célébrations liturgiques et les rencontres fraternelles que j'ai eu l'occasion de vivre en ces circonstances, constituent pour moi un motif permanent de réconfort. En elles, j'ai vu se réaliser les voeux du Concile oecuménique Vatican II, qui considère le patrimoine ecclésiastique et spirituel des Eglises orientales comme le bien de toute l'Eglise (cf. Décret Orientalium Ecclesiarum OE 5).
Précisément pour sauvegarder et promouvoir la spécificité de ce patrimoine, j'ai promulgué le 18 octobre 1990 le Code des Canons des Eglises orientales entré en vigueur le 1er octobre de l'année suivante.


4. Dans la Constitution apostolique Sacri canones, j'ai exprimé le voeu que, grâce à cet instrument juridique, puisse être favorisée dans les Eglises orientales la "tranquillité de l'ordre" que j'avais déjà souhaitée à l'occasion de la promulgation du nouveau Code latin. Je précisais que l'ordre auquel vise le Code est celui qui assigne le primat à l'amour, à la grâce et au charisme, rendant dans le même temps plus aisé leur développement organique dans la vie de la société ecclésiale, comme dans celle des individus qui en font partie (cf. AAS 82 [1990] 1042-1043).

Je me souviens avoir renouvelé le même voeu quelques jours plus tard à la VIIIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, en remarquant que les divers "Corps de lois" réglant la discipline ecclésiastique, bien qu'articulés en nombreux canons et paragraphes, ne sont qu'une expression particulière du précepte de l'amour que Jésus, Notre Seigneur, nous a laissé lors de la Dernière Cène, et que l'Eglise, avec l'Apôtre Paul (cf. Ga 5,14), a toujours considéré comme étant le précepte qui résume en lui tout autre précepte (cf. n. 5: AAS 83 [1991] 488-489).

J'ai donc été très heureux d'apprendre que l'actuel Symposium a comme thème la devise "Ius Ecclesiarum - Vehiculum Caritatis". Cette devise exprime l'intention la plus profonde du législateur ecclésiastique dans la promulgation des divers systèmes juridiques. Je suis heureux que cela ait été compris et également mis en évidence dans le "logo" du Symposium, à travers une image significative, inspirée par une mosaïque de "Sant'Apollinare Nuovo" à Ravenne, ville liée à la tradition byzantine. Celle-ci représente trois navires, symboles des Eglises particulières, qui, toutes voiles dehors, avec la force de l'Esprit Saint, garant de la communion hiérarchique avec l'Eglise de Rome, conduisent les âmes à travers la mer, souvent houleuse, de la vie, vers le port sûr du salut éternel.


5. Vénérés frères! Au terme de mes brèves réflexions, je voudrais vous faire part de la joie avec laquelle j'ai noté que dans votre Symposium, un sujet particulier a été consacré au thème "Theotokos et Codex Canonum Ecclesiarum Orientalium". Comme vous le savez, j'avais à l'époque confié à la Mère de toute l'Eglise la préparation de ce Code, ainsi que sa promulgation. En concluant la Constitution de promulgation, je lui avais alors adressé une prière particulière. Je renouvelle aujourd'hui cette prière avec la même ferveur: "Qu'à travers son intercession maternelle, elle obtienne de son Fils que ce Code devienne un véhicule de la charité qui, comme l'a démontré de façon abondante le Coeur du Christ transpercé par la lance sur la Croix, selon le témoignage extraordinaire du saint Apôtre Jean, doit être profondément enracinée dans l'âme de tout être humain" (AAS [1990] 1043).

Je donne à tous ma Bénédiciton!


  MESSAGE À S.Em. LE CARDINAL ALFONSO LÓPEZ TRUJILLO,

PRÉSIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE, À L'OCCASION DU XXème ANNIVERSAIRE DE L'EXHORTATION APOSTOLIQUE "FAMILIARIS CONSORTIO"




A S.Em. le Cardinal Alfonso LOPEZ TRUJILLO
Président du Conseil pontifical pour la Famille

Je salue cordialement les participants au Congrès sur le thème "Familiaris consortio en son vingtième anniversaire, dimension anthropologique et pastorale", organisé par ce Conseil pontifical à l'occasion du XXème anniversaire de la publication de l'Exhortation apostolique Familiaris consortio.

Je vous salue, vénéré Cardinal, qui présidez les activités du dicastère; je salue le Secrétaire, le Sous-Secrétaire et tous leurs collaborateurs, ainsi que ceux qui ont suivi la préparation de cette rencontre, qui commémore un événement d'une singulière importance pour la vie de l'Eglise, et qui concerne l'un des thèmes qui me tiennent le plus à coeur: la famille. Le panorama que celle-ci entend analyser est extrêmement vaste et concerne l'identité et la mission de la famille voulue par Dieu pour "garder, révéler et communiquer l'amour" (FC 17). Au cours des vingt dernières années, nous avons assisté à la formation d'une nouvelle conscience et d'une nouvelle sensibilité à propos de la famille.

Vingt années qui marquent également l'existence du Conseil pontifical pour la Famille, auquel j'ai voulu confier la tâche d'approfondir et de valoriser chaque aspect des richesses contenues dans les Propositiones du Synode (cf. FC FC 2). Je rends grâce à Dieu pour le travail accompli par votre dicastère pour défendre et servir l'Evangile et la Famille.


2. Au cours de cette période, bien que des menaces, peut-être parmi les plus dangereuses de l'histoire, n'aient pas manqué à l'égard de l'institution familiale, plusieurs convictions communes se sont consolidées. La cause intégrale de la famille et de la vie est par exemple aujourd'hui redécouverte et promue dans de nombreux milieux comme une valeur et un droit appartenant au patrimoine commun de l'humanité. Le Magistère de l'Eglise a fourni des orientations significatives pour ce renouveau, à travers des enseignements nombreux et importants. A l'époque du Concile Vatican II, la famille était déjà considérée comme l'un des thèmes sur lesquels il fallait éclairer les consciences des chrétiens et de l'humanité tout entière. Dans ce sillage, de nombreux pas ont été accomplis. L'appel: "Famille, deviens ce que tu es", contenue dans l'Exhortation pastorale susmentionnée (FC 17), a eu un vaste écho dans l'opinion publique.

Aujourd'hui encore, je le répète: "Famille, deviens ce que tu es", je le répète encore aujourd'hui!
En tant qu'institution naturelle, la communauté familiale a été voulue par Dieu au "principe", lors de la création de l'homme et de la femme, pour le bien de l'humanité. C'est à ce "principe" que le Christ se réfère, lorsque les pharisiens tentaient d'en dénaturer la structure (Mt 19,3-12). Les hommes n'ont pas le pouvoir de changer le projet originel du Créateur.

L'Exhortation post-synodale Familiaris consortio a notablement approfondi les tâches spécifiques de l'institution familiale, dont parlait déjà la Constitution conciliaire Gaudium et spes.
Chaque famille doit être une véritable communion de personnes - "communio personarum" - dans le respect de la dignité des individus qui la composent. Dans ce contexte de compréhension mutuelle se situe le "service à la vie", selon les deux significations complémentaires, unitive et procréative, de la sexualité, comme l'a enseigné mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, dans l'Encyclique Humanae Vitae.

3. De nombreux événements, auxquels ces dernières années ont participé des familles en nombre toujours plus grand, ont contribué à la consolidation progressive de la conscience, de la part de la famille, de sa mission dans l'Eglise et dans la société. Je pense, par exemple, aux Rencontres mondiales de Rome, à l'occasion de l'Année internationale de la Famille de 1994, à la Rencontre de Rio de Janeiro en 1997, et à celle du Jubilé des Familles l'année dernière. Je remercie le Seigneur pour cette prise de conscience croissante que la famille a révélée d'elle-même et de sa mission.

Toutefois, aux côtés des objectifs réconfortants qui ont été atteints, il faut enregistrer l'attaque violente (cf. FC FC 46) de la part de certains secteurs de la société moderne contre l'institution de la famille et sa fonction sociale. Certains projets de loi qui ne sont pas en accord avec le bien véritable de la famille fondée sur le mariage monogamique et avec la protection de l'inviolabilité de la vie humaine, ont vu le jour, favorisant l'apparition de dangereuses ombres de la "culture de la mort" au sein du foyer domestique. Il est également préoccupant de constater la divulgation croissante dans les forums internationaux de conceptions déviantes de la sexualité et de la dignité et de la mission de la femme, sous-jacentes à certaines idéologies sur le "genre" ("gender").

Que dire, ensuite, de la crise de nombreuses familles divisées, des personnes seules et de la situation de ce qu'on appelle les unions de fait? Parmi les dangereuses stratégies contre la famille se trouve également la tentative de nier la dignité humaine de l'embryon avant son implantation dans le sein maternel, ainsi que le fait d'attenter à son existence par diverses méthodes.

Lorsque l'on parle de la famille, il faut mentionner les enfants, qui sont de diverses façons des victimes innocentes des communautés familiales éclatées.


4. Dans le cadre qui vient d'être tracé, la mission de la famille chrétienne apparaît plus que jamais nécessaire. Son exemple de joie et de don, d'effort et de capacité de sacrifice, sur les traces de la Sainte Famille, peut être décisif pour encourager d'autres familles à répondre à la grâce de leur vocation. En effet, comme le modèle d'une famille chrétienne est entraînant! Dans son humilité et sa simplicité, le témoignage de la vie domestique peut devenir un véhicule d'évangélisation de premier ordre. C'est pourquoi, il est bon que les diverses institutions ecclésiales lui consacrent leur attention et leurs soins. De même, on ne doit pas négliger d'offrir le soutien nécessaire aux situations familiales difficiles, qui demandent une plus grande assistance pastorale, comme par exemple les divorcés remariés. On peut dire que, après la publication de Familiaris consortio, l'intérêt pour les familles dans l'Eglise s'est accentué, et les diocèses et les paroisses dans lesquels la pastorale familiale est devenue un objectif prioritaire sont innombrables. Des associations et des mouvements en faveur de la famille et de la vie se diffusent. Des personnes de bonne volonté contribuent, à travers leur effort généreux à la formation d'une nouvelle culture "pour la vie". C'est avec une grande satisfaction que je rappelle ici les rencontres organisées par votre Conseil pontifical, au cours de ces deux décennies. Tout d'abord, celle avec les évêques responsables de la pastorale familiale et de la vie dans toute l'Eglise, qui s'est révélée une occasion propice pour approfondir les nouvelles problématiques familiales.

Le dialogue avec les hommes politiques et les législateurs autour de la vérité de la famille fondée sur le mariage monogamique et de la dignité de la vie humaine, à partir du premier instant de sa conception, est d'une importance particulière. A ce propos, les rencontres continentales et nationales organisées par votre Conseil pontifical ont ouvert des chemins de dialogue prometteurs, capables de conférer un esprit chrétien aux débats parlementaires et aux législations publiques qui réglementent la vie des peuples. La Charte des Droits de la Famille elle-même, publiée en 1983, avait déjà été demandée au cours du Synode ordinaire de 1980.


5. "Famille, crois en ce que tu es; crois dans ta vocation à être un signe lumineux de l'amour de Dieu". Je vous répète aujourd'hui ces paroles que j'ai eu l'occasion de prononcer au cours de la Rencontre avec les Familles, le 20 octobre de l'année dernière.

Famille, sois pour les hommes de notre époque "un sanctuaire de la vie". Famille chrétienne, sois "l'Eglise domestique", fidèle à ta vocation évangélique. Précisément parce que "sachant que le mariage et la famille constituent l'un des biens les plus précieux de l'humanité, l'Eglise veut faire entendre sa voix et offrir son aide à ceux qui, connaissant déjà la valeur du mariage et de la famille, cherchent à la vivre fidèlement, à ceux qui, plongés dans l'incertitude et l'anxiété, sont à la recherche de la vérité, et à ceux qui sont injustement empêchés de vivre librement leur projet familial" (FC 1).

La famille, lorsqu'elle vit en plénitude les exigences de l'amour et du pardon, devient la forteresse sûre de la civilisation de l'amour et une espérance pour l'avenir de l'humanité.
Fort de cette certitude, que votre dicastère continue à oeuvrer avec toujours plus de courage au service de l'Evangile de la Famille.

Alors que je souhaite un plein succès à votre Congrès, je vous assure de mon souvenir dans la prière et, en invoquant la protection spéciale de Marie, Regina Familiae, je donne de tout coeur à tous une Bénédiction apostolique spéciale.

Du Vatican, le 22 novembre 2001



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'OCCASION DES SEMAINES SOCIALES DE FRANCE




A Monsieur Michel CAMDESSUS
Président des Semaines sociales de France

1. Vous avez choisi comme thème de la session des Semaines sociales de France de cette année, qui a lieu à Paris du 23 au 25 novembre 2001 : «Biologie, médecine et société, que ferons-nous de l’homme ?». Il est particulièrement opportun d’aborder aujourd’hui de manière nouvelle les questions complexes de la bioéthique, en faisant appel à des spécialistes dans différents domaines du savoir scientifique, technique, philosophique et théologique. En effet, il importe que nos contemporains, souvent troublés et perdus devant les progrès de la science et leurs implications éthiques, soient non seulement informés de toutes les possibilités consenties par la science, mais surtout qu’ils aient les moyens de former leur conscience, en vue de prendre des décisions conformes aux valeurs humaines et morales fondamentales, qui manifestent la place insigne de l’homme dans la création.

2. L’Église catholique apprécie et encourage la recherche en biomédecine lorsqu’elle vise la prévention et la guérison des maladies, le soulagement de la souffrance et le bien-être de l’homme. Elle sait que «si la recherche est menée d’une manière vraiment scientifique et suivant les normes de la morale, elle ne sera jamais réellement en conflit avec la foi» (Gaudium et spes GS 36). Bien plus, la recherche permet de découvrir les grandes lois qui régissent les fonctionnements de la matière et du vivant, de constater l’ordre inscrit dans la création et d’apprécier les merveilles de l’homme, dans son intelligence et dans son corps, d’en pénétrer davantage le mystère ; en lui, dans une certaine mesure, se reflète la lumière du Verbe «par qui tout a été créé» (Jn 1,3). Désirant faire partager le sens de l’homme qu’elle reçoit du Sauveur, l’Église veut apporter sa contribution à la réflexion pour aider ceux qui ont en charge le bien commun et toutes les personnes qui ont à prendre de graves décisions en ces domaines de la vie. Il importe en effet que la science ne réduise pas l’homme à un objet, mais soit véritablement et pleinement à son service. Toutefois, l’Église n’ignore pas la complexité parfois dramatique de situations vécues douloureusement par des personnes, et elle est aussi consciente des pressions exercées par de puissants intérêts économiques. Les fidèles de l’Église catholique et tous les hommes de bonne volonté sont appelés à s’engager dans le débat pour défendre la dignité de l’homme. Je vous encourage donc à conduire vos travaux dans le souci de la vérité, donnant ainsi aux hommes de notre temps des éléments assurés pour leur réflexion et pour leurs prises de décision.

3. En plaçant l’homme et son inaliénable dignité au coeur de votre démarche interdisciplinaire, vous manifestez l’urgente nécessité de faire appel à toutes les ressources de la sagesse et de l’expérience, de la raison et de la science, pour mieux le servir. Les découvertes et les changements qui ont marqué les disciplines biomédicales ont mis en évidence que, derrière des avancées fulgurantes qui renvoient au mystère même de la vie, la science est parfois comme étourdie par sa puissance et qu’elle est tentée de manipuler l’homme comme s’il n’était qu’objet ou matière. Devant cette situation inédite des connaissances et des possibilités offertes par la science et la technique, je forme le voeu que vos échanges aident à une analyse lucide des enjeux et des conséquences des progrès, chances et défis pour l’homme et pour l’humanité. En raison de sa dignité intrinsèque, qui intègre pleinement la dimension biologique, l’individu humain ne peut jamais et d’aucune manière être subordonné ni à l’espèce, ni à la société, ni au bon vouloir d’autres personnes, fussent-elles ses parents, comme un pur moyen ou un pur instrument ; il a valeur pour lui-même. Cette vérité, qui appartient de soi à la loi naturelle, s’éclaire pour les chrétiens d’une lumière nouvelle en Jésus Christ, Verbe incarné qui, «Nouvel Adam, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation» (Gaudium et spes GS 22). La raison et la foi permettent l’engagement constant des chrétiens, au long de l’histoire, pour la défense de la personne, spécialement de l’être faible, vulnérable ou marginalisé, et de l’enfant à naître. «Il n’y a aucun homme, aucune autorité humaine, aucune science, aucune ‘indication’ médicale, eugénique, sociale, économique, morale, qui puisse exhiber ou donner un titre juridique valable pour disposer directement et délibérément d’une vie humaine innocente, c’est-à-dire en disposer en vue de sa destruction envisagée soit comme but, soit comme moyen d’obtenir un but qui peut-être en soi n’est pas du tout illégitime» (Pie XII, Discours aux participants du Congrès de l’Union catholique italienne des sages-femmes, 29 octobre 1951, n. 12).

4. Aujourd’hui la dignité de l’homme est menacée, notamment dans les phases les plus critiques de l’existence, la conception et la mort naturelle ; une tentation nouvelle se fait jour, celle de s’arroger le droit de fixer, de déterminer, les seuils d’humanité d’une existence singulière. Comment oublier, comme je le rappelais dans l’encyclique Evangelium vitae, que «dès que l’ovule est fécondé, se trouve inaugurée une vie qui n’est celle ni du père ni de la mère, mais d’un nouvel être humain qui se développe pour lui-même. Il ne sera jamais rendu humain s’il ne l’est pas dès lors» (EV 60) ? La génétique moderne montre que dès le premier instant «se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant : une personne, cette personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà bien déterminées» (Ibid. EV EV 60). Cela exige un respect absolu de l’être humain, depuis la phase embryonnaire jusqu’à la fin de son existence, être qui ne peut jamais être considéré comme un objet ou un matériau d’expérimentation. De même, il convient de traiter avec respect les cellules germinales humaines en raison même du patrimoine humain dont elles sont porteuses.

5. L’expérimentation biomédicale qui n’aurait pas pour objectif le bien du sujet considéré comporte des aspects sélectifs et discriminatoires inacceptables; en effet, toute démarche thérapeutique ou de recherche doit avoir comme but l’être sur lequel elle se réalise. Des bienfaits hypothétiques pour l’humanité et pour le progrès de la recherche ne peuvent nullement constituer un critère décisif de bonté morale. Cela contribue indubitablement à un affaiblissement des convictions morales concernant l’être humain, favorisant l’acceptation de la mise à l’écart de personnes atteintes de handicaps congénitaux, auxquelles le diagnostic pré-implantatoire et un développement abusif du dépistage prénatal donnent lieu. De nombreux pays sont déjà engagés sur la voie d’une sélection des enfants à naître, tacitement encouragée, qui constitue un véritable eugénisme et qui conduit à une sorte d’anesthésie des consciences, blessant gravement par ailleurs les personnes atteintes de handicaps congénitaux et celles qui les accueillent. Une telle attitude plus ou moins généralisée conduit aussi, comme on commence à s’en apercevoir, à l’apparition d’un certain nombre de pathologies conjugales et familiales. D’autre part, de tels comportements ne peuvent que dissuader d’entreprendre les efforts nécessaires à la découverte de nouvelles thérapeutiques, à l’accueil et à l’intégration des personnes porteuses d’un handicap, renforçant chez ces dernières un fort sentiment d’anormalité et d’exclusion. Je rends grâce pour les efforts des parents qui ont accepté d’accueillir un enfant handicapé, montrant par là leur attachement à la vie. Il faut souhaiter qu’ils puissent être sans cesse soutenus et aidés par la société, qui a le devoir de la solidarité. Le développement à visée sélective du dépistage prénatal, le diagnostic pré-implantatoire, ainsi que l’utilisation, la production et la destruction d’embryons humains dans le simple but d’expérimentation et d’obtention de cellules souches embryonnaires, constituent de graves atteintes au respect absolu dû à toute vie et à la grandeur de tout être humain, qui ne dépend pas de son aspect extérieur ou des liens qu’il entretient avec les autres membres de la société. Je sais gré au Conseil permanent de la Conférence des Évêques de France d’avoir alerté l’opinion et d’avoir contribué à former les consciences en publiant en 1998 le document «Essor de la génétique et dignité humaine».

6. Les possibilités technologiques apparues dans le champ de la bio-médecine appellent l’intervention de l’autorité politique et du législateur, car c’est là une question qui dépasse la seule sphère scientifique. À l’autorité publique revient le devoir «d’agir de telle manière que la loi civile soit réglée sur les normes fondamentales de la loi morale pour tout ce qui concerne les droits de l’homme, de la vie humaine et de l’institution familiale» (Discours à l’Académie pontificale pour la vie, 3 mars 2001). Il revient aussi au législateur de proposer les règles juridiques qui protégeront les personnes de tous les éventuels arbitraires, qui constituent en quelque sorte des négations de l’être humain, de sa dignité et de ses droits fondamentaux. Les choix législatifs et politiques doivent être orientés vers le bien des personnes et de la société tout entière, et non fonction de seules exigences scientifiques qui, de soi, n’ont pas la possibilité d’élaborer et d’établir une critériologie morale. L’avenir de l’homme et de l’humanité est en grande partie lié à sa capacité d’examiner rigoureusement les différentes questions bioéthiques, sur le plan éthique, sans craindre de remettre en cause des comportements devenus courants.

7. La multiplication d’échanges interdisciplinaires et une réflexion philosophique et théologique favoriseront le travail de vérité et de respect du mystère de l’être humain, et elles éviteront toute tentation de fonder des comportements sur des facteurs uniquement scientifiques, sur des circonstances particulières, sur le désir des personnes, ou en fonction de pressions des marchés financiers ou d’intérêts particuliers. Le dialogue que vous poursuivez avec les différents partenaires sociaux peut permettre de rétablir l’harmonie entre les exigences de la recherche et les valeurs humaines. La construction d’une société où chacun a la place qui lui revient au titre de son appartenance à l’humanité ne dépend ni de sa fonction ni de son utilité. C’est particulièrement aux heures où la maladie et la souffrance viennent affaiblir les personnes, et les rendre plus fragiles, qu’il convient de percevoir la valeur et le sens de chaque existence. À cette tâche oeuvrent de manière admirable ceux qui, étant de tant de manières au service des malades, leur apportent, au sein d’un univers médical marqué par une technicisation croissante, cet irremplaçable surcroît d’attention et de délicate tendresse qui leur manifeste qu’ils sont des personnes à part entière. C’est vers le personnel médical et paramédical, vers les équipes d’aumônerie et de visiteurs d’hôpitaux, vers toutes les personnes qui sont engagées dans les soins palliatifs et qui sont les compagnons de ceux qui souffrent, vers les chercheurs, les philosophes, les responsables politiques, et vers tous ceux qui sont engagés dans ce travail quotidien au service de la dignité de la personne, que vont la pensée et la reconnaissance de l’Église. Leur engagement et leurs convictions sont précieux et sont source d’espérance.

8. Puissent les travaux des Semaines sociales encourager chacun à réaffirmer la grandeur et la valeur de toute vie humaine, valeur sans laquelle la vie sociale n’est plus possible, et le progrès humain authentique menacé ! Puissent-ils être un lieu de proposition pour un avenir meilleur et contribuer à entretenir en tous un regard contemplatif, qui naît de la foi dans le Dieu de la vie, «qui voit la vie dans sa profondeur, en en saisissant les dimensions de gratuité, de beauté, d’appel à la liberté et à la responsabilité. C’est le regard qui ne prétend pas se faire le maître de la réalité mais qui l’accueille comme un don, découvrant en toute chose le reflet du Créateur et en toute personne son image vivante» (Encyclique Evangelium vitae EV 83) !

Invoquant le Christ, Roi de l’Univers, afin que grandisse dans le monde la civilisation de l’amour, je vous accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique, ainsi qu’aux organisateurs, aux intervenants et aux participants des Semaines sociales de France.

Du Vatican, le 15 novembre 2001.

IOANNES PAULUS II


Discours 2001 - Vendredi 23 novembre 2001