Discours 2002 - Jeudi 16 mai 2002


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU BÉLARUS LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002



Monsieur l’Ambassadeur,

1. Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence en cette circonstance solennelle de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bélarus près le Saint-Siège.

En vous remerciant de vos aimables paroles, qui traduisent l’esprit dans lequel vous souhaitez commencer votre mission, je vous saurais gré de transmettre à Son Excellence Monsieur Alexandre Loukachenko, Président de la République du Bélarus, mes courtoises salutations, et d’assurer le peuple biélorusse de mes voeux les plus chers pour son harmonieux développement humain et spirituel.

2. Dans votre intervention, vous avez souligné que l’étape franchie aujourd’hui est un pas marquant dans le développement des relations entre le Saint-Siège et votre pays, et le signe que les Autorités et toute la population biélorusses souhaitent affermir à la fois la cohésion sociale du pays et son rôle dans l’ensemble du continent européen et dans le concert des nations. C’est aussi une expression évidente de la volonté des peuples qui, dans la vie internationale, veulent s’ouvrir aux autres par le dialogue et l’accueil, dans le respect des cultures et des traditions spécifiques.

3. Vous évoquez la coexistence de confessions religieuses différentes au sein de la Nation comme une caractéristique et une richesse du Bélarus. Cette réalité est le fruit de l’histoire de votre pays et elle appartient aujourd’hui encore à sa culture. Elle s’enracine dans le droit à la liberté religieuse, droit inaliénable de tout être humain qui fait partie des droits les plus fondamentaux, car il est en relation directe avec la liberté de conscience. Il importe que partout il soit reconnu par la société civile et garanti par l’État. Une telle démarche est tout à l’honneur des pays qui y sont attentifs. Pour sa part, l’Église catholique est très attachée, vous le savez, à la sauvegarde de cette liberté qui doit toujours pouvoir trouver sa place dans le cadre des lois et des pratiques d’un pays. Je me réjouis de savoir que le Bélarus est particulièrement soucieux de cet aspect de la vie des personnes et des groupes humains, et que les catholiques y jouissent librement de ce droit, qui leur permet de prendre la part qui leur revient dans la vie du pays et d’apporter ainsi leur pierre à la construction de la société, en collaboration avec tous leurs compatriotes.

4. L’Église catholique a une mission essentiellement spirituelle : permettre à l’Évangile d’être annoncé à tous les hommes, afin que, imprégnant profondément leur vie et leur culture, ils mènent une vie personnelle et collective conforme aux valeurs évangéliques, en vue du bien commun. L’Église n’entend pas se substituer aux Autorités légitimes et elle ne souhaite pas que ses fidèles se situent à l’écart de la société, comme s’ils lui étaient étrangers, mais au contraire elle désire que, nourris et renouvelés par la Parole de vie, ils demeurent toujours des membres actifs de la vie de la Nation. La réorganisation des diocèses de votre pays, voulue par le Saint-Siège et accomplie il y a plusieurs années dans le souci pastoral de ses fidèles, est aussi au service de cette insertion de l’Église dans la vie de la Nation. Dans cet esprit, je me réjouis de l’ouverture récente d’un deuxième séminaire, à Pinsk, pour former les prêtres issus de ce peuple et imprégnés de sa culture. C’est un signe évident de la fécondité spirituelle de la terre biélorusse. Je sais également que l’action des catholiques, notamment dans le domaine social et dans l’assistance aux plus déshérités, est appréciée par les Autorités comme une participation effective au développement du pays. Je souhaite à cet égard que toutes les instances concernées continuent à garantir le travail de la communauté ecclésiale et des institutions catholiques, qui sont au service de tous, afin de permettre à l’Église catholique d’exercer toujours davantage sa mission spirituelle dans votre pays.

5. Je suis heureux, Monsieur l’Ambassadeur, de pouvoir, par votre intermédiaire, saluer les fidèles catholiques du Bélarus. Je rends grâce à Dieu pour leur courageuse fidélité dans les moments difficiles et douloureux du passé, les invitant à utiliser leur liberté retrouvée pour une intensification renouvelée des relations entre les communautés ecclésiales et pour le service de tous. Je connais les efforts des pasteurs pour enraciner toujours plus profondément la foi dans des communautés vivantes, grâce à la liturgie célébrée dans la langue nationale, grâce aussi à une volonté de formation doctrinale et spirituelle des fidèles. Je remercie les prêtres, les religieux et les religieuses, qui consacrent généreusement leur vie pour leurs frères, et j’assure tous les fidèles laïcs de ma proximité spirituelle dans la prière. Je les invite à être pour tous de vrais témoins de l’amour du Christ, afin que soit connue par tout homme la richesse de la miséricorde de Dieu.

6. Au moment où vous inaugurez votre mission de représentation auprès du Saint-Siège, recevez, Monsieur l’Ambassadeur, mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Je vous assure que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs un accueil attentif et une compréhension cordiale afin de vous aider dans votre noble fonction.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur ses collaborateurs et sur le peuple biélorusse tout entier, j’invoque l’abondance des Bénédictions du Seigneur.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU NIGER LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002



Monsieur l'Ambassadeur,

1. Il m'est agréable d'accueillir Votre Excellence à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Niger auprès du Saint-Siège.

Je vous remercie des aimables paroles que vous m'avez adressées ainsi que des salutations que vous m'avez transmises de la part de Son Excellence M. Tandja Mamadou, Président de la République du Niger. Je vous saurais gré de lui faire parvenir en retour, ainsi qu'au peuple nigérien, les voeux cordiaux de bonheur et de prospérité que je forme pour tous.

2. Je suis particulièrement sensible à votre attention à l’égard des engagements humanitaires de l’Église dans votre pays. Il faut souhaiter que les efforts accomplis par les différentes composantes du peuple nigérien contribuent au développement global, qui ne peut se limiter à un mieux-être matériel, mais qui doit conduire à un véritable épanouissement des personnes dans leur dimension humaine et spirituelle, ainsi qu’à des progrès dans la vie sociale. Il revient en premier lieu aux acteurs locaux de la vie politique, sociale et économique de s’engager avec une générosité et une probité toujours plus grandes — car tout engagement public est un service de son peuple — dans la promotion d’initiatives qui permettront à tous les habitants d’être des protagonistes de la construction nationale et de profiter équitablement des bienfaits du développement. Beaucoup d’habitants du pays vivent dans des conditions de pauvreté extrême, causées en particulier par la pénurie alimentaire et le déficit céréalier. Je souhaite vivement que la communauté internationale poursuive et intensifie son soutien pour venir en aide aux populations et pour réduire la dette du pays, afin de donner une espérance nouvelle aux générations de demain. Personne ne peut se désolidariser de ceux qui manquent du nécessaire pour vivre et qui sont, de ce fait, blessés dans leur dignité. On sait aussi qu’une telle situation de détresse ne peut à long terme qu’engendrer des conflits locaux ou régionaux.

3. La lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes passe aussi, vous le savez, par l’éradication du fléau de l’analphabétisme. L’éducation, qui est un droit fondamental de l’homme et de la femme, ne peut que favoriser la croissance humaine et morale d’une nation et son édification sociale, offrant aux jeunes générations la possibilité de s’engager dans la transformation de la société et dans la mise en pratique des valeurs universelles telles que la solidarité, le sens du bien commun, le respect de la vie humaine et l’accueil de l’étranger. Dans cet esprit, l’implantation de structures d’enseignement toujours plus adaptées est nécessaire à la formation intellectuelle, humaine, spirituelle, morale et civique des personnes. Par ses oeuvres d’éducation, l’Église catholique est toujours disposée à mettre ses institutions et son expérience au service d’un tel projet de promotion intégrale des personnes et de construction sociale, selon l’esprit qui la caractérise et les valeurs dont elle est porteuse. Pour réaliser cette tâche importante, la confiance des Autorités civiles lui est précieuse.

4. Vous soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, le rôle croissant joué par le Saint-Siège dans la résolution et la gestion des conflits dans le monde. L’Église souhaite prendre sa part à l’affermissement de l’unité et de la fraternité entre les personnes et entre les peuples, dans le respect des richesses humaines, spirituelles et culturelles propres à chacun. En collaboration avec les autres composantes de la nation, elle désire s’engager à tout mettre en oeuvre pour que les Nigériens puissent vivre dans la paix, fruit de la justice, de l’équité et du respect des droits de l’homme, parmi lesquels le droit à la liberté religieuse qui en constitue un aspect fondamental inscrit dans la Constitution de votre pays.

Dans le contexte actuel où de nombreux conflits continuent à ensanglanter le Continent africain, les religions ont le devoir de participer à l’établissement d’une paix juste et durable. Comme cela a été souligné lors de la rencontre d’Assise le 24 janvier dernier, elles sont appelées à collaborer entre elles, s’attachant à éradiquer les causes sociales et culturelles qui conduisent à la violence, au mépris de l’autre et à la désagrégation des solidarités humaines. En s’unissant pour enseigner la dignité de la personne et en éveillant les consciences au sens de la fraternité humaine, les religions créent des ponts entre les hommes et apportent ainsi un précieux service au développement des peuples. Je souhaite que les relations de connaissance et d’amitié sincère qui existent au Niger entre chrétiens et musulmans entretiennent un esprit de compréhension mutuelle, pour dissiper les peurs et pour favoriser la rencontre sincère entre les personnes.

5. C’est dans cet esprit de dialogue avec toutes les forces vives du pays, sans distinction, que l’Église catholique au Niger entend collaborer fraternellement et loyalement à la construction d’une nation où chacun pourra bénéficier des fruits de la croissance, avec une attention spéciale envers les plus pauvres. Je me réjouis que la communauté catholique, quoique numériquement minoritaire, soit reconnue et appréciée par les responsables de la vie civile et par le peuple nigérien. Permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer bien chaleureusement par votre intermédiaire les Évêques et les catholiques présents dans votre noble pays. Désireuse, à la suite du Christ, de se mettre au service de tous dans des domaines aussi divers que la santé, l’éducation, l’action sociale et caritative, l’Église catholique souhaite ardemment apporter, par des moyens qui renforcent et promeuvent la solidarité, une contribution spécifique et déterminante à une véritable culture de la paix (cf. Ecclesia in Africa ).

6. Monsieur l'Ambassadeur, alors que commence officiellement votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre mes voeux cordiaux pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assuré que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l'accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur les responsables de la nation et sur le peuple nigérien tout entier, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions du Tout-Puissant.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE SUÈDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002


Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec un grand plaisir que je vous accueille au Vatican et que je reçois les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Suède près le Saint-Siège. Je vous suis reconnaissant pour les salutations cordiales que vous me transmettez de la part de Sa Majesté le roi Carl XVI Gustaf, et je vous prie de bien vouloir transmettre à Sa Majesté mes sincères remerciements et mes meilleurs voeux, que j'étends également au gouvernement et au peuple suédois, avec l'assurance de mes prières pour le bien-être de la nation.

Je garde encore le souvenir de l'hospitalité suédoise depuis ma visite en 1989, et je suis heureux de rappeler la visite au Vatican de Sa Majesté le roi, accompagné de la Reine Silvia et de la Princesse Victoria en 1999, à l'occasion de la proclamation de sainte Brigitte comme co-patronne de l'Europe. De telles visites ont sans aucun doute aidé à consolider les relations cordiales existant entre la Suède et le Saint-Siège, qui ont des racines historiques profondes et qui porteront certainement de nouveaux fruits à l'avenir.

J'apprécie vos remarques sur l'édification d'"un monde dans lequel la co-opération, la solidarité, le respect pour l'individu et la compréhension réciproque forment la base pour arriver à une Communauté internationale juste, pacifique, sûre et humaine"; car il s'agit d'un objectif que le Saint-Siège partage avec la Suède. Au début du nouveau millénaire, nous avons assisté en quelque sorte à une extraordinaire accélération mondiale de cette recherche de liberté, qui fait partie des grandes dynamiques de l'histoire humaine, et l'on fondait de grands espoirs sur l'avènement d'une nouvelle ère de paix et de stabilité. Pourtant, depuis lors, les événements ont montré qu'une telle perspective ne peut être atteinte sans une grande sagesse et des efforts persévérants. Il est donc d'autant plus urgent que la Communauté internationale s'efforce d'édifier la paix et la stabilité sur les bases de la justice et de la solidarité authentiques, et non pas sur les intérêts partisans ou les haines ancestrales. Sinon, les schémas de violence nés des profonds déséquilibres mondiaux continueront indéfiniment; et la dynamique de l'espérance humaine s'oppose à une telle perspective.

Vous avez parlé à juste titre des valeurs fondamentales, des valeurs comme l'égalité, la liberté et la tolérance. Celles-ci sont considérées comme fondamentales et sont appréciées de tous, en particulier dans votre pays; et cela est un motif de profonde satisfaction. Pourtant, il est opportun de se demander quelles sont les bases de ces valeurs; on voit qu'elles découlent d'une compréhension de l'universalité de la dignité humaine. Mais nous voyons également que dans notre monde, cette universalité est souvent ignorée et même rejetée. Telle est la contradiction que le Saint-Siège cherche à montrer, tout en aidant les personnes à la surmonter. Car le danger est que, lorsque ces valeurs sont affirmées mais que leur fondement est nié, ces valeurs elles-mêmes sont corrompues et courent le risque de devenir leur contraire. Par exemple, lorsque la liberté est détachée de la vérité universelle de la personne humaine, elle devient tôt ou tard une nouvelle forme d'esclavage dans laquelle la loi du plus fort prévaudra inévitablement.

Nous pensons que tous les êtres humains ont la même dignité. Cela signifie que les faibles - quelle que soit la forme que revêt leur faiblesse - ont des droits tout aussi inaliénables que les forts. Dans la pratique, il se peut qu'ils rencontrent davantage de difficultés à défendre leurs droits ou à revendiquer leurs exigences, mais cela ne change rien à la vérité fondamentale selon laquelle ils possèdent une dignité égale. En effet, selon l'Eglise catholique, toute société doit être jugée en ultime analyse sur la façon dont elle protège ses membres les plus faibles. Il s'agit d'une conception tirée de la Bible elle-même, qui insiste sur le fait que tous les êtres humains sont créés à l'image de Dieu (cf. Gn 1,26), une conception profondément enracinée dans la culture suédoise.

Le sept centième anniversaire de sainte Brigitte offre une merveilleuse occasion de concentrer notre attention sur l'héritage chrétien de la Suède et de voir que les valeurs centrales de cet héritage sont également centrales pour la nouvelle unité que l'Europe s'efforce de construire. La recherche d'une nouvelle unité européenne est complexe, mais elle offre l'espoir de surmonter les antagonismes du passé et de briser le cycle de la violence; c'est la raison pour laquelle elle doit être poursuivie. Toutefois, si elle n'est pas fondée sur les valeurs fondamentales dont vous parlez, et si celles-ci ne sont pas enracinées à leur tour dans une conception de l'universalité de la dignité humaine, alors, il est vraisemblable que la recherche de l'unité européenne se révélera décevante. La communauté catholique dans votre nation est petite, mais elle continuera également à apporter une contribution positive à l'avenir que vous avez décrit comme "juste, pacifique, sûr et humain".

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans la communauté diplomatique accréditée près le Saint-Siège, je vous assure que les bureaux de la Curie romaine seront prêts à vous apporter toute l'assistance nécessaire dans l'accomplissement de vos hautes fonctions. Puisse votre mission servir à renforcer ultérieurement les liens de compréhension et de coopération entre votre nation et le Saint-Siège. Sur vous et sur le bien-aimé peuple de Suède, j'invoque les Bénédictions de Dieu tout-puissant.




AU NOUVEL AMBASSADEUR DE THAÏLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002


Monsieur l'Ambassadeur,

C'est pour moi un plaisir d'accepter les Lettres de Créance par lesquelles vous êtes nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Thaïlande près le Saint-Siège. Je suis particulièrement reconnaissant pour les voeux que vous transmettez de la part de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej, ainsi que de la part du gouvernement et du peuple de votre pays. C'est avec joie que j'offre en retour mes prières sincères pour le bien-être et la prospérité de la nation. Votre présence rappelle la longue tradition d'amitié, de bonne volonté et de coopération qui existe entre la Thaïlande et le Saint-Siège, et qui a été rendue possible par l'esprit d'amour pour la liberté de votre peuple et de ses dirigeants, depuis que la présence chrétienne y fut établie au XVII siècle. C'est avec estime pour cette grande tradition que je vous souhaite aujourd'hui la bienvenue au Vatican.

La Thaïlande et le Saint-Siège partagent de nombreux points de vue et objectifs communs sur la scène internationale; et parmi ceux-ci en premier lieu l'amour de la paix, le désir d'oeuvrer pour la compréhension et la coopération entre les nations du monde, afin que tous les peuples puissent atteindre dans la liberté et la sécurité leur plein développement humain et spirituel. La diplomatie a un rôle fondamental à jouer dans ce but. En contribuant à abattre les barrières de méfiance et de suspicion, en approfondissant la connaissance mutuelle, et en promouvant le principe du respect pour la dignité de chaque personne, indépendamment de son origine ethnique, sociale ou religieuse, la diplomatie sert la cause de la fraternité et de la paix. Cette cause n'est pas facile à servir. Elle est toujours exposée au danger, comme en ont témoigné, récemment également, les tensions et les conflits dans diverses parties du monde. Nous ne devons jamais abandonner les efforts en vue de semer les semences de justice et de solidarité, qui sont indispensables pour édifier des relations constructives entre les pays, et au sein de chaque nation.

Monsieur l'Ambassadeur, en tant que représentant diplomatique de votre pays près le Saint-Siège, vous êtes conscient que votre mission n'est pas définie par des intérêts commerciaux, militaires ou politiques. Au contraire, les préoccupations du Saint-Siège sont centrées sur les valeurs qui donnent toute leur signification aux efforts des peuples en vue d'édifier un monde dans lequel notre destin humain et spirituel peut être atteint. Au service de cette cause, chaque peuple et chaque nation a le devoir et la possibilité d'apporter la contribution de son talent spécifique et de son héritage culturel. La Thaïlande possède de riches traditions culturelles et spirituelles à offrir.

A cet égard, l'antique héritage thaïlandais de respect pour la liberté religieuse, qui comporte le respect de la dignité pour la personne humaine dans sa dimension la plus sacrée, est une valeur qui doit être préservée et défendue. Ce respect doit perdurer et croître, afin que la Thaïlande puisse continuer à représenter une voix convaincante qui s'élève en faveur de l'harmonie et de la paix au sein de la Communauté internationale. Etant donné que la liberté de conscience, de croyance et de pratique religieuse, touche les profondeurs les plus intimes de la personnalité, elle représente la pierre angulaire de tous les autres droits et libertés.

Votre Excellence a évoqué la longue présence de la communauté catholique en Thaïlande, et souligné les nombreuses contributions apportées par ses membres dans les divers domaines de service au peuple. En cela, l'Eglise est fidèle à sa vision biblique de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,28), et par conséquent doté d'une dignité inaliénable, dont la promotion devrait faire l'objet des efforts de la société. L'Eglise souhaite être le partenaire de toutes les personnes de bonne volonté, en particulier les autorités publiques, dans la défense des valeurs qui constituent et promeuvent cette dignité unique.

Monsieur l'Ambassadeur, je vous présente tous mes voeux de bonheur et de succès, tandis que vous assumez vos fonctions en tant que Représentant de votre pays près le Saint-Siège, et je vous assure de l'assistance des divers bureaux de la Curie romaine. J'invoque à travers mes prières une abondance de Bénédictions divines sur vous et sur vos concitoyens.


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU BÉNIN LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002



Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec joie que je souhaite la bienvenue à Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bénin près le Saint-Siège.

Je vous remercie des paroles courtoises que vous m’avez adressées, ainsi que des souhaits que vous m’avez transmis de la part de Son Excellence Monsieur Mathieu Kérékou, Président de la République du Bénin. Je vous saurais gré de lui faire parvenir en retour les voeux cordiaux que je forme pour sa personne et pour l’accomplissement de sa charge au service du peuple béninois. Je prie aussi le Tout-Puissant d’accorder à tous vos compatriotes de mener une vie paisible et digne, dans la concorde et dans l’unité.

2. Vous avez souligné, Monsieur l’Ambassadeur, la qualité des relations de collaboration qui unissent votre pays et le Saint-Siège. L’implantation et l’ouverture de la Nonciature apostolique à Cotonou en sont un signe tangible qui contribuera à resserrer ces liens de coopération et à leur donner un nouvel élan. Je me réjouis des efforts entrepris depuis plus de vingt ans par votre pays et par tous ses habitants; ils ouvrent la voie à une participation active de tous à la vie publique, dont le pluralisme et la diversité des composantes politiques, culturelles et religieuses sont des richesses pour le dynamisme national. Ayant conscience de la nécessité de concourir de manière responsable au bien commun, tous s’attacheront à édifier une société toujours plus soucieuse de justice, d’équité et de paix, invitant aussi ceux qui ont la charge de la res publica à oeuvrer pour que chacun ait les moyens de subvenir à ses besoins.

3. La consolidation de l’état de droit et de la démocratie est une garantie de l’observance des libertés fondamentales de tous les citoyens. Elle constitue aussi pour toute société une base indispensable du développement global et du bonheur durable pour tous. Le contexte de la mondialisation rend encore plus évidente la nécessité de travailler au bien commun, favorisant ainsi la stabilité politique des pays et l’expansion économique d’une région ou d’un continent. Dans cet esprit, alors que l’Afrique de l’Ouest connaît encore aujourd’hui de nombreux foyers de tension et qu’elle lutte sans relâche contre la pauvreté qui alimente cette violence, votre pays est appelé à tenir un rôle actif dans le maintien des équilibres géopolitiques de la région. C’est par l’exemplarité et la probité de ses institutions, ainsi que par un dialogue constructif avec tous les protagonistes de la société civile, avec les acteurs des pays voisins et avec la communauté internationale, qu’une nation est vraiment en mesure de remplir efficacement sa mission.



4. Les différentes traditions religieuses présentes dans votre pays sont appelées à travailler ensemble, avec tous les Béninois, à la promotion du bien commun et à l’instauration d’un climat de paix, fait de confiance et d’estime réciproques. Lors de la Journée de prière pour la paix dans le monde qui s’est déroulée à Assise le 24 janvier dernier, j’ai eu l’occasion de rappeler qu’il est indispensable que les personnes et les communautés religieuses s’engagent à bâtir la paix et qu’elles «manifestent le rejet le plus net et le plus radical de la violence, de toute violence, à commencer par celle qui prétend se parer de religiosité, allant jusqu’à faire appel au nom très saint de Dieu pour offenser l’homme» (n. 4). Pour sa part, l’Église catholique est disposée à apporter sans cesse une contribution loyale et généreuse à la réalisation de ce noble dessein. Par son engagement dans les oeuvres de santé, d’éducation ou de promotion sociale, dans la fidélité à sa mission de service, elle désire soutenir les hommes dans leur développement intégral et répandre la Bonne Nouvelle de l’Évangile qui annonce la paix, l’amour et la liberté pour tous. Elle porte une attention toute spéciale aux plus pauvres et aux enfants qui sont parfois les victimes innocentes de trafics inacceptables. De même, elle a le souci de poursuivre et d’intensifier le dialogue avec les autres communautés religieuses présentes sur le territoire national, pour unir les forces de tous les hommes de bonne volonté en vue de la croissance du pays et d’une plus grande paix sociale. Les communautés catholiques veulent participer quotidiennement aux efforts communs pour contribuer à l’épanouis- sement matériel et spirituel de tous, pour faire disparaître les causes de division et pour bâtir une société toujours plus unie et plus solidaire, s’attachant à éveiller les consciences et les coeurs au respect mutuel et à la responsabilité de tous dans la recherche du bien commun.

5. À travers votre personne, Monsieur l’Ambassadeur, je voudrais saluer cordialement les membres de la communauté catholique béninoise. Ma pensée se tourne vers un noble fils de votre nation, le Cardinal Bernardin Gantin, qui a récemment célébré le quatre-vingtième anniversaire de sa naissance. Après avoir accompli son ministère d’évêque au service de l’archidiocèse de Cotonou, il a été et demeure auprès du Successeur de Pierre une voix importante de l’Afrique, travaillant inlassablement pour ses frères et servant sans compter le Christ et son Église.

6. Au moment où vous commencez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes meilleurs voeux. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.

Sur votre Excellence, sur le peuple béninois et sur ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des bénédictions divines.

  


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU SOUDAN LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002



Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Soudan près le Saint-Siège.

Les paroles que vous m’avez adressées, et dont je vous remercie vivement, montrent que les Autorités de votre pays ont le souci du développement de relations d’estime et de collaboration entre le Soudan et le Siège apostolique, pour une action diplomatique toujours plus féconde. Je vous saurais gré de présenter à Son Excellence Monsieur le Président Omar Hassan Al-Bachir, dont vous m’avez transmis les souhaits courtois, les voeux que je forme en retour pour sa personne, ainsi que pour l’accomplissement de sa haute charge au service de la Nation. Par votre intermédiaire, je souhaite aussi adresser mes cordiales salutations à tous les habitants du Soudan, priant le Très-Haut de leur donner les énergies nécessaires pour édifier dans la concorde et dans l’unité une société toujours plus pacifique et plus fraternelle.

2. En évoquant la tragédie qui continue de meurtrir la Terre sainte, vous précisez, Monsieur l’Ambassadeur, que toute nation désirant s’engager de manière responsable sur la voie du progrès et du développement doit travailler sans relâche à l’avènement d’une paix durable fondée sur la justice et le pardon. Lors de la rencontre de prière à Assise le 24 janvier dernier, en présence des responsables des grandes religions du monde, j’ai rappelé que l’engagement pour la justice et la disposition au pardon sont les indispensables «piliers» de l’édification d’une paix durable. Il est nécessaire en effet que les nations fassent oeuvre de justice, dans le respect de la dignité des personnes et des peuples; cela suppose que tout membre de la communauté nationale ait conscience de ses droits et de ses devoirs, et que ceux qui sont chargés du bien commun aient le souci de distribuer les profits et les charges entre les individus et entre les collectivités. Un tel engagement doit s’accompagner d’une réelle volonté de travailler à la réconciliation des communautés nationales et de s’ouvrir au pardon, seule attitude capable de guérir les coeurs et de rétablir en profondeur des rapports humains perturbés.

Alors que votre pays cherche aujourd’hui des solutions concrètes et adaptées pour sortir de la spirale de la violence qui éprouve si durement les populations civiles et leurs biens, j’exprime le vif désir de voir tous les habitants trouver ensemble le chemin d’une collaboration loyale et responsable, pour contribuer à la cessation définitive des conflits qui plongent depuis tant d’années le pays dans la misère. La modernisation progressive de l’économie, des institutions et des modes de vie va de pair avec un dialogue de paix constructif et un engagement sérieux à déposer les armes. Ce sont là des éléments qui ouvriront la voie à l’avènement d’une société réconciliée et solidaire.

3. Dans cette perspective, il est souhaitable de travailler toujours plus à la compréhension et au respect mutuels entre tous, qui passent nécessairement par le respect du droit à l’existence et à l’identité des minorités présentes à l’intérieur d’un pays; cela constitue un signe clair d’une société qui sait intégrer les richesses culturelles qui la composent et favoriser la participation de tous à la vie politique, économique et sociale du pays. Dans le même temps, il importe que les personnes rejettent toute discrimination basée sur des critères ethniques, culturels ou religieux. L’unité nationale se construit dans l’accueil de la diversité, cherchant à la faire concourir au bien commun et au développement intégral de tous les habitants.

4. Vous soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, que le gouvernement de la République du Soudan est soucieux de renforcer les libertés religieuses, notamment à travers leur inscription dans la nouvelle Constitution. Comme je le rappelais lors de ma visite pastorale dans votre pays en 1993, «la liberté des individus et des communautés à professer et à pratiquer leur religion est un élément essentiel pour la coexistence pacifique. La liberté de conscience et la liberté de rechercher la vérité et d’agir conformément à sa croyance religieuse personnelle sont tellement fondamentales pour l’être humain que tout effort pour les restreindre conduit inévitablement à d’implacables conflits» (Discours au Président de la République, Khartoum, 10 février 1993, n. 5). Une telle liberté ne met pas en cause la vie sociale, car toute vraie démarche religieuse permet aux personnes qui professent une religion de se découvrir frères en humanité avec tous leurs compatriotes.



5. Vous me permettrez, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer par votre intermédiaire les Pasteurs et les fidèles de la communauté catholique au Soudan, courageuse dans l’épreuve, et soucieuse de témoigner chaque jour de l’espérance chrétienne et des valeurs évangéliques. Qu’elle poursuive dans la charité sa mission éminente de servir le Christ en servant ses frères, soutenue par la prière de sainte Joséphine Bakhita ! L’Église catholique sera, pour sa part, toujours disponible pour mettre ses compétences et ses institutions au service de la promotion humaine de tous les Soudanais, dans des domaines tels que l’éducation, la santé, l’assistance sociale. Elle accomplit cette mission dans la fidélité à son Seigneur et avec la volonté consciente d’offrir, en particulier dans un dialogue loyal avec ses frères musulmans, des chemins nouveaux pour que viennent la justice et la paix, auxquelles les peuples aspirent si ardemment.

6. Monsieur l'Ambassadeur, alors que commence officiellement votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre mes voeux cordiaux pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assuré que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l'accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur les responsables de la Nation et sur le peuple du Soudan tout entier, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions divines.



Discours 2002 - Jeudi 16 mai 2002