Discours 2002 - Mardi 5 mars 2002


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE L'ÉQUATEUR PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Lundi 11 mars 2002



Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion de cette audience au cours de laquelle vous me présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'Equateur. En vous recevant, je vous souhaite également la bienvenue et je vous exprime mes meilleurs voeux pour l'accomplissement de la haute responsabilité que votre gouvernement vous a confiée, dans le but de consolider et de développer les bonnes relations diplomatiques existant déjà entre votre pays et ce Siège apostolique.

Dans les paroles courtoises que vous m'avez adressées, et dont je vous remercie de tout coeur, vous avez fait référence au passé, au présent et à l'avenir du peuple équatorien, dont l'itinéraire et l'identité rappellent constamment ses racines chrétiennes, à travers l'intense activité évangélisatrice de l'Eglise et son inlassable engagement afin de promouvoir une vie digne pour tous les citoyens sous tous ses aspects. Comme j'ai eu l'occasion de le dire aux Equatoriens au cours de mon inoubliable visite dans cette chère nation, "le Pape vous garde dans son coeur et il demande à Dieu pour vous le pain du corps et de l'esprit" (Discours à Guasmo, Guayaquil, 1-2-1985, 7; cf. ORLF n. 8 du 19 février 1985).

Je vous prie de transmettre à votre Président, M. Gustavo Noboa Bejarano, mon salut cordial et de lui exprimer ma profonde estime pour le peuple équatorien, qui m'a reçu avec un grand enthousiasme, manifestant son affection et son adhésion au Successeur de Pierre.


2. Les relations diplomatiques entre l'Equateur et le Saint-Siège se développent, comme vous l'avez noté, selon le Modus vivendi, qui remonte à soixante-cinq ans et qui a donné des fruits abondants de coopération dans le respect et l'appréciation mutuelles, au bénéfice du peuple équatorien. Les temps et les circonstances ont récemment nécessité de nouvelles mesures, comme le Décret sur le culte, du 16 janvier 2000, qui améliore certains aspects administratifs de la reconnaissance juridique des institutions ecclésiales. En effet, non seulement la réalité changeante exige d'adapter de façon rapide les instruments législatifs, nationaux et internationaux, mais une relation véritablement cordiale trouve également chaque jour de nouveaux aspects sous lesquels elle peut se développer et se renforcer. C'est pourquoi il faudra éliminer certaines réticences sans fondement ou des points de vue limités, qui empêchent les deux parties de donner le meilleur d'elles-mêmes.

En effet, l'Eglise et l'Etat, dans leur domaine respectif, ont pour objectif commun le bien - matériel et spirituel - de la personne humaine elle-même à un moment déterminé de l'histoire. C'est pourquoi l'Eglise enseigne à tous ses fidèles, avec l'esprit et l'énergie qui naissent du désir de servir son prochain selon le principal mandat du Christ, de s'efforcer à promouvoir des actions qui favorisent un développement authentique, en contribuant ainsi au bien commun et au bien-être de votre pays.


3. On connaît l'intense activité que l'Eglise exerce en faveur de tous les Equatoriens, en accomplissant sa mission évangélisatrice à travers ses pasteurs et ses prêtres, les personnes consacrées, les mouvements et les institutions de divers types ou à travers la contribution personnelle de nombreux fidèles. Elle a également fait preuve de sollicitude, en particulier au cours des moments particulièrement difficiles que votre pays a dû affronter au cours des dernières années, en apportant une contribution supplémentaire, que ce soit directement, à travers ses propres institutions internationales, ou à travers ses appels à la solidarité lancés à d'autres pays. Elle cherche ainsi à concrétiser ses efforts pour construire une "authentique culture de la solidarité" (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2001, n. 17; cf. ORLF n. 51 du 19 décembre 2000). Son effort est l'oeuvre d'un travail inlassable pour parvenir à un ordre mondial qui sauvegarde les valeurs éthiques fondamentales et protège les institutions primordiales de la société, comme le sont le mariage et la famille.

Dans ce contexte l'attention et l'éducation des nouvelles générations revêt une importance particulière, car elles sont appelées à être des protagonistes de l'avenir et des artisans de l'édification de la patrie commune. C'est pourquoi il est indispensable que tous les Equatoriens, quelle que soit leur milieu ou leur condition, aient accès à une formation intégrale, dans laquelle les connaissances humaines et techniques s'allient aux valeurs éthiques et à l'ouverture à la dimension transcendante et religieuse de l'existence, en respectant scrupuleusement le droit des familles à choisir le type d'éducation de leurs enfants. De la collaboration fructueuse entre l'Eglise et l'Etat dans ce domaine dérivera un bien précieux pour toute la communauté nationale. Il faut ensuite souhaiter que les législations et les accords dans ce domaine respectent fidèlement ces exigences, qui sont un droit des citoyens, qu'ils soient appliquées avec rigueur sur tout le territoire et qu'ils offrent les moyens adaptés pour permettre d'y répondre, en particulier lorsqu'il s'agit d'apporter un soutien aux personnes moins aisées.


4. Il est bien sûr compréhensible que la conjoncture économique du pays occupe une place préférentielle parmi les priorités du gouvernement et du peuple équatorien. En effet, non seulement la crise intensifie les problèmes sociaux existant et assombrit l'espérance des citoyens dans un avenir meilleur, tout au moins à court terme, mais elle déclenche des phénomènes terribles tels qu'une réduction de la couverture sociale ou de l'assistance médicale, la diminution des postes de travail ou l'arrêt des projets de développement et de promotion des secteurs qui en ont le plus besoin.

Monsieur l'Ambassadeur, vous pouvez être certain que l'Eglise ne reste pas insensible face à tant de drames personnels, familiaux et sociaux qui dérivent d'une situation comme celle-ci. Elle fait et elle fera tout son possible pour être proche du peuple équatorien, en apportant tous les types d'aide qu'elle peut fournir, en particulier aux plus indigents, qui sont fréquemment oubliés lorsque l'on distribue les ressources disponibles.

L'Eglise assume cette tâche en étant fidèle à sa doctrine sociale, qui "a par elle-même la valeur d'un instrument d'évangélisation" (Centesimus annus, CA 54), sans prétendre s'immiscer, remplacer ou supplanter les compétences de ceux qui ont la responsabilité de gouverner dans la société civile. Mais elle est convaincue que son appel traditionnel pour que les décisions économiques n'ignorent pas la dimension éthique, les répercussions sociales et la valeur incontournable de la dignité humaine, contribue également au développement harmonieux des peuples. En effet, le progrès stable et intégral des peuples requiert de l'honnêteté de la part des administrateurs, de l'équité dans la distribution des biens et une conscience responsable et solidaire entre tous les citoyens, c'est-à-dire des valeurs éthiques sans lesquelles on peut augmenter la production, mais pas obtenir de biens véritables.


5. Ces dernières années s'est développé en Equateur l'un des phénomènes les plus complexes et dramatiques de la crise économique, tel que l'émigration d'un grand nombre de ses citoyens dans d'autres pays. A l'incertitude de ceux qui partent à la recherche de meilleures conditions de vie s'ajoute la question du déracinement culturel, le risque de l'égarement religieux, avec l'éloignement de ses manifestations traditionnelles et, dans de nombreux cas, l'éclatement douloureux du noyau familial, sans oublier les conséquences tragiques des nombreux cas d'illégalité et de clandestinité.
Même en sachant que "dans un domaine aussi complexe, il n'y a pas de formules magiques" (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2001, n. 13), l'Eglise ne se limite pas à répéter le principe éthique fondamental que "les immigrés doivent toujours être traités avec le respect dû à la dignité de toute personne humaine" (Ibid.), mais elle met en action tous ses moyens pour le concrétiser de la meilleure façon possible. En effet, les églises et les autres institutions catholiques sont fréquemment leur principal point de référence pour se réunir, célébrer leurs fêtes, conserver vivante leur identité d'origine, et le lieu, peut-être le seul, où pouvoir trouver un soutien valable, pour défendre leurs droits ou résoudre des situations délicates.

Mais l'action accomplie dans les pays de destination doit être accompagnée par une grande attention à ce problème dans le pays d'origine, car c'est là qu'il naît dans la majorité des cas. C'est pourquoi il faut avant tout combattre les causes pour lesquelles de nombreux citoyens se voient presque obligés de quitter leur pays et, lorsque le phénomène ne peut pas être complètement évité, il faut empêcher par tous les moyens toute forme d'illégalité, de corruption, y compris de délinquance impitoyable qui transforme souvent l'immigration en un trafic d'esclaves moderne et sans pitié. D'autre part, les Equatoriens résidant à l'étranger ne doivent pas se sentir abandonnés par leur pays, qui, avec des moyens parfois modestes, peut leur proposer un soutien et des services qui les aideront à conserver vivante l'affection pour leur terre et l'orgueil légitime de leurs origines.
6. Les récentes initiatives de dialogue entre les autorités de l'Etat et les divers groupes ethniques, dans le but d'améliorer l'entente et de parvenir à une plus grande participation à la vie et aux actions de la nation, constituent un signe d'espérance qui doit être poursuivi. En suivant cette voie, l'Equateur peut devenir, dans le contexte des Andes, un exemple et un promoteur de la coexistence et de la paix.

En effet, le dialogue, même s'il semble parfois une méthode lente et pleine de difficultés, est toujours le procédé le plus adapté pour résoudre les principaux problèmes, intérieurs ou extérieurs, et obtenir ainsi les fruits désirés pour le bien de tout le peuple équatorien. C'est à travers celui-ci que se développe l'aspect le plus noble et le plus profond de l'être humain, comme le sont la force de la raison et de la vérité, qu'est promue l'entente mutuelle, que l'on apprécie les différences et que sont suscitées des attitudes de concorde, de solidarité et de collaboration. C'est pourquoi ses résultats sont plus durables et son exercice constant constitue une source d'enrichissement pour tous.

7. Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que, comme par le passé, l'Eglise en Equateur continuera à apporter sa contribution positive dans le processus de consolidation de l'union entre les divers secteurs de la société civile, de l'esprit de coexistence pacifique et de solidarité entre tous, qui favorisera également la consolidation des institutions politiques et civiles qui agissent pour le bien commun de la nation.

Monsieur l'Ambassadeur, je vous renouvelle mes souhaits de bienvenue et j'implore le Tout-Puissant afin qu'il vous aide, ainsi que vos collaborateurs, à accomplir votre haute mission, de même que je place entre les mains maternelles de Notre-Dame de la Présentation du Quinché la protection céleste du peuple équatorien.

dans les maisons de formation nombreuses et variées, se préparent au sacerdoce; aux familles, écoles d'humanité généreuse et de vertu chrétienne; aux pauvres et aux personnes dans le besoin, qui doivent continuer à faire l'objet de votre sollicitude et de vos attentions; aux professionnels des divers domaines de l'activité humaine, qui doivent être les constructeurs de la Patrie et de la société renouvelée en ce moment si particulier de votre histoire; aux malades et aux personnes âgées; aux prêtres et à toutes les personnes consacrées, témoins du transcendant dans un monde où tout change et semble difficile.

Que sur vous et sur vos communautés chrétiennes se déversent les Bénédictions du Seigneur, par l'intercession de la Virgen de Luján, Mère de tous les Argentins, sur le manteau de laquelle se reflètent les couleurs du drapeau de la patrie! J'accompagne ces voeux de ma Bénédiction apostolique, que je vous donne volontiers, en l'étendant à tous les fidèles argentins.



MESSAGE AU NONCE APOSTOLIQUE À CHYPRE À L'OCCASION DE LA RENCONTRE À NICOSIE (CHYPRE) SUR LE THÈME DU DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS ET LES CULTURES


  A Monseigneur Pietro Sambi Nonce apostolique à Chypre

Je suis heureux d'apprendre que vous serez présent à la Rencontre organisée à Nicosie, à Chypre, par la Fondation culturelle du Saint Monastère de Kykkos, Archangelos, en collaboration avec le Département des Communications et des Médias, et la section culturelle de la Panteion University à Athènes, et je vous prie de transmettre aux organisateurs et à tous les participants l'assurance de mon soutien et de mon encouragement dans la prière.

Le thème de la Rencontre, le dialogue entre les religions et les cultures, est tout à fait opportun. Il contient le défi de promouvoir des moyens pratiques d'accroître la compréhension entre les peuples, et offre donc un point de départ d'où affronter un grand nombre des problèmes qui pèsent sur la famille humaine au début de ce millénaire. La tyrannie de l'injustice, de l'égoïsme et du préjudice ne peut être vaincue qu'à travers un vaste renouveau de l'esprit humain dans le coeur de chaque homme et dans les relations entre les peuples du monde. Je prie de tout coeur pour que la rencontre de Nicosie montre qu'il n'existe pas de fondement, ni théorique, ni pratique, à aucune sorte de discrimination entre les personnes ou entre les peuples. Tous partagent la même dignité humaine et les droits qui en découlent (cf. Concile Vatican II, Déclaration Nostra Aetate NAE 5).

A Assise, la ville de saint François, de nombreux chefs religieux du monde se sont réunis le 24 janvier dernier pour prier pour la paix et pour s'engager à servir la cause de la paix. Ils ont voulu montrer que la véritable croyance religieuse est une source inépuisable d'harmonie et de respect mutuels entre les peuples; elle est même le remède principal à la violence et au conflit. C'est également le message qui a résulté de la rencontre interreligieuse entre les trois religions monothéistes, réunies en décembre dernier à Bruxelles par le Patriarche oecuménique, Sa Sainteté Bartholomaios I, sur le thème: Vers une coexistence et une collaboration pacifiques entre les religions monothéistes, et de la déclaration ratifiée le 21 janvier à Alexandrie par les chefs chrétiens, juifs et musulmans de Terre Sainte.

Ces événements, ainsi que les convictions qu'ils expriment, constituent des signes d'espérance authentique. Je suis certain que la Rencontre actuelle à Chypre renforcera ultérieurement le dialogue entre les religions et les cultures, en tant que part essentielle de la recherche de la paix dans le monde. Je demande donc au Seigneur de combler de ses Bénédictions les participants, et je les assure de l'engagement indéfectible de l'Eglise catholique à cette cause.

Du Vatican, le 6 mars 2002



AUX MEMBRES DE L'ÉGLISE ORTHODOXE DE GRÈCE

Lundi 11 mars 2002



Excellences,
Très chers Frères dans le Christ,

"À vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ" (2Co 1,2).

1. C’est par ce salut de saint Paul aux chrétiens de Corinthe que je vous accueille aujourd’hui avec joie, dans l’espérance d’un avenir de fraternité et de communion.

Je suis profondément reconnaissant à Sa Béatitude Christodoulos, Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, de vous avoir envoyés à Rome comme messagers de paix, à la suite de la rencontre fraternelle que j’ai eue avec lui lors de mon pèlerinage à l’Aréopage, sur les pas bénis de l’Apôtre Paul.

2. La connaissance personnelle réciproque, l’échange d’informations, ainsi qu’un franc dialogue sur les moyens d’établir les relations entre nos Églises, constituent le préalable indispensable pour pouvoir progresser dans un esprit de fraternité ecclésiale. C’est aussi la condition essentielle de la mise en oeuvre d’une collaboration, qui permettra aux catholiques et aux orthodoxes d’offrir ensemble un témoignage vivant de leur patrimoine chrétien commun. Cela vaut surtout dans la société d’aujourd’hui où une harmonisation entre les modes de vie et l’Évangile semble fléchir, tout comme semblent aussi diminuer la reconnaissance de la valeur des enseignements évangéliques en ce qui concerne le respect de l’homme, créé à l’image de Dieu, et de sa dignité, ainsi que la justice, la charité et la recherche de la vérité.

3. Dans le cadre de l’évolution qui caractérise actuellement notre continent, l’heure de la collaboration a sonné! Compte tenu de la nécessité d’une nouvelle évangélisation de l’Europe, qui lui permettra de retrouver pleinement ses racines chrétiennes, les traditions orientale et occidentale, qui se fondent chacune sur la grande et unique tradition chrétienne et sur l’Église apostolique, devraient s’appuyer sur le charisme lumineux de Maxime le Confesseur, qui fut une sorte de pont entre les deux traditions, entre l’Orient et l’Occident, et qui sut privilégier la pratique du sympathos pour faire face aux questions du monde. Il nous incombe, à nous aussi, d’affronter ces questions de manière dynamique et positive, et, forts de l’espérance que l’Esprit Paraclet insuffle en nous de chercher à leur trouver des solutions.

Notre tâche est de transmettre ce patrimoine chrétien dont nous avons hérité. Il est donc toujours plus urgent que les chrétiens donnent à la société une image exemplaire de leur comportement commun s’enracinant dans la foi; qu’ils cherchent ensemble à trouver un remède aux graves problèmes éthiques que posent les sciences et les démarches qui voudraient faire abstraction de toute référence à la dimension transcendantale de l’homme, ou même la nier. Cela revient à souligner, comme nous l’avons fait l’an passé, l’Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce et moi-même, notre devoir de "faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les racines chrétiennes de l’Europe et que son âme chrétienne puissent être gardées intactes" (Déclaration commune à l’Aréopage d’Athènes, 4 mai 2001).

4. L’Église orthodoxe de Grèce, par la manière dont elle a préservé son héritage de foi et de vie chrétienne, a une responsabilité particulière dans tout cela. Lors de mon séjour à Athènes, j’ai rappelé que "le nom de la Grèce résonne partout où l’Évangile est proclamé [...]. Depuis l'ère apostolique jusqu'à aujourd'hui, l’Église orthodoxe de Grèce constitue une riche source à laquelle l’Église d’Occident a puisé sa liturgie, sa spiritualité et son droit" (Discours à l’Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, Mgr Christodoulos, 4 mai 2001). Dans notre responsabilité qui consiste à tendre vers cet oecuménisme de la sainteté qui nous conduira enfin, avec l’aide de Dieu, vers la pleine communion qui ne signifie ni absorption ni fusion, mais une rencontre dans la vérité et dans l’amour (cf. Slavorum apostoli, n. 27), nous devons approfondir notre collaboration et travailler ensemble pour faire résonner avec force la voix de l’Évangile dans cette Europe qui est la nôtre, là où les racines chrétiennes des peuples doivent reprendre vie.

5. En cette période qui nous achemine vers Pâques, Fête des Fêtes, que nous ne pourrons pas hélas célébrer à la même date, nous, catholiques et orthodoxes, sommes toutefois unis dans la proclamation du Kérygme de la Résurrection. Cette annonce que nous voulons faire ensemble donnera aux hommes d’aujourd’hui une raison de vivre et d’espérer; notre volonté de rechercher la communion entre nous pourra aussi inspirer aux sociétés civiles un juste modèle de convivialité.

6. En vous remerciant de votre très aimable visite, je vous prie de transmettre mes chaleureuses salutations à Sa Béatitude Christodoulos, aux membres du Saint-Synode et à tous les fidèles chrétiens de Grèce. Reprenant les paroles de saint Paul par lesquelles se conclut notre Déclaration commune à Athènes, je prie le Seigneur afin qu’Il dirige notre route et qu’il "fasse croître et abonder l’amour que nous avons les uns pour les autres et pour tous".

Que la grâce et la paix de Dieu vous accompagnent dans votre visite et vous permettent de connaître la charité sincère et fraternelle avec laquelle le Saint-Siège et l’Évêque de Rome vous accueillent!



LETTRE DU PAPE JEAN PAUL II AU NOUVEL AMBASSADEUR DE CORÉE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 14 mars 2002




Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec plaisir que je vous accueille au Vatican et que je reçois les Lettres de Créance qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Corée près le Saint-Siège. Je vous suis très reconnaissant pour les salutations que vous me transmettez de la part du Président Kim Dae-jung, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre mes meilleurs voeux. J'assure le gouvernement et tous les citoyens de Corée de ma profonde estime, et j'offre mes prières pour le bien de la nation, dont je n'ai pas oublié la merveilleuse hospitalité au cours de mes visites en 1984 et en 1989.

Monsieur l'Ambassadeur, votre pays vit actuellement une étape très délicate dans les relations entre le Nord et le Sud et nous devons espérer que la récente preuve de bonne volonté et de progrès, bien que mince, pourra croître et ne sera pas empêchée par des préoccupations qui ne sont pas directement liées au bien-être de tout le peuple coréen. Comme vous l'avez vous-même souligné, des changements importants ont eu lieu dans la péninsule, tandis que les gouvernements de Séoul et de Pyonggyang progressent vers la réconciliation de la nation coréenne tout entière, quelle que soit la forme que l'organisation politique prendra. Il s'agit d'un processus difficile et complexe ayant des implications importantes pour la région et le monde entier.

Il est vrai que dans un monde toujours plus interdépendant, aucune région ne peut éviter d'être profondément influencée par le cadre plus général des relations et des événements mondiaux, mais il n'est pas moins vrai que ce qui a lieu dans une région a des répercussions immédiates sur les autres. C'est précisément pour cette raison que la Communauté internationale a besoin de trouver des moyens efficaces d'équilibrer toutes les forces en présence sur la scène internationale, où les acteurs commerciaux, financiers et médiatiques exercent de plus en plus une part de l'autorité qui appartenait autrefois exclusivement au domaine de la vie publique et politique.

La configuration changeante de la Communauté internationale représente un grand défi pour la fonction et la mission de la diplomatie, dont vous êtes précisément appelé, Monsieur l'Ambassadeur, à exercer l'art au nom de votre pays. En raison des changements dans les rapports entre le commerce et le gouvernement, par exemple, les relations extérieures et le commerce se confondent souvent. Cela est sans doute inévitable, mais on court le risque de se concentrer uniquement sur l'économie et de réduire les relations entre les nations et les peuples à des transactions commerciales motivées presque exclusivement par le profit et la recherche de l'intérêt. La diplomatie a besoin de maintenir son idéal élevé de servir le développement intégral des peuples et de toute la famille humaine, conformément à son objectif. La diplomatie a un rôle important à jouer pour assurer que les relations et les politiques internationales sont toutes basées sur une compréhension solide et éclairée de la personne humaine et de la société humaine, telles que la présente la Charte de l'Organisation des Nations unies, et en particulier la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.

Dans ce contexte, l'Eglise catholique est présente et active sur la scène internationale afin de servir le développement intégral des peuples, tel que l'ordonne l'Evangile. Vous êtes pleinement conscient, Monsieur l'Ambassadeur, qu'au coeur de l'Eglise réside une éthique de communion entre les individus, les peuples, leurs communautés et institutions. C'est sa longue expérience d'une telle éthique qui confère à l'Eglise sa compétence dans les mécanismes du dialogue et de la solidarité, si nécessaires en cette période critique de l'histoire. Parler de dialogue et de solidarité signifie se faire l'écho de ce que j'ai souligné dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix, à laquelle vous avez fait référence: il ne peut y avoir de paix sans justice et de justice sans pardon. L'Eglise catholique qui est en Corée est profondément engagée à témoigner du caractère inséparable de la justice, du pardon et de la paix, afin d'aider tous les Coréens à poursuivre le chemin du dialogue et de la solidarité, qui seul peut conduire à une nouvelle ère de concorde.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous assumez vos responsabilités au sein de la communauté diplomatique accréditée près le Saint-Siège, je vous présente mes meilleurs voeux pour le succès de votre mission et je vous assure que les divers bureaux de la Curie romaine seront prêts à vous assister dans l'accomplissement de celle-ci. Sur vous-même et sur le bien-aimé peuple coréen, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.




À UNE DÉLÉGATION DU "RENOUVEAU DE L'ESPRIT SAINT"

Jeudi 14 mars 2002



Très chers frères et soeurs!

1. Je vous accueille avec une grande joie, chers représentants du Groupe du Renouveau dans l'Esprit Saint, à l'occasion du trentième anniversaire de votre présence en Italie. Je salue le coordinateur du Comité national de Service et tous ceux qui l'assistent.

Je me souviens avec plaisir des rencontres que j'ai eues avec vous dans les années passées. De la première, lors de la solennité du Christ Roi, en 1980, jusqu'à celle de 1998, à la veille de la Rencontre avec les Mouvements ecclésiaux et les Communautés nouvelles, pour la Pentecôte. En outre, je ne peux oublier la contribution que le Renouveau dans l'Esprit Saint a offerte à l'occasion du grand Jubilé de l'an 2000, en particulier en aidant les jeunes et les familles, que, depuis les débuts de mon pontificat, je ne me lasse pas d'indiquer comme les milieux privilégiés d'engagement pastoral. Je désire également remercier vos dirigeants d'avoir voulu donner au Renouveau une marque prononcée de collaboration avec la hiérarchie, et avec les autres mouvements, associations et communautés. Pour tout cela, je loue avec vous le Seigneur, qui enrichit son Eglise d'innombrables dons spirituels.


2. Oui! Le Renouveau dans l'Esprit peut se considérer comme un don spécial de l'Esprit Saint à l'Eglise de notre temps. Né dans l'Eglise et pour l'Eglise, votre mouvement fait l'expérience de la rencontre vivante avec Jésus, de la fidélité à Dieu dans la prière personnelle et communautaire, de l'écoute confiante de sa Parole, de la redécouverte vitale des Sacrements, mais également du courage dans les épreuves et de l'espérance dans les souffrances.

L'amour pour l'Eglise et l'adhésion à son Magistère, dans un cheminement de maturation ecclésiale soutenu par une solide formation permanente, sont les signes éloquents de votre engagement à éviter le risque de céder, involontairement, à une expérience uniquement émotionnelle du divin, à une recherche sans nuance de l'"extraordinaire" et à un repli sur soi qui éloigne de l'engagement apostolique.


3. En cette circonstance particulière, je désire bénir en esprit trois projets, auxquels vous travaillez activement, et qui envoient "hors du Cénacle" les Groupes et les Communautés du Renouveau de l'Esprit avec un généreux élan missionnaire.

Je fais référence, tout d'abord, au soutien que vous fournissez actuellement à l'implantatio Ecclesiae en Moldavie, en étroite collaboration avec la Fondation "Regina Pacis" de l'archidiocèse de Lecce, en constituant une communauté missionnaire liée au diocèse de Chisinau. Je salue avec affection les Pasteurs de ces communautés ecclésiales, Mgr Cosmo Francesco Ruppi et Mgr Anton Cosa, ainsi que les Evêques qui participent à cette rencontre.

L'animation spirituelle dans les sanctuaires mariaux, lieux privilégiés de l'Esprit, est un autre projet intéressant, qui vous donne l'occasion d'offrir aux pèlerins des parcours d'approfondissement de la foi et de réflexion spirituelle.

Il y a ensuite le projet "Buisson ardent", qui est une invitation à l'adoration incessante, nuit et jour. Vous avez voulu promouvoir cette initiative utile pour aider les fidèles à "retourner dans le Cénacle", afin qu'unis dans la contemplation du Mystère eucharistique, ils intercèdent grâce à l'Esprit pour la pleine unité des chrétiens et pour la conversion des pécheurs.

Il s'agit de trois domaines apostoliques différents, auxquels votre expérience peut fournir un témoignage tout à fait providentiel. Que le Seigneur guide vos pas et fasse porter tous leurs fruits à vos propositions pour votre bien et pour celui de l'Eglise.


4. A bien y regarder, toutes vos propositions tendent, au fond, à promouvoir dans le Peuple de Dieu une croissance constante dans la sainteté. La sainteté est en effet la priorité de toute époque, et donc de la nôtre également. L'Eglise a besoin de saints, comme le monde, et comme nous-mêmes, qui sommes d'autant plus saints que nous laissons davantage l'Esprit Saint nous configurer au Christ. Voilà le secret de l'expérience régénérante de l'"effusion de l'Esprit", expérience caractéristique qui fait l'originalité du chemin de croissance proposé aux membres de vos groupes et de vos communautés. Je souhaite de tout coeur que le Renouveau dans l'Esprit soit au sein de l'Eglise un véritable "gymnase" de prière et d'ascèse, de vertu et de sainteté.

Continuez, en particulier, à aimer et à faire aimer la prière de louange, qui est la forme de prière la plus immédiate pour reconnaître que Dieu est Dieu; elle le chante pour lui-même, elle lui rend gloire pour ce qu'Il est, avant même que pour ce qu'il fait (cf. CEC CEC 2639).

A notre époque, qui est avide d'espérance, faites connaître et aimer l'Esprit Saint. Vous aiderez alors à faire en sorte que prenne forme cette "culture de la Pentecôte", qui seule peut féconder la civilisation de l'amour et de la coexistence entre les peuples. Avec une fervente insistance, ne vous lasser pas d'invoquer: "Viens, ô Esprit Saint! Viens! Viens!".

Que la Très Sainte Mère du Christ et de l'Eglise, la Vierge en prière dans le Cénacle, soit toujours à vos côtés. Que vous accompagne également ma Bénédiction, que je vous donne affectueusement, à vous et à tous les membres du Renouveau dans l'Esprit Saint.





MESSAGE À S. Exc. MGR LUIGI DE MAGISTRIS, PRO PÉNITENCIER MAJEUR, À L'OCCASION DU COURS TRADITIONNEL SUR LE FOR INTERNE ORGANISÉ PAR LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE


A mon Vénéré Frère Mgr Luigi DE MAGISTRIS Pro-Pénitencier Majeur

1. Le Seigneur m'accorde cette année également la joie de m'adresser à ce dicastère. Je vous salue cordialement, Vénéré frère, ainsi que les prélats et les membres de la Pénitencerie apostolique, et les religieux des diverses Familles qui exercent le ministère pénitentiel dans les Basiliques patriarcales de l'Urbs. J'adresse une pensée particulière aux jeunes prêtres et candidats au sacerdoce, qui participent au cours traditionnel sur le "For interne", offert comme un service ecclésial par la Pénitencerie.

Je voudrais que l'on puisse lire dans ce Message le témoignage de l'appréciation que le Pape réserve non seulement à la fonction de la Pénitencerie, qui est son vicaire dans l'exercice ordinaire de l'Autorité des Clefs, mais également au travail des Pères pénitenciers, qui exercent dans la relation directe avec la conscience de chaque pénitent le ministère de la Réconciliation et, enfin, au dévouement avec lequel les jeunes prêtres et candidats au sacerdoce se préparent à la très haute charge de confesseurs.


2. La mission du prêtre est synthétisée de façon efficace par les célèbres paroles de saint Paul: "Nous sommes donc en ambassade pour le Christ: c'est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2Co 5,20).

En cette circonstance, je désire reprendre et développer un concept que j'ai déjà exprimé lors de la première audience à la Pénitencerie apostolique et aux Pères pénitenciers des basiliques patriarcales de l'Urbs, le 30 janvier 1981. Je disais à l'époque: "Le sacrement de la Pénitence [...] est non seulement l'instrument visant à détruire le péché - moment négatif - mais un précieux exercice de la vertu, expiation par lui-même, école irremplaçable de spiritualité, travail hautement positif de régénération dans les âmes du "vir perfectus", "in mensuram aetatis plenitudinis Christi" (cf. Ep 4,13)". Je voudrais souligner cet aspect concret "positif" du Sacrement, afin d'exhorter les prêtres à y avoir personnellement recours, comme à une aide valable dans leur propre chemin de sanctification, et donc à s'en servir également comme d'une forme qualifiée de guide spirituel.

En effet, on ne peut parvenir concrètement à la sainteté, et en particulier à la sainteté sacerdotale, qu'en ayant recours de façon habituelle, humble et confiante au sacrement de la Pénitence, entendu comme véhicule de la grâce: il est indispensable lorsque celle-ci à malheureusement été perdue en raison du péché mortel, et il faut le privilégier lorsque le péché mortel n'a pas eu lieu car la confession sacramentelle est alors ce Sacrement des vivants, qui accroît la grâce elle-même mais qui, en plus, corrobore les vertus et aide à contrôler les tendances héritées de la faute originelle et aggravées par les péchés personnels.


3. Je compte parmi les plus grands dons que la célébration de l'Année Sainte 2000 a obtenus pour nous du Seigneur, une conscience renouvelée chez de nombreux fidèles du rôle décisif que joue le sacrement de la Pénitence dans la vie chrétienne, et en conséquence une augmentation réconfortante du nombre de ceux qui y ont recours.

Sur le chemin de l'ascèse chrétienne, le Seigneur peut bien sûr diriger intérieurement les âmes vers des formes qui transcendent la médiation sacramentelle ordinaire. Toutefois, cela n'élimine pas la nécessité du recours au sacrement de la Pénitence, ni la subordination des charismes à la responsabilité de la hiérarchie. C'est ce qui ressort du célèbre passage de la première Lettre aux Corinthiens, où l'Apôtre Paul affirme: "Quosdam quidem posuit Deus in ecclesia primum apostolos, secundo prophetas, tertio doctores...", avec ce qui suit (cf. 1Co 12,28-31). Dans le texte, un ordre hiérarchique est clairement énoncé entre les diverses fonctions, institutionnelles et charismatiques, dans la structure de la vie de l'Eglise. Saint Paul répète ensuite cet enseignement dans tout le chapitre 14 de la même Lettre, dans lequel il énonce le principe de la subordination des dons charismatiques à son autorité d'Apôtre. Il a pour cela recours sans hésitation au verbe je veux et à des formes impératives.


4. Mais c'est le Seigneur Jésus lui-même, source de tout charisme, qui affirme de la façon la plus solennelle le caractère irremplaçable, pour la vie de grâce, du sacrement de la Pénitence, qu'il a confié aux Apôtres et à leurs successeurs: "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn 20,22-23).
Il n'est donc pas conforme à la Foi de vouloir réduire la rémission des péchés à un contact, pour ainsi dire, privé et individualiste entre la conscience de chaque fidèle et Dieu. Bien sûr le péché n'est pas pardonné s'il n'y a pas de repentir personnel, mais dans l'ordre actuel de la Providence la rémission est subordonnée à l'accomplissement de la volonté positive du Christ, qui a lié la rémission elle-même au ministère ecclésial ou tout au moins à la volonté sérieuse d'avoir recours à celui-ci au plus tôt, lorsqu'il n'y a pas la possibilité d'accomplir la confession sacramentelle dans l'immédiat.

Tout autant erronée est la conviction de celui qui, tout en ne niant pas la valeur positive du sacrement de la Pénitence, le conçoit cependant comme quelque chose de surérogatoire, car le pardon du Seigneur aurait été donné "semel pro semper" sur le Calvaire et l'application sacramentelle de la miséricorde divine n'apparaîtrait alors pas nécessaire pour retrouver la grâce.



5. De même, il faut répéter que le sacrement de la Pénitence n'est pas un acte de thérapie psychologique, mais une réalité surnaturelle destinée à produire dans le coeur des effets de sérénité et de paix, qui sont le fruit de la grâce. Même lorsque l'on considère utiles des techniques psychologiques extérieures au Sacrement, celles-ci ne pourront être conseillées qu'avec prudence, mais jamais imposées (cf. l'avertissement du Saint-Office en date du 15 juillet 1961, n. 4).

En ce qui concerne ensuite les formes spécifiques d'ascétisme vers lesquelles orienter le pénitent, elles pourront être proposées par le confesseur à condition qu'elles ne soient pas inspirées de conceptions philosophiques ou religieuses contraires à la vérité chrétienne. Telles sont, par exemple, celles qui réduisent l'homme à un élément de la nature ou, au contraire, qui l'exaltent comme le détenteur d'une liberté absolue. Il est facile de reconnaître, en particulier dans ce dernier cas, une forme renouvelée de pélagianisme.


6. Le prêtre, ministre du Sacrement, gardera ces vérités à l'esprit, que ce soit lors du contact avec chaque pénitent, ou dans l'enseignement catéchétique à donner à chaque fidèle.

Il est par ailleurs évident que les prêtres, qui reçoivent la charge du sacrement de la Pénitence, sont appelés à appliquer ces certitudes tout d'abord à eux-mêmes, ainsi que les orientations pratiques qui s'y rapportent. Cela les aidera dans leur recherche personnelle de la sainteté, ainsi que dans l'apostolat vivant et vital qu'ils doivent exercer avant tout par l'exemple: "verba movent, exempla trahunt".

Que ces critères guident de façon privilégiée les prêtres confesseurs et les directeurs spirituels dans leurs relations avec les candidats au sacerdoce et à la vie consacrée. Le sacrement de la Pénitence est l'instrument privilégié pour le discernement des vocations. Afin de poursuivre l'objectif du sacerdoce, il est en effet nécessaire de posséder une vertu mûre et solide, c'est-à-dire qui puisse garantir, autant que possible "in humanis", une perspective de persévérance dans l'avenir qui soit fondée. Il est vrai que le Seigneur, comme il le fit avec Saul sur la route de Damas, peut instantanément transformer un pécheur en un saint. Toutefois, cela ne fait pas partie des voies habituelles de la Providence. C'est pourquoi celui qui a la responsabilité d'autoriser un candidat à poursuivre sa voie vers le sacerdoce doit avoir "hic et nunc" la certitude de sa véritable capacité. Si cela est valable pour chaque vertu et aspect moral, il est clair qu'on l'exige encore davantage en ce qui concerne la chasteté, car, en recevant les Ordres, le candidat sera tenu au célibat perpétuel.

7. Je confie ces réflexions, qui se transforment à présent en une prière fervente, à Jésus, Prêtre suprême et éternel. Que la Très Sainte Vierge, Mère de l'Eglise, intercède auprès de son Fils, afin qu'il daigne accorder à l'Eglise de saints pénitents, de saints prêtres, de saints candidats au sacerdoce.

Avec ces voeux, je donne de tout coeur à tous la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 15 mars 2002.


IOANNES PAULUS PP. II


Discours 2002 - Mardi 5 mars 2002