Discours 2001 - MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS AU SOMMET DU G8


DISCOURS LORS DE LA VISITE DU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS, S.E. M. GEORGES WALKER BUSH

Lundi 23 juillet 2001, Castel Gandolfo


Monsieur le Président,

1. C'est avec beaucoup de plaisir que je vous accueille à l'occasion de votre première visite depuis votre élection à la présidence des Etats-Unis. Je salue chaleureusement votre épouse et les membres de votre entourage. Je forme des voeux sincères afin que votre présidence renforce l'engagement de votre pays en faveur des principes qui inspirent la démocratie américaine depuis ses débuts et soutiennent la nation dans sa croissance remarquable. Ces principes demeurent toujours aussi valables, au moment où vous affrontez les défis du nouveau siècle qui s'ouvre devant nous.

Les pères fondateurs de votre nation, conscients des immenses ressources naturelles et humaines dont le Créateur a comblé votre pays, ont été guidés par un profond sens de responsabilité envers le bien commun, qui doit être poursuivi dans le respect de la dignité qui vient de Dieu et des droits inaliénables de tous. L'Amérique continue à se mesurer avec noblesse à sa vision fondatrice en édifiant une société de liberté, d'égalité et de justice régie par le droit. Au cours du siècle qui vient de s'achever, ces mêmes idéaux ont poussé le peuple américain à résister à deux systèmes totalitaires fondés sur une vision athée de l'homme et de la société.


2. Au début du nouveau siècle, qui marque aussi le début du troisième millénaire du christianisme, le monde continue à se tourner vers l'Amérique avec espoir. Mais il le fait maintenant avec en plus la conscience de la crise des valeurs qui frappe la société occidentale, toujours plus fragile face aux décisions éthiques indispensables pour l'avenir de l'humanité.

Au cours de ces derniers jours, l'attention du monde s'est concentrée sur le processus de mondialisation qui s'est tant accéléré au cours des dix dernières années et dont vous avez discuté à Gênes avec les autres responsables des pays industrialisés. Tout en appréciant les opportunités qu'offre ce processus pour la croissance économique et la prospérité matérielle, l'Eglise ne peut manquer d'exprimer sa préoccupation profonde pour le fait que notre monde continue d'être divisé, non plus entre les anciens blocs politiques et militaires, mais par une tragique ligne de partage entre ceux qui peuvent bénéficier de ces opportunités et ceux qui s'en voient privés. La révolution de la liberté, que j'évoquais devant les Nations unies en 1995, doit maintenant être suivie d'une révolution de l'opportunité, dans laquelle tous les peuples du monde contribuent activement à la prospérité économique et partagent ses fruits. Ceci requiert l'orientation de la part des nations dont les traditions religieuses et culturelles devraient rendre plus attentives à la dimension morale des problèmes posés.


3. Le respect de la dignité humaine et la croyance en l'égale dignité de tous les membres de la famille humaine requièrent des politiques permettant à tous d'avoir accès aux moyens nécessaires pour améliorer leur vie, y compris en termes de technologies et de compétences liées au développement. Le respect pour la nature de la part de tous, une politique d'ouverture envers les migrants, l'annulation ou une réduction significative de la dette des nations les plus pauvres, la promotion de la paix par le dialogue et la négociation, la primauté du droit: telles sont les priorités que les responsables des pays développés ne peuvent ignorer. Un monde global est d'abord un monde de solidarité! Du fait de l'importance de ses ressources, de ses traditions culturelles et de ses valeurs religieuses, l'Amérique a une responsabilité spéciale à cet égard.

Le respect de la dignité humaine trouve l'une de ses expressions les plus élevées dans la liberté religieuse. Ce droit est le premier inscrit dans la Déclaration des Droits de votre pays et il est significatif que la promotion de la liberté religieuse continue d'être un objectif important de la politique américaine au sein de la Communauté internationale. Je suis heureux d'exprimer la gratitude de l'Eglise catholique tout entière pour l'engagement de l'Amérique à cet égard.


4. Un autre secteur dans lequel les choix politiques et moraux ont les conséquences les plus importantes pour l'avenir de la civilisation est celui du respect du plus fondamental des droits de l'homme, le droit à la vie lui-même. L'expérience a déjà montré comment un tragique brouillage des consciences accompagne l'attaque contre la vie humaine innocente dans le sein maternel, conduisant au compromis et à l'acceptation d'autres maux tels que l'euthanasie, l'infanticide, et, plus récemment, de propositions visant à la création d'embryons humains pour la recherche, destinés à être détruits au cours du processus. Une société libre et vertueuse, telle que l'Amérique aspire à être, doit rejeter ces pratiques qui dégradent et violent la vie humaine à toutes ses étapes, de sa conception à sa mort naturelle. En défendant le droit à la vie, dans le droit et à travers une vigoureuse culture de la vie, l'Amérique peut montrer au monde le chemin d'un avenir véritablement humain dans lequel l'homme demeure le maître, et non le produit, de sa technologie.

Monsieur le Président, alors que vous assumez les devoirs de vos hautes fonctions, auxquelles vous a appelé le peuple américain, je vous assure de mon souvenir dans mes prières. J'espère qu'au cours de votre mandat, votre pays continuera à se servir de son héritage et de ses ressources pour aider à édifier un monde dans lequel chaque membre de la famille humaine puisse croître et vivre d'une manière conforme à sa dignité innée. Avec ces sentiments, j'invoque cordialement sur vous et sur le bien-aimé peuple américain, les Bénédictions de sagesse, de force et de paix de Dieu.

 


À L'ISSUE DU CONCERT OFFERT PAR L'"ACADEMIA MUSICAE PRO MUNDO UNO"

Dimanche 29 juillet 2001, Castel Gandolfo


L'écoute de cette belle exécution a suscité en mon âme des sentiments de reconnaissance envers le Seigneur et envers ceux qui ont voulu m'offrir ce don très apprécié. Ma pensée va, en particulier, au Maître Giuseppe Juhar, Président de l'"Academia Musicae Pro Mundo Uno", que je remercie des paroles courtoises qu'il m'a adressées et de l'empressement fidèle avec lequel, depuis plusieurs années, il propose ces rendez-vous musicaux, qui sont l'occasion d'une joie spirituelle renouvelée. En même temps que lui, je remercie son épouse et ceux qui ont collaboré à l'organisation de la manifestation artistique et musicale d'aujourd'hui.

Empli de reconnaissance, je félicite Maître Justus Frantz, ainsi que les jeunes musiciens de l'Orchestre "Philarmonie der Nationen" et en particulier le pianiste Christopher Tainton. Les mélodies de Tchaïkovski, exécutées avec un talent consommé, nous parlent d'une Europe "symphonique", dans laquelle les différentes traditions peuvent se rencontrer et s'harmoniser de manière significative. L'art peut, lui aussi, représenter un canal précieux pour encourager la connaissance, l'entente et la coopération solidaire entre les peuples. Je sais que c'est justement cet esprit qui anime votre Orchestre, composé de talents de différentes parties du monde. A travers des concerts et d'autres initiatives, vous entendez contribuer à la cause de la paix et de l'unité entre les hommes et les nations. Je vous souhaite de demeurer fidèles à cet idéal, surtout quand les responsabilités se font plus exigeantes et que l'engagement est mis à l'épreuve. Soyez toujours des artisans d'amitié et de fraternité. Soyez toujours "pro mundo uno"!

En invoquant sur vous la protection constante de la Très Sainte Vierge, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.



Août 2001



PAROLES D'INTRODUCTION DU SAINT PÈRE À LA CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE EN LA FÊTE DE LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR

Lundi 6 août 2001


Très chers frères et soeurs!

La solennité de la Transfiguration d'aujourd'hui revêt pour nous, à Castel Gandolfo, un ton intime et familier puisque, il y a vingt-trois ans, mon inoubliable prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, conclut précisément ici, dans ce Palais pontifical, son existence terrestre. Tandis que la liturgie invitait à contempler le Christ transfiguré, il terminait son chemin sur la terre et entrait dans l'éternité, où le saint visage de Dieu rayonne dans toute sa splendeur. C'est pourquoi, ce jour est lié à sa mémoire enveloppée du mystère particulier de lumière qui émane de cette solennité.

Le vénéré Pontife aimait souligner également un autre aspect du mystère de la Transfiguration, l'aspect "ecclésial". Il ne perdait aucune occasion de souligner que l'Eglise, Corps du Christ, participe en vertu de la grâce au même mystère de son Chef. "Je voudrais - ainsi exhortait-il les fidèles - que vous ayez la capacité d'entrevoir dans l'Eglise la lumière qu'elle porte en elle, la capacité de voir l'Eglise transfigurée, c'est-à-dire de voir ce que le Concile a illustré si clairement dans ses documents". "L'Eglise - ajoutait-il - renferme un mystère profond, immense, divin... L'Eglise est le sacrement, le signe sensible d'une réalité cachée qui est la présence de Dieu parmi nous" (Insegnamenti, X, 1972, p. 194).

De ses paroles émane son amour extraordinaire pour l'Eglise. Telle fut la grande passion de toute sa vie! Que Dieu accorde à chacun de nous de servir fidèlement, comme lui, l'Eglise, appelée aujourd'hui à une nouvelle et courageuse évangélisation.

C'est ce que nous demanderons au Seigneur au cours de cette sainte Eucharistie à travers l'intercession de Marie, Mère de l'Eglise et Etoile de la nouvelle évangélisation.




  MESSAGE AU RECTEUR DE L'ORDRE DE LA MÈRE DE DIEU


Au Révérend Père Vincenzo MOLINARO

Recteur général de l'Ordre de la Mère de Dieu

1. L'heureux anniversaire du IVème centenaire de la remise de l'église de "Sainte-Marie au Portique", ainsi que de l'icône vénérée de la Bienheureuse Vierge Marie Romanae Portus Securitatis - Port de la sécurité romaine - à votre fondateur, Giovanni Leonardi, par mon prédécesseur, Clément VIII, à travers le Bref Apud Sanctum Marcum du 14 août 1601, constitue pour votre Ordre un motif de célébration particulière et de joie. En cette circonstance, je suis heureux de vous adresser, Révérend Père, ainsi qu'à l'ensemble de la Famille religieuse des Clercs réguliers de la Mère de Dieu, mon salut et tous mes voeux, en m'unissant spirituellement à l'action de grâce commune que vous élevez au Seigneur pour les innombrables dons célestes que vous avez reçus depuis cet événement mémorable.

Cet événement avait été longuement attendu par votre Famille spirituelle naissante, dont les membres "firent voeux à la Bienheureuse Marie de jeûner la veille de ses fêtes commandées pendant une année, comme ils le firent" (C. Franciotti, Chroniques de la Congrégation des Clercs réguliers de la Mère de Dieu fondée à Lucques EN 1574 in Archives des Clercs réguliers de la Mère de Dieu - Rome, Ms. Armadio A, 3 partie, mars 33, p. 474). Ce fut un moment important car il inséra le nouvel Ordre au coeur de la catholicité et lui ouvrit des perspectives universelles.


2. Le document qui reconnaissait la présence des Clercs réguliers de la Mère de Dieu à Rome survint à un moment particulièrement positif pour eux. Du 30 novembre 1597 au 9 avril 1598 se déroula la visite apostolique à l'Ordre voulue par Clément VIII. Les documents d'époque parlent du "fruit qu'a retiré notre Congrégation" (G.B. Cioni, Lettre du 18 avril 1598, copie n. 36, in Archives des Clercs réguliers de la Mère de Dieu - Rome) de cette visite, qui, respectant pleinement les souhaits de Clément VIII, apporta l'unité et la clarté dans l'orientation du charisme de la petite communauté, confirma la confiance à l'égard de son Fondateur et imprima à la Congrégation un élan apostolique plus clairvoyant. Le désir de partir de Lucques vers d'autres terrains d'apostolat plus vastes et correspondant aux exigences de l'époque, ne fut pas secondaire par rapport à ces résultats.

Dans ce contexte, la demande des fils spirituels à leur fondateur afin d'obtenir, à la première occasion, la possibilité d'exercer leur apostolat dans une église romaine se fit plus pressante. Des tentatives furent accomplies qui, même si elles n'aboutirent pas, firent apparaître clairement à d'importants personnages de la Curie le désir et surtout les mérites du R.P. Giovanni Leonardi. Parmi ceux-ci, le Cardinal Benedetto Giustiniani, qui estimait le saint, prit particulièrement à coeur leur requête. Il en parla à quelques Prélats importants, obtenant l'accord immédiat du Cardinal Bartolomeo Cesi, neveu du Pape Innocent IX et titulaire de l'église "Sainte-Marie au Portique" et de celle des Quatre Saints couronnés.

La prise de possession de l'église paroissiale "Sainte-Marie au Portique" eut lieu le 19 août 1601, mais la nouvelle de la remise du temple était parvenue en la veille de la Fête de l'Assomption, alors que l'Ordre s'apprêtait à célébrer sa Patronne céleste. Le Fondateur l'accueillit avec foi et enthousiasme, en particulier parce qu'il y vit un signe de prédilection spéciale de la Vierge qui le conduisait, lui et ses fils, de la petite église "Sainte-Marie de la Rose" à Lucques, où l'oeuvre était née en 1574, à un sanctuaire qui lui était également consacré sur les bords du Tibre. Elle les engageait ainsi, comme l'écrivait votre Fondateur à ses religieux, à "répondre à tant de faveur en faisant de vous un présent spirituel à l'Epouse Vierge, en lui promettant d'abandonner une des plus importantes imperfections que vous avez, et, dans le domaine temporel, de lui venir en aide dans les choses communes" (G. Leonardi, Lettre du 24 août 1601, in V. Pascucci, Lettres d'un fondateur, p. 89).


3. Avec l'arrivée des Clercs réguliers de la Mère de Dieu débuta, pour "Sainte-Marie au Portique", une période de renaissance matérielle et spirituelle telle, que saint Giovanni Leonardi est considéré comme le troisième fondateur du sanctuaire, après mes vénérés prédécesseurs Jean I et Grégoire VII.

En particulier, la présence du saint, qui voulut rédiger, dès 1605, un abrégé de l'histoire et des traditions présentes autour du Sanctuaire, devint une référence significative et fit croître la dévotion mariale, établissant les bases de ce qui devait devenir plus tard un centre mariologique de piété, d'études et de recherches.

Les difficultés ne manquèrent pas. Les conditions structurelles du temple et des locaux annexes étaient en effet précaires. Ils se trouvaient dans un état d'abandon tel qu'ils semblaient être "une ferme ou une cabane de pasteurs". Les inondations du Tibre provoquaient une humidité malsaine et des infections dangereuses qui, en 1609, causèrent la mort de nombreux religieux, dont le Fondateur lui-même. Cela incita l'Ordre, à l'occasion de la Diète réunie pour élire le successeur de saint Giovanni Leonardi, tout en réitérant sa volonté de demeurer "dans cette église marquée par tant de dévotion" à faire état de la situation difficile au Pape Paul V, en lui demandant "quelqu'autre retraite pour y abriter les malades et pouvoir s'y retirer en cas de danger" (A. Bernardini, Chroniques, III partie, p. 6).

Quelques années plus tard, le Pontife Alexandre VII, reconnaissant que le site sur lequel se trouvait "Sainte-Marie au Portique" était "trop entouré par le commerce et, de plus, sordide et vil, en somme peu approprié" voulut ériger sur l'un des lieux les plus beaux et les plus caractéristiques de Rome le temple de "Sainte-Marie in Campitelli" dans lequel cette Famille religieuse a établi, depuis plus de trois siècles, sa Curie généralice. En 1662, l'icône de Notre-Dame Romanae Portus Securitatis fur transférée dans la nouvelle église qui prit pour cette raison le nom de "Sainte-Marie au Portique in Campitelli".


4. Je rends grâce au Seigneur pour le bien accompli au cours de ces quatre siècles par les membres de l'Ordre au service de ce sanctuaire marial et de la ville de Rome. Je souhaite que les célébrations du IVème centenaire de la remise de l'Eglise "Sainte-Marie au Portique" suscitent en chacun un élan renouvelé de sainteté et de service apostolique, en pleine fidélité au charisme de l'Institut et en effectuant une lecture constante et pleine d'amour des signes des temps.

Je m'unis bien volontiers aux Clercs réguliers de la Mère de Dieu qui, rendant grâce pour la protection de Marie, "Port de la sécurité romaine", désirent vivre cet événement comme une occasion pour repartir du Christ, fondant tout programme dans la perspective de la recherche permanente de la sainteté, mesure élevée de la vie chrétienne. Je les encourage en particulier afin que, guidés et protégés par la Mère de Jésus, ils s'engagent à faire de chaque communauté une école de communion, de fraternité et de service. C'est-à-dire qu'ils soient un véritable "port" pour ceux qui sont à la recherche de la vérité, de la paix intérieure et de l'amour divin.

Rappelant la Visite pastorale que j'ai pu accomplir le 29 avril 1984, et sur l'exemple de tant de mes vénérés prédécesseurs, je confie à nouveau l'Ordre de la Mère de Dieu tout entier, ainsi que les personnes qui fréquentent quotidiennement ce temple qui lui est consacré, à la protection céleste de Marie.

Avec de tels sentiments et spirituellement présent aux célébrations de ce jubilé, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique, porteuse de ferveur, de paix et de tout bien désiré.

Du Vatican, le 25 juillet 2001


  MESSAGE AUX JEUNES RÉUNIS À CZESTOCHOWA POUR LE Xéme ANNIVERSAIRE DES VIémes JOURNÉES MONDIALES DE LA JEUNESSE DE 1991


(Le Message a été lu par S.Exc. Mgr Stanislaw Rylko, Secrétaire du Conseil pontifical pour les Laïcs)


Chers jeunes amis!

Ces jours-ci, je me rends spirituellement avec vous en pèlerinage à Czestochowa, à Jasna Góra. Je m'agenouille avec dévotion aux pieds de la Vierge Noire, à côté de chacune et de chacun d'entre vous. Je confie chacune et chacun à Son coeur maternel.

Je le fais comme je le fis il y a dix ans quand, au cours des inoubliables VIèmes Journées mondiales de la Jeunesse, Jasna Góra a vécu un nouveau siège. Des milliers de jeunes provenant du monde entier - de l'Ouest et, pour la première fois, de l'Est - l'ont assiégée. Ils sont venus pour confesser d'une seule voix du plus profond de leur coeur: Maria, Regina Mundi! Maria, Mater Ecclesiae! Tibi adsumus! Marie, Reine du Monde! Marie, Mère de l'Eglise! Nous sommes proches de Toi, nous nous souvenons de Toi, nous veillons! Cette triple profession, qui contient pour ainsi dire le mystère du christianisme et détermine toute la réalité de la vie de la foi, nous a accompagnés de façon spéciale au cours de ces journées. Aujourd'hui, nous devons de nouveau nous tourner vers elle.

"Je Suis": voilà le nom de Dieu. Depuis l'époque d'Abraham, Dieu n'a pas cessé de révéler ce nom, qui constitue le fondement de l'Ancienne et de la Nouvelle Alliance. Ce nom signifie non seulement l'éternelle existence de Dieu, mais également sa présence pleine d'amour - présence aux côtés de l'homme, au milieu de son quotidien. "Je Suis" s'est manifesté de manière définitive dans la croix du Christ. "Le "Je Suis" divin de l'Alliance - du Mystère pascal - de l'Eucharistie". Voilà pourquoi, il y a dix ans, les jeunes rassemblés aux pieds de Jasna Góra ont élevé la croix au centre de l'assemblée. Ils voulaient se souvenir de ce "Je Suis" qui renferme en lui le "je suis" de tout homme. Il en est ainsi parce que "l'homme est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, pour pouvoir exister et dire à son Créateur "je suis". Dans ce "je suis" humain, se trouve toute la vérité de l'existence et de la conscience. "Je suis" devant Toi qui "es"". Permettez-moi de rappeler les paroles que j'ai adressées aux jeunes au cours de cette rencontre et qui aujourd'hui semblent être encore plus actuelles: "Le monde qui vous entoure, la civilisation moderne, a largement contribué à ôter ce "Je suis" divin de la conscience de l'homme. Ce dernier est aujourd'hui engagé à vivre comme si Dieu n'existait pas. Tel est son programme. Cependant, si Dieu n'existe pas, toi, homme, pourras-tu réellement exister? Vous êtes venus ici, chers amis, pour retrouver et confirmer jusqu'au bout cette identité humaine: "je suis" devant le "Je Suis" de Dieu. Regardez la croix sur laquelle le "Je Suis" divin signifie "Amour". Regardez la croix et n'oubliez pas! Que l'expression "je suis proche de toi" demeure le mot clef de votre vie entière".

"Je me souviens". "L'homme est devant Dieu, il demeure près de Dieu par l'action de la mémoire. De cette manière, il conserve les paroles et les grandes oeuvres de Dieu, en les méditant dans son coeur comme Marie de Nazareth". Pour être vive, cette mémoire doit continuellement retourner aux sources, aux paroles et aux événements à travers lesquels Dieu a révélé et accompli son dessein de salut. La vérité sur l'amour de Dieu pour l'homme, écrite dans les pages de la Bible, ne doit pas être oubliée! Les jeunes le savaient, il y a dix ans, et, à cause de cela, il revinrent de Jasna Góra avec le livre de l'Ecriture Sainte. Prenez vous aussi, jeunes du troisième millénaire, ce Livre sacré. Ne cessez pas d'être en relation intime avec l'Evangile, avec la Parole du Dieu vivant. Apprenez à connaître toujours plus le Christ, afin de mieux vous connaître vous-mêmes et de comprendre quelle est votre vocation et votre dignité.

"Je veille". "Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation" (Mc 14,38). Combien de fois le Christ a-t-il répété cette exhortation! Je veille - "cela veut dire: je m'efforce d'être un homme de conscience. Je n'étouffe pas cette conscience et je ne la déforme pas; j'appelle par son nom le bien et le mal, je ne les confonds pas; je fais croître en moi le bien et je cherche à me corriger du mal en le dépassant en moi-même". Je veille - cela veut dire aussi: j'entrevois l'autre homme, je rends ma vue et mon coeur sensibles à ses besoins matériels et spirituels; je cherche à lui venir en aide avec amour.

Quand, il y a dix ans, les jeunes, provenant de différents pays, milieux et cultures, ont médité sur la signification réelle pour un croyant de l'expression "je veille" et ont cherché un modèle de référence commun, l'intuition les a, à juste titre, portés vers la mère. "Je veille" exprime en effet l'attitude de la mère. "Sa vie et sa vocation s'exprime dans la veille. Elle veille sur l'homme dès les premiers instants de son existence". Voila pourquoi, à côté de la croix et de la Bible, les jeunes ont placé un autre symbole éloquent: l'icône de la Mère de Dieu. Ils ont voulu que l'icône de Marie représente, au cours de ces Journées mondiales de la Jeunesse, cette veille particulière de la mère qui a accompagné la venue au monde du Fils de Dieu et son agonie sur le Golgotha, tout comme la naissance de l'Eglise au jour de la Pentecôte. Ils ont voulu que l'image de la Mère qui veille se grave profondément dans leurs mémoires et dans leurs coeurs et qu'elle forme leur vie. Aujourd'hui encore, devant l'icône de Jasna Góra, regardez les yeux de Marie, lisez dans leur profondeur la pureté parfaite du coeur, une paix de la conscience qui n'est pas troublée grâce à un amour toujours fidèle. Que ce regard demeure dans vos âmes. Qu'il vous apprenne toujours ce que veut dire "je veille".

En souvenir de la fête des jeunes à Czestochowa, que nous avons vécue ensemble dans la joie et dans une intense prière il y a dix ans, je vous transmets - chers amis - mon salut cordial, en vous invitant aux futures rencontres de la grande communauté internationale des jeunes témoins du Christ. Je crois que ces rencontres formeront la vie personnelle de chacune et chacun d'entre vous et contribueront à faire en sorte que le monde du nouveau millénaire soit plus humain, serein et plein de paix.

Encore une fois, je vous confie à la protection de la Madone de Jasna Góra, ainsi que vos parents, vos pasteurs et toute la jeunesse polonaise. Je vous bénis de tout coeur.

De Castel Gandolfo, le 13 août 2001


AUX JEUNES PARTICIPANTS À LA IIème RENCONTRE INTERNATIONALE "JEUNES VERS ASSISE"

Castel Gandolfo, Samedi 18 août 2001


1. Très chers jeunes participant à la deuxième rencontre internationale "Jeunes vers Assise", soyez les bienvenus! Je suis heureux de vous accueillir et je vous adresse avec joie le salut évangélique qui vous est cher: "Que le Seigneur vous donne la paix!". Vous vous êtes donné rendez-vous de nombreuses parties du monde pour approfondir ensemble, dans la simplicité des lieux franciscains, le témoignage de deux champions de l'Esprit: saint François et sainte Claire d'Assise.

Merci de votre visite que j'apprécie. Je salue de façon particulière le Ministre général des Frères mineurs conventuels, le Père Joachim Anthony Giermek et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je salue les frères et les soeurs, qui sont pour vous des guides le long du sentier de la vie évangélique.

Le thème choisi pour votre rencontre internationale est celui de la joie. Il s'agit d'un thème d'un grand intérêt et d'une grande actualité, car nous avons tous besoin d'une joie authentique et durable.


2. Le jeune François était appelé par ses amis le "roi des fêtes" en raison de sa disponibilité et de sa générosité, de sa façon de faire brillante et sympathique. Humainement, il avait de nombreuses raisons d'être heureux, et pourtant, quelque chose lui manquait. Il abandonna tout lorsqu'il trouva ce qui lui était le plus nécessaire. Il rencontra le Christ et découvrit le véritable bonheur. Il comprit que l'on ne peut être heureux qu'en donnant sa vie pour un idéal, en construisant quelque chose de durable à la lumière des conseils exigeants de l'Evangile.

Chers jeunes, de nombreux faux maîtres indiquent des voies dangereuses qui conduisent à des joies et à des satisfactions éphémères. On constate dans de nombreuses manifestations de la culture dominante d'aujourd'hui, beaucoup d'indifférence et de superficialité. Vous, chers jeunes, en imitant François et Claire, refusez de vendre vos rêves! Rêvez, mais dans la liberté! Projetez, mais dans la vérité!

A vous aussi, le Seigneur demande: "Qui voulez-vous suivre?". Répondez avec l'Apôtre Pierre: "Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle!" (Jn 6,68). Dieu seul est l'horizon infini de votre existence. Plus vous le connaîtrez, et plus vous découvrirez que Lui seul est amour et source inépuisable de joie.

Mais pour entrer et demeurer en contact avec Dieu, il est indispensable d'établir avec lui un rapport profond dans la prière. Lorsqu'elle est authentique, la prière diffuse l'énergie divine dans tous les milieux et les moments de la vie. Elle nous fait vivre de façon nouvelle. N'est-ce pas la prière qui fit de François un homme nouveau et de Claire une source de lumière?


3. Vous êtes à Dieu et Dieu est à vous! La conscience d'appartenir à Dieu fera de vous, comme François et Claire, des créatures pacifiées par sa présence: "L'amour de Dieu nous rend heureux - écrit sainte Claire dans l'une de ses lettres -, sa douceur emplit toute notre âme, qui est la plus digne d'entre toutes les créatures et est rendue, par la grâce de Dieu, la plus grande du ciel. En effet, tandis que les cieux avec toutes les autres créatures, ne peuvent contenir le Créateur, l'âme fidèle, au contraire, est à elle seule sa demeure et son séjour" (Sources Franciscaines 2901; 2892).
L'âme est plus grande que le ciel! Ayant compris cette intime réalité spirituelle, François et Claire n'hésitèrent pas à s'élancer vers le sommet de la sainteté. La sainteté n'est pas une sorte de parcours ascétique extraordinaire, praticable uniquement par certains "génies", mais, comme je l'ai rappelé dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, le "haut degré" de la vie chrétienne ordinaire (cf. NM NM 31). La sainteté signifie accomplir quelque chose de beau chaque jour pour Dieu, mais également reconnaître ce que Lui a fait et continue d'accomplir en nous et pour nous. Très chers jeunes, soyez saints, car le manque de sainteté est ce qui rend le monde triste! Les saints auxquels vous vous inspirez continuent d'exercer une fascination extraordinaire, car ils ont consacré sans relâche leur existence au Christ. Et, sans le vouloir, ils ont donné origine à un style évangélique "révolutionnaire" qui continue, aujourd'hui encore, à fasciner tant de jeunes, et pas seulement les jeunes. Vous aussi avez été captivés par l'attrait de leur témoignage et votre présence à cette rencontre souligne votre désir de l'imiter fidèlement.


4. François et Claire devinrent un frère et une soeur pour chaque être humain. Et pas seulement, mais également pour toutes les créatures animées et inanimées. En contemplant la nature, le regard se remplit de joie alors que François découvre que tout lui parle de Dieu, et s'exclame dans le Cantique du Frère soleil: tout "...de Toi, le Très-Haut, nous offre le symbole" (Sources franciscaines, 263).

Très chers jeunes, apprenez vous aussi à regarder le prochain et la création avec les yeux de Dieu. Respectez avant tout son sommet, qui est la personne humaine. A l'école d'aussi bons maîtres, vous apprendrez l'utilisation sobre et attentive des biens. Prodiguez-vous afin qu'ils soient mieux distribués et partagés, dans le plein respect des droits de chaque personne. En lisant le grand Livre du Créateur, que votre Esprit s'ouvre à la louange reconnaissante envers le Créateur.


5. Comme Claire et François, apprenez à avoir constamment recours à l'assistance divine. Ceux-ci répètent à chacun de vous, "place ta confiance dans les mains du Seigneur, et il prendra soin de toi" (SF, 367). Oui, chers garçons et filles, ayez confiance en Dieu! Imitez François et Claire également dans leur confiance filiale à la Madone, et cherchez en elle chaleur et protection. Serrez-vous contre Marie, Mère très douce, que l'Eglise invoque depuis des siècles comme cause de notre joie. Cela sera un motif de joie également pour vous, car Marie est pour tous une mère bienveillante!

Avec ce souhait, je vous assure de mon souvenir dans la prière et je vous bénis de tout coeur.



MESSAGE DU CARDINAL SODANO AU NOM DU SAINT PÈRE À L'ÉVÊQUE DE RIMINI À L'OCCASION DE LA XXIIème "RENCONTRE POUR L'AMITIÉ ENTRE LES PEUPLES"



Votre Excellence,

Sa Sainteté, répondant à la demande qui lui a été faite par les organisateurs, envoie ses meilleurs voeux de succès aux promoteurs et aux participants de la Rencontre pour l'amitié entre les Peuples, qui est parvenue à sa XXII édition. Il charge Votre Excellence de se faire l'interprète de ses sentiments et de son soutien à cette initiative culturelle et religieuse.

"Toute la vie réclame l'éternité": cette phrase, qui sert de thème à cet intéressant colloque, résume de manière suggestive les points sur lesquels il entend attirer l'attention. L'idée cueille et exprime un aspect central de la nature humaine, à savoir la soif de la plénitude de vie qui l'habite. L'être humain, quand il s'arrête pour réfléchir, ne peut que ressentir son existence comme trop brève, marquée par la souffrance et par ses limites, des expériences qui lui rappellent son incapacité à se réaliser pleinement et à obtenir, grâce à ses seules forces, ce pour quoi il se sent fait. Voilà donc la raison de ce cri, auquel les esprits les plus brillants ont donné une voix avec une intensité dramatique à toutes les époques de l'histoire. Voilà la supplique d'éternité qui jaillit du plus profond de notre expérience d'êtres humains errants vers l'éternité.

"Toute la vie réclame l'éternité". Alors qu'il stimule profondément le coeur de l'homme, le thème de la Rencontre de cette année interpelle avec efficacité la mentalité actuelle, en rappelant les questions fondamentales débattues aujourd'hui. Ce sont des questions qui, par l'intermédiaire des médias et à travers la législation de nombreux Etats, sont destinées à intéresser toujours davantage l'opinion publique. Il suffit de penser aux attentes suscitées par les progrès scientifiques en matière d'ingénierie génétique et aux problématiques non résolues qui accompagnent de tels développements. On discute de cela avec passion à tous les niveaux en vue de se doter aussi vite que possible des instruments nécessaires pour assurer une prolongation de l'existence, en éliminant la douleur, la maladie, l'imperfection physique.

On pourrait, à ce propos, observer une situation paradoxale: celle de la vie qui nie l'éternité. En effet, quand la science est utilisée comme instrument qui tend à ne pas reconnaître d'autres limites que celles qu'elle s'est elle-même fixées, l'homme est poussé à se comporter comme s'il était le patron absolu de la réalité. La recherche d'une vie "accomplie", c'est-à-dire privée des limites qui la caractérisent, s'accompagne de fait, implicitement ou explicitement, d'un refus de la transcendance.
Ce paradoxe puise ses racines dans une vision qui exclut toute intervention divine dans la nature et dans l'histoire. Il s'agit d'une conception du monde bien différente de celle des juifs et des chrétiens. Selon cette dernière, Dieu n'est pas séparé du monde, il n'est pas confiné dans une "éternité" d'indifférence impassible, mais il intervient dans la vie de l'univers. Il s'intéresse à ce que l'homme vit, il dialogue avec lui, il prend soin de lui. L'histoire d'Israël en témoigne tout au long de son chemin d'approfondissement de ce rapport et parvient à sa réalisation plénière en Jésus, "né d'une femme" (cf. Ga 2,20) qui conduit chaque homme et tout homme au salut.

L'éternité n'est pas, dès lors, une simple "intemporalité", qui peut être décrite à travers des termes purement négatifs, comme ce qui a les caractéristiques contraires à la réalité temporelle. L'esprit humain ne demande pas que l'instant présent soit prolongé indéfiniment, mais aspire à un amour dans lequel il n'y ait pas de place pour la peur d'être privé de l'Aimé. Si la limite de cette vie terrestre est indéniable, malgré la contribution encore importante que peut offrir la science en vue du soulagement des souffrances et de la douleur des hommes, alors la créature humaine a besoin, à l'intérieur de cette limite, de faire l'expérience réelle de la compagnie de l'Eternel.

Ceux qui rencontrèrent Jésus sur les routes de Palestine, trouvèrent en lui la réponse à ces questions existentielles. C'est pourquoi les disciples du Nazaréen parcoururent le monde en proclamant, sous la conduite de l'Esprit Saint, que seul le Christ avait les paroles de la vie éternelle. Leur annonce à travers les siècles est parvenue jusqu'à nous, en continuant à fasciner les hommes et les femmes de toute condition. A travers l'annonce du disciple, c'est le Christ lui-même qui offre à celui qui lui ouvre son coeur, la possibilité de pénétrer le sens de l'existence fugitive et de sonder le mystère de l'éternité.

Le souhait du Saint-Père est que la prochaine Rencontre, avec ses multiples activités, puisse contribuer à mettre en évidence un aspect important de l'existence, bien résumé par le thème "Toute la vie réclame l'éternité". Il espère par ailleurs que les journées du colloque soient une occasion propice d'approfondissement de la foi chrétienne et un lieu de dialogue profitable avec la culture contemporaine. A cette fin, Sa Sainteté vous assure d'un souvenir particulier dans la prière et envoie à Votre Excellence, aux promoteurs, aux organisateurs et à tous les participants, une Bénédiction apostolique spéciale.

J'unis mes souhaits personnels de plein succès pour la Rencontre et je profite de la circonstance pour vous adresser mes salutations déférentes.

Votre très dévoué dans le Seigneur,

Angelo Card. SODANO
Secrétaire d'Etat



Discours 2001 - MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS AU SOMMET DU G8