Discours 2002 - MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AU CARDINAL LUBOMYR HUSAR À L'OCCASION DE L'ASSEMBLÉE DE L'ÉGLISE GRECQUE-CATHOLIQUE À UN AN DU VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE EN UKRAINE


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À LA SUPÉRIEURE GÉNÉRALE DES MISSIONNAIRES DU SACRÉ-COEUR DE JÉSUS


  A la Révérende Mère Soeur Lina Colombini
Supérieure générale des Missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus

1. A l'occasion du prochain Chapitre général de cet Institut, je suis heureux de vous transmettre, ainsi qu'à vos consoeurs du Chapitre, mon salut et mes voeux, ainsi que l'assurance de ma proximité spirituelle, témoignée par une prière particulière au Seigneur pour le bon déroulement des travaux.

Ce premier Chapitre général ordinaire du nouveau millénaire représente un moment privilégié de grâce pour la famille de Francesca Cabrini, appelée à accueillir l'invitation de Jésus à Pierre et à ses premiers compagnons à "avancer en eau profonde et à lâcher leurs filets" (cf. Lc 5,4), invitation que j'ai voulu reproposer à toute l'Eglise dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte.
"Duc in altum! Cette parole du Seigneur résonne aujourd'hui pour nous et elle nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l'avenir: "Jésus-Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais" (He 13,8)" (ibid., n. 1). La Congrégation des Missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus entre dans le troisième millénaire enrichie non seulement par l'expérience extraordinaire du grand Jubilé de l'An 2000, mais également par les fruits récoltés au cours des célébrations du 150 anniversaire de la naissance de la fondatrice, sainte Francesca Saverio Cabrini, ainsi que par celles du 50 anniversaire de sa proclamation comme patronne des migrants.

2. Le thème choisi pour le Chapitre actuel - "Avancez en eau profonde et lâchez vos filets" (Lc 5,4). Défis et prophétie de la famille de Francesca Cabrini" - se situe dans ce contexte et invite à un enthousiasme apostolique généreux, au début d'un siècle riche de défis souvent inédits, mais toujours empreints de la présence de Dieu, attentive et active. A cet égard, vos Constitutions rappellent que "la vocation de missionnaires du Sacré-Coeur engage à diffuser ce feu que Jésus est venu apporter sur la terre" (Const. 15).

C'est ce que Francesca Cabrini fit avec courage au cours d'une vie entièrement consacrée à apporter l'amour du Christ à tous ceux qui, éloignés de leur patrie et de leur famille, risquaient de s'éloigner également de Dieu. Elle répétait souvent à ses filles: "Imitons la charité du coeur adorant de Jésus dans le salut des âmes, consacrons-nous toutes à tous, pour conduire chacun à Jésus, comme lui-même le fait continuellement", et encore: "Si seulement je pouvais, ô Jésus, ouvrir les bras et embrasser le monde entier pour te le donner, oh, comme je serais contente!".

Si elles veulent suivre les traces de leur Fondatrice, ses Filles spirituelles ne peuvent pas manquer d'avancer sur les frontières de la charité, pour rendre visible l'amour miséricordieux du Christ là où la Providence les a placées pour oeuvrer.

3. Face aux conditions changeantes de la mobilité humaine, les religieuses de Mère Cabrini sont appelées à offrir un accueil attentif et solidaire aux migrants de notre temps, qui portent souvent avec eux, outre leur poids de souffrance, de solitude et de pauvreté, également un riche bagage d'humanité, de valeurs et d'espérance. Qu'elles se sentent en outre engagées à apporter un soin particulier à la promotion de la femme, en particulier dans les milieux où elle est le plus menacée et sans défense. Que l'éducation des enfants et des adolescents, la catéchèse et la pastorale des jeunes continuent à être pour elles des voies privilégiées d'évangélisation et de formation chrétienne, des voies de transmission d'une foi qui influence la culture et la vie.

Soutenues par la parole du Seigneur qui invite à "avancer en eau profonde", et attentives à l'exemple de leur Fondatrice, les Missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus se consacreront avec zèle et enthousiasme à la récolte que le Seigneur leur confie. En dépit du contexte social souvent hostile, elles ne renonceront pas à témoigner de la primauté de Dieu et, à travers leurs paroles et leur vie, elles diffuseront autour d'elles la joie de leur consécration au Christ chaste, pauvre et obéissant.

Cela suppose en elles la conscience claire que leur engagement premier et prioritaire doit être l'effort quotidien de l'ascèse chrétienne personnelle et communautaire pour se configurer au Christ, "en prenant, comme l'écrivait Mère Cabrini, Jésus comme modèle dans tous les événements et toutes nos actions, en unissant nos pas aux siens, afin de ne marcher que sur la voie de son amour".

4. Je suis certain que le désir de fidélité à la mission et au charisme originel conduira votre Institut à préserver toujours la grande valeur de la vie communautaire. Il est plus que jamais important d'édifier des communautés fraternelles, qui évangélisent en premier lieu à travers leur témoignage de vie. Que les maisons qui abritent les Missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus soient de véritables écoles de formation et de croissance humaine et spirituelle, des lieux où s'exprime l'amour de Dieu dans le service et dans la charité, dans le pardon donné et accueilli. Un tel style de vie constituera pour tous un écho éloquent de la Bonne Nouvelle et une proposition efficace pour les vocations, qui ne manquera pas de motiver les jeunes à une réflexion sérieuse sur la vie consacrée.

Un autre engagement important de l'Institut consistera à poursuivre le chemin déjà entrepris de communion et de partage de votre charisme avec les laïcs, en affrontant ensemble les défis actuels. Le désir d'être fidèles au charisme des origines, en conservant vivantes les exigences supérieures du Royaume de Dieu, ne pourra manquer de pousser chaque membre et chaque communauté à parcourir un itinéraire exigeant de formation permanente, dans l'attention constante aux défis modernes et aux signes des temps.

5. Révérende Mère, que le Seigneur guide avec la force de son esprit les travaux de votre Chapitre, afin qu'ils apportent à toute votre Famille religieuse les fruits spirituels et apostoliques souhaités.

En invoquant sur vous la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie des Grâces, que sainte Francesca Saverio Cabrini indiquait à ses filles comme Mère et Maîtresse, je vous encourage dans votre mission et je vous donne avec affection, Révérende Mère, ainsi qu'à chacune des Missionnaires du Sacré-Coeur du Christ, une Bénédiction apostolique particulière, comme signe de grâces abondantes et de joie spirituelle.

Du Vatican, le 24 juin 2002


À LA XX ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FRATERNITÉ DES PRÊTRES-OUVRIERS DIOCÉSAINS DU SACRÉ-COEUR DE JÉSUS

Samedi 6 juillet 2002


  Je suis heureux de m'adresser à vous à l'occasion de la célébration à Rome, au siège du Collège pontifical espagnol de Saint-Joseph, de votre XX Assemblée générale. A travers vous, je désire saluer également tous les membres de la Fraternité et exprimer ma gratitude pour le service ecclésial important que vous accomplissez, en particulier dans le domaine de la pastorale des vocations. Dans le même temps, je le fais dans le but principal de vous encourager à vous tourner vers l'avenir avec audace et réalisme, pour percevoir les nouveaux signes du Royaume, revitaliser et rendre plus significatif aujourd'hui votre charisme, "l'un des charismes centraux de l'Eglise", et répondre aux véritables aspirations et nécessités que les hommes ont d'orienter leur vie.

En tenant donc compte de la spécificité qui vous est propre, et en totale harmonie avec l'appel que je lance continuellement en vue de multiplier les efforts pastoraux en faveur des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée particulière, vous avez formulé l'axe central de vos travaux de ces jours-ci à travers la phrase: "La pastorale des vocations, défi de notre identité actuelle".

Vous, prêtres ouvriers diocésains, avez toujours consacré vos meilleures énergies à la pastorale des vocations sacerdotales, religieuses et apostoliques, conscients du fait qu'elles représentent le moyen universel le plus efficace pour la promotion de tous les autres domaines pastoraux.

L'Assemblée actuelle doit donc représenter un événement de grâce dans lequel vous puissiez, en réaffirmant votre fondement institutionnel authentique, puiser la vitalité, la fécondité et la radicalité encore contenues dans le charisme que vous avez hérité, pour offrir des expressions nouvelles et inédites de l'oeuvre délicate de la pastorale des vocations.

Cette tâche est, en particulier aujourd'hui, véritablement urgente et nécessaire. Elle signifie promouvoir, former et suivre les processus de naissance, de maturation et de discernement de chaque vocation ecclésiale, en particulier au ministère sacerdotal, en aidant à la découvrir comme un don et à la vivre comme une oeuvre continue d'action de grâce, car elle est un cadeau d'amour, un don de Dieu, "une gratia gratis data (charisme)" (Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis PDV 35).

Je désire vous exhorter à imiter avec courage l'audace, la créativité et la sainteté de votre fondateur, en vous adaptant, lorsque cela est nécessaire, aux nouvelles situations et nécessités, dans une docilité totale à l'inspiration divine et au discernement ecclésial. Une attention croissante à l'identité originale sera le critère certain pour rechercher des formes adaptées de témoignage capables de répondre aux exigences du moment actuel (cf. Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata VC 37).

OEuvrez donc en fidélité au charisme que le Seigneur communiqua au bienheureux Manuel Domingo y Sol, celui que mon prédécesseur le Pape Paul VI appelait le "saint apôtre des vocations sacerdotales" et dont moi-même, à l'occasion du I centenaire de la fondation de la Fraternité, j'ai écrit: "Fidèle à l'appel du Christ et docile aux insinuations de l'Esprit...] [il] sut non seulement vous indiquer des règles appropriées, [...] mais aussi vous donner par sa conduite exemplaire et ses écrits, la clé pour conformer réellement la vie sacerdotale à la mesure du don du Christ [...] pour que, hors du sein de l'Eglise germe une nouvelle famille de prêtres profondément imprégnés d'esprit évangélique et voués avec un dévouement illimité au service des hommes..." (Message de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II aux prêtres-ouvriers diocésains à l'occasion du I centenaire de la Fondation de la Fraternité, Vatican, 25 janvier 1983, cf. ORLF n. 7 du 15 février 1983).

Chers fils, poursuivez avec un courage renouvelé l'oeuvre que l'Eglise vous a confiée, en cherchant à la porter à terme à travers le style de vie et d'action qui vous caractérise: la fraternité sacerdotale. Soyez certains qu'"en ne prétendant être autre que des prêtres, et rien d'autre que des prêtres et saints" (cf. Ecrits), votre vie et votre exemple se traduiront, sans aucun doute en un élan vers tous ceux qui cherchent la "sequela Christi" radicale, en favorisant en eux "la réponse libre, mais prompte et généreuse, qui rend opérante la grâce de la vocation" (Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata VC 64). Car, en définitive, "la vocation sacerdotale est essentiellement un appel à la sainteté qui [...] est intimité avec Dieu, [...] est imitation du Christ pauvre, chaste et humble; elle est amour sans réserve envers les âmes et don de soi-même pour leur véritable bien; elle est amour pour l'Eglise qui est sainte et nous veut saints, car telle est la mission que le Christ lui a confiée" (Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis, n. PDV 33).

Portez à terme le devoir difficile qui est le vôtre, en tenant compte de l'aspect relatif à l'inculturation, car l'Institut, qui s'est étendu de sa ville natale de Tortosa aux autres pays, en particulier en Amérique latine, vit aujourd'hui une réalité multiculturelle édifiante. Faites-le toujours en harmonie totale avec les Eglises particulières où la Fraternité est présente et en étroite collaboration avec les Evêques, avec les organismes des diocèses et les Congrégations et en particulier avec ceux qui promeuvent et coordonnent de façon spécifique la pastorale des vocations, en cherchant de nouvelles voies et méthodes qui donnent un élan à ce domaine pastoral.

Confiant dans la parole du Christ "Duc in altum!" (Lc 5,4), ouvrez votre coeur à l'invitation que j'ai adressée dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte (cf. NM NM 1 NM 15 NM 56) et affrontez avec courage le défi de l'évangélisation de ce millénaire, nouveau printemps de l'Esprit, que nous venons de commencer. Ne dites jamais: nous avons tout tenté; il n'y a plus rien à faire. Au contraire, soyez toujours prêts à continuer à transformer votre engagement et votre identité d'"ouvriers" en orientations pastorales concrètes qui répondent aux exigences de votre charisme et aux nécessités de l'Eglise dans le monde d'aujourd'hui.

En retournant à vos lieux d'origine, rappelez à tous les membres de la Fraternité les paroles du Maître: "Avance en eau profonde et jetez les filets pour la pêche" (Lc 5,4). Ne cédez pas au découragement. Travaillez avec un esprit joyeux et décidé, en sachant que ce n'est pas votre oeuvre, mais l'oeuvre du Seigneur. Engagez-vous donc résolument dans le devoir incontournable de promouvoir les vocations au sein de votre Institut, de donner un élan à tout type de vocation consacrée et de sensibiliser les communautés ecclésiales où vous accomplissez votre oeuvre évangélisatrice, afin qu'elles prennent conscience du fait que les vocations au sacerdoce sont un problème vital qui est au centre même de l'Eglise. En rappelant que votre Institut possède un caractère spécifiquement eucharistique, faites en sorte que le Seigneur Sacrement soit toujours la source de toutes les grâces de vos initiatives (cf. Ecrits I, 5°-31) et que la Très Sainte Vierge, modèle de consécration et de "sequela", vous accompagne toujours dans le devoir évangélique que vous accomplissez!

Avec ces sentiments et en signe d'abondantes grâces divines, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.




MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DES CLERCS RÉGULIERS DE SAINT-PAUL


  Au Révérend Père
Giovanni Maria VILLA
Supérieur général
des Clercs réguliers
de Saint-Paul

1. A l'occasion du V centenaire de la naissance de saint Antonio Maria Zaccaria, je désire m'unir spirituellement à la joie de cette Congrégation, ainsi qu'à celle des Soeurs angéliques de Saint-Paul et du Mouvement des Laïcs de Saint-Paul, et élever au Seigneur de fervents remerciements pour avoir donné à travers lui à l'Eglise un imitateur inlassable de l'Apôtre des Nations et un modèle lumineux de charité pastorale. Je forme le voeu le plus sincère que les événements jubilaires solennels constituent une occasion précieuse pour mettre en évidence le don de la sainteté resplendissante dans l'Eglise de chaque époque, et qui au XVI siècle, trouva chez saint Antonio Maria Zaccaria un témoin singulier. Je vous souhaite, en outre, ainsi qu'à vos collaborateurs et à toute la Famille spirituelle de saint Antonio Maria Zaccaria, d'en suivre fidèlement les traces. Il conquit d'innombrables âmes à la "science de l'amour de Jésus-Christ", en suscitant une grande diversité de charisme de vie consacrée. Il a constamment désigné la sainteté comme un objectif non seulement à ses religieux engagés sur la voie de la "réforme" ou du "renouveau" spirituel, mais à tous les fidèles, auxquels il rappelait qu'ils étaient invités à devenir "non pas de petits... mais de grands saints" (Lett. XI).

Les célébrations du cinquième centenaire de la naissance du Fondateur représentent une occasion précieuse d'approfondir l'actualité de son Message. Je suis certain que la réflexion sur son amour ardent pour Jésus, "exalté sur la Croix et caché sous les voiles eucharistiques", et sur son zèle inlassable envers les âmes, constituera pour ses fils spirituels une invitation à se consacrer avec une ardeur renouvelée à l'éducation humaine et chrétienne des jeunes générations, qui représentent l'avenir de l'Eglise et de la société.



2. Dans la poursuite de cet objectif, saint Antonio Maria Zaccaria s'inspira de l'Apôtre des Nations et, pour cette raison, il aimait se définir comme "un prêtre de l'Apôtre Paul". Il indiqua ce même modèle aux Familles religieuses et au Mouvement laïc qu'il a fondés. Il avait coutume de recommander à ses disciples: "Soyez sûrs et certains que vous n'édifierez, en vous fondant sur Paul, ni foin ni bois, mais de l'or et des perles, et qu'au-dessus de vous et des vôtres s'ouvriront les cieux et leurs trésors". (Lett. VI).

A l'école de saint Paul, il apprit la loi fondamentale de la vie spirituelle entendue comme une "croissance d'instant en instant" (Lett.X), jusqu'à atteindre la stature de l'homme parfait en Jésus-Christ, en se dévêtant constamment de l'homme ancien, pour se revêtir de l'homme nouveau dans la justice et dans la sainteté. (cf. Ep 4,22-24).

Au cours de sa vie, il dut affronter des obstacles et des persécutions, mais il montra toujours un courage indomptable et sa confiance dans le Seigneur. Ces mêmes sentiments doivent aujourd'hui nourrir ceux qui appartiennent à sa Famille spirituelle. En effet, il faut affronter avec l'audace qui naît de l'amour les situations difficiles dans lesquelles se trouvent un certain nombre de vos institutions éducatives séculaires de grand mérite, pour continuer à mettre la richesse de votre tradition pédagogique au service des jeunes, de leurs familles et de la société tout entière.

De la même façon, il est nécessaire de soigner avec un zèle particulier la formation chrétienne des nouvelles générations, à travers l'annonce de la Parole de Dieu, la célébration régulière et pieuse des Sacrements, en particulier le Sacrement de Réconciliation, la direction spirituelle et les retraites et les exercices spirituels. Tout ce qui a constitué dès ses débuts un aspect spécifique du charisme barnabite, exige des Clercs réguliers de Saint-Paul un élan apostolique courageux et constant. Le Peuple de Dieu a plus que jamais besoin de guides qui fassent autorité et de nourritures spirituelles abondantes, pour accueillir et vivre le ""haut degré" de la vie chrétienne ordinaire", à travers une "pédagogie de la sainteté" pertinente (cf. Novo millennio ineunte NM 31).



3. Les paroles et l'exemple du Fondateur continuent à conduire ses fils vers une fidélité renouvelée à l'élan missionnaire, qui se nourrit de la prière fervente, et se fonde sur une solide préparation théologique et culturelle. En effet, c'est l'unique moyen de porter partout une annonce incisive et un témoignage crédible de l'Evangile (cf. Novo millennio ineunte NM 42-57) et contribuer à la vaste action de la nouvelle évangélisation, qui intéresse la communauté ecclésiale tout entière. Puisse cette Congrégation de grand mérite, en s'inspirant du patrimoine spirituel de son Fondateur, suivre avec fermeté la voie de Dieu (cf. Serm. VI), pour porter une "vitalité spirituelle" (Lett. V) au Peuple de Dieu.

Très chers frères et soeurs, ne craignez pas d'engager une lutte ouverte à la médiocrité, au compromis, et à toute forme de tiédeur, que le saint Fondateur définissait comme "pestifère, le plus grand ennemi du Christ crucifié, et qui règne avec tant de force à notre époque" (Lett. V). Que chacun ait soin de faire fructifier les dons reçus et de persévérer dans la prière et dans les oeuvres de l'amour, en maintenant vive en toute circonstance la confiance dans la Divine Providence.



4. Saint Antonio Maria Zaccaria ne se préoccupait pas seulement de rappeler constamment aux laïcs l'appel universel à la sainteté, mais il essayait de les faire participer à l'évangélisation. En imitant son exemple, vous aussi, chers Barnabites, aux côtés des Soeurs angéliques et des laïcs de Saint-Paul, n'hésitez pas à encourager ceux qui se sentent appelés à témoigner du charisme de votre Fondateur dans les divers domaines de la vie sociale. Promouvez également une pastorale des vocations attentive et actuelle pour accompagner et soutenir ceux que le Seigneur appelle à la vie consacrée.

La triple Famille spirituelle fondée par saint Antonio Maria Zaccaria qui, sur son exemple, suit les traces de saint Paul, grandira ainsi dans une communion d'intentions et de coeurs, et sera capable de reproposer avec une ardeur toujours nouvelle le chemin de la sainteté aux hommes et aux femmes de notre temps. Que le Seigneur, par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, dont saint Antonio Maria Zaccaria fut un dévot tendre et fidèle, suscite en chaque membre de cet institut l'enthousiasme et le courage du bien au service de Dieu et de nos frères dans le besoin.

Avec ces voeux, je vous donne de tout coeur, à vous, Révérend Père, ainsi qu'aux confrères barnabites, aux Soeurs angéliques et aux membres du Mouvement laïc de Saint-Paul une Bénédiction apostolique particulière, propitiatrice de grâce et d'une ferveur spirituelle et apostolique renouvelée.

Du Vatican, le 5 juillet 2002.

JEAN-PAUL II



MESSAGE À L'ÉVÊQUE D'ALBANO À L'OCCASION DU CENTENAIRE DE LA MORT DE SAINTE MARIA GORETTI

A mon Vénéré frère Mgr Agostino VALLINI
Evêque d'Albano

1. Il y a cent ans, le 6 juillet 1902, à l'hôpital de Nettuno, mourait Maria Goretti, sauvagement poignardée le jour précédent dans le petit village de Le Ferriere, dans l'Agro Pontino. En raison de son histoire spirituelle, de la force de sa foi, de sa capacité à pardonner son bourreau, elle figure parmi les saintes les plus aimées du XXème siècle. C'est donc de façon opportune que la Congrégation de la Passion de Jésus-Christ, à laquelle est confié le soin du Sanctuaire dans lequel repose la dépouille mortelle de la sainte, a voulu célébrer cet événement avec une solennité particulière.

Sainte Maria Goretti fut une jeune fille à laquelle l'Esprit de Dieu accorda le courage de rester fidèle à la vocation chrétienne, jusqu'au sacrifice suprême de la vie. Son jeune âge, le manque d'instruction scolaire et la pauvreté du milieu dans lequel elle vivait n'empêchèrent pas à la grâce de manifester ses prodiges en elle. C'est même précisément dans ces conditions qu'apparut de façon éloquente la prédilection de Dieu pour les personnes humbles. Les paroles avec lesquelles Jésus bénit le Père céleste pour s'être révélé aux petits et aux humbles, plutôt qu'aux sages et aux savants du monde (cf. Mt 11,25) nous reviennent à l'esprit.

Il a été observé à juste titre que le martyre de sainte Maria Goretti ouvrit ce qui devait être appelé le siècle des martyrs. C'est précisément dans cette perspective, au terme du grand Jubilé de l'An 2000, que j'ai souligné comment "la vive conscience de la pénitence ne nous a pas empêchés de rendre gloire au Seigneur pour ce qu'il a fait au cours de tous les siècles, en particulier au cours du siècle que nous laissons derrière nous, assurant à son Eglise une vaste cohorte de saints et de martyrs" (Novo millennio ineunte NM 7).


2. Maria Goretti, née à Corinaldo, dans les Marches, le 16 octobre 1890, dut très tôt prendre la route de l'émigration avec sa famille, arrivant, après plusieurs étapes, à Le Ferriere di Conca, dans l'Agro Pontino. Malgré les problèmes liés à la pauvreté, qui ne lui permirent pas d'aller à l'école, la petite Marie vivait dans un milieu familial serein et uni, animé par la foi chrétienne, où les enfants se sentaient accueillis comme un don et étaient éduqués par leurs parents au respect d'eux-mêmes et des autres, ainsi qu'au sens du devoir accompli par amour de Dieu. Cela permit à la petite fille de grandir de façon sereine en nourrissant en elle une foi simple, mais profonde. L'Eglise a toujours reconnu à la famille le rôle primordial et fondamental de lieu de sanctification pour ceux qui en font partie, à commencer par les enfants.

Dans ce contexte familial, Marie acquit une solide confiance dans l'amour providentiel de Dieu, une confiance qui s'est manifestée en particulier au moment de la mort de son père, frappé par la malaria. "Maman, ne perds pas courage, Dieu nous aidera", disait la petite fille dans ces moments difficiles, réagissant avec force au profond vide laissé en elle par la mort de son père.


3. Dans l'homélie pour sa canonisation, le Pape Pie XII, de vénérée mémoire, indiqua Maria Goretti comme "la petite et douce martyre de la pureté" (cf. Discours et radio-messages, XII [1950-1951], 121), car malgré la menace de mort, elle ne manqua pas au commandement de Dieu.

Quel exemple lumineux pour la jeunesse! La mentalité privée d'engagements, qui envahit une grande partie de la société et de la culture de notre temps, a parfois du mal à comprendre la beauté et la valeur de la chasteté. Il ressort du comportement de cette jeune sainte une perception élevée et noble de sa propre dignité et de celle d'autrui, qui se reflétait dans les choix quotidiens, en leur conférant pleinement leur sens humain. N'y a-t-il pas en tout cela une leçon d'une grande actualité? Face à une culture qui accorde trop d'importance à l'aspect physique de la relation entre homme et femme, l'Eglise continue à défendre et à promouvoir la valeur de la sexualité comme un élément qui touche chaque aspect de la personne et qui doit donc être vécu selon une attitude intérieure de liberté et de respect réciproque, à la lumière du dessein originel de Dieu. Dans cette perspective, la personne se découvre être à la fois la destinataire d'un don et appelée à devenir, à son tour, un don pour l'autre.

Dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, j'observai que "dans la vision chrétienne du mariage, la relation entre un homme et une femme - relation réciproque et totale, unique et indissoluble - répond au dessein originel de Dieu, qui s'est obscurci dans l'histoire par la "dureté du coeur", mais que le Christ est venu restaurer dans sa splendeur originelle, en révélant ce que Dieu a voulu "depuis le commencement" (Mt 19,8). Dans le mariage, élevé à la dignité de sacrement, est aussi exprimé le "grand mystère" de l'amour sponsal du Christ pour son Eglise (cf. Ep 5,32)" (NM 47).

Il est indéniable que l'unité et la stabilité de la famille humaine doivent aujourd'hui faire face à de nombreuses menaces. Mais, heureusement, à côté de celles-ci, on constate une conscience renouvelée des droits des enfants à être élevés dans l'amour, protégés de tous les types de dangers et formés de façon à pouvoir, à leur tour, affronter la vie avec force et confiance.


4. Dans le témoignage héroïque de la sainte de Le Ferriere, le pardon offert à l'assassin et le désir de pouvoir le retrouver, un jour, au paradis est également digne d'une attention particulière. Il s'agit d'un message spirituel et social d'une importance extraordinaire pour notre temps.

Le récent grand Jubilé de l'An 2000, parmi d'autres aspects, a été caractérisé par un profond appel au pardon, dans le contexte de la célébration de la miséricorde de Dieu. L'indulgence divine pour les difficultés humaines se présente comme un modèle exigeant de comportement pour tous les croyants. Le pardon, dans la pensée de l'Eglise, ne signifie pas relativisme moral ou permissivité. Au contraire, il exige la pleine reconnaissance de la faute et la prise en charge de ses propres respon-sabilités, comme condition pour retrouver la paix véritable et reprendre avec confiance son chemin sur la route de la perfection évangélique.

Puisse l'humanité avancer de façon décidée sur la voie de la miséricorde et du pardon! L'assassin de Maria Goretti reconnut la faute commise, il demanda pardon à Dieu et à la famille de la martyre, il expia avec conviction son crime et garda pendant toute sa vie cette disposition d'esprit. La mère de la sainte, pour sa part, lui offrit sans réticence le pardon de la famille, dans la salle du tribunal où se tint le procès. Nous ne savons pas si ce fut la mère qui enseigna le pardon à sa fille ou le pardon offert par la martyre sur son lit de mort qui détermina le comportement de sa mère. Il est toutefois certain que l'esprit de pardon animait les relations au sein de toute la famille Goretti, et c'est pourquoi il put s'exprimer avec tant de spontanéité chez la martyre et sa mère.


5. Ceux qui connaissaient la petite Maria, dirent le jour de ses funérailles: "Une sainte est morte!". Son culte s'est diffusé sur tous les continents, suscitant partout l'admiration et la soif de Dieu. En Maria Goretti resplendit le caractère radical des choix évangéliques, qui ne connaît pas d'obstacles, mais au contraire est soutenu par les sacrifices inévitables requis par l'appartenance fidèle au Christ.

Je montre l'exemple de cette sainte en particulier aux jeunes, qui sont l'espérance de l'Eglise et de l'humanité. A la veille, désormais, de la XVIIème Journée mondiale de la Jeunesse, je désire leur rappeler ce que j'ai écrit dans le Message qui leur était adressé en préparation à cet événement ecclésial tant attendu: "Au plus fort de la nuit, on peut se sentir apeuré et peu sûr, et l'on attend alors avec impatience l'arrivée de la lumière de l'aurore. Chers jeunes, il vous appartient d'être les sentinelles du matin (cf. Is 21,11-12) qui annoncent l'arrivée du soleil qui est le Christ ressuscité!" (n. 3).

Marcher sur les traces du divin Maître comporte toujours une prise de position décidée en Sa faveur. Il faut s'engager à le suivre partout où il va (cf. Ap Ap 14,4). Toutefois, les jeunes savent qu'ils ne sont pas seuls sur ce chemin. Sainte Maria Goretti et les nombreux adolescents qui, au cours des siècles, ont payé par le martyre l'adhésion à l'Evangile, se trouvent à leurs côtés pour communiquer à leurs âmes la force de rester fermes dans la foi. C'est ainsi qu'ils pourront être les sentinelles d'un matin radieux, illuminé par l'espérance. Que la Très Sainte Vierge, Reine des Martyrs, intercède pour eux!

En élevant cette prière, je m'unis spirituellement à tous ceux qui prendront part aux célébrations jubilaires au cours de ce centenaire et je vous envoie, Vénéré pasteur diocésain, ainsi qu'aux Pères passionnistes bien-aimés qui oeuvrent dans le Sanctuaire de Nettuno, aux fidèles de sainte Maria Goretti et, en particulier, aux jeunes, une Bénédiction apostolique spéciale, propitiatoire d'abondantes faveurs célestes.

Du Vatican, le 6 juillet 2002




  MESSAGE DE JEAN-PAUL II POUR LE Xème ANNIVERSAIRE DE LA CRÉATION DE LA FONDATION POPULORUM PROGRESSIO


  A Mgr Paul Josef Cordes
Archevêque titulaire de Naïssus
Président du Conseil Pontifical "Cor Unum"
Président de la Fondation Populorum Progressio

Je désire faire parvenir, par votre intermédiaire, un salut cordial aux Evêques membres du Conseil d'Administration de la Fondation Populorum Progressio et à leurs collaborateurs, qui se réunissent cette année en la ville de Sucre (Bolivie) pour célébrer le Xème anniversaire de la création de cette institution.

L'aide aux pauvres est un impératif évangélique, qui s'adresse avec vigueur à tous les chrétiens, car ils ne sauraient se détourner du prochain qui est dans le malheur (cf. Lc 10,33-35). A cet égard, je constate avec tristesse que, si dans certains pays en voie de développement une grande partie de la population souffre du fléau de la pauvreté, les groupes plus marginaux sont privés même de l'indispensable. C'est pourquoi j'ai désiré contribuer à pallier les effets de cette terrible situation en créant, il y a dix ans, la Fondation Populorum Progressio (13 février 1992) pour s'occuper tout spécialement des populations indigènes, métisses et afro-américaines d'Amérique latine. Elle veut être un signe qui exprime ma proximité aux personnes qui se trouvent en situation de grave pénurie et qui fréquemment sont laissés-pour-compte de la société ou même des autorités, souvent incapables de leur venir en aide. Cet organisme prend des initiatives concrètes pour manifester l'amour de Dieu envers tous les hommes, particulièrement envers les pauvres (cf. Lc 7,22).

Cette Fondation finance, chaque année, le plus grand nombre possible de projets par lesquels elle favorise le développement intégral de communautés paysannes les plus pauvres. Ainsi, de 1993 à 2001, 1.596 projets ont été soutenus pour un montant total de US$ 13.142.529, grâce surtout à la générosité des catholiques italiens, centralisée à travers la Conférence Épiscopale Italienne, et grâce aux dons d'autres bienfaiteurs et organismes ecclésiaux.

Il convient de rappeler que les Eglises locales en Amérique latine participent également au financement des projets. En outre, une des caractéristiques du travail de la Fondation est que ceux qui sont responsables de l'approbation des projets et de la distribution des fonds sont issus des zones mêmes où ces projets se réalisent. Le Conseil d'Administration est, en effet, composé de six Evêques de l'Amérique latine et des Caraïbes, chargés d'examiner les demandes présentées et d'en délibérer.

Dans diverses régions de l'Amérique latine, la situation sociale reste malheureusement très difficile. Les Etats et les Eglises particulières en chaque pays, dans leur sphère respective de compétence, doivent s'efforcer d'améliorer les conditions de vie de tous, sans exclure personne. La persistance d'injustices et de corruption en milieu politique et social aggrave aussi les causes de cette situation. En outre, dans certains pays, la dette extérieure atteint des chiffres astronomiques et empêche le développement économique. C'est pourquoi le Saint-Siège se sent le devoir de signaler ce fléau qui paralyse les énergies et l'espérance en un avenir meilleur. Comme je le rappelais dans l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America, les catholiques, où qu'ils soient, doivent se sentir appelés à collaborer, car " la charité fraternelle exige une attention à toutes les nécessités du prochain. 'Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s'il voit son frère dans le besoin sans se laisser attendrir, comment l'amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ?' (1Jn 3,17) " ().

Pour nous chrétiens la parole de Dieu ne nous libère pas de l'obligation pressante d'offrir notre aide et de nous engager dans la recherche de la vraie justice. Elle nous exhorte aussi à prendre soin de nos frères et soeurs qui sont réellement dans le besoin. Notre condition d'évangélisateurs nous y pousse d'ailleurs également, puisqu'il y existe un lien étroit entre l'évangélisation et la promotion humaine, le bien accompli favorisant l'accueil de la Bonne Nouvelle. Et d'autre part, les oeuvres de charité rendent plus crédible la prédication elle-même.

Je désire donc exprimer ma gratitude à tous ceux qui, au long de ces dix années, se sont dépensés pour maintenir les structures et les activités de la Fondation Populorum Progressio: évêques, prêtres et laïcs. Grâce à eux, les projets ont pu être réalisés correctement, en contrôlant et en assurant le financement ; leur généreux dévouement a contribué aussi à faire connaître la réalité de la Fondation, promouvant ainsi parmi les bénéficiaires et les communautés chrétiennes la confiance en l'aide de Dieu et l'espérance en un avenir meilleur.

Je prie pour l'heureuse issue de cette réunion, implorant la lumière de l'Esprit Saint afin qu'il fasse discerner la meilleure voie pour poursuivre ce travail important; je confie les travaux de la rencontre à l'intercession maternelle de la Vierge Marie qui, sous le vocable de Notre-Dame de Guadalupe, est vénérée par tout le continent américain. En outre, en signe gratitude ecclésiale, j'accorde à tous les membres de cette Fondation, et à ses bienfaiteurs, une particulière Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 14 juin 2002

JOANNES PAULUS II



Discours 2002 - MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AU CARDINAL LUBOMYR HUSAR À L'OCCASION DE L'ASSEMBLÉE DE L'ÉGLISE GRECQUE-CATHOLIQUE À UN AN DU VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE EN UKRAINE