Discours 2001 - AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DE LA SAINTE-FAMILLE DE NAZARETH


MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS À LA HUITIÈME ÉCOLE D'ASTROPHYSIQUE ET AUX BIENFAITEURS DE L'OBSERVATOIRE DU VATICAN



Aux participants à la Huitième Ecole d'astrophysique de l'Observatoire du Vatican

La Huitième Ecole d'astrophysique de l'Observatoire du Vatican est la dernière d'une série d'écoles qui a réuni, au cours des quinze dernières années, plus de deux cents jeunes étudiants et leurs professeurs, provenant de tous les continents. Ils sont venus de plus de cinquante nations, dont beaucoup de pays en voie de développement. Depuis le début, les Ecoles ont pour but de partager les résultats les plus récents de la recherche astrophysique avec les jeunes élèves, à un moment important de leur formation professionnelle. Leur but est aussi de contribuer au progrès des pays en voie de développement en familiarisant certains des jeunes les plus doués aux meilleures pratiques et théories scientifiques actuelles dans ce domaine.

Le coeur de ces Ecoles est constitué par l'échange de connaissances professionnelles et d'expériences personnelles entre les professeurs et les étudiants. Vos relations d'amitié personnelles et professionnelles, qui comprennent un grand nombre de différences politiques, culturelles et religieuses, sont l'un des fruits les plus précieux de l'Ecole et je prie afin que ces liens puissent se prolonger dans les années à venir.

Dans le cadre de l'Ecole de cette année, vous avez étudié l'état final des étoiles lorsqu'elles ont épuisé leurs sources d'énergie normales. Ceci conduit à examiner quelques-unes des caractéristiques les plus fondamentales de l'univers et nous fait inévitablement penser à notre destin au sein de cet univers. Le désir de comprendre la création et la place que nous y occupons selon les canons rigoureusement scientifiques est l'une des plus nobles aspirations humaines; et je suis certain que l'Ecole vous incitera à approfondir vos connaissances scientifiques de façon à ce que ce monde troublé et en rapide évolution puisse bénéficier de votre dévouement à en comprendre les mystères.

L'étude de la nature astrophysique des résidus d'étoiles peut sembler avoir bien peu de lien avec l'amélioration de l'humanité. Cependant, ceux qui examinent de près la réalité, comme les scientifiques, les artistes, les philosophes ou les théologiens et ceux qui luttent pour améliorer les conditions économiques, sociales et politiques des peuples du monde, comprennent vite que tout ce qui est vrai, bon et beau a sa source ultime et unique dans l'Unique en qui "nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Ac 17,28). Votre recherche en astrophysique n'est pas un luxe éloigné des préoccupations quotidiennes des personnes et sans rapport avec l'édification d'un monde plus humain. Votre activité de scientifiques est importante pour chacun d'entre nous, spécialement quand votre vision empirique de la réalité conduit à une compréhension de la personne humaine en tant qu'élément intégré à l'univers créé, c'est-à-dire, quand il conduit à la sagesse, qui est au coeur de tout humanisme authentique.

Toutefois, notre compréhension de nous-mêmes et de l'univers n'atteindra un niveau de véritable sagesse que si nous sommes ouverts aux différents moyens à travers lesquels l'esprit humain parvient à la connaissance: la science, l'art, la philosophie et la théologie. Votre recherche scientifique sera profondément créative et bénéfique à la société quand elle contribuera à unifier le savoir dérivant de ces différentes sources, et conduira à un dialogue fructueux avec ceux qui travaillent dans d'autres domaines de recherche. Je suis certain que les Ecoles d'astrophysique de l'Observatoire du Vatican apportent une contribution précieuse à une telle vision unitaire de la connaissance.

A cette occasion, je désire également remercier ceux d'entre vous qui soutiennent le travail de l'Observatoire du Vatican. A travers l'intérêt que vous démontrez pour l'Observatoire, vous partagez l'itinéraire de ces jeunes chercheurs alors qu'ils cherchent à comprendre un univers qui se révèle lentement dans toute son immensité et son mystère. La science a certainement constitué l'une des lumières qui a guidé l'humanité au cours de son voyage dans le temps; mais, alors que nous cherchons à unifier notre savoir scientifique avec tout ce que nous connaissons sur les êtres humains, nous avons le sentiment que nous sommes conduits vers d'autres réalités encore plus mystérieuses et que notre soif de connaissance est incomplète si elle ne suscite pas en nous le désir de donner et de recevoir l'amour.

En vous saluant aujourd'hui, les mots du Psaume me viennent à l'esprit: "Yahvé, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre! A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est donc le mortel, que tu t'en souviennes, le fils d'Adam que tu le veuilles visiter?" (Ps 8,2 Ps 8,4-5). Avec mes sincères remerciements pour votre contribution à notre connaissance du cosmos et de l'Amour qui donne la vie, j'invoque sur vous les abondantes Bénédictions de Dieu, dont le nom est grand par tout l'univers.

Du Vatican, le 2 juillet 2001



AUX ÉVÊQUES DE CUBA À L'OCCASION DE LEUR VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 6 juillet 2001



Chers frères dans l'épiscopat,

1. C'est avec un grand plaisir que je vous reçois aujourd'hui, Pasteurs de l'Eglise de Dieu en pèlerinage à Cuba qui, au cours de ces journées, accomplissez votre visite "ad limina" à travers laquelle vous renouvelez votre communion avec le Successeur de Pierre et vous vénérez avec dévotion les tombes des Princes des Apôtres, piliers de l'Eglise et fidèles au Christ jusqu'à l'effusion du sang.

En outre, vous avez participé à des rencontres importantes avec les dicastères de la Curie romaine et, dans un climat de prière et de réflexion, vous avez exprimé les motifs de joie et d'espérance, de préoccupation et de douleur, que vit la partie du Peuple de Dieu qui est confiée à vos soins pastoraux.

Je remercie de tout coeur Mgr Adolfo Rodríguez Herrera, Archevêque de Camagüey et Président de la Conférence épiscopale, pour les paroles affectueuses qu'il m'a adressées au nom de tous, exprimant ainsi votre union et celle de vos communautés ecclésiales. En effet, je connais bien votre solide communion avec le Siège de Pierre et vous pouvez être certains de mon affection et de ma proximité dans toutes les vicissitudes de votre activité pastorale.


2. Votre présence ici me rappelle ma visite pastorale à Cuba, en 1998. Il s'est agi de journées intenses au cours desquelles j'ai pu apprécier la chaleur et l'accueil du peuple cubain. En cette occasion mémorable, j'ai laissé un message pastoral qui continue à vous aider à animer la vie de l'Eglise et à encourager chacun à l'espérance. Je suis heureux d'apprendre que, depuis cette époque, plusieurs choses, d'une importance particulière pour vous, se sont améliorées, telles que, par exemple, le rétablissement de la solennité de Noël, la possibilité d'accomplir certaines processions - qui font partie de la riche piété populaire -, une plus grande participation des catholiques à la vie du pays, la présence de jeunes cubains à la XVe Journée mondiale de la Jeunesse à Rome au cours de l'année jubilaire, ou encore l'augmentation considérable de la participation des fidèles aux Sacrements.

Toutefois, il existe d'autres aspects pour lesquels aucun résultat satisfaisant n'a encore été obtenu, mais il est souhaitable que, avec la bonne volonté de tous, l'on parvienne à une solution juste et opportune.


3. A l'occasion de la conclusion du grand Jubilé de l'Incarnation, j'ai invité toute l'Eglise à marcher en partant du Christ, qui est "le même hier, aujourd'hui et à jamais" (He 13,8), en accueillant avec un enthousiasme renouvelé ses paroles "Duc in altum" (Lc 5,4) et en s'ouvrant avec confiance à l'avenir. Chers Evêques de Cuba, en écoutant mes paroles vous avez approuvé le Programme général pour la pastorale 2001-2006 avec un dynamisme missionnaire pleinement en harmonie avec la soif de Dieu de votre peuple qui, comme j'ai eu l'occasion de vous le dire à La Havane, "possède une âme chrétienne" (cf. Homélie du 25 janvier 1998; cf. ORLF n. 6 du 10 février 1998). La foi et les valeurs que proclame l'Evangile sont une richesse que l'on doit jalousement préserver, car elle se trouve à la racine de l'identité culturelle nationale, aujourd'hui menacée, comme en d'autres lieux, par une culture de masse informe, qui est contenue dans certains aspects du processus de mondialisation.

Grâce à la réalisation de ce plan, des centres de réunion pour la communauté catholique ont été ouverts dans de nombreux lieux, en particulier dans des quartiers et des villages où, pendant de nombreuses années, il n'a pas été possible de construire de nouvelles églises. Cela s'est révélé être une méthode d'évangélisation en harmonie avec le Programme pastoral susmentionné, avec des familles qui ouvrent leurs portes et qui désirent être des communautés vivantes et dynamiques. Le nom de "Maisons de Mission ou de Prière", qui désigne ces centres, s'adapte bien à l'appel à évangéliser tous les milieux. En effet, ceux-ci doivent être de véritables écoles dans lesquelles transmettre la foi et éduquer à celle-ci, en l'alimentant dans le même temps par la prière. Je vous encourage donc à continuer à annoncer l'Evangile avec créativité à tous les Cubains et à soigner la formation des animateurs de ces centres.

Dans le Message jubilaire, j'affirmais que Cuba vit "une heure historique". C'est pourquoi, en tant que pasteurs de tout le peuple fidèle, vous devez continuer à illuminer les consciences des Cubains, en les orientant vers un dialogue persévérant et une réconciliation sincère. Il ne faut pas vous laisser gagner par le découragement face à cette tâche difficile, même si votre voix devait être la seule à s'élever ou que vous fussiez "des signes en butte à la contradiction" (cf. Lc 2,34). Bien que vous ne recherchiez pas l'affrontement, l'Eglise est consciente du fait que les projets du Seigneur ne coïncident pas toujours avec les critères du monde, ils les contredisent même parfois.

En accueillant chaque jour avec une vigueur renouvelée les paroles du Seigneur, "Duc in altum", guidez avec courage la destinée de cette Eglise si fervente, qui, par le passé, a donné de si nombreuses preuves de fidélité. Encouragez les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses, les séminaristes et les laïcs à "prendre le large" dans leur service à l'Eglise et au peuple, en restant fidèles au Christ et à leur patrie, qui a tant besoin d'eux. Que tous marchent sans se décourager, en allant au contraire de l'avant avec de nouveaux projets qui donnent un sens et une espérance à leur vie.


4. Vous êtes tout à fait conscients de votre responsabilité de transmettre le message du Christ comme "de vrais et authentiques maîtres de la foi, pontifes et pasteurs" (Christus Dominus CD 2). Ce message doit être proclamé dans sa totalité et sa beauté, sans négliger ses exigences et en gardant à l'esprit que la croix fait partie du chemin entrepris par le Christ, un chemin que parcourent également ses disciples. Guidés par l'unique Maître qui a les "paroles de la vie éternelle" (Jn 6,68), les hommes et les femmes de Cuba doivent savoir trouver un sens transcendant renouvelé à donner à leur vie, en accueillant l'amour divin et en constatant l'ouverture, devant eux, de nombreuses possibilités de réalisation personnelle et sociale.

La foi en Jésus-Christ, vous le savez bien, agit dans l'être humain de façon totalement différente des idéologies, qui sont passagères et qui consument les énergies des hommes et des peuples en vue d'objectifs terrestres, dont un grand nombre est d'ailleurs irréalisable. C'est pourquoi il est toujours plus urgent de présenter la richesse insondable de la spiritualité chrétienne en ce début de millénaire, face à un monde las des vieilles idéologies qui, ayant perdu leur attrait du début, ont laissé chez de nombreuses personnes un vide profond et dans leur vie un manque de sens.


5. Dans l'exercice du "munus docendi", l'Eglise, à travers ses ministres, est également appelée à illuminer par la lumière de l'Evangile les thèmes temporels et sociaux (cf. Lumen gentium LG 31), en faisant en sorte que ses membres soient "des témoins, des agents de paix et de justice" (cf. Sollicitudo rei socialis). C'est pourquoi elle promeut une éducation aux valeurs authentiques, qui, dans le même temps, libère et fasse participer, comme vous l'avez vous-même indiqué dans votre Programme général. A ce propos, j'ai déjà eu l'occasion de signaler à Camagüey que "l'Eglise a le devoir d'apporter une formation morale, civile et religieuse" accomplissant ainsi "une semence de vertu et de spiritualité pour le bien de l'Eglise et de la nation" (Homélie du 23 janvier 1998, n. 3; cf. ORLF n. 4 du 27 janvier 1998). Les laïcs, quant à eux, en bénéficiant de cette activité de l'Eglise, pourront persévérer dans leur noble engagement de proposer et de promouvoir de nouvelles initiatives pour la société civile, sans jamais chercher l'affrontement, mais la justice. Leurs efforts seront soutenus par l'exemple du serviteur de Dieu, le R.P. Félix Varela, qui prodigua tous ses efforts à la formation d'hommes de conscience, en ayant deux principaux soucis: que la vie sociale et politique soit fondée sur l'éthique et que l'éthique soit alimentée par la foi chrétienne.


6. Comme je l'ai dit à l'occasion de mon voyage pastoral à Cuba, l'Eglise doit présenter aux chrétiens, et à ceux qui ont à coeur le bien du peuple cubain, les enseignements de sa Doctrine sociale. Sa proposition d'une éthique sociale, qui sublime la dignité humaine, révèle les possibilités et les limites de l'être humain, et également des institutions publiques ou privées, au sein d'un projet de croissance et de développement orienté vers le bien commun et le respect des droits humains.

A ce propos, je désire rappeler que ces droits doivent être intégralement respectés, du droit à la vie de l'enfant à naître jusqu'à la mort naturelle de la personne, sans exclure aucun droit individuel ou social, qu'il s'agisse du droit à l'alimentation, à la santé, à l'instruction, ou qu'il s'agisse du droit de jouir des libertés de mouvement, d'expression ou d'association.

Dans le monde entier, les droits de l'homme sont un projet qui n'est pas encore complètement réalisé, mais ce n'est pas pour autant que l'on doit renoncer à la ferme intention de les respecter, car ils découlent de la dignité particulière de l'homme en tant qu'être créé par Dieu, à son image et ressemblance (cf. Gn 1,26). Quand l'Eglise se préoccupe de la dignité de la personne et de ses droits inaliénables, elle ne fait rien d'autre que veiller afin que l'homme ne subisse aucun dommage ou atteinte à ses droits, à cause d'autres hommes, des autorités de son pays ou d'autorité de pays étrangers. Cela exige la justice, que l'Eglise promeut dans les relations entre les hommes et les peuples. Au nom de cette justice, j'ai clairement dit dans votre pays que les mesures économiques restrictives imposées de l'extérieur étaient "injustes et éthiquement inacceptables" (cf. Discours de départ, 25 janvier 1998; ORLF n. 6, du 10 février 1998) et continuent de l'être. Mais je désire rappeler avec tout autant de clarté que l'homme a été créé libre et que, en défendant cette liberté, l'Eglise agit au nom de Jésus, qui est venu libérer l'être humain de toute forme d'oppression.

Quant à vous, en qualité d'évêques catholiques de Cuba, vous réclamez la justice, la liberté et une plus grande solidarité; vous n'avez pas l'intention de défier quiconque, mais vous accomplissez votre mission en souhaitant pour le peuple cubain une vie solidement fondée sur la vérité à propos de l'homme. C'est pourquoi je vous encourage à poursuivre votre travail patient en faveur de la justice, de la véritable liberté des fils de Dieu et de la réconciliation entre tous les Cubains, qu'ils vivent sur l'île ou ailleurs, sans épargner les efforts de réconciliation qui permettent de développer toujours plus le travail caritatif de l'Eglise dans la promotion humaine de la population.


7. Avec vous, et sous votre autorité pastorale et votre direction, travaillent des prêtres, des religieux et des religieuses, dont le nombre est malheureusement encore insuffisant pour répondre à toutes les nécessités. En pensant à eux, les paroles suivantes du Seigneur reviennent spontanément à l'esprit: "La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux" (Mt 9,38). Je pense souvent à eux et je désire leur exprimer mes remerciements pour tout ce qu'ils accomplissent en vue de la croissance de l'Eglise et pour les besoins du peuple cubain. L'esprit missionnaire, si vif chez de nombreux fils de l'Eglise, nous pousse à souhaiter que l'on facilite toujours plus la venue de nouveaux prêtres et de religieux qui désirent se consacrer à la mission sur leur belle île, ce qui constituera certainement un bénéfice pour tous.

Préoccupés par le nombre insuffisant des personnes consacrées à la mission, vous vous efforcez de promouvoir et de suivre avec attention une pastorale des vocations. Celle-ci doit tout d'abord être accompagnée par une prière assidue, car il faut demander au Seigneur d'envoyer de nouveaux ouvriers à sa moisson (cf. Ibid.). D'autre part, les candidats doivent être guidés avec prudence et compétence afin de pouvoir franchir toutes les étapes nécessaires pour suivre le Christ dans la vie sacerdotale ou religieuse. La croissance importante du nombre des vocations constitue un motif d'espérance. A ce propos, et pour faciliter ce processus, il faudrait penser, là où cela est possible, à créer des petits séminaires qui puissent accueillir les jeunes avant qu'ils ne commencent leurs études de philosophie et de théologie, de façon à leur offrir une formation complète sur la base des principes moraux chrétiens. La construction, désormais proche, du nouveau séminaire dans la capitale - dont j'ai béni la première pierre - et les progrès des séminaires propédeutiques et de philosophie existant, faciliteront la préparation spirituelle et intellectuelle des futurs prêtres autochtones dans de meilleures conditions et permettront aux séminaristes de tout le pays de se préparer de façon adéquate à servir leur peuple.


8. A Cuba, les laïcs engagés qui s'efforcent, dans leur milieu, de conduire une vie cohérente avec leur foi, ne manquent pas. Ils sont conscients des difficultés qu'un grand nombre d'entre eux doivent affronter en raison de leur foi, car, comme cela est également le cas en d'autres lieux, les conditionnements extérieurs ne facilitent pas la pratique des enseignements de l'Eglise. Votre devoir est donc de les encourager et de les aider à mettre en pratique leurs choix de chrétiens.

Continuez donc à leur proclamer avec force les enseignements sur le mariage et la famille, l'accueil des enfants comme don de Dieu et printemps de la société, en les invitant tous à collaborer, sans aucune exception, au bien commun et au progrès de la nation. Qu'ils gardent toujours à l'esprit les paroles du Seigneur "Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5,13-14) et, en conséquence, qu'ils continuent à être, chacun selon ses possibilités, des missionnaires enthousiastes, des annonciateurs et des témoins du Christ, mort et ressuscité, en sachant qu'ils contribuent ainsi à la mission de l'Eglise et à l'élévation morale de leur peuple, toujours plus assoiffé de spiritualité et de valeurs religieuses élevées.


9. Chers frères, j'ai voulu réfléchir avec vous sur certains aspects de votre activité pastorale. En rentrant à Rome - à la fin de mon voyage apostolique sur votre terre -, je vous disais que je le faisais "avec une grande espérance dans l'avenir, en voyant la vitalité de cette Eglise locale. Je suis conscient de l'importance des défis qui se présentent à vous, mais également de l'esprit juste qui vous anime et de votre capacité à les affronter" (cf. Rencontre avec les membres de la Conférence des Evêques catholiques de Cuba, 25 janvier 1998; ORLF n. 6 du 10 février 1998). Aujourd'hui, je vous renouvelle ces sentiments et je vous prie, en outre, de faire parvenir mon salut affectueux à tous les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles, ainsi qu'à tout le peuple cubain.

Transmettez de façon particulière ma proximité et ma sollicitude pastorale à tous ceux qui souffrent, les personnes âgées et les malades, les détenus, les familles divisées, ceux qui sont découragés ou privés d'espérance. Chacun d'entre eux occupe une place dans le coeur et la prière du Pape.

Me tournant en esprit vers le Sanctuaire du Cobre et agenouillé devant l'image de la Vierge de la Charité, Mère et Reine de Cuba, que j'ai eu la joie de couronner et dont "le nom et l'image sont gravés dans l'esprit et dans le coeur de tous les Cubains, à l'intérieur et à l'extérieur de la patrie, comme signe d'espérance et centre de communion fraternelle" (Homélie à Santiago, 24 janvier 1998, n. 6; cf. ORLF n. 5, du 3 février 1998), je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à vos fidèles, une Bénédiction apostolique spéciale.


  AUDIENCE AUX MEMBRES DE LA CONGRÉGATION MÉCHITARISTE ARMÉNIENNE

Samedi 7 juillet 2001


Chers religieux de la Congrégation méchitariste arménienne!

1. Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui, à l'occasion du troisième centenaire de la fondation de votre Institut. Ma pensée se tourne vers la noble figure de l'Abbé Méchitar, qui se distingue de manière originale, et je dirais même prophétique, dans le cadre de l'Orient chrétien et de ses rapports avec l'Eglise de Rome. Nous le sentons présent spirituellement à l'occasion de notre rencontre. Il s'est certainement réjoui dans le Ciel de la récente réunification des deux branches de votre Congrégation, fruit du désir de rechercher ensemble les racines du charisme de votre vie monastique afin de servir, dans un esprit renouvelé et dans la concorde, les nouvelles nécessités du peuple arménien.

Avec la vie de Méchitar de Sebaste, l'histoire de la spiritualité monastique arménienne atteint son point culminant. A une période de forte décadence, due notamment à des circonstances socio-politiques particulières, Méchitar a compris que la sainteté représentait le moyen le plus élevé de redonner la dignité, la vigueur et le sens de l'engagement moral et civil à son peuple. Il fut tout d'abord un chercheur de Dieu, ainsi que tout moine est appelé à l'être. Il voulut l'être dans le contexte précis de la vie monastique arménienne, reconnaissant en celle-ci une réserve inépuisable de sainteté et, dans le même temps, un cadre singulier d'approfondissement culturel des valeurs de la tradition, grâce aux célèbres académies et à l'institution du "vardapet", le moine-docteur, chargé de diffuser la doctrine chrétienne, à travers la prédication et la formation de disciples.


2. Alors qu'il n'était encore qu'un jeune homme, Méchitar entreprit un pèlerinage qui le conduisit dans de nombreux monastères d'Arménie. Il savait ce qu'il cherchait et, quand ses attentes étaient déçues, parce que la proposition chrétienne, les modalités de vie commune ou la qualité de l'engagement intellectuel ne lui paraissaient pas à la hauteur de ce qu'il considérait être les besoins spirituels de son peuple, il se rendait ailleurs, à la recherche d'autres sources d'enrichissement.

Au cours de ce pèlerinage, il rencontra également des religieux latins, tirant de la connaissance de leur spiritualité de nouveaux motifs de réflexion, sans cesser toutefois de rester fidèle à l'authentique tradition arménienne. Ce contact entre l'Orient et l'Occident ne constitua pas seulement une partie de son expérience personnelle, mais marqua profondément la culture et l'identité même du peuple arménien. Les circonstances historiques contribuèrent dans une large mesure à conduire Mechitar et le groupe de moines qu'il avait fondé à s'installer à Venise, pont naturel d'un Occident tendu vers l'Orient. Dès lors, l'île de Saint-Lazare devint "la petite Arménie" et, aujourd'hui encore, elle constitue le but de pèlerinages et le lieu où se développe et se renforce l'identité nationale, portant d'abondants fruits spirituels et culturels.


3. Un élément caractéristique de la spiritualité méchitariste est la recherche de la sainteté, à travers une intense vie de prière et un engagement non moins exigeant d'approfondissement culturel, centré principalement sur les grandes sources patristiques arméniennes. Méchitar voulait éviter que le moine-docteur arménien ne se perde dans une vie d'errance, égarant le sens profond de son identité. Pour cette raison, il établit que les moines conduisent une vie commune dans le monastère, dans l'obéissance. Les monastères devinrent ainsi des centres de formation spirituelle et d'approfondissement culturel et exercèrent une influence extraordinaire sur cette aristocratie intellectuelle qui fut en grande partie à l'origine de la renaissance culturelle, politique et sociale du peuple arménien au cours des époques successives.

Il faut reconnaître en particulier à Méchitar et à ses moines le mérite d'avoir oeuvré et d'oeuvrer encore en vue de la pleine recomposition de l'unité entre l'Eglise d'Occident et les Eglises d'Orient. La communion avec le Siège de Rome était, pour Méchitar, un élément imprescriptible de la foi, notamment parce qu'il voyait dans cette communion l'accomplissement d'une aspiration présente depuis toujours chez de nombreux Arméniens, dont un grand nombre d'ecclésiastiques de haut rang. Il était convaincu que la foi de l'Eglise arménienne, au-delà des différentes terminologies théologiques et des incompréhensions historiques, jouissait de la pleine orthodoxie et que la communion avec Rome ne pouvait qu'en constituer la conséquence logique. Pour cela, il s'en tint toujours avec une fidélité scrupuleuse et exemplaire à la théologie, à la liturgie et à la spiritualité des Pères arméniens, se préoccupant d'en transmettre intégralement le riche patrimoine aux générations successives.


4. Chers fils de Méchitar, c'est à vous qu'il revient de recueillir cet héritage et de le faire revivre. Vous avez vécu des temps difficiles, qui ont mis à dure épreuve votre communauté. Il faut maintenant accompagner avec clairvoyance les signes de renaissance que l'on entrevoit dans les différents domaines de l'Eglise.

Le premier engagement est d'approfondir la connaissance de votre peuple afin de savoir répondre de manière adéquate à ses attentes. N'ayez pas peur de vous ouvrir à de nouveaux horizons, en réexaminant et en mettant à jour d'anciennes présences si les priorités actuelles le requièrent. A ce propos, en conduisant certaines de vos activités, il pourra être opportun de recourir à la collaboration de fidèles laïcs qui verraient ainsi mieux valorisée leur contribution spécifique.

Qu'au centre de votre existence quotidienne, demeure toujours la vie monastique: Puissent la recherche personnelle de Dieu, la fréquentation assidue de l'Ecriture Sainte, la référence constante aux écrits des Pères arméniens, la célébration fidèle, pleine, sereine, complète de la prière de l'Eglise arménienne être pour vous les sources d'où vous tirez votre force quotidienne. Sur ce chemin de la redécouverte monastique commune, la coopération avec vos frères de l'Eglise arménienne apostolique vous aidera beaucoup. Elle constituera un nouvel exemple de cet "oecuménisme de frontière" que le monachisme peut réaliser, s'il ne s'enferme pas dans l'isolement et le fondamentalisme mais sait accueillir, au nom de la recherche commune du visage du Père, le frère qu'il rencontre sur le même chemin.


5. Votre histoire et les intuitions de votre Fondateur vous mettent dans une situation privilégiée en ce qui concerne le dialogue oecuménique. Vous êtes aimés et estimés par tous vos frères arméniens qui se tournent vers vous avec confiance et vénération. Soyez à la hauteur d'une telle vocation extraordinaire. Mettez à disposition de l'Eglise catholique arménienne les instruments de votre connaissance et soyez avec elle un ferment d'ouverture pastorale, dans la pleine fidélité à l'esprit de vos Pères. Grâce à votre contribution, le dialogue entre les Arméniens apostoliques et les Arméniens catholiques se renforcera, notamment à la lumière d'acquisitions spirituelles nouvelles et plus fortes.

Redécouvrez en plénitude l'engagement d'approfondissement du patrimoine théologique et, plus largement, de la richesse culturelle de votre nation ainsi que le voulait votre Fondateur. Dotez-vous d'instruments mis à jour et de compétences nouvelles de façon à conserver et à renouveler l'amour de l'étude que saint Nerses de Lambron considérait comme le signe de l'amour divin et que Méchitar voulut comme caractère distinctif de son institution monastique. Je suis certain que c'est ce que votre Patrie, l'Arménie, et l'Eglise apostolique arménienne elle-même, attendent de vous dans un esprit de coopération et d'ouverture oecuménique.


6. Souvenez-vous que la pauvreté est une caractéristique imprescriptible de la vie monastique. Que votre richesse soit le Seigneur que vous portez dans votre coeur. Considérez les trésors de l'art et de l'histoire que votre peuple vous a confiés comme de véritables reliques, en particulier les manuscrits qui contiennent l'histoire vivante des hommes et des événements, en en conservant le souvenir pour les générations futures. Que le passé vous enseigne à ne pas confondre la prospérité matérielle avec la profondeur de la vie spirituelle: souvent, la prospérité suscite des avidités idolâtres qui minent la base même de l'expérience religieuse. C'est une leçon qu'il ne faut pas oublier. Eduquez vos jeunes à l'austérité qui, seule, rend le coeur léger et lui permet de regarder vers le haut pour chercher Dieu. Ayez fermement conscience d'être les gardiens fidèles et désintéressés de ce qui appartient à l'Eglise et à l'histoire de votre peuple.

Privilégiez en particulier la formation des jeunes moines, à travers une sélection attentive, prudente et progressive, exercée, au moins au cours de ses premières phases, sur les territoires d'origine des jeunes, de manière à éviter les dispersions et les faux espoirs. Eduquez-les à la profondeur dans la liberté, de façon à en faire des personnes responsables. Préparez vos jeunes à assumer progressivement les tâches adaptées à la formation reçue afin qu'ils deviennent des guides influents du Peuple de Dieu.


7. Très chers moines, ces trois cents années d'histoire de votre Congrégation sont une richesse pour l'Eglise universelle. Elle vous aime, vous estime et ne cessera pas de se prodiguer en faveur de votre croissance spirituelle et morale, reconnaissant en vous les fils du vénéré Abbé Méchitar, auquel va son admiration et sa gratitude.

Je vous confie à l'intercession maternelle de la Très Sainte Vierge, qui fut si proche de votre Fondateur. Qu'Elle vous assiste et vous protège, en obtenant pour vous du Seigneur toute grâce et consolation céleste.

Avec ces souhaits, je vous bénis tous de tout coeur.



MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS AU SOMMET DU G8




Au moment où, comme responsables des huit nations les plus développées du monde, vous vous apprêtez à réfléchir sur les problèmes les plus importants de la vie internationale, je désire vous assurer de ma proximité humaine et spirituelle. En même temps, je forme le voeu que, durant ces jours de labeur intense, aucune personne, ni aucune nation, ne soient exclus de vos préoccupations. Sans vous laisser écraser par le poids des questions particulières, je suis sûr que vous aurez à coeur de promouvoir une culture de la solidarité permettant de trouver des solutions concrètes aux nombreux problèmes qui angoissent nos frères dans leur existence et dans leurs rapports avec les autres: la paix, la pauvreté, la santé et l'environnement.

Souhaitant de tout coeur la réussite de votre rencontre, j'invoque sur vous la bénédiction du Dieu tout-puissant.

Du vatican, le 19 juillet 2001

IOANNES PAULUS PP II



Discours 2001 - AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DE LA SAINTE-FAMILLE DE NAZARETH