Discours 2001 - Samedi 23 juin 2001, Palais Présidentiel “Mariyinskyi”, Kiev

  RENCONTRE ET DÉJEUNER AVEC LES MEMBRES DE L'ÉPISCOPAT CATHOLIQUE UKRAINIEN

Nonciature Apostolique, Kiev, Dimanche 24 juin 2001


  Vénérés Frères dans l'Episcopat!

1. Je vous salue et vous embrasse tous dans le Seigneur! C'est pour moi une grande joie de vous rencontrer dans votre terre bien-aimée, de vous écouter et de réfléchir avec vous sur le chemin de communion et sur l'effort prometteur d'évangélisation en cours dans vos Communautés ecclésiales. Depuis dix ans, c'est-à-dire depuis l'époque où votre pays a reconquis son indépendance après la fin de la dictature communiste, vos Communautés ecclésiales ont recommencé à s'organiser en vue d'une action pastorale plus efficace et regardent l'avenir avec espérance. Je demande pour elles une effusion de grâce renouvelée de la part de Celui qui - selon une expression du Serviteur de Dieu le Pape Paul VI - est " animateur et sanctificateur de l'Eglise, son souffle divin, le vent de ses voiles, son principe unificateur, sa source intérieure de charismes et de chants, sa paix et sa joie, le gage et le prélude de vie bienheureuse et éternelle" (Paul VI, Insegnamenti X [1972], PP 1210-1211).


2. La joie de la rencontre de ce jour se renforcera au cours des prochains, quand nous prendrons part, ensemble, à la béatification solennelle d'un certain nombre de vos Confrères, qui ont exercé le ministère épiscopal dans des conditions de précarité extrême. Nous leur rendrons l'hommage de notre gratitude pour avoir su conserver intact par leur sacrifice le patrimoine de la foi chrétienne parmi les fidèles de leurs Eglises. En les élevant aux honneurs des autels, je voudrais étendre notre reconnaissance aux autres pasteurs qui, eux aussi, ont payé cher leur fidélité au Christ et la décision de demeurer unis au Successeur de Pierre.

Comment ne pas rappeler, au nombre de ceux-ci, le Serviteur de Dieu, l'Archevêque métropolitain Andrey Spetyckyj? Mon vénéré prédécesseur, le Pape Pie XII, déclara que sa noble vie fut interrompue "non pas tant par son âge avancé que par les souffrances infligées à son âme de pasteur frappé en même temps que son troupeau" (AAS XLIV [1955], p. 877). En même temps que lui, je me souviens du Cardinal Josef Slipyj, premier Recteur de l'Académie de théologie grecque-catholique de Lviv, qui a heureusement rouvert ses portes récemment. Cet héroïque confesseur de la foi a connu les rigueurs de la prison pendant au moins 18 ans.

Il y a encore parmi vous des prêtres et des évêques qui ont connu la prison et la persécution. Alors que je vous embrasse avec émotion, très chers Frères, je rends grâce à Dieu pour votre fidèle témoignage. Celui-ci m'encourage à exercer avec un dévouement toujours plus courageux mon service à l'Eglise universelle. Je fais miennes les paroles que vous avez l'habitude de répéter dans la liturgie de saint Jean Chrysostome: "Nous nous donnons nous-mêmes, l'un l'autre, et toute notre existence au Christ, notre Dieu". Cette leçon, nous devons l'apprendre et la vivre, nous aussi, pasteurs du troupeau que Dieu nous a confié.


3. Il est vrai que conserver et transmettre le patrimoine de la foi est le devoir de toute l'Eglise. Mais il revient cependant aux pasteurs la lourde tâche d'être des guides sûrs, des maîtres illuminés et des témoins exemplaires pour le peuple chrétien. Le thème que le Synode des Evêques de l'Eglise grecque-catholique ukrainienne affrontera cette année fait référence à notre responsabilité spécifique: "La personne et la responsabilité de l'Evêque". Permettez-moi, à ce propos, de vous offrir, dans un esprit de service fraternel et au cours de cette rencontre qui nous voit réunis ensemble, Evêques orientaux et latins, quelques réflexions personnelles.

Je voudrais tout d'abord avec vous, premiers responsables de vos Eglises, rendre grâce à Dieu pour le témoignage que donnent les catholiques sur cette terre, où l'Eglise présente sa réalité divine et humaine, enrichie par le génie de la culture ukrainienne. Ici, l'Eglise respire avec les deux poumons des traditions orientale et occidentale. Ici, se rencontrent dans un dialogue fraternel ceux qui puisent aux sources de la spiritualité byzantine et ceux qui se nourrissent de la spiritualité latine. Ici, le sens profond du mystère qui domine la sainte liturgie des Eglises d'Orient et la mystique essentielle du rite latin se confrontent et s'enrichissent réciproquement.

Vivre l'appartenance à l'unique Eglise en respectant les différentes traditions des rites vous offre la grande opportunité de rendre efficient un "laboratoire ecclésial" significatif, dans lequel construire l'unité dans la diversité. C'est la route la plus adaptée pour répondre aux nombreux et complexes défis pastoraux du moment présent. Je vous invite, vous, membres du Synode des Evêques de l'Eglise grecque-catholique d'Ukraine tout comme vous, Evêques de la Conférence épiscopale d'Ukraine, à offrir votre propre contribution à cette recherche dans une co-opération étroite et effective. Annoncez d'un coeur unanime l'Evangile du Christ, dépassant toute tentation de division et d'opposition. Que l'unique "compétition" entre vous, chers Frères dans l'Episcopat, soit celle de l'estime mutuelle (cf. Rm 12,10) et de l'aspiration à la sainteté.

Soignez la communion entre vous et avec les prêtres dans un climat d'affection, d'attention et de dialogue respectueux et fraternel. De la qualité de ces rapports dépend en grande partie l'efficacité de l'oeuvre d'évangélisation.


4. Au cours de ces dix années, vos Eglises ont connu une extraordinaire floraison de vocations à la vie sacerdotale et religieuse. Cela nécessite une attention particulière en matière de formation spirituelle, intellectuelle et pastorale de tous ceux qui sont appelés au sacerdoce et à la vie consacrée. Il faut garantir - dans un premier temps - aux futurs prêtres, une profonde spiritualité, une rigoureuse préparation philosophique et théologique et une solide aptitude à la vie pastorale, ancrée dans les valeurs éternelles de la tradition catholique et attentive aux signes des temps. Une condition nécessaire en vue de la réalisation de ces objectifs est la présence, dans les séminaires et les Instituts de formation, d'éducateurs valables et d'enseignants spécialisés qui transmettent des bases intellectuelles et spirituelles solides aux prêtres de demain. Le même soin doit être apporté à la formation des membres des Instituts de vie consacrée, en particulier des Instituts féminins.

Un autre objectif fondamental qui attend vos Eglises est la mise en place d'une catéchèse capillaire, compétente et sans cesse mise à jour, destinée aux adultes et aux nouvelles générations. A ce propos, le Catéchisme de l'Eglise catholique, qui constitue un instrument providentiel de par sa présentation organique et ordonnée de la foi catholique à ceux qui sont proches et à ceux qui sont éloignés, vous sera d'une grande utilité. Il faut toutefois rappeler que l'éducation catéchétique représente seulement un des éléments qui s'inscrit dans un plus vaste itinéraire de l'initiation chrétienne qui prévoit, à côté de l'annonce des vérités de la foi, l'éducation à la prière personnelle et liturgique, l'expérience de la communion fraternelle et la formation au service ecclésial. Seule une formation chrétienne intégrale peut porter à l'accomplissement du but spécifique de la catéchèse, qui "n'en demeure pas moins de développer, avec l'aide de Dieu, une foi encore initiale, de promouvoir en plénitude et de nourrir quotidiennement la vie chrétienne des fidèles de tous âges. Il s'agit en effet de faire croître, au niveau de la connaissance et dans la vie, le germe de la foi semé par l'Esprit Saint avec la première annonce et transmis efficacement par le baptême. La catéchèse tend donc à développer l'intelligence du mystère du Christ à la lumière de la Parole, pour que l'homme tout entier soit imprégné par elle. Transformé par l'action de la grâce en nouvelle créature, le chrétien se met ainsi à suivre le Christ et, dans l'Eglise, apprend toujours mieux à penser comme lui, à juger comme lui, à agir en conformité à ses commandements, à espérer comme il nous y invite" (Exhort. ap. Catechesi tradendae, 20).


5. Au cours de ces dernières années, caractérisées, aussi en Ukraine, par des mutations sociales rapides et profondes, la famille vit une forte crise ainsi que le démontrent le nombre des divorces et l'étendue de la pratique de l'avortement. Que la famille soit, par conséquent, une de vos priorités pastorales. Préoccupez-vous en particulier d'éduquer les familles chrétiennes à une forte expérience de Dieu et à la pleine conscience du projet du Créateur sur le mariage afin que, renouvelant le tissu spirituel de leur vie commune, elles puissent contribuer à accroître la qualité de l'ensemble de la société civile.

A l'évangélisation de la famille est également liée la pastorale des jeunes. Les modèles de vie hédonistes et matérialistes présentés par de nombreux médias, la crise des valeurs qui touche la famille, l'illusion d'une vie facile qui exclue le sacrifice, les problèmes du chômage et la peur du lendemain provoquent souvent chez les jeunes un trouble immense, les rendant sensibles à des propositions de vie éphémère et dépourvues de valeurs ou à de préoccupantes formes d'évasion. Il est nécessaire d'investir des énergies et des moyens dans leur formation humaine et chrétienne.
Dans la perspective d'une oeuvre efficace de formation des nouvelles générations, j'ai appris avec plaisir que vous avez l'intention de créer un "Institut des Sciences sociales" dans lequel sera proposé une connaissance approfondie de la doctrine sociale de l'Eglise. L'initiative est véritablement opportune. Je l'encourage et la bénis bien volontiers.


6. Vénérés Frères, une période importante s'ouvre devant vous. De celle-ci dépendra la "qualité" de la présence de l'Eglise en Ukraine au cours du prochain millénaire. Au cours de la persécution communiste, l'Eglise grecque-catholique et l'Eglise catholique latine ont entretenu des relations exemplaires qui ont constitué les prémisses solides de la floraison ecclésiale qui s'est vérifiée par la suite. En conservant précieusement cette expérience, il faut aujourd'hui collaborer plus et mieux afin d'accomplir la tâche exigeante que représente la nouvelle évangélisation. Que vos Eglises sachent trouver les formes appropriées d'entente et d'aide réciproque en matière de catéchèse, de centres d'éducation catholique, de présence dans les médias ainsi que dans le vaste et complexe domaine de la promotion humaine, comme cela fut déjà le cas dans différentes situations pastorales. Que partout les catholiques se présentent unis, près au dialogue et au service réciproque.

Le Synode de l'Eglise grecque-catholique ukrainienne compte de nombreux fidèles dispersés et cela représente de nouveaux défis pastoraux. Pour les affronter, il faut, encore une fois, être unis. Une unité active, en premier lieu entre les Evêques et les prêtres, à la lumière de l'enseignement du Concile Vatican II qui invite les Evêques à considérer les prêtres comme des "frères et amis" (Presbyterorum ordinis PO 7). Une telle unité doit voir aussi la participation des personnes de vie consacrée et des laïcs engagés, pour le bien spirituel de l'ensemble du Corps mystique du Christ.


7. Cette expérience forte de communion à l'intérieur de l'Eglise catholique stimulera certainement des formes adaptées de collaboration avec les frères orthodoxes afin de répondre ensemble à la recherche de vérité et de joie de l'homme contemporain que seul Jésus-Christ peut satisfaire pleinement. Le dialogue oecuménique ne peut pas ne pas constituer pour les croyants et les Eglises d'Ukraine une inéluctable priorité. La division des chrétiens en différentes confessions représente un des plus grands défis de nos jours. Le chemin que nous devons parcourir pour arriver à la pleine réconciliation et à la communion, également visible, entre les disciples du Christ est long, mais l'expérience du passé aide à regarder l'avenir avec confiance.

La soif d'unité s'est faite plus intense après le Concile Vatican II et aujourd'hui la conscience de la nécessité d'une courageuse entente et d'une plus étroite collaboration croît dans le coeur de tous les chrétiens. Moi, Successeur de Pierre, je vous encourage aujourd'hui et je vous exhorte, très chers Frères dans l'Episcopat, à poursuivre sur cette route tout en vous assurant du soutien du Siège apostolique dans vos généreux efforts. Le Pape est avec vous dans votre engagement quotidien au service des fidèles et vous accompagne de sa prière. Avec ces sentiments dans le coeur, je confie vos personnes, vos Eglises, les projets et les espoirs du Peuple de Dieu qui est en Ukraine à la Mère de Dieu qui est aux cieux et je vous bénis de tout coeur.


  RENCONTRE AVEC LES REPRÉSENTANTS DU CONSEIL PAN-UKRAINIEN DES ÉGLISES ET DES ORGANISATIONS RELIGIEUSES

Palais philarmonique National, Kiev, Dimanche 24 juin 2001



Illustres Représentants du Conseil pan-ukrainien
des Eglises et des Organisations religieuses!

1. Je suis vivement reconnaissant à tous ceux qui ont rendu possible la rencontre d'aujourd'hui, au cours de laquelle j'ai l'occasion de mieux connaître, au cours de ma visite, chacun de vous, qui représentez les diverses Eglises et Organisations religieuses présentes en Ukraine. J'adresse à tous mon salut cordial et respectueux. Je vous exprime de tout coeur ma satisfaction pour le service que le Conseil pan-ukrainien rend à la sauvegarde et à la promotion des valeurs spirituelles et religieuses, indispensable pour l'édification d'une société authentiquement libre et démocratique. Votre Organisme de grand mérite contribue dans une large mesure à créer les conditions d'une entente toujours plus grande entre les membres des diverses Eglises et Organisations religieuses, dans le respect réciproque et dans la recherche constante d'un dialogue sincère et bénéfique. Je ne peux manquer de mentionner votre effort louable en faveur de la paix entre les hommes et les peuples.


2. Votre existence et votre travail quotidien témoignent de façon concrète à quel point le facteur religieux est une partie essentielle de l'identité personnelle de chaque homme, quelques soient la race, la culture ou le peuple auxquels il appartient. La religion, lorsqu'elle est pratiquée avec un coeur humble et sincère, apporte une contribution spécifique et irremplaçable à la promotion d'une société juste et fraternelle.

Comment un Etat qui se dit réellement démocratique pourrait-il ne pas respecter la liberté religieuse de ses citoyens? Il ne peut y avoir de véritable démocratie lorsqu'une des libertés fondamentales de la personne est foulée aux pieds. L'Ukraine a également fait l'expérience, au cours de la longue et douloureuse période des dictatures, des effets destructeurs de l'oppression athée, qui annihile l'homme et le soumet à un régime d'esclavage. Le défi urgent de la reconstruction sociale et morale de la Nation s'ouvre désormais devant vous. A travers votre activité, vous êtes appelés à apporter une contribution essentielle à cette oeuvre de renouveau social, en montrant que seul un climat de respect de la liberté religieuse est en mesure de construire une société à dimension pleinement humaine.


3. Je vous salue en premier lieu, chers Frères unis par la foi commune dans le Christ mort et ressuscité. La violente persécution communiste n'a pas réussi à extirper de l'âme du peuple ukrainien l'aspiration vers le Christ et l'Evangile car cette foi faisait partie de son histoire et de sa vie mêmes. En effet, lorsque l'on parle de liberté religieuse sur votre terre, la pensée se dirige naturellement vers les débuts glorieux du christianisme, qui depuis plus de mille ans, marque son identité culturelle et sociale. Ce fut avec le Baptême du Prince Vladimir, en l'an 988, que prit naissance, sur les rives du fleuve Dniepr, la présence de la foi et de la vie chrétiennes. D'ici, l'Evangile atteignit ensuite les divers peuples présents sur la partie orientale du continent européen. J'ai voulu le rappeler dans la Lettre apostolique Euntes in mundum, à l'occasion du millénaire du Baptême de la Rus' de Kiev, en soulignant que cet événement a donné lieu à un vaste rayonnement missionnaire: "vers l'ouest jusqu'aux Carpates, du sud du Dniepr jusqu'à Novgorod, et du nord de la Volga [...] jusqu'aux rivages de l'Océan pacifique et au-delà" (n. 4; cf. également le Message Magnum Baptismi donum, n. 1).

A une époque où existait encore la pleine communion entre Rome et Constantinople, saint Vladimir, précédé par l'exemple de la Princesse Olga, se prodigua pour la sauvegarde de l'identité spirituelle du peuple, favorisant dans le même temps l'introduction de la Rus' au sein des autres Eglises. Le processus d'inculturation de la foi, qui a marqué l'histoire de ces peuples jusqu'à aujourd'hui, s'est développé à travers l'oeuvre inlassable de missionnaires provenant de Constantinople.


4. Ukraine, terre bénie de Dieu, le christianisme constitue une partie incontournable de ton identité civile, culturelle et religieuse! Tu as accompli et continues d'accomplir une importante mission au sein de la grande famille des Peuples slaves et de l'Orient européen. Sache tirer des racines chrétiennes communes la lymphe vitale qui continue d'irriguer au cours du troisième millénaire les sillons de tes Communautés ecclésiales.

Chrétiens d'Ukraine, que Dieu vous aide à vous tourner ensemble vers les nobles origines de votre Nation. Qu'il vous aide à redécouvrir ensemble les solides raisons d'un chemin oecuménique respectueux et courageux, un chemin de rapprochement et de compréhension réciproque, grâce à la bonne volonté de chacun. Qu'arrive bientôt le jour de la communion retrouvée de tous les disciples du Christ, de la communion que le Seigneur a ardemment invoquée avant son retour au Père (cf. Jn 17,20-21).


5. Mon salut s'adresse à présent à vous, Représentants d'autres religions et Organisations religieuses, qui oeuvrez en Ukraine en étroite collaboration avec les chrétiens. Il s'agit d'un trait typique de votre Terre qui, en raison de sa position particulière et de sa conformation, constitue un pont naturel non seulement entre l'Orient et l'Occident, mais également entre les peuples qui se rencontrent désormais depuis plusieurs siècles. Il s'agit de peuples divers en raison de leurs origines historiques, de leurs traditions culturelles et de leurs croyances religieuses. Je voudrais rappeler la présence importante des Juifs, qui forment une communauté fermement enracinée dans la société et la culture ukrainiennes. Eux aussi ont subi des injustices et des persécutions pour être restés fidèles à la religion de leurs pères. Qui pourra oublier l'immense tribut de sang qu'ils ont payé au fanatisme d'une idéologie proclamant la supériorité d'une race par rapport aux autres? Précisément ici, à Kiev, dans le quartier de Babyn Jar, au cours de l'occupation nazie, furent tuées, en l'espace de quelques jours, de très nombreuses personnes, parmi lesquelles plus de 100.000 juifs. Ce fut l'un des crimes les plus effroyables parmi les nombreux que l'histoire du siècle dernier a dû malheureusement enregistrer.

Que le souvenir de cet épisode de folie meurtrière constitue un avertissement salutaire pour tous. De quelles atrocités l'homme est capable lorsqu'il pense pouvoir se passer de Dieu! La volonté de s'opposer à Lui et de combattre toute forme d'expression religieuse s'est manifestée de façon despotique également à travers le totalitarisme athée et communiste. Cette ville en garde la mémoire à travers les monuments aux victimes du Holodomor, aux personnes assassinées de Bykivna, aux morts de la guerre en Afghanistan, pour n'en citer que quelques-uns. Que le souvenir d'expériences si douloureuses aide l'humanité d'aujourd'hui, en particulier les jeunes générations, à rejeter toute forme de violence et à grandir dans le respect de la dignité humaine, en sauvegardant les droits fondamentaux enracinés dans celle-ci, parmi lesquels en premier lieu le droit à la liberté religieuse.


6. Je voudrais unir au souvenir du massacre des juifs celui des crimes perpétrés par le pouvoir politique à l'égard de la communauté musulmane présente en Ukraine. Je pense en particulier aux Tartares déportés de la Crimée dans les Républiques asiatiques de l'Union soviétique, qui désirent à présent revenir dans leur terre d'origine. Qu'il me soit permis, à cet égard, d'exprimer le souhait que, à travers le dialogue ouvert, patient et loyal, on puisse trouver des solutions adéquates en sauvegardant toujours le climat de sincère tolérance et de collaboration concrète en vue du bien commun.

Dans cette patiente oeuvre de protection de l'homme et du véritable bien social, les croyants ont un rôle particulier à accomplir. Ensemble, ils peuvent offrir un témoignage clair de la priorité de l'esprit sur les besoins matériels, bien que ceux-ci soient légitimes. Ensemble, ils peuvent témoigner qu'une vision du monde fondée sur Dieu est également une garantie de la valeur inaliénable de l'homme. Si l'on enlève Dieu du monde, il ne reste plus rien de véritablement humain. Si elle n'élève pas son regard vers le ciel, la créature perd de vue l'horizon de son chemin sur terre. A la base de chaque humanisme authentique, il y a toujours la reconnaissance humble et confiante de la primauté de Dieu.


7. Chers amis! Permettez que je vous salue ainsi au terme de cette rencontre familiale. A vous tous, à vos Eglises et Organisations religieuses d'Ukraine, je renouvelle l'expression de mon estime et de mon affection. Votre mission en ce début historique de millénaire est importante. Poursuivez sans relâche votre recherche commune d'un partage croissant de valeurs de la religiosité dans la liberté et de tolérance dans la justice. Tel est la contribution la plus importante que vous puissiez offrir au progrès intégral de la société ukrainienne.

L'Evêque de Rome, qui, ces jours-ci, se fait pèlerin d'espérance à Kiev et à Lviv, embrasse les croyants de toutes les villes et les villages de la bien-aimée terre ukrainienne. Il vous assure, à vous et à tous, de son souvenir dans la prière, afin que le Très-Haut vous comble de sa grâce. Que Dieu, Père tendre et miséricordieux, vous bénisse tous ici présents, ainsi que vos Eglises et vos Organisations religieuses. Qu'il bénisse et protège le bien-aimé Peuple ukrainien. Aujourd'hui et pour toujours!



  MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES





A Son Excellence
Monsieur Kofi Annan
Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies

La tenue à New York, du 25 au 27 juin, d'une Session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies chargée d'examiner, sous ses divers aspects, le problème du VIH/sida, est une initiative très opportune et je désire vous exprimer, ainsi qu'à toutes les délégations présentes, mes voeux les meilleurs, souhaitant que vos travaux constituent une étape décisive dans la lutte contre la maladie.

L'épidémie de VIH/sida représente indubitablement une des catastrophes majeures de notre époque, en particulier pour l'Afrique. Il ne s'agit pas seulement d'un problème de santé, car l'infection a des conséquences dramatiques sur la vie sociale, économique et politique des populations.

Je salue les efforts actuellement en cours sur le plan national, régional et international pour relever ce défi, grâce à la mise sur pied d'un programme d'action visant à la prévention et au traitement de la maladie. L'annonce que vous avez faite de la création prochaine du Fonds mondial "sida et santé" est un motif d'espoir pour tous. Je souhaite de tout coeur que les premières prises de position favorables se concrétisent rapidement par un soutien effectif.

La redoutable diffusion du sida s'inscrit dans un univers social caractérisé par une sérieuse crise de valeurs. Dans ce domaine, comme dans les autres, la communauté internationale ne peut ignorer sa responsabilité morale ; au contraire, dans la lutte contre l'épidémie, elle doit s'inspirer d'une vision constructive de la dignité de l'homme et investir sur la jeunesse, l'aidant à croître vers une maturité affective responsable.

L'Eglise catholique continue à affirmer, par son magistère et par son engagement aux côtés des malades du sida, la valeur sacrée de la vie. Les efforts qu'elle déploie, aussi bien dans la prévention que dans l'assistance aux personnes touchées, souvent en collaboration avec les institutions des Nations unies, s'inscrivent dans le cadre de l'amour et du service à la vie de tous, de la conception à la fin naturelle.

Deux problèmes me tiennent particulièrement à coeur, dont je suis sûr qu'ils seront traités avec une grave attention dans les débats de la Session spéciale.

La transmission du VIH/sida de la mère à l'enfant est une question extrêmement douloureuse. Alors que dans les pays développés, grâce à des thérapies adaptées, on a réussi à réduire sensiblement le nombre d'enfants qui naissent avec le virus, dans les pays en voie de développement, en particulier en Afrique, ceux qui viennent au monde avec l'infection sont très nombreux, ce qui constitue une grave souffrance pour les familles et la communauté. Ajoutant à ce sombre tableau la détresse des orphelins des parents morts de sida, on se trouve face à une situation qui ne peut laisser la communauté internationale sans réaction.

Le deuxième problème est celui de l'accès des malades du sida aux soins médicaux et, dans la mesure du possible, aux thérapies antirétrovirales. Nous savons que les coûts de ces médicaments sont excessifs, parfois même exorbitants, au regard des possibilités des citoyens des pays les plus pauvres. La question comprend divers aspects économiques et juridiques, parmi lesquels certaines interprétations du droit de la propriété intellectuelle.

A ce propos, il me paraît opportun de rappeler ce que soulignait le Concile Vatican II et que je mentionne dans l'encyclique Centesimus Annus au sujet de la destination universelle des biens de la terre : "De par sa nature même, la propriété privée a aussi un caractère social, fondé dans la loi de commune destination des biens" (Gaudium et spes GS 71, Centesimus Annus, n. 30). En vertu de cette hypothèque sociale, traduite dans le droit international, entre autre, par l'affirmation du droit de chaque individu à la santé, je demande aux pays riches de répondre aux besoins des malades du sida des pays pauvres avec tous les moyens disponibles, afin que ces hommes et ces femmes éprouvés dans le corps et l'âme puissent avoir accès aux médicaments dont ils ont besoin pour se soigner.

Je ne peux terminer ce message sans remercier les savants et les chercheurs du monde entier de leurs efforts pour trouver des thérapies contre ce terrible mal. Ma gratitude s'adresse aussi aux professionnels de la santé et aux bénévoles pour l'amour et la compétence dont ils font preuve dans l'assistance humaine, religieuse et médicale de leurs frères et soeurs.

Sur tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre le VIH/sida, en premier lieu les malades et leurs familles, ainsi que sur les participants à la Session spéciale, j'invoque les Bénédictions de Dieu Tout-Puissant.

Du Vatican, le 21 juin 2001

JEAN PAUL II


       

       

RENCONTRE AVEC LES JEUNES

Lviv (Esplanade de Sykhiv), Mardi 26 juin 2001



  1. "Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jn 6,68).

Très chers jeunes de l'Ukraine, l'Apôtre Pierre prononça ces paroles en s'adressant à Jésus, qui s'était présenté aux foules comme le pain descendu du ciel pour donner la vie aux hommes (cf. Jn 6,58). Aujourd'hui, j'ai la joie de les répéter parmi vous, et même de les répéter en votre nom et avec vous.

Aujourd'hui, le Christ vous pose la question qu'il posa alors aux Apôtres: "Voulez-vous partir, vous aussi?". Et vous, jeunes de l'Ukraine, que répondez-vous? Je suis certain que, avec moi, vous aussi faites vôtres les paroles de Pierre: "Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle!".

En vous voyant si nombreux et enthousiastes, ma pensée revient à la Journée mondiale de la Jeunesse, qui s'est déroulée à Rome en août de l'année dernière et à laquelle beaucoup d'entre vous ont également participé. A cette occasion, j'ai invité les jeunes du monde entier à ouvrir un grand "laboratoire de la foi", dans lequel chercher à approfondir les raisons pour suivre le Christ Sauveur. Aujourd'hui, nous vivons un moment significatif du "laboratoire de la foi" ici, dans votre terre, où est parvenue il y a plus de mille ans l'annonce de l'Evangile.

Encore une fois, au début du troisième millénaire, le Christ vous répète: "Mais pour vous, qui suis-je?" (Mt 16,15). Très chers amis, le Pape est venu parmi vous pour vous encourager à répondre: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16,16); "Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jn 6,68).


2. Oui, très chers jeunes, le Christ a "les paroles de la vie éternelle". Ses paroles demeurent pour toujours et surtout elles nous ouvrent les portes de la vie éternelle. Lorsque Dieu parle, ses paroles donnent la vie, appellent à l'existence, orientent le chemin, réchauffent les coeurs déçus et égarés et leur communiquent une nouvelle espérance.

En lisant la Bible, nous découvrons dès la première page que Dieu nous parle. Il nous parle en donnant vie à la création: ciel, terre, lumière, eau, êtres vivants, homme et femme, tout existe par sa seule parole. Sa parole donne une signification à toutes les choses, en les libérant du chaos. C'est pourquoi la nature est un immense livre, dans lequel nous pouvons rechercher avec un émerveillement toujours neuf les traces de la Beauté divine!

Plus encore que dans la création, Dieu parle dans l'histoire de l'humanité. Il révèle sa présence dans les événements du monde, en établissant à diverses reprises un dialogue avec les hommes créés à son image, pour créer avec chacun une communion de vie et d'amour. L'histoire devient ainsi un chemin de connaissance réciproque entre le Créateur et l'être humain, un dialogue qui a pour but ultime de nous conduire de l'esclavage du péché à la liberté de l'amour.


3. Chers jeunes, ainsi vécue, l'histoire devient un chemin vers la liberté. Voulez-vous parcourir ce chemin? Voulez-vous participer vous aussi à cette aventure? L'avenir de l'Ukraine et de l'Eglise dans ce pays dépend également de votre réponse. Vous n'êtes pas seuls sur ce chemin. Vous faites partie du grand peuple des croyants qui se réclame d'un antique patriarche, Abraham. Il écouta l'appel du Seigneur et partit, devenant pour nous un "père dans la foi", car il crut au Seigneur et eut confiance en lui, qui lui promettait une terre et une descendance.

De sa foi descend le peuple élu, qui, conduit par Moïse, affronta l'exode de l'esclavage d'Egypte vers la liberté de la terre promise. Au centre de l'exode se situe l'alliance du Seigneur, fondée sur les dix Paroles de Dieu: le "décalogue", les dix "commandements". Ce sont des "paroles de vie éternelle", car elles sont toujours valables et donnent la vie à celui qui les observe.


4. Chers amis! Un jour, un jeune, très riche, demanda à Jésus: "Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle?" (Mt 19,16). Jésus lui répondit: "Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements" (Mt 19,17). Le Christ n'est pas venu abolir la première alliance, mais la porter à son accomplissement. Les dix commandements ont une valeur éternelle, car ils sont la loi fondamentale de l'humanité, écrite dans la conscience de chaque personne. Ils sont le premier pas vers la liberté et la vie éternelle, car en les observant, l'homme se place dans une juste relation avec Dieu et avec le prochain. Ils "explicitent la réponse d'amour que l'homme est appelé à donner à son Dieu" (Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 2083). Cette loi est écrite naturellement dans le coeur de chaque être humain et doit être fidèlement accueillie et exécutée. Elle doit devenir la règle de notre existence quotidienne.

Dans le monde d'aujourd'hui, des changements sociaux profonds et rapides ont lieu et de nombreux points de référence morale vacillent, jetant les hommes dans le chaos et parfois dans le désespoir. Le décalogue est comme une boussole qui, sur une mer agitée, permet de ne pas perdre la route pour parvenir au port. Voilà pourquoi, chers jeunes ukrainiens, je voudrais aujourd'hui vous remettre à nouveau de façon symbolique les commandements du Décalogue, afin qu'ils soient votre "boussole", le solide point d'appui sur lequel construire votre présent et votre avenir.


5. "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu". Il faut accorder la première place à Dieu dans notre vie. C'est pourquoi les trois premiers commandements concernent notre relation avec Lui. Il mérite à juste titre d'être aimé de tout notre coeur, de toute notre âme et de toutes nos forces (cf. Dt Dt 6,5). Dieu est unique, et il ne doit pas être remplacé par de fausses divinités. Chers jeunes, à vous aussi, il vous dit: Je suis le Seigneur ton Dieu, qui désire te guider vers la plénitude de la vie: ne me remplace pas par quelque chose d'autre".

Aujourd'hui, il existe une forte tendance à remplacer le vrai Dieu par de faux dieux et des idéaux mensongers. Les idoles sont les biens matériels. S'ils sont recherchés et utilisés comme des moyens et des instruments pour le bien, ils peuvent nous aider. Ils ne doivent cependant jamais occuper la première place dans le coeur de l'homme, encore moins des jeunes, appelés à s'élever vers les idéaux les plus beaux et les plus nobles!

Le nom de Dieu est Père, Amour, Fidélité, Miséricorde. Comment ne pas désirer que tous le connaissent et l'aiment. Son jour - le samedi, devenu pour nous chrétiens le dimanche, jour de la résurrection du Seigneur - est une anticipation de la terre promise. Comment ne pas le sanctifier avec la participation à l'Eucharistie, rencontre de fête de la communauté chrétienne?


6. "Aime ton prochain". Les autres sept commandements font référence aux relations avec le prochain. Ils nous indiquent la voie, pour établir avec les autres êtres humains des relations à l'enseigne du respect et de l'amour, sur le fondement de la vérité et de la justice.

Celui qui met en pratique cette loi divine, se trouve très souvent à contre courant. Jeunes de l'Ukraine, le Christ vous demande de marcher à contre courant! Il vous demande d'être les défenseurs de sa loi, et de la traduire en comportements cohérents dans la vie de chaque jour. Cette loi antique et toujours actuelle trouve dans l'Evangile son parfait accomplissement. C'est l'amour qui vivifie l'existence et c'est à un amour vrai, libre et profond que conduit l'observance fidèle des dix commandements. Avec cette loi divine solidement ancrée dans le coeur, vous ne devez pas avoir peur: vous vous réaliserez vous-mêmes en plénitude et vous contribuerez à l'édification d'un monde plus solidaire et plus juste.


7. Chers jeunes, votre peuple est en train de vivre un passage difficile et complexe du régime totalitaire qui l'a opprimé pendant de nombreuses années à une société finalement libre et démocratique. La liberté requiert cependant des consciences fortes, responsables, mûres. La liberté est exigeante et, dans un certain sens, elle coûte plus que l'esclavage!

C'est pourquoi, en vous embrassant comme un père, je vous dis: choisissez la voie étroite que le Seigneur vous indique à travers ses commandements. Ce sont des paroles de vérité et de vie. Souvent, la route qui semble large et aisée se révèle ensuite trompeuse et fausse. Ne passez pas de l'esclavage du régime communiste à celui de la consommation, une autre forme de matérialisme qui, même sans rejeter Dieu par les mots, le nie cependant dans les faits, en l'excluant de la vie.

Sans Dieu, vous ne pourrez rien faire de bon. Avec son aide, en revanche, vous pourrez affronter tous les défis du moment présent. Vous réussirez également à accomplir des choix exigeants, à contre courant, comme par exemple celui de rester avec confiance dans votre pays, sans céder aux mirages de fortunes faciles à l'étranger. Chers jeunes, votre pays a besoin de vous, ici, afin que vous offriez votre contribution pour améliorer les conditions sociales, culturelles, économiques et politiques du pays. Votre pays requiert les qualités dont vous êtes riches, pour l'avenir de votre terre, qui possède un glorieux passé.

L'avenir de l'Ukraine dépend en bonne partie de vous et des responsabilités que vous saurez assumer. Dieu ne manquera pas de bénir vos efforts, si vous fondez votre vie sur le service généreux à la famille et à la société, en plaçant le bien commun avant les intérêts privés. L'Ukraine a besoin d'hommes et de femmes qui se consacrent au service de la société, en ayant pour objectif la promotion des droits et du bien-être de tous, à commencer par les plus faibles et les déshérités. Telle est la logique de l'Evangile, mais également la logique qui fait croître la communauté civile. En effet, la véritable civilisation ne se mesure pas seulement au progrès économique, mais principalement au développement humain, moral et spirituel d'un peuple.


8. Très chers jeunes! Je rends grâce à Dieu qui m'a donné la joie de vous rencontrer. Avant de vous quitter, je voudrais ajouter une dernière parole: aimez l'Eglise! Elle est votre famille et l'édifice spirituel dont vous êtes appelés à être les pierres vivantes. Elle présente ici un visage particulièrement fascinant en raison des diverses traditions qui l'enrichissent. Dans un esprit de fraternité, cheminez et grandissez unis comme aujourd'hui, afin que les diverses traditions ne soient pas un motif de division, mais plutôt une invitation à la connaissance et à l'estime réciproque.

Que la Vierge Marie vous accompagne sur ce chemin, elle qui est si vénérée sur la terre d'Ukraine. Aimez-la et écoutez-la. Elle vous enseignera à faire de vous-mêmes un don sincère et généreux à Dieu et aux frères. Elle vous poussera à chercher dans le Christ la plénitude de la vie et de la joie. Vous serez ainsi, dans l'Eglise, la nouvelle génération de saints de votre terre, fidèles à Dieu et à l'homme, des apôtres de l'Evangile en premier lieu parmi les jeunes de votre âge.

Que votre nourriture spirituelle soit le Pain eucharistique, qu'elle soit le Christ! Nourris par Lui dans l'Eucharistie, vous resterez toujours dans son amour et vous porterez beaucoup de fruit. Et si la route devient parfois difficile, si le chemin de la fidélité à l'Evangile vous apparaît trop exigeant, car il demandera des sacrifices et des choix courageux, rappelez-vous de notre rencontre. Vous pourrez ainsi revivre l'enthousiasme de la profession de foi que nous avons faite aujourd'hui: "Seigneur, à qui irons nous? Tu as les paroles de la vie éternelle!". Répétez-la et n'ayez pas peur! Le Christ sera votre force et votre joie.

Très chers amis! Le Pape vous aime et vous considère comme les sentinelles d'une nouvelle d'espérance. Il rend grâce à Dieu vous votre générosité, alors que je prie avec affection pour vous et que je vous bénis de tout coeur.

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Au terme de la célébration, le Saint-Père ajoutait les paroles suivantes en polonais:

Je salue cordialement les pèlerins de langue polonaise.
Chers jeunes amis, vous êtes ici, dans la communauté des jeunes de votre âge, pour rencontrer le Pape et pour écouter ce qu'il a à vous dire. Je désire donc vous dire ce que j'ai dit à toute l'Eglise au terme du grand Jubilé de l'An 2000: Duc in altum! Prends le large! Ne te laisse pas gagner par le découragement qui peut naître de la crise des relations sociales, de tes échecs dans la recherche d'un sens de la vie quotidienne, ou par tout autre conditionnement du monde d'aujourd'hui. Ne perd jamais le Christ de vue! Fixe en esprit son visage - le visage du Fils de Dieu incarné, du Maître, du Guérisseur, du Serviteur martyrisé du Seigneur, du Seigneur ressuscité. Vois dans ses yeux combien il t'aime! N'aies pas peur de cet amour! N'aies pas peur d'y répondre avec un amour sincère, juvénile! Que cet amour modèle ton monde, ta personnalité et tes relations humaines! Avec le Christ, prends le large de ta propre humanité! Ne perds pas l'espérance! La fidélité à son appel produira des fruits de bien dans ta vie.

Chers jeunes! Rappelez-vous des martyrs. Rappelez-vous le prix élevé que payèrent vos grands-parents et vos parents pour conserver la fidélité au Christ et à l'Eglise. Que leur foi, leur espérance et leur charité portent des fruits dans votre coeur.

Je vous prie de transmettre mes salutations dans vos familles, dans vos écoles, sur vos lieux de travail. Portez-les aux jeunes de votre âge. Je vous garde tous dans mon coeur et je vous embrasse avec ma prière. Je prie Dieu afin que vous soyez la génération qui établira les solides fondations de l'édifice de la foi des générations du troisième millénaire. Que Dieu vous bénisse!

Le Saint-Père ajoutait ensuite quelques mots en russe:

Je suis heureux de saluer les jeunes qui sont venus de Russie. Très chers amis, merci de votre présence! En rentrant chez vous, apportez à vos familles et à vos amis mon salut et témoignez de la joie de cette rencontre par votre fidélité au Christ. Apportez ma Bénédiction à tous. Que la Madone vous accompagne!

Le Pape poursuivait en ukrainien:

Mes très chers et bien-aimés jeunes, je vous remercie beaucoup de cette splendide soirée.

Le Saint-Père concluait en polonais:

A la fin, le soleil est apparu; là où il y a des jeunes le soleil apparaît.


Discours 2001 - Samedi 23 juin 2001, Palais Présidentiel “Mariyinskyi”, Kiev