Discours 2003 - Samedi, 10 mai 2003


AUX COLLÈGES PONTIFICAUX DES EGLISES CATHOLIQUES ORIENTALES DE ROME

Lundi 12 mai 2003


Béatitude,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers élèves!

1. Je suis heureux de souhaiter à chacun de vous une cordiale bienvenue. C'est avec une grande joie que je rencontre aujourd'hui les Supérieurs et les étudiants des Collèges pontificaux et des Communautés de formation des Eglises catholiques orientales à Rome.

Je salue tout d'abord le Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, le Cardinal Ignace Moussa I Daoud, et je le remercie des paroles cordiales à travers lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments communs. Mon salut s'étend également au Secrétaire, au Sous-Secrétaire, aux membres et au personnel du dicastère, ainsi qu'aux Supérieurs des séminaires, des Collèges et à toutes les personnes présentes.

2. Cette heureuse occasion me rappelle à l'esprit les visites apostoliques qu'au cours des dernières années, j'ai pu effectuer dans les Communautés ecclésiales auxquelles vous appartenez. Je garde dans mon coeur le souvenir fraternel de vos Patriarches, des Evêques, des prêtres, et de tout le Peuple de de Dieu, que j'ai eu l'occasion de rencontrer. Je me souviens également très bien des problématiques complexes et des défis que les Eglises catholiques d'Orient sont appelées à affronter à notre époque.

En tournant ensuite le regard vers un grand nombre de vos pays, c'est de façon spontanée que je forme à nouveau avec force le voeu que la paix se consolide toujours davantage dans ces régions; que des solutions équitables et pacifiques restituent la concorde et de bonnes conditions de vie à des populations déjà tant éprouvées par des ten-sions et des oppressions injustes. Veuille le Seigneur éclairer les responsables des nations, afin qu'ils se prodiguent avec courage, dans le respect du droit, pour le bien de tous et la liberté de chaque communauté religieuse.

3. Je suis reconnaissant à la Congrégation pour les Eglises orientales qui prend soin de la formation des séminaristes et des prêtres, qui collabore avec les Instituts religieux et qui les soutient dans la préparation de leurs membres, qui aide à préparer à l'apostolat des laïcs, hommes et femmes, compétents. Cette activité louable s'articule en diverses initiatives qui comprennent le domaine des études orientales, celui de la liturgie propre à chaque tradition rituelle, la formation permanente à tous les niveaux et une mise à jour constante des expériences pastorales. L'activité du dicastère comprend également l'institution, depuis l'année académique actuellement en cours, du Collège Saint-Ephrém de via Boccea, dans lequel est offert à des prêtres, de divers rites mais de langue arabe, un lieu adapté pour la prière, pour les études ecclésiastiques et pour une activité apostolique profitable.

A vous, chers Supérieurs des séminaires, je demande de mener à bien avec dévouement l'oeuvre précieuse que vous accomplissez déjà à l'égard des élèves confiés à vos soins. Vous leur assurez un accompagnement spirituel, une éducation humaine et le discernement de leur vocation, le perfectionnement dans les études théologiques et ecclésiastiques, l'approfondissement culturel et de défense de l'identité rituelle, de maturation ecclésiale et pastorale.

Quant à vous, chers élèves, séminaristes et prêtres, religieux et religieuses, chers laïcs et laïques, sachez mettre à profit les diverses opportunités qui vous sont offertes à Rome, afin de pouvoir mieux servir vos communautés à l'avenir.

4. Dans Orientale Lumen, je remarquais qu'il est indispensable de promouvoir la connaissance des uns et des autres pour développer la compréhension réciproque et l'unité. Et j'offrais ensuite quelques orientations, que je reprends ici, afin qu'elles constituent également pour vous une référence constante en ce qui concerne le programme et la pédagogie. J'entends, en particulier, parler de la connaissance de la liturgie des Eglises d'Orient et des traditions spirituelles des Pères et des Docteurs de l'Orient chrétien.

Il faut prendre exemple sur les Eglises d'Orient pour l'inculturation du message de l'Evangile: éviter les tensions entre Latins et Orientaux et encourager le dialogue entre catholiques et orthodoxes. Il est en outre utile de former, dans des institutions spécialisées, pour l'Orient, des chrétiens qui soient des théologiens, des liturgistes, des historiens et des canonistes en mesure de diffuser, à leur tour, la connaissance des Eglises d'Orient, ainsi que de dispenser, dans les séminaires et dans les facultés de théologie, un enseignement adapté sur ces matières, en particulier pour les futurs prêtres (cf. n. 24).

5. Je confie ces suggestions à votre réflexion, alors que j'invoque sur chacun de vous et sur vos Communautés la protection maternelle de Marie, "Reine du Saint Rosaire".

Je suis proche de vous avec affection et, en vous assurant de ma prière, je donne de tout coeur à tous une Bénédiction apostolique spéciale, que j'étends volontiers à vos proches, aux collaborateurs des Collèges, aux Communautés auxquelles vous appartenez et à ceux qui, à travers leur charité, soutiennent votre oeuvre d'éducation si importante pour la Mission de l'Eglise en Orient.



AUX ÉVÊQUES DE RITE SYRO-MALABAR DE L'INDE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Mardi 13 mai 2003




Eminence, Vénérable Archevêque majeur,
Chers frères Evêques,

1. "Paix à vous" (Jn 20,26). En ce temps de Pâques, il est opportun que je vous salue, Evêques de l'Eglise syro-malabare, en reprenant les mots avec lesquels notre Seigneur Ressuscité a réconforté votre Père dans la foi, saint Thomas. En effet, les origines de votre Eglise sont directement liées à l'aube de la chrétienté et à l'engagement missionnaire des Apôtres. Dans un certain sens, votre voyage jusqu'ici pour me rencontrer réunit les Apôtres Pierre et Thomas dans la joie de la Résurrection, alors que nous nous unissons pour proclamer au bien-aimé peuple de l'Inde "un héritage exempt de corruption, de souillure, de flétrissure" (1P 1,4). Je salue en particulier S.Em. le Card. Varkey Vithayathil, Archevêque majeur de de l'Eglise syro-malabare, et je désire le remercier pour les saluts et les sentiments qu'il a exprimés au nom de l'épiscopat, du clergé et des fidèles de toute l'Eglise syro-malabare.

2. La liturgie de l'Eglise syro-malabare, qui constitue depuis des siècles une partie riche et variée de la culture indienne, est l'expression la plus vivante de l'identité de vos peuples. La célébration du mystère eucharistique selon le rite syro-malabar a joué un rôle vital dans la formation de l'expérience de la foi en Inde (cf. Ecclesia in Asia ). Etant donné que "l'Eucharistie, présence salvifique de Jésus dans la communauté des fidèles et nourriture spirituelle pour elle, est ce que l'Eglise peut avoir de plus précieux dans sa marche" (Ecclesia de Eucharistia EE 9), je vous exhorte à préserver et à renouveler avec un grand soin ce trésor, en ne permettant jamais qu'il soit utilisé comme source de division. Vous réunir autour de l'autel dans la "Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout" (Ep 1,23), vous définit non seulement comme un peuple eucharistique, mais est également une source de réconciliation qui aide à surmonter les obstacles qui peuvent bloquer le chemin vers l'unité des esprits et des objectifs. En tant que principaux gardiens de la liturgie, vous devez toujours être vigilants afin que soient évitées des expériences injustifiées de la part de certains prêtres qui violent l'intégrité même de la liturgie et qui peuvent également gravement porter atteinte aux fidèles (cf. Ecclesia de Eucharistia EE 10).

Je vous encourage dans vos efforts visant à renouveler votre "patrimoine rituel" à la lumière des documents conciliaires, en prêtant une attention particulière à Orientalium Ecclesiarum et en vous inscrivant dans le cadre du Code de Droit canonique des Eglises orientales et de ma Lettre apostolique Orientale lumen. Je suis certain qu'avec prudence, patience et une catéchèse adaptée ce processus de renouveau portera des fruits abondants. Les nombreux résultats positifs déjà obtenus par vos efforts rendent cette tâche moins décourageante et ils constitueront une source de force à l'avenir. Je vous encourage à poursuivre ce travail fondamental de façon à ce que la liturgie ne soit pas seulement étudiée, mais également célébrée dans toute son intégrité et sa beauté.

3. De même, il y a besoin d'un engagement constant dans la charité fraternelle et dans la collaboration pour le bon fonctionnement d'un Synode des Evêques. A ce propos, je désire faire l'éloge de votre profond dévouement à ce chemin partagé: un signe de force, de confiance et d'unité entre les Evêques syro-malabars et "une façon particulièrement éloquente de vivre et de manifester le mystère de l'Eglise comme communion" (cf. Discours au Synode des Evêques de l'Eglise syro-malabare, 8 janvier 1996). Le Synode, en effet, est l'une des expressions les plus nobles de la collégialité affective entre Evêques et il représente un forum adapté pour discuter de questions sérieuses sur la foi et sur la société dans le but de trouver des solutions aux défis qui se présentent à la communauté syro-malabare (cf. Orientalium Ecclesiarum OE 4). Préserver cette unité nécessaire exige sacrifice et humilité. Ce n'est qu'à travers des efforts réciproques concertés que vous pouvez "soutenir des oeuvres communes qui entendent promouvoir plus rapidement le bien de la religion, protéger de façon plus efficace la discipline ecclésiastique et également promouvoir de manière plus harmonieuse l'unité de tous les chrétien" (cf. CCEO CIO 84).

4. La question du soin pastoral des catholiques orientaux en Inde et à l'étranger continue à représenter une priorité pour la Conférence des Evêques catholiques de l'Inde et du Synode syro-malabar. A ce propos, je voudrais souligner "la nécessité urgente de surmonter les peurs et les incompréhensions qui apparaissent parfois entre les Eglises orientales catholiques et l'Eglise latine (...) particulièrement en ce qui concerne la sollicitude pastorale envers leurs fidèles, même hors de leurs territoires propres" (Ecclesia in Asia ). Il est encourageant de constater les pas que vous avez déjà accomplis pour chercher à résoudre ce problème. Je suis certain que vous continuerez à travailler en contact étroit avec vos frères évêques de rite latin et avec le Saint-Siège dans le but d'assurer que les syro-malabars en Inde et dans le monde reçoivent le soutien spirituel qu'ils méritent dans le strict respect des dispositions canoniques qui, comme nous le savons, sont des moyens appropriés pour préserver la communion ecclésiale (cf. Christus Dominus CD 23 CIC 383 CIC 2 CCEO CIC 916,4). Il est nécessaire d'effectuer une claire distinction entre l'oeuvre d'évangélisation et celle du soin pastoral des catholiques orientaux. Celle-ci doit toujours être effectuée avec respect pour les Evêques locaux, qui ont été appelés par l'Esprit Saint à gouverner la sainte Eglise de Dieu en union avec le Pontife Romain, Pasteur de l'Eglise universelle.

5. La charité exhorte chaque chrétien à aller proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ jusqu'aux extrémités de la terre. Comme le dit l'Apôtre, "Annoncer l'Evangile en effet n'est pas pour moi un titre de gloire: c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile!" (1Co 9,16). L'évangélisation se trouve au centre même de la foi chrétienne. L'Inde, bénie par un grand nombre de cultures différentes, est une terre où la population aspire à Dieu; cela fait de votre liturgie typiquement indienne un excellent mode d'évangélisation (cf. Ecclesia in Asia ).

L'évangélisation authentique est sen-sible à la culture et aux usages locaux, respectant toujours le "droit inaliénable" de chacun à la liberté de religion. A ce propos, le principe suivant reste valable: "L'Eglise propose, elle n'impose rien" (Redemptoris missio RMi 39). C'est pourquoi, dans vos relations avec les frères et soeurs des autres religions, je vous encourage à "discerner et accueillir tout ce qui est bon et saint chez chacun, afin que nous puissions reconnaître, protéger et promouvoir les vérités morales et spirituelles qui seules garantissent l'avenir du monde" (cf. Discours aux représentants d'autres religions et d'autres confessions chrétiennes en Inde, 7 novembre 1999). Toutefois, cette ouverture ne pourra jamais affaiblir l'obligation de proclamer Jésus Christ comme "le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14,6). De fait, l'Incarnation de Notre Seigneur enrichit toutes les valeurs humaines, leur permettant de porter des fruits nouveaux et meilleurs.

6. Je m'unis à vous pour rendre grâce, car vos éparchies ont été bénies par de nombreux prêtres et religieux. Je les assure tous de mes prières pour la bonne issue de leur ministère et pour leur fidélité constante à leur vocation. Le poids de votre mission pastorale ne pourrait être porté sans le clergé, dont les prêtres sont vos collaborateurs dans le saint ministère. La confiance nécessaire que vous accordez aux prêtres vous pousse à promouvoir un lien profond avec eux. Ce sont vos fils et vos amis. En tant que leurs pères et confidents vous devez toujours être "prêts à les écouter, entretenir avec eux des relations confiantes et promouvoir ainsi la pastorale d'ensemble du diocèse tout entier" (Christus Dominus CD 16).

De même, les religieux confiés à vos soins sont les membres de votre famille. Le témoignage donné par autant d'hommes et de femmes consacrés à une vie de chasteté, de pauvreté et d'obéissance apporte un signe authentique de contradiction dans un pays qui se sécularise toujours davantage. "Dans un monde où le sens de la présence de Dieu est souvent amoindri, les personnes consacrées doivent donner un témoignage convaincant et prophétique de la primauté de Dieu et de la vie éternelle" (Ecclesia in Asia ). L'évêque doit se prodiguer pour assurer que les candidats à la vie religieuse soient préparés à affronter ce défi à travers une préparation spirituelle et théologique adaptée. Je suis certain que vous encouragerez les religieux dans vos éparchies à continuer à revoir, à perfectionner et à améliorer leurs programmes de formation, afin qu'ils puissent faire face aux exigences spécifiques de la communauté syro-malabare.

7. Votre visite "ad limina" vous donne l'opportunité, en tant que Pasteurs d'Eglises particulières, de me présenter la façon dont l'Esprit Saint agit dans vos éparchies. En union fraternelle avec votre Vénérable Archevêque majeur, vous avez partagé les défis et les résultats qui caractérisent l'Eglise syro-malabare et ses membres fidèles, alors qu'ils cherchent chaque jour à réaliser leurs promesses baptismales. En cette année du Rosaire, je vous confie, ainsi que votre clergé, les religieux et les laïcs, à la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, et je vous donne ma Bénédiction apostolique.



AUX ÉVÊQUES DE RITE SYRO-MALANKAR DE L'INDE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Mardi 13 mai 2003


  Votre Grâce,
Chers frères Evêques,

1. "Christo pastorum Principi". En répétant les paroles prononcées par mon illustre prédécesseur, le Pape Pie IX, lorsqu'il a reçu vos prédécesseurs dans la pleine communion, il y a un peu plus de soixante-dix ans, je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue, Evêques de l'Eglise syro-malankare, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum". Ici avec vous, je me rapproche davantage des prêtres, des religieux et des fidèles laïcs de vos éparchies. En effet, alors que votre communauté célèbre le cinquantième anniversaire de la mort de l'Archevêque Mar Ivanios, un inlassable apôtre de l'unité, il est opportun que vous vous retrouviez auprès des tombes des Apôtres Pierre et Paul, en priant avec le Christ "ut omnes unum sint".Je profite de cette occasion pour saluer en particulier l'Archevêque Cyril Mar Baselios. Je vous suis reconnaissant des bons voeux que vous avez exprimés au nom du clergé, des religieux et des fidèles de l'Eglise syro-malankare.

Alors que nous rendons grâce ensemble pour ces importantes pierres milliaires dans votre vie ecclésiale, nous rappelons également les multiples bénédictions que votre Eglise a reçues au cours d'une période relativement brève. Vous êtes devenus l'une des communautés catholiques du monde dont la croissance est la plus rapide, qui peut se glorifier de nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie religieuse, et votre pusillus grex est le foyer de nombreuses institutions éducatives et d'assistance. La Loi nouvelle du Christ, qui nous exhorte à franchir les limites de la famille, de la race, de la tribu ou de la nation, se manifeste de façon concrète à travers votre générosité envers les autres (cf. Mt 5,44).

2. Un engagement courageux dans l'amour chrétien, dont votre communauté syro-malankare a donné la preuve si clairement, est le résultat d'une spiritualité forte et dynamique. Le peuple de l'Inde est à juste titre orgueilleux de son riche héritage culturel et spirituel, exprimé à travers les qualités innées de "contemplation, simplicité, harmonie, détachement, non-violence, discipline, vie frugale, soif de connaissance et recherche philosophique", qui distinguent ceux qui vivent sur le sous-continent. Ces mêmes traits caractérisent la communauté syro-malankare, permettant à l'Eglise de "communiquer l'Evangile d'une manière qui est fidèle à la fois à sa propre Tradition et à l'âme asiatique" (cf. Ecclesia in Asia ).

L'héritage mystique de votre continent ne s'exprime pas seulement à travers la vie spirituelle de vos fidèles, mais il s'observe également dans vos rites antiques. La tradition syro-malankare, ancienne et révérée, constitue un trésor qui reflète la nature universelle de l'oeuvre salvifique du Christ dans le contexte particulier de l'Inde. Dans votre célébration eucharistique, comme dans toutes les célébrations du sacrifice pascal, se trouve ""l'ensemble des biens spirituels de l'Eglise, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant (...)". C'est pourquoi l'Eglise a le regard constamment fixé sur son Seigneur, présent dans le Sacrement de l'autel, dans lequel elle découvre la pleine manifestation de son immense amour" (Ecclesia de Eucharistia EE 1).

3. A un moment de sécularisme croissant et, parfois, de franc mépris à l'égard de la sainteté de la vie humaine, les évêques sont appelés à rappeler aux populations, à travers leur prédication et leurs enseignements, la nécessité d'une réflexion toujours plus approfondie sur les questions morales et sociales. La présence syro-malankare dans les milieux de l'éducation et des services sociaux vous place dans une excellente position pour préparer tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté à faire face à ces questions de manière véritablement humaine. En effet, tous les chrétiens ont l'obligation de participer à cette mission prophétique, en assumant une position ferme contre l'actuelle crise des valeurs et en rappelant constamment aux autres les vérités universelles, qui doivent apparaître dans la vie quotidienne. Le plus souvent, cette leçon est donnée davantage à travers les actions qu'à travers les paroles. Comme le dit l'Apôtre Paul: "Recherchez la charité; aspirez aussi aux dons spirituels, surtout à celui de prophétie" (1Co 14,1).

Pour répondre à ce défi de façon adaptée, une inculturation de l'éthique chrétienne à tous les niveaux de la société humaine est nécessaire; il s'agit d'une tâche difficile et délicate. "Par sa mission même l'Eglise fait route avec l'humanité et partage le sort terrestre du monde; elle est comme le ferment et, pour ainsi dire, l'âme de la société humaine appelée à être renouvelée dans le Christ et transformée en famille de Dieu" (Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 854). Votre longue expérience, en tant que petite communauté de chrétiens dans une terre à majorité non chrétienne, vous a préparés à devenir ce "ferment", un instrument opportun de transformation. Ce processus n'est jamais simplement "extérieur", mais il exige un changement intérieur des valeurs culturelles à travers leur intégration dans le christianisme et leur insertion successive dans les diverses cultures humaines. Toutefois, cette tâche complexe ne peut être réalisée sans une réflexion et une évaluation adaptée, en garantissant toujours que le message salvifique du Christ ne soit jamais affaibli ou altéré pour tenter de le rendre plus acceptable culturellement ou socialement (cf. Ecclesia in Asia ).

4. Votre ministère particulier, en tant que pasteurs de troupeaux qui s'accroissent, requiert une étroite coopération avec vos collaborateurs. Comme je l'ai écrit dans mon Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis, "les prêtres existent et agissent pour l'annonce de l'Evangile au monde et pour l'édification de l'Eglise au nom du Christ Tête et Pasteur en personne" (PDV 15). Il y a besoin d'ambassadeurs du Christ bien préparés pour ce ministère d'"édification de l'Eglise". C'est pourquoi les évêques doivent sans cesse se prodiguer pour discerner les jeunes disposés et les encourager à répondre à l'appel au sacerdoce et à la vie consacrée. A ce propos, je prie afin que vous continuiez à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour assurer que ceux qui ont une vocation sacerdotale ou religieuse reçoivent une bonne formation. Cela signifie s'assurer que les séminaires qui sont sous votre direction soient toujours des modèles de formation selon l'exemple de Jésus Christ et de son commandement de l'amour (cf. Jn 15,12). La formation doit être spécifiquement centrée sur le Christ, à travers la proclamation des Saintes Ecritures et la célébration des sacrements.

Il en va de même pour la formation des candidats à la vie consacrée. "Tous doivent recevoir une formation et une préparation appropriées, qui soient centrées sur le Christ (...) en insistant sur la sainteté et le témoignage personnels; il faudrait encore que dans leur spiritualité et par leur style de vie ils soient sensibles à l'héritage spirituel des personnes au milieu desquelles ils vivent et qu'ils servent" (Ecclesia in Asia ). En tant qu'évêques, vous êtes une source d'orientation et de force pour les communautés religieuses dans vos éparchies. A travers une étroite coopération avec les supérieurs religieux, vous devez contribuer à garantir que la formation reçue par les candidats transforme leur coeur, leur esprit et leur âme de façon telle qu'ils puissent se donner eux-mêmes sans réserve au travail de l'Eglise. Votre ferme direction jouera un grand rôle pour encourager les communautés religieuses à persévérer dans leur exemple de témoins de la joie du Christ.

5. Chers frères évêques, voici quelques-unes des réflexions suscitées par votre visite. Que la solennité de Pâques, que nous venons de célébrer, vous exhorte à permettre au Seigneur Ressuscité de renouveler constamment les Eglises confiées à votre sollicitude. En vous confiant à Marie, Reine du Rosaire, je prie afin que, à travers son intercession, l'Esprit Saint vous comble de joie et de paix, et je vous donne ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux et aux fidèles de vos éparchies.




AU NOUVEL AMBASSADEUR D'AUSTRALIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003



Votre Excellence,

C'est pour moi un plaisir de vous souhaiter une cordiale bienvenue aujourd'hui, tandis que j'accepte les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Australie près le Saint-Siège. Bien qu'elles datent de quelques années déjà, mes visites pastorales dans votre pays restent profondément gravées dans ma mémoire. Je me souviens en particulier de la béatification de Mary MacKillop, cette fille loyale de l'Eglise qui, pour les Australiens en particulier, est devenue un modèle de disciple chrétien. Je vous remercie pour les salutations que vous m'apportez de la part du gouvernement et du peuple d'Australie. Je vous prie de leur transmettre mes sincères meilleurs voeux et de les assurer de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation.

Les idéaux communs et les valeurs humaines à travers lesquelles le Saint-Siège et l'Australie s'efforcent de résoudre les problèmes auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui doivent continuer de trouver un écho même dans les sociétés marquées par un profond individualisme et un sécularisme croissant. A cet égard, la mission diplomatique du Saint-Siège s'efforce de présenter une vision d'espérance à un monde toujours plus divisé. L'engagement de l'Eglise à cette fin, manifesté dans sa défense de la dignité de la vie humaine et dans la promotion des droits humains, de la justice sociale et de la solidarité, découle de la reconnaissance de l'origine commune de tous les peuples et indique leur destin commun. Dans cette perspective, la dimension transcendante de la vie contribue à s'opposer aux tendances à la fragmentation et à l'isolement social, qui prévalent malheureusement dans de nombreuses sociétés aujourd'hui.

La solidarité avec les nations en voie de développement représente un trait bien connu et louable de votre peuple. La participation des Australiens aux missions de maintien de la paix, leur assistance généreuse aux projets d'aide et, plus récemment, leur soutien à la nation du Timor oriental, depuis peu indépendant, manifestent clairement son désir de contribuer à la sécurité et à la stabilité internationales en vue d'un progrès social et économique authentique. Fort de ses nombreuses années de solide diplomatie, le rôle émergeant de l'Australie en tant que leader dans la région de l'Asie-Pacifique, donne à votre nation l'occasion de devenir un agent de paix toujours plus important pour les pays qui recherchent une maturité dans la solidarité internationale. Cela a été le cas en particulier à la suite des actes terroristes qui ont tragiquement brisé les espérances d'une paix mondiale.

Les actes de solidarité sont plus que des actes humanitaires unilatéraux de bonne volonté. La véritable action humanitaire reconnaît et exprime le dessein universel de Dieu pour l'humanité. Ce n'est qu'en accord avec cette vision de la solidarité mondiale que les défis complexes de la justice, de la liberté des peuples et de la paix de l'humanité peuvent effectivement être affrontés (cf. Familiaris Consortio FC 48). Au coeur de cette vision figure la croyance selon laquelle tous les hommes et toutes les femmes reçoivent leur dignité essentielle et commune de Dieu, ainsi que la capacité de transcender tout ordre social, afin de progresser vers la vérité et le bien (cf. Centesimus Annus CA 38). C'est sous cette lumière que vos dialogues et vos partenariats avec les pays au nord de votre continent, qui ne partagent pas l'héritage chrétien, trouvera une base adaptée et stable. De même, ce n'est que dans cette perspective d'unité essentielle de l'humanité que les douloureuses difficultés liées à l'accueil des réfugiés et à la question en suspens des droits à la terre pour tous les aborigènes trouveront des solutions solidaires et véritablement humanitaires.

Votre Excellence a souligné que la tolérance est un trait supplémentaire du peuple d'Australie. En effet, cette caractéristique a fait que votre pays a accueilli un grand nombre de personnes et elle se reflète dans l'intégration des multiples communautés ethniques que l'on peut maintenant y trouver. Toutefois, le respect dû à toutes les personnes ne trouve pas simplement son origine dans le fait des différences entre les peuples. De la compréhension de la véritable nature de la vie en tant que don découle l'exigence selon laquelle les hommes et les femmes doivent respecter la structure naturelle et morale dont ils ont été dotés par Dieu (cf. Centesimus Annus CA 38). S'il est vrai que l'accent politique mis sur la subjectivité humaine a certainement concentré l'attention sur les droits individuels, parfois, la tendance au "politiquement correct" semble négliger le fait que "les hommes et les femmes sont appelés à se tourner vers une vérité qui les transcende" (cf. Fides et Ratio FR 5). Séparés de cette vérité, qui est l'unique garantie de liberté et de bonheur, les personnes sont à la merci de l'arbitraire et du pluralisme indifférencié, perdant peu à peu la capacité d'élever leur regard vers les sommets de la signification de la vie humaine.

En Australie, comme dans de nombreux pays, la lutte pour interpréter les choix de vie en relation avec le dessein de Dieu pour l'humanité se manifeste dans les pressions auxquelles sont confrontés le mariage et la vie de famille. Le caractère sacré du mariage doit être défendu à la fois par les institutions religieuses et civiles. Les déformations séculières et pragmatiques de la réalité du mariage ne peuvent jamais occulter la splendeur d'une alliance de toute une vie fondée sur l'amour généreux et inconditionnel. Cette merveilleuse vision du mariage et de la vie de famille stable offre à la société tout entière une base à laquelle peuvent être ancrées les aspirations d'une nation.

Pour sa part, l'Eglise catholique qui est en Australie continuera de soutenir la vie de la famille, à travers laquelle passe l'avenir de l'humanité (cf. Familiaris Consortio FC 86). Elle est déjà fortement engagée dans la formation spirituelle et intellectuelle des jeunes, en particulier à travers ses écoles. De plus, son apostolat social s'étend à tous ceux qui sont touchés par certains des problèmes les plus graves de la société moderne - dépendance à l'alcool, à la drogue, troubles du comportement - et je vous assure que l'Eglise continuera de répondre généreusement aux nouveaux défis sociaux qui se présentent.

Votre Excellence, je sais que votre mission servira à renforcer ultérieurement les liens d'amitié qui existent déjà entre l'Australie et le Saint-Siège. Tandis que vous assumez vos nouvelles responsabilités, je puis vous assurer que les différents bureaux de la Curie Romaine seront prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous, sur votre famille, et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



    

AU NOUVEL AMBASSADEUR DU ZIMBABWE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003



Monsieur l'Ambassadeur,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue au Vatican, tandis que j'accepte les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Zimbabwe près le Saint-Siège. Je suis heureux de recevoir les salutations et les meilleurs voeux que vous m'apportez de la part du Président, du gouvernement et du peuple de votre nation, et je vous prie de bien vouloir leur transmettre mes meilleurs voeux dans la prière. Bien que de nombreuses années se soient écoulées depuis ma visite dans votre pays, je garde encore un souvenir agréable des jours heureux que j'ai passés parmi vos concitoyens du Zimbabwe, faisant l'expérience de leur chaleur et de leur hospitalité, et partageant leurs joies et leurs aspirations. A l'occasion de cette visite, j'ai dit que l'Afrique était un "continent d'espérance et de promesse pour l'avenir de l'humanité" (Discours lors de la cérémonie d'arrivée à Harare, 10 septembre 1988): je souhaite ardemment qu'en ce nouveau millénaire, cette espérance et cette promesse deviennent une réalité pour le peuple du Zimbabwe et pour tous les peuples d'Afrique.

J'apprécie beaucoup votre hommage cordial à Monseigneur l'Archevêque Patrick Chakaipa, décédé le mois dernier, et je vous remercie également de votre reconnaissance pour la contribution significative apportée par les Institutions de l'Eglise catholique à la société du Zimbabwe tout entière, en particulier dans les domaines de l'éducation, de la santé et des services sociaux. En effet, l'Eglise considère son apostolat dans ces domaines come un élément essentiel de sa mission religieuse, et elle désire toujours accomplir ce travail en harmonie avec les autres personnes travaillant dans les mêmes domaines. La coopération entre l'Eglise et l'Etat est très importante pour le progrès de la formation intellectuelle et morale des citoyens, qui seront ainsi mieux préparés à édifier une société véritablement juste et stable. Cela fait partie de la contribution que l'Eglise tente d'apporter au développement humain des personnes et des peuples, en particulier ceux qui en ont le plus besoin.

C'est ce même engagement qui motive l'activité diplomatique du Saint-Siège. En oeuvrant avec d'autres membres de la Communauté internationale, le Saint-Siège s'efforce de promouvoir la paix et l'harmonie parmi les peuples, en ayant toujours à l'esprit le bien commun et le développement intégral des personnes et des nations. La tâche de la diplomatie aujourd'hui est de plus en plus déterminée par les défis de la mondialisation et les nouvelles menaces à la paix mondiale qu'elle comporte. Les questions fondamentales ne concernent plus la souveraineté territoriale - les frontières et la juridiction sur certaines régions - même si, dans certaines parties du monde, cela demeure un problème. Les menaces à la stabilité et à la paix dans le monde aujourd'hui sont représentées, dans une très large part, par la pauvreté extrême, les inégalités sociales, la corruption politique et l'abus d'autorité, les tensions ethniques, l'absence de démocratie et le manque de respect des droits de l'homme. Telles sont certaines des situations que la diplomatie est appelée à traiter.

Il n'existe pas de pays dans le monde qui ne soit confronté à un ou à plusieurs de ces problèmes. Pour cette raison, les valeurs de la démocratie, du bon gouvernement, des droits de l'homme, du dialogue et de la paix doivent être chères au coeur des dirigeants et des peuples. Plus ces valeurs formeront une part fondamentale de l'éthique d'une nation, plus la capacité de celle-ci à édifier un avenir qui respecte pleinement la dignité humaine de ses citoyens sera grande. De plus, la mondialisation de ces valeurs représente la mondialisation de la solidarité, qui vise à assurer que les profits économiques et sociaux soient partagés par tous à l'échelle planétaire. Voilà une façon certaine d'oeuvrer pour la paix dans le monde d'aujourd'hui. A l'inverse, lors-que ces valeurs sont négligées ou, pire, manifestement violées, aucun programme de réforme économique ou sociale ne peut connaître de succcès à long terme. Au contraire, la violence politique et sociale s'aggravera, l'écart entre riches et pauvres s'élargira toujours un peu plus et les dirigeants du gouvernement eux-mêmes seront incapables de créer un environnement qui promeut la vérité, la justice, l'amour et la liberté.

La plus grande vigilance est donc nécessaire pour préserver les droits et protéger le bien-être de tous les citoyens. Les autorités publiques doivent s'abstenir d'agir avec partialité, d'accorder des traitements préférentiels ou d'exercer une justice sélective en faveur de certaines personnes ou groupes; cela affaiblit en définitive la crédibilité de ceux qui sont chargés de gouverner. Dans sa célèbre Lettre Encyclique Pacem in Terris, mon prédécesseur, le bienheureux Pape Jean XXIII, en citant le Pape Léon XIII, résumait ainsi la situation: "On ne saurait en aucune façon permettre que l'autorité civile tourne au profit d'un seul ou d'un petit nombre, car elle a été instituée pour le bien commun de tous" (par. 56). En effet, lorsque chacun est traité sur une base égale, - une condition sine qua non pour une société solidement ancrée sur le droit - la valeur, les dons et les talents de chaque membre sont plus facilement reconnus et peuvent être mieux utilisés pour l'édification de la communauté. Comme le dit la sagesse populaire, traduite dans un proverbe africain: Gunwe rimwe haritswanyi inda (à plusieurs mains, le travail est plus facile).

En faisant référence au programme de réforme foncière de votre gouvernement, Votre Excellence a souligné qu'il représente un moyen d'améliorer le niveau de vie de votre peuple, en parvenant à l'égalité et en établissant la justice sociale. Dans de nombreux pays, cette réforme agraire est nécessaire, comme cela a été souligné dans le document: "Pour une meilleure distribution de la Terre" publié en 1997 par le Conseil pontifical "Justice et Paix", mais il s'agit également d'un processus complexe et délicat. En effet, comme ce même Document le souligne, c'est une erreur de penser que tout bénéfice ou succès réel proviendra uniquement de l'expropriation de grandes propriétés foncières en les divisant en de plus petites unités de production et en les distribuant aux autres (cf. n. 45). Il faut avant tout considérer des questions de justice, en accordant une juste importance aux diverses revendications de propriété, au droit à utiliser la terre et au bien commun. De plus, si l'on veut que la redistribution de la terre offre une réponse pratique et concrète aux graves problèmes économiques et sociaux dans un pays, ce processus doit continuer de se développer dans le temps et doit garantir que les infrastructures nécessaires soient mises en place. Enfin, et surtout, "il est indispensable pour le succès d'une réforme agraire qu'elle soit en plein accord avec les politiques nationales et celles des institutions internationales" (ibid.).

Le sentiment d'être privé de ses droits de représentation ou d'être injustement traité ne fait que semer la ten-sion et la discorde. La justice doit être à la portée de tous si l'on veut oublier les blessures du passé et édifier un avenir plus lumineux. Aussi longtemps que l'authentique bien commun prévaudra, les causes fondamentales des luttes civiles disparaîtront. L'Eglise catholique promet son soutien total à tous les efforts en vue d'édifier une culture du dialogue plutôt que de l'affrontement; de la réconciliation plutôt que du conflit. Cela constitue en effet une partie intégrale de sa mission visant à faire progresser le bien authentique de tous les peuples et de toute la personne.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans la famille des diplomates accrédités près le Saint-Siège, je vous assure que les divers bureaux de la Curie Romaine seront prêts à vous assister. Je suis certain que votre mission renforcera les liens de compréhen-sion et d'amitié entre nous. Sur vous et sur le bien-aimé peuple du Zimbabwe, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.




Discours 2003 - Samedi, 10 mai 2003