Discours 2001 -   MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS À LA VIème RENCONTRE NATIONALE DES ENSEIGNANTS UNIVERSITAIRES CATHOLIQUES ITALIENS


AUX PÈLERINS RÉUNIS POUR LA BÉATIFICATION D'IGNAZIO MALOYAN, NIKOLAUS GROSS, ALFONSO MARIA FUSCO, TOMMASO MARIA FUSCO, ÉMILIE TAVERNIER GAMELIN, EUGENIA PICCO, MARIA EUTHYMIA ÜFFING

Lundi 8 octobre 2001



Vénérés Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Très chers religieux et religieuses,
Chers frères et soeurs!

1. L'écho de la célébration liturgique solennelle d'hier, au cours de laquelle ont été élevés à la gloire des autels sept nouveaux Bienheureux, est encore bien présent dans nos esprits. A vous tous, chers pèlerins venus à Rome à l'occasion de cet heureux événement, j'adresse mon salut le plus cordial.
Je désire d'abord et avant tout partager avec vous et confier au Seigneur l'angoisse et la préoccupation que suscite en nous ce moment délicat de la vie internationale.

Dans le climat familial de la rencontre d'aujourd'hui, nous est offerte l'opportunité de remercier ensemble le Seigneur pour les nouveaux Bienheureux et de nous arrêter pour réfléchir, une fois encore, sur leur témoignage évangélique et sur le riche héritage spirituel qu'ils nous ont laissé.


2. Soyez les bienvenus, chers pèlerins qui êtes venus à Rome participer à la béatification de Mgr Ignace Maloyan. Je salue tous les Evêques de l'Eglise arménienne catholique présents, ainsi que les représentants des Autorités civiles d'Arménie. J'adresse un salut particulier aux jeunes, demandant au Seigneur qu'ils soient des témoins courageux de l'Evangile. Au cours de ma récente visite en Arménie, j'ai pu mesurer l'attachement du peuple à la foi chrétienne, dont témoignent tant d'épisodes de son histoire! C'est aussi le beau témoignage que nous laisse le bienheureux Ignace. Homme courageux et plein de foi, il a placé l'amour du Christ au centre de sa vie et de son ministère. Alors que la menace contre le peuple arménien se faisait plus lourde, devinant l'imminence de la persécution, il a choisi, à l'image de saint Ignace d'Antioche, de suivre Jésus jusqu'au bout, en versant son sang pour ses frères. Son exemple invite tous les baptisés à se rappeler qu'ils ont été plongés dans la mort et la résurrection du Christ et qu'ils doivent le suivre chaque jour.

Je salue Monsieur le Cardinal Jean-Claude Turcotte et les personnes venues du Canada pour la béatification d'Emilie Gamelin, en particulier les Soeurs de la Providence. La figure de la nouvelle Bienheureuse constitue un modèle pour les hommes et les femmes d'aujourd'hui. On demeure toujours étonné de la fécondité d'une vie qui s'abandonne entre les mains de Dieu, puisant dans la contemplation la force et l'audace pour la vie quotidienne et pour la mission. A l'image de Marie au pied de la Croix, elle reçut Jésus, pour ne vivre que par lui et pour lui. Sa vie spirituelle lui donne la force pour sa mission caritative, se dépouillant de tout et trouvant l'énergie de réconforter chaque personne. A la suite de la bienheureuse Emilie, je vous encourage à vous mettre au service des pauvres et des plus démunis de la société, qui sont les bien-aimés de Dieu, pour soulager leurs souffrances, faisant ainsi resplendir leur dignité.


3. Je salue affectueusement les pèlerins allemands, et en particulier ceux provenant des diocèses d'Essen et de Münster, accompagnés de leurs pasteurs Hubert Luthe et Reinhard Lettmann. Chères soeurs et chers frères! A travers le martyr Nikolaus Gross et la soeur clémentine Euthymia, vos Eglises locales ont reçu le don de deux nouveaux Bienheureux. Pour vos diocèses, ces chrétiens exemplaires sont comme un panneau indicateur. Vous devez en être fiers. En ces jours de fête passés à Rome, vous n'avez cependant pas atteint le but final. En effet, la béatification n'est qu'un début, car les nouveaux Bienheureux invitent chacun à suivre leurs traces dans leurs propres pays.

Le bienheureux Nikolaus Gross nous enseigne à obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Notre époque a décidément besoin de chrétiens vraiment convaincus qui écoutent la voix de leur conscience et ont le courage de parler quand il s'agit de la dignité de l'homme. La bienheureuse Soeur Euthymia elle aussi nous adresse un message actuel. Sa vie nous montre que des choses apparemment sans importance peuvent être très grandes aux yeux de Dieu. Du point de vue humain, cette soeur ne fut pas une "étoile" sous les feux de la rampe, mais son action silencieuse fut pour beaucoup une consolation qui dure aujourd'hui encore.

L'exemple de ces deux Bienheureux devrait vous offrir des orientations et leur intercession vous accompagner au cours de votre vie. C'est avec plaisir que je vous donne la Bénédiction apostolique.


4. Dans ce climat de joie profonde, je suis heureux d'exprimer mes plus cordiales félicitations à la Communauté diocésaine de Nocera Inferiore-Sarno, qui a vu élever aux honneurs des autels deux de ses fils prêtres: Alfonso Maria Fusco et Tommaso Maria Fusco. Non pas parents mais confrères dans le sacerdoce, la Providence les a associés maintenant également dans la gloire des Bienheureux, au Ciel. Je salue l'Evêque de votre diocèse, Mgr Gioacchino Illiano et vous tous, qui êtes venus nombreux. Je m'adresse avec une affection particulière aux filles spirituelles des deux nouveaux Bienheureux: les Soeurs de Saint-Jean-Baptiste et les Filles de la Charité du Très Précieux Sang. Votre joie, très chères Soeurs, est aussi la mienne et celle de toute l'Eglise. Je vous remercie pour votre fidélité dévouée et active, à travers laquelle vous avez honoré la mémoire de vos fondateurs, dont l'exemple trouve maintenant une reconnaissance ecclésiale solennelle.

A Angri, sa ville, le chanoine Alfonso Maria Fusco était vénéré pour son esprit d'humilité et sa simplicité qui lui attiraient sympathie et confiance. Avec la paix intérieure caractéristique des saints, due à la foi absolue en Dieu et dans sa providence, il réussit à réaliser le "rêve" de sa vie: fonder une Congrégation féminine chargée de l'assistance et de l'éducation de la jeunesse déshéritée. Les soeurs baptistines portent aujourd'hui son message dans de nombreuses parties du monde.

Le bienheureux Tommaso Maria Fusco fut, lui aussi, un apôtre de la charité. A l'infinie charité du Père, rendue visible dans le Très Précieux Sang de Jésus, et donnée à travers le "très tendre amour", il répondit par un dévouement total au ministère sacerdotal et au service envers les petits et les pauvres. Aujourd'hui, son programme de vie se poursuit grâce à vous, très chères Filles de la Charité du Très Précieux Sang, qui le rendez présent et actuel par votre activité quotidienne.


5. Je m'adresse maintenant à vous, frères et soeurs, qui exultez à l'occasion de la béatification d'Eugenia Picco, originaire de l'Eglise de Milan et fille adoptive de l'Eglise de Parme. Je salue avec affection les pasteurs de vos Communautés ecclésiales, ainsi que les Petites Filles des Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie et vous tous, chers pèlerins venus pour rendre hommage à la nouvelle Bienheureuse. Dans la Congrégation fondée par le vénérable Agostino Chieppi, elle fut une animatrice sage et prudente de ses consoeurs, selon les directives reçues du Fondateur. Pleinement intégrée dans l'Eglise locale, elle se fit la mère de tous, en particulier des pauvres dont elle sut partager les drames, les luttes et les espérances. L'expérience de la maladie, spécialement au cours des dernières années de sa vie, contribua à aiguiser son âme. Elle est désormais en mesure d'enseigner à tous comment affronter les situations difficiles avec l'aide de la grâce, comment servir l'Eglise avec la force de la contemplation et comment se faire proche des frères avec l'ardeur de la charité.


6. Très chers frères et soeurs! Alors que nous remercions le Seigneur pour ces lumineux exemples de sainteté offerts par les nouveaux Bienheureux, nous lui renouvelons notre prière pour la paix: "Da pacem Domine in diebus nostris! - Donne, Seigneur, la paix à notre temps!"

Que la Vierge Marie, tendrement aimée par les nouveaux Bienheureux, nous accompagne et nous soutienne toujours. Je vous confie tous à sa protection maternelle, alors que je vous bénis de tout coeur ainsi que vos Communautés ecclésiales, religieuses et familiales.




  MESSAGE AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE L'ORDRE DES FRÈRES SERVITEURS DE MARIE




Au Révérend Père Hubert M. MOONS
Prieur général de l'Ordre des Frères Serviteurs de Marie

"La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous! Je vous aime tous dans le Christ Jésus" (1Co 16,23). Je vous salue cordialement à travers ces paroles de l'Apôtre Paul, ainsi que tout l'Ordre des Frères Serviteurs de Marie, à l'occasion de votre Chapitre général, qui se déroule à Ariccia du 8 au 30 octobre 2001. Le thème des travaux est: "Avec la Sainte Vierge Marie, de l'écoute de Dieu au service à la vie". Il guide votre réflexion sur la nécessité de rendre le témoignage de l'Institut toujours plus fidèle au charisme des origines et dans le même temps proche des exigences de l'homme contemporain.

Révérend Père, je vous adresse mon salut cordial et un remerciement sincère pour le service de Prieur général que vous avez rendu à l'Ordre pendant douze ans. Je salue les Capitulaires et, à travers eux, tous les membres de cette Famille religieuse. Je voudrais faire parvenir à chacun d'eux ma parole d'encouragement, soutenue par l'assurance d'un souvenir constant dans ma prière.

Je sais que votre Assemblée capitulaire, sur laquelle vous implorez depuis longtemps la lumière de l'Esprit, a été préparée avec soin, en définissant avec précision la priorité des thèmes à traiter et à approfondir. Elle représente une occasion propice pour mettre davantage en lumière un aspect particulier de la participation de la Vierge au mystère du Christ et de l'Eglise, dans le but d'en tirer une inspiration pour les décisions et les choix d'action de l'Ordre. Depuis leur origine, la Vierge est l'Etoile qui illumine le chemin des Frères Serviteurs de Marie et leur référence sûre pour chaque programme d'apostolat.


1. Avec la Sainte Vierge Marie à la recherche de Dieu. La recherche de Dieu est la composante essentielle de la vie consacrée. La Madone est le guide sûr dans cet itinéraire. Chercher le Seigneur! Vous avez situé votre réflexion sur ce thème, coeur de votre vocation, à la première place des travaux capitulaires! Oui! Cherchez le Christ; cherchez son visage (cf. Ps 27,8). Cherchez-le chaque jour, dès l'aurore (cf. Ps 63,2), de tout votre coeur (cf. Dt Dt 4,29 Ps 119,2). Cherchez-le avec la ténacité de la Sunamite (cf. Ct Ct 3,1-3), avec l'émerveillement de l'apôtre André (cf. Jn 1,35-39), avec l'élan de Marie de Magdala (cf. Jn 20,1-18).

Dans le Rituel de la célébration du Chapitre, vous invoquez les Sept Saints Fondateurs comme des "chercheurs de Dieu". En effet, c'est ce qu'ils furent: des chercheurs du Royaume de Dieu et de sa justice (cf. Mt 6,33), des chercheurs assidus de la sagesse évangélique. Sur leur exemple, vous cherchez vous aussi le Seigneur à l'heure de la joie et au moment de la désolation, vous imitez Marie qui va à Jérusalem à la recherche de son Fils de douze ans pleine d'inquiétude (cf. Lc 2,44-49), et qui plus tard, au début de la vie publique de Jésus, va le chercher avec empressement (cf. Mc 3,32), inquiète de certaines voix qui lui étaient parvenues à son propos (cf. Ibid., Mc 3,20-21).

Ressentir l'exigence de chercher Dieu est déjà un don qu'il faut accueillir d'une âme reconnaissante. En réalité, c'est toujours Dieu qui vient le premier à notre rencontre, car il nous a aimés le premier (cf. 1Jn 4,10). Il est réconfortant de chercher Dieu, mais c'est dans le même temps un acte exigeant; cela suppose des renoncements et des choix radicaux. Qu'est-ce que cela comporte pour vous, dans le contexte historique actuel? Certainement un développement de la dimension contemplative, une intensification de la prière personnelle, une réévaluation du silence du coeur, sans jamais opposer la contemplation à l'action, la prière dans la cellule aux célébrations liturgiques, la "fuite du monde" nécessaire au devoir d'être présent aux côtés de ceux qui souffrent: tout cela appartient à la tradition de l'Ordre et se trouve dans vos Constitutions (cf. Cons. OSM [1987], 16a 31a-b. 116). L'expérience démontre que ce n'est que de la contemplation intense que naît une action apostolique fervente et efficace.


2. Avec la Sainte Vierge Marie, à l'écoute de Dieu. En étroite relation avec la recherche de Dieu, il y a l'écoute de sa Parole de salut. Dans cet itinéraire également, Marie est pour vous un exemple et un guide, dont l'Eglise souligne le rapport singulier avec la Parole. La Madone est la "Vierge de l'écoute", prête à faire sienne, avec une attitude humble et sage, la parole qui lui est adressée par l'Ange. Par son fiat, Marie accueille le Fils de Dieu, Parole qui demeure, et qui s'incarne en elle pour la rédemption du monde.

Une forme plus que jamais opportune d'écoute de la Parole est la lectio divina, pour laquelle vous éprouvez une profonde considération. Vous la mentionnez de façon explicite dans la formule de la profession solennelle, alors que vous vous engagez à vivre "dans l'écoute de la Parole de Dieu" (cf. Rituel de la profession religieuse des Frères Serviteurs de la Sainte Vierge Marie, deuxième édition typique, 211, Rome, Curie généralice OSM., 1993, PP 128-148). Marie écoute et accueille docilement la Parole, dans son coeur avant même que dans son sein virginal. En imitant son fiat (cf. Lc 1,38), vous prononcez vous aussi votre oui total au Dieu qui se révèle (cf. Rm 16,26). Dans la Parole de l'Ecriture Sainte, Dieu dévoile la richesse de son amour, révèle son projet salvifique et confie à chacun une mission spécifique dans son Royaume.

L'amour pour la Parole vous poussera à reprendre en considération la prière communautaire, à privilégier la vie liturgique, à mieux la communiquer et la faire ressentir. Que votre prière communautaire ainsi que votre prière personnelle préparent et prolongent la célébration liturgique. Ce n'est qu'alors que se produira dans votre Ordre ce que souhaitait l'Apôtre: "Que la Parole du Christ réside chez vous en abondance" (Col 3,16).


3. Avec la Sainte Vierge Marie, une vie de service. Le Chapitre général est appelé à traiter à fond un deuxième thème, lui aussi prioritaire: les formes multiples de votre service apostolique. En effet, une partie essentielle du charisme des Frères Serviteurs de Marie est de servir l'Eglise et l'humanité. En regardant la Vierge, qui est toujours dans une humble attitude de service, faites en sorte que chaque membre de votre Institut adopte une attitude d'attention joyeuse envers vos frères, d'ardeur et d'élan, de valorisation des relations humaines et d'attentions aux nécessités de la personne.

Un style qui ne recherche pas en premier lieu l'efficacité des structures et les progrès de la technologie, mais qui compte sur l'efficacité de la grâce du Seigneur (cf. 1Co 3,6-7). Toujours attentifs aux signes des temps, évaluez avec soin la perspective d'interrompre certaines activités pour répondre aux nouvelles exigences missionnaires en Asie, en Afrique et en l'Europe de l'Est. Sauvegardez la fidélité à l'esprit originel de votre Famille religieuse, née pour témoigner "les valeurs humaines et évangéliques représentées par Marie" (Const. OSM, 7). En suivant l'inspiration de votre Ordre mendiant, vivez la dimension évangélique du provisoire, de l'incertitude et de la disponibilité à aller là où le besoin est urgent (cf. Ibid., n. 3).

Parmi les nombreuses formes de service, le thème-guide du Chapitre indique le "service à la vie". Dans un monde où semble parfois prévaloir la culture de la mort, soyez des serviteurs fidèles de la vie, fidèles à Dieu qui "n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (cf. Mt 22,32), des hérauts de l'Evangile de l'espérance sous la protection de la Sainte Vierge Marie, "Mère de la vie".


4. Avec la Sainte Vierge Marie, au service de l'animation des vocations. Enfin, le Chapitre devra réfléchir sur l'animation des vocations, un thème d'un grand intérêt et d'une urgence particulière. Les vocations sont un don pour l'Ordre et pour l'Eglise, qu'il faut tout d'abord implorer à travers des prières incessantes. Que l'icône de la Vierge de la Pentecôte illumine votre réflexion. Au Cénacle, Marie nous apparaît comme l'Orante; avec les Apôtres elle implore la venue de l'Esprit, qui suscite chaque vocation. Marie est la Mère de l'Eglise: au Cénacle, la Vierge commence à exercer à l'égard des disciples la maternité qui lui a été confiée par son Fils mourant sur la Croix.

Les vocations sont non seulement favorisées par la prière (cf. Lc 10,2), mais également par le témoignage cohérent et fidèle de ceux qui sont appelés à vivre de façon radicale leur choix de suivre l'Evangile. C'est vers vous que se tournent les nouvelles générations, non pas attirées par une vie consacrée "facilitée", mais par la proposition de vivre l'Evangile sine glossa.

Le 7 octobre 2001 est le 750ème anniversaire de l'"acte de pauvreté" de la première communauté du Senario. A traves ce geste généreux, les Frères s'engageaient à ne rien posséder, comme leur Maître qui "n'a pas où reposer la tête" (Lc 9,58). Que la mémoire de cet événement vous pousse à un témoignage de pauvreté encore plus rigoureux, qui se traduira par un niveau de vie sobre (cf. Const. OSM, 57) et une pratique fidèle de la communauté des biens.

Je confie les travaux du Chapitre à la sollicitude maternelle de la Vierge Marie, Reine de ses Serviteurs, et, alors que je vous assure de mon souvenir dans la prière, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux Capitulaires et à toute la Famille des Serviteurs de Marie, ma Bénédiction apostolique en gage de la miséricorde infinie du Seigneur.

Du Vatican, le 29 septembre 2001


  MESSAGE AU PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE ITALIENNE VINGT ANS APRÈS LA PUBLICATION DE L'EXHORTATION APOSTOLIQUE "FAMILIARIS CONSORTIO"




A mon Vénéré Frère le Cardinal Camillo RUINI
Président de la Conférence épiscopale italienne

1. C'est avec un vif plaisir que j'ai appris que l'Eglise qui est en Italie s'apprête à célébrer les vingt ans de Familiaris consortio par une série d'initiatives: elles seront une contribution précieuse pour le Peuple de Dieu, pour tous ceux qui sont à la recherche de la vérité et pour la société civile elle-même. Il s'agit d'initiatives importantes, que je désire accompagner par la prière et par mon affection sincère, dans l'attente de rencontrer les familles italiennes lors de la veillée qui se tiendra sur la Place Saint-Pierre, le samedi 20 octobre et de la Messe que j'aurai la joie de célébrer le jour suivant, à l'occasion de la béatification des époux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi.

Lors des premiers temps de mon pontificat, lorsque j'ai inauguré les travaux du Synode sur la Famille, le 26 septembre 1980, j'ai dit que: "la famille est l'objet fondamental de l'évangélisation et de la catéchèse de l'Eglise, mais elle est également son sujet indispensable et irremplaçable: un sujet créatif", et j'ajoutais que, en raison de cette force créative, "c'est précisément la famille qui donne la vie à la société". Je concluais ensuite le discours aux Père synodaux en rappelant que toutes les tâches de la famille se résument dans la tâche fondamentale suivante: "protéger et garder simplement l'homme!" (cf. ORLF n. 40 du 30 septembre 1980).


2. Beaucoup de personnes se demandent: pourquoi la famille est-elle aussi importante? Pourquoi l'Eglise insiste-t-elle tant sur le thème du mariage et de la famille? La raison est simple, même si tous ne réussissent pas à le comprendre: de la famille dépend le destin de l'homme, son bonheur, la capacité de donner un sens à son existence. Le destin de l'homme dépend de celui de la famille et c'est pour cette raison que je ne me lasse jamais d'affirmer que l'avenir de l'humanité est étroitement lié à celui de la famille (cf. Familiaris consortio FC 86). Cette vérité et si évidente que l'attitude, malheureusement très fréquente, de ceux qui négligent, offensent et relativisent la valeur du mariage et de la famille, apparaît paradoxale.

La vision de l'homme, l'interprétation de son unité personnelle, dans laquelle s'expriment la dimension corporelle, intellectuelle et spirituelle, la signification des liens d'affection et de la transmission de la vie, se trouvent au centre d'un débat contemporain, qui a de profondes répercussions sur la condition de la famille. Face à cette situation, la tâche primordiale de l'Eglise est de faire apparaître les raisons qui rendent urgent et nécessaire l'engagement de tous les chrétiens en faveur de la famille. Dans le même temps, c'est la tâche des familles elles-mêmes et de toutes les personnes de bonne volonté d'accomplir tous les efforts possibles pour que soient reconnus les droits de cette institution sociale, au bénéfice des individus et de la société tout entière.


3. Le Synode sur la Famille a marqué la vie de l'Eglise sur le chemin de l'application du Concile Vatican II et Familiaris consortio, qui en a recueilli le travail précieux, représente une étape décisive dans la détermination des responsabilités de la famille et de ce qu'il est nécessaire d'accomplir pour l'aider dans le déroulement de ses fonctions irremplaçables. Vingt ans après cette Exhortation apostolique, nous devons rendre grâce à Dieu des fruits abondants qui en ont découlé pour l'Eglise et pour la société et nous devons saisir les germes de bien qui ont éclos dans le coeur des familles qui, à la lumière des enseignements qui y sont proposés, inaugurent une nouvelle saison de grande activité. Ces vingt années ont servi à faire mûrir une conscience diffuse de la vocation et de la mission de la famille et, comme cela se produit dans le cours normal d'une vie humaine, c'est à ce stade que commence la saison de la maturité, la saison où les responsabilités sont pleinement assumées.

Il est nécessaire pour l'Eglise d'accompagner ce chemin de façon adaptée, en fournissant également, à partir des ressources spirituelles qui plongent leurs racines dans la grâce sacramentelle du mariage, toutes les contributions humaines, culturelles et sociales qui peuvent aider la famille à se présenter comme le centre et le carrefour de la vie ecclésiale et sociale. Il faut surmonter tout dualisme naïf et inapproprié entre vie spirituelle et vie sociale. Le bien de la famille est un bien intégral et les diverses dimensions de son existence ne sont pas dissociables. Sa vie, en tant que cellule fondamentale de l'Eglise et de la société, possède toujours une valeur sociale et publique, qui doit être reconnue, sauvegardée et promue.


4. La famille se trouve aux origines de l'histoire du salut, mais elle est également aux origines de l'histoire de l'humanité et nous pouvons dire qu'elle en est l'essence, car l'histoire de l'homme est substantiellement une histoire d'amour. N'oublions jamais que "l'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens s'il ne reçoit pas la révélation de l'amour, s'il ne rencontre pas l'amour, s'il n'en fait pas l'expérience et s'il ne le fait pas sien, s'il n'y participe pas fortement" (cf. Redemptor hominis RH 10 repris dans Familiaris consortio FC 18).

La famille tourne autour de ce noyau central de l'existence humaine et la société tire son origine de celui-ci. Aujourd'hui encore, cette vérité est trop souvent oubliée, falsifiée et foulée aux pieds. Il faut donc multiplier les occasions d'étude et de réflexion, les formes de mobilisation des familles, les initiatives culturelles, sociales et politiques qui, dans le respect des rôles et des compétences, soient cependant en mesure d'aider les responsables du bien commun à agir de façon cohérente avec la vérité sur l'homme, qui comporte toujours, et tout d'abord, la sauvegarde de la vie humaine, du mariage et de la famille. Depuis longtemps, l'Eglise qui est en Italie travaille à soutenir la famille également dans cette direction, en conjuguant, dans l'optique du projet culturel, l'action pastorale avec une présence incisive dans les domaines de la culture et de la communication.


5. Ce Congrès, d'une grande importance pour la communauté ecclésiale et pour la bien-aimée nation italienne, est organisé par la Commission épiscopale pour la famille et la vie, par le Forum des Associations familiales et par le Service national pour le projet culturel sur le thème "La famille sujet social. Racines, défis et projets", qui se déroulera à Rome du 18 au 20 octobre et auquel participeront plus de mille délégués des diocèses et des associations familiales. Je désire faire parvenir aux congressistes mes voeux les plus chaleureux pour le bon déroulement des travaux et une bénédiction particulière, afin que cette précieuse occasion d'étude et de confrontation renforce les convictions sur la valeur du mariage et de la famille, et suscite un enthousiasme renouvelé dans l'engagement au service de la famille. Le thème choisi indique avec clarté la direction qu'il faut prendre pour imprimer un tournant décisif à la situation sociale, qui en Italie également, n'a pas encore vu la complète réalisation d'un projet cohérent dans le domaine des politiques familiales, souvent évoquées, mais pas toujours réalisées.

Il est en particulier nécessaire de passer d'une considération de la famille comme étant un secteur, à une vision de celle-ci comme critère de mesure de toute l'action politique, car toutes les dimensions de la vie humaine et sociale sont liées au bien de la famille: la sauvegarde de la vie humaine, la protection de la santé et de l'environement; les projets d'urbanisme des villes, qui doivent offrir des conditions de logement, des services et des espaces verts à la mesure des familles; le système scolaire, qui doit garantir une pluralité d'interventions, d'initiatives, qu'elles proviennent de l'Etat ou d'autres partenaires sociaux, à partir du droit à choisir des parents; la révision des processus de travail et des critères fiscaux, qui ne peuvent tenir compte uniquement de chaque personne prise individuellement, en négligeant, ou pire encore, en pénalisant le noyau familial.


6. Le travail qui attend les congressistes est plus que jamais vaste et difficile, mais il existe aujourd'hui les conditions pour une inversion significative des tendances, à partir d'un respect cohérent du principe de subsidiarité dans les relations entre l'Etat et la famille et d'une forte poussée culturelle, qui ramène au centre de l'estime et de l'attention de tous la valeur du mariage et de la famille. Le rapport correct entre l'Etat et la famille se fonde, en effet, sur l'institution juridique du mariage qui est, et qui doit rester, comme l'affirme la Constitution de la République italienne, l'élément de garantie pour la reconnaissance sociale des familles. Le mariage est également la condition qui permet à l'Etat d'effectuer un discernement correct et nécessaire entre la famille authentique, avec ses droits inaliénables, et les autres formes de co-existence.

Ce que j'ai écrit dans Familiaris consortio demeure un point de référence fondamental: "L'institution du mariage n'est pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, ni l'imposition extrinsèque d'une forme; elle est une exigence intérieure du pacte d'amour conjugal qui s'affirme publiquement comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au dessein du Dieu créateur" (Familiaris consortio FC 11).

Il est certain que la contribution qualifiée des intervenants, des experts et la contribution de tous les participants au Congrès seront utiles pour trouver les voies les plus adaptées pour l'affirmation et le développement de tout cela, au cours de cette nouvelle saison. En effet, les familles attendent légitimement, d'une part, la réalisation de conditions sociales correspondant à leurs exigences et, de l'autre, elles doivent contribuer à construire un nouveau modèle social à travers leur engagement direct et grâce à l'aide des associations familiales qui les représentent. Je désire exprimer ma plus vive satisfaction pour ce qui a été accompli en Italie par le Forum des Associations familiales, qui a le mérite d'avoir encouragé un débat de haut niveau sur les problèmes sociaux, en accordant la parole aux exigences les plus authentiques de la famille et en contribuant ainsi au bien de toute la société italienne.


7. J'attends avec joie la rencontre de samedi 20 octobre, pour invoquer le Seigneur en même temps que de nombreuses familles. Il s'agira d'un moment important pour réfléchir aux défis qui concernent la famille et aux responsabilités des divers acteurs de la vie ecclésiale et civile. Ce chemin articulé, sur lequel les familles italiennes sont engagées, aussi bien à travers leur réflexion que par leur participation à la Veillée organisée par la Conférence épiscopale italienne, atteindra son sommet dimanche matin, lors de la béatification des époux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi. Dans l'attente de pouvoir célébrer les merveilles du Seigneur rendues visibles sur le chemin de sainteté de ces époux, j'adresse ma pensée reconnaissante à toutes les familles engagées dans l'édification de la civilisation de l'amour et j'accompagne par ma prière ces journées de réflexion et de confrontation, en invoquant sur tous la protection et la proximité de Marie, Reine de la famille.

Du Vatican, le 15 octobre 2001


AU COURS DE LA RENCONTRE AVEC LES FAMILLES

Place Saint Pierre, Samedi 20 octobre 2001



1. Chères familles de cette nation bien-aimée, qui êtes venues à Rome pour confirmer votre foi et votre vocation, je vous salue une par une, en vous serrant contre moi dans une profonde étreinte. Je salue également les familles qui ont été invitées, originaires de divers pays de l'Europe centrale et orientale, et que je viens de rencontrer. Mon salut s'étend au Cardinal Camillo Ruini, Président de la Conférence épiscopale italienne, aux autres cardinaux et évêques présents, ainsi qu'aux Autorités politiques et civiles.

J'accueille chacun avec une grande affection sur cette Place, coeur de l'Eglise universelle. Elle se transforme ce soir, grâce à la présence joyeuse de tant de familles chrétiennes, en une grande Eglise domestique. Je vous remercie de votre accueil chaleureux et de la joie que vous me donnez en me sentant, à mon tour, accueilli dans votre coeur.

Ce rendez-vous constitue une nouvelle étape du chemin qui, l'année dernière, nous a vus réunis ici sur la Place Saint-Pierre, avec un grand nombre d'entre vous et de nombreuses autres familles du monde entier, afin de célébrer le grand Jubilé. Nous sommes ici pour confirmer ce chemin et pour tourner à nouveau notre regard vers Jésus-Christ, Lumière qui "vous appelle à illuminer à travers votre témoignage le chemin de l'humanité sur les routes du nouveau millénaire" (Discours lors de la veillée du 14 octobre 2000, n. 9; cf. ORLF n. 43 du 24 octobre 2000).


2. Pour cette rencontre, vous avez choisi le thème suivant: "Croire dans la famille, c'est construire l'avenir". Il s'agit d'un thème exigeant qui nous invite à réfléchir sur la vérité de la famille et, dans le même temps, sur son rôle pour l'avenir de l'humanité. Certaines questions peuvent nous guider dans cette réflexion: "Pourquoi croire dans la famille?". Ainsi que: "Dans quelle famille croire?". Et enfin: "Qui doit croire en la famille?".

Pour répondre à la première question, nous devons partir d'une vérité originelle et fondamentale: Dieu croit fermement dans la famille. Depuis le début, depuis le "principe", en créant l'être humain à son image et ressemblance, homme et femme, il a voulu placer au centre de son projet la réalité de l'amour entre l'homme et la femme (cf. Gn 1,27). Toute l'histoire du salut est un dialogue passionné entre le Dieu fidèle, que les prophètes décrivent souvent comme le fiancé et l'époux, et la communauté élue, l'épouse, souvent tentée par l'infidélité, mais toujours attendue, recherchée et à nouveau aimée par son Seigneur (cf. Is 62,4-5 Os 1-3). La confiance que le Père nourrit envers la famille est tellement profonde que, c'est aussi en pensant à elle, qu'il a envoyé son Fils, l'Epoux, venu racheter son épouse, l'Eglise, et en elle chaque homme et chaque famille (cf. Lettre aux familles LF 18).

Oui, chères familles, "l'Epoux est avec vous!". De cette présence, accueillie et partagée, naît cette force sacramentelle particulière et extraordinaire qui transforme votre union intime de vie en signe efficace de l'amour entre le Christ et l'Eglise, et qui vous transforme en sujets responsables, acteurs de la vie ecclésiale et sociale.


3. Le fait que Dieu ait placé la famille comme fondement de la coexistence humaine et comme paradigme de la vie ecclésiale, exige de la part de tous une réponse décisive et convaincue. Dans Familiaris consortio, dont c'est le vingtième anniversaire, je disais: "Famille, deviens ce que tu es" (cf. n. FC 17). J'ajoute aujourd'hui, "Famille, crois en ce que tu es"; crois dans ta vocation qui est d'être un signe lumineux de l'amour de Dieu.

Cette rencontre nous permet de rendre grâce à Dieu pour les dons accordés à son Eglise et aux familles qui, au cours de ces années, ont précieusement recueilli les enseignements conciliaires et ceux contenus dans Familiaris consortio.En outre, nous devons être reconnaissants à l'Eglise qui est en Italie et à ses pasteurs d'avoir contribué de façon déterminante à la réflexion sur le mariage et sur la famille, à travers des documents importants, tels qu'Evangélisation et sacrement du mariage qui, dès 1975, ont permis d'accomplir un véritable tournant dans la pastorale familiale, et en particulier le Directoire sur la pastorale familiale, publié en juillet 1993.


4. La deuxième interrogation nous invite à réfléchir sur un aspect d'une grande actualité, car aujourd'hui, l'on enregistre autour de l'idée de famille des opinions extrêmement différentes, qui laissent penser qu'il n'existe plus aucun critère la qualifiant et la définissant. A côté de la dimension religieuse de la famille, il existe également sa dimension sociale. La valeur et le rôle de la famille sont tout aussi évidents de cet autre point de vue. Aujourd'hui, malheureusement, nous assistons à la diffusion de points de vues déformés et plus que jamais dangereux, alimentés par des idéologies relativistes, diffusés de façon envahissante par les médias. En réalité, pour le bien de l'Etat et de la société, il est d'une importance fondamentale de sauvegarder la famille fondée sur le mariage, entendu comme un acte qui ratifie l'engagement réciproque exprimé et réglementé publiquement, la responsabilité à l'égard du conjoint et des enfants, la garantie des droits et des devoirs comme noyau social primordial sur lequel se fonde la vie de la nation.

Si l'on n'est pas convaincu que l'on ne peut, en aucune façon, assimiler la famille fondée sur le mariage à d'autres formes de regroupement affectif, c'est la structure sociale elle-même et son fondement juridique qui sont menacés. Le développement harmonieux et le progrès d'un peuple dépendent dans une large mesure de sa capacité d'investir dans la famille, en garantissant au niveau législatif, social et culturel, la réalisation pleine et effective de ses fonctions et de ses tâches.

Chères familles, dans un système démocratique, il devient fondamental de laisser la parole aux raisons qui motivent la défense de la famille fondée sur le mariage. Celle-ci est la principale source d'espérance pour l'avenir de l'humanité, comme cela est bien exprimé dans la deuxième partie du thème choisi pour cette rencontre. Notre espérance est donc que des individus, des communautés et des sujets sociaux croient toujours davantage dans la famille fondée sur le mariage, lieu d'amour et de solidarité authentique.


5. En réalité, afin de regarder l'avenir avec confiance, il est nécessaire que tous croient dans la famille, en assumant les responsabilités correspondant à leur propre rôle. Nous répondons ainsi à la troisième question, dont nous sommes partis: "Qui doit croire en la famille?" Je voudrais tout d'abord souligner que les premiers garants du bien de la famille sont les conjoints eux-mêmes, que ce soit en vivant de façon responsable, chaque jour, les engagements, les joies et les difficultés, ou bien en laissant la parole, à travers des formes associatives et des initiatives culturelles, à des instances sociales et législatives en mesure de soutenir la vie familiale. Le travail accompli au cours de ces années par le Forum des associations familiales est connu et apprécié; je lui exprime ma satisfaction pour ce qu'il a accompli et également pour l'initiative intitulée Family for family, par laquelle on entend renforcer les rapports de solidarité entre les familles italiennes et celles des pays de l'Est européen.

Une responsabilité particulière pèse sur les hommes politiques et sur les gouvernants, à qui il revient d'appliquer la norme constitutionnelle et de percevoir les exigences les plus authentiques de la population composée en très grande majorité de familles, qui ont fondé leur union sur le lien du mariage. On attend donc à juste titre des interventions législatives centrées sur la dignité de la personne humaine et sur l'application correcte du principe de subsidiarité entre l'Etat et la famille; des interventions en mesure de permettre de résoudre des questions importantes, et sous de nombreux aspects décisives pour l'avenir du pays.


6. Il est en particulier important et urgent de réaliser pleinement un système scolaire et éducatif ayant son centre dans la famille et dans sa liberté de choix. Il ne s'agit pas, comme certains l'affirment de façon erronée, d'enlever quelque chose à l'école publique pour le donner à l'école privée, mais plutôt de surmonter une injustice substantielle qui pénalise toutes les familles, empêchant que se manifeste une liberté d'initiative et de choix effective. Ceux qui désirent exercer le droit fondamental d'orienter l'éducation de leurs enfants, en choisissant des écoles qui offrent un service public tout en n'appartenant pas à l'Etat, doivent ainsi faire face à des charges supplémentaires.

Il est également souhaitable d'effectuer un saut qualitatif décisif dans la programmation des politiques sociales, qui devraient toujours davantage prendre en compte le caractère central de la famille, pour répondre à ses nécessités en effectuant des choix dans le domaine de la planification du logement, de l'organisation du travail, de la détermination du salaire et des critères d'imposition. Une attention particulière doit également être réservée à la préoccupation légitime de nombreuses familles, qui dénoncent une dégradation croissante des moyens de communication qui, en véhiculant des scènes de violence, des banalités et de la pornographie, se révèlent toujours moins attentifs à la présence des mineurs et à leurs droits. Les familles ne peuvent pas être abandonnées à elles-mêmes par les institutions et par les forces sociales, dans l'effort de garantir à leurs enfants des milieux de vie sains, positifs et riches de valeurs humaines et religieuses.


7. Chères familles, en affrontant ces grands défis ne vous découragez pas et ne vous sentez pas seules: le Seigneur croit en vous; l'Eglise marche avec vous; les hommes de bonne volonté vous regardent avec confiance!

Vous êtes appelées à être les acteurs de l'avenir de l'humanité, en modelant le visage de ce nouveau millénaire. Dans cette tâche, que vous assiste et que vous guide la Vierge Marie, notre Mère, ici présente parmi nous à travers l'une de ses images particulièrement vénérée. Je confie à la Madone de Lorette, Reine de la Famille, qui dans la maison de Nazareth, avec son époux Joseph, a fait l'expérience des joies et des épreuves de la vie familiale, chacune de vos espérances, en invoquant sa protection céleste. Très chers époux, que le Seigneur vous confirme dans l'engagement pris à travers les promesses du mariage le jour de vos noces. Le Pape et l'Eglise prient pour vous. Je vous bénis de grand coeur, ainsi que vos enfants.


Discours 2001 -   MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS À LA VIème RENCONTRE NATIONALE DES ENSEIGNANTS UNIVERSITAIRES CATHOLIQUES ITALIENS