Discours 2002 - Jeudi 21 mars 2002


AU COMITÉ PONTIFICAL POUR LES CONGRÈS EUCHARISTIQUES INTERNATIONAUX

Vendredi 22 mars 2002



Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous accueillir et de vous saluer avec une grande cordialité. Ma pensée affectueuse s'adresse tout d'abord au Cardinal Jozef Tomko, Président du Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux, que je remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom.

Au cours de ces journées, durant lesquelles vous vous êtes réunis pour programmer l'activité du Comité dont les membres ont été récemment renouvelés, vous avez souhaité rencontrer le Pape. Je vous remercie de votre visite, et je souhaite à chacun une cordiale bienvenue, ainsi qu'un bon travail.


2. Je saisis volontiers cette occasion propice pour exprimer ma plus sincère satisfaction à votre Comité, qui est engagé dans la promotion du culte eucharistique dans l'Eglise tout entière. Les Congrès eucharistiques constituent d'importantes expériences de foi et de prière intense, car ils offrent à de nombreux croyants l'occasion de contempler le visage du Christ mystérieusement voilé dans le sacrement de l'Eucharistie. Par votre intermédiaire, je voudrais faire parvenir aux délégués nationaux et à ceux qui collaborent de diverses façons à la réussite de manifestations de piété chrétienne aussi importantes, l'expression de ma plus sincère gratitude.

Vous connaissez bien l'importance de la dévotion eucharistique pour la vie de l'Eglise et pour la diffusion de l'Evangile. C'est dans l'Eucharistie, en effet, que se trouve le bien spirituel le plus précieux de la communauté chrétienne, c'est-à-dire le Christ lui-même, qui s'est immolé sur la Croix pour le salut de l'humanité. Poursuivez donc avec dévouement et enthousiasme votre oeuvre qui est plus que jamais appréciée.

Alors que je vous assure de mon souvenir dans la prière, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers, ma Bénédiction apostolique spéciale.

   


AUX PARTICIPANTS AU XXIXème CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DES FRÈRES CHRÉTIENS

Vendredi 22 mars 2002



Cher Frère Garvey,
Chers frères dans le Christ,

1. "Paix à vous tous qui êtes dans le Christ!" (1P 5,14): avec ces paroles de l'Apôtre Pierre, je vous salue, à l'occasion du XXIXème Chapitre général de la Congrégation des Frères chrétiens. Je suis particulièrement heureux de vous accueillir cette année alors que vous célébrez votre bicentenaire, car cette occasion nous permet de rendre grâce à Dieu pour le charisme du bienheureux Edmund Ignatius Rice, qui se poursuit aujourd'hui à travers vous, qui êtes ses fils et ses frères. Je profite de cette occasion pour vous remercier au nom de l'Eglise pour tout ce que les Frères chrétiens ont fait au cours de ces deux siècles pour éduquer les jeunes.

2. L'histoire de grâce que vous célébrez au cours de ce Chapitre général a commencé à une époque de grand bouleversement social en Europe et de grande tension dans l'Irlande natale d'Edmund Rice. Au cours de la jeunesse de votre Fondateur, le continent a été secoué par des courants révolutionnaires, qui ont vu la chute d'un ordre ancien et l'avènement d'un nouveau, édifié parmi de grandes difficultés à la suite des guerres sanglantes qui ont troublé l'Europe à l'aube du dix-neuvième siècle.

L'Irlande elle-même connut des années de pauvreté et de persécution religieuse, et les grandes traditions de la vie catholique irlandaise ont été véritablement mises en péril. Mais ces traditions ont refleuri de façons nouvelles et remarquables lorsque Dieu suscita chez des personnes comme Edmund Rice, le désir d'assumer la tâche d'éduquer les jeunes, autrement condamnés à une pauvreté matérielle, intellectuelle, morale et spirituelle, dégradante pour eux, mais également pour toute la société. En répondant à l'appel de Dieu, votre Fondateur a non seulement obéi aux profondes impulsions de l'Esprit Saint qui nous enseigne toutes choses, (cf. Jn 14,26), mais il a soutenu également la voie de l'Eglise catholique, qui a toujours placé l'éducation au centre même de sa mission d'annonce de l'Evangile. De plus, Edmund s'est montré fidèle à l'ancienne tradition des grandes écoles monastiques d'Irlande, qui avaient forgé un lien profond entre la sainteté et l'enseignement, l'humanité et l'éducation, pour la gloire de l'Europe et de tout le monde chrétien.

Dans le même temps, la crise qu'Edmund affronta n'était pas seulement sociale ou nationale; il s'agissait d'une grave crise personnelle qui fit jaillir dans sa vie la grâce qui a donné naissance à votre Congrégation. Lorsque sa jeune épouse mourut en 1789, il pensa tout d'abord se retirer pour mener une vie contemplative. Mais il ne devait pas en être ainsi. Il vécut au contraire une vie d'action enracinée dans la contemplation, à laquelle Edmund savait qu'il avait été appelé par Dieu. Sa vocation était d'entreprendre "une nouvelle "créativité" dans la charité" (Novo millennio ineunte NM 50), qui était la vraie révolution à une époque révolutionnaire, une révolution issue non pas de la violence, mais d'une écoute docile et patiente de Dieu.


3. Sa contemplation du Christ Maître configura de plus en plus Edmund à l'image du Christ qui, dans les Evangiles, est "à la fois majestueuse et familière, impressionnante et rassurante" (Catechesi tradendae CTR 8). Celui qu'il suivait "connaissait ce qu'il y avait dans l'homme" (Jn 2,25); il avait de la compassion sans avoir peur de dire la vérité; il avait de l'autorité sans jamais être autoritaire; il était enraciné dans la tradition mais créatif dans sa réponse aux besoins de son époque.

Chers Frères, vous êtes appelés par le Christ et votre Fondateur à atteindre ces mêmes sommets, tandis que vous entrez dans le troisième siècle de votre existence et là, comme Edmund, vous découvrirez un "visage de douleur" (Novo millennio ineunte NM 26-27), le visage du Seigneur crucifié lui-même. Aujourd'hui plus que jamais, c'est sur lui que vous devez fixer votre regard: le Serviteur souffrant sur lequel repose le châtiment qui nous rend la paix (cf. Is 53,2-9). A celui qui a été transpercé à cause de nos fautes, vous devez apporter vos propres blessures et peines; à celui qui a été écrasé à cause de nos injustices, vous devez apporter vos propres échecs. Qui, sinon le Seigneur de toute miséricorde, guérira vos blessures? Qui, sinon lui, transformera nos péchés en une vie nouvelle? C'est à vous que je dis cela, chers frères, à la veille de la Semaine sainte, alors que toute l'Eglise célèbre le mystère de la Croix du Seigneur, qui est la clé de tous les mystères de la vie et de la mort.

C'est le Calvaire qui nous enseigne la vérité sur votre histoire: votre Congrégation est née de la crise, et c'est de la crise de notre temps que votre avenir, que l'avenir de Dieu pour vous, naît aujourd'hui également. C'est pourquoi, avec l'apôtre, je vous dis: "Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur" (Ph 4,4), car à la lumière de Pâques, nous comprenons ce que saint Paul veut dire lorsqu'il dit: "Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort" (2Co 12,10). Avec l'aide de Dieu, il n'y a point de blessure qui ne puisse devenir une source de vie nouvelle. Telle est la raison de notre espérance: telle est la source de notre joie!

4. Née à Waterford en 1802, votre Congrégation s'est diffusée partout en Irlande, dans la diaspora irlandaise et ailleurs. A présent, tandis que le nombre de vos membres diminue dans certains lieux, il augmente dans d'autres. Au-delà des liens de la Congrégation elle-même, le Mouvement d'Edmund Rice suscite de nouvelles énergies parmi les hommes et les femmes laïcs qui partagent votre esprit et votre oeuvre. La flamme de la foi allumée par votre Fondateur brûle encore, et vous avez maintenant le devoir de vous assurer que ce "feu sur terre" (Lc 12,49) est aussi créatif aujourd'hui qu'il l'a été par le passé. A une époque où de nombreuses cultures traversent une crise dans la transmission des valeurs religieuses et morales aux jeunes, la mission éducative qui vous est confiée est plus importante que jamais. Toutefois, elle représente encore plus un défi, car nous vivons à une époque où, comme l'observait le Pape Paul VI, l'homme "écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s'il écoute les maîtres, c'est parce qu'il sont des témoins" (Evangelii nuntiandi EN 41). Vous avez toujours été d'excellents maîtres; à présent, vous devez êtres encore plus reconnus pour votre témoignage courageux et joyeux du Christ aux jeunes, tandis que toute l'Eglise entreprend à nouveau "la grande aventure de l'évangélisation" (Novo millennio ineunte NM 58).

Tandis que vous écoutez Dieu au cours de ces journées du Chapitre général - en rendant grâces pour le passé, en cherchant à comprendre le présent et à programmer l'avenir - je demande au Seigneur de faire descendre son Esprit sur vous de façons nouvelles et efficaces. En confiant la Congrégation des Frères chrétiens à l'amour bienveillant de Notre-Dame du Perpétuel Secours et à l'intercession de votre bienheureux Fondateur, je vous donne avec joie ma Bénédiction apostolique, en signe de miséricorde infinie en Jésus-Christ, qui vit pour toujours dans nos coeurs.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS PROMU PAR L'ORGANISATION MONDIALE DES GASTRO-ENTÉROLOGUES

Samedi 23 mars 2002



Mesdames, Messieurs!

1. Je vous adresse bien volontiers un salut cordial, à vous tous qui participez à ce Congrès qui entend sensibiliser l'opinion publique au problème de la prévention du cancer de l'appareil digestif, en particulier le cancer du colon. Je salue de façon particulière le Professeur Alberto Montori, Président de la Fédération européenne des maladies digestives, et tous ceux qui sont venus de différents pays pour participer à cette importante rencontre internationale qui vous réunit.
Je félicite également les organisateurs du Congrès, les membres du Comité scientifique, les délégués, les modérateurs, les rapporteurs, les chercheurs, ainsi que tous ceux qui sont engagés dans le combat contre la maladie qui est au centre de votre attention.

On ne peut que se réjouir de la disponibilité croissante de ressources techniques et pharmacologiques qui permettent d'identifier à temps dans la plupart des cas les symptômes du cancer et d'intervenir ainsi avec plus de rapidité et d'efficacité. Je vous engage à ne pas vous contenter des résultats obtenus, mais à continuer avec confiance et tenacité vos travaux dans les domaines de la recherche et de la thérapie, en vous servant des techniques scientifiques les plus avancées. Que les médecins prennent exemple sur vous, qu'il apprennent, avec votre aide, à parcourir ce chemin qui est le plus bénéfique pour la santé de tous.


2. Certes, il ne faut pas oublier que l'homme est un être limité et mortel. Il faut donc avoir envers le malade une attitude de réalisme salutaire qui évite de créer chez celui qui souffre l'illusion de la toute-puissance de la médecine. Certaines limites ne sont pas humainement franchissables; il faut savoir, dans ce cas-là, accepter avec sérénité sa condition humaine, que le croyant sait lire à la lumière de la volonté divine. Celle-ci se manifeste également dans la mort, terme naturel du cours de la vie terrestre. Eduquer les personnes à l'accepter sereinement fait partie de votre mission.

La complexité de l'être humain exige ensuite qu'en lui apportant les soins dont il a besoin, l'on tienne compte non seulement du corps, mais également de l'esprit. Il serait alors présomptueux de s'appuyer uniquement sur la technique. Et, dans cette optique, un acharnement thérapeutique exagéré, même avec les meilleures intentions, se révélerait, en définitive, non seulement inutile, mais ne serait pas pleinement respectueux du malade arrivé à un stade terminal. Le concept de santé, tel que le conçoit la pensée chrétienne, se distingue d'une vision de celle-ci qui la réduirait à un simple équilibre psycho-physique. Une telle vision, négligeant les dimensions spirituelles de la personne, finirait par porter préjudice à son bien véritable. Pour le croyant, comme je l'ai écrit dans le Message pour la VIIIème Journée mondiale du Malade, la santé "se présente comme une tension vers une harmonie plus parfaite et un équilibre sain au niveau physique, psychique, spirituel et social" (cf. ORLF n. 34 du 24 août 1999). C'est l'enseignement et le témoignage de Jésus, si sensible à la souffrance humaine. Avec son aide, nous devons nous efforcer nous aussi d'être aux côtés des hommes d'aujourd'hui pour les soigner et, si possible, les guérir, sans jamais oublier les exigences de l'esprit.


3. Mesdames, Messieurs! Vous déployez des efforts remarquables, aidés en cela par de nombreux collaborateurs et volontaires, pour informer l'opinion publique sur les possibilités de jouir d'une meilleure santé, en prenant de bonnes habitudes quotidiennes et en se soumettant régulièrement à des contrôles préventifs. Je me réjouis du service que vous apportez à la société et je souhaite que votre profession, en respectant les règles déontologiques qui la régissent, s'inspire toujours des valeurs éthiques immuables qui lui donnent un fondement solide.

Informer les citoyens dans le respect et la vérité, surtout quand ils sont atteints par une pathologie, constitue une véritable mission pour ceux qui s'occupent de santé publique. Et votre Congrès, auquel je souhaite le plus grand succès, entend y apporter sa contribution. J'espère également de tout coeur que le message que vous voulez lancer trouvera un large écho, afin d'impliquer les médias dans une campagne d'information efficace.

Je vous accompagne bien volontiers par la prière, et, tout en confiant votre travail à Dieu, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction, que j'étends à tous ceux qui vous sont chers et à ceux qui oeuvrent avec vous à cette importante mission humanitaire.




AUX JEUNES PARTICIPANT AU XXXVème CONGRÈS UNIVERSITAIRE INTERNATIONAL "UNIV 2002"

Lundi 25 mars 2002


Très chers jeunes,

1. C'est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue, à vous tous qui vous êtes réunis à Rome à l'occasion de la traditionnelle rencontre de l'UNIV. En prenant part aux rites de la Semaine sainte, vous vivrez une expérience religieuse particulière. Je remercie le Seigneur de me donner cette année encore l'occasion de retrouver votre association, qui réunit des jeunes de diverses nationalités qui assistent aux multiples activités de formation la Prélature de l'Opus Dei. Merci de votre visite, et bienvenue dans cette maison qui est la vôtre.


2. Vous voulez profiter de votre séjour à Rome pour approfondir votre formation chrétienne, et vous avez choisi trois mots comme thème de réflexion: étude, travail, service. Le terme "service" offre une clé de lecture pour comprendre les deux autres termes qui le précèdent. L'étude et le travail présupposent en effet une attitude personnelle de disponibilité et de don de soi qui est justement ce que nous appelons service. Il s'agit de cette dimension typique qui doit caractériser la façon d'être de la personne. Le Concile Vatican II le souligne en affirmant que la créature humaine ne peut pleinement se trouver que par le don de soi sincère (cf. Gaudium et spes GS 24). A travers cette ouverture aux autres, chacun de vous, chers jeunes, perfectionne - grâce aussi à l'étude et au travail - les aspects fondamentaux de sa propre mission, en faisant fructifier les talents que Dieu lui a généreusement confiés.

Combien se révèlent utiles, à cet égard, les enseignements du bienheureux Josémaria Escriva, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance! Très souvent, il aimait souligner que dans l'Evangile, Jésus est connu comme le "charpentier" (cf. Mc 6,3), ou même comme "le fils du charpentier" (cf. Mt 13,55). Apprenti à l'école de Joseph, le Fils de Dieu fait du travail manuel non seulement une source nécessaire de subsistance, mais aussi un "service" rendu à l'humanité tout entière, et dans la pratique, un élément qui fait partie intégrante du dessein salvifique. C'est ainsi qu'il devient un exemple et un encouragement afin que chacun d'entre nous, suivant sa vocation personnelle, développe ses propres facultés en les mettant au service du prochain.


3. En ces jours de la Semaine sainte, la réflexion des croyants est centrée sur le mystère de la Croix. A sa lumière, nous pouvons mieux comprendre la valeur du service, du travail et pour vous, chers jeunes, de l'étude également. La Croix est le symbole d'un amour qui se fait don total et gratuit. La Croix n'est-elle pas précisément le témoignage de l'amour du Christ pour nous? La Croix est une chaire d'amour silencieuse, de laquelle on apprend à aimer en vérité. En suivant le Christ, Roi crucifié, les croyants apprennent que "régner", c'est servir en cherchant le bien des autres, et ils découvrent que dans le don sincère de soi s'exprime le sens authentique de l'amour.

Saint Paul nous répète que Jésus "nous a aimés et s'est donné lui-même pour nous" (cf. Gal Ga 2,20).

"La dignité du travail, disait le bienheureux Josémaria Escriva, se fonde sur l'Amour". Et il continuait: "Le grand privilège de l'homme est de pouvoir aimer et dépasser ainsi l'éphémère et le transitoire. L'homme peut aimer les autres créatures, prononcer un tu et un je qui ont un sens. [...] Le travail naît de l'amour, manifeste l'amour et tend à l'amour" (Quand le Christ passe, n. 48).

Quand on étudie et travaille avec sérieux en étant fidèle à cet itinéraire spirituel, l'on devient réellement sel de la terre et lumière du monde (Cf. Mt 5,13-14). C'est l'invitation que je vous adresse, comme thème de la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse: être sel de la terre et lumière du monde dans la vie quotidienne. Il s'agit d'un chemin difficile, qui s'oppose souvent à la mentalité de vos contemporains. Cela suppose certainement d'aller à contre-courant des comportements et des modes aujourd'hui dominants.


4. Chers jeunes! Cela ne vous enthousiasme-t-il pas? Le mystère de la Croix éduque à une façon d'être et d'agir qui ne correspond pas à l'esprit de ce monde. A cet égard, l'Apôtre nous met bien en garde: "Ne vous conformez pas au siècle présent, mais transformez-vous par le renouvellement de l'esprit, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait" (Rm 12,2).

Chers jeunes de l'UNIV, résistez à la tentation de la médiocrité et du conformisme. Ce n'est qu'ainsi que vous pourrez faire de la vie un don et un service pour l'humanité; ce n'est qu'ainsi que vous contribuerez à soulager les souffrances de tant de pauvres et de marginalisés toujours présents dans notre monde technologiquement avancé. Laissez pour cela la loi de Dieu vous orienter dans vos études et dans votre activité professionnelle future. Ainsi resplendira "votre lumière devant les hommes afin que, voyant vos bonnes oeuvres, ils glorifient votre père qui est dans les cieux" (Mt 5,16).

Pour que tout cela soit possible, il est nécessaire de mettre à la première place la prière, dialogue intime avec Celui qui vous appelle à être ses disciples. Soyez des garçons et des filles généreux dans vos activités, mais également et dans le même temps, profonds dans la contemplation du mystère de Dieu. Faites de l'Eucharistie le coeur de votre journée. En union au sacrifice de la Croix, que l'Eucharistie représente, offrez l'étude et le travail pour devenir vous aussi "des victimes spirituelles, agréables à Dieu, par le Christ Jésus" (1P 2,5).

A vos côtés, comme aux côtés de Jésus, se trouve Marie. C'est à elle, Ancilla Domini et Sedes Sapientiae, que je confie vos résolutions et vos aspirations. De mon côté, je vous assure de mon souvenir constant dans la prière, et je vous souhaite un fécond Triduum Pascal et une sainte Pâques. Avec ces voeux, je vous bénis tous de tout coeur.



CHEMIN DE CROIX - ALLOCUTION DU PAPE JEAN PAUL II

Vendredi saint, 29 mars 2002




Crucem tuam adoramus, Domine ! Nous adorons ta Croix, o Seigneur !

Au terme de la suggestive évocation de la Passion du Christ, notre regard reste fixé sur la Croix. Nous contemplons dans la foi le mystère du salut, qui nous est révélé par elle. En mourant, Jésus a ôté le voile qui était devant nos yeux, et maintenant la Croix culmine sur le monde dans toute sa splendeur. Le silence pacifiant de Celui que la méchanceté humaine a pendu sur le Bois communique la paix et l’amour. Sur la Croix, meurt le Fils de l’homme, prenant sur lui toute souffrance et toute injustice humaines. Sur le Golgotha, meurt pour nous Celui qui, par sa mort, a racheté le monde.

«Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé» (Jn 19,37).

Le jour du Vendredi saint, se réalisent les paroles prophétiques que l’évangéliste Jean, témoin oculaire, rapportent avec une précision méditative. C’est vers Dieu fait homme, qui par amour a accepté le supplice le plus humiliant, que regardent les multitudes de toutes races et de toutes cultures. Quand les yeux sont guidés par l’intuition profonde de la foi, ils reconnaissent dans le Crucifié le «témoin» suprême de l’Amour.

Par sa Croix, Jésus réunit juifs et païens en un unique peuple, manifestant la volonté de son Père céleste de faire de tous les hommes une unique famille, rassemblée en son nom.

Dans la douleur lancinante du Serviteur souffrant, se perçoit déjà le cri triomphal du Seigneur ressuscité. Le Christ sur la Croix est le Roi du peuple nouveau, racheté du poids du péché et de la mort. Même si le cours de l’histoire peut apparaître tortueux et confus, nous savons que, marchant sur les traces du Nazaréen crucifié, nous parviendrons au terme. Parmi les contradictions d’un monde souvent dominé par l’égoïsme et par la haine, nous, les croyants, nous sommes appelés à proclamer la victoire de l’Amour. Aujourd’hui, Vendredi saint, nous témoignons de la victoire du Christ crucifié.

Crucem tuam adoramus, Domine !

Oui, nous t’adorons, toi le Seigneur élevé sur la Croix entre terre et ciel, unique Médiateur de notre salut. Ta Croix est l’étendard de notre victoire.

Nous t’adorons, toi le Fils de la Vierge très sainte, qui se tient debout à côté de ta Croix, dans une attitude courageuse, partageant ton sacrifice rédempteur.

C’est par le bois sur lequel tu es crucifié qu’est venue la joie pour le monde entier – Propter Lignum venit gaudium in universo mundo. Nous en sommes encore plus conscients aujourd’hui, tandis que notre regard se tourne déjà vers le prodige ineffable de ta résurrection. «Nous adorons, Seigneur, ta Croix, nous louons et nous glorifions ta sainte Résurrection».

Dans ces sentiments, chers Frères et Soeurs, je vous adresse des souhaits cordiaux de Pâques, que j’accompagne volontiers de ma Bénédiction.

Avril 2002



AUX JEUNES DE L'ARCHIDIOCÈSE DE ROUEN

Samedi, 6 avril 2002



Chers jeunes de l’archidiocèse de Rouen,

Je suis heureux de vous souhaiter une cordiale bienvenue. Depuis quelques jours, vous effectuez un pèlerinage diocésain à Rome, prenant le temps de vous mettre à l’école du Christ mort et ressuscité, qui vous invite à vivre de sa vie et à être ses témoins. Je salue ceux qui vous accompagnent dans votre démarche, en particulier votre archevêque, Monseigneur Joseph Duval, ainsi que les prêtres, les séminaristes, les religieuses et les laïcs présents. Au cours de cette semaine de rencontres, de prière et de visites, ils vous ont aidé à entrer dans l’intimité de Jésus pour vous laisser instruire par lui. Vous avez découvert que vous avez du prix aux yeux du Seigneur, qui vous fait confiance pour être chaque jour responsables de votre existence et des choix que vous aurez à faire. Je souhaite vivement que ce temps de grâce vous permette d’ouvrir chaque jour davantage votre coeur au Christ, pour répondre dans la confiance et avec générosité à l’appel personnel qu’il adresse à chacun et à chacune d’entre vous. N’ayez pas peur de vous laisser rejoindre par le Seigneur ! Il vous aidera à vivre en plénitude, car il veut faire de toute votre existence quelque chose de beau.

Tout au long de vos journées romaines, vous avez pu découvrir la vie des communautés chrétiennes des premiers siècles. Vous avez fait davantage connaissance avec les Apôtres Pierre et Paul, colonnes de l’Eglise. A leur exemple, lorsque vous serez rentrés chez vous, sachez vous mettre régulièrement à l’écoute de la Parole de Dieu, qui change le coeur et pousse à l’audace missionnaire ! Osez prendre du temps pour contempler, dans le secret de la prière, le visage de Celui qui a donné sa vie pour ses amis et qui vous invite à faire de même ! Accueillez cette vie que le Christ vous offre en plénitude dans les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation ! Alors, vous serez heureux d’être les témoins du Seigneur qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. La lumière du Ressuscité vous aidera à rouler les lourdes pierres de l’égoïsme, de la violence, du plaisir facile et du désespoir, qui trop souvent ferment le coeur de tant de jeunes, ne favorisant pas la construction stable de leur être intérieur ni un authentique engagement pour la promotion de la paix, de la justice et de la solidarité. L’Eglise, peuple des croyants dont vous êtes membres par le Baptême, vous invite à accueillir le trésor de l’Evangile, pour le vivre en plénitude et pour le faire connaître avec audace. Puisse le témoignage de ceux qui, parmi vous, reçoivent le sacrement de confirmation au cours de ce pèlerinage, raviver en vous tous la grâce de votre Baptême ! Ainsi, jeunes veilleurs de ce nouveau millénaire, désireux de vous mettre au service de vos frères et soeurs, vous pourrez avancer sans peur pour devenir le sel de la terre et la lumière du monde.

Sur ce chemin difficile, mais ô combien exaltant, de votre maturation humaine, intellectuelle et spirituelle, je reste proche de vous par la prière et, vous confiant à l’intercession de la Vierge Marie, qui a dit «oui» à Dieu, je vous accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous ceux qui vous accompagnent et à vos familles.



À LA "PAPAL FOUNDATION"

Lundi 8 avril 2002


Chers frères dans le Christ,

Dans la joie pascale de la victoire du Seigneur sur le péché et la mort, je suis heureux de vous saluer, membres de la "Papal Foundation", à l'occasion de votre pèlerinage annuel à Rome. "A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ" (Rm 1,7).

Ces paroles de l'Apôtre Paul nous rappellent que notre monde regorge de preuves évidentes qui montrent combien l'humanité a désespérément besoin de la grâce et de la paix de Dieu. Les terribles conséquences des événements tragiques du 11 septembre se font encore ressentir. La spirale de la violence et le conflit armé en Terre Sainte, la terre où le Seigneur est né, mort et ressuscité, une terre sainte pour les trois religions monothéistes - a atteint des niveaux inconcevables et intolérables. Partout dans le monde, des hommes, des femmes et des enfants innocents continuent à souffrir des ravages de la guerre, de la pauvreté, de l'injustice et de l'exploitation de tout genre.

Nous vivons actuellement une situation internationale très difficile. Mais la victoire du Seigneur et sa promesse de rester avec nous "jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20) sont des phares lumineux qui nous guident pour affronter les défis qui se présentent à nous avec courage et confiance. La "Papal Foundation" elle-même, à travers la générosité de nombreuses personnes, permet d'accomplir des oeuvres nécessaires au nom du Christ et de son Eglise. C'est pourquoi je vous suis très reconnaissant: à travers votre soutien, le message pascal de joie, d'espérance et de paix est proclamé avec plus d'ampleur.

Je vous assure que votre dévouement et votre amour à l'Eglise et au Successeur de Pierre sont très appréciés. Tandis que nous continuons à parcourir ensemble le chemin de lumière, je vous encourage à poursuivre votre engagement généreux afin que les hommes "voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux" (cf. Mt 5,16). En vous confiant à l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, dont nous sommes tous devenus les enfants (cf. Novo millennio ineunte NM 58), je vous donne cordialement ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'à vos familles, en signe de joie et de paix dans le Seigneur ressuscité.


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE YOUGOSLAVIE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 11 avril 2002


Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec un grand plaisir que je vous accueille au Vatican, au début de votre mission en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République fédérale de Yougoslavie près le Saint-Siège. En acceptant vos Lettres de Créance, je vous remercie de vos aimables paroles et je vous prie de transmettre au Président Vojislav Kostunica l'expression de mes meilleurs voeux ainsi que l'assurance de mes prières pour le bien de la nation, en ce moment important et difficile de son histoire.

2. Le conflit qui a eu lieu dans votre pays a laissé derrière lui, comme vous l'avez souligné, "des pertes matérielles et morales", et une société tout entière qui a besoin d'être reconstruite. Il s'agit d'un processus long et difficile, qui, je suis heureux de le noter, est déjà en route en Serbie et au Monténégro; mais si l'on veut que ce processus arrive à son terme, une grande détermination et patience de la part du peuple, ainsi qu'une solidarité constante de la part des autres pays, sont nécessaires.

Dans un premier temps, une réconciliation au sein de la Yougoslavie elle-même est nécessaire, afin que tous puissent oeuvrer ensemble, dans le respect des différences réciproques, pour reconstruire la société et établir le bien commun. Cela n'est jamais simple, mais est d'autant plus difficile dans le cas de la Yougoslavie, à cause de l'instabilité et des conflits qui ont suivi la chute de l'ancien régime fondé sur le matérialisme athée.

Tandis que le processus de réconciliation et, concrètement, de véritable pacification progresse, il faut mettre de côté le repli sur soi ethnique et nationaliste, et continuer d'édifier une nation dont les institutions démocratiques, tout en soutenant l'unité, assurent que tous les peuples, en particulier les minorités, participent de façon active et égale à la vie politique et économique de leurs communautés.


3. En regardant plus loin, il est important de poursuivre le processus de réconciliation dans toute la région des Balkans, et de rejeter définitivement tout recours à la violence comme moyen de résolution des conflits. Votre pays a fait l'expérience plus que quiconque au cours de son histoire que la violence engendre la violence, et que seul le dialogue peut briser cette spirale qui engendre la mort. Les différences ethniques et religieuses dans la région sont réelles, et un grand nombre des antagonismes ont des racines historiques profondes, qui éloignent parfois la perspective d'une paix véritable et durable.

Dans mon Message pour la Journée mondiale de la Paix 2001, j'ai noté que "dans le passé, les diversités entre les cultures se sont souvent révélées sources d'incompréhension entre les peuples, et aussi motif de conflits et de guerres" (n. 8); pourtant, j'ai également insisté sur le fait que "le dialogue entre les cultures [est un] instrument privilégié pour édifier la civilisation de l'amour" et que ce dialogue "repose sur la conscience qu'il existe des valeurs communes à toutes les cultures, parce qu'elles sont enracinées dans la nature de l'homme" (ibid., n. 16). Parmi ces valeurs universelles, j'ai cité la solidarité, la paix, la vie et l'éducation; pour les peuples de Yougoslavie, il s'agit là de phares qui illuminent le chemin de l'avenir. Je voudrais également citer mon Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002, qui souligne l'importance du pardon comme valeur transcendante, car il n'y a pas de paix sans justice, et il n'y a pas de justice sans pardon; et il n'y aura de véritable guérison pour ces nombreuses "âmes meurtries" dont vous avez parlé, que s'il y a pardon et réconciliation.

Le besoin de construire des ponts s'étend, au-delà de la région des Balkans, à l'Europe tout entière. Les efforts de ce continent pour édifier une nouvelle sorte d'unité exigent, comme vous l'avez observé, une "pleine intégration du Sud-Est de l'Europe dans une nouvelle structure politique, économique et culturelle". L'Europe a besoin des Balkans et les Balkans ont besoin de l'Europe. Cela est un fait que les récents antagonismes ont sans doute masqué, mais sur lequel l'histoire et la culture insistent.


4. L'Eglise catholique, fidèle aux principes spirituels et éthiques de sa mission universelle, cherche à promouvoir non pas d'étroits intérêts idéologiques ou nationaux, mais le plein développement de tous les peuples, en portant une attention particulière à ceux qui en ont le plus besoin. C'est pourquoi, à travers sa tradition de communion et sa longue expérience de la négociation des différences, l'Eglise est profondément engagée, par son action religieuse et culturelle, à coopérer avec la Yougoslavie, tandis qu'elle développe une démocratie décidée et clairvoyante, fondée sur le respect pour la dignité, la liberté et les droits de toute personne humaine.

Il est important que tous reconnaissent que, dans une situation telle que celle que vous vivez, la religion n'est pas la raison du problème, mais une part essentielle de sa solution. Au cours de la récente Journée de Prière pour la Paix à Assise, j'ai souligné que "les religions sont au service de la paix"; et qu'il est de leur devoir "de promouvoir parmi les hommes de notre temps une conscience renouvelée de l'urgence de bâtir la paix" (Discours à Assise, 24 janvier 2002, n. 3; cf. ORLF n. 5 du 29 janvier 2002). C'est pourquoi je suis heureux que l'éducation religieuse ait été réintroduite dans les écoles de Serbie, car elle offre une occasion particulière d'enseigner aux jeunes les valeurs universelles qui sont enracinées dans la nature de la personne et, en ultime analyse, en Dieu. De cette façon, les citoyens sont formés à un authentique humanisme et à une culture de la paix. L'éducation religieuse ouvre également les jeunes à la transcendance, rendant plus difficile toute rechute dans un monde matérialiste athée démoralisant.


5. Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans la communauté des diplomates accrédités près le Saint-Siège, je vous assure de la collaboration des différents bureaux de la Curie Romaine. Puisse votre mission servir à renforcer les liens d'amitié et de collaboration qui existent entre votre gouvernement et le Saint-Siège; puisse ce lien contribuer profondément au bien-être de la nation en ce moment décisif. Sur Votre Excellence, ainsi que sur le bien-aimé peuple de la République fédérale de Yougoslavie, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


Discours 2002 - Jeudi 21 mars 2002