Discours 2001 - Mardi 15 mai 2001


AU NOUVEL AMBASSADEUR DU NÉPAL PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 18 mai 2001



Monsieur l'Ambassadeur,

C'est pour moi un grand plaisir d'accepter les Lettres à travers lesquelles Sa Majesté le Roi Birendra Bir Bikram Shah Dev vous accrédite comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Népal près le Saint-Siège. Je suis reconnaissant à Sa Majesté des salutations que vous m'avez transmises en son nom, et je lui transmets en retour mes meilleurs voeux, ainsi que l'assurance de mes prières pour la paix de votre pays et le bien-être de vos concitoyens.

Excellence, vous avez mentionné les efforts du Saint-Siège dans le domaine des relations internationales en vue d'édifier un monde fondé sur la paix, la fraternité et les valeurs religieuses. Les activités du Saint-Siège dans ce domaine sont motivées par la nature particulière de sa mission religieuse et humanitaire, qui est à la base de sa préoccupation pour le bien intégral de chaque être humain. Le nouveau millénaire représente une invitation faite aux peuples partout dans le monde à se tourner vers l'avenir avec espérance et à coopérer à l'édification d'un monde dans lequel tous les membres de la communauté humaine peuvent occuper la place qui leur revient et vivre dans la paix et l'harmonie.

A cet égard, les défis auxquels doit faire face la Communauté internationale sont immenses. D'indicibles souffrances ont été provoquées par la succession tragique de guerres, de conflits et de génocides, qui ont frappé les diverses parties du monde, encore récemment. Toutefois, ces tragédies ne devraient pas décourager les personnes à oeuvrer afin de surmonter les facteurs qui les provoquent: le désir de dominer et d'exploiter les autres, les idéologies de pouvoir, le nationalisme exacerbé et les haines ethniques. Aujourd'hui comme toujours, la cause de la paix devrait être au coeur même de nos efforts en vue d'améliorer le destin de l'humanité et de garantir un meilleur avenir aux générations futures.

La paix est possible, mais uniquement "dans la mesure où toute l'humanité saura redécouvrir sa vocation originelle à être une unique famille, où la dignité des droits et les droits des personnes - quels que soient leur état, leur race ou leur religion - soient affirmées comme antérieurs et prééminents par rapport à toute différenciation et à toute spécification" (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2000, n. 5, cf. ORLF n. 50 du 14 décembre 1999). Une conviction commune selon laquelle l'humanité est une seule famille devrait conduire à une plus grande reconnaissance des différences politiques et culturelles légitimes, et susciter une volonté unie d'oeuvrer en vue du respect et de la réconciliation entre les groupes au sein desquels les relations ont été assombries par l'hostilité et le conflit. Ce n'est pas seulement l'absence de guerre qui assure la paix véritable; la paix exige l'égalité, la vérité, la justice et la solidarité. Un sens plus profond de fraternité parmi les peuples du monde, qui trouve une expression concrète dans des gestes de solidarité et d'engagement en vue du progrès authentique, est nécessaire afin de surmonter les inégalités économiques et sociales excessives, ainsi que les effets destructeurs de la méfiance et de l'orgueil.

Heureusement, on assiste à la conviction de plus en plus vaste selon laquelle une condition essentielle de la paix est le respect de la dignité de la personne humaine et des droits humains. Ce n'est que lorsque la valeur et les droits uniques de la personne sont reconnus, garantis et promus, que le tissu social est véritablement renforcé, les priorités des individus et des nations correctement établies, et la qualité des relations internationales améliorée. Les droits humains sont inscrits dans la nature même de la personne et reflètent les exigences objectives et inviolables d'un droit moral universel. Ils ne sont pas conférés par la société ou l'Etat. Ils précèdent les lois et les accords, tout en déterminant leur valeur et leur légitimité. L'avenir de la famille humaine exige une reconnaissance commune de l'universalité et de l'objectivité de la dignité et des droits humains, si l'on veut que les peuples du monde aient la possibilité de s'engager dans un dialogue positif pour le bien véritable de tous. De là, découle le devoir qui revient à l'Etat de défendre les dimensions morales et spirituelles de la vie, sans lesquelles les êtres humains ne peuvent ni atteindre la plénitude, ni édifier une société qui respecte leur nature transcendante.

La reconnaissance de la dimension spirituelle et transcendante de la vie humaine et le droit à la liberté religieuse sont au coeur même de la structure des droits humains. Une correcte attention à ces aspects conduit à une plus grande conscience de la valeur inaliénable de la personne humaine, une plus grande ouverture aux autres, une société plus juste et plus humaine, et une utilisation plus sage et responsable des ressources et du bien commun. Votre pays, avec ses traditions spirituelles anciennes et son patrimoine religieux, est doté d'une sagesse capable d'offrir des idées et une inspiration pour un développement équilibré, qui respecte le bien commun de tous ses citoyens.

A cet égard, la communauté catholique au Népal, bien que petite en nombre, est heureuse de jouer son rôle, à travers sa mission spirituelle et son travail dans le domaine de l'éducation, de la santé et de l'assistance sociale. Ses membres ne recherchent pas de privilèges particuliers, mais seulement la garantie d'être libres de pratiquer leur religion de façon ouverte et pacifique, dans un esprit de respect pour les fidèles d'autres traditions spirituelles.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain qu'au cours de l'accomplissement de votre mission, l'amitié et la compréhension qui caractérisent les relations entre le Royaume du Népal et le Saint-Siège continueront de se développer, et je vous assure de la pleine coopération des différents bureaux de la Curie romaine. Sur vous et sur votre pays, j'invoque une abondance de Bénédictions divines.




LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR DE TUNISIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Vendredi 18 mai 2001


  Madame l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux d'accueillir Votre Excellence au Vatican à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Tunisienne près le Saint-Siège.

Je vous remercie des paroles courtoises que vous m'avez adressées et je vous saurais gré de transmettre à Son Excellence Monsieur Zine El Abidine Ben Ali, Président de la République, mes voeux cordiaux pour sa personne et pour ses compatriotes. Dans le souvenir de l'accueil chaleureux qui m'a été réservé lors de ma visite à Tunis, je demande au Très-Haut d'accorder à tous les Tunisiens de poursuivre avec courage leurs efforts en vue de l'édification d'une nation solidaire et fraternelle où chacun puisse trouver une réponse convenable à ses justes aspirations et vivre dans la justice et dans la paix.

2. Dans votre discours, vous avez souligné l'attachement de la Tunisie à la liberté de conscience et au libre exercice de tous les cultes. La généreuse tradition d'hospitalité du peuple tunisien et le respect dont il sait témoigner à ses hôtes sont en effet bien connus et font honneur à toute la nation. Je me réjouis vivement de la part que prend votre pays, depuis de nombreuses années, dans l'instauration d'un dialogue sincère entre les cultures et entre les religions. Cet engagement est une contribution importante à l'établissement de relations toujours plus solidaires entre les communautés humaines et religieuses. En effet, ainsi que je l'ai écrit dans mon Message pour la Journée mondiale de la paix du 1er janvier 2001, "le dialogue porte à reconnaître la richesse de la diversité et dispose les âmes à l'acceptation réciproque, dans la perspective d'une collaboration authentique, répondant à la vocation originelle à l'unité de la famille humaine tout entière" (n. 10). Pour qu'un tel dialogue puisse se poursuivre et se développer dans la vérité, il est indispensable que les États assurent à tous les citoyens et à toutes les personnes qui vivent sur leurs territoires une pleine liberté religieuse, respectant ainsi la conscience de chaque personne, qui doit pouvoir se déterminer librement et de manière responsable en matière religieuse, étant sauf ce qui relève du bien commun. 

3. Comme vous le savez, le respect de la dignité de la personne, dans tous les domaines de l'existence, est pour l'Église catholique un principe essentiel qui doit guider tous les responsables de la vie publique. Par ailleurs, l'expérience montre aussi que l'ignorance de la valeur transcendante et des droits fondamentaux de la personne humaine ne peut que conduire à la violence et à l'instabilité.

Pour qu'il puisse être une composante constitutive et constante de la vie sociale, le respect de la personne doit être inculqué dès le plus jeune âge, à travers l'éducation à laquelle tous, garçons et filles, doivent pouvoir également accéder. Je me réjouis de savoir qu'en Tunisie, un effort important est accompli pour permettre l'accession de tous les jeunes à la connaissance. Il est nécessaire en effet que chacun puisse être aidé à parvenir au plein épanouissement de ses capacités humaines et spirituelles personnelles. Toutefois, l'éducation doit aussi permettre d'ouvrir les esprits à la solidarité et au respect mutuel entre les personnes et entre les communautés humaines et religieuses, car la promotion du bien de l'individu doit être associée au service du bien commun. Ainsi pourra se développer une prise de conscience renouvelée de la dignité humaine et du caractère inaliénable des droits fondamentaux de toute personne. Dès lors, c'est dans cette perspective que tout citoyen doit pouvoir exercer pleinement les droits qui découlent de sa dignité humaine et contribuer librement à la vie sociale et politique de la communauté nationale, permettant à chacun de mettre sa compétence au service de la société.

4. L'actualité de ces dernières semaines, notamment en Terre Sainte, montre l'urgence de travailler avec toujours plus d'audace à la promotion du droit des peuples à vivre en paix et dans la sécurité. Je voudrais redire, une fois encore, que la violence ne peut pas résoudre les problèmes de coexistence entre les peuples; elle ne peut que rendre encore plus difficile leur résolution. Seule la recherche de la justice, dans la confiance mutuelle et en conformité avec les lois internationales, peut contribuer à conduire l'humanité sur les chemins d'une paix véritable, où les droits de chaque peuple à l'existence et au développement sont respectés. J'encourage les efforts accomplis par votre pays, en harmonie avec la communauté internationale, pour que se réalisent partout dans le monde, et en particulier au Moyen-Orient, de nouvelles avancées vers la paix et la solidarité entre les nations.       

5. Par votre intermédiaire, Madame l'Ambassadeur, je voudrais saluer chaleureusement l'Évêque de Tunis et toute la communauté catholique de votre pays. Je connais leur attachement à la Tunisie, leur estime pour sa culture et leur désir de poursuivre un dialogue sincère et fraternel avec les croyants de l'Islam. Au début de ce nouveau millénaire, je saisis cette occasion pour inviter les catholiques à grandir toujours plus dans leur foi, dans une profonde communion entre eux et avec toute l'Église, pour que, par leur témoignage de vie au service de Dieu et de leurs frères, ils soient des artisans audacieux de paix et de fraternité, dans le respect de tous.   

6. Alors que vous inaugurez votre mission, je vous offre mes voeux cordiaux pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assurée, Madame l'Ambassadeur, que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l'accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur sa famille ainsi que sur le peuple et sur les responsables de la Nation tunisienne, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions du Tout-Puissant.

 

AU NOUVEL AMBASSADEUR D'ESTONIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 18 mai 2001



Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui et de recevoir les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Estonie près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les paroles courtoises et pour les salutations que vous me transmettez de la part du Président M. Lennart Meri et je vous prie de transmettre à Son Excellence, au gouvernement et au peuple d'Estonie mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.

Je me rappelle avec affection de ma visite dans votre pays en 1993. En vous accueillant aujourd'hui, je voudrais réévoquer des thèmes que j'avais évoqués à Tallinn et dont l'actualité est encore pertinente. Il est clair, ainsi que vous l'avez dit, que l'Estonie et l'Europe dans son ensemble sont parvenues à un tournant important de leur histoire. L'avenir dépendra dans une large mesure de la construction effective d'une culture des droits de l'homme, qui embrasse les personnes, les familles et les peuples, chacun de ces éléments étant vital pour la structure du bien-être et de la liberté de l'homme si bien que si l'un d'entre eux fait défaut, l'ensemble en souffre.

En premier lieu, les droits des personnes doivent être reconnus et protégés, car tant que les droits fondamentaux de chaque personne, de la plus grande à la plus petite, de la plus forte à la plus faible, ne sont pas acceptés comme transcendants et inviolables, la prospérité sera illusoire et les fondements de la société fragiles. Prétendre que ces droits sont transcendants signifie qu'ils ont leur source en Dieu, à l'image duquel la personne humaine est créée, et ne sont pas accordés comme un privilège par une quelconque autorité humaine. Dès lors, la fonction de l'autorité humaine est de pourvoir à leur protection afin de garantir que la vérité est respectée.

Toutefois, si les droits individuels sont laissés dans le vide, ils dégénèrent en une fausse culture  de la liberté construite contre le bien commun et ne pourraient constituer une voie d'avenir pour la société. Les droits des personnes doivent servir le bien commun et réciproquement. Ce qui signifie que l'étape suivante dans l'édification d'une culture de la liberté humaine est le respect inconditionnel des droits de la famille.

Monsieur l'Ambassadeur, vous avez, à juste titre, demandé comment nous pourrions éduquer les jeunes de manière à leur inculquer le sens "des valeurs réelles et éternelles de la vie" et éveiller en eux "une nouvelle compréhension de la charité". Cette question est vitale et la réponse n'est pas aisée. Mais il est clair que le premier foyer d'éducation doit être la famille. C'est pourquoi j'ai écrit que "l'avenir de l'humanité passe par la famille !" (Familiaris consortio FC 86). La tâche de reconstruire le tissu moral et spirituel de la société apparaît maintenant plus complexe qu'il y a dix ans. La reconstruction économique demeure importante, bien entendu, mais si elle n'est pas accompagnée d'une reconstruction des valeurs qui assurent la stabilité de la vie de famille, de nouvelles formes de matérialisme s'ensuivront inévitablement. Si l'Estonie peut oeuvrer effectivement pour un développement économique, qui aille de pair avec la promotion de la famille, alors elle pourra atteindre un niveau moral essentiel tant pour le bien-être de l'ensemble de ses citoyens que pour la construction d'une Europe et d'un monde meilleurs.

La culture des droits, qui doit être la base du développement, doit embrasser non seulement les personnes et les familles, mais aussi les peuples. La santé de la Communauté internationale se manifeste de façon évidente dans la manière dont elle respecte les droits des peuples les plus faibles et des nations les plus petites. Au cours de votre histoire, les droits du peuple estonien ont souvent été méprisés. Heureusement, ces droits ont été récemment reconquis, de telle manière que l'Estonie figure dans la communauté des peuples comme une nation indépendante, avec une culture distincte qui est une source d'enrichissement pour tous. Comme vous l'avez dit, l'Estonie peut désormais "regarder le monde de manière plus large", n'étant plus contrainte à une lutte désespérée pour sa survie, mais aspirant à donner et à recevoir au sein d'une communauté des nations dans laquelle les droits de tous les peuples sont reconnus et protégés.

En m'adressant au monde de la culture à Tallinn, le 10 septembre 1993, j'insistais sur le fait que la liberté doit être liée à la solidarité, et l'identité nationale à la culture du dialogue. Ce qui doit être reconnu, c'est que la véritable et juste identité d'un peuple est parfaitement compatible avec une ouverture dans laquelle les différences sont acceptées comme une source d'enrichissement mutuel et dans laquelle les ten-sions sont résolues non pas à travers le conflit, mais à travers une négociation basée sur le respect mutuel et la préoccupation pour la vérité des questions concernées. Etant donné les récents développements survenus dans votre pays, qui, ainsi que vous l'avez rappelé, tente "de mettre sur pied des structures démocratiques stables et équitables", toutes les conditions sont réunies pour espérer que l'avenir de l'Estonie soit radieux. C'est ma prière pour la nation, et je vous assure que l'Eglise catholique présente dans votre pays, même si elle est petite en nombre, continuera d'apporter sa contribution à la construction d'un avenir digne du noble peuple estonien.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre engagement dans le cadre des fonctions diplomatiques que vous assumez aujourd'hui, aidera à resserrer les liens de compréhension et de coopération entre l'Estonie et le Saint-Siège. Je vous assure que les différents bureaux de la Curie romaine seront prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre mission. En formant des voeux pour le succès de celle-ci, j'invoque les Bénédictions du Dieu tout-puissant sur vous, sur votre famille et sur le peuple de votre bien-aimé pays.




AU NOUVEL AMBASSADEUR DE ZAMBIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 18 mai 2001



Monsieur l'Ambassadeur,

Alors que vous venez au Vatican pour présenter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Zambie près le Saint-Siège, je suis heureux de vous souhaiter une cordiale bienvenue. Je vous suis profondément reconnaissant pour les salutations que vous me transmettez de la part de votre Président, M. Frederick J. Chiluba, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre l'assurance de mes prières pour le bien-être et la prospérité de la nation.

En réponse à votre observation selon laquelle aucun effort ne devrait être épargné dans la recherche de la paix, je désire exprimer ma satisfaction pour l'engagement spontané de votre pays dans la poursuite de la paix, une activité que vous entreprenez non pas pour vous seuls, mais également pour vos voisins et pour la Communauté internationale en général. Les efforts de la Zambie à cet égard sont véritablement dignes de louange, et une parole particulière d'éloge devrait être adressée au Président Chiluba pour son rôle personnel dans la poursuite des négociations en République démocratique du Congo, où le Protocole de Lusaka a jeté les bases d'un tournant tant espéré dans le processus de paix. Dans tout cela, l'engagement de votre nation à la cause de la paix représente un exemple éloquent de préoccupation et d'action qui sont une marque de distinction d'une société véritablement civilisée et humaine.

Comme vous l'avez observé, il est vrai que l'engagement actif et le soutien de la Communauté internationale est un élément nécessaire de toute initiative de paix, si l'on veut que celle-ci réussisse. En effet, la paix durable - que ce soit au niveau national, régional ou global - ne sera jamais atteinte tant que les dirigeants du monde ne reconnaîtront pas que l'interdépendance qui lie toutes les nations exige de renoncer à toute forme de coercition économique, militaire ou politique et de transformer le doute et l'inimitié en coopération et en confiance. En d'autres termes, il s'agit ici d'une solidarité authentique entre individus, personnes et nations.

Le concept de la solidarité signifie que personne - en particulier les nations et les Organisations internationales - ne peut rester indifférent ou inactif face à la violence et à la guerre, à la torture et au terrorisme, à la course aux armements et à tout ce qui compromet la paix. Au contraire, il appelle tous ceux qui recherchent véritablement la paix et, de façon particulière, tous ceux qui servent dans des institutions spécifiques, à oeuvrer ensemble afin de promouvoir un vaste programme d'éducation visant à surmonter les attitudes d'égoïsme et d'hostilité, créant à leur place une véritable culture de la paix et de la solidarité.

En parlant de l'engagement de votre pays à oeuvrer pour la cause de la paix, vous avez également reconnu les efforts du Saint-Siège dans ce domaine. En effet, c'est précisément la tâche de promouvoir la compréhension et de faire progresser le développement et la paix entre les peuples et les nations qui inspire l'activité du Saint-Siège. Il est certain que le Saint-Siège a reçu de son Divin Fondateur une mission religieuse et humanitaire, dont la nature est différente de celle de la communauté politique, mais néanmoins ouverte à de nombreuses formes de coopération et de soutien mutuel. En accord avec cette mission, la présence du Saint-Siège au sein de la Communauté internationale ne vise qu'à rechercher le bien de la famille humaine: oeuvrer pour la cause de la paix, pour la défense de la dignité humaine et des droits humains, pour le développement intégral des peuples; en un mot, oeuvrer toujours et partout en vue de promouvoir la solidarité qui unit les peuples dans le lien de la fraternité. Il s'agit d'une tâche qui découle nécessairement et éternellement de l'Evangile de Jésus-Christ et il s'agit d'une responsabilité partagée par tous les chrétiens.

L'Eglise catholique sera toujours un partenaire prêt à poursuivre la tâche de faire de cette solidarité une réalité dans la famille humaine dans le monde. De même, elle continuera à apporter une contribution spécifique à l'édification de la société zambienne, et je vous suis reconnaissant, Excellence, pour vos paroles d'appréciation au sujet du rôle joué par l'Eglise catholique à cet égard. Elle considère son apostolat dans le domaine de l'éducation des jeunes et des adultes, la dotation de personnel pour les hôpitaux et les cliniques et l'offre de services de santé pour les pauvres, comme des éléments essentiels de sa mission religieuse. Bien sûr, elle désire accomplir ce travail en harmonie avec les autres personnes actives dans ces mêmes domaines. La coopération entre l'Eglise et l'Etat et entre tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance religieuse, est d'une grande importance pour le progrès de l'éducation intellectuelle et morale des personnes. Celles-ci pourront ainsi édifier une société véritablement juste et humaine, une société qui ira jusqu'à s'étendre au-delà des frontières nationales pour embrasser tous les peuples.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre mission servira à renforcer les liens d'amitié et de coopération qui existent déjà entre la Zambie et le Saint-Siège. Tandis que vous prenez vos nouvelles responsabilités, je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière pour l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous, ainsi que sur le bien-aimé peuple de Zambie, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.






AU NOUVEL AMBASSADEUR DU SRI-LANKA PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 18 mai 2001



Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui au Vatican et de recevoir les Lettres à travers lesquelles S.E. le Président, M.Chandrika Bandaranaike Kumaratunga vous accrédite comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République démocratique socialiste du Sri Lanka près le Saint-Siège. Je vous suis reconnaissant pour les salutations cordiales que vous me transmettez de la part de votre Président et du gouvernement et je vous prie de bien vouloir transmettre à Son Excellence l'assurance de mes prières pour la paix, l'harmonie et la prospérité de toute la nation.

En 1995, j'ai eu la joie de visiter votre pays, dont la beauté naturelle lui a valu le nom de "perle de l'Océan indien". L'hospitalité et la bonté sans limite du peuple du Sri Lanka m'a laissé une profonde impression, et, au cours de mon séjour, j'ai pu constater que la diversité culturelle et religieuse des peuples de l'île a profondément marqué l'histoire et l'identité de votre nation. Les différents groupes religieux ont apporté une contribution importante à la nation tout entière. Vous avez attiré l'attention sur le fait que les fidèles de ces religions possèdent une longue tradition de coexistence dans l'harmonie et le respect mutuel. Cela est en accord avec l'esprit authentique de toutes les principales religions du monde, alors que l'intolérance et la violence au nom de la religion les détournent de leur esprit véritable.

La conviction religieuse authentique conduit à la promotion des valeurs communes essentielles pour le bien de la société, telles que le respect pour la dimension transcendante de la vie, l'ouverture aux autres et un profond sens de la dignité inaliénable de chaque personne humaine. L'attention portée à la transcendance dans la vie humaine est une condition pour le véritable développement, car la personne et la société ont besoin non seulement du progrès matériel, mais aussi des valeurs spirituelles et religieuses (cf. Centesimus annus CA 61). Comme nous l'enseignent les expériences tragiques du siècle que nous laissons derrière nous, le mépris pour la dimension spirituelle de la vie conduit inévitablement à différentes formes d'injustices contre les personnes les plus vulnérables: les enfants à naître, les personnes âgées, les plus faibles. C'est pour cette raison que le respect traditionnel des Sri-Lankais pour la religion est un don qui doit être préservé et protégé. Il est également essentiel que les guides spirituels oeuvrent dans un esprit de dialogue et de coopération pour garantir que la religion demeure une force de paix et de compréhension mutuelle. La société civile, pour sa part, doit garantir la liberté religieuse nécessaire pour assurer la coexistence harmonieuse des fidèles de toutes les religions, une liberté qui, comme vous l'avez mentionné, est garantie par la Constitution de votre pays.

Au cours des dernières années, le Sri Lanka a été frappé par des conflits tragiques qui ont provoqué de nombreuses souffrances et de terribles pertes de vie, notamment, hélas, au cours des dernières semaines. Nous devons espérer que les efforts accomplis afin de trouver une solution pacifique et équitable aux causes sous-jacentes conduiront les parties en conflit à abandonner la voie de la violence et à s'engager dans une négociation patiente et persévérante. Une paix juste doit être fondée sur les droits fondamentaux de tous les citoyens, ainsi que sur le respect de leurs traditions culturelles et religieuses, selon les exigences du bien commun. L'Eglise catholique qui est au Sri Lanka, dont les membres proviennent de tous groupes ethniques, se prodigue pour promouvoir un climat de dialogue et de paix. Comme vous le savez, l'Eglise soutient toujours les initiatives qui ont pour but d'établir une paix juste fondée sur le respect de la dignité humaine.

L'un des défis principaux qui se présentent à de nombreux pays et à la Communauté internationale tout entière est le besoin de promouvoir un dialogue plus intense entre les cultures et les traditions. L'Organisation des Nations unies a attiré l'attention sur l'urgence de cette nécessité, en déclarant l'année 2001 "Année internationale du dialogue entre les civilisations". La culture forme les personnes et les peuples, qui à leur tour s'expriment à travers elle. Chaque culture a une vision spécifique de la vie sociale, politique et économique, et au coeur de cette culture se trouve une compréhension particulière des questions fondamentales qui affectent la vie des personnes, y compris les questions religieuses. L'homme est un être qui recherche la vérité et qui s'efforce de vivre en accord avec elle. C'est de la recherche de la vérité, qui ne disparaît jamais et qui se renouvelle avec chaque génération, que la culture d'une nation tire son caractère (cf. Centesimus annus CA 49-50). Les différentes cultures sont "autant de manières d'aborder la question du sens de l'existence personnelle" (ibid., CA CA 24). Il faut respecter le caractère unique de chaque culture, mais également comprendre la diversité culturelle "dans la perspective fondamentale de l'unité du genre humain" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2001, n. 7, cf. ORLF n. 51 du 19 décembre 2001). La compréhension et la communion entre les cultures "dispose les âmes à l'acceptation réciproque, dans la perspective d'une collaboration authentique, répondant à la vocation originelle à l'unité de la famille humaine tout entière" (ibid., n. 10).

Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis que le premier Ambassadeur du Sri-Lanka près le Saint-Siège, M. Ediriwira R. Sarachchandra, a présenté ses Lettres de Créance à mon prédécesseur, le Pape Paul VI. Au cours de ces années, les liens d'amitié entre votre pays et le Saint-Siège se sont renforcés et consolidés, et votre présence ici aujourd'hui témoigne de ces bonnes relations. Vous avez aimablement évoqué la contribution de l'Eglise à l'amélioration de la société dans les domaines de l'éducation et du développement social. En accord avec le commandement de son divin Fondateur, d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, l'Eglise continuera d'accomplir des efforts afin d'assurer que les peuples aient la possibilité de vivre une vie plus digne et harmonieuse, en accord avec la vocation transcendentale de chaque personne humaine.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entamez votre charge au sein de la communauté diplomatique accréditée près le Saint-Siège, je vous offre mes meilleurs voeux pour le succès de votre haute mission. Je vous assure que les différents bureaux de la Curie romaine seront toujours prêts à vous assister. Sur vous, ainsi que sur le bien-aimé peuple du Sri-Lanka, j'invoque une abondance de Bénédictions divines.




AU NOUVEL AMBASSADEUR DE MONGOLIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 18 mai 2001



Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux d'accepter les Lettres à travers lesquelles Monsieur le Président de la République, S.E. M. Natsagjin Bagabandi, vous accrédite comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Mongolie près le Saint-Siège. Je désire vous manifester ma profonde reconnaissance pour les aimables paroles que vous avez voulu m'adresser au début de votre mission, illustrant les principes élevés dont vous entendez inspirer son accomplissement.
En vous remerciant également pour les sentiments cordiaux que le chef de l'Etat a voulu à nouveau m'exprimer, je vous demande de vous faire l'interprète auprès de Lui, ainsi que des Autorités du gouvernement de la Mongolie, de la profonde estime et de la considération constante avec laquelle je suis le chemin du noble peuple que vous représentez. Je garde un vif souvenir de la visite que le Président de la Mongolie m'a rendue le 5 juin de l'an dernier, afin de renforcer les relations de respect réciproque et de dialogue mutuel qui existent entre le Siège apostolique et le Peuple mongol. Je souhaite vivement que celles-ci se poursuivent et s'intensifient, notamment pour contribuer à l'édification d'un monde plus juste et solidaire.
Vous avez voulu, à juste titre, mentionner la longue tradition de tolérance et de dialogue qui caractérise le peuple de Mongolie, désormais définitivement entré sur la scène internationale en jouissant d'une propre et totale souveraineté.

2. En 2006, sera célébré le 800 anniversaire de la fondation de l'Etat mongol. Il s'agit d'un événement qui revêt une importance indubitable et qui offre l'opportunité de revivre le long itinéraire historique parcouru jusqu'ici. C'est également l'occasion d'évoquer les liens séculaires qui marquent les relations entre la Mongolie et le Saint-Siège. Il s'agit de relations qui remontent loin dans le temps. En effet, déjà, en 1245, mon prédécesseur Innocent IV envoya une mission diplomatique au camp du Khan Batu, arrivée par la suite au camp de Kuyuk, "grand roi et au peuple des Tartares", auprès de la Sira Ordu de la capitale Karakorum. De l'inoubliable mission de frère Giovanni da Pian del Carpine, il nous reste la précieuse Historia Mongolorum quos nos Tartaros appellamus. De même que l'on conserve entièrement les mémoires des missions d'Argun khan auprès d'Honorius IV et de Nicolas IV. On peut affirmer que, en dépit des difficultés inévitables, ce dialogue respectueux ne s'est jamais interrompu, pas plus que l'attention prévoyante entre la Mongolie et le Siège apostolique.
A cet égard, j'ai plaisir à évoquer la cordialité avec laquelle mon prédécesseur, le vénéré Pape Nicolas IV, s'adressa au prince Kharbenda, l'exhortant à ne pas abandonner les saines traditions de son peuple, après s'être fait chrétien. "Nous te conseillons avec affection - écrivait-il en 1291 - de n'apporter aucune modification dans les coutumes, les vêtements ou la nourriture traditionnelle de ton pays, afin qu'aucun motif de désaccord ou de scandale ne naisse contre ta personne" (BF IV, 530). Outre le respect de ces traditions populaires, le Pape recommandait de ne pas abandonner la légitime physionomie culturelle.
Les contacts entre les Mongols et l'Eglise de Rome ont porté des fruits également par la suite. En témoignent, entre autres, les paroles écrites par le grand Khan Gasan au Pape Boniface VIII, et les missions de Giovanni da Montecorvino et Odorico da Pordenone.

3. Depuis longtemps en Mongolie, on enregistre la présence de communautés chrétiennes florissantes. A leur arrivée, les évangélisateurs eurent l'heureuse surprise de constater la grande tolérance de ce peuple à l'égard des disciples du Christ. L'esprit de dialogue instauré entre le christianisme et la religion majoritaire de l'Etat mongol a favorisé les contacts réciproques et les échanges respectueux et féconds. Malheureusement, les épisodes historiques successifs ont conduit à un éloignement mutuel progressif.
Pourtant l'Eglise, hier comme aujourd'hui, "considère avec un respect sincère ces manières d'agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu'elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu'elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes" (Nostra aetate, NAE 2). C'est pourquoi "elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec ceux qui suivent d'autres religions [...] ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux" (Nostra aetate, NAE 2).
Depuis neuf ans, l'Eglise catholique a la possibilité d'oeuvrer à nouveau au sein du bien-aimé peuple que vous représentez ici. Elle est mue par le désir de servir loyalement le peuple de Mongolie, en oeuvrant dans le domaine de l'éducation et du développement social. Les chrétiens ne manqueront pas d'offrir leur soutien aux programmes qui peuvent ultérieurement enrichir le patrimoine de connaissances et en particulier l'insertion des jeunes générations mongoles dans le monde moderne, marqué par de nombreuses mutations sociales, en les aidant dans le même temps à préserver leur identité culturelle spécifique.
En outre, le Saint-Siège est plus que jamais proche de votre pays et des souffrances de votre peuple à cause notamment des catastrophes naturelles qui l'ont frappé récemment. Il soutient également les efforts accomplis par votre gouvernement pour établir un dialogue toujours plus efficace avec les autres peuples. Dans la mesure de ses possibilités, le Siège apostolique n'a pas manqué d'oeuvrer, et continuera de le faire, afin que la Communauté internationale soit solidaire avec le peuple mongol et le soutienne avec générosité.

4. Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous vous apprêtez à assumer la haute fonction qui vous a été confiée, je désire vous assurer de ma bienveillance et de toute l'aide possible pour l'accomplissement fructueux de votre haute mission près le Saint-Siège.
Je vous prie de bien vouloir transmettre au Président de la Mongolie, aux Autorités du gouvernement et au cher peuple que vous représentez ici, l'expression de ma proximité spirituelle, unie à mes voeux fervents de prospérité et de progrès dans la paix et la justice. J'accompagne mes sentiments cordiaux de ma prière à Dieu, afin que se déversent sur vous et sur tous ceux dont vous vous faites l'interprète, les Bénédictions du Ciel.



Discours 2001 - Mardi 15 mai 2001