Discours 2001 - Lundi 7 mai 2001

CÉRÉMONIE DE CONGÉ DE SYRIE - AÉROPORT INTERNATIONAL DE DAMAS

8 mai 2001


  Monsieur le Président,
Chers Amis Syriens,

1. Alors que je quitte l’antique terre de Syrie, je suis rempli de gratitude. Je rends grâce par-dessus tout au Dieu Tout-Puissant qui m’a permis de poursuivre mon pèlerinage jubilaire de foi à l’occasion du deux millième anniversaire de la naissance de Jésus Christ. Je remercie saint Paul, qui s’est fait mon compagnon de voyage à chaque étape de ma route.

Je vous suis particulièrement reconnaissant, Monsieur le Président, ainsi qu’aux membres du Gouvernement, de m’avoir accueilli de grand coeur et de m’avoir tendu la main de l’amitié. Le peuple syrien est renommé pour son hospitalité, et au cours de mon séjour, le pèlerin que je suis s’est senti chez lui. Je n’oublierai pas cette gentillesse.

Je remercie la communauté chrétienne, en particulier Leurs Béatitudes les Patriarches et les évêques, pour la façon dont ils m’ont accompagné au cours de ce pèlerinage.

Je garderai vivante la mémoire de ma visite à la Mosquée Omeyade et de l’accueil courtois qui m’a été réservé par le Grand Mufti et par la communauté musulmane.

Je prie pour que la longue tradition syrienne de relations harmonieuses entre Chrétiens et Musulmans se poursuive et se fortifie, donnant au monde entier le témoignage que la religion, en tant que culte rendu au Dieu Tout-Puissant, répand la semence de paix dans le coeur des peuples. En répondant aux aspirations les plus profondes du coeur de l’homme, elle enrichit et unit la famille humaine dans sa marche à travers l’histoire.

2. La Syrie est une terre antique au passé glorieux. En quelque sorte, vous êtes encore une nation jeune qui, en relativement peu de temps et à travers des circonstances difficiles, a relevé un grand défi. Dans ma prière de pèlerin, je demande que la Syrie se tourne avec confiance et sérénité vers un avenir nouveau et prometteur, et pour que votre pays prospère dans la voie d’une ère de bien-être et de tranquillité pour tous ses habitants.

La présence de la Syrie est si vitale pour la vie de la région tout entière, dont les peuples ont longtemps souffert de la tragédie de la guerre et des conflits. Toutefois, pour que s’ouvre la porte de la paix, il est important de trouver des solutions fondamentales, selon la vérité et la justice, et en fonction des droits et des responsabilités. Le monde regarde le Moyen-Orient avec espoir et inquiétude, guettant tout signe de dialogue constructif. De nombreux obstacles sérieux demeurent, cependant les premiers pas vers la paix doivent exprimer la ferme conviction qu’une solution est possible dans le cadre du droit international et des résolutions des Nations unies. Je lance une fois de plus un appel à tous les peuples concernés, ainsi qu’à leurs responsables politiques, afin qu’ils reconnaissent que l’affrontement a échoué et qu’il échouera toujours. Seule une paix juste peut fournir les conditions requises pour un développement économique, culturel et social, auquel tous les peuples de la région ont droit.

Merci, Monsieur le Président. Merci à vous tous: Shukran!

Que Dieu Tout-Puissant comble votre avenir de ses bénédictions! Que sa paix soit toujours avec vous: As-salámu ‘aláikum!


CÉRÉMONIE D'ARRIVÉE À MALTE À L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE GUDJA

Mardi 8 mai 2001


Monsieur le Président,

Messieurs les membres du gouvernement,
Chers frères dans l'épiscopat,
Mesdames et messieurs,


1. C'est avec une profonde gratitude à Dieu que je pose le pied sur le sol maltais pour la seconde fois. Le pèlerinage jubilaire que j'accomplis à l'occasion du deux-millième anniversaire de la naissance de Jésus-Christ m'a conduit à Malte. Après avoir visité quelques-uns des lieux liés de façon particulière à l'histoire du salut au Sinaï, en Terre Sainte, et maintenant à Athènes et Damas, mon pèlerinage sur les traces de l'Apôtre Paul me conduit chez vous.


2. Monsieur le Président, je vous remercie de l'aimable invitation que vous m'avez adressée au nom du peuple maltais. Merci de vos aimables paroles de bienvenue ici aujourd'hui. Je suis également reconnaissant aux illustres membres du Parlement, aux représentants des Autorités civiles et militaires, aux membres du Corps diplomatique et à tous ceux qui honorent cette cérémonie de leur présence.

Avec affection dans le Seigneur, je salue votre Archevêque, Mgr Mercieca, vos Evêques, Mgr Cauchi et Mgr Depasquale, ainsi que les autres Evêques présents, dont certains représentent la vocation missionnaire de l'Eglise maltaise, tandis que d'autres descendent des émigrés maltais. Je salue les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses, et en particulier les jeunes qui se préparent à servir le Seigneur dans le sacerdoce et la vie consacrée. Je salue les catéchistes, ainsi que tous ceux qui collaborent activement à la mission de l'Eglise.

A travers les paroles de votre Patron saint Paul, je salue tous le peuple maltais, sans exception: "A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ!" (Ph 1,2).


3. Le souvenir de ma première visite, il y a onze ans, me revient naturellement à la mémoire. Je me souviens de ma rencontre avec les prêtres et les religieux, avec le monde du travail, avec les intellectuels, avec les familles et avec les jeunes. Je me souviens de la co-cathédrale de Saint-Jean à La Valette, des sanctuaires mariaux de Mellieha et Ta'Pinu sur l'île de Gozo. Je me souviens de la baie et des îles de Saint-Paul et en particulier de l'antique grotte, vénérée comme le lieu où il vécut.
Je me souviens avant tout de la foi et de l'enthousiasme des Maltais et des habitants de l'île de Gozo.

Saint Paul arriva à Malte alors qu'il était prisonnier, en route pour Rome, le lieu de son martyre. Ici, lui et ses compagnons de naufrage furent traités - comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres, "avec une humanité peu banale" (Ac 28,2). Ici, il témoigna du Christ et guérit le père de Publius, ainsi que d'autres personnes de l'île qui étaient malades (cf. Ac 28,8). La bonté du peuple maltais fut récompensée par "la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes" (Tt 3,4). Pendant deux millénaires, vous avez été fidèles à la vocation que comporte cette singulière rencontre.

Aujourd'hui, le Successeur de Pierre désire vous confirmer dans la même foi et vous encourager dans l'esprit de l'espérance et de l'amour chrétiens. Il prie pour que, comme vos ancêtres, vous puissiez également porter des fruits bons et abondants. Les bons arbres donnent de bons fruits (cf. Mt 12,33-35), comme cela a été le cas des vénérables Serviteurs de Dieu que j'aurai la joie de déclarer bienheureux demain.


4. En vertu de sa position en Europe et dans la Méditerranée, Malte a reçu en héritage une tradition culturelle particulièrement riche, au centre de laquelle se trouve l'humanisme de l'Evangile. Dans un monde à la recherche d'une lumière sûre qui oriente les transformations en cours, vous disposez d'un héritage spirituel et moral à même de guérir et d'élever la dignité de la personne humaine, de renforcer le tissu de la société et de conférer à l'activité humaine un sens et une signification plus profonds (cf. Gaudium et spes GS 40). Telles sont la sagesse et la vision que Malte peut offrir à la nouvelle période historique qui émerge lentement, mais sûrement.

Chers amis maltais! Soyez fiers de votre vocation chrétienne! Soyez fiers de votre héritage religieux et culturel! Tournez-vous vers l'avenir avec espérance, et engagez-vous avec une vigueur renouvelée à faire de ce nouveau millénaire un temps de solidarité et de paix, d'amour pour la vie et de respect pour la création de Dieu.


5. J'ai confié mon pèlerinage à la protection de la Bienheureuse Vierge Marie et de l'Apôtre Paul. J'invoque leur intercession sur tous les habitants de Malte et de Gozo! Je vous bénis tous, en particulier les malades, les personnes âgées et tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit.

Il-Mulej ibierek il-poplu kollu ta' Malta u ta' Ghawdex! Que Dieu bénisse le peuple de Malte et de Gozo!




RENCONTRE AVEC LES MEMBRES DE LA "SOCIETAS DOCTRINAE CHRISTIANAE"

Hamrun (Malte), 9 mai 2001


Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Représentants des Autorités maltaises,
Messieurs les Cardinaux et chers frères dans l'Episcopat,
Chers frères et soeurs,

1. Dans la joie de Pâques, je fais miennes les paroles du Seigneur Ressuscité: "La Paix soit avec vous! Il-paci maghkom!" Je vous remercie de votre accueil chaleureux. Il démontre que l'hospitalité qui a embrassé saint Paul (cf. Ac 28,2) est toujours présente à Malte. Je suis reconnaissant pour les paroles prononcées au nom des deux branches de la Société par son Supérieur général, qui a exprimé tout votre amour pour l'Eglise et pour le Successeur de Pierre.


2. L'île de Malte est un rocher émergeant de la mer, où la terre est souvent rare et le soleil ardent. Même ce lieu où nous nous rencontrons porte le nom de Blata l-Bajda, la "roche blanche". Pourtant, au cours des siècles, Malte a été extrêmement généreuse et fertile dans les voies les plus profondes de l'Esprit. La foi inébranlable du peuple maltais a permis que ce rocher soit cette bonne terre dont parlent les Evangiles. Sur ce sol, le Bienheureux Georges Preca implanta la Société de la Doctrine chrétienne, qui y a fleuri en un siècle. A la différence de l'histoire du figuier rapportée par l'Evangile que nous venons d'écouter (cf. Lc 13,6-9), vous avez porté du fruit en abondance, et pour cela, nous rendons grâce à Dieu et nous le remercions aujourd'hui.

Non seulement Dom Georges ensemença, mais il soigna la jeune pousse et nourrit le jeune arbre pour qu'il croisse et devienne fort et plein de fruits, ce qu'il devint. Vous avez fleuri parce que vous avez des racines plongeant profondément dans le Christ et parce que vous avez été bien nourris par la vie de sainteté de Dom Georges.

Pour comprendre votre vocation de manière plus approfondie, regardez le figuier. Ses nouvelles feuilles sont le signe que l'été est aux portes (cf. Lc 21,29-31); à la saison chaude, son ombre est un abri contre l'ardeur du soleil; il donne en abondance des fruits sucrés comme nourriture; et l'Ecriture dit que son fruit a un pouvoir cicatrisant (cf. Is 38,21). C'est une image de ce que vous êtes appelés à être! En tant que catéchistes, vous devez apporter une nourriture douce à tous ceux qui ont faim de Dieu; vous devez réconforter tous ceux qui souffrent du manque de lumière et d'amour. Si vous faites cela, vous serez réellement un signe du printemps que l'Esprit Saint prépare en ce moment pour l'Eglise.


3. Où qu'il aille prêcher, Dom Georges déplaçait les foules. Elles étaient captivées par ses paroles. Pourquoi? Parce qu'elles reconnaissaient dans la prédication de Dom Georges la voix de Jésus lui-même. C'était le Seigneur qu'elles écoutaient; elles étaient attirés par l'irrésistible force d'attraction du Christ qui, seul, elles le savaient, pouvait satisfaire les plus profondes aspirations de leurs coeurs. La beauté de la sainteté qui trouve son sommet dans le Christ et se reflète chez le nouveau Bienheureux ne manquera jamais d'attirer le coeur humain. Il est certain que si nous pouvons présenter au monde le visage du Christ Ressuscité, alors nous pourrons toucher et gagner des âmes de manière surprenante!


4. C'est dans les profondeurs de la contemplation que nous découvrons "la gloire de Dieu qui est dans le visage du Christ" (2Co 4,6). C'est pourquoi votre règle de vie vous demande de prier souvent et de rencontrer régulièrement votre directeur spirituel, qui sert de guide et de compagnon sur le chemin de votre fidélité. Contempler le visage du Christ, c'est être rempli d'énergie spirituelle pour la mission qui vous est confiée. Comme Saint Paul, la contemplation vous appelle à aller de l'avant comme missionnaires: pas simplement comme enseignants mais comme témoins qui peuvent parler avec force car vous pouvez dire, comme les premiers disciples: "Nous avons vu le Seigneur!" (Jn 20,25). Le Pape Paul VI écrivait que "l'homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, et s'il écoute les maîtres, c'est parce qu'ils sont des témoins" (Evangelii nuntiandi EN 41). C'était vrai de Dom Georges d'une manière extraordinaire et cela doit être aussi vrai de vous, ses fils et filles spirituels.

Dans sa Lettre aux Galates, saint Paul écrit que Dieu "daigna révéler en moi son Fils pour que je l'annonce parmi les païens" (Ga 1,16). Il ne parle pas du Christ qui m'est révélé mais du Christ qui est révélé "en moi". Une fois que Jésus se révèle à Saul sur la route de Damas, et une fois que Paul ouvre son coeur pour recevoir le don, l'Apôtre lui-même devient révélation. Il est empli du Christ, au point qu'il peut dire dans la même Lettre: "Ce n'est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2,20). Sa vie entière, tout ce qu'il fait, dit et pense, son corps, son esprit, son coeur et son âme deviennent la révélation de Jésus au monde. Tel est le mystère de la vocation sublime donnée non pas seulement à saint Paul et au Bienheureux Georges Preca mais aussi à chacun d'entre vous!


5. Votre fondateur était spécialement attaché à l'expression: Verbum Dei caro factum est, basée sur le Prologue de l'Evangile de saint Jean: "Le Verbe s'est fait chair" (Jn 1,14). C'est là que réside en effet l'origine de votre vocation et de votre apostolat. Le Verbe Divin continue, dans une certaine mesure, à prendre chair dans son Corps Mystique, l'Eglise. Vous devez l'y aider en faisant pour d'autres ce que Dom Georges a fait pour vous. Vous devez planter la semence de la Parole de Dieu dans les coeurs de façon à ce que le Christ puisse vivre en eux! Vous devez enseigner à tous - enfants, jeunes et adultes - à contempler le visage du Christ, à voir le Seigneur (cf. Novo millenio ineunte, n. 16), pour que la lumière de la gloire de Dieu qui rayonne du visage de Jésus puisse resplendir également en eux. C'est "l'enracinement de l'Eglise dans le temps et dans l'espace [qui] reflète, en dernière analyse, le mouvement même de l'Incarnation" (Ibid NM 3).

En allant de l'avant et en poursuivant la mission sacrée, laissez l'écho des mots de votre fondateur résonner sans cesse dans vos coeurs: MUSEUM - Magister, utinam sequatur Evangelium universus mundus! Divin Maître, puisse le monde entier suivre l'Evangile! En vous confiant à l'intercession de la Vierge Marie, de saint Paul et du Bienheureux Georges Preca, ainsi qu'à celle des Bienheureux Ignace et Adéodate, eux aussi béatifiés en ce jour, je donne ma Bénédiction apostolique à tous les membres de la Société de la Doctrine chrétienne en témoignage de la miséricorde infinie en Jésus-Christ, "le témoin fidèle, le Premier-né d'entre les morts" (Ap 1,5). Il-paci maghkom!




CÉRÉMONIE DE DÉPART DE MALTE À L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE GUDJA

Mercredi 9 mai 2001


Monsieur le Président,

Monsieur le Premier ministre,
Excellences,
Bien-aimé peuple de Malte,

1. En tant que Successeur de Pierre, je dois retourner à Rome et à mon service de Pasteur de l'Eglise universelle.

Mais je n'oublierai pas cette visite à Malte. Et plus encore, je n'oublierai pas le peuple maltais. Merci d'avoir pris part à mon pèlerinage jubilaire sur les traces de saint Paul! Dans la "géographie du salut"!

A la fin de ma première visite, je vous avais dit qu'à mon retour à Rome, j'aurais dit à l'Apôtre Paul que les Maltais étaient "un bon peuple catholique". Maintenant, je devrai dire à votre Patron que vous continuez de faire ce qu'il souhaitait: "Combattant le bon combat de la foi; conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé" (1Tm 6,12), comme le Bienheureux Dom Georges, le Bienheureux Ignace et la Bienheureuse Adéodate. Je vous laisse suivre leur exemple et je vous confie à leur intercession.


2. Merci, Monsieur le Président, pour votre cordialité au cours de ma trop courte visite. Ma gratitude s'adresse également au Premier ministre et au gouvernement, aux Forces armées et aux Forces de police ainsi qu'à tous ceux qui ont contribué de quelque façon que ce soit à ce pèlerinage. Je sais que vous avez fait cela par esprit de sacrifice et par amour. Je vous remercie de tout coeur.

Ma visite a été un moment d'intense communion avec votre Archevêque, Mgr Mercieca, avec vos Evêques NN. SS. Cauchi et Depasquale, ainsi qu'avec les prêtres, les religieux et les fidèles laïcs. Aux Eglises de Malte et de Gozo, je dis: soyez fidèles à saint Paul, votre père dans la foi sur ces îles, demeurez en union constante avec Pierre et avec l'Eglise universelle. De cette manière, vous resterez toujours fidèles au Christ.


3. Malte est au centre de la Méditerranée. Vous avez donc une vocation unique de constructeurs de ponts entre les peuples du bassin méditerranéen, entre l'Afrique et l'Europe. L'avenir de la paix dans le monde dépend du renforcement du dialogue et de la compréhension entre les cultures et les religions. Persévérez dans votre tradition d'hospitalité et dans votre engagement aux niveaux national et international en faveur de la liberté, de la justice et de la paix.


4. Au moment où mon pèlerinage jubilaire touche à sa fin, je confie solennellement à la protection de l'amour de Dieu Tout-Puissant les peuples des lieux que j'ai visité. En ces lieux, liés au deux millième anniversaire de la naissance du Sauveur, j'ai espéré et prié pour un grand renouveau de la foi parmi les chrétiens. J'ai souhaité encourager les croyants et tous les hommes de bonne volonté à défendre la vie, à promouvoir le respect de la dignité de tout être humain, à protéger la famille contre les nombreuses menaces actuelles, à ouvrir leurs coeurs aux pauvres et aux exploités du monde et à oeuvrer en faveur de la construction d'un ordre international fondé sur le respect du droit et de la solidarité envers les moins favorisés.

C'est aussi la mission et l'idéal que je vous laisse, bien-aimé peuple de Malte.

Dans les Actes des Apôtres, saint Luc écrit que les Maltais "ont comblé [saint Paul et ses compagnons] de toutes sortes de prévenance et, quand ils levèrent l'ancre, les pourvurent-ils du nécessaire" (Ac 28,10). Spirituellement, j'ai fait la même expérience, et je m'en vais en rendant grâce à Dieu dans mon coeur pour vous tous.

Merci Malte.

Il-Bambin iberikkom ilkoll! Que Dieu vous bénisse tous.

 

AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DES OEUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES

Vendredi 11 mai 2001



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce
Chers Directeurs nationaux,
Chers collaborateurs et collaboratrices des Oeuvres pontificales missionnaires,

1. C'est pour moi une grande joie de vous rencontrer à l'occasion de votre Assemblée annuelle. Mes salutations s'adressent en premier lieu à Monsieur le Cardinal Crescenzio Sepe, depuis peu Préfet de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples. Je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue Mgr Charles Schleck, Secrétaire-adjoint de cette même Congrégation et Président des Oeuvres pontificales missionnaires, ainsi que les Secrétaires généraux des quatre Oeuvres. Je vous salue aussi tout particulièrement, chers Directeurs nationaux qui, dans vos pays respectifs, vous consacrez généreusement à l'animation et à la coopération missionnaire. A travers vous, je voudrais faire parvenir mes sentiments de gratitude à tous ceux qui, dans la discrétion et le silence, travaillent avec tant d'ardeur afin que l'annonce de la Bonne Nouvelle puisse atteindre tous les coins du monde.


2. La rencontre d'aujourd'hui se déroule alors que résonne encore dans l'Eglise et dans le monde l'écho du grand Jubilé, qui n'a pas été seulement "mémoire du passé", mais "prophétie de l'avenir". Dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, j'ai écrit: "Nous avons le devoir de nous projeter vers l'avenir qui nous attend" (NM 3). Un des fruits du Jubilé est de regarder en avant, dans une attitude de foi et d'espérance chrétienne afin de vivre avec passion le présent et de nous ouvrir avec confiance à l'avenir, dans la certitude que "Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui, [et] il le sera à jamais!" (He 13,8). Une nouvelle et féconde saison d'évangélisation nous attend.

Que la mission, qui est le devoir de tous les croyants, constitue donc de façon spéciale, votre engagement. Consacrez-vous sans relâche à l'animation, à la formation et à la coopération missionnaire; ayez le courage d'oser et la sagesse du discernement, projetant et développant toute initiative utile pour le service du Christ. Répondant aux dons de l'Esprit, vous collaborerez ainsi à l'oeuvre du salut universel, objectif fondamental vers lequel nous devons tendre avec une confiance constante.


3. Au cours des Journées qui ont précédé votre rassemblement annuel, avec l'aide de chercheurs et d'experts, vous avez réfléchi sur la figure du Vénérable Paul Manna, Fondateur de l'Union pontificale missionnaire, oeuvre qualifiée par mon prédécesseur Paul VI "d'âme des oeuvres missionnaires". Paul Manna constitue un exemple éblouissant d'audace apostolique. Poussé par le feu de l'amour pour le Christ, il fonda une Oeuvre nouvelle, en indiquant des possibilités inédites et les nouvelles frontières de la mission. Il vécut et communiqua à ses collaborateurs une tension constante vers Dieu, qui "veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (1Tm 2,4). Sa préoccupation de faire participer chacun, et plus spécialement encore les prêtres et les religieux, s'est révélée providentielle en vue d'une vaste sensibilisation des pasteurs et des fidèles.

Que cela soit aussi votre aspiration constante, chers Directeurs nationaux, afin que croissent, avec l'aide de la grâce divine, les vocations missionnaires "ad gentes" et qu'elles soient toujours plus généreuses et pleines de courage. Je pense surtout à ceux qui consacrent leur vie entière au travail missionnaire. A ce propos, je ressens le besoin de remercier encore une fois ceux qui, malgré des difficultés en tout genre, le regard fixé sur Jésus, chef de notre foi qui la conduit à la perfection (cf. He He 12,2), persévèrent dans l'annonce et le témoignage, ne se préoccupant pas des risques et prêts à aller jusqu'au sacrifice de leur vie. Dieu ne manquera pas de leur révéler sa présence et son réconfort. Combien de fois la mort de ces témoins de la foi ouvre des possibilités inespérées à l'Evangile de l'amour et de la paix! Cette passion inaltérable pour le Christ constitue un témoignage singulier et éloquent pour les hommes de notre époque.


4. Nous sommes à l'aube d'un nouveau millénaire, temps de grâce, temps choisi (cf. 2Co 6,2). Le Seigneur nous associe à lui comme il fit avec les premiers disciples, et nous invite à "avancer en eaux profondes" (Lc 5,4), alors que - comme je l'écrivais dans la conclusion de l'Encyclique Redemptoris missio - se lève le jour d'une "nouvelle ère missionnaire" (RMi 92). Tous les croyants sont appelés à "préparer les chemins du Seigneur" (Mt 3,3), en abandonnant toute peur et toute hésitation. Tous sont invités à accueillir l'invitation du Christ, tout en étant conscients de leurs propres faiblesses: "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la Création" (Mc 16,15).

Jésus nous appelle et nous envoie comme il le fit avec les Apôtres; il ne nous choisit pas sur la base de notre mérite ou de nos oeuvres; il nous soutient plutôt et nous fortifie par son "Esprit [...] de force, d'amour et de maîtrise de soi" (2Tm 1,7). Ce n'est qu'"armés" de sa grâce, que nous pourrons porter la Bonne Nouvelle jusqu'aux extrémités de la terre. Ni les difficultés ni les obstacles n'arrêteront nos pas, parce que l'amour du Père céleste pour le genre humain nous soutiendra toujours.

Très chers frères et soeurs, je vous confie, ainsi que ceux qui composent vos communautés, entre les mains miséricordieuses de Marie, Mère de l'Eglise et Etoile de l'évangélisation. Guidés par Elle, annoncez partout l'Evangile de son divin Fils, notre unique Rédempteur. Quant à moi, je vous accompagne dans la prière et de tout coeur, je vous bénis, ainsi que ceux qui, dans tant de régions du monde, oeuvrent en vue de l'animation, la formation et la coopération missionnaire.




AUX MISSIONNAIRES DE L'ESPRIT SAINT

Samedi 12 mai 2001



Chers missionnaires de l'Esprit Saint,

1. La paix du Ressuscité et la présence de son Esprit soient toujours avec vous! Je vous remercie de tout coeur pour cette visite que me rend votre Curie générale, et je rends grâce au Supérieur général, le Père Jorge Ortiz González, pour les paroles affectueuses qu'il m'a adressées.

Notre rencontre est en harmonie avec celle qui s'est tenue en 1913 entre mon prédécesseur, saint Pie X, et les vénérables Serviteurs de Dieu Ramón Ibarra y González, Archevêque de Puebla, et Concepción Cabrera de Arminda, au cours de laquelle ils demandèrent de pouvoir lancer la fondation. C'est à cette occasion que vous reçûtes le nom de Missionnaires de l'Esprit Saint, dont votre fondateur, le vénérable Serviteur de Dieu Félix de Jesús Rougier, dit qu'il était "tout un programme pour votre vie religieuse et sacerdotale".

Continuez avec un courage renouvelé l'oeuvre que l'Eglise vous a confiée! Je sais que, en tant que Curie générale, vous avez une tâche spécifique, définie par l'empreinte que l'Esprit Saint a laissée dans votre XIIIème Chapitre général: "Entrer dans le troisième millénaire conscients du fait que, consacrés par la mission, il est nécessaire que vous approfondissiez et que vous orientiez avec une fidélité créative, votre oeuvre pastorale".

Chers fils, menez à bien la tâche délicate qui vous attend, et, sous la direction de l'Esprit Saint, aidez les autres frères, afin qu'ils apportent dans l'Eglise un témoignage éloquent d'unité et de charité pastorale.


2. A cette occasion, je désire vous inviter à fixer le regard sur le Visage du Christ; c'est ce que j'ai demandé de faire à toute l'Eglise dans ma dernière Lettre apostolique Novo millennio ineunte (cf. NM NM 16-28). Selon le charisme que vous avez reçu, contemplez-le, oints par l'Esprit Saint, pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et proclamer une année de grâce du Seigneur (cf. Lc 4,18-19); regardez-le tandis qu'il consacre son temps et ses efforts à suivre de près le chemin spirituel de ses disciples (cf. Mt 6, 7-13, 30-33). Votre modèle est donc Jésus-Christ Prêtre, plein de compassion et de miséricorde; Jésus victime volontaire d'un amour qui se consacre à tout moment jusqu'à donner sa vie pour le salut de tout le genre humain et qui ressuscite dans la gloire.
De cette contemplation naît l'urgence d'une conversion personnelle et communautaire profonde et constante, qui exige, comme le disait votre Fondateur, de renouveler votre attention bienveillante envers Dieu, de façon à ce que vous puissiez le rencontrer dans la prière quotidienne, dans l'expérience sacramentelle et dans l'écoute attentive de la Parole.


3. Dans la vie de l'Eglise et de tout Institut religieux, l'unité est favorisée par la contemplation du Ressuscité et par l'écoute attentive de la Parole. Je désire vous rappeler que rechercher et promouvoir la communion et prier pour elle est le devoir de tous. Il ne s'agit pas de l'uniformité qui fait perdre les caractéristiques personnelles, mais de l'effort d'incarner, tous ensemble, la richesse du corps communautaire, mus par le même Esprit et engagés à porter à terme une mission identique. Comme le dit le Seigneur: "A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour les uns pour les autres" (Jn 13,35).

Le XIIIème Chapitre général a clairement défini, pour votre Institut, des points de renouveau en ce qui concerne la promotion de la sainteté dans le Peuple de Dieu. Il s'agit de construire ensemble un monde plus juste dans lequel tous se sentent frères selon le dessein de Dieu. C'est pourquoi le Chapitre vous a demandé de rendre, de façon significative et effective, plus dynamique votre service aux prêtres et à l'OEuvre de la Croix. Dans le même temps, il vous a exhortés à vous renouveler et à vous engager dans l'exercice ministériel de la direction spirituelle.


4. Mus par l'Esprit, "Duc in altum" (Lc 5,4), avancez au large, en transformant votre engagement en orientations pastorales qui répondent aux exigences de votre charisme et aux nécessités des communautés qui vous sont confiées.

Orientez vos efforts vers la diffusion d'une authentique pédagogie de la sainteté (cf. Lettre apostolique Novo millennio ineunte NM 31), conscients du fait que "l'appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s'adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur état ou leur rang" (Constitution dogmatique Lumen gentium LG 40). Etant donné que vos Constitutions renouvelées privilégient les prêtres parmi les destinataires de votre mission pastorale (205), vous devrez renouveler votre conscience du fait que l'appel à la sainteté "nous concerne avant tout nous, Evêques, et vous, très chers prêtres. Avant même d'interpeller notre "agir", elle interpelle notre "être". "Soyez saints, - dit le Seigneur - car moi je suis saint" (Lv 19,2)" (Homélie lors de la messe chrismale du Jeudi Saint 2001, cf. ORLF n. 16 du 17 avril 2001).

Dans mon Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, vous trouverez des indications utiles et des suggestions précises qui illumineront votre action dans ce ministère particulier. Laissez-vous guider par l'Esprit-Saint, afin que lui-même vous communique l'élan de votre fidélité créative. La collaboration fraternelle avec les Evêques et les prêtres diocésains représente un chemin privilégié pour construire l'Eglise-communion selon votre charisme.


5. Vous devez continuer à vous engager avec tous ceux qui partagent votre spiritualité dans l'édification d'une authentique communion ecclésiale: "Le nouveau siècle devra nous voir engagés plus que jamais à valoriser et à développer les domaines et les moyens qui, selon les grandes orientations du Concile Vatican II, servent à assurer et à garantir la communion" (Lettre apostolique Novo millennio ineunte NM 44, cf. nn. 43-45). Je vous invite à promouvoir, au sein de la Famille de la Croix, une "spiritualité de la communion en la faisant ressortir comme principe éducatif partout où sont formés l'homme et le chrétien, où sont éduqués les ministres de l'autel, les personnes consacrées, les agents pastoraux, où se construisent les familles et les communautés" (Lettre apostolique Novo millennio ineunte NM 43).

En outre, comme je l'ai écrit dans l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, "il est nécessaire de redécouvrir la grande tradition de l'accompagnement spirituel personnel, qui a toujours donné des fruits nombreux et précieux dans la vie de l'Eglise" (PDV 40). Continuez avec joie et application votre étude et votre préparation de ce que vos Constitutions appellent "le plus caractéristique de vos moyens pastoraux" (229).


6. Votre Chapitre général a voulu affronter le thème des vocations et de l'internationalisation de l'Institut, considéré dans l'optique du mandat que l'Eglise reçoit du Ressuscité: "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples" (Mt 27,19) et en rappelant la figure et les désirs de votre Fondateur (cf. XIIIème Chapitre général, Priorités, 3).

Vivre joyeusement et généreusement votre consécration, une plus grande définition de vos ministères pastoraux et l'amour fraternel dans vos communautés se traduiront par une invitation à tous ceux qui cherchent à suivre de façon radicale Jésus, dans la vocation religieuse et sacerdotale. "Hormis la promotion de la prière pour les vocations, il est urgent d'encourager fortement, par une annonce explicite et par une catéchèse adaptée, ceux qui sont appelés à la vie consacrée, pour qu'ils donnent une réponse libre, mais prompte et généreuse, qui rend opérante la grâce de la vocation" (Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata VC 64).

Chers fils, en retournant dans votre Patrie, rappelez-vous des paroles de Jésus: "Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20). Que l'Esprit Saint vous accompagne toujours et vous donne la force de continuer l'oeuvre que l'Eglise vous a confiée.

Je vous laisse dans les bras maternels de Marie, Mère de l'Eglise, afin que vous entriez dans le Nouveau Millénaire emplis d'une joyeuse espérance.




Discours 2001 - Lundi 7 mai 2001