Discours 2001 - Mardi 29 mai 2001


AUX MEMBRES DE LA DÉLÉGATION DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE LA ROUMANIE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DE LA BIBLE DE "BLAJ"

Jeudi 31 mai 2001


Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Chers professeurs,
Messieurs!

1. "Pour toi, tiens-toi à ce que tu as appris et dont tu as acquis la certitude. Tu sais de quels maîtres tu le tiens; et c'est depuis ton plus jeune âge que tu connais les saintes Lettres. Elles sont à même de te procurer la sagesse qui conduit au salut par la foi dans le Christ Jésus. Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice: ainsi l'homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute oeuvre bonne" (2Tm 3,14-16).

L'Apôtre Paul s'adresse par ces paroles au jeune Evêque Timothée, placé à la tête de l'Eglise d'Ephèse, en lui rappelant l'importance de l'Ecriture Sainte pour annoncer le salut dans le Christ. Dès la plus ancienne antiquité chrétienne, la Bible fut le livre qui modela de nombreuses cultures, et pour la traduire, on créa parfois les alphabets nationaux.

L'Eglise orthodoxe dans les principautés roumaines était bien consciente de cela, lorsqu'elle se chargea des premières traductions de la Bible en langue nationale, de façon à la rendre plus accessible aux fidèles. Au cours de la seconde moitié du XVIII siècle, la première édition complète roumaine de l'Ecriture Sainte, connue comme "Bible de Bucaresti" (1688), fut épuisée. Entre temps, des transformations importantes avaient eu lieu dans la langue nationale. Il devint alors nécessaire de publier une nouvelle édition; un travail qui fut accompli avec compétence et zèle par un grand moine érudit, Samuil Micu, de la "Scoala Ardeleana". L'édition prit le nom de la ville de Blaj, où elle fut imprimée en 1795, par l'Evêque Ioan Bob.


2. Cette nouvelle traduction fut utilisée non seulement par l'Eglise grecque-catholique de Transylvanie mais également par l'Eglise orthodoxe, servant ainsi à tous les Roumains pour la diffusion de la foi dans le Christ. C'est ainsi que dans la Liturgie, les mêmes textes continuèrent à retentir, en développant toujours plus le langage théologique commun.

En outre, étant donnée la grande qualité littéraire de l'oeuvre, celle-ci eut un impact culturel important sur toute la nation, comme ce fut le cas par exemple en Pologne, grâce à la traduction effectuée par le Père jésuite Jakub Wujek.

En considérant l'importance de la "Bible de Blaj", qui représente un véritable monument de foi et, dans le même temps, un monument littéraire de la langue roumaine, j'ai voulu qu'une édition préparée par un groupe éminent de chercheurs, sous le patronage de l'Eglise métropolitaine grecque-catholique et des plus hautes Autorités culturelles de Roumanie, soit imprimée au Vatican comme don du Saint-Siège.

A travers ce geste, j'ai également désiré reconfirmer à la nation roumaine la proximité séculaire des Pontifes romains. Je garde toujours dans mon coeur le souvenir de mon voyage dans votre pays et de l'affection qui m'a alors été démontrée, aussi bien par les catholiques que les orthodoxes. Le cri du peuple au cours de la célébration eucharistique à Parcul Izvor me revient à l'esprit: "Unitate, Unitate!". C'est l'aspiration spirituelle d'un peuple qui demande l'unité et qui désire oeuvrer pour l'unité. Je ne pourrais jamais effacer de ma mémoire l'enthousiasme sur les visages et les gestes de fraternité de cette rencontre historique. Ils font désormais partie de l'histoire. Ainsi, de même que ce voyage nous a rapprochés sur le chemin vers l'unité, j'espère que la réimpression de la "Bible de Blaj" pourra constituer un pas supplémentaire vers la pleine communion avec les disciples du Christ.


3. "Ces paroles que je vous dis, mettez-les dans votre coeur et dans votre âme, attachez-les à votre main comme un signe, à votre front comme un bandeau. Enseignez-les à vos fils, et répétez-les leur, aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes, afin d'avoir de nombreux jours, vous et vos fils, sur la terre que Yahvé a juré à vos pères de leur donner, aussi longtemps que les cieux demeureront au-dessus de la terre" (Dt 11,18-21).

La Parole du Seigneur doit être tout d'abord vécue. Elle doit pénétrer tous les lieux où l'homme vit et travaille. Afin que cela puisse avoir lieu, l'Eglise est appelée à la prêcher avec force et clarté, en utilisant aussi bien les moyens traditionnels que ceux offerts par les nouvelles technologies.

J'invite les pasteurs et les fidèles à faire de la Bible leur nourriture spirituelle quotidienne. Je les exhorte à méditer et à prier avec les paroles de l'Ecriture Sainte qui, à côté de l'Eucharistie, doit constituer le centre de la vie ecclésiale et familiale. Ce n'est qu'ainsi qu'ils auront toujours l'inspiration et la force divine, nécessaires pour demeurer fidèles au Christ dans le témoignage au monde.

C'est donc avec une grande joie que je vous accueille aujourd'hui, Monsieur le Président, ainsi que ceux qui ont collaboré à la réalisation de la réimpression de la Bible de Blaj. Je remercie ceux qui ont été les promoteurs de cette initiative et qui ont voulu suivre les diverses phases de sa réalisation concrète.

Je souhaite également que la réimpression de la "Bible de Blaj" rappelle cette urgence qui doit être privilégiée dans les programmes pastoraux et dans la formation du clergé. L'Eglise catholique, qui peut à juste titre être fière de la contribution qu'elle a apportée au cours des siècles à la vie du peuple roumain, continuera ainsi à se rendre utile à la nation.

Je remets en esprit aux chrétiens de Roumanie cette nouvelle édition de la Bible et j'invoque Marie, la Vierge de l'écoute et la Mère de l'unité, afin qu'elle veille sur les pas de tout le peuple roumain.

Dans ce but, je vous assure de tout coeur de ma prière et j'adresse à chacun de vous une Bénédiction apostolique spéciale.


AUX PROFESSEURS ET ÉTUDIANTS DE L'INSTITUT PONTIFICAL "JEAN PAUL II" POUR LES ÉTUDES SUR LE MARIAGE ET LA FAMILLE

Jeudi 31 mai 2001



Messieurs les Cardinaux,
Vénérés Frères dans l'épiscopat,
Très chers frères et soeurs,

1. Je suis très heureux de célébrer avec vous, professeurs, étudiants et personnel en fonction, le vingtième anniversaire de la fondation de votre, ou plutôt de "notre" Institut pour les Etudes sur le Mariage et la Famille. Merci de votre présence appréciée. Je vous salue tous avec affection, en réservant une pensée particulière au Cardinal-Grand Chancelier Camillo Ruini, au Président du Conseil supérieur de l'Institut, le Cardinal Alfonso Lopez Trujillo et à Mgr Carlo Caffarra, Archevêque de Ferrare, pionnier de l'Institut. Je salue également Mgr Angelo Scola, Proviseur de l'Institut, les professeurs et les élèves, le personnel et ceux qui, à divers titres, collaborent à l'activité digne d'éloges de ce Centre académique.

Cet anniversaire est un signe éloquent de la sollicitude de l'Eglise pour le mariage et la famille, qui constituent l'un des biens les plus précieux de l'humanité, comme je l'ai dit dans l'Exhortation apostolique Familiaris consortio, dont on célèbre également cette année le vingtième anniversaire de la publication (cf. FC 1).

Le fait que vous soyez désormais présents à travers des "sections" dans tous les continents, prouve que l'intuition originelle, qui a donné son départ à l'Institut, a révélé sa fécondité au contact avec les nouvelles situations et les défis toujours plus radicaux du moment présent.


2. En développant le thème affronté lors de précédentes circonstances, je voudrais aujourd'hui attirer votre attention sur l'exigence d'élaborer une anthropologie adaptée qui cherche à comprendre et à interpréter l'homme dans ce qui est essentiellement humain.

L'oubli du commencement de la création de l'homme, en tant qu'homme et femme, représente en effet l'un des plus grands facteurs de crise et de faiblesse de la société contemporaine, ayant des répercussions inquiétantes au niveau du climat culturel, de la sensibilité morale et du contexte juridique. Là où le commencement a été égaré, s'obscurcit la perception de la dignité singulière de la personne humaine et s'ouvre la voie à une "culture de la mort" menaçante.

Toutefois, l'expérience de l'amour compris avec rectitude demeure une porte d'accès, simple et universelle, à travers laquelle chaque homme est appelé à prendre conscience des facteurs constitutifs de sa propre humanité: raison, affection, liberté. De l'intérieur de l'interrogation incontournable sur la signification de sa personne, notamment en partant du principe qu'il a été créé à l'image de Dieu, homme et femme, le croyant peut reconnaître le mystère du Visage trinitaire de Dieu, qui le crée en plaçant en lui le sceau de sa réalité d'amour et de communion.


3. Le sacrement du mariage et la famille qui en découle représentent la voie efficace à travers laquelle la grâce rédemptrice du Christ assure aux enfants de l'Eglise une participation réelle à la communio trinitaire. L'amour sponsal du Ressuscité pour son Eglise, sacramentellement donné dans le mariage chrétien, alimente, dans le même temps, le don de la virginité pour le Royaume. Celle-ci indique, à son tour, le destin ultime de l'amour conjugal lui-même.

Ainsi, le mystère nuptial nous aide à découvrir que l'Eglise elle-même est "famille de Dieu". C'est pourquoi l'Institut, en approfondissant la nature du sacrement du mariage, offre des éléments pour le renouveau de l'ecclésiologie elle-même.


4. Un aspect particulièrement actuel et décisif pour l'avenir de la famille et de l'humanité est celui du respect de l'homme à ses origines et des modalités de sa procréation. On présente de façon toujours plus insistante des projets qui placent le début de la vie humaine dans des contextes différents de l'union sponsale entre l'homme et la femme. Ce sont des projets souvent soutenus par de prétendues justifications médicales et scientifiques. En effet, avec le prétexte d'assurer une meilleure qualité d'existence au moyen d'un contrôle génétique, ou bien de faire progresser la recherche médicale et scientifique, des expériences sont proposées sur les embryons humains ainsi que des méthodes pour leur production, qui ouvrent la voie à une manipulation et à des abus de la part de ceux qui s'arrogent un pouvoir arbitraire sans limites sur l'être humain.

La vérité intégrale sur le mariage et la famille, qui nous est révélée dans le Christ, est une lumière qui permet de saisir les dimensions constitutives de ce qui est authentiquement humain dans la procréation elle-même. Comme le Concile Vatican II l'enseigne, les époux, unis par le lien conjugal, sont appelés à exprimer, par des actes honnêtes et dignes propres au mariage (Gaudium et spes GS 49), leur don mutuel et à accueillir de façon responsable et avec gratitude les enfants, "don le plus excellent du mariage" (Ibid., GS GS 50). Ils deviennent ainsi, précisément en se donnant corporellement, des collaborateurs de l'amour de Dieu Créateur. En participant au don de la vie et de l'amour, ils reçoivent la capacité d'y répondre et, à leur tour, de le transmettre.

Le contexte de l'amour sponsal et la médiation corporelle de l'acte conjugal constituent donc l'unique lieu dans lequel est pleinement reconnue et respectée la valeur singulière du nouvel être humain, appelé à la vie. En effet, l'homme ne peut être réduit à ses composantes génétiques et biologiques, même si elles participent à sa dignité personnelle. Chaque homme qui vient au monde est depuis toujours appelé par le Père à participer dans le Christ, à travers l'Esprit, à la plénitude de la vie en Dieu. Dès l'instant mystérieux de sa conception il doit donc être accueilli et traité comme une personne créée à l'image et à la ressemblance de Dieu lui-même (cf. Gn 1,26).


5. Un autre aspect des défis qui attendent aujourd'hui une réponse adaptée de la part de la recherche et de l'activité de l'Institut est de nature socio-culturelle et juridique.

Dans certains pays, des législations permissives fondées sur des conceptions partiales et erronées de la liberté, ont favorisé ces dernières années de présumés modèles alternatifs de la famille, qui n'est plus fondée sur l'engagement irrévocable d'un homme et d'une femme pour former une "communauté pour toute la vie". Les droits spécifiques reconnus jusqu'à présent à la famille, cellule primordiale de la société, ont été étendus à des formes d'association, à des unions de fait, à des pactes civils de solidarité, créés en réponse à des exigences et des intérêts individuels, à des revendications visant à sanctionner juridiquement des choix injustement présentés comme des conquêtes de liberté. Quelle est la personne qui ne se rend pas compte que la promotion artificielle de tels modèles juridiques et institutionnels tend toujours plus à détruire le droit originel que possède la famille à être reconnue comme un sujet social à plein titre?

Je voudrais ici réaffirmer avec force que l'institution familiale, en mesure de permettre à l'homme d'acquérir de façon adaptée le sens de sa propre identité, lui offre également un cadre conforme à la dignité naturelle et à la vocation de la personne humaine. Les liens familiaux sont le premier lieu de préparation aux formes sociales de la solidarité. En promouvant dans le respect de sa nature académique une "culture de la famille", l'Institut contribue à développer cette "culture de la vie", que j'ai eu plusieurs fois l'occasion de souhaiter.


6. Il y a vingt ans, dans Familiaris consortio, j'affirmais que "l'avenir de l'humanité passe par la famille" (FC 86). Je vous le répète aujourd'hui avec une profonde conviction et une grande préoccupation. Je le répète également avec une totale confiance, en vous confiant, ainsi que votre travail, à la Madone de Fatima, Patronne douce et forte de l'Institut au cours de ces années. A Elle, Reine de la famille, je confie chacun de vos projets et le chemin qui vous attend à l'aube de ce troisième millénaire.

En vous assurant que je vous suis dans votre engagement avec ma prière, je vous bénis de tout coeur.


CONCLUSION DU MOIS DE MAI AU VATICAN

Jeudi 31 mai 2001


Visitation de Marie à Sainte Elisabeth

"Marie partit [...] vers la région montagneuse..." (Lc 1,39).


Nous concluons devant cette Grotte, qui rappelle à l'esprit le Sanctuaire de Lourdes, le chemin marial accompli au cours du mois de mai. Nous revivons ensemble le mystère de la Visitation de la Très Sainte Vierge Marie, dans ce pèlerinage à travers les jardins du Vatican, qui chaque année voit la présence de cardinaux, d'évêques, de prêtres, de religieux et de religieuses, de séminaristes et de nombreux fidèles. Je suis reconnaissant au cher Cardinal Noè et à tous ceux qui ont suivi avec soin la préparation de ce rendez-vous de prière aux pieds de la Vierge.

Les paroles de l'évangéliste Luc retentissent dans nos coeurs: "Dès qu'Elisabeth eut entendu le salut de Marie... [elle] fut remplie d'Esprit Saint" (1, 41).

La rencontre entre la Madone et sa cousine Elisabeth est comme une sorte de "petite Pentecôte". Je voudrais le souligner ce soir, désormais à la veille de la grande solennité de l'Esprit Saint.

Dans le récit évangélique, la Visitation suit immédiatement l'Annonciation: la Sainte Vierge, qui porte en son sein le Fils conçu par l'oeuvre de l'Esprit Saint, rayonne autour d'elle de grâce et de joie spirituelle. C'est la présence de l'Esprit en Elle qui fait tressaillir de joie le Fils d'Elisabeth, Jean, destiné à préparer la voie au Fils de Dieu fait homme.

Là où se trouve Marie il y a le Christ; et là où se trouve le Christ il y a son Esprit Saint, qui procède du Père et de Lui-même dans le saint mystère de la vie trinitaire. Les Actes des Apôtres soulignent à juste titre la présence de Marie en prière, dans le Cénacle, avec les Apôtres réunis dans l'attente de recevoir la "puissance d'En-haut". Le "oui" de la Vierge, "fiat", attire le Don de Dieu sur l'humanité: c'est ce qui se produit à la Pentecôte, comme lors de l'Annonciation. C'est ainsi que cela continue à se produire sur le chemin de l'Eglise.

Réunis en prière avec Marie, nous invoquons une abondante effusion de l'Esprit Saint sur l'Eglise tout entière, afin qu'elle prenne le large toutes voiles dehors dans le nouveau millénaire. Nous l'invoquons en particulier sur ceux qui oeuvrent quotidiennement au service du Siège apostolique, afin que le travail de chacun soit toujours animé par un esprit de foi et de zèle apostolique.

Il est significatif que le dernier jour de mai soit celui de la fête de la Visitation. Avec cette conclusion, c'est comme si nous voulions dire que chaque jour de ce mois a été pour nous une sorte de visitation. Nous avons vécu au cours du mois de mai une visitation permanente, comme l'ont vécue Marie et Elisabeth. Nous sommes reconnaissants à Dieu que cet événement biblique nous soit aujourd'hui reproposé par la Liturgie.

A vous tous, ici réunis en si grand nombre, je souhaite que la grâce de la visitation mariale, vécue au cours du mois de mai et notamment au cours de cette dernière soirée, se prolonge dans les jours qui viendront.

                               Juin 2001

AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE L'INSTITUT PONTIFICAL DES MISSIONS ÉTRANGÈRES (PIME)

Vendredi 1er juin 2001



Très chers Frères,

1. C'est pour moi une grande joie de vous accueillir aujourd'hui et de vous souhaiter une cordiale bienvenue. En conclusion des célébrations du 150ème anniversaire de votre fondation et à l'occasion de votre douzième Assemblée générale, vous avez voulu me rendre visite afin de renouveler l'expression de votre fidélité au Successeur de Pierre dans la communion de toute l'Eglise. Je vous salue avec affection.

Ma pensée s'adresse tout d'abord au nouveau Supérieur général, le Père Gianbattista Zanchi, auquel je présente mes voeux pour la délicate mission qui lui a été confiée au service de l'Institut et de l'Eglise. Dans le même temps, je désire remercier le Père Franco Cagnasso pour le travail qu'il a accompli en tant que Supérieur général au profit de votre confrérie. Mon salut s'étend aux membres du nouveau Conseil de la Direction générale. En vous, très chers amis, je découvre le visage des nombreux missionnaires de l'Institut pontifical des Missions étrangères, qui oeuvrent généreusement dans tant de régions du monde. Je les embrasse tous avec une grande intensité spirituelle, en pensant à l'engagement généreux avec lequel ils sèment la Parole de Dieu, parfois au milieu de nombreuses difficultés et obstacles.

La Session qui vous a vu réunis en prière et dans la réflexion s'est déroulée peu de mois après la conclusion du grand Jubilé, temps de grâces extraordinaires pour l'Eglise, et au début d'un nouveau millénaire, qui voit la Communauté chrétienne tendue avec une confiance et une espérance renouvelées vers l'annonce du Christ, unique Sauveur de l'homme. La rencontre d'aujourd'hui se déroule à la veille de la solennité de la Pentecôte: dans notre esprit résonne le commandement du Seigneur d'aller et d'enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (cf. Mt 28,19). C'est la même force de l'Esprit, qui a animé la première communauté chrétienne, qui guide nos pas sur les traces du Christ.


2. Les jours et les siècles passent, le Christ demeure le même hier, aujourd'hui et à jamais. Il est le centre de la vie individuelle et communautaire de ceux qui lui appartiennent. Il faut donc repartir constamment de lui pour comprendre le sens de la mission qu'Il a confiée à l'Eglise.

Si votre intention est de réfléchir sur le charisme propre de votre Institut afin de le rendre plus dynamique, il est indispensable, de ce point de vue également, de repartir de la centralité du Christ dans la vie communautaire et dans le témoignage personnel. Si une "faiblesse christologique" s'insinuait dans votre action, votre oeuvre d'évangélisation risquerait de se réduire à une activité en grande partie sociale, caritative ou d'organisation pastorale. En revanche, votre société est née afin de rassembler des âmes pieuses et généreuses "qui fassent offrande d'elles-mêmes à Dieu, désireuses de se consacrer à l'expansion de son saint Royaume" (Maximes et Normes pour l'Institut des Missions, Avertissement préliminaire).

Aujourd'hui comme hier, vous êtes envoyés dans le monde pour être au Christ, sans craindre "que puisse être lésée l'identité de l'autre par ce qui est en fait l'annonce joyeuse d'un don offert à tous et qui doit être proposé à tous dans le plus grand respect de la liberté de chacun: le don de la révélation du Dieu-Amour qui "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique"" (Novo millennio ineunte NM 56). La foi se renforce en la donnant!

Certes, les difficultés et les problèmes que l'humanité, dans son ensemble, doit affronter aujourd'hui doivent être prises en juste considération. Je pense, par exemple, à l'apparition de nouvelles visions planétaires telles que la mondialisation, l'ethnocentrisme ou la tentation de se créer une religion sur mesure. Je pense à la fermeture de nombreux pays face à la présence de missionnaires et à l'évangélisation directe. Il ne faut pas non plus sous-évaluer les problèmes spécifiques, tels que la diminution du nombre des membres de l'Institut et le vieillissement qui s'ensuit ou la rencontre, parfois difficile, entre ses membres de diverses provenances. Toutefois, avec la grâce du Seigneur, il faut regarder l'avenir avec les yeux de l'espérance. Forts de la présence mystérieuse du Christ, il faut avancer dans le vaste océan qui s'ouvre à l'Eglise du troisième millénaire et "prendre le large" avec confiance.


3. Permettez-moi de reprendre ici, les quatre points forts qui caractérisent l'identité de votre Institut, ainsi qu'ils sont ressortis de votre Assemblée générale. En premier lieu, le missionnaire du PIME est envoyé ad extra. C'est-à-dire qu'il quitte sa propre terre, abandonne sa propre culture et jusqu'à sa propre Eglise particulière pour porter, là où le Seigneur l'appelle, l'annonce de la Croix. Le rite suggestif qui accompagne la remise du crucifix et le départ signifie que vous êtes envoyés par Dieu à l'humanité et aux communautés au milieu desquelles vous exercez votre ministère pastoral.

En second lieu, votre mission est une mission ad gentes. Votre engagement pour rejoindre ceux qui sont "loin", surtout ceux qui ne connaissent pas encore l'Evangile, doit donc être constant. Cela demande un effort créatif en vue d'inculturer le message évangélique, une forte capacité de dialogue, une attention constante aux besoins de la promotion humaine, de la lutte contre les injustices, de la défense des plus pauvres et des sans droits. Si vous savez aussi, former les nouvelles vocations à l'interculturalité, vous pourrez espérer avoir des missionnaires capables de coopérer dans l'unité, tout en sauvegardant les diversités légitimes.

En troisième lieu, votre consécration est ad vitam. Elle est la réponse à un appel et à un projet qui engage toute l'existence et dure toute une vie. Elle est un don total au Christ pour la mission. Les principes fondamentaux de votre spiritualité sont donc inscrits dans l'être plus que dans l'action, en mémoire de la parole du Christ selon laquelle "c'est par votre constance que vous sauverez vos vies" (Lc 21,19).

Enfin, la caractéristique de votre oeuvre apostolique est d'être accomplie ensemble. Vous êtes des missionnaires de différentes nationalités, prêtres et laïcs, qui vivent en communion, dans un style tout orienté vers la mission.

La spiritualité de communion est le témoignage du Christ le plus vrai que vous puissiez donner au monde en harmonisant dans l'unité toutes les diversités afin qu'elles deviennent une richesse commune. Ceci exige un processus continu de kénose personnelle qui ouvre chacun à l'autre, qu'il soit prêtre ou laïc. A ce propos, comment ne pas voir l'utilité de soutenir la dimension laïque de l'engagement missionnaire, en réponse aux signes des temps qui exigent la présence du laïc dans l'évangélisation? Il sera important que les prêtres et les laïcs sachent travailler ensemble, afin que la diversité des ministères devienne une richesse pour tous et un témoignage éloquent du Christ.


4. Très chers Missionnaires, dans l'Eglise, par la grâce de Dieu, s'ouvrent chaque jour de nouveaux chantiers d'évangélisation et d'engagement. Sachez écouter l'Esprit qui vous interpelle et répondez-lui avec générosité, en accueillant les défis de l'heure présente. Ne craignez pas de vous rendre même là où le missionnaire n'est pas accueilli comme tel pour des motifs politiques, sociaux, idéologiques ou même religieux.

N'oubliez pas, par ailleurs, que dans les pays d'ancienne christianisation, est nécessaire un engagement missionnaire solide, spécialement dans les villes qui ont le plus besoin d'une nouvelle évangélisation si ce n'est, dans certains cas, d'une première annonce du Christ. En outre, l'histoire de votre Institut est une longue suite de rencontres et de dialogue avec les autres religions. Continuez dans cette voie, sachant vous réjouir des richesses que vous trouverez en elles et capables d'offrir à vos interlocuteurs le don spécifique de votre foi chrétienne.

Je confie votre Famille tout entière à Marie, Etoile de l'Evangélisation. Qu'elle vous soutienne et vous console. Qu'elle vous protège, ainsi que les Saints et les Bienheureux qui ont offert entièrement leur existence à la mission. Que vous accompagne également ma Bénédiction, que je vous donne de grand coeur, ainsi qu'à vos Confrères et à ceux que vous rencontrerez dans l'exercice de votre ministère.



AUDIENCE À L’ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY ET PRIMAT DE LA COMMUNION ANGLICANE

Vendredi 1er juin 2001



Votre Grâce,
Chers amis,

Je vous salue et je vous souhaite la bienvenue avec la prière du grand Apôtre des Nations: "A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ" (Ph 1,2).

Votre Grâce, c'est pour moi un plaisir particulier de vous rencontrer à si peu de distance de la célébration marquant le dixième anniversaire de votre nomination comme Archevêque de Canterbury. Je vous offre mes meilleurs voeux, certain que le Seigneur continuera à vous soutenir dans les tâches nombreuses et difficiles que vous exercez au service de la Communion anglicane à travers le monde.

En rappelant la merveilleuse expérience du grand Jubilé de l'An 2000, ma prière pour l'unité des chrétiens se fait toujours plus intense. J'ai été heureux d'apprendre les résultats positifs de la réunion des Evêques anglicans et catholiques, qui s'est tenue au Canada l'an dernier. Puisse le Seigneur bénir cette initiative par des fruits plus profonds de compréhension et de réconciliation entre anglicans et catholiques dans un monde qui a tant besoin de notre témoignage commun de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, notre Sauveur Ressuscité!

Je vous remercie de votre aimable visite, et, alors que nous nous préparons à célébrer la Pentecôte, ouvrons nos coeurs et nos esprits à la grâce transformante du Saint Esprit. Que les Bénédictions de Dieu soient avec vous tous!




AUX ENFANTS MALADES DU CANCER DE LA FONDATION "AMITIÉ SANS BARRIÈRE", DE LA POLOGNE

Lundi 4 juin 2001


Chers amis,


Je vous souhaite à tous une cordiale bienvenue. Je remercie l'épouse du Président pour ses paroles d'introduction à cette rencontre. Je suis très heureux de pouvoir vous accueillir ici. J'espère que cette brève visite au Vatican vous permettra, tout au moins pour un instant, de vous détacher de la réalité que vous affrontez quotidiennement en raison de votre maladie.

Je sais combien l'expérience de cette maladie est difficile, en particulier quand elle touche un enfant. C'est pourquoi je prie de tout coeur avec vous le Seigneur Jésus pour qu'il vous accorde le don de la santé ainsi qu'à tous les enfants de votre âge éprouvés par la maladie et par la souffrance. Je prie également pour que vous gardiez vous-mêmes l'espérance, ainsi que vos parents et ceux qui prennent soin de vous, afin que vous soyez forts en esprit, en particulier quand votre corps est en proie à la faiblesse. En pensant à la situation difficile dans laquelle se trouvent aujourd'hui les services de santé en Pologne, je demande également à Dieu de diffuser chez tous les responsables l'esprit d'amour et de sagesse, qui les poussera à faire tout leur possible afin de réformer cette réalité dans un but d'efficacité, pour le bien de tous les Polonais.

Avec vous, je désire également rendre grâce à Dieu pour tout bien. Il arrive qu'il soit difficile pour celui qui souffre de se rendre compte que dans la maladie s'accomplit également un grand bien, que ce soit en lui ou dans les coeurs de tous ceux qui lui sont proches. Nous devons remercier Jésus pour l'amour dont vous êtes entourés de la part de vos parents et de vos familles, pour l'attention des médecins et des infirmières à votre égard, pour la générosité de personnes, souvent inconnues, qui vous soutiennent matériellement et spirituellement. Que cet amour et cette bonté ne fassent jamais défaut!

Je vous prie d'apporter mon salut et ma Bénédiction à vos proches, à vos camarades, garçons et filles, en particulier à ceux qui, comme vous, luttent contre la maladie. Que Dieu vous accorde la grâce de la santé et vous bénisse.

 

AUX ÉVÊQUES DU GABON EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"



Chers Frères dans l'épiscopat,

1.    Alors que vous accomplissez votre visite ad limina, je suis heureux de vous accueillir, Évêques de l'Église catholique au Gabon. Au lendemain de la célébration de la fête de la Pentecôte, je souhaite que l'Esprit Saint vous comble de ses dons pour que vous soyez toujours plus fidèles à accomplir le ministère que vous avez reçu du Seigneur. Que vos rencontres avec le Successeur de Pierre et avec les Dicastères de la Curie romaine soient pour vous d'intenses moments de communion ecclésiale et de réconfort apostolique !

     J'adresse mes remerciements cordiaux à Mgr Basile Mvé Engone, Archevêque de Libreville et Président de votre Conférence épiscopale, pour les aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Depuis sa dernière visite ad limina, l'épiscopat gabonais a été largement renouvelé. Je vous encourage vivement à approfondir toujours plus entre vous les liens de communion qui vous unissent afin d'accomplir votre charge avec fruit et de développer entre vos diocèses une authentique harmonie pastorale. Transmettez à vos prêtres, aux religieux et aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles de vos diocèses, mon salut affectueux et l'assurance de ma proximité spirituelle.

      Par votre intermédiaire, je salue le peuple gabonais tout entier, demandant à Dieu de lui accorder de vivre dans la paix et de l'assister dans ses efforts pour construire une société solidaire où chacun puisse trouver son plein épanouissement.

2.    L'année jubilaire qui vient de s'achever a été pour toute l'Église l'occasion d'un renouveau spirituel et missionnaire. Il est donc maintenant nécessaire que, dans chaque pays, un élan nouveau soit donné à l'évangélisation. Pour cela, comme j'ai eu l'occasion de l'écrire dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, "la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté" (NM 30), car si notre Baptême nous fait vraiment entrer dans la sainteté de Dieu, "ce serait un contre-sens que de se contenter d'une vie médiocre, vécue sous le signe d'une éthique minimaliste et d'une religiosité superficielle" (NM 31). Pour être des témoins crédibles de l'Évangile qu'ils annoncent parmi leurs frères, les chrétiens doivent résolument tourner leur regard vers le Christ Seigneur et Sauveur de toute l'humanité.

     Je vous engage donc à avancer avec enthousiasme sur les rudes chemins de la mission. Certes, je connais les limites de vos moyens humains et matériels. Mais, le Seigneur nous a assurés de sa présence au milieu de nous. N'ayez pas peur de vous laisser imprégner par l'élan missionnaire qui animait l'Apôtre Paul, en allant vers les hommes et les femmes qui n'ont pas encore reçu la Bonne Nouvelle. En effet, tous ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ.

     Depuis quelques années d'ailleurs, dans votre pays, l'activité de l'Église, qui se veut au service de tous les Gabonais sans distinction, peut se développer dans un cadre juridique nouveau. Je me réjouis de l'accord conclu entre le Saint-Siège et la République du Gabon pour oeuvrer à la promotion du bien commun, garantie de bien-être spirituel et matériel des personnes. Il est à souhaiter que, dans le respect de l'indépendance et de l'autonomie des deux parties, cet esprit de collaboration se développe plus largement, notamment pour permettre aux écoles catholiques de contribuer avec toujours plus d'efficacité à l'éducation humaine et spirituelle de la jeunesse de votre pays. 

3.    La formation des agents de l'évangélisation est d'une grande importance pour assurer l'avenir de l'Église sur le continent africain. L'Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des Évêques a mis l'accent sur la nécessité de former les laïcs afin qu'ils puissent assumer leur rôle irremplaçable dans l'Église et dans la société. Ainsi, je voudrais saluer de manière particulière les catéchistes de vos diocèses, dont la place demeure déterminante dans le développement des communautés chrétiennes. Je vous encourage vivement à accorder à ces précieux collaborateurs de la mission un soutien matériel, moral et spirituel attentif, et à les faire bénéficier d'une solide formation doctrinale initiale et permanente.

     Les fidèles de votre pays doivent aussi être capables d'assumer leurs responsabilités civiques et d'"exercer une influence sur le tissu social, pour transformer les mentalités et les structures de la société de telle sorte qu'elles reflètent mieux les desseins de Dieu sur la famille humaine" (Exhortation apostolique Ecclesia in Africa ). Il convient donc d'aider les laïcs à mener une vie en harmonie avec leur foi afin que leurs activités et leurs responsabilités soient un témoignage toujours plus authentique rendu à l'Évangile dans tous les secteurs de la vie sociale.

     Par ailleurs, il est indispensable que les familles chrétiennes prennent une vive conscience de leur mission dans l'Église et dans la société. Une pastorale familiale adaptée aux grands problèmes qui se posent aujourd'hui, notamment pour ce qui concerne le respect de la vie humaine, contribuera à promouvoir le témoignage de foi des couples par une existence vécue en conformité avec la loi divine sous tous ses aspects, ainsi que par leur engagement à donner à leurs enfants une formation authentiquement chrétienne. Qu'en leur offrant son aide désintéressée l'Église se montre proche des familles qui se trouvent dans des situations difficiles, sachant être toujours pour elles le visage de vérité, de bonté et de compréhension du Seigneur !

     Aux jeunes de vos diocèses, je souhaite de trouver dans leur rencontre avec le Christ le secret de la vraie liberté et de la joie profonde du coeur. Dans les difficultés qu'ils connaissent, qu'ils ne perdent jamais confiance en l'avenir, mais qu'ils acceptent de travailler courageusement avec leurs frères à l'avènement d'un monde nouveau fondé sur la fraternité et la justice.

4.    Pour réunir la famille de Dieu dans une fraternité animée par la charité et la conduire au Père par le Christ dans l'Esprit Saint (cf. Décret Presbyterorum ordinis PO 6), les prêtres sont les collaborateurs nécessaires et irremplaçables que vous devez considérer comme des frères et des amis, en vous préoccupant de leur situation matérielle et spirituelle, et en les incitant à une collaboration fraternelle avec vous et entre eux.

     Je salue de grand coeur tous vos prêtres et je les exhorte à persévérer généreusement, malgré les obstacles, dans les engagements qu'ils ont pris au jour de leur ordination. Qu'ils se souviennent toujours qu'ils ont reçu un appel spécifique à la sainteté et qu'ils sont tenus de tendre à la perfection dans tous les domaines de leur existence, notamment par une vie morale droite, car leur personne tout entière, consciente, libre et responsable, est profondément engagée dans l'exercice de leur ministère ! Pour cela, il doit y avoir un lien étroit entre l'exercice du ministère et une vie spirituelle intense. Il est donc primordial que chaque prêtre "renouvelle sans cesse et approfondisse toujours plus sa conscience d'être ministre de Jésus Christ en vertu de sa consécration sacramentelle et de la configuration au Christ Tête et Pasteur de l'Église" (Exhortation apostolique Pastores dabo vobis PDV 25). Seule une intimité habituelle avec le Christ, manifestée en particulier dans la prière et dans la réception des sacrements de l'Eucharistie et de la Réconciliation, leur donnera la force et le courage de tenir bon dans les épreuves, et d'accepter de revenir fidèlement au Seigneur après la chute. J'exhorte aussi le presbytérium de chacun de vos diocèses, prêtres autochtones et missionnaires originaires d'autres pays, à manifester son unité et sa profonde communion autour de l'Évêque, en ayant la conviction que tous sont au service d'une unique mission qui leur a été confiée par l'Église au nom du Christ. 

     La pastorale des vocations sacerdotales et religieuses exige la plus grande attention afin que l'Église locale poursuive son édification et sa croissance. L'exemple de vie irréprochable des prêtres et des personnes consacrées est pour les jeunes un stimulant vigoureux pour les aider à répondre avec générosité à l'appel du Seigneur. Dans la promotion des vocations, comme dans leur discernement et leur accompagnement, la première responsabilité est celle de l'Évêque, responsabilité qu'il doit assumer personnellement, tout en s'assurant la collaboration indispensable de son presbyterium et en rappelant aux familles chrétiennes, aux catéchistes et à l'ensemble des fidèles, leur responsabilité particulière dans ce domaine.

     La constitution d'équipes de formateurs et de directeurs spirituels pour le grand séminaire doit être une priorité pour les Évêques. Je vous engage donc à unir vos forces et à chercher des collaborations, afin que le grand séminaire national puisse accueillir les jeunes de vos diocèses qui ont reçu l'appel du Seigneur au sacerdoce et leur donner une formation solide qui les préparera à accomplir le ministère presbytéral avec les qualités requises de représentants du Christ, de vrais serviteurs et animateurs des communautés chrétiennes. Il est indispensable que cette formation, humaine, intellectuelle, pastorale et spirituelle puisse aussi leur permettre de tester et de développer leur maturité affective, et d'acquérir de fortes convictions sur le caractère indissociable du célibat et de la chasteté du prêtre (cf. Ecclesia in Africa ).

5.    Je voudrais encore témoigner de la reconnaissance de l'Église pour l'oeuvre des Instituts missionnaires dans la vie ecclésiale au Gabon. Par leur travail apostolique désintéressé et parfois héroïque, leurs membres, mais aussi des laïcs chrétiens, ont transmis le flambeau de la foi à votre peuple et ont permis à l'Église de s'enraciner et de croître dans votre pays.

     Aujourd'hui, originaires du Gabon ou venant d'autres pays, dans un esprit de communion et de collaboration avec vous et avec le clergé diocésain, les religieux prennent une part importante dans la vie pastorale de vos diocèses; les religieuses, par leurs activités paroissiales, éducatives ou hospitalières, accomplissent un généreux travail au service de la population, sans distinction d'origine ou de religion, s'attirant ainsi l'estime de tous.

     Je souhaite vivement que la vie consacrée se développe dans vos diocèses afin de contribuer à l'édification de l'Église locale dans la charité selon le charisme propre à chaque institut. Accueillez-la comme un don de Dieu "précieux et nécessaire pour le présent et pour l'avenir du peuple de Dieu, parce qu'elle appartient de manière intime à sa vie, à sa sainteté et à sa mission" (Exhortation apostolique Vita consecrata VC 3) ! Par votre soutien, vous encouragerez les différents instituts à donner à tous leurs membres une solide formation, qui leur permettra de répondre aux exigences spirituelles et humaines de leur vocation.

6.    Parmi les urgences qui se posent à l'Église catholique au début du nouveau millénaire, se trouve la recherche de l'unité entre les chrétiens. Certes, un long chemin reste à parcourir. Nous ne devons pas nous décourager mais développer avec confiance des relations toujours plus sereines et plus fraternelles avec les membres des autres Églises et Communautés ecclésiales. De même, la rencontre avec les croyants de l'Islam et de la Religion traditionnelle africaine, dans un esprit d'ouverture et de dialogue, est d'une grande importance. Je vous encourage donc à maintenir des liens cordiaux avec les communautés religieuses qui constituent la société, afin d'assurer entre tous les Gabonais les conditions d'une existence harmonieuse dans le respect mutuel.  

     Toutefois, comme je l'ai écrit dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, "le dialogue ne peut être fondé sur l'indifférentisme religieux, et nous avons le devoir, nous chrétiens, de le développer en offrant le témoignage plénier de l'espérance qui est en nous" (NM 56).

7.    Chers Frères dans l'épiscopat, c'est dans ces sentiments qu'à la fin de notre rencontre je vous invite à poursuivre avec courage et audace l'annonce joyeuse du don que le Seigneur offre à tous les hommes : "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3,16). La tâche prioritaire de la mission est d'annoncer à tous que c'est dans le Christ que les hommes trouvent le salut. Forte de sa présence agissante, l'Église ne peut se soustraire à l'urgence du commandement missionnaire qui l'envoie à toutes les nations et à tous les peuples. Que l'expérience de l'année jubilaire que nous venons de célébrer vous donne un enthousiasme renouvelé pour aller de l'avant dans l'espérance !

     Je confie à l'intercession maternelle de la Vierge Marie, Reine de l'Afrique, l'ensemble de vos diocèses et je vous donne de grand coeur une affectueuse Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers à vos prêtres, aux religieux et aux religieuses, aux catéchistes et à tous les fidèles laïcs du Gabon.

     Au Vatican, le 5 juin 2001.


Discours 2001 - Mardi 29 mai 2001