Discours 2002 - Lundi 22 avril 2002


MESSAGE À S.Em. LE CARDINAL JORGE ARTURO MEDINA ESTÉVEZ, PRÉFET DE LA CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, À PROPOS DES TRADUCTIONS EN ANGLAIS DES TEXTES LITURGIQUES




A mon Vénéré Frère le Cardinal Jorge Arturo MEDINA ESTEVEZ
Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements

Dans la paix du Christ, notre Grand Prêtre éternel (cf. He He 5,10), je vous salue, ainsi que les membres et consulteurs du Comité Vox Clara, créé pour assister et conseiller la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements dans l'accomplissement de ses devoirs à l'égard des traductions en anglais des textes liturgiques. Représentant les divers continents, le Comité réflète le caractère international de la langue anglaise. Cela permet au Saint-Siège de disposer de la grande richesse d'une expérience pastorale tirée des diverses cultures.

Dans ma Lettre apostolique Vicesimus Quintus Annus, qui a marqué le XXVème anniversaire de Sacrosanctum concilium, j'ai traité de la promotion pastorale de la liturgie et du besoin d'un "engagement permanent afin de puiser toujours plus abondamment dans la richesse de la liturgie, la force vitale qui, du Christ, se répand dans les membres de son Corps qui est l'Eglise" (SC 10). L'utilisation de la langue nationale a sans aucun doute été un instrument important qui a permis aux fidèles de participer plus profondément à la rencontre avec Dieu dans le Christ.

Etant donné que la lex orandi se conforme à la lex credendi, la fidélité aux rites et aux textes de la Liturgie est d'une importance fondamentale pour l'Eglise et pour la vie chrétienne. Dans cette optique, je désire encourager le Comité Vox Clara dans sa tâche d'assister la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements afin de garantir que les textes du Rite romain soient soigneusement traduits selon les normes de l'instruction Liturgiam authenticam.

Je désire en particulier confier aux pasteurs de l'Eglise la tâche importante de rendre accessibles aux fidèles, dès que possible, les traductions dans les langues nationales de l'editio tertia du Missale Romanum, une publication que j'ai autorisée l'année dernière.

Je suis heureux d'apprendre que les membres du Comité Vox Clara ont promis avec générosité d'assister le Saint-Siège, afin d'accélérer la révision et la recognitio de ces traductions par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements.

En invoquant la lumière de l'Esprit Saint sur le Comité et sur la Congrégation et en confiant votre oeuvre à la sollicitude pleine d'amour de Marie, Mère de l'Eglise, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en tant que gage de paix dans le Sauveur ressuscité.

Du Vatican, le 20 avril 2002.


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DU PREMIER VOLUME DE L'ENCYCLOPÉDIE CATHOLIQUE RUSSE

Mardi 23 avril 2002



Vénérés frères dans l'épiscopat,
Illustres Académiciens et Professeurs,
Très chers frères et soeurs!

1. C'est pour moi un motif de joie spirituelle de vous accueillir aujourd'hui en audience spéciale. Vous êtes venus présenter au Pape le premier volume de la grande Encyclopédie catholique russe, fruit de vos efforts et de votre amour pour l'Eglise. Merci de tout coeur!

Je salue avec une affection fraternelle Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, Archevêque métropolitain de la Mère de Dieu à Moscou, et je me réjouis de cette initiative, qu'il a accueillie et soutenue, d'offrir au peuple russe ce don significatif qui illustre la tradition, la vie et la doctrine de l'Eglise catholique. En m'adressant à lui, je désire faire parvenir ma pensée affectueuse aux Pasteurs et aux fidèles de la Fédération russe.

Un vif remerciement va ensuite à l'équipe de qualité formée de chercheurs, de professeurs, de rédacteurs et de collaborateurs qui, sous la coordination du Père Gregorio Ciorok, ont commencé avec une compétence louable cette entreprise de grand mérite.

Mon sentiment s'étend à ceux qui ont, avec une générosité clairvoyante, soutenu la réalisation pratique de cette oeuvre. Que le Seigneur récompense chacun avec abondance!

2. Très chers amis, je suis heureux que, malgré les difficultés, vous ayez heureusement franchi cette première étape de votre programme. L'Encyclopédie que vous préparez constitue une contribution importante que les catholiques entendent offrir aux personnes de langue russe qui veulent approfondir les trésors que Dieu a prodigués aux hommes à travers son Eglise. A travers cette oeuvre, la communauté catholique présente sur le sol russe depuis plusieurs siècles entend réaffirmer sa volonté d'être aux côtés de la grande culture russe pour tisser avec elle un dialogue profitable et fécond, au bénéfice du peuple qui l'exprime.

J'espère que vos efforts contribueront à l'approfondissement de la connaissance et de l'estime réciproques entre ceux qui vivent l'Evangile du Christ dans votre patrie bien-aimée. Les sources communes de la foi et les légitimes traditions réciproques témoignent en effet du commandement du Seigneur Jésus de porter l'Evangile dans chaque coin de la terre (cf. Mt 28,19-20).

Avec ces sentiments, et en invoquant l'intercession de Marie, Mère de l'Eglise, et des saints Cyrille et Méthode, sur tout le bien-aimé peuple russe, je vous donne, ainsi qu'à vos communautés, ma cordiale Bénédiction, propitiatoire d'abondants fruits spirituels.



LORS DE LA RENCONTRE INTERDICASTÉRIELLE AVEC LES CARDINAUX DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE

Mardi 23 avril 2002



Chers frères,

1. Permettez-moi tout d'abord de vous dire combien j'apprécie les efforts que vous accomplissez pour tenir le Saint-Siège, et moi personnellement, informé de la situation complexe et difficile qui est apparue dans votre pays au cours des derniers mois. Je suis certain que vos débats ici apporteront beaucoup de fruits pour le bien du peuple catholique des Etats-Unis. Vous êtes venus dans la maison du Successeur de Pierre, dont la tâche consiste à confirmer ses frères Evêques dans la foi et dans l'amour, et à les unir autour du Christ, au service du Peuple de Dieu. La porte de cette maison vous est toujours ouverte. Elle l'est à plus forte raison lorsque vos communautés connaissent des difficultés.

Comme vous, j'ai été moi aussi profondément attristé par le fait que des prêtres et des religieux, dont la vocation consiste à aider les personnes à vivre une vie sainte aux yeux de Dieu, aient pu provoquer tant de souffrances et de scandales aux jeunes. A cause du grand mal dont se sont rendus coupables certains prêtres et religieux, l'Eglise elle-même est considérée avec méfiance, et de nombreuses personnes se sentent offensées par la façon dont il leur semble que les chefs de l'Eglise ont agi dans cette affaire. Les abus qui ont provoqué cette crise sont, à tout point de vue, injustes et considérés à juste titre comme un crime par la société; il s'agit également d'un effroyable péché aux yeux de Dieu. Aux victimes et à leurs familles, où qu'elles soient, j'exprime mon profond sentiment de solidarité et de sollicitude.


2. Il est vrai qu'un manque général de connaissance sur la nature du problème et, parfois, le conseil d'experts médicaux ont conduit les Evêques à prendre des décisions qui se sont révélées par la suite erronées. Vous travaillez actuellement à établir des critères plus fiables pour garantir que de telles erreurs ne se répètent pas. Dans le même temps, tout en reconnaissant combien ces critères sont indispensables, nous ne pouvons oublier la force de la conversion chrétienne, cette décision radicale de se détourner du péché et de revenir à Dieu, qui atteint les profondeurs de l'âme humaine et qui peut accomplir des changements extraordinaires.

Nous ne pouvons pas non plus oublier l'immense bien spirituel, humain et social que la vaste majorité des prêtres et des religieux aux Etats-Unis ont fait et continuent de faire. L'Eglise catholique dans votre pays a toujours promu les valeurs humaines et chrétiennes avec une grande vigueur et générosité, d'une façon qui a contribué à consolider tout ce qui existe de noble dans le peuple américain.

Une grande oeuvre d'art peut être entachée, mais sa beauté demeure; il s'agit là d'une vérité que tout critique reconnaîtra s'il fait preuve d'honnêteté intellectuelle. Aux communautés catholiques des Etats-Unis, à leurs Pasteurs et à leurs membres, aux religieux et aux religieuses, aux enseignants dans les universités et dans les écoles catholiques, aux missionnaires américains partout dans le monde, s'adressent les remerciements sincères de toute l'Eglise catholique et les remerciements personnels de l'Evêque de Rome.


3. Les abus sexuels à l'égard des jeunes représentent un grave symptôme d'une crise qui affecte non seulement l'Eglise, mais la société tout entière. Il s'agit d'une crise profondément enracinée de la morale sexuelle, et même des relations humaines, et ses premières victimes sont la famille et les jeunes. En affrontant le problème des abus avec clarté et détermination, l'Eglise aidera la société à comprendre et à faire face à la crise qui existe en son sein.

Il doit être absolument clair pour les fidèles catholiques, et pour toute la communauté, que les Evêques et les supérieurs sont préoccupés avant tout par le bien spirituel des âmes. Chacun doit savoir qu'il n'y a pas de place dans le sacerdoce et dans la vie religieuse pour quiconque pourrait faire du mal aux jeunes. Chacun doit savoir que les Evêques et les prêtres sont totalement engagés à la plénitude de la vérité catholique en matière de morale sexuelle, une vérité aussi fondamentale pour le renouveau du sacerdoce et de l'épiscopat que pour le renouveau du mariage et de la vie familiale.


4. Nous devons être confiants dans le fait que ce moment d'épreuves apportera une purification de toute la communauté catholique, une purification urgente, si l'on veut que l'Eglise prêche de façon plus efficace l'Evangile de Jésus-Christ dans toute sa force libératrice. Vous devez à présent vous assurer que là où le péché s'est multiplié, la grâce surabondera (cf. Rm 5,20). Tant de souffrance, tant de douleur, tout cela doit conduire à un sacerdoce plus saint, à un épiscopat plus saint, à une Eglise plus sainte.

Dieu seul est source de sainteté, et c'est vers lui avant tout que nous devons nous tourner pour obtenir le pardon, la guérison et la grâce de répondre à ce défi avec un courage intransigeant et une harmonie d'intentions. Comme le Bon Pasteur de l'Evangile de dimanche dernier, les Pasteurs doivent aller parmi leurs prêtres et leurs peuples comme des hommes qui inspirent une profonde confiance et qui les mènent vers les eaux du repos (cf. Ps 22,2).

Je prie le Seigneur de donner aux Evêques des Etats-Unis la force de bâtir leurs réponses à la crise actuelle sur les solides fondements de la foi et sur l'authentique charité pastorale à l'égard des victimes, ainsi que des prêtres et de toute la communauté catholique dans votre pays. Et je prie les catholiques de demeurer proches de leurs prêtres et de leurs évêques et de les soutenir à travers leur prière en ce moment difficile.

Que la paix du Seigneur ressuscité soit avec vous!



AUX PARTICIPANTS AU Xème SYMPOSIUM ORGANISÉ PAR LE CONSEIL DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'EUROPE

Jeudi 25 avril 2002



"Les jeunes d'Europe face au changement. Laboratoire de la Foi"


  Vénérés frères dans l'épiscopat!

1. C'est avec une grande joie que je vous accueille à l'occasion de votre Xème Symposium et je souhaite à chacun une cordiale bienvenue. Je salue en particulier le Président du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE), Mgr Amédée Grab, et je le remercie des sentiments de profonde communion avec le Successeur de Pierre, qu'il a voulu m'exprimer en votre nom à tous.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le rappeler en d'autres occasions, la fonc-tion ecclésiale des Conférences épiscopales d'Europe constitue un fruit providentiel du Concile Vatican II, et représente un don spécial de communion pour notre temps. Au cours des dernières décennies, ces rencontres ont offert la possibilité d'intensifier les relations de charité évangélique entre les diverses Communautés catholiques en Europe, en faisant d'elles d'authentiques maisons et écoles de communion.

En vous rencontrant, je me rappelle des divers symposiums auxquels Dieu m'a donné de participer en tant qu'Archevêque de Cracovie. Je me rappelle en particulier de celui de 1975, lorsque j'eus l'honneur d'être l'un des rapporteurs.

A chacune des rencontres, l'opportunité a été donnée d'affronter les aspects et les projets de la nouvelle évangélisation, une grande entreprise apostolique qui interpelle tout le peuple chrétien.

2. Le thème choisi pour ce Xème symposium est d'une importance particulière: Les jeunes d'Europe face au changement. Laboratoire de la Foi.

Chaque pasteur sait que sa première responsabilité est d'aider les fidèles à rencontrer le Christ. Une rencontre qui, au cours des deux millénaires qui viennent de s'écouler, a transformé la vie de personnes et de générations entières en Europe. Comment ne pas ressentir profondément la responsabilité de sauvegarder ces racines chrétiennes?

En réalité, ce sont précisément les jeunes qui demandent que l'Evangile soit aujourd'hui semé d'une façon nouvelle dans leur coeur. Ce sont eux qui nous répètent, parfois de façon exigeante, leur attente de la "bonne nouvelle". Très chers frères, nous ressentons en effet l'urgence de présenter Jésus aux nouvelles générations comme l'unique Rédempteur de l'homme; ce Jésus qui, étant Dieu, a voulu entrer par amour dans les blessures de l'histoire jusqu'à vivre l'expérience de l'abandon de la croix.

Face au vide de valeurs et aux profondes interrogations existentielles qui interpellent la société d'aujourd'hui, nous devons proclamer et témoigner que le Christ a assumé les questions, les attentes et même les drames de l'humanité de tout temps. A travers sa résurrection, Il a pleinement rendu possible la réalisation du désir de vie et d'éternité qui habite le coeur de chaque homme, et en particulier des jeunes.

L'Europe a un besoin pressant de rencontrer ce Dieu, qui aime les hommes et est présent dans chaque épreuve et difficulté humaine. Pour que cela se produise, il est nécessaire que les croyants soient prêts à témoigner de la foi à travers leur vie. C'est ainsi que se développeront des communautés ecclésiales mûres, préparées et disposées à utiliser chaque moyen disponible pour la nouvelle évangélisation.


3. Très chers jeunes, je vous salue avec affection. Je trouve plus que jamais significatif que vous, espérance de l'Eglise et de l'Europe, soyez présents à ce Symposium. Il vous concerne tout particulièrement car, dans le contexte social actuel, c'est vers vous que l'Eglise se tourne avec une attention particulière. Elle attend de vous le don d'une existence pleinement fidèle au Christ et à son message de salut.

En ce temps liturgique qui resplendit de la lumière du Ressuscité, je souhaite qu'Il vous donne sa paix. Puisse-t-il être un Maître pour chacun de vous, comme il l'a été pour les disciples d'Emmaüs. Et vous, très chers amis, suivez-le avec confiance, enthousiasme et persévérance. Ne permettez pas qu'il soit tenu à l'écart. L'Evangile est indispensable pour renouveler la culture; il est indispensable pour construire un avenir de paix véritable en Europe et dans le monde. Très chers jeunes, c'est à vous qu'il revient d'offrir cette contribution. N'hésitez donc pas à répondre "oui" à Dieu qui vous appelle.


4. Je salue ensuite les délégués des autres Eglises et communautés ecclésiales présents. On ressent toujours plus clairement le fait que la réconciliation entre les chrétiens est déterminante pour la crédibilité de l'annonce de l'Evangile et pour la construction de l'Europe. La Charta oecumenica pour l'Europe, signée à Strasbourg en avril 2001, marque de ce point de vue un pas important pour le développement de la collaboration entre les Eglises et les communautés chrétiennes. Je prie Dieu afin que l'on avance sur ce chemin avec une confiance et une détermination croissante.

J'adresse également mes meilleurs voeux aux responsables des organisations épiscopales de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique, qui interviennent au cours des travaux. Très chers amis, grâce à votre présence, la perspective ecclésiale s'élargit et l'Europe prend plus profondément conscience de sa propre responsabilité envers d'autres terres et populations, afin d'édifier la solidarité universelle désirée. Je souhaite à chacun de contribuer au plein succès du Symposium.


5. Très chers frères et soeurs, au cours de ces journées et à chaque instant de votre existence, que le Seigneur, avec la puissance de l'Esprit Saint, vous comble de ses dons d'amour, de joie et de paix. Que vous accompagne Marie, la Mère de l'Eglise, et que vous protège l'évangéliste saint Marc, dont nous célébrons la fête précisément aujourd'hui.

Alors que j'assure chacun de mon souvenir dans la prière, je vous bénis de tout coeur, ainsi que les communautés ecclésiales auxquelles vous appartenez.


  MESSAGE AUX JEUNES ÉTUDIANTS DE LA FÉDÉRATION DES UNIVERSITAIRES CATHOLIQUES ITALIENS



Très chers jeunes de la F.U.C.I.!

1. J'ai appris avec plaisir que votre fédération s'apprête à tenir son Congrès national, consacré à un thème particulièrement intéressant et actuel pour l'Eglise et la société: "Solidarité dans le réseau des interdépendances". En adressant aux participants et à tous les membres mon salut affectueux, je désire vous assurer de ma proximité spirituelle et souhaiter un franc succès à ce rendez-vous tellement important pour votre vie associative.

Je suis heureux d'accompagner les travaux que vous effectuez ces jours-ci par certaines réflexions, qui me tiennent particulièrement à coeur, et que je voudrais confier à votre intelligence et à vos coeurs attentifs et généreux.

Vous êtes de jeunes universitaires catholiques. Je pense à vous, étudiants et étudiantes, comme à des personnes sensibles et courageuses qui ont découvert la beauté d'une vie éclairée par la foi dans le Seigneur Jésus et vécue en pleine communion avec l'Eglise. N'ayez jamais honte de l'Evangile! Ne vous laissez jamais gagner par la peur de professer avec une humble fierté la joie de l'appartenance à la communauté ecclésiale. Ne confondez pas le dialogue avec une approbation sans esprit critique des opinions dominantes, mais, suivant l'exhortation de l'Apôtre Paul, "vérifiez tout: ce qui est bon, retenez-le" (1Th 5,21).

Dans cette action au service de la Vérité, il ne faudra pas négliger le soutien précieux d'une formation solide et soignée, nourrie de façon constante par la méditation de la Parole de Dieu, accompagnée et soutenue par celui qui se trouve à vos côtés sur le chemin de la foi, régulièrement contrôlée sur la base de critères propres à évaluer l'identité ecclésiale authentique d'une association comme la vôtre, qui se propose d'être en harmonie complète et constante avec les Pasteurs de l'Eglise.


2. Le milieu spécifique de vie et d'activité de la F.U.C.I. est celui de l'université. Votre mission est donc d'être, "le levain, le sel et la lumière" de l'Evangile dans les secteurs de la recherche scientifique et de la formation professionnelle. Pour ce faire, il faut tout d'abord observer une intense vie spirituelle, nourrie par l'écoute de la Parole de Dieu, par la prière assidue, par la participation à la liturgie de l'Eglise. A côté du temps consacré aux études et aux activités associatives, il faut toujours conserver la conscience d'être avant tout des contemplateurs du mystère de Dieu.

Que votre témoignage chrétien limpide et joyeux, vécu dans une communion cordiale avec ceux qui partagent l'idéal évangélique également dans d'autres associations ecclésiales, aide chacun à rencontrer la personne de Jésus. Lui seul peut remplir la vie de sens et offrir le salut complet et sûr au coeur affamé de liberté et de bonheur véritable. Ce n'est que dans une culture inspirée par le christianisme que les valeurs humaines authentiques peuvent trouver leur totale réalisation.

Quant au langage avec lequel annoncer la bonne nouvelle du Seigneur Jésus, il doit s'inspirer de la franchise honnête et douce des vrais témoins de la foi. Il pourra ainsi éviter à la fois le ton de la polémique amère, et les risques d'une sorte de "complexe d'infériorité", qui malheureusement s'insinue parfois dans la conscience de certains catholiques. Je vous exhorte donc à faire vôtre, à travers une adhésion convaincue et profonde, le "projet culturel" de l'Eglise qui est en Italie, en offrant généreusement l'apport précieux d'une médiation intelligente, fidèle et créative.

3. Je sais qu'à l'occasion de ce Congrès national vous vous proposez de réfléchir sur un thème particulièrement urgent et délicat: l'intensification progressive des relations entre les peuples, un phénomène que l'on désigne aujourd'hui sous le terme de "mondialisation". A cet égard, je désire rappeler ici certains principes fondamentaux, qui peuvent aider à orienter ce phénomène dans la juste direction.

L'interdépendance croissante entre les peuples, tout en requérant le refus du terrorisme et de la violence comme chemin à suivre pour reconstruire les conditions fondamentales de la justice et de la liberté, exige surtout une forte solidarité morale, culturelle, économique et une organisation politique de la société internationale en mesure de garantir les droits de tous les peuples.

La solution au mal du sous-développement et aux situations dramatiques dans lesquelles vivent et meurent des millions de personnes est de nature profondément éthique, et des choix économiques et politiques cohérents doivent lui correspondre. La première contribution décisive pour un développement véritablement digne de l'homme se trouve dans le soutien à des programmes d'éducation culturelle. Comme j'ai pu le répéter dans l'Encyclique Redemptoris missio, le vrai progrès de la société vient d'abord "de la formation des consciences, du mûrissement des mentalités et des comportements. C'est l'homme qui est le protagoniste du développement, et non pas l'argent ni la technique" (RMi 58). Il faut sans aucun doute poursuivre aussi la réforme du commerce international et du système économique mondial, mais chacun est appelé à assumer des engagement précis selon ses possibilités, en modifiant, autant que possible, son propre mode de vie, afin de pouvoir arriver à un développement équitable et solidaire, dont les bénéfices soient mis à la disposition de tous.

Comme je l'ai souligné à une autre occasion, coopérer au développement des peuples "est un impératif pour tous et pour chacun des hommes et des femmes, et aussi pour les sociétés et les nations" (Sollicitudo rei socialis, n. 32).


4. Très chers jeunes, persévérez dans votre engagement ecclésial, culturel et associatif, en suivant les exemples de vie et de témoignage chrétien des nombreux membres de votre fédération, qui vous ont précédés sous le signe de la foi et de l'adhésion généreuse aux valeurs et aux idéaux de la F.U.C.I.

Je vous confie, ainsi que les travaux de ce Congrès, à la protection maternelle de la Vierge Marie, Siège de la Sagesse, et, tout en vous assurant de ma proximité par la prière et par l'affection, je vous bénis de tout coeur, vous, vos aumôniers, vos proches et vos amis.

Du Vatican, le 26 avril 2002


AUX MEMBRES DES ASSOCIATIONS CHRÉTIENNES DES TRAVAILLEURS ITALIENS (ACLI)

Samedi 27 avril 2002




Très chers frères et soeurs des Associations chrétiennes des travailleurs italiens!

1. Je suis heureux de vous rencontrer à nouveau, à l'occasion de la Conférence en vue de l'organisation et de la programmation de votre association. J'adresse à tous un salut cordial, à commencer par le Président, M. Luigi Bobba, que je remercie des nobles paroles par lesquelles il a voulu illustrer la signification de la rencontre d'aujourd'hui.

Face aux nouveaux schémas et aux mutations rapides de la société, vous voulez renouveler votre engagement à assumer jusqu'au bout le devoir, à la fois ancien et toujours nouveau, d'évangéliser le travail et la vie sociale. Et vous souhaitez le faire dans une attitude d'ouverture confiante en l'avenir.
Vous répondez ainsi à l'invitation scellée par le Jubilé: "Allons de l'avant dans l'espérance! Notre marche doit être plus alerte en parcourant à nouveau les routes du monde" (Novo millennio ineunte NM 58).

Dans ce but, vous êtes appelés aujourd'hui, vous, responsables et membres des ACLI, à être à nouveau les "abeilles ouvrières" de la Doctrine sociale de l'Eglise, voie royale pour répondre aux grands défis de l'ère contemporaine. Etudiez la Doctrine sociale, annoncez-la dans toute son intégralité, ayez l'audace d'effectuer des propositions concrètes qui mettent immédiatement en évidence la place centrale de la personne humaine. Faites fructifier cet héritage précieux, en actualisant votre fidélité traditionnelle à l'Eglise, aux travailleurs, aux valeurs d'une saine démocratie. Soyez toujours déterminés dans votre engagement à défendre l'homme, sa dignité, ses droits, sa dimension transcendante.


2. Cela signifie oeuvrer de manière concrète pour construire "une société du travail libre, de l'entreprise et de la participation" (Centesimus annus CA 35), en donnant corps à des perspectives nouvelles et partagées de développement authentique.

D'où l'urgence, comme j'ai eu l'occasion de le souligner à l'occasion du Jubilé des travailleurs, d'un large consensus en faveur du travail digne. Cela implique que l'on fasse tout ce qui est possible pour permettre à tous d'avoir des opportunités effectives de travailler, tout en assurant en même temps une rétribution adéquate à chacun. Il sera également nécessaire de veiller aux conditions de travail, en faisant en sorte qu'elles n'entrent pas en conflit avec l'équilibre personnel et familial, et n'empêchent pas le développement harmonieux du projet de vie de chacun. Les transformations rapides à l'oeuvre dans les systèmes productifs doivent être suivies avec intelligence, en prenant toujours en compte les exigences des aires géographiques et des classes sociales les moins favorisées.


3. Un engagement courageux et déterminé dans ce sens ne pourra que réaffirmer le rôle de la famille, qui est la première école également pour ces vertus sociales qui sont l'âme du développement. Des politiques sociales à l'échelle de la famille sont alors nécessaires, des politiques de la formation et du travail qui visent à concilier le temps de travail et le temps pour s'occuper de sa famille.

La décision d'investir pour le dialogue entre les générations aura une aussi grande importance, en formant et en valorisant des jeunes capables de donner de la saveur et d'illuminer notre société, comme sel de la terre et lumière du monde. Dans ce but, la formation et l'élaboration culturelle sont des éléments essentiels de l'engagement des ACLI.

Enfin, l'attention consacrée à fortifier le tissu de la solidarité et de la vie sociale vous porte naturellement vers une ouverture européenne et mondiale. Dans cette perspective, je vous exhorte à suivre de façon créative à la fois le débat sur le processus "constituant" en acte dans l'Union européenne, et celui sur l'élargissement de l'Union elle-même, en laissant la parole à l'inspiration chrétienne et aux arguments des formations sociales indépendantes.


4. Chers frères et soeurs! Je sais que vous êtes engagés dans de multiples initiatives d'animation et de service, en ayant en particulier à coeur de protéger les personnes les plus pauvres du point de vue de l'instruction et des ressources. Vous êtes aujourd'hui appelés à élargir les frontières de votre action sociale, en relation avec les nouveaux phénomènes de l'immigration et de la mondialisation.

En particulier, le phénomène de la mondialisation, qui est le nouveau nom donné à la question sociale, impose de faire tous les efforts possibles pour faire converger les forces en présence vers un esprit authentique de fraternité. Le lien étroit entre l'échelle locale et l'échelle mondiale requiert, notamment des pays les plus favorisés, des formes plus exigeantes de responsabilité vis à vis des pays en voie de développement. Cette responsabilité devra désormais se manifester très rapidement, également en ce qui concerne les ressources terrestres naturelles et la sauvegarde du monde créé. C'est également là que se trouve la signification profonde de l'invitation, répétée à de nombreuses reprises, à "mondialiser la solidarité".

C'est en oeuvrant avec cette cohérence-là que vous réaliserez cette fidélité à l'Eglise dont je parlais au début: la "mondialisation de la solidarité", en effet, est la conséquence directe de cette charité universelle qui est l'âme de l'Evangile. Vous serez également fidèles à l'homme, dont vous continuerez à rappeler les devoirs et à promouvoir les droits dans le contexte des nouvelles conditions dans lesquelles se trouve l'économie mondiale. Et vous le ferez sans jamais manquer à cette fidélité aux valeurs démocratiques dont l'Association s'est inspirée depuis les origines.

5. Notre époque est celle de fidèles laïcs qui doivent savoir reconnaître dans la réalité sociale et le monde du travail les espérances et les angoisses des personnes de notre époque, des laïcs capables de témoigner à travers leur vie des "valeurs du Royaume", même quand cela implique d'aller à contre courant des logiques du monde. C'est le temps de laïcs qui, dans un contexte social traversé par tant d'espérances trompeuses, veulent témoigner de l'espérance qui ne déçoit point (cf. Rm 5,5).

Un engagement "missionnaire" d'une telle force suppose un engagement contemplatif tout aussi fort. Vous savez que la contemplation chrétienne n'ôte rien, mais plus encore invite à un engagement dans l'histoire. Le Pape vous exhorte à être, en ce début de millénaire, l'annonce vivante de la présence constante du Christ, qui chemine avec l'humanité à chaque époque.

Avec ce souhait, dans la lumière de la période pascale et dans l'imminence de la Fête de saint Joseph travailleur, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique, à vous et à vos familles.



MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX PARTICIPANTS AU MEETING NATIONAL DU MOUVEMENT DES JEUNES DE DOM GUANELLA




Très chers jeunes de Dom Guanella!

1. Je suis heureux d'adresser mon salut affectueux à vous tous qui, venant des différentes régions italiennes, vous êtes rassemblés à Côme pour participer au Meeting national du Mouvement des Jeunes de Dom Guanella. Ce rendez-vous important poursuit et approfondit, dans la lumière et dans la joie du temps pascal, l'expérience enthousiasmante que vous avez partagée, en l'an 2000, avec tant d'autres jeunes de votre âge provenant de toutes les parties du monde, à l'occasion de l'inoubliable Journée mondiale de la Jeunesse de Tor Vergata. Dans le même temps, la rencontre de ces derniers jours à Côme constitue pour vous une étape supplémentaire significative sur le chemin de préparation à la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse de Toronto, à laquelle je vous donne dès à présent rendez-vous.


2. A l'occasion des travaux de ce Congrès de Côme, vous effectuez une confrontation approfondie avec l'expérience de deux véritables disciples du Seigneur: les bienheureux Dom Luigi Guanella et Soeur Chiara Bosatta. N'hésitez pas à vous mettre à leur école de sainteté, en particulier à travers le dévouement envers les derniers et les laissés-pour-compte, animés par une confiance totale et inébranlable dans la Providence.

Dom Guanella et Soeur Chiara étaient tellement fascinés par la charité du Christ, qu'ils devinrent profondément solidaires de la souffrance des pauvres, dans lesquels ils voyaient resplendir le visage du Seigneur (cf. Mt 25,31-46). Ce message de sensibilité et d'attention envers l'autre est plus que jamais nécessaire dans le monde actuel, qui risque souvent de sombrer dans l'égoïsme et dans l'indifférence et qui a un besoin radical de témoins généreux de l'idéal de l'amour et du partage avec tous, en particulier envers nos frères les plus éprouvés.

Il s'agit sans aucun doute d'un idéal élevé et exigeant, mais vous ne devez pas penser qu'il n'est pas à votre portée. Le secret du "succès spirituel" de Luigi et Chiara n'est-il pas la simplicité de leur vie, fondée sur une solide spiritualité, faite de prière assidue et de référence constante à l'Eucharistie?

Chers amis, permettez-moi de vous adresser, à ce propos, une parole sincère: sans la prière, il n'est pas possible de réussir dans l'entreprise de devenir saints! La prière nous ouvre à l'autre, à Jésus-Christ, elle nous entraîne à voir les personnes et les situations du point de vue de son amour. Dans la prière, nous nous efforçons de construire en nous l'homme nouveau, façonné selon le coeur du Christ.


3. Tirez votre force de la grâce sacramentelle de l'Eucharistie, qui vous permettra de demeurer solidement ancrés à la volonté de Dieu. La dévotion eucharistique doit modeler toute votre vie, orienter vos choix, vous inspirer des idéaux de solidarité et vous aider à vivre en communion avec vos frères, à commencer par ceux qui vivent à vos côtés, pour parvenir ensuite à embrasser en esprit chaque être humain.

A ce propos, j'ai appris avec satisfaction que chaque premier samedi du mois, vous vous rencontrez dans le sanctuaire du Sacré-Coeur de cette ville, pour une adoration eucharistique nocturne. Je vous félicite pour cette belle initiative, que vous entendez vivre ensemble également au cours de ce Meeting. Il s'agit d'un puissant témoignage qui va à contre-courant de la mentalité commune, car il propose une "discothèque du silence" singulière, dans laquelle il est possible de rencontrer Jésus "coeur à coeur" et faire de l'Eucharistie le principe qui inspire les choix fondamentaux de la vie.

Que Jésus-Eucharistie puisse véritablement être toujours davantage au centre de votre existence personnelle et communautaire, selon l'heureuse intuition du bienheureux Luigi Guanella: "Il désire se trouver avec toi, pour te parler coeur à coeur".

J'ai particulièrement à coeur de vous répéter ce que j'ai confié à tous les jeunes lors de la rencontre de Tor Vergata: "Que l'Eucharistie façonne votre vie, la vie des familles que vous formerez! Qu'elle oriente tous vos choix de vie! Que l'Eucharistie... vous inspire des idéaux de solidarité et vous fasse vivre en communion avec vos frères disséminés en tous lieux de la planète" (Homélie, n. 6, cf. ORLF n. 34 du 22 août 2000).


4. La rencontre avec Jésus dans la prière et dans l'Eucharistie ne manquera pas d'illuminer votre existence d'une lumière nouvelle et de vous pousser à être ses témoins auprès des jeunes de votre âge. C'est dans cette perspective que je vous adresse également l'invitation à être des missionnaires de l'Evangile dans les milieux où se déroulent vos activités quotidiennes. Apportez la parole de Jésus, qui est une parole de vie et d'espérance, à tous, en particulier à ceux qui se trouvent en difficulté et qui risquent d'égarer le sens et la valeur de leur vie.

En cette circonstance significative, je désire vous renouveler l'appel que j'ai lancé à tous les jeunes de Tor Vergata: accueillez l'engagement à être les veilleurs du matin à l'aube du nouveau millénaire. Il s'agit d'un engagement fondamental, qui conserve intactes toute sa valeur et son urgence en cette première partie du siècle, à l'horizon duquel apparaissent malheureusement à nouveau de sombres nuées de violence et de peur. Aujourd'hui, nous avons plus que jamais besoin de personnes à la vie sainte, de veilleurs qui annoncent au monde entier un nouveau matin d'espérance, de fraternité et de paix.


5. Chers amis du Mouvement des Jeunes de Dom Guanella! Poursuivez avec enthousiasme et générosité le chemin que vous avez entrepris, en communion intime avec toute la communauté ecclésiale. Efforcez-vous d'être dans tous les milieux, "le sel de la terre et la lumière du monde" (cf. Mt 5,13-14): à l'école et à l'université, dans le monde du travail et du sport, en famille et avec vos amis.

Je vous confie à la protection maternelle de la Vierge Marie, disciple fidèle de son Fils Jésus et exemple pour tous les croyants d'une pleine adhésion à la grâce de Dieu. J'invoque également sur vous tous l'intercession céleste des bienheureux Luigi Guanella et Chiara Bosatta, afin qu'ils vous accompagnent au cours de ces journées de rencontres et de tout votre chemin spirituel, personnel et communautaire.

Avec ces sentiments, en vous assurant de ma proximité dans la prière, je vous bénis de tout coeur, ainsi que les prêtres et les animateurs de votre Mouvement, et tous vos amis.

Du Vatican, le 20 avril 2002


Discours 2002 - Lundi 22 avril 2002