Discours 2002 -   MESSAGE DE JEAN-PAUL II POUR LE Xème ANNIVERSAIRE DE LA CRÉATION DE LA FONDATION POPULORUM PROGRESSIO


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À LA CONGRÉGATION DES SOEURS URSULINES DE LA SAINTE-FAMILLE


  A la Révérende Mère
Soeur Carmela DI STEFANO
Supérieure générale
de la Congrégation
des Soeurs Ursulines
de la Sainte-Famille

1. Je suis heureux de vous rencontrer, à l'occasion de votre Chapitre général qui a pour thème: "La mission se confronte au charisme et se tourne vers l'avenir". Il s'agit d'un événement de grâce, qui constitue un appel puissant à approfondir votre charisme originel, afin de pouvoir ensuite l'incarner, sous les formes les plus adaptées, dans le contexte socio-culturel actuel.

Je vous salue, Révérende Mère Supérieure générale, ainsi que les déléguées à l'Assemblée capitulaire et toutes les Ursulines, qui effectuent leur généreux apostolat en Italie et au Brésil. En poursuivant le chemin parcouru jusqu'à présent, vous entendez "développer le Royaume de Dieu à travers l'apostolat de l'éducation, de l'assistance et de la mission" (Const.56), en écoutant la voix de l'Esprit Saint qui illumine l'esprit et le coeur. Vous désirez en outre analyser de façon attentive les défis de la société d'aujourd'hui en rapide transformation, afin de continuer à leur apporter des réponses valables, à travers une action apostolique incisive. Que Dieu bénisse vos intentions!



2. Chères soeurs! Conservez fidèlement ce que vous a légué votre Fondatrice, Rosa Rocuzzo. Son existence tout entière a été marquée par un intense colloque intérieur avec Dieu et par un tendre amour à l'égard de la Famille de Nazareth. C'est à l'Esprit de la Sainte Famille qu'elle inspira son inlassable service en faveur du prochain, en cherchant à affronter avec toutes les énergies disponibles les formes de pauvreté caractéristiques de son époque: de la pauvreté économique et morale à celle qui naît de la carence d'une assistance médicale adaptée.

Elle voulut greffer son oeuvre sur le grand arbre de la Famille spirituelle de sainte Angela Merici, en la proposant ainsi à ses filles comme une mère authentique dans l'esprit et un modèle suggestif à imiter. Sainte Angela demandait à chaque Ursuline d'être "une épouse véritable et intacte du Fils de Dieu" (Lettre d'introduction de la Règle de sainte Angela Merici): un idéal exigeant, qui demande de tendre sans cesse vers la sainteté.

C'est sur la base de ces solides références spirituelles que s'est développé, au cours des années, le style missionnaire avec lequel votre Institut désire servir chaque homme, sans distinction de race ni de religion.



3. Chères soeurs! Avec une liberté prophétique et un sage discernement, soyez les témoins quotidiens de l'Evangile, présentes là où le besoin vous appelle, capables de vous distinguer par une intense communion et une coopération active avec les Pasteurs de l'Eglise.

Le grand défi de l'inculturation demande aujourd'hui aux croyants d'annoncer la Bonne Nouvelle à travers un langage et des modalités compréhensibles aux hommes de ce temps. Une mission urgente et de vastes perspectives apostoliques s'ouvrent à vous, chères Ursulines de la Sainte-Famille. Comme votre Fondatrice, soyez prêtes à consacrer votre existence au service des pauvres; cultivez une véritable passion pour l'éducation des jeunes; prodiguez-vous avec générosité pour les autres, en particulier pour les malades et ceux qui souffrent. Nombreux sont ceux qui attendent encore de connaître Jésus et son Evangile! Nombreux sont ceux qui ont besoin de faire l'expérience de l'amour de Dieu!

Chacune de vous sait cependant bien que, pour pouvoir répondre à ces attentes, il faut en premier lieu tendre de toutes ses forces vers la sainteté, en conservant un contact incessant avec le Christ dans la prière et dans la contemplation. Ce n'est qu'ainsi que l'on devient ses messagers crédibles, en allant à la rencontre de nos frères dans un esprit de simplicité et de pureté, que le grand bienfaiteur de votre Congrégation, l'Evêque Mgr Luigi Bignami, appelait l'esprit des "lys de la montagne".

Que Jésus, Joseph et Marie vous protègent et vous aident à porter à terme vos projets de bien. Que ma prière soit un réconfort et un soutien pour vous, de même que la Bénédiction que je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à ceux que vous rencontrez dans votre apostolat.

De Castel Gandolfo, le 12 juillet 2002

JEAN-PAUL II



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS DE SAINT-JEAN-BAPTISTE ET DE SAINTE-CATHERINE DE SIENNE


  A la Révérende Mère
Maria Floriana PASQUALETTO
Supérieure générale
de la Congrégation
des Soeurs de Saint-Jean-Baptiste
et de Sainte-Catherine de Sienne

1. J'ai appris avec une vive satisfaction que la Congrégation des Soeurs de Saint-Jean-Baptiste et de Sainte-Catherine célèbre, en ce mois de juillet, son Chapitre général qui a pour thème: "De la structure, une nouvelle vitalité de l'Institut pour le bien de l'Eglise et de la société à l'heure actuelle et à l'avenir". Cet important événement m'offre l'opportunité de manifester ma proximité spirituelle à cet Institut et de vous adresser des voeux cordiaux, ainsi qu'aux consoeurs élues à l'Assemblée capitulaire, au cours de laquelle vous réfléchirez sur la façon d'ouvrir la Congrégation à de nouvelles perspectives de développement spirituel et apostolique.

Pour cela, tout en poursuivant le chemin parcouru jusqu'à présent, votre intention est de revenir aux origines de l'Institut et d'étudier à nouveau ce que vous appelez sa "structure", c'est-à-dire la Règle et les Constitutions. Vous êtes à juste titre persuadées que l'inspiration originelle de Medea Ghiglino Patellani, qui à la fin du XVI siècle, se consacra, à Gênes, à la formation intégrale de la jeunesse, conserve encore aujourd'hui une pleine actualité. Ainsi, à partir de la considération de l'élan du début, vous voulez tirer des encouragements intérieurs pour vous projeter vers de nouveaux objectifs missionnaires courageux. Je pense, à ce propos, aux projets concernant les deux Provinces de l'Italie et du Brésil, ainsi qu'à la récente ouverture de votre famille religieuse vers l'Albanie et la Bolivie.

2. La jeune Medea, profondément attachée à sa ville, plaça l'oeuvre encore à ses débuts sous la protection de saint Jean-Baptiste, patron de Gênes, et de sainte Catherine de Sienne: Jean, qui indique Jésus, l'Agneau de Dieu, et Catherine, femme apostolique, comblée d'amour prophétique à l'égard du Christ et de l'Eglise. Ces deux grands saints, dans lesquels elle voyait pleinement réalisé son désir d'appartenir sans réserve au Christ, furent ses références constantes et accompagnèrent le développement successif de l'Institut.

Sous la direction experte du jésuite, le Père Bernardino Zanoni, la Fondatrice se proposa de traduire au quotidien la grande "leçon" des Exercices de saint Ignace de Loyola, en recherchant sans relâche un sage équilibre entre l'expérience spirituelle personnelle et les exigences de la vie commune. La communion vécue dans son intégralité et l'éducation des jeunes filles, en tenant compte de la globalité de la personne humaine, constituèrent à partir de ce moment le coeur de votre charisme.

Je suis certain que le Chapitre général, également grâce à la relecture attentive de votre histoire, constituera un moment favorable pour amener toute la Famille des Soeurs de Saint-Jean-Baptiste et de Sainte-Catherine de Sienne à accomplir un nouveau pas en avant, en adaptant la Règle de vie originelle aux nouvelles exigences de notre temps, sans rien trahir de sa substance.



3. Ayez tout d'abord soin de préserver la "communion", élément central et, dans le même temps, synthèse de votre charisme. C'est précisément au début de la Règle que votre Fondatrice a voulu placer l'engagement de la communion: "Elles doivent vivre en communion, en toute chose" (art. 1 RP). Ce "toute chose" souligne l'appartenance généreuse de la personne à la communauté religieuse. Il signifie dans le même temps que les activités ne doivent jamais être le fruit de choix individuels, mais le témoignage du souffle d'une entente communautaire constante.

Cette caractéristique particulière de votre charisme répond bien à l'une des priorités de la nouvelle évangélisation, que j'ai voulu indiquer dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, c'est-à-dire celle de "faire de l'Eglise la maison et l'école de la communion" (NM 43). J'ai écrit à ce propos: "Avant de programmer des initiatives concrètes, il faut promouvoir une spiritualité de la communion, en la faisant ressortir comme principe éducatif" (ibid. NM NM 43). C'est vrai: le service apostolique, dans lequel resplendit la gloire de Dieu, naît de la communion réellement vécue.

Cette perspective engage les membres de l'Institut à mettre les Constitutions à jour, en faisant preuve d'un discernement attentif et en se référant constamment à la volonté de la Fondatrice, animés par son même désir de collaborer avec la "Sainte Oeuvre de la plus grande Gloire de Dieu, qui consiste dans le bien particulier et universel des âmes rachetées par le très précieux sang de Jésus".

Aimer Dieu et l'Eglise: c'est à cet idéal, qui fut celui de Medea Ghiglino Patellani, que ses filles ne manqueront pas d'inspirer leur service éducatif, en faisant sans cesse référence au principe pédagogique fondamental de l'unité de la personne humaine. Ainsi, fidèles au charisme d'origine et dociles à l'action de l'Esprit Saint, elles sauront répondre aux défis du moment historique actuel par des choix missionnaires ouverts aux "signes des temps".



4. Révérende Mère, alors que je rends grâce au Seigneur pour l'oeuvre généreuse que cette Congrégation accomplit dans l'Eglise et dans la société, je prie afin que le Chapitre général soit une occasion providentielle pour une vaste relance, tout en persévérant, malgré les difficultés du temps présent, sur le chemin entrepris avec une pleine confiance dans la Divine Providence.

Que Marie, Etoile de la nouvelle évangélisation, vous accompagne, Révérende Mère, ainsi que toutes vos consoeurs, et qu'elle obtienne de son Divin Fils pour chacune les grâces nécessaires. Avec ces sentiments, alors que j'implore l'abondance des dons célestes sur les travaux du Chapitre, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux soeurs capitulaires et à toute la Congrégation, ma Bénédiction apostolique propitiatoire.

De Castel Gandolfo, le 11 juillet 2002

JEAN-PAUL II




VOYAGE APOSTOLIQUE À TORONTO, À CIUDAD DE GUATEMALA ET À CIUDAD DE MÉXICO

XVIIème JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Toronto - Aéroport international, mardi 23 juillet 2002



Monsieur le Premier Ministre Jean Chrétien,
Chers amis canadiens!

1. Je vous suis profondément reconnaissant, Monsieur le Premier Ministre, pour vos paroles de bienvenue et je me sens très honoré par la présence, à mon arrivée, du Premier Ministre de l’Ontario, du Maire de la grande ville de Toronto et de plusieurs hauts représentants du gouvernement et de la société civile. À tous, j’exprime de tout coeur un chaleureux «merci»: merci d’avoir répondu favorablement à l’idée d’accueillir la Journée mondiale de la Jeunesse au Canada, et merci pour tout ce qui a été accompli afin que cela devienne réalité.

Chers Canadiens, je garde un souvenir très vif de mon premier voyage apostolique en 1984 et de la brève visite accomplie en 1987 auprès des peuples indigènes dans la terre de Denendeh. Cette fois-ci, je dois me contenter de rester seulement à Toronto. De ce lieu, je salue tous les citoyens du Canada. Vous êtes présents dans ma prière de reconnaissance envers Dieu qui a comblé de ses bénédictions votre immense et splendide pays.

2. Voici que se rassemblent des jeunes de tous les points du monde pour la Journée mondiale de la Jeunesse. Avec leurs dons d’intelligence et de coeur, ils sont l’avenir du monde. Mais ils portent aussi les marques d’une humanité qui, trop souvent, ne connaît ni la paix ni la justice.

Trop de vies commencent et s’achèvent sans joie et sans espérance. Une des principales raisons d’être des Journées mondiales de la Jeunesse est celle-ci: les jeunes sont en train de se rassembler pour s’engager, avec la force de leur foi en Jésus Christ, à servir la grande cause de la paix et de la solidarité humaine.

Merci à toi, Toronto! Merci à toi, Canada, pour l’accueil offert à bras ouverts à tous ces jeunes!

3. Dans la version francophone de votre hymne national «O Canada», vous chantez: «Car ton bras sait porter l’épée, il sait porter la croix». Les Canadiens sont les héritiers d’un humanisme extraordinairement riche, grâce à l’association de nombreux éléments culturels divers. Mais le noyau de votre héritage, c’est la conception spirituelle et transcendante de la vie, fondée sur la Révélation chrétienne, qui a donné une impulsion vitale à votre développement comme société libre, démocratique et solidaire, reconnue dans le monde entier comme un chantre des droits de la personne humaine et de sa dignité.

4. Dans un monde marqué par de fortes tensions éthiques et sociales, et par une sorte de confusion sur le but même de la vie, les Canadiens ont, comme contribution, un trésor incomparable à offrir. Ils doivent donc préserver ce qui est profond, ce qui est bon, ce qui est valable dans leur héritage. Je prie pour que cette Journée mondiale de la Jeunesse soit pour tous les Canadiens une occasion de redécouverte des valeurs qui sont essentielles pour une vie bonne et pour le bonheur humain.

Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités, chers amis: puisse la devise de la Journée mondiale de la Jeunesse résonner d’un bout à l’autre du pays, rappelant à tout chrétien son devoir d’être «sel de la terre et lumière du monde» !

Que Dieu vous bénisse. Que Dieu bénisse le Canada !




FÊTE D'ACCUEIL DES JEUNES SALUT INITIAL DU PAPE JEAN-PAUL II

Toronto - Exhibition Place, jeudi 25 juillet 2002


Chers jeunes amis!

1. Vous êtes venus à Toronto des cinq continents pour célébrer votre Journée mondiale. À vous s’adresse mon salut joyeux et cordial. J’ai attendu avec impatience cette rencontre alors que parvenaient sur ma table de travail au Vatican, de diverses régions du monde, les échos consolants des multiples initiatives qui ont marqué votre chemin jusqu’à aujourd’hui. Et souvent, même sans vous connaître, je vous ai présenté un par un au Seigneur dans la prière : Lui vous connaît depuis toujours et vous aime personnellement.

Je salue avec une fraternelle affection les Cardinaux et les Évêques qui vous accompagnent, en particulier Monseigneur Jacques Berthelet, Président de la Conférence des Évêques catholiques du Canada, le Cardinal Aloysius Ambrozic, Archevêque de cette ville, et le Cardinal James Francis Stafford, Président du Conseil pontifical pour les Laïcs. À tous je redis: puisse la vie en proximité avec vos Pasteurs vous aider à découvrir toujours plus et à goûter la beauté de l’Église vécue comme communion missionnaire!

2. À entendre la longue liste des pays dont vous êtes originaires, nous avons fait ensemble quasiment le tour du monde. Derrière chacun de vous, j’ai vu le visage des jeunes de votre âge que j’ai rencontrés au cours de mes voyages apostoliques et qu’aujourd’hui, en quelque sorte, vous représentez ici. Je vous ai imaginés en chemin à l’ombre de la croix du Jubilé dans ce grand pèlerinage de la jeunesse qui, passant de continent en continent, désire rassembler le monde dans une étreinte de foi et d’espérance.

Aujourd’hui, ce pèlerinage fait étape ici, sur les rives du lac Ontario, qui nous rappelle un autre lac, celui de Tibériade, sur les rives duquel le Seigneur Jésus adressa aux premiers disciples, parmi lesquels certains étaient probablement jeunes comme vous, une proposition attirante (cf. Jn 1,35-42).



3. Le Pape est venu de Rome pour entendre à nouveau avec vous la parole de Jésus qui, aujourd’hui encore, comme cela s’est produit pour les disciples en un jour lointain, peut enflammer le coeur d’un jeune et motiver toute son existence. Je vous invite donc à faire des divers moments des Journées mondiales qui commencent un temps privilégié durant lequel chacun de vous, chers jeunes, se mettra à l’écoute du Seigneur, avec un coeur disponible et généreux, pour devenir «sel de la terre et lumière du monde» (cf Mt 5,13-16).

Chers jeunes d’Espagne et d’Amérique latine, je vous salue cordialement. Rappelez-vous le chemin du bonheur que Jésus annonce dans l’Évangile!

Je vous salue avec affection, ainsi que les évêques qui vous accompagnent.

Je salue aussi les jeunes de langue portugaise et je vous souhaite à tous le bonheur et la joie des Béatitudes.

Je salue avec joie et affection les jeunes italiens, accompagnés par leurs évêques.

Enfin, je salue mes compatriotes venus de Pologne jusqu’à Toronto.



FÊTE D'ACCUEIL DES JEUNES DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II

Toronto - Exhibition Place, jeudi 25 juillet 2002




Chers Jeunes,

1. La page des Béatitudes que nous venons d’entendre est la grande charte du christianisme. C’est avec les yeux du coeur que nous revoyons la scène de ce jour-là: une foule de personnes entoure Jésus sur la montagne, hommes et femmes, jeunes et vieux, bien-portants et malades, venus de la Galilée, mais aussi de Jérusalem, de la Judée, des villes de la Décapole, de Tyr et de Sidon. Ils sont tous en attente d’une parole, d’un geste qui puisse leur donner réconfort et espérance.

Ce soir, nous sommes nous aussi rassemblés pour nous mettre à l’écoute du Seigneur. Je vous regarde avec une grande affection: vous venez de diverses régions du Canada, des États-Unis, de l’Amérique centrale, de l’Amérique du Sud, de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Océanie. J’ai écouté vos voix joyeuses, vos cris, vos chants, et j’ai perçu l’attente profonde de vos coeurs: vous voulez être heureux!

Chers jeunes, les propositions qui vous sollicitent de toute part sont nombreuses et séduisantes: beaucoup vous parlent d’une joie qui pourrait s’obtenir par l’argent, par le succès, par le pouvoir. Surtout, ils vous parlent d’une joie qui coïnciderait avec le plaisir superficiel et éphémère des sens.

2. Chers amis, à votre envie de jeunes désirant être heureux, le vieux Pape, chargé d’années mais encore jeune de coeur, répond par une parole qui n’est pas la sienne. C’est une parole qui a résonné il y a deux mille ans. Nous l’avons de nouveau entendue ce soir: «Heureux...». La parole clé de l’enseignement de Jésus est une annonce de joie: «Heureux...»

L’homme est fait pour le bonheur. Votre soif de bonheur est donc légitime. Le Christ a la réponse à votre attente. Il vous demande donc de lui faire confiance. La joie véritable est une conquête, qui ne s’obtient pas sans une lutte longue et difficile. Le Christ possède le secret de la victoire.

Vous savez ce qui a précédé. Le livre de la Genèse le raconte: Dieu créa l’homme et la femme dans un paradis, l’Eden, parce qu’Il les voulait heureux. Malheureusement le péché bouleversa ses projets initiaux. Dieu ne se résigna pas à cet échec. Il envoya son Fils sur la terre pour redonner à l’homme la perspective d’un ciel encore plus beau. Dieu s’est fait homme – les Pères de l’Église l’ont souligné – afin que l’homme puisse devenir Dieu.Tel est le tournant décisif que l’Incarnation a imprimé dans l’histoire humaine.

3. Où se situe la lutte? La réponse nous est donnée par le Christ lui-même. «Lui qui était dans la condition de Dieu», a écrit saint Paul, «il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais... en prenant la condition de serviteur..., il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir» (Ph 2 Ph 6-8). Il s’agit d’une lutte jusqu’à la mort. Le Christ l’a vécue non pour lui mais pour nous. De cette mort a jailli la vie.La tombe du Calvaire est devenue le berceau de l’humanité nouvelle en chemin vers le vrai bonheur.

Le «Discours sur la Montagne» trace la carte de ce chemin. Les huit Béatitudes sont les panneaux signalétiques qui indiquent la direction à suivre. C’est un chemin qui monte, mais Jésus l’a parcouru le premier. Et il est prêt à le parcourir de nouveau avec vous. Il déclara un jour: «Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres» (Jn 8,12). Et dans une autre circonstance il ajouta: «Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie» (Jn 15,11).

C’est en marchant avec le Christ que l’on peut conquérir la joie, la vraie joie! C’est précisément pour cette raison qu’il vous lance aujourd’hui encore un appel à la joie: «Heureux...».

Accueillant maintenant sa Croix glorieuse, cette Croix qui a parcouru avec les jeunes les routes du monde, laissez résonner dans le silence de votre coeur cette parole consolante et exigeante: «Heureux...».



(Procession avec la Croix de l’Année sainte)

4. Rassemblés autour de la Croix du Seigneur, nous nous tournons vers lui: Jésus ne s’est pas contenté d’énoncer les Béatitudes. Il les a vécues.Parcourant de nouveau sa vie, relisant l’Évangile, nous restons émerveillés: le plus pauvre parmi les pauvres, l’être le plus doux parmi les humbles, la personne au coeur le plus pur et miséricordieux, c’est précisément lui, Jésus. Les béatitudes ne sont que la description d’un visage, son Visage!

En même temps, les Béatitudes décrivent le chrétien. Elles sont le portrait du disciple de Jésus, la photographie de l’homme qui a accueilli le règne de Dieu et qui veut harmoniser sa vie avec les exigences de l’Évangile. Jésus s’adresse à cet homme en l’appelant «heureux».

La joie que les Béatitudes promettent est la joie même de Jésus: une joie cherchée et trouvée dans l’obéissance au Père et dans le don de soi à ses frères.

5. Jeunes du Canada, d’Amérique et de toutes les parties du monde! Regardant Jésus, vous pouvez apprendre ce que signifie être pauvre de coeur, humble et miséricordieux, ce que veut dire rechercher la justice, avoir un coeur pur, être un artisan de paix.

Avec le regard fixé sur lui, vous pouvez découvrir le chemin du pardon et de la réconciliation dans un monde souvent en proie à la violence et à la terreur. Avec une dramatique évidence au cours de l’année passée, nous avons fait l’expérience du visage tragique de la méchanceté humaine. Nous avons vu ce qui arrive lorsque règnent la haine, le péché et la mort.

Mais aujourd’hui la voix de Jésus résonne au milieu de notre assemblée. Sa voix est une voix de vie, d’espérance, de pardon; c’est une voix de justice et de paix. Écoutons-la!

6. Chers amis, l’Église aujourd’hui vous regarde avec confiance et attend que vous deveniez le peuple des béatitudes.

Heureux êtes vous si vous êtes comme Jésus, pauvres de coeur, bons et miséricordieux; si vous savez chercher ce qui est juste et droit; si vous avez un coeur pur, si vous êtes artisans de paix, si vous aimez et servez les pauvres. Heureux êtes-vous!

Jésus seul est le Maître véritable, Jésus seul propose un message qui ne change pas, mais qui répond aux attentes les plus profondes du coeur de l’homme, parce lui seul sait «ce qu’il y a dans l’homme» (Jn 2,25). Aujourd’hui, il vous appelle à être sel et lumière du monde, à choisir la bonté, à vivre dans la justice, à devenir instruments d’amour et de paix. Son appel a toujours demandé un choix entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort. La même invitation vous est adressée aujourd’hui à vous qui êtes ici, sur les rives du lac Ontario.



7. Quel appel choisiront de suivre les sentinelles du matin? Croire en Jésus signifie accueillir ce qu’il dit, même si cela va à contre-courant de ce que disent les autres. Cela signifie refuser les sollicitations du péché, aussi attrayantes soient-elles, et cheminer sur la route exigeante des vertus évangéliques.

Jeunes qui m’écoutez, répondez au Seigneur avec un coeur fort et généreux! Il compte sur vous. N’oubliez pas: le Christ a besoin de vous pour réaliser son projet de salut! Le Christ a besoin de votre jeunesse et de votre enthousiasme généreux pour faire résonner son annonce de joie dans le nouveau millénaire.Répondez à son appel en mettant votre vie à son service en servant vos frères! Ayez confiance dans le Christ, parce que lui a confiance en vous.

8. Seigneur Jésus Christ, proclame encore une fois
tes Béatitudes devant ces jeunes,
rassemblés à Toronto pour leur Journée mondiale.

Regarde avec amour et écoute ces jeunes coeurs,
qui sont disposés à risquer leur avenir pour Toi.
Tu les as appelés à être «sel de la terre et lumière du monde».

Continue à leur enseigner la vérité et la beauté
des perspectives que tu as annoncées sur la Montagne.

Rends-les hommes et femmes des Béatitudes!

Fais resplendir en eux la lumière de ta sagesse,
afin que, par leurs paroles et par leurs actes ils sachent
répandre dans le monde la lumière et le sel de l’Évangile.

Fais de toute leur vie un reflet lumineux de Toi,
qui es la lumière véritable, venue en ce monde,
afin que quiconque croie en toi ne meurt pas,
mais ait la vie éternelle (cf Jn 3,16)!

Mes chers amis, remercions le Seigneur pour le don de la jeunesse. Jeunesse, jeunesse arrive et passe, mais elle reste pendant toute la vie. Merci pour votre danse et bonne continuation.




VEILLÉE AVEC LES JEUNES SALUT INITIAL DU PAPE JEAN-PAUL II

Toronto - Downsview Park, samedi 27 juillet 2002



Chers Jeunes du monde, chers amis!

1. Au nom du Seigneur, je vous salue tous avec affection ! Je suis heureux de vous rencontrer une nouvelle fois, après les jours de catéchèse, de réflexion, de partage et de fête que vous avez vécus. Nous nous approchons de la phase conclusive de cette Journée mondiale, qui trouvera son couronnement demain dans la célébration de l’Eucharistie.

C’est en vous, qui êtes réunis à Toronto des quatre coins de la terre, que l’Église lit son avenir et qu’elle entend l’appel à cette jeunesse dont l’Esprit du Christ l’enrichit constamment. L’enthousiasme et la joie que vous manifestez sont les signes de votre amour pour le Seigneur et de votre désir de le servir dans l’Église et dans vos frères.

2. Ces jours derniers, à Wadowice – ma cité natale –, s’est déroulé le troisième Forum international des Jeunes, qui a rassemblé des catholiques, des grecs-catholiques et des orthodoxes provenant de Pologne et de l’Europe de l’Est. Aujourd’hui, à l’inverse, au même endroit, ce sont rassemblés des jeunes de toute la Pologne pour s’unir à nous au moyen de la télévision et pour vivre ensemble cette veillée de prière. Permettez que je les salue en polonais:

Je salue les jeunes de langue polonaise, qui sont venus très nombreux de notre patrie et des autres pays du monde, ainsi que les milliers de jeunes qui, de toute la Pologne et des pays de l’Europe de l’Est, sont rassemblés à Wadowice pour vivre avec nous cette veillée de prière. À tous, je souhaite que ces jours apportent des fruits abondants pour un élan généreux dans leur adhésion au Christ et à son Évangile.

3. Au cours de la veillée de ce soir, nous accueillerons la Croix du Christ, témoignage de l’amour de Dieu pour l’humanité. Nous acclamerons le Seigneur ressuscité, lumière qui brille dans les ténèbres. Nous prierons avec les psaumes, reprenant les paroles mêmes que Jésus a prononcées quand il s’adressait à son Père durant sa vie terrestre. Ils constituent aujourd’hui encore la prière de l’Église. Nous écouterons enfin la Parole du Seigneur, lampe pour nos pas, lumière sur notre route (cf. Ps 119,105).

Je vous invite à être la voix des jeunes du monde, de leurs joies, de leurs désespoirs, de leurs espérances. Regardez Jésus, le Vivant, et refaites-lui la même demande que les Apôtres: «Seigneur, apprends-nous à prier»! La prière sera comme le sel, qui donne de la saveur à votre existence et qui vous tournera vers Lui, lumière véritable de l’humanité.



VEILLÉE AVEC LES JEUNES DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II

Toronto - Downsview Park, samedi 27 juillet 2002




Chers Jeunes,

1. Lorsqu’en l’année 1985, désormais lointaine, j’ai voulu lancer les Journées mondiales de la Jeunesse, j’avais dans le coeur les paroles de l’Apôtre Jean que nous avons écoutées ce soir: «Ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c’est le Verbe de la vie... nous vous l’annonçons à vous aussi» (1Jn 1,1 1Jn 1,3). Et j’imaginais les Journées mondiales comme un temps fort au cours duquel les jeunes du monde pourraient rencontrer le Christ, éternellement jeune, et apprendre de Lui à devenir les évangélisateurs des autres jeunes.

Ce soir, avec vous, je bénis le Seigneur, lui rendant grâce pour le don fait à son Église à travers les Journées mondiales de la Jeunesse. Des millions de jeunes y ont participé, trouvant ainsi des motifs d’engagement et de témoignage chrétiens. Je vous remercie en particulier vous qui, accueillant mon invitation, vous êtes rassemblés ici à Toronto pour «dire au monde votre joie d’avoir rencontré le Christ Jésus, votre désir de le connaître toujours mieux, votre engagement à annoncer son Évangile de salut jusqu’aux extrémités de la terre» (Message pour la 17ème Journée mondiale de la Jeunesse, n. 5).

2. Le nouveau millénaire a commencé avec deux événements contradictoires: celui de la foule des pèlerins venus à Rome au cours du grand Jubilé pour franchir la Porte sainte qui est le Christ, Sauveur et Rédempteur de l’homme; et celui du terrible attentat terroriste de New York, icône d’un monde dans lequel semble prévaloir la dialectique de l’inimitié et de la haine.

La question qui se pose est dramatique: sur quelles fondations faut-il construire la nouvelle époque de l’histoire qui émerge des grandes transformations du vingtième siècle? Sera-t-il suffisant de parier sur la révolution technologique en cours, qui semble être guidée uniquement par des critères de productivité et d’efficacité, sans référence aucune à la dimension religieuse de l’homme et sans un discernement éthique universellement partagé? Est-il juste de se contenter de réponses provisoires aux problèmes de fond et de laisser la vie aux prises de pulsions instinctives, de sensations éphémères, d’enthousiasmes passagers?

La question se pose à nouveau: sur quelles bases, sur quelles certitudes édifier son existence et celle de la communauté à laquelle on appartient?

3. Chers amis, vous le sentez instinctivement au-dedans de vous, dans l’enthousiasme de vos jeunes années, et vous l’affirmez par votre présence ce soir: seul le Christ est la ‘pierre angulaire’ sur laquelle il est possible de construire solidement l’édifice de son existence. Seul le Christ, connu, contemplé et aimé, est l’ami fidèle qui ne déçoit pas, qui se fait le compagnon de notre route et dont les paroles réchauffent le coeur (cf. Lc 24,13-35).

Le vingtième siècle a souvent prétendu se passer de cette ‘pierre angulaire’, tentant de construire la cité des hommes sans faire référence à Lui et il a fini par l’édifier de fait contre l’homme. Mais les chrétiens le savent: il n’est plus possible de refuser ou d’écarter Dieu sans s’exposer au risque d’humilier l’homme.

4. L’attente que l’humanité nourrit au milieu de tant d’injustices et de souffrances est celle d’une nouvelle civilisation à l’enseigne de la liberté et de la paix. Mais, pour une telle entreprise, il faut une nouvelle génération de bâtisseurs qui, animés non par la peur ou par la violence, mais par l’urgence d’un amour authentique, sachent poser une pierre après l’autre pour édifier dans la cité des hommes la cité de Dieu.

Chers jeunes, acceptez que je vous confie mon espérance: vous devez être ces bâtisseurs. Vous êtes les hommes et les femmes de demain; dans vos coeurs et dans vos mains est contenu l’avenir. À vous, Dieu confie la tâche, difficile mais exaltante, de collaborer avec Lui pour édifier la civilisation de l’amour.



5. Dans la lettre de Jean – l’apôtre le plus jeune et peut-être pour cela le plus aimé par le Seigneur –, nous avons entendu que «Dieu est lumière et qu’il n’y a pas de ténèbres en Lui» (cf. 1Jn 1,5). Cependant, observe saint Jean, Dieu, personne ne l’a jamais vu. C’est Jésus, le Fils unique du Père, qui nous l’a révélé (cf. Jn 1,18). Mais si Jésus a révélé Dieu, il a révélé la lumière. En effet, avec le Christ, «la vraie lumière, qui éclaire tout homme», est venue dans le monde (Jn 1,9).

Chers jeunes, laissez-vous attirer par la lumière du Christ et répandez-la dans les milieux où vous vivez ! «La lumière du regard de Jésus – est-il écrit dans le Catéchisme de l’Église catholique – illumine les yeux de notre coeur; elle nous enseigne à tout voir dans la lumière de sa vérité et de sa compassion pour tous les hommes» (CEC 2715).

Dans la mesure où votre amitié avec le Christ, votre connaissance de son mystère, votre don de vous-mêmes à Lui, seront authentiques et profonds, vous serez «fils de la lumière» et vous deviendrez à votre tour «lumière du monde». Pour cela, je vous redis la parole de l’Évangile: «Que votre lumière brille devant les hommes; alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux» (Mt 5,16).

6. Ce soir, avec vous, jeunes des différents continents, le Pape affirme à nouveau la foi qui soutient la vie de l’Église: le Christ est la lumière des nations; il est mort et il est ressuscité pour redonner aux hommes, qui marchent dans l’histoire, l’espérance de l’éternité. Son Évangile n’humilie pas l’humain: toute valeur authentique, quelle que soit la culture dans laquelle elle se manifeste, est accueillie et assumée par le Christ. Conscient de cela, le chrétien ne peut pas ne pas sentir vibrer en lui la fierté et la responsabilité d’être témoin de la lumière de l’Évangile.

C’est pourquoi je vous dis à vous ce soir: faites resplendir la lumière du Christ dans votre vie! N’attendez pas d’être plus âgés pour vous engager dans la voie de la sainteté! La sainteté est toujours jeune, comme est éternelle la jeunesse de Dieu.

Faites connaître à tous la beauté de la rencontre avec Dieu, qui donne sens à votre existence. Dans la recherche de la justice, de la promotion de la paix, de l’engagement en vue de la fraternité et de la solidarité, ne soyez pas en reste!

Comme il est beau le chant qui résonne en ces jours:

«Lumière du monde! Sel de la terre!
Soyez pour le monde visage de l’amour!
Soyez pour la terre le reflet de sa lumière!

C’est le don le plus beau et le plus précieux que vous pourrez faire à l’Église et au monde. Vous le savez, le Pape vous accompagne de sa prière et de son affectueuse Bénédiction.

7. Je voudrais saluer encore les jeunes de langue polonaise:
Chers jeunes amis,
Je vous remercie de votre présence à Toronto, à Wadowice et dans tous les lieux où vous êtes spirituellement unis aux jeunes du monde, qui vivent leur XVII Journée mondiale. Je veux vous assurer que je ne cesse de porter chacun et chacune de vous dans mon coeur et dans ma prière, demandant à Dieu que vous puissiez être le sel et la lumière de la terre, maintenant et dans la vie adulte. Que Dieu vous bénisse!

A l'issue de la cérémonie, le Saint-Père s'est adressé à nouveau aux jeunes en anglais:
Vous êtes tous invités demain matin. Dormez bien!

Puis en français:
Bonne nuit, que Dieu vous bénisse toujours. Bonne nuit!   





Discours 2002 -   MESSAGE DE JEAN-PAUL II POUR LE Xème ANNIVERSAIRE DE LA CRÉATION DE LA FONDATION POPULORUM PROGRESSIO