Discours 2002 - Plovdiv - Cathédrale catholique, dimanche 26 mai 2002

CÉRÉMONIE DE DÉPART

Plovdiv - Aéroport, dimanche 26 mai 2002




Dignes Représentants de l’Autorité,
Chers Frères dans l’épiscopat,
Soeurs et Frères dans le Seigneur !

1. Ma visite en terre bien-aimée de Bulgarie, bien que de courte durée, a comblé mon coeur d’émotion et de joie. L’occasion a été donnée au Pape de rencontrer le peuple bulgare, d’admirer ses vertus et ses qualités, d’apprécier ses grands talents et ses généreuses énergies. Je rends grâce à Dieu qui m’a permis d’accomplir ce pèlerinage précisément au moment où se célèbre la mémoire des saints Frères Cyrille et Méthode, apôtres des peuples slaves.

J’exprime ma reconnaissance à tous ceux qui ont contribué à rendre ce voyage agréable et utile. Et tout d’abord à Monsieur le Président de la République et aux Autorités du Gouvernement qui m’ont invité, qui ont collaboré efficacement à la réalisation de la visite et qui ont honoré de leur présence les diverses rencontres.

J’adresse un remerciement chaleureux à Sa Sainteté le Patriarche Maxim, aux Métropolites et aux Évêques du Saint-Synode, ainsi qu’à tous les fidèles de l’Église orthodoxe de Bulgarie. Tout comme les catholiques, les orthodoxes ont subi eux aussi, au cours d’années encore récentes, une dure persécution à cause de leur fidélité à l’Évangile : puisse un si grand sacrifice rendre fécond le témoignage des chrétiens dans ce pays et, avec la grâce de Dieu, hâter le jour où nous pourrons jouir de la pleine unité retrouvée entre nous !

J’adresse également un salut cordial aux fidèles de l’Islam et à la communauté juive : que l’adoration de l’unique Dieu, le Très-Haut, inspire à tous des desseins de paix, de compréhension et de respect mutuels, avec le souci de bâtir une société juste et solidaire !

2. Enfin, mon au revoir s’adresse, avec des accents de particulière affection, à mes chers Frères dans l’épiscopat et à tous les fils de l’Église catholique : je suis venu en Bulgarie pour célébrer avec vous les mystères de notre foi et pour reconnaître le don sublime du martyre par lequel les bienheureux Eugen Bossilkov, Kamen Vitchev, Pavel Djidjov et Josaphat Chichkov ont confirmé leur fidélité au Seigneur. Que leur exemple constitue pour vous tous un fort encouragement à une généreuse cohérence dans la pratique de la vie chrétienne !

À la lumière de leur glorieux témoignage, je vous exhorte : «Sanctifiez dans vos coeurs le Christ qui est Seigneur. Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte» (1P 3,15). De cette manière, vous servirez efficacement la cause de l’Évangile et vous contribuerez avec une créativité originale au vrai progrès de la Bulgarie.


3. Un dernier mot à tout le cher peuple bulgare, sans distinction. Un mot qui reprend celui qui a été prononcé par mon prédécesseur le bienheureux Pape Jean XXIII au moment où il quitta ce pays en décembre 1934. Il se référa alors à une tradition irlandaise selon laquelle, la veille de Noël, toute maison doit avoir une bougie allumée sur la fenêtre pour montrer à Joseph et à Marie qu’il y a là une famille qui les attend autour de la flamme du foyer. À la foule qui était venue le saluer, Monseigneur Roncalli déclara ceci : «Si quelqu’un venant de Bulgarie doit passer près de chez moi, durant la nuit, au milieu des difficultés de la vie, il trouvera toujours à ma fenêtre la lampe allumée. Qu’il frappe! Qu’il frappe! On ne lui demandera pas s’il est catholique ou orthodoxe : frère de Bulgarie, cela suffit. Qu’il entre, deux bras fraternels et le coeur chaleureux d’un ami l’accueilleront tout en fête» (Homélie de Noël, 25 décembre 1934).

Ces paroles, le Pape de Rome les répète aujourd’hui, lui qui, en quittant le beau Pays des roses, garde dans les yeux et dans le coeur les images de ses rencontres avec vous tous.

Que Dieu bénisse la Bulgarie, qu’avec l’abondance de sa grâce il fasse ressentir à ses habitants mon affection et ma reconnaissance, et qu’il accorde à la Nation des jours de progrès, de prospérité et de paix !



  MESSAGE POUR LE 50ème ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION DE L’INSTITUT MONASTIQUE DE L'UNIVERSITÉ PONTIFICALE SAINT-ANSELME DE ROME



A l'illustre Abbé-Primat Notker WOLF, o.s.b.
Grand Chancelier de l'Université pontificale Saint-Anselme

1. J'ai appris avec grand plaisir que l'Institut monastique de l'Université pontificale Saint-Anselme de Rome s'apprête à commémorer le 50 anniversaire de sa fondation. En cette heureuse circonstance, j'ai la joie de vous adresser, ainsi qu'au corps enseignant, aux élèves et à tous ceux qui prennent part aux célébrations jubilaires, mon salut cordial ainsi que tous mes voeux.

Conçu pour être un établissement au service d'une étude méthodique de la vie et de la culture des moines, l'Institut monastique fut fondé au sein de la Faculté de théologie de l'Université pontificale, par un décret en date du 21 mars 1952, de la Sainte Congrégation pour les Séminaires, en réponse à l'ardent désir de l'Abbé-Primat Bernhard Kaelin d'attirer l'attention sur les sources littéraires et les grandes figures du monachisme, ainsi que sur la réflexion théologique et les implications institutionnelles de la vie monastique. On s'était, en effet, rendu compte de la nécessité et de l'urgence d'étudier le monachisme d'une manière systématique. Dans la Lettre qui annonçait l'ouverture de l'Institut, une tâche précise lui était confiée: "Il est nécessaire que des moines qui aient les qualités requises, capables d'enseigner à d'autres, développent une discipline scientifique méthodique. Il ne serait pas inutile d'offrir à certains jeunes prêtres, qui en auraient les capacités, la possibilité de se spécialiser pendant deux ans dans une étude de ce type" (26 mai 1952).


2. La nouvelle institution fut confiée à des chercheurs de renommée internationale, afin que de jeunes moines soient correctement formés à la spiritualité, à l'histoire et à la doctrine monastique. Parmi eux, je voudrais rappeler les noms de Cipriano Vagaggini, maître de théologie sapientielle, Basilius Stiedle et Adalbert de Vogüé, qui ont révélé l'arrière-plan patristique de la Règle de saint Benoît, ainsi que Benedetto Calati et Gregorio Penco, remarquables interprètes de l'histoire monastique.

Durant toutes ces années, l'Institut monastique a su traduire sa finalité générale en parcours didactiques concrets et en principes méthodologiques efficaces. Comment ne pas penser, par exemple, aux moines et aux religieuses formés, au moyen d'instruments de travail adaptés, à la connaissance critique et à l'étude méthodique des sources et des textes classiques du monachisme? L'occasion d'aborder l'histoire du monachisme chrétien oriental et occidental a permis la découverte d'interactions existant entre les différentes écoles de théologie, de spiritualité et de vie monastique.

Cinquante ans après, rendons grâce à Dieu pour cette institution tout à fait providentielle en faveur des divers monastères bénédictins; elle a activement contribué à tisser un rapport fécond entre la vie spirituelle et l'étude, et elle est devenue un point de référence d'une valeur reconnue, ainsi qu'un lieu de formation privilégié pour le monde monastique d'aujourd'hui.


3. A travers cet institut désormais cinquantenaire, qui a tant contribué à former une multitude de moines ainsi que de nombreuses personnes qui se sont intéressées à la connaissance critique et à l'approfondissement des sources et des textes classiques du monachisme, le service rendu à l'Eglise par l'Ordre bénédictin se place dans le sillage de la recherche de Dieu la plus vaste et la plus fascinante possible à laquelle saint Benoît, en établissant la "Schola Christi", désirait inviter ses disciples. J'encourage les autorités religieuses et universitaires à continuer d'oeuvrer sur cette voie, en poursuivant la longue et louable tradition culturelle de l'Ordre.

Que cet heureux anniversaire, également grâce aux manifestations jubilaires qui sont prévues, fasse que l'Institut monastique et l'Université Saint-Anselme puissent définir les perspectives vers lesquelles tendre, afin de promouvoir un vaste nouvel élan spirituel de toute la famille bénédictine. "Avance en eaux profondes"! Que chacun s'y applique, en harmonie avec les attentes de l'Eglise projetée dans le troisième millénaire.


4. Pour que cela soit, il est avant tout indispensable que croisse en chacun l'adhésion personnelle au Christ, seule source véritable d'une vitalité évangélique renouvelée. Ce n'est qu'à cette condition qu'il est en effet possible d'affronter avec courage les défis du temps présent. Aujourd'hui, comme par le passé, il est demandé au moine, avant toute chose, de cultiver une intimité constante avec le Maître divin. L'ora de la contemplation pourra ainsi se conjuguer de manière harmonieuse avec le labora de l'action, dans un approfondissement permanent du patrimoine monastique sans cesse enrichi, à travers les siècles, par la contribution de si nombreux monastères.

Que la Vierge Marie et le saint Père Benoît protègent ceux qui sont engagés dans l'Institut et les aident à conduire chacun de leurs projets à un accomplissement heureux. Tout en vous assurant de mon souvenir constant dans la prière, je vous donne, Père Abbé-Primat, ainsi qu'à tous ceux qui composent la famille spirituelle de l'Institut monastique et de l'Université Saint-Anselme, une Bénédiction particulière, que j'étends volontiers à ceux qui partagent la joie du cinquantième anniversaire de sa fondation.

Du Vatican, le 27 mai 2002



Juin 2002



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE ROUMANIE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Samedi 1er juin 2002



Monsieur l'Ambassadeur!

1. Je désire vous souhaiter une cordiale bienvenue, tandis que j'accepte volontiers les Lettres par lesquelles M. Ion Iliescu, Président de la République de Roumanie, vous accrédite comme nouveau Représentant extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. J'exprime ma gratitude au Premier magistrat de la nation, que vous représentez, pour les paroles d'estime et de con-sidération qu'il a voulu m'adresser à travers vous, des paroles et des sentiments auxquels je réponds cordialement.

La rencontre d'aujourd'hui me ramène à celle extraordinaire, longtemps attendue, en terre roumaine, du 7 au 9 mai 1999, et dont il demeure dans mon coeur un écho profond. En cette circonstance, j'ai pu également serrer dans mes bras le très cher et vénéré Cardinal Alexandru Todea, que le Seigneur a récemment appelé à la récompense éternelle. La cordialité avec laquelle je fus alors accueilli m'a laissé entrevoir la foi vivante d'un peuple qui, depuis les débuts de son histoire, s'est façonné sur l'annonce chrétienne, en faisant de celle-ci un des fondements de son identité nationale.

Après les années tristes et douloureuses du régime communiste, la Roumanie a emprunté la voie de la démocratie. Un témoignage concret de la maturité de ce tournant est l'alternance pacifique des partis au gouvernement. Je souhaite ardemment que ce chemin puisse se poursuivre constamment afin que la Roumanie puisse être en mesure de faire entendre sa voix avec toujours plus d'autorité en Europe et dans le monde.

2. On s'accorde généralement à dire que les réformes dans le domaine démocratique, économique et social, dans lesquelles le pays s'est depuis long-temps engagé, sont à bon point, et, en dépit de quelques difficultés, elles sont en train d'apporter des fruits positifs pour le bien de tous. Il s'agit d'efforts qui, outre favoriser le progrès souhaité à l'intérieur du pays, sont de bon augure pour l'intégration désirée de la Roumanie dans l'Union européenne, ainsi que pour son insertion dans d'autres Organisations régionales et internationales, qui l'aideront certainement à croître dans la paix et dans la sécurité.

Sur ce chemin de renouveau, l'Eglise catholique offre, à travers ses structures et dans la mesure de ses compétences, sa contribution concrète. On connaît, entre autres, les efforts que la communauté catholique accomplit dans le domaine social, éducatif et médical, ainsi que dans le délicat ministère spirituel de l'évangélisaton et du soin des âmes. L'Evangile constitue l'inspiration profonde du peuple roumain dans de nombreuses manifestations historiques, qui ont trouvé dans la foi chrétienne leur source vive.

A la lumière de ces influences spirituelles si importantes, comment ne pas encourager les efforts et les rappels à des comportements de franche honnêteté de la part de tous les acteurs de la vie du pays? L'accomplissement des devoirs, selon les normes et l'esprit de la légalité, contribue à éviter le ralentissement des réformes, l'affaiblissement du respect pour les droits de tous, et, en dernière analyse, à éviter que ne soit trahie la confiance dans la stabilité des institutions publiques. En outre, plus la nation roumaine sera unie et solidaire, plus elle saura valoriser ses diverses composantes, en oeuvrant de façon à ne privilégier aucun de ses groupes ethniques, mais faisant en sorte que tous les citoyens se sentent partie intégrante de celle-ci.

3. Au cours de ma visite en Roumanie, j'ai pu constater personnellement la bonne volonté qui anime les relations entre l'Eglise orthodoxe, majoritaire dans le pays, et l'Eglise catholique. Je me souviens avec plaisir des paroles de Sa Béatitude le Patriarche Théoctiste, mon très cher frère: j'y ai perçu la profonde conscience du devoir d'oeuvrer ensemble pour annoncer l'unique Evangile du Christ, Chemin, Vérité et Vie, dans le respect réciproque et dans la collaboration concrète.

Je sais que les initiatives à caractère oecuménique sont nombreuses et que dans divers diocèses s'est instauré un climat de véritable fraternité, d'amour réciproque et de soutien mutuel. Je prie pour que ces occasions se multiplient, afin que l'on puisse obéir toujours plus au Christ, qui demande à ses disciples d'être un (cf. Jn 17,11).



4. Certes, les difficultés ne manquent pas, mais avec la contribution de tous, elles peuvent être surmontées. Je souhaite ardemment que, par exemple, en matière de structures ecclésiales, on traduise par des réalisations concrètes les ententes trouvées jusqu'à présent entre les responsables de l'Eglise orthodoxe, de l'Eglise catholique et le Saint-Siège. "La fin de la persécution a rendu la liberté, mais le problème des structures ecclésiales attend encore sa solution définitive. Que le dialogue soit la voie pour guérir les blessures encore ouvertes et pour résoudre les difficultés qui subsistent toujours!" (Discours au Patriarche orthodoxe et aux membres du Saint-Synode au palais patriarcal, 8 mai 1999; cf. ORLF n. 20 du 18 mai 1999). Même avec la prudence nécessaire, il faudra que la Commission mixte spéciale tienne compte de l'urgence réelle, pour l'Eglise catholique, de pouvoir disposer des édifices sacrés.

Le respect et la collaboration seraient certainement renforcés si les instances civiles assumaient le devoir non seulement d'aider à trouver les solutions opportunes, mais également de restituer, selon un critère de justice, le patrimoine ecclésiastique confisqué, afin de permettre à l'Eglise catholique de disposer de ces biens pour accomplir sa mission. Il ne faut pas non plus oublier que plus l'on s'efforcera de guérir les blessures du passé, qui constituent d'éventuelles pierres d'achoppement, plus on aidera les chrétiens à consacrer leurs énergies pour le bien de la société tout entière.

5. Monsieur l'Ambassadeur, en accomplissant sa mission, l'Eglise s'efforce de conduire l'homme à réaliser pleinement sa vocation. Elle désire rencontrer l'homme dans les divers moments de sa vie: en famille, à l'école, dans le monde du travail et de la culture, dans les hôpitaux et dans tous les autres lieux dans lesquels il vit. Elle est en effet consciente d'avoir pour chacun une annonce d'espérance à proposer et des dons saints à offrir.

Pour cette raison également, je souhaite que l'Etat permette à l'Eglise d'entretenir un dialogue constant avec les autorités publiques, afin de parvenir à des accords de coopération dans les divers secteurs de la vie sociale. L'Eglise ne demande pas de privilège ou d'immunité. Au contraire, fidèle à la finalité qui lui est propre, elle désire servir chaque personne au nom du Christ et sa mission devient d'autant plus urgente lorsque l'homme souffre ou se trouve dans des situations de difficulté. Je pense ici aux nombreux problèmes liés au manque de travail, à l'émigration, à la dégradation de la famille, ainsi qu'aux obstacles qui empêchent les jeunes de se tourner avec sérénité vers l'avenir.

6. Monsieur l'Ambassadeur, au moment où vous vous apprêtez à assumer les hautes fonctions que vous a confiées le Président de la République, je suis heureux de vous assurer que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs des personnes disposées à offrir tout type d'assistance dans l'accomplissement de vos devoirs. Je vous souhaite de tout coeur de continuer à travers votre mission à renforcer les liens déjà solides existant entre votre pays et le Saint-Siège et j'invoque sur vous, ainsi que sur le très cher peuple roumain, une abondance de Bénédictions divines.




MESSAGE À MGR FRANCESCO MARINELLI, ARCHEVÊQUE D'URBIN-URBANIA-SANT'ANGELO IN VADO À L'OCCASION DE LA RÉOUVERTURE AU CULTE DE LA BASILIQUE-CATHÉDRALE




A mon vénéré Frère Francesco MARINELLI
Archevêque d'Urbin-Urbania-Sant'Angelo in Vado

1. J'ai appris avec joie que lors de la prochaine solennité de son saint Patron, le martyr Crescentino, la Basilique-Cathédrale de cet archidiocèse sera réouverte au culte, après une période de fermeture douloureuse et forcée en raison du tremblement de terre qui, il y a cinq ans, a frappé la ville d'Urbin et une vaste zone des Marches.

Je désire tout d'abord vous féliciter, vénéré Frère, ainsi que tous ceux qui ont contribué à restituer au saint édifice sa beauté architecturale et sa splendeur originelle: de cette façon, à travers les admirables oeuvres d'art qu'il contient et les nombreuses expressions de spiritualité et de culture chrétienne qui l'enrichissent, il pourra continuer à être un témoin singulier d'une histoire glorieuse. En outre, ce temple, en tant que cathédrale diocésaine, revêt pour la Communauté une signification particulièrement profonde, comme le remarquait mon prédécesseur de vénéré mémoire, le serviteur de Dieu Paul VI: "La cathédrale, dans la majesté de ses structures architecturales, représente le temple spirituel qui s'édifie intérieurement dans chaque âme, dans la splendeur de la grâce, selon les paroles de l'Apôtre: "Or c'est nous qui sommes le temple du Dieu vivant" (2Co 6,16)" (Const. apos. Mirificus eventus: Enchiridion Vaticanum, Suplementum 1, n. 72).

Dans la cathédrale se trouve la chaire de l'Evêque, signe du magistère et de l'autorité ecclésiale, ainsi que symbole de l'unité de ceux qui partagent la foi que l'Evêque, en tant que Pasteur du troupeau des croyants, conserve, proclame et partage avec l'Eglise universelle. C'est pourquoi la cathédrale doit être considérée comme le centre de la vie de l'archidiocèse; dans celle-ci, l'Evêque préside la liturgie, bénit le saint chrême et effectue les ordinations. Aimer et vénérer la cathédrale signifie aimer l'Eglise en tant que communauté de personnes unies par la même foi, par la même liturgie et par la même charité. C'est pourquoi, chacun doit accomplir tous les efforts possibles pour agir toujours dans un esprit d'unité autour de l'Evêque, "principe visible et fondement de l'unité de l'Eglise particulière" (Const. dogm. Lumen gentium LG 23).

L'Eglise cathédrale d'Urbin ne possède pas seulement une histoire glorieuse à raconter, mais elle est également l'expression d'une grande histoire à construire. Ce que j'ai proposé à tous les catholiques comme héritage du Jubilé, vaut également pour cette communauté bien-aimée. C'est pourquoi je lui dis: Eglise de Dieu qui vis à Urbin, Urbania et Sant'Angelo in Vado, "avance en eau profonde" (Lc 5,6), envisage avec confiance l'avenir, vers lequel l'Esprit te projette pour former avec tes fidèles, qui sont des pierres vivantes, le temple de l'Esprit Saint (cf. 1P 2,5).


2. Dans cette perspective de vitalité renouvelée et d'élan apostolique, je désire exprimer ma satisfaction et mon encouragement pour diverses initiatives pastorales récemment entreprises. Je me réfère tout d'abord à la réouverture, en concomitance avec cet heureux événement, du Séminaire diocésain. L'attention et le soin portés à une pastorale des vocations efficace constituent le signe sans équivoque de la vigueur de la communauté chrétienne et ils doivent toujours s'accompagner de la prière insistante au Seigneur, afin qu'il appelle de nouveaux et dignes ouvriers pour sa moisson évangélique. Je souhaite de tout coeur que ce nouveau début suscite de nombreuses et saintes vocations au sacerdoce ministériel et, de façon générale, qu'il contribue à renouveler et à rendre toujours plus efficace et fructueuse la pastorale des vocations.

En deuxième lieu, la présence dans cette ville d'une Université mérite d'être soulignée. Née de l'attention de l'Eglise pour l'approfondissement des études à caractère théologique et juridique, l'Université d'Urbin vit et oeuvre depuis toujours en étroite symbiose avec la communauté locale, créant un cadre professionnel et devenant un instrument de transmission de formes de savoir toujours renouvelées.

A ce propos, j'exprime ma vive satisfaction pour la valeur de l'attention pastorale constante à l'égard des personnes qui oeuvrent au sein des Institutions académiques, en particulier envers les étudiants qui proviennent de diverses régions d'Italie et qui se font les messagers de valeurs, d'institutions et d'attentes importantes. S'il est vrai que, au cours de sa longue histoire, l'Université n'est jamais restée étrangère à la communauté chrétienne, la croissance incessante du nombre d'étudiants et d'enseignants et le rôle que celle-ci a joué comme facteur d'innovation et de création de modèles culturels exigent aujourd'hui un supplément d'attention et de sensibilité pastorale.


3. Parmi les nombreuses initiatives entreprises par le passé, une place importante revient à l'Institut supérieur des sciences religieuses, né de l'engagement commun des Institutions ecclésiastiques locales et des autorités académiques. Depuis vingt-quatre ans, celui-ci accomplit la tâche de préparer des professeurs de religion dans les écoles et de diriger les jeunes vers l'étude et la recherche dans le domaine des sciences religieuses. C'est précisément en vertu de cette attention au domaine culturel que l'Institut est devenu toujours davantage un point de référence sûr pour les étudiants et les chercheurs qui entendent approfondir les thèmes religieux ou se confronter à la pensée contemporaine d'inspiration chrétienne, afin que le message évangélique puisse exprimer toujours mieux sa propre nature de levain et de ferment, également dans le domaine culturel.

Je sais que cette communauté diocésaine s'est engagée de façon particulière dans la formation d'un laïcat catholique compétent, en mesure de témoigner et de vivre les valeurs de la foi chrétienne non seulement dans le domaine privé, mais également dans tous les domaines de la vie et de l'activité quotidienne. A ce propos, je désire encourager l'oeuvre du "Forum permanent des laïcs", récemment constitué, et le chemin de l'Action catholique diocésaine: il s'agit de ressources plus que jamais précieuses en vue de la nouvelle évangélisation.


4. En lien avec ce qui vient d'être illustré, je ne peux que souligner l'importance du domaine pastoral constitué par le monde des jeunes. J'ai appris avec plaisir, à ce propos, l'engagement pris par l'archidiocèse de former, tant au niveau paroissial que diocésain, des formateurs pour les groupes d'enfants et de jeunes. De même, l'initiative d'apporter dans les paroisses du diocèse la "Croix des jeunes", autour de laquelle on se rencontre, on réfléchit et on prie ensemble, est particulièrement appréciable.

En pensant avec affection aux jeunes de cet archidiocèse, j'adresse une pen-sée particulière au groupe de jeunes qui participera à la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse à Toronto: j'exhorte chacun à être, dans tous les milieux, "le sel de la terre et la lumière du monde" (cf. Mt 5,13-14).

Avec ces sentiments et ces voeux, je désire me joindre spirituellement à vous, vénéré Frère, et à toute la communauté diocésaine confiée à vos soins pastoraux, pour la célébration significative du 1 juin prochain: jour de joie et de fête, de prière et de témoignage, d'espérance et d'engagement. Dans cette perspective, alors que j'invoque l'intercession céleste de la Vierge Marie et du saint martyr Crescentino, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'au clergé, aux religieux et aux religieuses, aux familles, aux jeunes, aux personnes âgées et à tous les fidèles d'Urbin-Urbania-Sant'Angelo in Vado, une Bénédiction apostolique spéciale.

Du Vatican le 27 mai 2002


  MESSAGE AU SOMMET MONDIAL SUR L'ALIMENTATION DE LA FAO (ROME, 10 - 13 JUIN 2002)




Monsieur le Président de la République italienne,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général de l’ONU
Monsieur le Directeur général de la FAO,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux d’adresser mes salutations déférentes et cordiales à chacun d’entre vous, Représentants de presque tous les pays du monde, réunis à Rome un peu plus de cinq ans après le Sommet mondial sur l’alimentation de 1996.

Ne pouvant être parmi vous en cette circonstance solennelle, j’ai demandé au Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d’État, de vous exprimer toute mon estime et ma considération pour la lourde tâche que vous devez accomplir, afin d’assurer à tous le pain quotidien.

Je voudrais adresser mes salutations particulières au Président de la République italienne et à tous les Chefs d’État et de gouvernement réunis à Rome pour ce Sommet. Au cours de mes voyages pastoraux dans différents pays du monde, comme dans les rencontres au Vatican, j’ai pu faire la connaissance personnelle de beaucoup d’entre eux : à tous j’adresse mes voeux déférents pour eux-mêmes et pour les Nations qu’ils représentent.

Mes salutations vont aussi au Secrétaire général des Nations unies, ainsi qu’au Directeur général de la FAO et aux Responsables des autres Organismes internationaux présents à cette rencontre. Le Saint-Siège attend beaucoup de leur action en faveur du progrès matériel et spirituel de l’humanité.

Pour l’actuel Sommet mondial sur l’alimentation, je formule le voeu qu’il puisse avoir les résultats escomptés: c’est ce qu’attendent des millions d’hommes et de femmes du monde entier.

Le précédent sommet de 1996 avait déjà attesté que la faim et la malnutrition ne sont pas des phénomènes seulement naturels ou structurels concernant des aires géographiques déterminées, mais qu’elles sont plutôt comme la résultante d’une plus complexe condition de sous-développement, causée par l’inertie ou l’égoïsme des hommes.

Si les objectifs du Sommet de 1996 n’ont pas été atteints, on peut l’attribuer aussi au manque d’une culture de la solidarité et à des relations internationales parfois empreintes d’un pragmatisme privé de fondement éthique et moral. Certaines statistiques sont par ailleurs préoccupantes: selon ce qu’elles indiquent, les aides aux pays pauvres apparaissent ces dernières années en diminution, et non en augmentation.

Aujourd’hui plus que jamais il est urgent que, dans les relations internationales, la solidarité devienne le critère qui inspire toute forme de coopération, tous devant être conscients de la destination universelle des biens que Dieu Créateur nous a confiés.

Il est certain que l’on attend beaucoup des techniciens, qui doivent dire quand et comment augmenter les ressources en agriculture, comment mieux distribuer les productions, comment préparer les différents programmes de sécurité alimentaire, comment penser à de nouvelles technologies pour augmenter les récoltes et étendre les élevages.

Dans le préambule de la Constitution de la FAO, on affirmait déjà l’engagement de chaque pays à augmenter son niveau de nutrition, à améliorer les conditions de l’activité agricole et des populations rurales de façon à accroître la production et à réaliser une distribution efficace des aliments en tout lieu de la planète.

De tels objectifs obligent toutefois à reconsidérer continuellement le rapport entre le droit d’être libéré de la pauvreté et le devoir de toute la famille humaine de venir concrètement au secours de ceux qui sont dans le besoin.

Pour ma part, je suis heureux que l’actuel Sommet mondial sur l’alimentation sollicite de manière renouvelée les différentes composantes de la Communauté internationale, gouvernements et institutions intergouvernementales, pour qu’elles s’engagent à toujours garantir le droit à la nutrition quand un État n’est pas en mesure d’y pourvoir tout seul\ à cause de son sous-développement et de ses conditions de pauvreté. Un tel engagement apparaît on ne peut plus nécessaire et légitime, du fait que la pauvreté et la faim risquent de compromettre à la racine l’ordre et la convivialité entre les peuples et entre les nations et qu’elles constituent une menace concrète pour la paix et la sécurité internationales.

C’est dans cette perspective que se situe l’actuel Sommet mondial sur l’alimentation, en confirmant le concept de sécurité alimentaire et en prévoyant un effort de solidarité capable de réduire de moitié, avant 2015, le nombre de personnes mal nourries et privées du nécessaire pour vivre. C’est un immense défi, dans lequel l’Église est aussi engagée au premier rang.

C’est pourquoi, l’Église catholique, sollicitée depuis toujours dans la promotion des droits humains et du développement intégral des peuples, continuera à soutenir ceux qui travaillent pour que soit assurée à tous la nourriture quotidienne. En raison de sa vocation profonde, elle est proche des pauvres de la terre et elle souhaite l’engagement efficace de tous pour que soit résolu rapidement ce problème, qui est l’un des plus graves de l’humanité.

Que Dieu Tout-Puissant, riche en miséricorde, fasse descendre sa Bénédiction sur vos personnes, sur vos travaux sous l’égide de la FAO, et sur tous ceux qui s’engagent pour le progrès authentique de la famille humaine !

Du Vatican, le 10 juin 2002.

IOANNES PAULUS II

SIGNATURE DE LA "DÉCLARATION DE VENISE"


SALUT DU PAPE JEAN PAUL II

Lundi 10 juin 2002


  Votre Sainteté,

Je suis heureux de vous faire parvenir mon salut cordial, que j'étends volontiers aux personnalités religieuses et civiles, aux participants au Congrès et à tous ceux qui sont rassemblés dans la "Sala degli Scrutini" du Palais des Doges à Venise. pour la Session de clôture du IVème Symposium écologique, promu par le Patriarcat oecuménique et consacré au thème: la mer Adriatique: une mer en danger - Unité d'intentions.

Cette liaison en duplex, grâce à laquelle nous pouvons signer de façon conjointe la "Déclaration" finale du Symposium, exprime l'unité d'intentions que le thème même de l'événement a évoquée.
Notre rencontre, bien qu'à distance, nous permet d'exprimer ensemble la volonté commune de sauvegarder la création, de soutenir et de promouvoir toute initiative visant à embellir, assainir, et préserver cette terre que Dieu nous a donnée afin que nous veillions sur elle avec sagesse et amour.

Notre rencontre d'aujourd'hui se situe peu de temps après celle d'Assise, où j'ai promu en janvier une Journée de prière pour la Paix dans le monde. Votre Sainteté a alors répondu à mon appel et a eu la courtoisie d'y participer. Aujourd'hui, c'est moi qui ai le plaisir de m'unir à Vous pour cet acte important. Je considère que nos échanges sont de véritables dons du Seigneur, qui nous indique ainsi que l'esprit de collaboration est capable de trouver de nouvelles expressions pour rendre solide et concret le témoignage de communion que le monde attend de nous.



Discours 2002 - Plovdiv - Cathédrale catholique, dimanche 26 mai 2002