Discours 2002 - Vendredi 8 février 2002


AUX MEMBRES DE LA FONDATION "CENTESIMUS ANNUS - PRO PONTIFICE"

Samedi 9 février 2002



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'Episcopat,
Mesdames, Messieurs!

1. C'est pour moi une joie de vous accueillir à l'occasion de cette rencontre, par laquelle vous entendez renouveler les sentiments d'affection qui vous lient au Successeur de Pierre, manifestant dans le même temps une solidarité concrète pour les besoins de l'Eglise. Merci de votre visite!

Je salue cordialement Monsieur le Cardinal Agostino Cacciavillan, Président de l'Administration du Patrimoine du Siège apostolique, et je le remercie pour les nobles paroles qu'en votre nom, il vient de m'adresser. Mon salut s'étend à Mgr Claudio Maria Celli, Secrétaire de la même Administration, et à Monsieur Lorenzo Rossi di Montelera, Président de la Fondation "Centesimus annus - Pro Pontifice".

A tous les membres de la Fondation, je souhaite également une cordiale bienvenue, unie à une parole de vive satisfaction pour l'oeuvre accomplie au cours de l'année qui vient de se terminer. Une oeuvre de grand mérite pour l'aide apportée au Saint-Siège dans ses activités caritatives. Comment ne pas voir dans le dévouement qui est le vôtre, le désir constant de participer directement à la mission de tout le Peuple de Dieu, selon la vocation spécifique de chaque croyant? C'est aussi pour cela que je souhaite vous manifester ma reconnaissance, conscient des motivations spirituelles qui soutiennent votre action bénéfique.

J'adresse un salut particulier à toutes les personnes qui sont venues des Etats-Unis. Dans les derniers mois, votre pays bien-aimé a été très présent dans mes pensées et dans mes prières. Je souhaite également la bienvenue à toutes celles qui sont venues du Canada. Je vous remercie tous pour vos efforts afin de vous unir à la Fondation dans l'accomplissement de ses nobles objectifs.
J'étends, en outre, ma gratitude aux Archevêques et Evêques qui, en Italie, en Pologne, et dans d'autres pays, dans les diocèses et les Conférences épiscopales, ont offert leur appui à la Fondation, avec l'aide des Assistants ecclésiastiques nationaux et locaux.

2. A travers ses interventions dans les domaines économique et social, votre Fondation constitue une forme efficace d'apostolat laïc. Comme je l'ai dit lors de notre première rencontre, le 5 juin 1993, "Centesimus annus - Pro Pontifice" représente "une expression significative de votre engagement de fidèles laïcs". En effet, ces derniers ont reçu la tâche de "chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu'ils ordonnent selon Dieu" (Lumen gentium LG 31).

Votre activité est d'autant plus d'actualité qu'elle entend accorder une attention spéciale à la famille et à la valorisation de son rôle indispensable dans la société. Une famille sereine et active devient un foyer qui rayonne au service de la paix. A l'occasion du vingtième anniversaire de l'Exhortation Familiaris consortio, célébré il y a deux mois environ, je rappelais que "la famille quand elle vit en plénitude les exigences de l'amour et du pardon, devient la forteresse sûre de la civilisation de l'amour et une espérance pour l'avenir de l'humanité" (ORLF n. 50 du 11 décembre 2001). C'est dans les familles saines et harmonieuses que sont ouverts les chemins de la civilisation de l'amour, grâce à l'accueil et à l'aide réciproque dont elles sont le coeur. Il ne faut donc pas cesser de prier et de d'oeuvrer, afin que la famille, en son sein et autour d'elle, soit un acteur dans le chemin constructif vers la paix.


3. Il y a aujourd'hui dans le monde une grande soif de vérité, de justice et d'entente. J'ai pu encore en faire l'expérience voilà deux semaines, à Assise, quand, dans un climat d'écoute attentive et de dialogue, nous avons passé toute une journée, avec les représentants des religions, à réfléchir et à prier pour la paix.

Nous nous sommes sentis les fils d'un Dieu créateur et tout-puissant, qui ont besoin de son aide bienveillante. Nous avons constaté avec inquiétude à quel point les germes de la haine et de la violence peuvent corrompre l'entente et la compréhension. Il est par contre nécessaire de promouvoir l'amour dans la société, et, pour ce faire, il faut partir de cette cellule primordiale de l'humanité qu'est la famille. Si l'on n'aide pas le foyer familial à vivre et à prospérer dans la sécurité et la sérénité, il s'affaiblit et se désagrège, entraînant des dommages pour l'individu et la société. Il est donc important que soit garanti à chaque foyer familial, entre autres choses, la sécurité nécessaire d'un point de vue économique, social, éducatif et culturel, afin qu'il puisse assumer les devoirs qui lui incombent. L'Etat doit favoriser et susciter le plus possible l'initiative responsable des familles (cf. Familiaris consortio FC 45).


4. Très chers frères et soeurs! Lors du grand Jubilé de l'An 2000, vous vous êtes penchés sur le problème relatif à l'éthique et à la finance, en référence à la mondialisation de la finance, en expansion constante à travers le monde. Comme prolongement à cette réflexion, vous avez décidé cette année de réfléchir sur le principe de subsidiarité, qui est un point central de la doctrine sociale de l'Eglise. En appliquant ce principe aux rapports entre la famille et l'Etat, apparaît en premier lieu l'urgence de mettre en oeuvre tous les instruments possibles au service de la promotion de ces valeurs qui enrichissent la famille, sanctuaire de la vie et environnement dans lequel les citoyens de demain naissent et grandissent. L'Etat, quant à lui, ne peut pas ne pas avoir à l'esprit qu'"une société d'ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d'une société d'un ordre inférieur, en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l'aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société en vue du bien commun" (Centesimus annus CA 48).

Votre Fondation ne manquera pas de poursuivre son engagement dans ce sens, en vue d'une solidarité authentique, qui traduise dans les faits le principe de subsidiarité. Je vous suis reconnaissant pour votre effort commun et j'espère que vous pourrez trouver un écho dans les diverses forces qui composent le tissu de la société civile. Face aux nombreux besoins qui émergent actuellement, il vous reviendra d'intensifier, de façon particulière, tout effort en vue d'un renouveau social authentique, en ayant comme référence l'enseignement éternel de l'Evangile et comme gouvernail la Doctrine sociale de l'Eglise. Que Dieu fasse que votre engagement louable et méritoire soit couronné de fruits abondants.

En vous renouvelant l'expression de mon estime et de ma proximité spirituelle, je vous confie à la protection céleste de la Mère de Dieu, afin qu'elle vous protège sous son manteau maternel de grâce. Que vous accompagne aussi ma Bénédiction, que je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à vos familles et à toutes les personnes qui vous sont chères, spécialement tous ces petits enfants qui se trouvent dans cette salle.



MESSAGE À S. EXC. MGR RAYMUNDO DAMASCENO ASSIS, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CONFÉRENCE NATIONALE DES ÉVÊQUES DU BRÉSIL, POUR LA "CAMPAGNE DE FRATERNITÉ 2002"




A mon Vénérable Frère dans l'Episcopat Monseigneur Raymundo Damasceno Assis
Secrétaire général de la CNBB

"Au moment favorable je t'ai exaucé; au jour du salut je t'ai secouru" (2Co 6,2)

A travers ces paroles de la Sainte Ecriture, je souhaite m'unir à toute l'Eglise qui est au Brésil, pour inaugurer la Campagne de Fraternité de cette année, qui a pour thème "Fraternité et peuples autochtones" et pour devise: "Pour une terre sans maux", en souhaitant que soit promue la fraternité chrétienne avec tous les peuples de la même famille humaine.

En ce "temps favorable, ce temps de salut" qu'est le Carême, nous invoquons la lumière du Très-Haut pour qu'il concède à tous le repentir et la connaissance de la vérité (cf. 2Tm 2,25). Et la vérité, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire lors de mon deuxième voyage au Brésil, est qu'"aux yeux de Dieu [...] il n'existe qu'une seule race: la race des hommes appelés à être les fils de Dieu. Aux yeux de Dieu, il n'existe qu'un seul peuple, formé de nombreux peuples qui ont chacun leur manière d'être, leur culture et leurs traditions: c'est l'humanité que Jésus-Christ a rachetée et a sauvée au prix de son Sang." (Discours du 16 octobre 1991, n. 1; cf. ORLF n. 44, du 5 novembre 1991). A présent, "l'ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus auteur du salut, principe d'unité et de paix, Dieu les a appelés, il en a fait l'Eglise, pour qu'elle soit aux yeux de tous et de chacun, le sacrement visible de cette unité salutaire. Destinée à s'étendre à toutes les parties du monde, elle prend place dans l'histoire humaine, bien qu'elle soit en même temps transcendante aux limites des peuples dans le temps et dans l'espace" (Lumen gentium LG 9). De cette façon, l'Eglise veut introduire l'Evangile dans la culture des peuples, en leur transmettant sa vérité, en assumant, sans compromettre en aucun cas la spécificité et l'intégrité de la foi chrétienne, ce qu'il y a de bon dans ces cultures et en les renouvelant de l'intérieur (cf Redemptoris missio RMi 52), en portant à tous le message du salut réalisé par le Christ.

Etant donné que le Christ ne connut pas le péché, mais vint seulement expier les péchés du peuple, l'Eglise, "qui enferme des pécheurs dans son sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement" (Lumen gentium LG 8). Voilà venu le "temps favorable"! Dans sa dimension pénitentielle et baptismale (Sacrosanctum concilium SC 109), le Carême invite tous les baptisés à revivre et à approfondir toutes les étapes du chemin de la foi, afin que, d'une façon consciente et généreuse, ils renouvellent leur alliance avec Dieu. La conscience de la filiation divine à travers le baptême pourra alors servir au renouveau spirituel et à la fraternité avec ses frères, surtout avec ceux qui demandent plus de justice et de solidarité.

C'est pour cela que l'Eglise est toujours aux côtés de ceux qui subissent les conséquences de la pauvreté et de la marginalisation, et elle continuera à tendre une main fraternelle aux peuples autochtones pour collaborer à l'édification d'une société où les droits de tous et de chacun, créés à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,26), soient respectés, dans des conditions de vie conformes à leur dignité de fils de Dieu et de frères en Jésus-Christ.

Je demande à Dieu, par l'intercession de Nossa Senhora Aparecida, de protéger le Brésil et son peuple, et je donne, en signe de mon affection la plus sincère pour la Terre de la Sainte Croix, une Bénédiction apostolique propitiatoire.

Du Vatican, le 26 novembre 2001


FÊTE DE LA MADONE DE LA CONFIANCE AU GRAND SÉMINAIRE PONTIFICAL ROMAIN

Samedi 9 février 2002



1. Je rends grâce au Seigneur qui m'a donné, également cette année, la joie de passer avec vous la fête de la Madone de la Confiance. Il s'agit désormais d'un rendez-vous familial attendu et apprécié, qui nous permet de remercier la Mère céleste de Dieu pour sa protection constante sur le Séminaire romain, coeur de notre diocèse.

Je voudrais faire miennes les paroles du grand écrivain, Alessandro Manzoni, que vous avez choisies comme thème de la fête solennelle d'aujourd'hui: "O Vierge, ô Notre Dame, ô Toute Sainte, / Quels beaux noms te réserve chaque langue! / Plus d'un peuple se vante d'être fort / sous ta douce protection" (Hymnes sacrés, Le nom de Marie).

C'est au nom de la Sainte Vierge que je vous salue. Je salue tout d'abord le Cardinal-Vicaire et les prélats présents; je salue votre Recteur et ses collaborateurs. Je salue les anciens élèves, les amis du séminaire, les jeunes et ceux qui prennent part à ce rendez-vous de fête. Je vous salue également, chers élèves, qui êtes invités en cette circonstance à réfléchir, sous le regard de la Madone de la Confiance, sur l'importance de votre itinéraire de formation en vue de la mission qu'un jour, vous accomplirez dans l'Eglise.


2. Dans le joyeux climat qui caractérise ce samedi, s'insère parfaitement l'Oratorio musical de Mgr Marco Frisina, inspiré de la noble et bien-aimée figure du bienheureux Jean XXIII, le bon Pape, qui fut lui aussi l'élève de votre séminaire. Le coeur rempli de confiance, Angelo Roncalli se prépara avec application, comme vous, aux diverses tâches que Dieu devait ensuite lui confier. A propos de sa personne, je voudrais surtout souligner aujourd'hui l'aspiration à la sainteté, devenue le programme quotidien de sa vie. Son optimisme était grand, même face aux problèmes et aux difficultés réels. Ferme dans sa foi, il invitait à se rendre compte que ce qui unit les disciples du Seigneur, et en général les hommes, dépasse de beaucoup ce qui les divise effectivement.
C'est dans cet esprit qu'il encouragea le chemin oecuménique, qui a obtenu de nombreux résultats, même s'il reste encore beaucoup à faire. A son école, chaque chrétien est invité à devenir un instrument docile, afin que s'accomplisse l'ardente prière du Christ au Cénacle: "Que tous soient un, afin que le monde croie" (cf. Jn 17,21).


3. En cette circonstance particulière nous avons l'opportunité de rappeler également, aux côtés du bienheureux Jean XXIII, son successeur immédiat, le Serviteur de Dieu Paul VI. En effet, à l'occasion des travaux exécutés dans la Grande chapelle de votre Séminaire, c'est précisément en son souvenir qu'a été placé un Crucifix artistique, oeuvre du sculpteur Enrico Manfrini et don du très cher Mgr Pasquale Macchi. Que cet éminent symbole de notre foi puisse vous aider à conserver le regard tourné en tout circonstance, comme le fit le Pape Montini, vers le mystère du Christ mort et ressuscité pour nous.


4. Chers séminaristes, comment passer sous silence un autre motif de joie et d'encouragement pour vous? Le 20 décembre dernier, j'ai publié le Décret sur l'héroïcité des vertus d'un ancien élève de cette institution, le séminariste Bruno Marchesini.

Si Dieu le veut, les séminaristes pourront bientôt avoir un protecteur particulier et un modèle auquel s'inspirer sur le chemin de leur formation sacerdotale. Il est bon que ce soit précisément le séminaire de l'Eglise de Rome, dont l'Evêque est le Successeur de l'Apôtre Pierre, qui offre en don aux séminaristes du monde entier un modèle édifiant de foi et de vertu, un ami exemplaire à imiter et dont se sentir proche en chaque circonstance. En se tournant vers lui, je suis certain que chacun de vous sera encouragé à suivre fidèlement Jésus. Que l'Esprit qui a inspiré le jeune Marchesini vous guide vous aussi, très chers amis, sur le sentier de l'héroïsme de la foi, afin que vous puissiez vous préparer à apporter l'Evangile là où la Providence vous conduira, si nécessaire jusqu'aux extrémités de la terre (cf. Ac 1,8).


5. Je m'adresse à présent à vous, chers jeunes qui, comme chaque année, êtes venus passer une intense journée de spiritualité avec la Communauté du séminaire! Que les figures qui viennent d'être évoquées, à travers l'exemple de leurs vertus, vous incitent vous aussi à devenir des saints. La sainteté est l'héritage précieux qu'ils nous ont laissé; la sainteté est le point fondamental de chaque programme missionnaire, comme j'ai eu l'occasion de le rappeler dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte (cf. NM NM 30-31).

Marchez sans relâche vers ce sommet difficile et majestueux, en faisant fructifier la grâce qui vous est chaque jour dispensée et en cherchant à la traduire avec ferveur en bonnes intentions et en actions courageuses. Telle est la tâche de chaque communauté ecclésiale; telle doit être la principale préoccupation de chaque croyant. Que le Christ soit au centre de tout: il faut le connaître, l'aimer et le servir d'un coeur ouvert et généreux.

La sainteté est un don, mais également une conquête: c'est le don que Dieu fait à ses enfants, en leur communiquant sa vie même et en les appelant à une communion intime avec Lui. C'est en même temps la réponse à ce don, ce qui fait d'elle une conquête difficile à réaliser à chaque instant.

6. Je vous remercie profondément pour cet Oratorio. Il m'a également rappelé certains moments de ma vie, en particulier l'inauguration du Concile Vatican II, auquel la Providence m'a donné la possibilité de participer personnellement. Il en fut ainsi: le Pape Jean inaugura cette Assemblée conciliaire et, quelques mois plus tard, il disparut.

Tout cela est revenu à ma mémoire en écoutant les voix qui accompagnent l'Oratorio et en suivant également l'Orchestre et les chants des participants.

Merci Marco, merci beaucoup de ce grand don!


A l'issue de sa visite au Séminaire pontifical romain, le Saint-Père s'est adressé aux personnes présentes:

Je vous remercie de votre invitation à cette soirée au Séminaire romain, devant la Madone de la Confiance. Nous avons écouté comment la Madone de la Confiance a guidé les pas du Pape Jean XXIII sur une route qui, de ce séminaire, l'a conduit jusqu'au Concile Vatican II, qui a également été un grand séminaire: le séminaire des évêques du monde.

Nous remercions la Madone de la Confiance pour tout ce qu'elle a accompli afin d'aider le Pape Roncalli dans la préparation, puis dans l'aventure du Concile Vatican II.

Je vous souhaite à tous de trouver des voies semblables dans votre vie: de l'Image de la Madone de la Confiance, jusqu'aux buts futurs, ceux que la Providence prévoit pour vous et vous demande de réaliser.

Je vous remercie encore une fois pour cette soirée. Merci beaucoup!



RENCONTRE AVEC LES MALADES À L'OCCASION DE LA FÊTE DE NOTRE-DAME DE LOURDES ET DE LA Xème JOURNÉE MONDIALE DU MALADE

Lundi 11 février 2002




Très chers frères et soeurs!

1. Je vous souhaite une sincère bienvenue, à vous tous réunis ici, dans la Basilique Saint-Pierre, pour ce rendez-vous désormais traditionnel, qui rassemble de nombreux pèlerins de l'"Opera Romana Pellegrinaggi" et de l'UNITALSI et qui nous fait revivre l'intense climat spirituel de Lourdes.

Je salue le Cardinal-Vicaire, qui a présidé la concélébration eucharistique, avec les Prélats et les prêtres qui l'entourent. Je salue les responsables de l'UNITALSI et de l'"Opera Romana Pellegrinaggi", qui ont promu et organisé cette rencontre si suggestive. Je vous salue en particulier, chers malades ici présents, ainsi que tous ceux qui, bien que le désirant, n'ont pas pu se joindre à nous ce soir. Je vous salue, personnel de la santé et volontaires, prêtres, religieux et laïcs, qui accomplissez un service désintéressé dans ce domaine si important de la pastorale de la santé.

Nous nous rencontrons avec joie en ce jour où l'Eglise fête la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie de Lourdes. A cette célébration si familière est associée depuis dix ans la célébration de la Journée mondiale du Malade, qui cette année a son "coeur" dans le sanctuaire de la "Madone de la Santé" à Vailankanny (Inde), connu précisément sous le nom de "Lourdes de l'Orient". J'adresse une salutation cordiale à tous ceux qui sont réunis là-bas autour de mon Envoyé, Monseigneur Javier Lozano Barragán, Président du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé.

2. Le thème de la Xème Journée mondiale du Malade se rapporte aux paroles de Jésus: "Afin qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance" (Jn 10,19) Celles-ci invitent à une prise de position claire en faveur de la vie et à un engagement sincère en vue de sa défense, de sa conception jusqu'à sa fin naturelle. La vie humaine est un don de Dieu et en tant que tel, elle doit être toujours vécue, même dans les situations les plus critiques. A cet égard, il est éloquent d'entendre le témoignage de nombreuses personnes, dont certaines sont présentes ici ce soir, qui, bien qu'étant depuis des années clouées au lit par la maladie, sont sereines car elles savent combien la contribution de leur souffrance et de leur prière est précieuse pour l'Eglise. Je prie afin que la célébration d'aujourd'hui soit pour chaque malade une extraordinaire occasion de soulagement physique et spirituel, et je demande au Seigneur qu'elle offre à tous, malades et bien portants, l'opportunité de comprendre toujours plus la valeur salvifique de la souffrance.


3. Il est juste de lutter contre la maladie, car la santé est un don de Dieu. Il est important dans le même temps de savoir lire le dessein de Dieu lorsque la souffrance frappe à la porte de notre vie. La clé de lecture de ce mystère pour nous, croyants, est la Croix du Christ. Le Verbe incarné a répondu à notre faiblesse en l'assumant pleinement sur lui, au Golgotha. Depuis lors, la souffrance a acquis un sens qui la rend particulièrement précieuse. Depuis lors, la douleur, dans chacune de ses manifestations, revêt une signification nouvelle et particulière, car elle devient partie intégrante de l'oeuvre salvifique du Rédempteur (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 1521). Ce n'est que si elles sont unies aux nôtres que nos peines acquièrent toute leur signification et leur valeur. Illuminées par la foi, elles deviennent une source d'espérance et de salut.

4. La Journée mondiale du Malade nous rappelle également qu'à côté de chaque personne souffrante, il doit y avoir un frère ou une soeur animés par la charité. Comme le bon Samaritain, dont Jésus parle dans la célèbre parabole évangélique, chaque croyant est appelé à offrir de l'amour à celui qui se trouve dans l'épreuve. Il ne faut jamais "passer outre"! Au contraire, il faut s'arrêter, se pencher sur l'homme effondré et accablé, en soulageant son fardeau et ses difficultés. C'est ainsi qu'est proclamé l'Evangile du réconfort et de la charité. Tel est le témoignage que les hommes de notre temps attendent de tous les chrétiens.

Je félicite, à cet égard, l'"Opera Romana Pellegrinaggi" et l'UNITALSI d'avoir promu un pèlerinage significatif de "porteurs de handicap" et d'"artisans de la paix" en Terre Sainte, dans ces lieux qui ont vu se dérouler la vie humaine du Rédempteur, et qui aujourd'hui, sont frappés par tant de violence et baignés, malheureusement, par tant de sang. Le pèlerinage qui conduira les porteurs de handicap italiens à rencontrer les porteurs de handicap de Jérusalem et de Bethléem représente un geste éloquent de solidarité entre porteurs de handicap, et, dans le même temps, constitue un message d'espérance pour tous.

Je souhaite de tout coeur que cette belle initiative contribue à faire en sorte que sur cette Terre, actuellement marquée par la haine et la guerre, prévalent finalement la solidarité et la paix. Que la Vierge Immaculée, qui est venue à Lourdes apporter le réconfort à l'humanité, continue de veiller amoureusement sur ceux qui sont blessés dans leur corps et dans l'esprit, et intercède pour ceux qui prennent soin d'eux. Qu'elle obtienne pour la Terre Sainte et pour toutes les autres régions du monde le don de la concorde et de la paix.

Avec ces sentiments, je m'unis à présent à vous pour la traditionnelle procession aux flambeaux, qui nous rappelle Lourdes, et je donne à tous une Bénédiction apostolique particulière.


AUX ÉVÊQUES D'ARGENTINE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Mardi 12 février 2002



Chers frères dans l'épiscopat,

1. Je vous reçois avec plaisir, bien-aimés évêques de la République d'Argentine, qui accomplissez cette visite "ad limina", à travers laquelle vous renforcez les liens d'amour et de communion avec le Successeur de Pierre et l'Eglise de Rome, "avec laquelle, en union, les fidèles du monde entier ont toujours conservé la Tradition apostolique" (Saint Irénée, Adv. Haeres, III, 3). Je vous souhaite la bienvenue à travers les paroles de l'Apôtre Paul, en souhaitant que vous accompagnent toujours "grâce, miséricorde, paix, de par Dieu le Père et le Christ Jésus notre Seigneur" (1Tm 1,2). Je désire que mon salut parvienne à tous les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles de votre diocèse, que j'embrasse en esprit et auxquels je renouvelle mon affection dans le Seigneur.

Je remercie de tout coeur Mgr Eduardo Vicente Mirás, Archevêque de Rosario, des paroles cordiales qu'il m'a adressées au nom de tous, réaffirmant vos sentiments d'adhésion au Pape et me présentant le chemin que vous parcourez pour annoncer joyeusement l'Evangile de Jésus-Christ, même face aux difficultés. Je vous exprime en retour ma gratitude pour le travail inlassable que vous accomplissez dans tous les milieux et en vous encourageant à ne pas succomber face aux défis du moment présent, en ayant confiance et en enseignant à avoir confiance dans la Providence pleine d'amour de Dieu.


2. Successeurs des Apôtres, vous êtes à la tête de vos Eglises particulières en tant que Pasteurs pour agir in persona Christi Capitis et accomplir les fonctions du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Prêtre (cf. Lumen gentium LG 21). Vous consacrez votre existence et votre activité au service apostolique, qui est de transmettre la foi et de promouvoir la vie de charité au sein du Peuple de Dieu. En tant que ministres de l'Evangile, en rendant le Seigneur présent de manière visible et éminente, vous êtes appelés à être des témoins et des serviteurs de l'espérance évangélique dans l'exercice du triple munus de sanctifier, d'enseigner et de gouverner (cf. Ibid., LG LG 21). Je vous invite donc à continuer à prêter à vos fidèles et à tout le Peuple de Dieu, le beau service de conserver l'espérance authentique qu'est Jésus-Christ ressuscité, à un moment aussi pressant, que ce soit sur le plan mondial ou sur celui de la situation particulière de la bien-aimée nation argentine.



3. Votre pays traverse en ce moment une profonde crise sociale et économique qui touche toute la société et qui, en outre, menace la stabilité démocratique et la solidité des institutions publiques, entraînant des conséquences qui vont au-delà des frontières nationales. De nombreux foyers domestiques manquent même de l'essentiel et de l'indispensable, ce qui place un grand nombre de personnes face à un avenir de risques et d'incertitudes. L'inquiétude du moment présent doit conduire à effectuer un sérieux examen de conscience sur les responsabilités de chacun et sur les conséquences tragiques de l'égoïsme marqué par l'absence de solidarité, de la corruption que de nombreuses personnes dénoncent, du manque de programmes et de la mauvaise administration des biens de la nation. Vous avez, en particulier, offert aux fidèles et aux personnes de bonne volonté des documents de mise en garde et de réalisme, dans une optique profondément évangélique. Au cours de votre dernière visite ad limina, en 1995, j'ai déjà fait référence à ce fait en indiquant que l'"on court le risque que la corruption et l'impunité se généralisent, avec les conséquences déplorables de l'indifférence sociale et du scepticisme" (Discours, 11 novembre 1995, n. 4). A la base de cette situation douloureuse, il existe une profonde crise morale et, comme vous l'avez indiqué, le premier pas doit donc consister à "cultiver les valeurs morales. En particulier l'austérité, le sens de l'équité et de la justice, la culture du travail, le respect de la loi et de la parole donnée" (Message de la Commission permanente de la Conférence épiscopale d'Argentine, 8 janvier 2002).

A l'heure actuelle, des mesures techniques opportunes sont sans aucun doute nécessaires afin de redresser l'économie et garantir à chaque Argentin les biens nécessaires pour se développer en tant que personne et citoyen. Ce n'est pas à l'Eglise, en tant qu'institution, d'indiquer quelles sont les mesures les plus adaptées, car il s'agit là de la tâche des dirigeants et des experts dans les diverses sciences sociales. Toutefois, même si la mission de l'Eglise est d'ordre purement religieux, cela ne l'empêche pas d'offrir sa collaboration pour favoriser un dialogue national entre tous les responsables, afin que chacun puisse coopérer activement en vue de surmonter la crise. Le dialogue exclut la violence dans ses diverses expressions, telles que les morts et les pillages, et contribue à édifier un avenir plus humain, avec la collaboration de tous, en évitant ainsi un appauvrissement radical de la société. Il est opportun de rappeler que la situation sociale ne s'améliore pas seulement en appliquant des mesures techniques, mais également et surtout en promouvant des réformes sur une base humaine et morale, qui ne négligent pas une vision éthique de la personne, de la famille et de la société.

C'est pourquoi, seule une nouvelle proposition des valeurs morales fondamentales, telles que l'honnêteté, l'austérité, la responsabilité pour le bien commun, la solidarité, l'esprit de sacrifice et la culture du travail, dans une terre comme la vôtre, que la Providence a créée fertile et féconde, peut assurer un meilleur développement intégral pour tous les membres de la communauté nationale.

4. La situation vécue en Argentine peut également être cause de divisions et susciter les haines et les rancoeurs entre ceux qui sont appelés à édifier quotidiennement le pays. Je vous invite donc à continuer d'assister votre peuple en tant que ministres de la réconciliation, afin que le troupeau qui vous a été confié, en surmontant les difficultés du moment présent, avance le long des voies de la concorde et de l'amour sincère entre tous, sans exceptions. Vous savez bien que l'avenir d'un pays doit se fonder sur la paix, qui est le fruit de la justice (cf. Jc Jc 3,18). Suivez ce sentier, contribuez à la construction d'une société qui favorise la concorde, l'harmonie et le respect de la personne et de chacun de ses droits fondamentaux! Grâce à votre parole courageuse et opportune, et en gardant toujours à l'esprit les exigences du bien commun, vous devez encourager chacun, à commencer par les responsables de la vie politique, parlementaire, administrative et juridique de la nation, à promouvoir des conditions plus justes de vie, de travail et de logement.

Même s'il ne fait aucun doute que l'ampleur du phénomène implique des interventions extérieures et qu'il est nécessaire de chercher des appuis au-delà des frontières nationales, il faut se rappeler que les Argentins eux-mêmes, avec les profondes qualités qui les caractérisent, doivent être les acteurs et les principaux artisans de la reconstruction du pays, en s'engageant, à travers leurs efforts et leur constance, à surmonter cette situation si difficile.


5. Tandis que l'on attend que les solutions adoptées apportent des résultats positifs, il est nécessaire de promouvoir les activités de charité et d'assistance, une tâche que l'Eglise a toujours menée à bien, afin de rendre les conditions des indigents plus tolérables. Bien-aimés frères, vous êtes préoccupés par la situation des personnes qui souffrent et qui manquent du nécessaire. Je pense en particulier aux retraités, aux chômeurs, à ceux qui ont tout perdu dans les révoltes. A ce propos, les initiatives prises dans chaque diocèse pour répondre de façon adéquate aux nécessités des pauvres sont réconfortantes. Les activités de la Caritas, celles de nombreuses paroisses et de congrégations religieuses, ainsi que l'initiative déjà bien établie de la Collecte "Más por menos", et d'autres semblables, sont dignes d'éloges. A travers celles-ci, les chrétiens sont invités à se priver de quelque chose de nécessaire, et pas seulement du superflu, promouvant ainsi l'attitude du partage avec les frères.

Ce souci "fait partie de la mission d'évangélisation de l'Eglise" (Sollicitudo rei socialis, n. 41), dans laquelle la promotion humaine doit occuper une place prépondérante. Les Pasteurs doivent donc orienter leurs fidèles dans ce domaine et tous sont appelés à collaborer activement à ce service de la charité, en donnant une impulsion et en encourageant, en ce moment crucial de l'histoire argentine, des initiatives opportunes visant à surmonter les situations de pauvreté et de marginalisation, qui frappent tant de frères démunis. La coordination avec les diverses institutions publiques et non gouvernementales fournira une aide plus efficace au prochain, en l'aidant à ne pas se laisser entraîner par les mirages du profit et de la consommation, mais à fonder sa vie sur les meilleures traditions de sobriété, de solidarité et de générosité qui sont inscrites dans le coeur de votre peuple.


6. L'analyse des rapports quinquennaux et l'entretien personnel avec chacun de vous soulignent la vitalité de l'Eglise en Argentine, ses succès et ses progrès, ses projets et ses efforts, ainsi que ses limites humaines dont il faut inévitablement tenir compte, dans le cadre de l'engagement constant de fidélité à la mission que le Seigneur Jésus-Christ a confiée à son Eglise, qui con-siste à être un instrument de salut pour tous, en mesure d'inspirer une transformation de la société.

Dans l'exercice de votre mission de Pasteurs, il est nécessaire que vous conserviez toujours la communion affective et effective avec le Siège de Pierre et entre vous. L'engagement à con-server cet esprit, manifesté dans vos assemblées et dans d'autres types de rencontres destinées à vous aider réciproquement et à compléter la vision sur les divers aspects de la réalité pastorale, constitue une joyeuse expérience ecclésiale et, dans le même temps, doit être un exemple valable pour les prêtres, les communautés et également pour la société civile, parfois divisée par des points de vue différents et par des conflits d'intérêts.


7. Afin de pouvoir mener à bien la tâche de l'Eglise en Argentine, je vous invite donc à tenir compte de la nécessité de disposer d'évangélisateurs suffisants, d'un point de vue quantitatif et qualitatif, qu'il s'agisse de prêtres, de religieux, de religieuses ou de personnes consacrées qui transmettent l'annonce de l'Evangile à toutes les nations.

Cela requiert une attention constante au problème des vocations de consécration spéciale. C'est pourquoi il est fondamental de pouvoir compter sur des familles saines, stables, fondées sur les véritables valeurs domestiques, au sein desquelles puissent germer et croître, dans un climat adapté, les semences de la vocation. De même, il faut souligner l'importance des organisations de type paroissial, scolaire ou rattachées aux nouveaux mouvements apostoliques, comme milieu propice pour l'insertion dans un style de vie ouvert aux autres et qui offre une éducation fondée sur la foi. L'expérience enseigne que les vocations au sacerdoce et à la vie de consécration spéciale sont souvent nées dans ces milieux et dans les centres d'éducation et d'orientation chrétienne, qui allient l'objectif de la maturité humaine et technique à l'engagement évangélisateur.

Les jeunes, et parfois les personnes déjà mûres, doivent être accueillis, se sentir aimés et être assistés de façon opportune dans les séminaires et les maisons de formation, à travers un processus qui contribue à développer leur vocation et qui leur permettra d'être un jour des serviteurs de Dieu, au profit des fidèles et de nombreux frères indigents dans le monde entier. Pour collaborer à cette tâche très importante, il ne faut pas hésiter à choisir les personnes les plus capables et dont la vie est la plus intègre, car c'est d'elles que dépend en bonne partie la possibilité d'un avenir prometteur pour l'Eglise.

Je connais les prévisions de votre Conférence épiscopale, qui a récemment conclu une étude sur l'évolution des vocations en Argentine. Il est réconfortant de constater que, d'un certain point de vue, il y a eu une augmentation des vocations, mais le fait que celles-ci aient diminué par rapport à l'augmentation de la population doit vous inciter à multiplier vos efforts pour préparer l'avenir ecclésial de chaque diocèse.


8. Chers frères, je conclus cette rencontre en espérant que vous emporterez avec vous l'encouragement et le soutien du Pape, afin de continuer à vous donner avec abnégation et joie à l'Eglise et à la société au sein de laquelle vous exercez votre ministère. Je connais les difficultés que vous devez affronter chaque jour avec vos collaborateurs. Toutefois, Jésus-Christ, modèle parfait du pasteur, vous donnera la force d'accomplir un service fidèle et la paix de la conscience dans la persévérance, "expectantes beatam spem et adventum Salvatoris nostri Jesu Christi" (Ordinaire de la Messe, préparation à la Communion).

Je vous demande de transmettre aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, aux séminaristes, aux membres des mouvements ecclésiaux et aux laïcs engagés dans la mission de l'Eglise, ainsi qu'à tout le peuple des fidèles, le salut du Pape et l'assurance de sa prière pour eux, afin que chacun persévère dans la foi et se fortifie sur le chemin de la vie chrétienne et dans l'intention de l'amour solidaire universel.

A vous tous, à tout le bien-aimé peuple argentin, en particulier à ceux qui souffrent le plus en ce moment de douloureuse épreuve, je donne avec affection la Bénédiction apostolique.



Discours 2002 - Vendredi 8 février 2002