Discours 2002 - Samedi 21 septembre 2002


AUX CATÉCHISTES ET AUX PRÊTRES DES COMMUNAUTÉS NÉOCATÉCHUMÉNALES

Samedi 21 septembre 2002


1. C'est avec un grand plaisir que je vous reçois, chers catéchistes et prêtres du Chemin néocatéchuménal, réunis ici pour rencontrer le Pape. Je salue et j'accueille chacun de vous avec affection, et, à travers vos personnes, je salue tout le Chemin néocatéchuménal, une réalité ecclésiale désormais présente dans de nombreux pays, et bénéficiant de la reconnaissance de nombreux Pasteurs. Je remercie M. Kiko Argüello, initiateur du Chemin avec Mme Carmen Hernández, pour l'hommage chaleureux qu'il m'a adressé. A travers ses paroles, il a non seulement exprimé votre attachement fidèle au Siège de Pierre, mais a également témoigné de votre amour commun pour l'Eglise.

2. Comment ne pas remercier le Seigneur pour les fruits apportés par le Chemin néocatéchuménal au cours de ses plus de trente ans d'existence? Dans une société sécularisée comme la nôtre, où se diffuse l'indifférence religieuse et où de nombreuses personnes vivent comme si Dieu n'existait pas, nombreux sont ceux qui ont besoin de découvrir à nouveau les sacrements de l'initiation chrétienne, en particulier celui du Baptême. Le Chemin est sans aucun doute l'une des réponses providentielles à cette nécessité urgente. Regardons vos communautés: que de redécouvertes de la beauté et de la grandeur de la vocation baptismale reçue! Que de zèle et de générosité dans l'annonce de l'Evangile de Jésus-Christ, en particulier à ceux qui sont le plus éloignés! Que de vocations au sacerdoce et à la vie religieuses nées grâce à cet itinéraire de formation chrétienne!

3. J'ai en mémoire le souvenir vivant de notre dernière rencontre qui s'est déroulée au mois de janvier 1997, immédiatement après votre rassemblement près du Mont Sinaï pour commémorer les trente ans de vie du Chemin néocatéchuménal. A cette époque, je vous ai dit que la mise en place de Statuts du Chemin "est un pas très important, qui ouvre la voie à la reconnaissance formelle de la part de l'Eglise, en vous donnant une garantie supplémentaire de l'authenticité de votre charisme" (Insegnamenti, vol. XX/1, p. 143).

Notre rencontre d'aujourd'hui exprime la joie pour la récente approbation des Statuts du Chemin néocatéchuménal de la part du Saint-Siège. Je suis heureux que cet itinéraire, qui a commencé il y a plus de cinq ans, soit parvenu à son terme à travers un travail intense de consultation, de réflexion et de dialogue. Ma pensée va à présent au Cardinal James Francis Stafford, auquel je désire présenter mon remerciement pour l'engagement et la sollicitude avec lesquels le Conseil pontifical pour les Laïcs a accompagné l'Equipe responsable du Chemin au niveau international de ce processus.

4. Je désire souligner l'importance des Statuts qui viennent d'être approuvés pour la vie présente et future du Chemin néocatéchuménal. Avant tout, en effet, cette règle rappelle une fois de plus la nature ecclésiale du Chemin néocatéchuménal qui, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire il y a quelques années, constitue "un itinéraire de formation catholique précieuse pour la société et pour les temps modernes" (AAS 82 [1990] 1515).

Les Statuts du Chemin néocatéchuménal décrivent en outre les aspects essentiels de cet itinéraire adressé aux fidèles qui, dans leur communauté paroissiale, désirent raviver leur foi, ainsi qu'aux personnes désormais adultes qui se préparent à recevoir le sacrement du Baptême. Mais les Statuts établissent surtout les devoirs fondamentaux des diverses personnes qui ont des responsabilités particulières pour mener à bien ce chemin de formation au sein des communautés néocatéchuménales, c'est-à-dire: les prêtres, les catéchistes, les familles en mission et les équipes responsables à tous les niveaux. De cette manière, les Statuts doivent constituer pour le Chemin néocatéchuménal une "règle de vie sûre et claire" (Lettre au S.Em. le Card. James F. Stafford, 5 avril 2001; cf. ORLF n. 18 du 1 mai 2001), un point de référence fondamental afin que ce processus de formation qui a comme objectif de conduire les fidèles à une foi mûre, puisse être réalisé d'une façon adaptée à la doctrine et à la discipline de l'Eglise.

5. L'approbation des Statuts marque une nouvelle étape dans la vie du Chemin. L'Eglise attend de vous à présent un engagement encore plus grand et généreux dans la nouvelle évangélisation et dans le service aux Eglises locales et aux paroisses. C'est pourquoi vous, prêtres et catéchistes du Chemin, avez la responsabilité que les Statuts soient mis en oeuvre fidèlement dans tous leurs aspects afin de devenir un véritable ferment pour un nouvel élan missionnaire.

Les Statuts constituent également une aide importante pour tous les Pasteurs de l'Eglise, en particulier pour les Evêques diocésains, auxquels est confié le soin pastoral et, en particulier, l'initiation chrétienne des personnes dans le diocèse. "Dans leur accompagnement paternel et vigilant des communautés néocatéchuménales" (Décret du Conseil pontifical pour les Laïcs, 29 juin 2002; cf. ORLF n. 28 du 9 juillet 2002), les évêques diocésains pourront trouver dans les Statuts les principes de base d'application du Chemin néocatéchuménal en fidélité à son projet originel.

Je désire adresser une parole particulière aux prêtres, vous qui êtes engagés au service des communautés néocatéchuménales. N'oubliez jamais que, en tant que Ministres du Christ, vous jouez un rôle irremplaçable de sanctification, d'enseignement et d'orientation pastorale à l'égard de ceux qui parcourent l'itinéraire du Chemin. Servez avec amour et générosité les Communautés qui vous ont été confiées!

6. Chers frères et soeurs, l'approbation des Statuts du Chemin néocatéchuménal a réussi à définir de façon opportune le cadre ecclésial fondamental. Nous en remercions ensemble le Seigneur.

C'est à présent aux dicastères compétents du Saint-Siège qu'il revient d'examiner le Directoire catéchétique et toute la pratique catéchétique et liturgique du Chemin lui-même. Je suis certain que ses membres ne manqueront pas de répondre avec une généreuse disponibilité aux orientations qui leur seront fournies par les sources autorisées.

Je continue de suivre avec une vive attention votre oeuvre dans l'Eglise. Dans mes prières, je vous confie tous à la Très Sainte Vierge Marie, Etoile de la Nouvelle Evangélisation, et je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.



AUX EVÊQUES NOMMÉS AU COURS DES DOUZE DERNIERS MOIS

Lundi 23 septembre 2002



Très chers confrères dans l'épiscopat!


1. C'est avec une grande joie que je vous souhaite une cordiale bienvenue à vous tous, jeunes Evêques, provenant de divers pays du monde et réunis à Rome à l'occasion du Congrès annuel promu par la Congrégation pour les Evêques. C'est avec une affection fraternelle que je vous salue, en vous adressant les paroles de l'Apôtre: "A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ" (Rm 1,7).

Je remercie Monsieur le Cardinal Giovanni Battista Re des paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom de tous, pour manifester votre ferme volonté de pleine communion avec le Successeur de Pierre.

Je suis également reconnaissant aux Légionnaires du Christ pour l'accueil chaleureux que cette année également, ils ont offert aux participants au Congrès.

J'exprime ma satisfaction pour l'initiative de cette rencontre, à Rome, de prière, de réflexion et d'étude en ce qui concerne certains des principaux engagements, défis et problèmes que les Evêques sont appelés à affronter.

2. Chers frères dans l'épiscopat, votre rencontre d'aujourd'hui avec le Pape s'insère harmonieusement parmi les finalités de votre Congrès, car elle veut également être un pèlerinage au tombeau de l'Apôtre Pierre. Elle vise en effet à consolider le lien de communion avec son Successeur, qui a reçu la mission de confirmer ses frères (cf. Lc 22,32), constituant "un principe et un fondement perpétuels et visibles d'unité de foi et de communion" (Lumen gentium LG 18).

Au cours de la solennelle concélébration conclusive du Synode de l'an dernier sur le ministère et la vie des Evêques, j'ai affirmé: "Ce n'est que si l'unité profonde et convaincue des Pasteurs entre eux et avec le Successeur de Pierre, ainsi que des Evêques avec leurs prêtres, est clairement perceptible, qu'une réponse crédible pourra être apportée aux défis provenant de l'actuel contexte social et culturel" (cf. ORLF n. 45 du 6 novembre 2002).

Pour ma part, je désire vous confirmer mon affection, mon soutien et ma proximité spirituelle et vous assurer que je partage les désirs et les préoccupations de votre service apostolique qui, à l'aube du troisième millénaire, s'annonce très difficile, mais également particulièrement exaltant.

3. La figure de l'Evêque, telle qu'elle est apparue au cours du récent Synode des Evêques, est celle du Pasteur qui, configuré au Christ dans la sainteté de la vie, se dépense courageusement pour son troupeau. Avec le Sacrement de l'Ordre, à travers une nouvelle effusion de l'Esprit Saint, nous avons été configurés au Christ, prêtre suprême et éternel, Pasteur et Evêque des âmes (cf 1P 2,25). Et, dans le même temps, comme le rappelle le Décret conciliaire Christus Dominus, nous avons été destinés au ministère de l'annonce, de la sanctification et de l'animation, pour l'édification du Corps du Christ qui est l'Eglise (cf. Christus Dominus CD 2).

L'efficacité et la fécondité de notre ministère dépendent en grande partie de notre configuration au Christ et de notre sainteté personnelle. Dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, j'ai rappelé que "la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté" (NM 30). Le premier devoir du Pasteur est de faire croître chez tous les croyants un désir authentique de sainteté, à laquelle nous sommes tous appelés et dans laquelle culminent les aspirations de l'être humain. C'est à cela que vise notre ministère pastoral. Si la sainteté est "le haut degré" de la vie chrétienne ordinaire, elle doit briller à plus forte raison dans la vie d'un Evêque, et inspirer chacun de ses comportements (cf. ibid., NM NM 31).

4. Chers confrères, une autre priorité que je voudrais souligner est l'attention envers vos prêtres, qui sont les collaborateurs les plus étroits de votre ministère.

Ayez une affection privilégiée pour les prêtres et soignez leur formation permanente. Le soin spirituel du prêtre est le premier devoir de chaque Evêque diocésain. Le geste du prêtre qui place ses mains dans les mains de l'Evêque, le jour de l'ordination sacerdotale, en lui professant "respect filial et obéissance", peut à première vue sembler un geste à sens unique. Ce geste, en réalité, les engage tous les deux: le prêtre et l'Evêque. Le jeune prêtre choisit de se confier à l'Evêque et, pour sa part, l'Evêque s'engage à préserver ces mains. L'Evêque devient de cette façon responsable des mains qu'il accepte de serrer entre les siennes. Un prêtre doit pouvoir sentir, en particulier dans les moments de difficultés ou de solitude, que ses mains sont serrées entre les mains de l'Evêque.

En outre, engagez-vous avec passion à promouvoir d'authentiques vocations au sacerdoce à travers la prière, le témoignage de la vie et la sollicitude pastorale.

5. Au coeur de votre Congrès, au coeur des réflexions de ces jours-ci, il y a la volonté de répondre de la meilleure façon possible à la mission qui vous a été confiée, pour communiquer le Christ à l'homme d'aujourd'hui, dans le monde d'aujourd'hui. Que l'idéal passionné de l'Apôtre, qui disait: "Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile" (1Co 9,16) soit également le vôtre.

Chaque jour, nous faisons l'expérience que notre époque, si riche de moyens techniques, de moyens matériels et de confort, se présente dramatiquement pauvre en objectifs, en valeurs et en idéaux. L'homme d'aujourd'hui, privé de références aux valeurs, se replie souvent sur des horizons restreints et relatifs. Dans ce contexte agnostique et parfois hostile, la mission d'un Evêque n'est pas facile. Toutefois, nous ne devons pas céder au pessimisme et au découragement, car c'est l'Esprit qui guide l'Eglise et lui donne, à travers son souffle puissant, le courage d'oser rechercher de nouvelles méthodes d'évangélisation pour atteindre des milieux jusqu'à présent inexplorés. La vérité chrétienne est attrayante et persuasive précisément car elle sait donner de profondes orientations à l'existence humaine, en annonçant de façon convaincante que le Christ est l'unique Sauveur de tout le genre humain. Cette annonce demeure valable aujourd'hui comme elle le fut au début du christianisme, lorsqu'eut lieu la première grande expansion missionnaire de l'Evangile.

6. Chers nouveaux Evêques, ces jours-ci, vous avez pu écouter le témoignage d'Evêques ayant déjà une expérience du service épiscopal, ainsi que celui de chefs de dicastères de la Curie Romaine, en vue d'un approfondissement serein de certains thèmes et problèmes pratiques qui interpellent davantage la vie d'un Evêque. Je souhaite de tout coeur que cette expérience contribue à susciter en vous, qui avez été depuis peu investis du mandat apostolique, générosité et grandeur d'âme, en donnant un nouvel élan à votre ministère.

Avec vous, je rappelle au Seigneur chacune de vos Eglises, vos bien-aimés prêtres, diacres, séminaristes, religieux et religieuses, fidèles laïcs et leurs familles, ainsi que tout le Peuple de Dieu.

Tandis que je confie votre mission apostolique à l'intercession de la Vierge Marie, je donne à tous une Bénédiction apostolique propitiatoire d'une assistance divine permanente.



À L’ASSOCIATION INTERNATIONALE "FOI ET LUMIÉRE"

Jeudi 26 septembre 2002




Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir, vous qui représentez l’Association internationale «Foi et Lumière», et je salue tout spécialement Marie-Hélène Mathieu et Jean Vanier, ses fondateurs.

Né à Lourdes, votre mouvement a beaucoup reçu de la grâce de ce lieu particulier, où les malades et les handicapés occupent la première place. En accueillant tous ces «petits» marqués par le handicap mental, vous avez reconnu en eux des témoins particuliers de la tendresse de Dieu, dont nous avons beaucoup à apprendre et qui ont une place spécifique à tenir dans l’Église. En effet, leur participation à la communauté ecclésiale ouvre la voie à des relations simples et fraternelles, et leur prière filiale et spontanée nous invite tous à nous tourner vers notre Père des cieux.

Je pense également à leurs parents qui, grâce à vous, se sentent soutenus dans leur souffrance et qui voient leur détresse se changer en espérance, pour accueillir en humanité et dans la foi leurs enfants handicapés. Ils découvrent le chemin de conversion que l’Évangile ouvre à l’homme: par la Croix, expression du «plus grand amour» du Seigneur pour ses amis, chacun reçoit de pouvoir participer à la vie de Dieu, qui est amour.

Je voudrais rendre grâce encore pour votre témoignage dans notre société, appelée à découvrir toujours davantage la dignité des handicapés, à les accueillir et à les intégrer dans la vie sociale, même s’il reste beaucoup à faire pour que soit vraiment respectée la dignité de tout être humain et qu’il ne soit jamais porté atteinte au don de la vie, spécialement quand il s’agit d’enfants porteurs d’un handicap. Vous y travaillez avec générosité et compétence. Je salue aussi le courage des familles et des associations qui s’occupent de handicapés. Elles nous rappellent le sens et la valeur de toute existence.

Chers amis, en confiant votre rencontre à Notre-Dame, je vous souhaite un travail fécond, pour vous renouveler dans la force de votre engagement au service d’une belle et noble cause. À chacun de vous, et à tous ceux que vous représentez, j’accorde de grand coeur une particulière Bénédiction apostolique.

    

AUX ÉVÊQUES BRÉSILIENS DE LA RÉGION "NORD-EST 2" EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Samedi 28 septembre 2002



Chers frères dans l'épiscopat,

1. C'est avec joie que je vous reçois aujourd'hui, pasteurs de l'Eglise de Dieu qui est au Brésil, venus des Sièges métropolitains d'Olinda-Recife, Paraíba, Maceió et Natal, et des diocèses suffragants. Ce sont des Eglises qui possèdent une riche tradition spirituelle et missionnaire - l'une d'elles est sanctifiée par le martyre de prêtres, de religieux et de laïcs -, et qui sont enrichis par les solides vertus de nombreuses familles chrétiennes qui ont consolidé la foi de votre patrie. Vous êtes venus à Rome pour accomplir cette visite ad limina, vénérable tradition qui contribue à conserver vivants les liens de communion étroits qui unissent chaque Evêque au Successeur de Pierre. Votre présence ici fait que je me sens également proche des prêtres, des religieux et des fidèles des Eglises particulières que vous présidez.

Je remercie votre Evêque, Mgr Fernando Antônio Saburido, Président de la Région "Nord-Est 2", des paroles cordiales qu'il m'a adressées, en votre nom à tous, renouvelant les expressions d'affection et d'estime et me faisant participer à vos préoccupations et à vos projets pastoraux. L'occasion est propice pour rappeler la mémoire de Mgr Antônio Soares Costa, votre prédécesseur à la tête de cette Région qui, par un dessein mystérieux de la Providence, nous a quittés au milieu de l'année; que Dieu le garde dans sa gloire! Je prie le Seigneur plein de miséricorde afin que, dans vos diocèses et dans le Brésil tout entier, se développent toujours la foi, l'espérance, la charité, ainsi que le témoignage courageux de tous les chrétiens, conformément à l'héritage reçu par l'Eglise au temps des Apôtres.

2. En premier lieu, je désire vous exprimer ma profonde gratitude pour le zèle avec lequel vous accomplissez la mission qui vous a été confiée, dans des circonstances souvent difficiles, pour guider votre troupeau. Le pasteur doit fréquemment prendre des décisions, "graviter onerata conscientia", à propos de questions qui concernent non seulement une personne, mais une communauté ou une institution de son diocèse. "Car Dieu m'est témoin, à qui je rends un culte spirituel en annonçant l'Evangile de son Fils, avec quelle continuité je fais mémoire de vous" (Rm 1,9). Je Lui demande ardemment que vous restiez solides dans votre foi et courageux dans l'espérance qui vous a été donnée, "ni mort ni vie, [...] ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur" (Rm 8,38-39).

Je connais l'enthousiasme de vos assemblées et l'effort pour définir les divers plans pastoraux, qui accordent la priorité à la formation du clergé et des agents de la pastorale. Certains d'entre vous ont promu des mouvements d'évangélisation, afin de faciliter le regroupement des fidèles dans une même ligne d'action. Ces dernières années, j'ai voulu nommer de nouveaux pasteurs dans certains diocèses, comme ceux de Floresta, Guarabira, Palmares, pour n'en citer que quelques-uns, permettant ainsi de poursuivre l'oeuvre d'évangélisation dans ces régions. Le Successeur de Pierre compte sur vous afin que votre préparation se fonde toujours sur cette spiritualité de communion et de fidélité au Siège de Pierre, dans le but de garantir que l'action de l'Esprit ne soit pas vaine. En effet, l'intégrité de la foi, en même temps que la discipline ecclésiale, est et sera toujours un thème qui exigera votre attention et votre sollicitude à tous, en particulier lorsqu'il s'agit de transmettre "une seule foi et un seul baptême".

3. Parmi les documents qui traitent, comme vous le savez, de l'unité des chrétiens, il y a le Directoire pour l'oecuménisme publié par le Conseil pontifical pour l'Unité des Chrétiens. Divers paragraphes de ce document décrivent la "formation de ceux qui se consacrent au ministère pastoral" (nn. 70-86), la "formation spécialisée des agents oecuméniques" (nn. 87-90) et la "formation permanente" des prêtres, des diacres et des autres agents de pastorale "qui suivent la formation permanente, en tenant compte du fait que le mouvement oecuménique est en évolution" (n. 91).

Ces normes pourront donner une saine orientation à l'étude de la théologie. Le fondement, le centre et l'objectif final de la foi est le Christ, et la mission de l'Eglise consiste à l'annoncer comme notre unique Sauveur. L'action de l'Eglise se déroule, en particulier, à travers le ministère des prêtres. C'est pourquoi je désire renouveler, encore une fois, l'appel à placer au sommet de votre attention pastorale l'importance de promouvoir des vocations sacerdotales. Afin d'assister la nombreuse population des fidèles catholiques, il faut des prêtres qui possèdent une formation adaptée, leur permettant d'assumer la lourde tâche de représenter la personne du Christ dans les communautés locales.

D'autre part, une formation adaptée des agents de pastorale, comme soutien à l'évangélisation promue par les Evêques et par les prêtres, se révélera d'une grande utilité pour stimuler la coexistence et le témoignage de foi dans les milieux les plus difficiles.

4. "Afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous" (Jn 17,21).

Ce qui fut à la fois un appel et une prière, "nous révèle l'unité du Christ avec son Père, qui est la source de l'unité de l'Eglise et le don permanent qu'elle recevra mystérieusement en lui jusqu'à la fin des temps" (Novo Millennio ineunte NM 48). Ces considérations faites immédiatement après le début du nouveau millénaire, nous rappellent l'importance d'accueillir et de promouvoir de façon résolue l'esprit oecuménique avec les autres Eglises et communautés ecclésiales.

Au seuil de l'An 2000, il m'a été donné d'ouvrir la Campagne de la Fraternité, en invitant à dialoguer avec nos frères dans la foi en tant que co-responsables de l'Eglise dans sa mission pastorale et salvifique. Le rapprochement de tous les chrétiens sur le chemin oecuménique promu par le Conseil national des Eglises chrétiennes au Brésil, afin que tous les hommes croient dans le Christ, a contribué à créer une meilleure entente, dans la recherche commune de l'unité voulue par le Seigneur.

Il s'agit donc de parvenir à la concrétisation de cette unité en esprit et dans la vie, non seulement dans vos régions, mais dans tout le pays. Le Brésil continue sans aucun doute à être une nation majoritairement catholique, mais où il faut toutefois vivre avec d'autres Eglises et communautés ecclésiales, avec lesquelles il est important d'entretenir de bonnes relations pour une action évangélisatrice plus incisive.



5. La perspective oecuménique de la théologie exhorte à l'adhésion à la foi contenue ou expliquée dans les Ecritures Saintes et dans la Tradition, et qui est enseignée par le Magistère de l'Eglise. Je connais les efforts accomplis par vos diocèses, visant à fixer les bases d'un sain oecuménisme. Toutefois, si dans le Directoire susmentionné, on affirmait que "la diversité est une dimension de la catholicité" (n. 16), cela ne doit pas pour autant conduire à un certain indifférentisme qui accorde la même valeur à toutes les opinions, selon un faux irénisme.

Je forme des voeux afin que l'effort des communautés chrétiennes pour parvenir à l'unité tant désirée, soit toujours fondé sur la vérité déjà manifestée à l'Eglise dans sa réalité eschatologique, car "les éléments de cette Eglise déjà donnée existent, unis dans toute leur plénitude, dans l'Eglise catholique et, sans cette plénitude, dans les autres communautés" (Lettre encyclique Ut unum sint UUS 14).

Il n'y a donc pas d'incompatibilité entre l'affirmation d'une adhésion sans condition à la Vérité de Jésus-Christ et le respect des consciences. Si la religion n'est pas seulement une question de conscience, mais également de libre adhésion à la vérité, que l'on peut accueillir ou non, on ne peut cependant pas transiger sur son contenu; c'est pourquoi il est nécessaire de l'illustrer, sans négliger les éléments contenus dans les faits révélés. Telle est l'importance de votre engagement en préparant des formateurs en mesure de garantir la plus grande fidélité à l'enseignement théologique. Former les consciences, dans une pleine fidélité au plan de salut révélé par le Rédempteur des hommes, est une tâche de grande responsabilité des pasteurs et de leurs prêtres.

La catéchèse est, sans aucun doute, un autre domaine qui mérite une attention particulière, car l'existence d'écoles, de collèges, d'universités catholiques ou non catholiques, constitue la base culturelle et éducative du peuple de cette grande nation. Le Brésil a toujours été le berceau d'une coexistence sereine des diverses écoles de pensée, et il ne pourra jamais cesser d'être tel. A côté de son attitude caractéristique d'accueil et de coexistence, capable d'ouvrir les bras à des personnes d'origines diverses, l'âme de votre peuple a toujours su cultiver les valeurs de la liberté et du respect réciproque, comme quelque chose d'inhérent à sa culture et à sa formation. Cet aspect ne revêt-il pas une grande importance pour l'éducation à l'oecuménisme authentique?

6. Bien-aimés frères dans l'épiscopat, ne doutez donc pas que le meilleur service que vous pourrez rendre à la cause de l'oecuménisme sera lorsque, dans la catéchèse pour les adultes ou pour les jeunes, vous saurez offrir une profonde éducation à la liberté car "où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté" (2Co 3,17). Le chrétien, lorsqu'il vit intégralement sa foi, devient un pôle d'attraction, inspire la confiance et le respect; il n'impose jamais ses convictions religieuses, mais il sait transmettre la vérité sans trahir la confiance qui est placée en lui. Il transige avec les personnes, mais sans jamais transiger sur l'erreur. C'est pour cette raison que le Catéchisme de l'Eglise catholique affirme que: "en s'écartant de la loi morale, l'homme porte atteinte à sa propre liberté, il s'enchaîne à lui-même, rompt la fraternité de ses semblables et se rebelle contre la volonté divine" (CEC 1740).

Puisse cet esprit se refléter dans les diverses pastorales que vous serez amenés à orienter à partir de notre rencontre romaine! Il faut enseigner l'authentique dignité de la personne dans le travail et dans le foyer domestique, à la campagne et en ville. Il faut s'habituer à respecter les autres et à partager avec ceux qui pensent différemment, transmettre la paix aux coeurs divisés, prier pour tous, afin que la grâce de Dieu puisse adoucir les âmes qui ont peut-être été endurcies par un mauvais exemple de conduite.

7. Pour témoigner la charité qui nous unit, j'ai proposé, au début de ce siècle, de "faire de l'Eglise la maison et l'école de la communion: tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu" (Novo Millennio ineunte NM 43).

Le chrétien qui lui appartient et qui est imprégné par cet esprit saura saisir chaque occasion pour se joindre à ses inquiétudes et à ses espérances: que les joies et les souffrances de l'Eglise soient donc également les vôtres; cherchez à promouvoir la solidarité avec les chrétiens persécutés en raison de leur foi dans de nombreux pays. Dans le même temps, cherchez à soutenir la voix de la prière, afin que le Seigneur daigne hâter l'obtention de cette unité de foi tant désirée, à laquelle nous aspirons tous.

Chers frères, je vous assure encore une fois de ma profonde communion dans la prière, avec une solide espérance dans l'avenir de vos diocèses, dans lesquels se reflète un pays toujours jeune, disposé à affronter les nouveaux défis de ce début de siècle. Que le Seigneur vous accorde la joie de le servir, en guidant en son nom les Eglises particulières qui vous ont été confiées! Que la Très Sainte Vierge et les saints patrons de chaque lieu vous accompagnent et vous protègent toujours!

Bien-aimés frères dans l'épiscopat, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à vos fidèles diocésains, la Bénédiction apostolique.

Octobre 2002



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'ABBESSE GÉNÉRALE DE L'ORDRE DU TRÈS SAINT-SAVEUR DE SAINTE-BRIGITTE


  A la Révérende Mère
Tekla FAMIGLIETTI
Abbesse générale de l'Ordre
du Très Saint-Sauveur
de Sainte-Brigitte

1. A l'approche du septième centenaire de la naissance de sainte Brigitte de Suède, je m'unis volontiers à la joie de votre famille religieuse. Tout en souhaitant un plein succès aux célébrations jubilaires programmées, en particulier au symposium commémoratif sur le thème: "La voie de la beauté pour un monde plus juste et plus digne", j'espère que celles-ci contribueront à mettre davantage en lumière la valeur du message de sainte Brigitte pour notre temps.

Je vous salue cordialement, Révérende Mère Abbesse, ainsi que vos consoeurs, et je vous renouvelle ma gratitude pour le travail apostolique significatif que vous accomplissez au service de l'unité des chrétiens, en particulier en Europe, sur les traces de la sainte suédoise. Sept cents ans après sa naissance, vous voulez revenir spirituellement à cet événement comme au point d'origine lumineux de votre histoire, en puisant un enthousisame renouvelé au souvenir de ce début providentiel.

En revenant par l'esprit et le coeur à son expérience mystique, entièrement centrée sur la passion du Rédempteur, vous vous engagez à percevoir sur le visage de l'Eglise les reflets de la sainteté du Christ, le Rédempteur de l'homme, désormais pour toujours "enveloppé dans un manteau trempé de sang" (cf. Ap Ap 19,13), garantie éternelle et invincible du salut universel.



2. En proclamant sainte Brigitte Co-patronne de l'Europe, j'ai voulu offrir aux fidèles du continent un singulier modèle de "sainteté au féminin". Après avoir vécu avec bonheur l'expérience d'épouse fidèle, de mère exemplaire et de sage éducatrice, Brigitte passa à travers un saint veuvage pour arriver enfin à l'état de vie consacrée. A chaque étape de sa vie, elle sut conjuguer avec sagesse la contemplation et une très vaste activité, toujours soutenue par l'amour pour le Christ et pour l'Eglise. Elle apporta aux communautés chrétiennes de son époque les dons propres à la féminité et, en tant que femme pleinement réalisée, elle se plaça au service de ses frères.

Son exemple peut constituer pour les femmes d'aujourd'hui un encouragement efficace à devenir les actrices d'une société où leur dignité soit pleinement respectée; une société qui sache considérer l'homme et la femme comme les acteurs, au même titre, du projet divin universel pour l'humanité. Il suffit de parcourir la biographie de cette femme, qui sut allier la contemplation la plus élevée à l'action apostolique la plus courageuse, pour se rendre compte que sainte Brigitte peut également offrir des orientations utiles aux femmes d'aujourd'hui sur les façons adaptées d'affronter les problèmes concernant la famille, la communauté chrétienne et la société elle-même.



3. Dans la Lettre apostolique sous forme de "Motu Proprio" Spes aedificandi, du 1 octobre 1999, j'observais que la sainte "fut appréciée pour ses qualités pédagogiques, qu'elle eut l'occasion de mettre en oeuvre durant la période où l'on demanda ses services à la cour de Stockholm. C'est dans cette expérience que mûriront les conseils qu'elle donnera en diverses occasions à des princes ou à des souverains pour un bon accomplissement de leurs tâches. Mais les premiers qui en bénéficièrent furent assurément ses enfants, et ce n'est pas par hasard que l'une de ses filles, Catherine, est devenue sainte" (n. 4). Quel exemple précieux pour les familles de notre époque!

Sainte Brigitte est également une maîtresse de vie consacrée. Elle s'engagea avec ferveur pour former ceux qui acceptaient d'embrasser la règle de l'Ordre qu'elle avait fondé, en suivant toujours les orientations de l'Evangile, à l'école duquel, d'une main délicate et ferme, elle orientait ceux qui s'unissaient à elle sur le chemin de la perfection religieuse. Son action pédagogique s'enracinait dans une solide maturité morale et spirituelle. C'est précisément pour cette raison que la leçon de vie qu'elle nous a transmise se révèle encore précieuse. Nous pourrions la résumer par ces mots: l'éducation est crédible lorsqu'elle traduit dans la pratique la "pédagogie de la vertu". C'est-à-dire que pour éduquer, il faut être non seulement sages et compétents, mais vertueux. Seule la vertu élève au rang de maîtres.

4. La spiritualité de sainte Brigitte présente de multiples aspects. Elle peut donc constituer une proposition intéressante pour tous. En elle, nous admirons un christianisme fondé sur l'imitation sans condition du Christ, et animé par des choix cohérents avec l'Evangile. Elle fut une maîtresse dans l'accueil de la Croix comme expérience centrale de la foi; elle fut une disciple exemplaire de l'Eglise en professant une pleine catholicité; elle fut un modèle de vie à la fois contemplative et active, et elle fut un apôtre inlassable dans la recherche de l'unité entre chrétiens; elle fut également dotée d'une intuition prophétique, en lisant l'histoire de l'Evangile et l'Evangile dans l'histoire.

Au coeur de la spiritualité brigidine se trouve le primat absolu de Dieu, dont "on ne se moque pas" (Ga 6,7). La dimension missionnaire dépend de la dimension mystique. L'engagement caritatif, missionnaire et même politique, naissait en Brigitte de sa passion pour la prière et la contemplation. Ayant eu du temps pour Dieu, elle eut également du temps pour l'homme.

Dans les déclarations faites lors du procès en canonisation, sa fille Catherine rappelait que "alors que mon père était en vie, puis lorsque ma mère resta veuve, elle ne s'asseyait jamais à table sans avoir donné à manger à douze pauvres". C'est donc à juste titre qu'elle fut appelée la "mère des pauvres". Au cours de la période où elle résida à Rome, elle confirma également être une mère attentive pour les derniers, en donnant un sceau d'authenticité à la profonde expérience mystique qui la distinguait.

Ceux qui désirent se préoccuper des situations de pauvreté anciennes et nouvelles peuvent donc trouver un encouragement valable dans l'exemple de cette mystique du Nord de l'Europe. Sa stratégie apostolique est d'une efficacité certaine pour la "nouvelle évangélisation".



5. Un autre aspect de sa spiritualité mérite d'être souligné: la dimension mariale de sa consécration au Christ. Une Femme, Marie, se trouve au coeur de l'économie du salut. Sainte Brigitte invite à considérer la Vierge de Nazareth comme l'icône féminine du christianisme. En cherchant à imiter Marie, elle s'efforce d'être une épouse, une mère, une religieuse fidèle: sur les traces de la Vierge, elle tendait en toute circonstance à accomplir pleinement la volonté de Dieu. Lors de la cérémonie de canonisation, mon prédécesseur Boniface IX put affirmer, non sans raison, que Brigitte fut au cours de toute sa vie profondément dévote à la Bienheureuse Vierge (cf. Bulle Ab origine mundi, 23 juillet 1391).

En parcourant le livre des Révélations, sorte de journal de son pèlerinage intérieur, on peut lire que de nombreuses fois, elle apprit de Marie la signification des mystères du Christ. Elle apprit à répéter, alors qu'elle contemplait en adoration le Verbe de Dieu incarné, "Sois béni, mon Dieu, mon Seigneur, mon Fils" (VII, 21), se souvenant des paroles de Jésus qui avait dit: "Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m'est un frère et une soeur et une mère" (Mt 12,50).



6. Comment ne pas rappeler enfin sa passion pour l'unité de l'Eglise? On connaît ses prières et ses initiatives pour conserver intacte la tunique sans couture du Christ, la sainte communauté des disciples du Rédempteur. En tant que femme d'unité, elle se présente donc à nous comme un témoin de l'oecuménisme. Sa personnalité harmonieuse inspire la vie de l'Ordre qui fait remonter ses origines jusqu'à Elle, dans l'idée d'un oecuménisme spirituel et en même temps actif, également en raison de l'impulsion réformatrice décisive que la bienheureuse Elisabeth Hesselblad a voulu imprimer à cette famille religieuse. L'unité de l'Eglise est une grâce de l'Esprit qui doit constamment être implorée dans la prière.

Puisse cette année jubilaire être pour l'Ordre du Très Saint-Sauveur un encouragement à parcourir avec joie ce que mon vénéré Prédécesseur, le Pape Paul VI, aimait appeler "la voie de la beauté", c'est-à-dire, la voie de la sainteté qui est la forme suprême de la beauté, en pleine fidélité à sa vocation.

Avec ces sentiments, alors que j'invoque sur toute la communauté des Brigidines d'abondantes grâces de Dieu à travers l'intercession de la Mère du Seigneur, de sainte Brigitte et de la bienheureuse Elisabeth Hesselblad, je vous donne, Révérende Mère, ainsi qu'à chacune de vos filles, en gage de mon affection constante, une Bénédiction apostolique particulière.

De Castel Gandolfo, le 21 septembre 2002

IOANNES PAULUS II


Discours 2002 - Samedi 21 septembre 2002