Discours 2003 - Jeudi 15 mai 2003


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE SYRIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003




Madame l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence au Vatican en cette circonstance solennelle de la présentation des Lettres qui L'accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Arabe Syrienne près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations courtoises que vous m'avez adressées de la part de Son Excellence Monsieur Bachar Al Assad, Président de la République, et je vous saurais gré de bien vouloir Lui exprimer en retour mes voeux cordiaux pour sa personne, ainsi que pour le bonheur et la prospérité du peuple syrien.

2. Vous avez évoqué la visite que j’ai accomplie dans votre pays à l’occasion de mon pèlerinage jubilaire sur les pas de saint Paul. Je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de me rendre à Damas, où l’Apôtre Paul fut accueilli pour la première fois par la communauté chrétienne après sa conversion et où l’on garde également la mémoire du martyre de saint Jean-Baptiste. J’ai pu, à cette occasion, rencontrer de hauts responsables de l’Islam, manifestant ainsi l’importance du dialogue entre les religions pour servir la cause de la paix, comme je l’ai fait d’une manière encore plus large quelques mois après, lors de la Journée de prière à Assise le 24 janvier 2002, en affirmant solennellement qu’on ne pouvait légitimer la violence au nom de Dieu et que les religions voulaient servir le bien de l’homme et de la paix.

3. Comment ne pas évoquer devant vous la grave situation de tension qui caractérise les relations internationales actuelles ? Le déchaînement aveugle de la violence terroriste, manifesté le 11 septembre 2001, a conduit tous les responsables à un examen attentif de l’état du monde et à une prise de conscience nouvelle de la fragilité des équilibres. La guerre, qui a de nouveau prévalu, ne peut être considérée comme moyen de résoudre les conflits; elle atteint gravement les personnes et elle entraîne le monde dans des déséquilibres profonds. Vous le savez, Madame l’Ambassadeur, le Saint-Siège n’a cessé de rappeler que la recherche des causes profondes du terrorisme s’imposait à tous, pour permettre de lutter efficacement contre ce phénomène, qui met en danger de manière insupportable le bien commun de la paix, de la dignité des personnes et des peuples. Il a aussi manifesté son attachement indéfectible à la concertation entre les nations, dans le cadre des instances internationales légitimes, pour éviter toute action unilatérale qui risque de conduire à un affaiblissement du droit international et qui fragilise le pacte existant entre les nations. La recherche de la paix implique, nous le croyons, un dialogue franc et approfondi entre responsables, en ayant le souci de rechercher, avec la participation des institutions internationales, le consensus le plus large, afin d’éviter tout esprit de vengeance et toute tentation de surenchère violente, susceptibles de déchaîner un mal plus grand. Ce dialogue demande aussi aux parties impliquées de savoir se remettre en cause, pour combattre effectivement les situations d’injustice ou de domination qui engendrent dans les populations des sentiments d’hostilité ou de haine, difficiles ensuite à déraciner.

4. Votre pays, Madame l’Ambassadeur, est directement concerné par le conflit qui ensanglante depuis des années le Moyen-Orient et la Terre sainte, cette région du monde chère à tous les croyants et si souvent objet de conflits au cours de l’histoire. Comment ne pas entendre les légitimes aspirations de tous les peuples qui y résident aujourd’hui à disposer d’eux-mêmes, à vivre enfin sur leur sol dans la dignité et la sécurité, dans l’indépendance et la souveraineté véritables, pour tenir leur place légitime dans le concert des nations, en y apportant leurs richesses propres ? Il faut souhaiter à tous les dirigeants de cette région du monde un esprit courageux et audacieux pour ne pas se laisser décourager par les échecs déjà subis et pour garder fermement le cap d’une recherche authentique de la paix, dans le respect de la justice. Appréciant l’attention, dont vous venez de vous faire l’écho, portée par votre gouvernement aux efforts du Saint-Siège en faveur de la paix, je vous assure que ce dernier continuera à oeuvrer sans relâche dans ce sens, demandant pour le bien des peuples eux-mêmes que la communauté internationale redouble d’efforts et qu’elle prenne ses responsabilités par rapport à ce trop long conflit, aidant plus efficacement les protagonistes à retrouver le chemin indispensable d’un véritable dialogue, en vue de la paix (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2003, n. 7). Je ne doute pas que votre pays, actuellement membre du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies, travaille lui aussi activement à cette fin, selon les principes que vous venez justement d’évoquer.

5. Votre présence ici me donne l’occasion de saluer la communauté catholique de Syrie, que j’ai eu la joie de rencontrer lors de mon pèlerinage jubilaire. Je sais que ses membres, bien qu’ils soient peu nombreux, ont à coeur de prendre part au développement économique et social de leur pays, et de tenir leur place dans la vie de la nation, en y témoignant des valeurs de responsabilité, de liberté et de dignité de la personne que leur inspire l’idéal évangélique. Qu’ils sachent que le Successeur de Pierre les encourage tous, pasteurs et fidèles, à persévérer dans leur désir de relations fraternelles avec leurs frères chrétiens d’autres confessions et dans leur souci de dialogue avec les musulmans !

6. Madame l’Ambassadeur, vous inaugurez aujourd’hui la noble mission de représenter votre pays auprès du Saint-Siège. Veuillez accepter les souhaits que je forme pour son heureuse réussite et soyez assurée de trouver auprès de mes collaborateurs un accueil attentif et une compréhension cordiale !

Sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs, ainsi que sur le peuple de Syrie, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions du Très-Haut.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE TRINITÉ-ET-TOBAGO PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003




Votre Excellence,

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir au Vatican tandis que vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Trinité-et-Tobago près le Saint-Siège. Bien que ma visite dans votre pays ait eu lieu il y a plusieurs années maintenant, je me souviens encore de la chaleur et de l'hospitalité avec lesquelles j'ai été reçu. Je vous prie de bien vouloir transmettre mes sincères meilleurs voeux à S.E. M. le Président Richards, ainsi qu'au Premier ministre et au gouvernement, et à tout le peuple de votre bien-aimé pays. Je vous prie de leur transmettre ma gratitude pour leurs salutations et de les assurer de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.

L'engagement constant du Saint-Siège en vue de promouvoir la dignité de la personne humaine est au coeur de son activité diplomatique. Sans la reconnaissance fondamentale et la protection de la valeur incomparable de la personne humaine, les efforts en vue d'atteindre la coexistence pacifique entre les peuples issus de différents groupes ethniques et traditions religieuses demeurent vains. A cet égard, je me réjouis de constater que votre pays reconnaît le besoin urgent pour toute la famille humaine - des personnes aux pays, des organisations régionales aux alliances internationales - d'exprimer de façon tangible et pratique ce que mon prédécesseur, le bienheureux Pape Jean XXIII, identifiait comme les quatre piliers de la paix: la vérité, la justice, l'amour et la liberté. L'efficacité et la nécessité même de ces piliers pour la paix découlent directement du fait qu'ils représentent "quatre exigences précises de l'esprit humain" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2003). L'édification de la paix dans notre monde trouve donc une base certaine dans le respect de la dignité inviolable de chaque personne.

Dans une société multi-culturelle et multi-religieuse telle qu'elle existe dans votre pays, la nécessité de la reconnaissance et de la protection de la dignité intrinsèque et du caractère distinct de chaque être humain est profondément ressentie. De plus, la recherche de l'unité nationale à travers la diversité et de l'harmonie sociale à travers la tolérance, lorsqu'elle est fermement rattachée à une volonté de défendre les valeurs enracinées dans la nature même de la personne humaine, devient non seulement une question d'acceptation passive, mais un moyen d'enrichissement culturel actif pour tous. En effet, lorsque les différences culturelles et religieuses sont préservées comme des dons, elles manifestent la main de Dieu, qui crée chaque homme et chaque femme à son image et qui seul accorde la plénitude de l'unité à la famille humaine.

Le développement économique authentique, qui comporte toujours un aspect moral, est également d'une importance fondamentale pour le bien-être et le progrès pacifique d'une nation. C'est là que l'exigence de justice est satisfaite (cf. Sollicitudo Rei Socialis, n. 10). Le droit à un travail ayant une signification et à un niveau de vie acceptable, l'assurance d'une distribution équitable des biens et des richesses, et l'utilisation responsable des ressources naturelles exigent une conception du développement qui ne se limite pas uniquement à satisfaire des nécessités matérielles. Au contraire, une telle conception doit également souligner la dignité de la personne humaine - qui est le véritable sujet de tout développement - et donc promouvoir le bien commun de toute l'humanité. Bien que cet objectif exige certainement le soutien de toute la Communauté internationale, il est également vrai que l'on peut accomplir beaucoup au niveau du développement régional. Cela exige que le nationalisme exacerbé soit mis de côté afin que la valeur profonde de la solidarité commune puisse trouver une expression dans les accords locaux conduisant à une coopération économique et sociale.

Monsieur l'Ambassadeur, comme vous l'avez remarqué, les citoyens de Trinité-et-Tobago, tout comme de nombreuses personnes dans notre monde, tout en gardant espoir dans l'avenir, souffrent toutefois de graves problèmes sociaux. L'atteinte à la vie de famille, qui semble être un signe tragique de notre temps, revêt plusieurs formes. L'une des formes les plus néfastes de celle-ci est sans aucun doute le commerce et la consommation des stupéfiants, qui représentent une profonde menace pour le tissu social. Ils alimentent le crime et la violence, contribuent à la désagrégation de la vie de famille et à la destruction physique et affective de nombreux individus et communautés, surtout parmi les jeunes (cf. Ecclesia in America ). La dégradation de la personne qui s'ensuit trahit la nature de la vie en tant que don et affaiblit la signification de la plénitude de la vie qui nous a été révélée par Jésus Christ. C'est pour cette raison que j'ai souligné en de nombreuses occasions que "nous sommes ici en présence de l'un des défis les plus urgents avec lesquels doivent se mesurer de nombreux pays dans le monde" (ibid ).

Pour sa part, en proclamant l'Evangile de la vie reçu de son Seigneur (cf. Evangelium Vitae EV 2), l'Eglise catholique désire ardemment promouvoir parmi tous les peuples, et de façon particulière parmi les jeunes, la culture de la vérité et de l'amour qui conduisent à la liberté et au bonheur authentiques. A cette fin, les institutions civiles et religieuses doivent oeuvrer ensemble afin d'assurer que l'institution sacrée du mariage, avec la vie de famille stable qui l'accompagne, est défendue et promue de tout coeur. Tout espoir de renouveau de la société qui n'adhère pas au dessein de Dieu pour le mariage et la famille est destiné à échouer" (cf. Familiaris Consortio FC 3), car c'est au sein de la vie de famille que la dignité que Dieu a conférée à chaque personne se réalise et s'expérimente en premier lieu. Mais lorsque cette dignité est affirmée à travers des principes d'égalité et de respect pour le bien commun, et protégée à travers le respect de la loi et de l'ordre et par un gouvernement honnête, la société ne peut manquer de s'épanouir. Motivée par l'amour, l'Eglise catholique de Trinité-et-Tobago continuera ainsi de soutenir le mariage et la vie de famille et de les défendre comme "le moyen le plus efficace pour humaniser et personnaliser la société" (Familiaris Consortio FC 43). C'est de cette vision de la vie inspirée par l'Evangile qu'attestent ses écoles, ses institutions médicales et les autres services de charité.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que la mission que vous commencez aujourd'hui contribuera à renforcer les liens de compréhension et de coopération entre Trinité-et-Tobago et le Saint-Siège. Tandis que vous assumez vos nouvelles responsabilités, je vous assure que les divers bureaux de la Curie Romaine seront prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre mission. Sur vous et sur vos concitoyens, j'invoque les Bénédictions abondantes de Dieu tout-puissant.



À S. E. M. NEGASH KEBRET, NOUVEL AMBASSADEUR D'ÉTHIOPIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003




Monsieur l'Ambassadeur,

Je vous présente mes salutations cordiales et je vous souhaite la bienvenue au Vatican tandis que vous présentez les Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République démocratique fédérale d'Ethiopie près le Saint-Siège. En vous remerciant des voeux que vous me transmettez de la part du Président et du Premier ministre de votre pays, je vous prie de leur transmettre mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour le bien-être de la nation. Je profite également de cette occasion pour exprimer mon soutien sincère au processus de paix en cours: je souhaite ardemment que toutes les personnes concernées oeuvrent avec courage et discernement, afin d'assurer qu'une paix juste et durable fondée sur la compréhension, la réconciliation et la coopération mutuelles soit à nouveau solidement établie.

A cet égard, je suis heureux de noter l'engagement actif de la Communauté internationale lorsque le cessez-le-feu initial a été déclaré, que les accords successifs sur l'arrêt des hostilités ont été établis, en vue d'offrir une assistance permanente à la pleine mise en oeuvre des termes de ces accords. Il convient en particulier de mentionner la Commission de Frontière Ethiopie-Erythrée, basée à La Haye, ainsi que la récente résolution du Conseil de Sécurité des Nations unies étendant le mandat de la mission des Nations unies en Ethiopie et en Erythrée. Il ne fait aucun doute que l'aide apportée par la famille mondiale des nations dans ce processus revêt une valeur inestimable, mais elle ne remplace en aucun cas la nécessité pour les parties immédiatement concernées de manifester clairement leur bonne volonté et leur fermeté à prendre en main cette situation: leur sincérité et leur engagement demeurent essentiels pour surmonter toutes les difficultés ou les tensions pouvant apparaître. J'encourage donc tous les efforts visant à restaurer le dialogue direct entre le gouvernement éthiopien et le gouvernement érythréen. C'est la seule façon de parvenir à une véritable réconciliation qui conduise à la normalisation des relations, à la réouverture des frontières, à l'échange mutuel entre les populations et qui mette un terme définitif au risque de conflit militaire.

L'indépendance des Etats ne peut plus être séparée du concept d'interdépendance: dans notre monde moderne, toutes les nations sont liées entre elles, pour le meilleur ou pour le pire. Afin que les relations d'interdépendance mutuelle puissent devenir des moyens d'améliorer de façon effective le destin de l'humanité partout dans le monde, les dirigeants à tous les niveaux - que ce soit régional, national ou international - doivent agir en accord avec les principes moraux universels, en rejetant les situations d'injustice et de corruption institutionnelle. Ce n'est rien de plus que ce qu'exige la bonne gouvernance. Comme je l'ai dit au début de cette année au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège: "Le bien-être matériel et spirituel de l'humanité, la tutelle des libertés et des droits de la personne humaine, le service public désintéressé, la proximité avec les situations concrètes, passent avant tout programme politique et constituent une exigence éthique qui est le mieux à même d'assurer la paix intérieure des nations et la paix entre les Etats" (Discours au Corps diplomatique, 13 janvier 2003).

Votre Excellence a mentionné les réformes démocratiques et économiques actuellement en cours en Ethiopie. Les projets comme ceux-ci, visant à promouvoir le véritable progrès dans les domaines économiques et politiques, exigent un engagement ferme et infaillible au droit et à la dignité inaliénable de la personne humaine. En effet, la protection des droits fondamentaux et le respect de la dignité humaine sont les conditions d'un développement humain intégral. La personne humaine doit toujours être le point central de tout développement. Et c'est précisément dans ce domaine que l'Eglise peut apporter un contribution importante: car à travers son magistère social, elle s'efforce d'accroître la conscience morale des exigences de justice et de solidarité, des exigences fondées sur la dignité incomparable et la place centrale de la personne humaine. En partageant avec les personnes de notre temps le désir profond et ardent d'une vie juste à tous points de vue, elle ne manque pas d'examiner les divers aspects de la justice telle que l'exige la vie des personnes et de la société (cf. Dives in Misericordia DM 12).

Un élément clé de la coexistence harmonieuse des personnes et des groupes est la liberté de conscience, dont une expression nécessaire est la liberté de religion. La garantie constitutionnelle de la liberté de religion en Ethiopie, à laquelle fait référence Votre Excellence, est très encourageante. L'Eglise elle-même est un promoteur inlassable du droit des personnes et des communautés religieuses organisées à professer et à pratiquer leur foi librement. En effet, le respect de la liberté religieuse est une indication et une garantie de l'authentique progrès social, et la liberté religieuse elle-même est un élément indispensable de toute politique publique s'efforçant de servir la dignité humaine. C'est cette liberté qui permet à l'Eglise catholique qui est en Ethiopie, toujours en conformité avec sa nature et sa mission, d'être activement engagée dans les efforts pratiques visant à l'amélioration de la société et à la satisfaction des besoins humains concrets.

Les catholiques éthiopiens sont engagés à travailler main dans la main avec leurs concitoyens en tant que participants actifs au progrès politique, social et culturel de leur nation. Ils le font en imitant leur Seigneur, qui "n'est pas venu pour être servi, mais pour servir" (Mt 20,28). C'est dans ce but précis que de nombreux missionnaires - membres de communautés religieuses et de nombreux laïcs hommes et femmes - sont venus dans votre pays pour offrir leurs services non seulement dans le domaine de la vie ecclésiale catholique, mais également dans les domaines plus vastes de l'éducation, de la santé et des services sociaux. Le travail qu'ils accomplissent n'est pas destiné au bénéfice des seuls catholiques, mais au bien de tous. Je souhaite que le gouvernement d'Ethiopie et que les Autorités publiques accueillent ce service de la part de l'Eglise et assistent les missionnaires catholiques et les autres tandis qu'ils s'efforcent de poursuivre ces efforts visant à l'édification de la société éthiopienne.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous commencez votre mission diplomatique près le Saint-Siège, sachez que les divers bureaux de la Curie Romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos responsabilités. En vous assurant de mes meilleurs voeux pour le succès de votre travail, j'invoque cordialement sur vous, sur les dirigeants et le peuple d'Ethiopie une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.

   


À S. E. M. ALBERTS SARKANIS, NOUVEL AMBASSADEUR DE LETTONIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003




Monsieur l'Ambassadeur,

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir au Vatican et de recevoir les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Lettonie près le Saint-Siège. Votre présence ici évoque le souvenir vivant de ma visite dans votre pays il y a dix ans, lorsque, en tant que "pèlerin de paix" (Discours lors de la cérémonie d'arrivée, Riga, 8 septembre 1993), j'ai rendu visite au peuple letton peu après que le pays soit "sorti d'une douloureuse épreuve humaine, politique et sociale qui a duré plus d'un demi-siècle" (ibid., n. 2). En vous demandant de bien vouloir transmettre mes salutations au Président, au gouvernement et au bien-aimé peuple de Lettonie, j'exprime également le souhait ardent que votre pays continue à accomplir des progrès sur la voie de la liberté, de l'unité sociale et de la paix.

Dans vos remarques, vous avez fait référence aux Accords entre le Saint-Siège et la République de Lettonie signés par les deux parties en 2000. Après sa ratification l'an dernier, l'Accord est maintenant entré en vigueur et offre une occasion concrète supplémentaire de renforcer les bonnes relations existant entre nous. J'ai l'assurance que, s'agissant d'affaires d'intérêt commun, en particulier en ce qui concerne le statut juridique et la mission pastorale de l'Eglise catholique en Lettonie, l'application rapide et totale de cet Accord servira à accroître l'esprit de compréhension et de coopération mutuelles qui nous unit, au service de la personne humaine. En effet, c'est la vocation personnelle et sociale des mêmes êtres humains qui est servie à la fois par l'Eglise et par la communauté politique, chacune dans son domaine particulier et avec ses compétences particulières. Car l'homme n'est pas limité aux réalités temporelles: bien qu'il vive à une époque historique spécifique, il est appelé à la transcendance et destiné à l'éternité. C'est cet appel élevé et ce destin ultime qui doit susciter et régir les actions sociales, économiques et politiques des individus, des peuples et des nations.

L'enseignement social catholique, inspiré par les principes universels assurant la justice et la paix entre les individus et les groupes, reconnaît le rôle positif joué dans la vie d'une nation par les forces politiques et économiques. Mais si l'on veut que le progrès soit authentique, ces forces doivent être attentivement soumises aux exigences éthiques supérieures de la justice sociale, des droits de l'homme et du bien commun. De cette façon, la dignité humaine sera défendue, la solidarité entre les personnes et les groupes sera encouragée, l'harmonie sociale et la prospérité seront promues. En bref, "le bien-être matériel et spirituel de l'humanité, la tutelle des libertés et des droits de la personne humaine, le service public désintéressé, la proximité avec les situations concrètes, passent avant tout programme politique et constituent une exigence éthique qui est le mieux à même d'assurer la paix intérieure des nations et la paix entre les Etats" (Discours au Corps diplomatique, 13 janvier 2003).

Les valeurs dont nous parlons ici ne sont pas étrangères à votre pays: depuis le XII siècle, lorsque saint Meinard, l'Apôtre de Lettonie, a prêché l'Evangile sur votre terre, ces idéaux ont été inclus dans le tissu même de votre vie nationale. Ils doivent être toujours renforcés et promus tandis que la Lettonie poursuit son itinéraire dans le troisième millénaire et que votre nation se prépare à devenir un membre à part entière de l'Union européenne élargie. A cet égard, je suis heureux de noter votre observation sur l'impact profond que le christianisme a eu sur l'histoire et la culture européenne. En effet, le christianisme peut revendiquer une position privilégiée et unique parmi les valeurs qui forgeront et donneront sa cohésion à une nouvelle Europe, car "une Europe qui désavouerait son passé qui nierait le fait religieux et qui n'aurait aucune dimension spirituelle serait bien démunie face à l'ambitieux projet qui mobilise toutes ses énergies: construire l'Europe de tous!" (ibid.n. 5).

C'est pour cette raison que le Saint-Siège exhorte à ce que le futur Traité constitutionnel contienne dans son Préambule une référence explicite à la religion et à l'héritage commun de l'Europe. Il serait en effet souhaitable que, dans le plein respect de l'Etat séculier, cette Constitution reconnaisse trois éléments complémentaires: en premier lieu, l'importance de la liberté religieuse, non seulement dans ses aspects personnels et collectifs, mais également dans sa dimension institutionnelle; en second lieu, le besoin de dialogue et la consultation entre l'Union européenne et les communautés des croyants; en troisième lieu, le respect du statut juridique dont bénéficient déjà les Eglises et les institutions religieuses dans les Etats-membres de l'Union. Ces trois principes liés entre eux permettront à la religion, en général, et au christianisme, en particulier, de continuer à apporter une contribution irremplaçable à la vie et aux institutions européennes.

Bien sûr, la famille est essentielle à tout programme de progrès authentique et de développement humain intégral, que ce soit en Europe ou ailleurs. Dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, la famille est reconnue comme l'"élément naturel et fondamental de la société" et ce même document déclare sans équivoque que la famille "a droit à la protection de la société et de l'Etat" (art. 16.3). Il s'agit d'une vérité essentielle de l'existence sociale humaine qui ne doit pas être ignorée ou sous-estimée, car tout affaiblissement de cette institution indispensable ne peut manquer de représenter une source potentielle de graves difficultés et de problèmes. Par exemple, lorsqu'une notion utilitariste et matérialiste de la famille prévaut, ses membres tendent à des attitudes égoïstes et individualistes au détriment de l'unité de la famille, et nuisent à sa capacité d'édifier l'harmonie et d'éduquer dans la solidarité. En revanche, lorsque la famille est considérée comme une valeur en elle-même, les membres réalisent que le bien personnel coïncide avec leur devoir de s'aimer, de se respecter et de s'aider les uns les autres.

La même chose vaut pour la vie humaine elle-même et celle des êtres humains. Lorsque la valeur, la dignité et les droits de la personne humaine sont défendus et promus, le tissu social est renforcé et les priorités des personnes et des nations sont correctement ordonnées. C'est pourquoi l'Eglise ne se lasse jamais de rappeler aux consciences que la vie à toutes les étapes de son existence, de sa conception à sa mort naturelle, doit être défendue avec rigueur et sans compromis. De même, la personne humaine, à toutes les étapes de sa vie, - au cours de l'enfance, de l'âge adulte ou de la vieillesse - est un trésor inestimable dont il faut prendre soin et qu'il faut chérir. Ni la vie humaine, ni la personne humaine ne peuvent jamais être légitimement traitées comme un objet, ou comme une possession, mais doivent être considérées comme dotées par le Créateur d'une dignité profondément sublime qui exige le plus grand respect et la plus grande vigilance de la part des personnes, des communautés, des nations et des Institutions internationales.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que les liens d'amitié qui unissent le Saint-Siège et la République de Lettonie seront renforcés et se révéleront utiles pour jeter les bases sur lesquelles l'Europe du troisième millénaire doit être édifiée. Tandis que vous commencez votre mission, je vous assure que les divers bureaux de la Curie Romaine seront prêts à vous offrir toute l'assistance dont vous aurez besoin dans l'accomplissement de vos hautes fonctions. Sur vous et sur le bien-aimé peuple de Lettonie, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



À S. E. M. EMITAI L. BOLADUADUA, NOUVEL AMBASSADEUR DES ILES FIDJI PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003


Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux d'accepter les Lettres de Créance qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des Iles Fidji près le Saint-Siège. Je rends avec plaisir les salutations et les voeux que vous m'avez adressés de la part du Président Ratu Josefa Iloilovatu Uluivuda et du peuple des Iles Fidji. Mon séjour dans votre pays en 1986, et l'accueil chaleureux que j'ai reçu comptent parmi les souvenirs les plus chers de ma visite pastorale en Océanie. Je profite de cette occasion pour vous assurer de mes prières constantes pour votre nation tandis qu'elle s'efforce d'édifier une société harmonieuse et unifiée, marquée par le pluralisme authentique et le plein respect de la diversité raciale, culturelle et religieuse de ses membres.

Vous avez mentionné avec sincérité les difficultés qui ont conduit à la crise politique de mai 2000 et à la ferme résolution de la part du peuple des Iles Fidji de faire de ses différences une source d'enrichissement mutuel plutôt qu'un motif de division et de conflit. Les efforts que votre nation a accomplis pour faire face aux défis réels posés par l'unité nationale dans un esprit d'honnêteté, de dialogue et de coopération constructive, représentent des signes positifs d'une disponibilité à se tourner vers l'avenir avec confiance et détermination. A l'époque de ma visite pastorale, j'ai encouragé tous les Fidjiens à "poursuivre la voie du dialogue créateur et de la compréhension mutuelle" comme moyen de croissance dans la fraternité et pour forger une identité commune (Homélie à Suva, 21 novembre 1986). C'est précisément cette sorte de "créativité" - fondée sur un engagement permanent à accepter et à apprécier les réelles différences qui séparent les divers éléments de la société fidjienne au sein du plus vaste contexte de l'unité nationale, de la légalité constitutionnelle et de la justice dans le droit - qui doit guider les décisions politiques que doivent prendre les dirigeants de votre nation. Il est certain, en dernière analyse, que la tâche difficile d'édifier un ordre social qui respecte les diversités légitimes au sein d'une identité commune et d'un engagement au bien commun ne peut pas être limitée aux seules mesures législatives, car celles-ci seraient inefficaces si elles n'étaient pas fondées en premier lieu sur la conscience et l'identité vivante de la population (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2001).

Dans un ordre mondial en rapide mutation, je suis convaincu que les sociétés multi-culturelles et multi-religieuses comme les Iles Fidji ont beaucoup à offrir aux autres nations, car elles peuvent aider la vaste Communauté internationale à développer de nouveaux modèles mondiaux d'unité dans la diversité. Un engagement soutenu au dialogue entre les différentes religions, cultures et traditions est en effet "la voie nécessaire à l'édification d'un monde réconcilié, capable de regarder avec sérénité son propre avenir" (ibid., n. 3). En dépit de défis décourageants et parfois de confrontations enflammées, le dialogue demeure un impératif moral et le seul moyen d'établir une convergence authentique et durable fondée sur le respect et la coopération réciproques. L'engagement sur la voie du dialogue est en définitive fondée sur la conviction profonde selon laquelle, au-delà de nos nombreuses différences, nous partageons tous une unité sous-jacente née de notre identité de fils de Dieu et de membres de l'unique famille humaine. Toutes les cultures, dans leur riche variété et traits caractéristiques, sont en définitive des expressions dynamiques et historiques de cette unité fondamentale. Tandis que le peuple des Iles Fidji se tourne vers l'avenir, je suis certain qu'il découvrira les fondements les plus profonds de son identité nationale précisément dans la mesure où il reconnaîtra et défendra les vérités et les valeurs transcendantales qui unissent tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté: le respect de la dignité de chaque être humain et la protection des droits de l'homme fondamentaux; la solidarité entre les personnes et les peuples; et la promotion de la justice, sans laquelle il ne peut y avoir de liberté authentique ou de paix durable.

Permettez-moi de vous assurer, Monsieur l'Ambassadeur, du désir de la communauté catholique fidjienne de contribuer à l'oeuvre de réconciliation et d'unité nationale à travers son témoignage concret de l'Evangile. A travers leur action dans les domaines de l'éducation et de la santé, et leur service aux pauvres, les catholiques des Iles Fidji s'efforcent de mettre en pratique le message évangélique de l'amour du prochain et d'être un levain de miséricorde divine dans la société. A travers sa prédication et son ministère, l'Eglise est également engagée à éliminer les causes du conflit racial, social et religieux, en promouvant une juste résolution des problèmes légaux et éthiques complexes liés à la propriété et à l'utilisation de la terre et en encourageant un dialogue serein et respectueux entre les divers éléments de la société fidjienne. Je souhaite que, avec leurs frères et soeurs d'autres confessions chrétiennes, et dans un esprit de coopération avec toutes les personnes de bonne volonté, les catholiques de Fidji continueront de servir le bien commun comme artisans de paix et bâtisseurs de solidarité entre les personnes, les familles et toute la communauté nationale.

Votre Excellence, je vous exprime une fois de plus ma profonde affection pour le peuple des Iles Fidji et ma confiance dans sa capacité à jeter les bases d'une société harmonieuse et prospère à laisser en héritage aux générations futures. Avec mes meilleurs voeux dans la prière pour l'oeuvre que vous accomplissez à présent au service de la nation, je vous assure que les divers bureaux de la Curie Romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre mission. Sur vous, sur votre famille et sur tous vos concitoyens, j'invoque cordialement les bénédictions divines de la sagesse, de la force et de la paix.



Discours 2003 - Jeudi 15 mai 2003