Discours 2001 - MESSAGE DU SAINT PÈRE À L’OCCASION DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DU BÉNÉVOLAT


AU NOUVEL AMBASSADEUR DU BANGLADESH PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 6 décembre 2001



Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec un grand plaisir que je vous accueille au Vatican et que j'accepte les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Bangladesh près le Saint-Siège. Je vous remercie de m'avoir transmis les salutations du Président A.Q.M. Badruddoza Chowdhury et du Premier Ministre Begum Khaleda Zia, et je vous prie de les assurer de mes prières ferventes pour le bien-être de la nation tout entière.

Depuis les événements dramatiques du 11 septembre, il est plus clair que jamais qu'il existe un besoin urgent de ce que vous-même avez appelé "un dialogue constructif en vue de promouvoir la compréhension entre les cultures et les civilisations". Plutôt que de s'arrêter sur ce qui les sépare, les peuples des différentes cultures et religions doivent apprendre à se respecter les uns les autres, sur la base des nombreuses vérités et valeurs fondamentales qu'ils partagent. Comme je l'ai souligné dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de cette année, "le dialogue entre les cultures [...] repose sur la conscience qu'il existe des valeurs communes à toutes les cultures parce qu'elles sont enracinées dans la nature de la personne" (n. 16; ORLF n. 51 du 19 décembre 2001). Etant donné que l'Islam et le christianisme adorent le Dieu unique, Créateur des cieux et de la terre, il existe un vaste espace d'accord et de coopération entre eux. Des désaccords n'apparaissent que si l'Islam ou le christianisme est mal interprété ou manipulé à des fins politiques ou idéologiques.

Parmi les valeurs qui constituent un terrain fertile pour un dialogue fructueux, ressort le besoin universel de solidarité humaine. L'interdépendance mondiale croissante fait apparaître de façon plus évidente le destin commun de la famille humaine et le besoin urgent d'une culture de la solidarité. Pourtant, cette interdépendance croissante a également mis en lumière les nombreuses inégalités qui existent dans notre monde. En dépit des promesses contenues par la mondialisation, les déséquilibres sociaux et économiques dans certains pays se sont aggravés, et certaines nations parmi les plus pauvres ont atteint un degré de déclin encore plus élevé. Au nom de la paix dans le monde, et afin de répondre aux exigences de la justice, ces nations et leurs peuples doivent être aidés, non seulement à travers une aide immédiate, mais également à travers un soutien éducatif et technologique, qui leur permettra de participer au processus de développement mondial et de ne pas être exclus ou marginalisés. Il ne s'agit pas de dispenser des faveurs humaines, mais de reconnaître le droit humain fondamental à un juste partage des ressources. La promotion de la justice est essentielle à une culture de la solidarité.

Un autre point d'accord quasi-universel entre les peuples du monde est l'aspiration à la paix véritable. Malheureusement, certaines personnes dans le monde désirent le conflit, et tenteront toujours de provoquer des catastrophes. Mais la plupart des personnes et des nations sont disposées à faire les choix courageux qui s'imposent pour édifier une paix véritable. En un moment comme celui-ci, la recherche de la paix impose à la Communauté internationale des décisions qui ne peuvent être repoussées davantage. Même le conflit le plus enraciné et ancien peut être résolu si la volonté d'oeuvrer pour la réconciliation prévaut.

La religion joue un rôle important à cet égard. La vision de la personne et du monde qu'elle enseigne détermine dans une large mesure les attitudes et la façon de penser dans la réponse au défi d'édifier une société correctement ordonnée. Les musulmans et les chrétiens insistent tous les deux sur le caractère essentiellement transcendant de la personne humaine, créée par Dieu en vue d'un destin plus grand, et le besoin de respecter cet élément de la transcendance dans chaque personne. De plus, ils s'accordent à reconnaître que le Créateur a également révélé un mode de vie fondé sur ce que vous appelez à juste titre "les valeurs et normes humaines fondamentales" qui ont leur origine en Dieu lui-même. Dans une certaine mesure, c'est en vertu de ces valeurs et normes fondamentales que l'islam et le christianisme peuvent s'engager de la façon la plus fructueuse dans le dialogue constructif nécessaire en ce moment. Un exemple clair de la possibilité d'un tel dialogue doit être perçu dans le respect commun pour la valeur de la vie elle-même. Pour l'islam et le christianisme, la vie humaine est une réalité sacrée et inviolable, car elle trouve son origine et son destin en Dieu lui-même. C'est pourquoi il n'est jamais possible d'invoquer la paix et de mépriser la vie, ce qui est une contradiction que l'on trouve trop souvent dans les sociétés humaines et dans le coeur humain. Dans les cultures occidentales et orientales, riches et pauvres, traditionnelles et post-industrielles, le respect de la vie humaine est menacé et miné de nombreuses façons. Un profond effort éducatif est nécessaire dans toutes les traditions religieuses afin d'enseigner la valeur sacrée de la vie et de diffuser une attitude de respect pour la vie dans toutes les circonstances.

Dans les valeurs que partagent tous les peuples, nous trouvons ce que j'ai appelé la "logique morale qui éclaire l'existence humaine et qui rend possible le dialogue entre les hommes et entre les peuples" (Discours à l'Assemblée générale des Nations unies, 5 octobre 1995; ORLF n. 41 du 10 octobre 1995). Tel est le point où l'islam et le christianisme peuvent et doivent se rencontrer, non seulement dans un dialogue de paroles, mais dans un dialogue de service pour la paix dans le monde.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que la mission que vous entreprenez aujourd'hui contribuera à renforcer les liens d'amitié et de coopération entre votre nation et le Saint-Siège; je vous assure que les divers bureaux de la Curie Romaine seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre mission. En renouvelant mes meilleurs voeux de succès et de bonheur, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant sur vous, sur le gouvernement et sur le bien-aimé peuple du Bangladesh.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 6 décembre 2001




Monsieur l’Ambassadeur,

1. Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Djibouti près le Saint-Siège et je La remercie de ses aimables paroles.

Je vous saurais gré, Monsieur l’Ambassadeur, de transmettre à Son Excellence Monsieur le Président Ismaël Omar Guelleh mes remerciements pour les voeux courtois qu’il m’a fait parvenir par votre intermédiaire, et de lui exprimer en retour mes souhaits cordiaux de prospérité et de paix pour tous les habitants du pays.

2. Vous avez tenu à souligner l’importance de la paix et du dialogue pour la bonne entente entre les nations. Dans le contexte des événements de ces derniers mois, la préservation de la paix au niveau international est devenue une priorité pour les Autorités civiles et pour les citoyens de l’ensemble des pays du monde. Elle est depuis longtemps, vous le savez, une préoccupation constante du Saint-Siège, qui s’efforce d’encourager les nations à la recherche patiente et obstinée de la paix, dans un souci permanent des conditions mêmes de son établissement, par un dialogue respectueux de toutes les parties en présence, notamment des minorités, auxquelles il convient de faire place en toute société, en mettant en avant tout ce que chaque composante peut apporter à la construction commune.

Tant au niveau local que régional ou mondial, le dialogue est une nécessité, d’une part pour éviter des affrontements et des conflits tragiquement douloureux qui voient la violence se déchaîner entre les hommes et entre les peuples et, d’autre part, pour assurer une entente toujours plus fraternelle entre tous. La région du monde dans laquelle se situe votre pays, celle du Nord-Est de l’Afrique, n’échappe pas à ces situations de tensions ou de conflits préoccupants. Permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de rendre ici hommage aux Autorités de votre pays pour la part active qu’elles ont prise dans la résolution du conflit somalien, grâce notamment à la conférence de réconciliation qui s’est tenue à Arta l’année dernière. Je souhaite que soit poursuivi et, si possible, étendu à d’autres lieux de conflits, le travail de longue haleine que représente la recherche de la convivialité entre les différents protagonistes, en préférant en toute circonstance la négociation et en renonçant à toute forme de violence. Dans cette perspective, il faut souhaiter que de véritables artisans de paix poursuivent l’oeuvre engagée. C’est là assurément le chemin vers la paix, une paix solide et durable, à laquelle aspirent tous les hommes de bonne volonté.

3. Cependant, que ce soit entre les personnes, entre les différentes composantes d’une même nation ou encore entre les États, il ne peut y avoir de paix solide et durable sans la justice, c’est-à-dire sans que soient assurées pour tous des conditions de vie qui respectent leur dignité. Cette exigence de justice réclame certainement un meilleur partage des ressources entre riches et pauvres à tous les niveaux de la vie sociale, et l’instauration d’une véritable culture de la solidarité (cf. Message pour la Journée mondiale de la paix 2001, n. 17). Cela fait partie des droits fondamentaux et demande que se développe dans notre monde, au début de ce nouveau millénaire, un dialogue nouveau et fructueux entre les cultures et entre les religions, dans un désir de reconnaissance mutuelle, pour permettre un service commun de l’homme qui soit véritablement respectueux des valeurs morales et spirituelles. Travailler à susciter, à entretenir et à intensifier ce dialogue est l’une des missions du Saint-Siège, qui continuera à oeuvrer en ce sens. Votre présence en ces lieux, Monsieur l’Ambassadeur, témoigne aussi de l’intérêt et de l’attachement de votre pays, «terre d’échanges et de rencontres», vous l’avez rappelé, à la défense de ces valeurs, qui sont l’expression de la dignité fondamentale de tout être humain et qui doivent être respectées comme telles.

4. Je suis heureux, Monsieur l’Ambassadeur, de pouvoir saluer, à travers votre personne, la communauté catholique de la République de Djibouti. Elle est peu nombreuse, mais elle est engagée activement dans le développement économique et social de la nation, ainsi que dans le service de l’éducation des jeunes. Je sais que la présence des écoles catholiques est appréciée, pour la compétence éducative des formateurs mais aussi pour la qualité des valeurs humaines que ceux-ci transmettent. L’Église catholique dans votre pays entretient de bons rapports avec l’ensemble de la population ainsi qu’avec les différentes autorités religieuses. Elle souhaite pratiquer le dialogue fraternel avec tous, dans le respect mutuel, en vue d’une meilleure estime réciproque et de la recherche du bien commun. Permettez-moi, par votre entremise, de saluer affectueusement tous les membres de la communauté catholique, son évêque et ses prêtres, et de les encourager à témoigner sans se lasser de l’amour de Dieu pour chaque homme, par une charité inventive.

5. Au moment où vous inaugurez votre mission de représentation auprès du Saint-Siège, recevez, Monsieur l’Ambassadeur, mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement et pour que se poursuivent et se développent des relations harmonieuses entre le Saint-Siège et la République de Djibouti. Je vous assure que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs un accueil attentif et une compréhension cordiale, afin de vous aider dans votre noble fonction.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs et sur le peuple de Djibouti tout entie, j’invoque l’abondance des Bénédictions du Tout-Puissant.

      


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE FINLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 6 décembre 2001




Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux d'accueillir Votre Excellence en cette circonstance solennelle de la présentation des Lettres qui L'accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Finlande près le Saint-Siège.

Je vous remercie vivement, Monsieur l’Ambassadeur, des salutations que vous m'avez adressées de la part de Son Excellence Madame Tarja Halonen, Président de la République. En retour, je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer mes voeux respectueux pour sa personne ainsi que pour le peuple finlandais qui célèbre aujourd’hui même sa fête nationale. Je prie Dieu d'accompagner les efforts de chacun dans l'oeuvre d'édification d'une nation toujours plus fraternelle et plus solidaire.

2. Vous avez rappelé, Monsieur l’Ambassadeur, que la Finlande fêtait en ce jour le quatre-vingt-quatrième anniversaire de son indépendance, acquise durant la tragédie de la grande guerre qui ravagea l’Europe. Votre pays, qui s’est toujours attaché à la recherche de la paix, s’est associé au projet de construction de l’Europe et il y participe aujourd’hui pleinement. Le Saint-Siège suit avec attention, vous le savez, le développement de cette réalisation, qui est significative de l’esprit de dialogue et de négociation puisqu’elle a permis à des nations autrefois ennemies de s’engager d’abord dans un projet de coopération mutuelle, et maintenant dans une véritable communauté de nations. La monnaie commune, qui aura cours à partir du 1er janvier prochain, constitue un pas de plus dans le sens de cette évolution. Le processus d’élargissement de l’Union à de nouveaux pays membres en Europe est désormais clairement engagé et l’on s’en réjouit; comment ne pas penser que ce qui se réalise sur ce continent ne puisse pas, d’une manière ou d’une autre, être un exemple pour beaucoup d’autres nations ou de régions du monde encore sujettes à l’hostilité et aux conflits internes ? On se félicite que, dans cet esprit, votre pays, conscient de cette responsabilité morale et politique de l’Europe, s’investisse avec détermination dans la défense des droits de l’homme et dans l’aide aux pays en voie de développement.

3. Vous avez aussi souligné, Monsieur l’Ambassadeur, combien la situation internationale que connaît notre monde depuis plusieurs mois suscite de questions chez les Autorités civiles des nations et leurs citoyens. Au-delà du déchaînement épouvantable et intolérable du terrorisme qui a frappé les États-Unis d’Amérique, une telle situation a mis en lumière les graves tensions qui menacent des équilibres fragiles entre les nations, et des situations d’injustice qui, sévissant depuis trop longtemps et attisant les rancoeurs et les haines, sont devenues de véritables sources de violences entre les hommes. Comme vous l’avez dit opportunément, cette situation nous conduit à faire une réévaluation du monde actuel et à nous interroger sur les valeurs fondamentales qui sont les nôtres.

Le projet européen, que nous évoquions à l’instant, n’est pas né par hasard. Il a une histoire et une âme, forgées par des siècles de tradition culturelle, morale et religieuse, où la foi chrétienne tient une place importante que nul ne peut nier. Et si, aujourd’hui, les États européens vivent selon le principe de la légitime autonomie des réalités terrestres, ils ne peuvent ni ne doivent oublier la tradition qui les soutient. L’homme européen a le goût de la liberté et le sens de la personne, il connaît les droits de l’homme et la dignité fondamentale de chacun, il aspire à la paix. Tout cela, il le doit en grande partie à cette riche histoire. L’Europe est appelée à maintenir vivant cet héritage, en donnant une nouvelle vigueur aux institutions qui sont à la base de sa vie sociale, comme le mariage et la famille. Elle ne peut non plus proclamer les droits imprescriptibles de la personne et, en même temps, laisser attenter à l’existence humaine, que ce soit à ses débuts ou à sa fin, ou à travers des manipulations qui sont contraires au respect dû à tout être humain. Puisse-t-elle au contraire promouvoir en tous domaines une véritable culture de la vie !

4. Je suis heureux de pouvoir saluer, par votre entremise, la communauté catholique de Finlande. Elle est peu nombreuse et bien habituée à vivre un oecuménisme du quotidien avec les chrétiens d’autres confessions, qui sont les plus nombreux. Je l’encourage à assumer sa place originale dans la société finlandaise, témoignant avec assurance de sa foi au Christ, développant des liens fraternels dans la prière et par le témoignage avec les frères chrétiens d’autres confessions, de manière commune chaque fois que c’est possible. Je me réjouis de savoir que la présence de l’Église catholique est appréciée dans votre pays, non seulement pour son apport spirituel mais aussi pour sa contribution sociale et éducative, et je forme le voeu que la nouvelle loi sur la liberté religieuse permette de reconnaître et de promouvoir concrètement une égalité de plus en plus grande entre toutes les religions officiellement reconnues en Finlande.

5. Monsieur l’Ambassadeur, vous inaugurez aujourd’hui la noble mission de représenter votre pays auprès du Saint-Siège. Veuillez accepter les voeux très cordiaux que je forme pour son heureuse réussite et soyez sûr de toujours trouver auprès de mes collaborateurs la compréhension et le soutien nécessaires !

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur tous ses collaborateurs et sur tous ses compatriotes, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

  

AU NOUVEL AMBASSADEUR DE L'ILE MAURICE PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 6 décembre 2001




Votre Excellence,

Je suis heureux d'accepter les Lettres par lesquelles vous avez été accrédité comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de l'Ile Maurice près le Saint-Siège. Je vous prie de bien vouloir transmettre au Président Cassam Uteem et au Premier ministre mes salutations cordiales ainsi que l'assurance de mes prières pour votre pays et son peuple. Bien que douze ans se soient écoulés depuis ma visite pastorale à l'Ile Maurice, je garde encore le souvenir précieux de l'accueil chaleureux que j'ai reçu de la part de vos concitoyens et de la beauté naturelle frappante que le Créateur a conférée à votre pays.

Au cours de ma visite, j'ai pu constater en personne la riche diversité ethnique, religieuse et culturelle de votre nation, ainsi que les efforts accomplis en vue de promouvoir une vie civile caractérisée par la tolérance, le respect pour les autres et le développement du bien commun. Tandis qu'avec vos concitoyens, vous vous apprêtez à célébrer le Xème anniversaire de l'établissement de l'Ile Maurice en tant que République, ces valeurs, profondément enracinées dans votre histoire et dans votre culture, indiquent la voie vers un avenir de promesse et d'espérance. Dans l'Ocean indien, votre nation cherche à être un modèle d'harmonie entre divers groupes, et de coopération fructueuse dans l'édification d'un monde juste et accueillant. En continuant de s'accepter les uns les autres dans la diversité de leur culture, de leurs croyances, de leurs origines et de leurs langues, les habitants de l'Ile Maurice deviendront, comme je l'ai dit au cours de ma visite, "l'image d'une société à la convivialité paisible, préfigurant en quelque sorte à son échelle une Communauté internationale qui soit une patrie pour tous les peuples" (Discours à Plaisance, 14 octobre 1989, n. 3; ORLF n. 47 du 21 novembre 1989).

Monsieur l'Ambassadeur, vous commencez votre mission au Saint-Siège à une époque où l'attention du monde est concentrée sur le problème du terrorisme, qui menace d'exacerber les divisions déjà graves au sein de la famille humaine et d'entraver le progrès vers une plus grande solidarité dans la vie internationale. La crise actuelle pose un défi à toutes les nations, grandes et petites: renouveler leurs efforts en vue d'édifier une culture de la paix à travers le dialogue, la compréhension et la coopération. C'est précisément pour contribuer à cette grande entreprise que le Saint-Siège est présent dans la famille des nations. Le Saint-Siège s'efforce d'affirmer les valeurs religieuses et spirituelles qui sont essentielles pour les efforts de l'humanité en vue de créer un ordre international fondé sur le respect pour la culture spécifique de chaque peuple, en exprimant dans le même temps l'aspiration humaine universelle au bien-être et à la paix.

Comme vous l'avez souligné, Votre Excellence, et comme l'a montré la longue expérience de pluralisme ethnique, religieux et culturel de votre pays, les fidèles des diverses religions ont un rôle important à jouer pour servir la cause de la paix. En effet, "le rapport avec le Dieu unique, Père commun de tous les hommes, ne peut que favoriser la conscience d'être des frères et la façon de vivre en conséquence" (Message pour la Journée mondiale de la Paix, n. 1). Aujourd'hui, plus que jamais, les croyants sont appelés à s'unir pour condamner toute tentative visant à exploiter la race ou la religion afin de fomenter la haine, la violence et la division. Dans le même temps, ils peuvent établir une base solide pour un authentique renouveau social, en aidant à former les consciences selon la fraternité et dans le respect pour la dignité et les droits inviolables de chaque individu. A tous les niveaux, un ferme engagement est nécessaire afin d'éliminer toutes les formes d'hostilité, de préjugé et de discorde à leur véritable racine: dans les profondeurs du coeur humain.

Un rôle fondamental dans l'édification de cette culture est joué par la famille, par les enseignants et par les institutions éducatives. Depuis le début de sa présence sur l'Ile Maurice, l'Eglise catholique, dans la fidélité à l'Evangile, a proclamé la dignité de la famille et son rôle dans le dessein de Dieu pour la société humaine. Aujourd'hui en particulier, lorsque l'identité et la dignité de la famille sont menacées par des modèles culturels étrangers aux valeurs qui ont traditionnellement formé votre société, il est essentiel que cette "unité fondamentale de la société" reçoive la reconnaissance qui lui est due et le soutien qui lui est nécessaire pour accomplir sa mission de fournir une préparation morale et civile sérieuse des citoyens qui doivent édifier et défendre l'avenir de votre démocratie. L'éducation catholique joue un rôle significatif, non seulement en aidant les parents à élever leurs enfants selon les valeurs humaines et spirituelles qui guident leur vie, mais également en formant les jeunes à être des membres mûrs, responsables, et productifs de la communauté. Cela représente un service vital au bien commun de la nation.

Votre Excellence, tandis que vous commencez votre mission au Saint-Siège, je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière pour le succès de vos responsabilités, que vous accomplissez à présent au service de la nation. De même, je vous assure de l'assistance des bureaux du Saint-Siège. Sur vous et votre famille, ainsi que sur tout le peuple bien-aimé de l'Ile Maurice, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu.

   

AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU MALI PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 6 décembre 2001



Monsieur l’Ambassadeur,


1. C’est pour moi un plaisir d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent auprès du Saint-Siège en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Mali. Je remercie Votre Excellence pour les salutations cordiales qu’Elle vient de m’adresser en son nom et au nom du Président malien. Je Lui saurais gré en retour de bien vouloir transmettre à Son Excellence Monsieur Alpha Oumar Konaré les voeux que je forme pour sa personne et pour l’accomplissement de sa haute mission au service du peuple du Mali. Je demande au Très-Haut de bénir les efforts de tous ceux qui sont engagés dans l’édification d’une société érigée sur les valeurs de la justice et de la paix, dans la reconnaissance des droits de toutes les composantes de la nation.

2. Dans votre allocution, Monsieur l’Ambassadeur, vous avez tenu à souligner la permanence des relations fructueuses et amicales qui existent entre votre pays et le Saint-Siège. Elles sont fondées sur la conviction commune que la dignité et les droits fondamentaux de la personne doivent être promus et défendus en tout temps et en toute situation. Après les jours sombres qui ont marqué il y a quelques mois la conscience de l’humanité tout entière, je tiens à saluer les efforts constants déployés par votre nation pour servir la cause de la paix, non seulement à l’intérieur de ses frontières, mais aussi par une action diplomatique soutenue, aux dimensions du Continent africain tout entier. Dans cette perspective, il convient de souligner l’importance de la rencontre de l’Organisation de l’Unité africaine, que votre capitale Bamako a accueillie en novembre 2000 et qui portait sur la réduction de la prolifération des armes légères. Alors que votre pays s’est résolument engagé dans le processus d’édification d’une société démocratique, je forme le voeu que l’établissement et l’organisation d’un état de droit permette à chacun de jouir de ses prérogatives de citoyen, librement et dans le respect d’un pluralisme légitime, tout en concourant au bien commun, ce qui suppose en particulier le respect des valeurs et des traditions religieuses propres à chacun, respect qui contribue à l’unité nationale et au maintien de la paix et de la concorde entre tous les membres de la société.

Établir et développer une culture de paix est pour une nation un devoir exigeant et noble, inscrit dans la vocation de l’humanité à se reconnaître comme une famille. Cet engagement appelle chaque nation à assumer des choix courageux, afin de combattre l’égoïsme sous toutes ses formes, dont on constate les effets en particulier dans les déséquilibres d’ordre économique et social ainsi que dans l’absence de confiance qui, souvent, minent les relations de saine coopération entre les hommes et les peuples. À ce sujet, j’ai eu l’occasion de rappeler à maintes reprises qu’il n’y a pas «de paix véritable si elle ne s’accompagne pas d’équité, de vérité, de justice et de solidarité. Est voué à l’échec tout projet qui tend à séparer deux droits indivisibles et interdépendants: le droit à la paix et le droit à un développement intégral et solidaire» (Message pour la Journée mondiale de la paix 2000). Dans le but de remédier aux graves injustices qui maintiennent dans la misère des nations entières, j’invite les pays riches à soutenir les efforts des pays plus pauvres, en les aidant notamment à mettre en place des structures de développement et des moyens de formation appropriés. En effet, les pays en voie de développement doivent être aidés pour eux-mêmes et non en fonction d’intérêts particuliers des nations auxquelles ils seraient redevables. Ainsi sera véritablement mise en oeuvre cette mondialisation de la solidarité que j’appelle de mes voeux, et qui représente une grande chance non seulement pour la croissance économique de l’humanité, mais aussi pour sa croissance culturelle et morale.

3. L’Église catholique, quant à elle, est désireuse d’être partie prenante dans la vie du peuple malien, souhaitant apporter une aide spécifique à la promotion du bien de la communauté nationale. Au nom de la mission de service de l’Évangile qu’elle a reçue de Jésus Christ, elle tient à encourager toute démarche qui participe à l’épanouissement intégral des personnes et des peuples, en conformité avec leur vocation. Elle a toujours considéré que l’éducation constituait un terreau irremplaçable pour la saine croissance des jeunes générations, contribuant à ouvrir leur conscience aux valeurs d’amour, de respect, de liberté, de justice et de solidarité. Dans ce domaine de l’éducation, comme dans celui de la santé ou de l’action sociale, l’Église catholique continuera à oeuvrer pour le bien commun, avec toutes les composantes de la société civile. Une telle perspective suppose qu’elle ait les moyens matériels et la reconnaissance lui permettant d’assurer sa mission auprès des personnes qui lui sont confiées, sans discrimination. Pour permettre aux jeunes qui bénéficient de cette éducation intégrale d’apporter efficacement leur concours au progrès de la société vers une vie plus fraternelle, il est nécessaire de promouvoir et de soutenir la famille, valeur essentielle de la culture africaine, qui «a des liens organiques et vitaux avec la société parce qu’elle en constitue le fondement et qu’elle la sustente sans cesse en réalisant son service de la vie: c’est au sein de la famille, en effet, que naissent les citoyens et dans la famille qu’ils font le premier apprentissage des vertus sociales, qui sont pour la société l’âme de sa vie et de son développement» (Exhortation apostolique Familiaris consortio FC 42). Il est enfin vivement souhaitable que cette éducation intégrale permette aux chrétiens et aux musulmans de tisser des relations faites de respect mutuel, de confiance et d’amitié, pour réaliser une coopération fructueuse, dans la concorde et l’estime réciproque. Que dans le patrimoine authentique de leurs traditions religieuses, ils puisent les forces nécessaires afin de collaborer au développement solidaire de leur pays !

4. Vous me permettrez, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer chaleureusement, par votre intermédiaire, les Évêques, les prêtres, les religieux, les religieuses, les catéchistes et les fidèles catholiques de votre pays. Je les encourage à mettre toujours plus leur espérance dans le Christ, pour rendre un vivant témoignage à l’amour de Dieu au milieu de leurs frères et soeurs. Je les invite à travailler avec ardeur, par le chemin du dialogue et par leur engagement dans la vie de la cité, pour faire disparaître les causes de division et pour parvenir à une société toujours plus équitable et plus unie.

5. Au moment où vous commencez votre mission près du Saint-Siège, je vous offre mes voeux cordiaux pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assuré que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l’accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur votre Excellence, sur sa famille et sur ses collaborateurs, sur le peuple malien et sur ceux qui président aux destinées de la nation, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

      


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Jeudi 6 décembre 2001



Excellences,


1. Je suis heureux de vous recevoir en ce jour et de vous souhaiter la bienvenue au moment où vous remettez les Lettres qui vous accréditent auprès du Siège apostolique comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays: le Bangladesh, Djibouti, la Finlande, l’Érythrée, la Géorgie, le Lesotho, le Rwanda, l’Île Maurice, le Mali. Je salue aussi le nouvel Ambassadeur de Suisse en Mission spéciale. Je vous saurai gré d’exprimer à vos Chefs d’État respectifs ma gratitude pour les messages à mon intention dont vous êtes porteurs, leur transmettant en retour mes salutations cordiales et déférentes, ainsi que mes voeux fervents pour leurs personnes et pour leur mission au service de tous leurs concitoyens. Permettez-moi aussi de profiter de cette circonstance pour saluer par votre intermédiaire les Autorités de vos pays et l’ensemble de vos compatriotes. J’ajoute volontiers une intention spéciale pour vos concitoyens catholiques et pour leurs pasteurs. Tous ont le souci d’apporter leur contribution à la concorde et à la paix.

2. Nos contemporains sont aujourd’hui plus que jamais marqués par la peur, qui provient à la fois de la situation instable que connaît notre monde et de l’incertitude du lendemain; beaucoup semblent ne plus pouvoir envisager sereinement leur avenir, notamment les jeunes qui sont troublés par les événements dramatiques que leur offre le monde des adultes. Il appartient de manière toute spéciale aux Responsables des Nations et à leurs Représentants dans le service diplomatique de s’engager plus que jamais et de manière toujours plus intense, par la voie du dialogue et de la coopération internationale, pour l’éradication de tout ce qui est source de conflit et de tensions entre des groupes humains et entre des nations. Nulle question particulière, qui doit toujours pouvoir trouver des solutions négociées, ne doit l’emporter sur le respect des personnes et des peuples.

3. Votre mission, Messieurs et Mesdames les Ambassadeurs, consiste à servir à la fois la noble cause de votre pays et la noble cause de la paix. Ce sont là d’éminents actes d’amour envers le prochain, qui doivent être réalisés avec le désir de contribuer au bien commun et à une meilleure entente entre les personnes et entre les peuples. Nous pourrons alors offrir aux générations qui nous suivent une terre où il fait bon vivre. Nous devons sans cesse nous rappeler que toutes les injustices que peuvent connaître nos contemporains, que les situations de pauvreté, que le manque d’éducation de la jeunesse sont à la source de bon nombre de foyers de violence à travers le monde. La justice, la paix, la lutte contre la misère et contre le manque de formation spirituelle, morale et intellectuelle des jeunes, tels sont des aspects essentiels de l’engagement auquel j’appelle les Dirigeants des Nations, les services diplomatiques et tous les hommes de bonne volonté.

4. Au moment où vous commencez votre mission auprès du Saint-Siège, je tiens à vous exprimer mes voeux les meilleurs. J’invoque bien volontiers l’abondance des Bénédictions divines, sur vous-mêmes et sur vos familles, sur vos collaborateurs et sur les Nations que vous représentez.



Discours 2001 - MESSAGE DU SAINT PÈRE À L’OCCASION DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DU BÉNÉVOLAT