Discours 2002 - Vendredi 17 mai 2002


AU NOUVEL AMBASSADEUR D'ISLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002


Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue au Vatican, et que j'accepte les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Islande près le Saint-Siège. Dans le souvenir toujours vif de l'accueil que m'a réservé l'Islande en 1989, je vous demande de bien vouloir transmettre mes salutations cordiales à M. le Président Olafur Ragnar Grímsson, ainsi qu'au gouvernement et à vos concitoyens. J'assure chacun de mes prières pour le bien-être et la prospérité de la nation.

Le vingt-cinquième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre l'Islande et le Saint-Siège est une source de grande satisfaction, et je me réjouis avec vous des multiples facteurs spirituels et culturels auxquels vous avez fait référence, et qui contribuent à rendre les liens entre l'Islande et le Saint-Siège, si amicaux et empreints d'un respect mutuel. Cette occasion m'amène à réfléchir sur le contexte et sur le but de la diplomatie, notamment en ce que vous avez appelé ces "temps incertains et complexes".

La configuration changeante de la Communauté internationale dans un monde globalisé a un effet décisif sur les relations entre les pays et les peuples. Ce ne sont peut-être pas seulement les éléments fondamentaux de la Communauté internationale qui sont en train de changer. Les gouvernements nationaux, les réseaux commerciaux et financiers, les agences internationales et les organisations non gouvernementales, les Eglises, et les associations civiles de toutes sortes: voilà les éléments fondamentaux de la société, aujourd'hui, tels qu'ils le sont depuis un certain temps et qu'ils le seront dans un avenir prévisible. A ceux-ci devraient s'ajouter, en tant que facteur général et toujours plus influent, les moyens de communication - ayant souvent de puissantes relations avec le monde de la politique et du commerce - qui traversent eux-mêmes une période de rapide mutation, à la suite des continuels progrès technologiques. Mais le point le plus général et le plus important, est que si ces éléments sont eux-mêmes plus ou moins stables, leur interaction et leurs relations ne le sont pas: en effet, elles changent très rapidement sous la pression de la mondialisation.

L'un des effets principaux de ce phénomène est que nous assistons à un déplacement des sources de pouvoir dans le monde, tandis que l'autorité politique se disperse en prenant des formes nouvelles. Il est clair, par exemple, que les dirigeants des grands groupes commerciaux et financiers exercent aujourd'hui une partie de l'autorité qui appartenait autrefois exclusivement aux dirigeants politiques. Il faut donc examiner plus attentivement les effets de la mondialisation sur la nature et sur la pratique de la démocratie. De nouvelles questions apparaissent, qui sont devenues encore plus urgentes à la lumière des événements récents: dans quelles mesures des politiques mondiales, et pas seulement nationales, sont-elles possibles? Qui aurait la responsabilité de décider et d'appliquer de telles politiques? Quelles sont les possibilités d'exercer une surveillance véritablement démocratique sur les forces qui sont à l'oeuvre de façon croissante sur la scène internationale? Qu'en est-il des tribunaux internationaux? Qui nommera les juges et décidera du cadre juridique dans lequel ces tribunaux devront opérer? Il est évident que ces questions et d'autres semblables, méritent l'attention.

Ni les individus, ni les nations ne peuvent échapper aux effets de ces changements sur la scène internationale. A cause des changements dans les relations entre le monde des affaires et le gouvernement, par exemple, les relations internationales et le commerce extérieur se confondent souvent. Cela est sans doute inévitable, mais cela entraîne le risque de réduire les échanges entre les Etats et les peuples à des tran-sactions commerciales, de sorte que tout est englobé dans l'économie, comme c'est le cas dans les sociétés où prédomine une idéologie consumériste. Si cette tendance n'est pas accompagnée et enrichie par d'autres préoccupations sociales et culturelles, la diplomatie ne réussira pas non plus à servir le développement intégral des individus et des peuples et le bien commun de toute la famille humaine, comme cela est son objectif. Afin de demeurer fidèle à sa vocation spécifique, dans une période de changement comme celle-ci, la diplomatie doit faire de la personne humaine le centre de son projet et le critère de son engagement; elle doit être guidée par une compréhension correcte de la personne humaine et de la société humaine.

L'Eglise catholique elle-même est profondément engagée dans la vie de la Communauté internationale, non pas pour poursuivre des intérêts nationaux ou idéologiques, mais en vue de servir le développement intégral des peuples, comme le commande l'Evangile. Les racines chrétiennes de l'Islande remontent au moins au Moyen-Age, et cet héritage spirituel, cette âme chrétienne, est la source la plus profonde du caractère et des traditions de votre peuple. C'est également la ressource à laquelle votre nation doit puiser pour jouer son rôle dans l'édification de l'Europe de demain. La communauté catholique d'Islande, bien que restreinte en nombre, contribue ardemment à cette tâche, en particulier dans le cadre des relations oecuméniques récentes et fructueuses.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre mission aidera à consolider plus encore les relations cordiales qui se sont développées entre l'Islande et le Saint-Siège au cours des vingt-cinq dernières années. Tandis que vous assumez vos responsabilités au sein de la communauté diplomatique accréditée près le Saint-Siège, je vous adresse mes prières et mes meilleurs voeux et je vous assure que les différents bureaux de la Curie romaine seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos devoirs. Sur vous et sur votre famille, ainsi que sur le peuple d'Islande cher à mon coeur, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DU ROYAUME HACHÉMITE DE JORDANIE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 17 mai 2002



Madame l’Ambassadeur,

1. Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence en cette circonstance solennelle de la présentation des Lettres qui L'accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume hachémite de Jordanie près le Saint-Siège.

Je vous remercie vivement, Madame l’Ambassadeur, du message cordial de salutations que vous m'avez adressé de la part de Sa Majesté le Roi Abdullah II. Particulièrement sensible à son attention délicate à l’égard du Siège apostolique, je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer en retour mes voeux respectueux pour sa personne, ainsi que pour le peuple jordanien, que j’ai eu la joie de rencontrer lors de mon pèlerinage jubilaire en Terre sainte. Je prie le Très-Haut de veiller sur les efforts de tous vos concitoyens pour édifier une société toujours plus fraternelle et plus solidaire.

2. Le Saint-Siège, comme vous l’avez rappelé, ne cesse d’encourager les responsables politiques au dialogue et à la négociation, afin de permettre à tous les hommes de vivre en paix sur une terre. L’Église catholique considère ce devoir envers tous comme faisant partie intégrante de sa mission spirituelle, en réponse au commandement de l’amour fraternel que lui a laissé son Maître et Seigneur (cf. Jn 15,12 Jn 15,17). C’est avec la conscience profonde de ce devoir que j’ai appelé les responsables des grandes religions à se réunir à Assise, le 24 janvier dernier, pour proclamer devant le monde, meurtri une nouvelle fois par la violence du terrorisme, que l’homme a faim et soif de justice et de paix. Ce jour-là, les responsables présents ont exprimé clairement que les religions voulaient servir le bien de l’homme et qu’on ne pouvait en aucun cas légitimer la violence au nom de Dieu. Comme je l’ai écrit dans mon Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002, «en donnant un témoignage commun à la vérité morale selon laquelle l’assassinat délibéré de l’innocent est toujours et partout, sans exception, un grave péché, les responsables religieux du monde favoriseront la formation d’une opinion publique moralement correcte. C’est là le présupposé nécessaire à l’édification d’une société internationale capable de rechercher la tranquillité de l’ordre dans la justice et dans la liberté» (n. 13).

3. Comment parler aujourd’hui des aspirations des hommes à la justice et à la paix sans évoquer le drame du conflit au Proche-Orient ? J’ai appelé à de nombreuses reprises la communauté internationale à s’engager résolument et de manière urgente dans des pourparlers avec les parties en cause pour les convaincre de renoncer au recours à la force violente et de revenir à la table des négociations. Je salue à cette occasion les efforts que déploie votre gouvernement pour demeurer un interlocuteur ouvert à tous et soucieux d’oeuvrer en faveur d’une paix juste et durable dans cette région du monde si éprouvée par les tensions. Je me réjouis de savoir que la Basilique de la Nativité, à Bethléem, est enfin rendue à Dieu et aux croyants, tout en déplorant la violence qui s’est manifestée pendant tant de jours à l’encontre de ce lieu saint. J’appelle une fois encore la communauté internationale à prendre sans tarder les mesures nécessaires pour faire respecter le statut spécifique des lieux saints et leur assurer une véritable protection.

4. Permettez-moi d’évoquer à nouveau, avec une intense gratitude envers Dieu, le pèlerinage qu’il m’a été donné d’accomplir en Terre sainte au cours de l’année jubilaire. Je suis heureux à cette occasion que ma visite en Jordanie ait contribué, comme vous l’avez dit, au processus du dialogue interreligieux dans votre pays, afin que grandisse une vraie confiance mutuelle entre les différentes communautés, grâce à une meilleure connaissance de chacun, de ses traditions et de ses richesses spirituelles. Au cours de cette visite dans des lieux importants et significatifs pour le peuple juif, pour les chrétiens, et aussi pour les musulmans, j’ai médité des pages de l’histoire des hommes qui appartiennent au patrimoine spirituel de toute l’humanité. La Terre sainte, où Dieu s'est manifesté et a parlé aux hommes, ne doit-elle pas devenir le lieu par excellence où fleurissent la paix et la justice ? Comment ne pas y entendre l’appel pressant à oeuvrer avec courage et détermination en faveur du dialogue et de la paix ? À l’aube du troisième millénaire, il demeure urgent d’inviter les hommes à se rassembler et non à se déchirer, pour construire un monde ouvert aux échanges, respectueux des cultures spécifiques, soucieux de justice et de partage plus équitable entre les nations, qui doivent se sentir vraiment responsables du destin commun de notre humanité. Le Saint-Siège, pour sa part, entend ne pas faillir à cette haute mission et il invite les hommes de bonne volonté à s’y associer.

5. Je suis heureux, Madame l’Ambassadeur, de pouvoir, par votre intermédiaire, saluer la communauté catholique de Jordanie, ses pasteurs et ses fidèles de différents rites. Les catholiques sont peu nombreux dans votre pays, mais ils y vivent en bons termes avec tous, d’abord avec leurs frères de l’Église orthodoxe mais aussi avec les fidèles de l’Islam. Ils forment des communautés vivantes, prenant leur part à la vie et au développement du pays, soucieux du bien commun et attentifs à la solidarité vis-à-vis de ceux qui souffrent de l’injustice ou de la pauvreté. Je les invite à témoigner sans relâche envers tous de la charité du Bon Pasteur, et je les assure de ma prière paternelle.

6. Madame l’Ambassadeur, vous inaugurez aujourd’hui la noble mission de représenter votre pays auprès du Saint-Siège. Veuillez accepter les voeux très cordiaux que je forme pour son heureuse réussite et soyez sûre de toujours trouver auprès de mes collaborateurs la compréhension et le soutien nécessaires !

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur tous ses collaborateurs et sur tous ses compatriotes, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

         


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Vendredi 17 mai 2002



Excellences,

1. Je suis heureux de vous accueillir aujourd’hui et de recevoir les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays: la Biélorussie, le Niger, la Suède, la Thaïlande, le Bénin, le Soudan, l’Islande, la Jordanie. Je tiens à vous remercier de m’avoir transmis les messages courtois de vos chefs d’État respectifs. Je vous saurais gré de leur exprimer en retour mes salutations déférentes et mes voeux cordiaux pour leur personne et pour leur haute mission au service de l’ensemble de leurs compatriotes. Par votre intermédiaire, je désir aussi saluer cordialement l’ensemble des Autorités civiles et religieuses de vos pays, ainsi que tous vos concitoyens, les assurant de mon estime et de mon amitié.

2. Notre monde actuel est affronté à un certain nombre de crises graves et d’actes de violence, que les médias portent chaque jour à notre connaissance. Il est du devoir de la communauté internationale et de tous les hommes de bonne volonté de se mobiliser plus intensément pour que s’opèrent les changements auxquels aspirent les peuples qui souffrent le plus. La paix doit être la première priorité pour tous les pays et sur tous les continents, afin que cessent les conflits armés, qui ne font qu’hypothéquer l’avenir des nations et des populations, dont certaines sont soumises à des conditions de vie dégradantes et indignes. Nul ne peut se désintéresser du sort de ses frères et agir comme s’il ne savait pas.

Il y a sans aucun doute deux éléments essentiels sur lesquels il convient d’influer conjointement: le dialogue et les négociations entre les protagonistes, appelés à vivre ensemble sur une même terre; et, d’autre part, le phénomène de la mondialisation et de l’opposition croissante entre les nations riches et les nations pauvres, qui crée des disparités de plus en plus criantes. La paix à long terme suppose que les pays les moins avancés bénéficient de la croissance économique et d’aides appropriées. La première perspective doit être de soutenir les économies locales et de former des personnes qui prendront en charge demain l’avenir de leur communauté nationale, pour parvenir ainsi à l’autonomie nécessaire du pays. Cela appelle de la part de tous une solidarité toujours plus grande et des comportements cohérents.

3. Dans cette perspective, la mission des diplomates est d’une importance de tout premier plan. Ils sont appelés à créer des liens entre eux et à faire des ponts entre leurs pays respectifs, apportant ainsi une contribution significative à l’amitié entre les peuples, dans le respect des personnes et des populations, et favorisant les négociations et les échanges. Votre nouvelle mission vous fait entrer dans le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, lequel, grâce à ses propres diplomates et aux communautés catholiques locales, est présent dans le monde entier, oeuvrant pour le bien commun et pour le respect de la dignité de tout être humain. Vous pourrez ici saisir de l’intérieur ses préoccupations et ses actions. Vous trouverez aussi des portes ouvertes pour rencontrer des personnalités du monde entier et tisser des liens fraternels. De plus, avec la naissance de nouveaux États modernes, se sont créées de nouvelles missions diplomatiques stables, qui élargissent les relations internationales et qui rapprochent les pays les uns des autres, les invitant à coopérer toujours davantage pour la paix dans le monde.

4. La disparité entre les peuples nous interroge sans cesse et doit être pour tous l’objet d’une attention particulière. Des pays dont le sol et le sous-sol contiennent d’abondantes richesses et de nombreuses matières premières sont soumis à des pressions qui empêchent des parties entières de leur population d’en tirer de quelconque bénéfice. Pour que se réalisent des changements au niveau international, cela suppose que chacun accepte de modifier sa façon de vivre. J’appelle donc de mes voeux un sursaut de solidarité et de charité fraternelle de la part de tous les hommes de bonne volonté. En effet, la paix va de pair avec l’éradication de la misère, la suppression des disparités entre les peuples. De même, elle suppose l’éducation pour tous. Les jeunes générations, particulièrement sensibles aux situations dramatiques, ont besoin de signes forts pour que leurs espérances ne soient pas vaines.

Par sa participation active sur le plan diplomatique et grâce aux communautés locales, l’Église catholique dans les différents pays du monde s’engage pour le respect de la dignité des personnes et pour la reconnaissance des peuples, cherchant par tous les moyens pacifiques à ce que s’instaurent la paix, ainsi qu’une entente entre les nations et une fraternité entre tous, pour offrir à chacun une terre où il fait bon vivre, où il pourra conduire sa vie personnelle, familiale et sociale, et participer à sa mesure à la vie publique.

5. Au moment où commence votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes voeux cordiaux. En invoquant sur vous l’abondance des Bénédictions divines, ainsi que sur vos familles, sur vos collaborateurs et sur les nations que vous représentez, je demande au Très-Haut de vous combler de ses dons.


AUX PÈLERINS RÉUNIS POUR LA CANONISATION DE 5 BIENHEUREUX

Lundi 20 mai 2002


Très chers frères et soeurs!

1. La lumière et la joie de Pentecôte qui, hier, ont caractérisé la proclamation solennelle de cinq nouveaux saints, se prolonge et s'intensifie même en cette joyeuse rencontre, à l'occasion de laquelle nous nous arrêtons pour réfléchir sur l'action de l'Esprit dans leur existence, afin d'apprendre à être, à notre tour, disponibles à la grâce du Seigneur.

La sainteté est véritablement le fruit de l'Esprit Saint, qui agit en l'homme, le transformant en une créature nouvelle, en lui communiquant la vie même de Dieu. Je renouvelle à tous ma plus cordiale bienvenue!


2. Je salue tout d'abord les pèlerins venus du Piémont qui, aux côtés de leurs chers Capucins, se réjouissent de la canonisation de Ignazio da Santhià. L'amour pour le Christ, le désir de perfection, la volonté de servir ses frères poussèrent votre compatriote à abandonner un ministère ecclésial déjà bien commencé pour embrasser la pauvreté et l'austérité de l'Ordre des Capucins.

Les chroniques le décrivent toujours attentif et disponible lorsqu'il accueillait les nombreuses personnes qui s'adressaient à lui. Il était à l'écoute de leurs problèmes et de leurs difficultés, et il se faisait chaque jour pour eux le ministre quotidien du pardon de Dieu, au point qu'on l'appela le "père des pécheurs et des affligés".


3. Je suis également heureux de vous saluer, chers religieux de l'Ordre franciscain des Frères mineurs, ainsi que le groupe de fidèles qui représente ici la noble terre de Calabre. Vous fêtez la canonisation du Frère Umile da Bisignano. L'action de l'Esprit Saint dévoila progressivement au Frère Umile la beauté du choix de la vie évangélique selon le style de François d'Assise, le configurant toujours davantage, à travers un chemin continu de purification et d'ascèse, au Christ chaste, pauvre et obéissant.

Humble de nom et dans ses actes, il s'offre à tous les croyants comme le modèle d'une fidélité héroïque à l'amour, vécue dans l'humilité d'une vie cachée et dans l'abandon à la sainte volonté de Dieu.


4. Je salue maintenant avec affection les pèlerins espagnols venus pour la canonisation de Alonso de Orozco, frère augustin, homme de la région de la Manche d'une dimension universelle. Les grandes qualités qui le caractérisent nous laissent entrevoir la figure d'un homme de lettres et de piété, de service et de charité, de culture et d'abnégation.

Parmi les éloges qui lui ont été faits, je désire souligner celui d'"image vivante de l'Evangile" car c'est l'objectif auquel les chrétiens sont appelés: être des imitateurs de Jésus, en le suivant chacun selon sa vocation particulière. Saint Alonso de Orozco le fit comme religieux augustin. Que la vie et les enseignements de ce nouveau saint soient pour tous une aide et un encouragement à suivre Jésus-Christ.


5. Je salue avec affection les pèlerins brésiliens réunis à Rome pour participer à la cérémonie solennelle de canonisation de sainte Paolina du Coeur agonisant de Jésus, Fondatrice de la Congrégation des Petites soeurs de l'Immaculée Conception. Son témoignage chrétien, la poussant à réaliser des gestes héroïques de renoncement et d'abnégation pour le bien des âmes, en particulier pour les pauvres et les malades, fut comme une petite semence plantée par le divin Semeur qui, aujourd'hui, tel un arbre luxuriant, s'étend sur toute la terre du Brésil.

Tel fut le charisme laissé par Mère Paolina à sa Congrégation, fait de disponibilité pour servir, au sein de l'Eglise, aussi bien les plus indigents que les victimes de situations d'injustice, avec simplicité, humilité et une riche vie intérieure. De là naît son exemple de foi, pour chercher et accepter toujours en toute chose la volonté de Dieu; et son exemple de charité, fil conducteur qui relie toutes les étapes de l'existence de Mère Paolina, à travers un don total de soi-même à ses frères, en particulier les plus démunis.


6. Je salue maintenant les pèlerins réunis à Rome, notamment de Ligurie, pour la canonisation de Benedetta Cambiagio Frassinello et, en particulier, les Soeurs bénédictines de la Providence, dont elle est la Fondatrice. La nouvelle sainte s'efforça tout au long de sa vie d'accomplir fidèlement la volonté de Dieu, toujours attentive au Christ crucifié, exemple d'obéissance parfaite au Père céleste.

A l'école exigeante de la Croix, dans son expérience conjugale comme dans la vie religieuse, Benedetta témoigna de la "Providence pleine d'Amour de Dieu", qui pourvoit aux nécessités de ses fils. Je vous souhaite, chères soeurs bénédictines de la Providence, ainsi qu'à tous ceux qui, comme vous, s'inspirent de la spiritualité et de l'exemple de la nouvelle sainte, de continuer à marcher avec générosité dans le sillon qu'elle a tracé. Vous pourrez ainsi témoigner aux jeunes générations de la beauté d'une vie entièrement consacrée au Seigneur et à ses frères.


7. Très chers frères et soeurs, avec toute l'Eglise, nous rendons grâce au Seigneur pour ces cinq nouveaux saints. Ils sont nos amis et nos protecteurs, des intercesseurs et des exemples de vie. Nous les invoquons à travers la prière, nous en approfondissons la connaissance, nous imitons les vertus qui les ont rendus maîtres en humanité et en ascèse évangélique.

Que la Vierge Marie, que nous invoquons en ce mois de mai avec un amour et une dévotion plus intenses, vous assiste et vous protège toujours. Que vous accompagne également ma Bénédiction, que j'accorde avec affection à chacun de vous ici présents, tout en l'étendant volontiers à tous ceux qui vous sont chers.




  MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II À LA CONGRÉGATION DES RELIGIEUX DE SAINT-VINCENT-DE-PAUL




Au Révérend Père Yvon Laroche,
Supérieur général de la Congrégation
des Religieux de Saint-Vincent-de-Paul

1. À l’occasion du Chapitre général de votre Congrégation, je désire vous assurer de ma prière pour votre nouveau mandat au service du dynamisme et de la communion de votre famille religieuse, et vous exprimer ma reconnaissance pour le travail missionnaire de votre Institut auprès du monde ouvrier et de la jeunesse. Je souhaite que l’Assemblée capitulaire qui s’achève puisse affermir toujours plus les liens de votre unité, afin que, dans la charité fraternelle et apostolique, votre Institut cherche à inscrire toujours davantage son action pastorale dans la fidélité à son charisme fondateur et à l’Église, sans éluder les nouveaux défis de l’évangélisation car l’Esprit Saint vous appelle à avancer au large. Soutenus par l’audace apostolique et par le témoignage de charité qui animaient saint Vincent de Paul et votre fondateur, Jean-Léon Le Prévost, ouvrez des chemins nouveaux pour communiquer la tendresse du Christ aux enfants, aux jeunes, aux ouvriers, aux blessés de la vie et à tous ceux qui ont besoin de son amour pour repartir dans l’espérance!

2. Lors du cent cinquantième anniversaire de votre fondation, vous avez eu l’occasion de rendre grâce pour l’oeuvre accomplie et de relire votre histoire, pour y découvrir les appels de Dieu et pour évaluer la pertinence des réponses que votre Congrégation a voulu apporter au cours des deux siècles passés. L’expérience de votre fondateur et de ses compagnons, découvrant, au sein des Conférences Saint-Vincent-de-Paul du bienheureux Frédéric Ozanam, la misère des familles d’ouvriers privées de dignité et exclues de la vie sociale, constitue le début de votre aventure missionnaire. La contemplation du visage du Christ sur le visage des pauvres de leur temps a fait germer en eux le désir de tout quitter pour devenir semences d’Évangile dans le monde, marqué alors par la révolution industrielle, par les précarités de toutes sortes ainsi que par le rejet de Dieu et de l’Église, en particulier dans le monde des apprentis et des jeunes ouvriers. Vos devanciers ont montré que la charité des oeuvres donne une force incomparable à la charité des mots, participant ainsi à l’essor de la doctrine sociale de l’Église, formulée dans l’encyclique Rerum novarum du Pape Léon XIII.

Aujourd’hui, de la France au Brésil, du Canada à l’Afrique, ce même dynamisme de la mission, mû par la charité du Christ, doit continuer d’animer vos vies de religieux et de prêtres. Les bouleversements de l’économie, la désagrégation des solidarités humaines, l’éclatement de la famille, continuent de faire émerger de nouvelles formes de précarité parmi les jeunes générations, les entraînant souvent à céder à la tentation du désespoir ou à faire l’expérience tragique de la misère, de la drogue, de la violence. Je vous encourage à trouver des réponses adaptées aux attentes profondes des jeunes d’aujourd’hui. Il est en effet essentiel qu’ils puissent reconnaître en vous de véritables éducateurs qui, sans crispation, leur permettent d’acquérir et de vivre les valeurs humaines, morales et spirituelles nécessaires à leur développement intégral. Habités par la charité du Christ qui espère tout, faites-leur découvrir que le Seigneur ressuscité est le secret de vos vies, et qu’il veut aussi devenir le sel de leurs existences et la lumière qui éclaire leur avenir, car lui seul peut répondre pleinement à leur soif d’amour, de dignité et de vérité ! Ils pourront alors s’engager joyeusement dans l’édification d’un monde plus fraternel et plus solidaire. Il convient aussi de promouvoir une pastorale dynamique des vocations, qui permette à tous les jeunes désirant suivre plus radicalement le Christ, dans le sacerdoce ou la vie consacrée, de trouver auprès de personnes dûment formées l’accompagnement humain et spirituel en vue d’un bon discernement. Pour cela, l’aide d’autres lieux de formation, dans des diocèses ou des Congrégations religieuses, peut s’avérer utile et nécessaire, donnant à vos futurs religieux la possibilité de rencontrer d’autres jeunes qui se préparent à s’engager dans l’Église.

3. La formation des collaborateurs laïcs qui participent à la spiritualité et à la mission de votre Institut doit aussi faire l’objet de votre attention permanente. Il importe que la générosité des fidèles soit nourrie par une vie en intimité avec le Christ et par la conscience éclairée de travailler à la construction du Règne de Dieu, en Église, dans une collaboration confiante avec les évêques et les communautés catholiques locales. Que l’exemple de votre vie communautaire et les moyens d’éducation que vous mettez en oeuvre soient pour tous d’authentiques lieux de sanctification et de témoignage, qui vous disposent à écouter ensemble la volonté du Père, pour répondre aux appels qu’il lance à partir du monde des petits et des pauvres ! Fidèles à votre devise Omni modo Christus annuncietur et vivant entre vous l’amour du Christ, vous participerez avec audace à cette nouvelle «imagination de la charité» que j’appelais de mes voeux au début du nouveau millénaire (cf. Novo millennio ineunte NM 50).

4. En ce mois de mai, je vous confie à la sollicitude maternelle de la Vierge Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation, et je vous accorde de grand coeur une particulière Bénédiction apostolique, que j’étends à tous les Religieux de Saint-Vincent-de-Paul, à leurs collaborateurs, aux jeunes et aux familles qui bénéficient de leur service éducatif.

Du Vatican, le 17 mai 2002

IOANNES PAULUS II


  MESAGE À L'OCCASION DE LA DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE DU TIMOR EST



A mes frères dans l'épiscopat, les Administrateurs apostoliques de Díli et de Baucau
Aux éminentes Autorités,
Au bien-aimé peuple du Timor

A travers une solennelle célébration eucharistique, vous avez voulu rendre grâce à Dieu pour le don de la liberté et de l'indépendance de votre pays, en présence de Monseigneur Renato Martino, mon Envoyé extraordinaire.

En ce moment aussi significatif de votre histoire, alors que vous vous apprêtez à entrer dans le groupe des nations libres de la terre, je m'unis spirituellement à vous tous pour partager vos sentiments de joie et pour vous encourager à édifier une société juste, libre, solidaire et pacifique.

L'heure de la liberté est venue! Le temps de la reconstruction est arrivé! Très chers habitants du Timor, les paroles de l'Apôtre Paul retentissent pour vous: "C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Donc tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l'esclavage!" (Ga 5,1). En effet, la liberté doit toujours être défendue et préservée, que ce soit de ce qui pourrait l'emprisonner, ou de contrefaçons qui pourraient en dénaturer l'authenticité, au détriment de la personne humaine et de sa dignité. L'exhortation de l'Apôtre prend alors toute sa valeur: "Agissez en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu" (1P 2,16).

Cette patrie, que Dieu confie à vos mains actives, devra reposer sur les valeurs sans lesquelles une véritable démocratie n'existe pas: le respect de la vie et le respect de chaque personne; la solidarité effective entre les membres de la même communauté; l'ouverture à la contribution positive de chacune de ses catégories et de tous ses membres, dans le respect de leurs différentes compétences; l'attention aux besoins réels des familles et, de façon particulière, des jeunes, qui sont la promesse de l'avenir du pays qui vient de naître. Les chrétiens devront être un exemple dans tout ces domaines; d'autant plus que, comme l'enseigne la liturgie de ce dimanche de Pentecôte, ils ont reçu la force de l'Esprit Saint pour renouveler leur propre personne et le monde.

J'adresse donc à tout le cher peuple du Timor mes voeux les plus fervents de bien; en particulier à S.E. M. Kay Rala Xanana Gusmâo, Président élu de la République, à ceux qui remplissent des fonctions institutionnelles, que ce soit au niveau national ou local. C'est à eux que revient plus directement la responsabilité de veiller sur un départ correct de toutes les structures politiques et administratives, en consolidant leur caractère opérationnel et fonctionnel, pour une société dans laquelle tous puissent être les artisans d'un même projet.

J'adresse un salut fraternel et affectueux à Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo et à Mgr Basilio do Nasimento, Administrateurs apostoliques de Díli et de Baucau, et je les encourage afin que, grâce à la parole illuminée par la foi, leur exemple de vie et leur témoignage constant de fidélité à l'Evangile et de généreux service pastoral, ils continuent à être des points de référence et d'orientation sûrs. Ma pensée s'adresse également aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, qui oeuvrent inlassablement dans les paroisses, dans les écoles, dans les dispensaires, afin qu'ils puissent continuer leur précieux apostolat d'évangélisation et de promotion, que ce soit au sein des communautés catholiques ou au bénéfice de toute la population du Timor.

En donnant à tous de tout coeur la Bénédiction apostolique, j'invoque sur les Autorités de la République démocratique du Timor oriental et sur tous ceux qui travailleront pour un avenir de prospérité et de sérénité, l'assistance divine et l'intercession de Marie Immaculée, qui vous est chère sous le titre de la "Vierge d'Aitara".

Du Vatican, le 6 mai 2002.


Discours 2002 - Vendredi 17 mai 2002